CHAPITRE 6 : des valeurs pacifiques communes.

6. Des valeurs pacifiques communes.







D’après son acte constitutif, l’Unesco a pour mission de « contribuer au maintien de la paix et de la sécurité », en agissant sur les esprits des hommes. « Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ». Il s’agit donc d’inculquer des valeurs pacifiques communes[1]. C’est le but premier de l’Unesco ; c’est pourquoi il convient de l’aborder tout de suite. Il a ensuite pu apparaître comme passant au second plan, ou a même été souvent perdu de vue, et est devenu l’objet de controverses ; ainsi, à la conférence générale de 1946, la délégation américaine déplore le temps excessif selon elle consacré par la conférence aux questions de reconstruction, car, dit-elle, « l’Unesco n’est pas une institution qui vise à la paix »[2]. En 1949, B. Croce exprime des doutes sur les réelles possibilités de l’Unesco d’œuvrer à la paix[3]. En 1951, Laves, dans un article, s’élève contre les affirmations de certains hauts fonctionnaires du système de l’ONU selon lesquelles l’Unesco n’aurait pas pour tâche de « contribuer à la paix », mais seulement d’« enrichir la paix, si et lorsqu’elle se réalise » ; il dénonce cette « confusion » et le fait que plusieurs fonctionnaires de l’Unesco se soient ralliés à cette conception restrictive, et que cela se traduise dans l’évolution du programme de l’Unesco ; il réaffirme l’objectif de paix comme objectif principal et ultime de l’Unesco[4]. Mais dans les années 1950, cet objectif passe au second plan. En revanche, à partir des années 1960, Maheu s’efforce d’orienter l’Unesco nettement vers « une attitude militante en matière de droits de l’homme, qui ne doit pas hésiter à affronter des problèmes concrets d’actualité », au premier rang desquels la paix[5]. Cependant, certains fonctionnaires de l’Unesco désapprouvent cette nouvelle conception ; ainsi, Michel Prévost affirme dans ses mémoires qu’il a toujours été hostile à cette évolution, estimant que cela a constitué une déviation par rapport à la véritable mission de l’Unesco ; pour lui, « il faut se garder de toute interprétation de l’acte constitutif qui en ferait une organisation chargée du maintien de la paix » ; il critique la « tentation » à laquelle aurait cédé Maheu, de « vouloir confier à l’Unesco un rôle de forum de libre discussion pour les peuples et la communauté internationale », et qui se serait faite selon lui « aux dépens du programme »[6]. L’idée que la paix constitue le but primordial de l’Unesco a néanmoins été réaffirmée par la suite, notamment par Frederico Mayor[7].
Dans cette action, l’Unesco s’est heurtée à différentes alternatives : doit-elle mettre en place un programme distinct sur la paix, ou au contraire considérer que l’ensemble de ses activités dans ses divers domaines d’action y contribue globalement ? Est-ce par les réflexions approfondies et élaborées d’un petit groupe de sages, ou au contraire par la diffusion d’une propagande consistant en des principes simples dans les masses que l’Unesco peut le mieux contribuer à la paix ? Est-ce par des réflexions sur les enjeux contemporains, actuels, en cours (ce qui permet une prise sur le réel mais en même temps soumet l’Unesco aux enjeux politiques), ou au contraire sur des situations passées (ce qui permet plus de recul et plus de liberté de pensée, mais aussi empêche des résultats concrets), qu’elle peut le mieux œuvrer à la paix ? Cette dernière question est liée au dilemme fondamental de l’Unesco concernant son engagement sur le terrain politique : doit-elle s’engager sur le terrain politique, afin de pouvoir traiter efficacement les véritables enjeux importants de l’époque, mais cela au risque de devenir la proie des rivalités politiques entre États ? Ou doit-elle conserver sa neutralité politique, pour échapper à de tels conflits, mais au risque de se limiter à une action qui porte sur des enjeux secondaires ?
De manière récurrente, la question se pose de déterminer si l’Unesco doit mettre en place un programme spécifique sur la paix et les droits de l’homme (c’est la position de l’URSS et des pays socialistes), ou s’il faut considérer que l’Unesco, par l’ensemble de ses activités, contribue indirectement à favoriser et à stimuler la compréhension et la coopération internationales, et crée ainsi les conditions dans lesquelles la paix peut s’établir[8].
Tout au long de ces trente années, l’Unesco s’est heurtée au scepticisme de plusieurs États membres sur ses capacités à mener une action réellement efficace en faveur de la paix[9].
Cette action, efficace ou pas, se fait par des moyens d’action différents : par des réflexions ; par la diffusion de principes dans le public le plus vaste possible (tâche d’éducation, de persuasion, voire de propagande) ; par une action normative (par le biais de déclarations, de recommandations, de conventions, de rapports, il s’agit d’exercer une pression morale sur les gouvernements et les individus pour faire respecter ces principes) ; par des expériences concrètes de compréhension internationale[10].
Tout d’abord, on analysera le discours de l’Unesco sur la paix, la liberté, les droits de l’homme, et sur la question de son engagement dans ces domaines lorsqu’ils touchent à la politique, discours dont on montrera qu’il n’est pas exempt de fluctuations, de malentendus et de contradictions. Ensuite, on étudiera les efforts de l’organisation pour contribuer de façon plus pratique à une union, un rapprochement, une connaissance et un respect réciproques des différents groupes humains. Enfin, on examinera les réflexions de l’Unesco sur les facteurs qui nuisent à la paix et ses efforts pour en venir à bout.


6.1. Promotion de la paix et de ses corollaires.

Développer des idées pacifiques et en faire la propagande.

L’Unesco manifeste dès le début la volonté de susciter des réflexions communes d’intellectuels sur la paix et ses corollaires. Elle lance ainsi dans ses premières années des enquêtes sur la liberté, la démocratie, les conflits d’idéologie, et les problèmes théoriques, philosophiques, que pose la rédaction d’une déclaration internationale des droits de l’homme[11]. Cependant, selon Jean-Jacques Mayoux, ces enquêtes, et en particulier celle sur la démocratie, seraient d’esprit trop « académique » et n’auraient pas apporté d’idées nouvelles et enrichissantes[12].
Pour l’enquête sur les droits de l’homme, l’Unesco charge des personnalités de nationalités, de religions, de tendances intellectuelles aussi variées que possibles, de rédiger des essais sur la question, et les publie en 1949 dans un recueil intitulé Autour de la nouvelle déclaration des droits de l’homme[13]. Cette enquête s’inscrit dans la tradition des grands échanges intellectuels développés dans l’entre-deux-guerres par l’IICI sous la forme des « Entretiens ». Toutefois, contrairement aux « Entretiens » de l’IICI, qui donnaient la parole essentiellement à des Européens, cette enquête prend soin de rassembler des représentants de divers courants de pensée et idéologies du monde entier : catholique (Teilhard de Chardin, Maritain), positiviste (Aldous Huxley, R.W. Gerard), non-violente (Gandhi), communiste, chinoise, « hindoue », musulmane[14]. Le but est de se livrer à une large confrontation de doctrines et de traditions spirituelles diverses voire opposées, afin de tenter d’en dégager des principes communs, universels. Si ces réflexions donnent lieu à l’expression de quelques idées originales, notamment sur « les droits du détenu »[15], dans l’ensemble cependant elles restent traditionnelles. Ainsi, la conception des droits de l’homme exprimée par Gandhi apparaît fondée sur le respect des traditions, et sur une acception très restrictive des droits de l’homme, qui insiste beaucoup plus sur les devoirs que sur les droits ; il en va de même de la part de l’érudit indien Puntambekar, et du Chinois Chung-Shu Lo, qui donnent priorité au groupe sur l’individu[16].
En prévision du numéro de décembre 1951 du Courrier de l’Unesco commémorant le 3e anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme, l’Unesco demande des textes de réflexion sur cette déclaration à des intellectuels de renom, comme René Cassin, Albert Einstein et Michel Leiris[17]. Tout au long des années 1950, l’Unesco organise et supervise des réflexions sur les droits de l’homme et la compréhension internationale[18]. Dans l’organisation de ces réflexions, l’Unesco s’efforce de donner une part égale aux diverses conceptions des droits de l’homme, selon les différentes idéologies[19].
Plusieurs autres initiatives en ce sens sont tentées. Ainsi, à la conférence générale de 1950, la Belgique propose la création de comités internationaux de sages, qui présenteraient aux États membres des rapports impartiaux sur les effets de la guerre. Mais ce projet n’est alors pas adopté[20]. Il est repris en 1964 par Carneiro, délégué du Brésil, qui, à la conférence générale, propose la création d’un « comité d’étude des problèmes de la paix », qui serait constitué « de philosophes, sociologues et éducateurs de réputation mondiale, de prix Nobel de la paix, de représentants de grands courants religieux, de recteurs et de doyens d’universités et de personnalités de la grande presse », destiné à réfléchir aux problèmes de la paix mondiale, et à « institue[r] une doctrine sociale aussi irrécusable que les doctrines admises, sans contestation, en physique, chimie, ou biologie », et à la diffuser dans l’opinion publique et auprès des gouvernements[21]. C’est un projet d’esprit positiviste. Il n’est, lui non plus, pas adopté.
L’encouragement à la réflexion d’intellectuels sur le thème de la paix se développe dans les premières années, mais diminue par la suite, malgré la volonté en ce sens de Maheu ainsi que de l’URSS dans les années 1960[22]. À partir des années 1960, ces réflexions, lorsqu’elles sont menées, connaissent une évolution : elles sont de plus en plus axées sur les droits de l’homme dans les pays du Tiers Monde ; il s’agit désormais de « réexaminer la déclaration […] à la lumière de l’expérience des pays d’Afrique et d’Asie »[23].
L’Unesco consacre dès le début beaucoup de réflexions à la religion, notamment à déterminer si elle est plutôt un facteur de paix ou de conflit. D’un côté, elle semble être un facteur de paix, puisqu’elle prône une attitude pacifique et bienveillante envers autrui, et que, impliquant la croyance dans une vie heureuse après la mort, elle tend à apaiser les angoisses, donc l’agressivité, de l’être humain, et à lui faire supporter son sort avec docilité ; mais d’un autre côté, l’adhésion à une religion implique souvent une attitude fanatique et intolérante envers certains groupes de la population (les tenants d’autres religions, les non croyants, les femmes, notamment). Ainsi, il est difficile de déterminer si les religions sont ou non un facteur de paix. À l’Unesco, il apparaît que c’est la tendance considérant les religions comme un facteur de paix qui a prévalu. Il y a eu en fait une évolution à ce sujet, puisqu’initialement et notamment sous l’influence de Julian Huxley, l’Unesco était hostile aux religions ; cependant Huxley lui-même, de manière apparemment paradoxale, prônait la mise au point par l’Unesco d’une religion destinée aux masses. En 1949, la presse catholique s’élève contre l’esprit laïque de l’exposition sur les droits de l’homme organisée par l’Unesco à Paris, et condamne avec virulence l’« album-exposition » réalisé par l’Unesco (et plus précisément par Roger Caillois) à partir de cette exposition ; elle crie au « scandale », dénonçant l’« état d’esprit regrettable » de cet album « par ses ‘ignorances’ systématiques de toute influence chrétienne », son « idéologie anti-chrétienne », son « laïcisme », et ses affirmations selon elle « inexactes ». En 1951, seize députés catholiques français envoient une protestation au directeur général, demandant le retrait de la circulation de cet album. Le gouvernement espagnol refuse de le diffuser[24]. Cette exposition et cet album constituent en fait plutôt une exception dans l’ensemble de la production de l’Unesco, qui est, de plus en plus, caractérisée par une bienveillance à l’égard des religions, qu’elle considère comme facteur de paix. La participation de plus en plus fréquente de représentants religieux aux débats, conférences, réflexions sur la paix et les droits de l’homme organisés par l’Unesco, et la place et les échos importants qu’y ont leurs communications, en témoigne[25].
A plusieurs moments, la question se pose à l’Unesco de déterminer si elle doit encourager la science, l’éducation et la culture pour elles-mêmes ou bien seulement dans la mesure où elles peuvent contribuer à la paix et à la compréhension internationale[26]. C’est-à-dire le développement de l’éducation, de la science et de la culture est-il en soi favorable à la paix, ou bien seulement si on l’infléchit dans un sens plus spécifiquement pacifique ? Plusieurs personnes font valoir qu’il ne l’est pas en soi[27], comme par exemple Nehru[28], et Huxley, évoquant l’exemple de l’Allemagne nazie, qui était en son temps l’un des pays du monde comptant la proportion la plus faible d’illettrés[29].
Au fil des années, l’Unesco s’efforce d’appliquer ses programmes scientifiques à la paix[30]. Ainsi, par exemple, en 1968, Maheu s’efforce d’élargir les activités de l’IBRO à l’étude de l’agressivité et du racisme par les sciences cognitives[31].
Entre les États membres, et entre les fonctionnaires de l’Unesco, il n’y a pas unanimité sur l’explication des raisons des conflits. Ces divergences apparaissent notamment dans le projet Tensions, comme l’observe Lengyel, avec un affrontement entre les tenants de l’idée que la guerre naît « dans l’esprit des hommes », ceux pour qui la guerre résulte des conflits économiques et de la lutte des classes, et ceux qui l’expliquent par l’agressivité et la violence biologiquement inhérentes à l’espèce humaine[32].
Il n’y a pas accord entre les fonctionnaires de l’Unesco sur la manière de concevoir la paix et les droits de l’homme. Pour Torres Bodet, la déclaration universelle des droits de l’homme est avant tout le résultat de la somme des souffrances humaines à travers l’histoire, « d’une longue série de tragédies », « des millions de tués », de « la peine et [du] sang des hommes » [33]. La série de publications « Droits de l’homme », publiée en 1950, dans laquelle sont développés les concepts de droit à l’éducation, à la culture, à la liberté de la science, à la liberté de la création artistique, et à l’information, manifeste elle aussi des divergences de conceptions[34]. Celles-ci se poursuivent tout au long des années, notamment sur la question de savoir si les tensions sont dues plutôt à l’ignorance entre les peuples, ou à une attitude négative et fermée[35].
Ainsi, les réflexions menées par l’Unesco sur la paix, la liberté, la démocratie, les droits de l’homme, se sont révélées moins fructueuses qu’espéré. Plusieurs projets en ce sens n’ont pas abouti. D’autres ont été caractérisés par une vision traditionaliste. Au sujet du rôle de la religion pour la paix, l’Unesco a maintenu une attitude ambiguë. En outre, ces réflexions ont donné lieu à des désaccords de conception entre les divers fonctionnaires. Loin d’avoir développé des réflexions claires et rigoureuses sur la question de la paix, l’Unesco semble avoir tâtonné dans leur élaboration. En revanche, elle semble avoir mené une action plus nette visant à promouvoir et à inculquer des doctrines pacifiques.
L’Unesco s’efforce d’établir des doctrines pacifiques et d’en faire la propagande, de favoriser les communications entre les hommes et les peuples, de promouvoir la déclaration universelle des droits de l’homme dans le grand public, et d’inculquer les valeurs de la compréhension internationale.
L’Unesco développe l’idée que la paix n’est pas une affaire de politique, de relations entre États, mais qu’elle doit être établie dans les esprits, et donc qu’il faut se consacrer à agir sur les esprits : c’est ce qu’exprime en décembre 1948 G.V. Allen, secrétaire d’état adjoint des États-Unis : « La politique ne peut pas grand-chose pour la paix »[36]. De même, à la conférence générale de 1948, Torres Bodet déclare : « la paix est avant tout, au même titre que la guerre, un état de conscience »[37]. L’Unesco s’efforce d’inculquer cet état de conscience.
Cependant, l’accord ne règne pas sur les moyens d’atteindre la paix. Pour certains, comme l’Américain Charles Thomson, la paix est « un bien que l’on peut obtenir par un effort direct », c’est-à-dire simplement en faisant de la propagande en faveur de la paix, alors que pour d’autres comme le Britannique Cowell, elle ne peut qu’être atteinte qu’indirectement, comme un produit dérivé d’autres activités pacifiques[38]. En 1947, l’Unesco adopte un « Appel solennel contre l’idée de la fatalité de la guerre »[39]. En 1948, elle diffuse une « Déclaration sur l’origine des guerres »[40].
L’Histoire de l’humanité vise, au début, à faire de la propagande pour la paix, en se livrant comme le propose Lucien Febvre à « une récapitulation des grandes phases de l’histoire pacifique du monde », et en luttant contre le nazisme[41]. Le CIPSH est créé par l’Unesco avec pour mission de « créer, au plus haut niveau qui soit possible (…), un esprit de compréhension qui rayonne dans la conscience de l'homme moyen et contribue ainsi (…) à l'avènement d'une fraternelle entente des esprits »[42].
Tout au long des années, l’Unesco s’efforce d’inciter les États à mettre les moyens de communication de masse au service de la paix[43]. Mais cela ne s’avère pas facile. Ainsi, à l’enquête lancée auprès des États en 1961 sur l’utilisation des moyens d’information en vue de la paix[44], les réponses des États sont hétéroclites, et l’Unesco aboutit à la conclusion que « les divers pays ont manifestement des conceptions différentes de la meilleure façon, pour les gouvernements et les organes d’information, de servir » la paix[45]. Cependant, l’Unesco poursuit tout au long des années son encouragement à l’utilisation des mass media au service de la paix[46]. Dans les années 1960, sous l’impulsion de l’ONU, elle promeut l’usage pacifique de l’espace extra-atmosphérique, notamment les communications par satellites[47]. Il s’agit aussi pour l’Unesco d’empêcher que les mass media ne servent des buts négatifs. Dans cet esprit, l’Unesco organise en 1970 une réunion des professionnels et spécialistes de la communication de masse, qui vise à examiner les implications des mass media sur le respect de la vie privée et à élaborer des codes de conduite, et une éthique professionnelle, dans ce domaine[48]. La même année, l’Unesco organise une réunion d’experts sur le droit à la vie privée[49]. En 1972, elle envisage de mettre en place un « code international d’éthique » dans le domaine des communications de masse ; malgré l’opposition des États-Unis, qui estiment que l’éthique relève du domaine de compétence de chaque État, de chaque individu, et non pas d’une organisation internationale, la conférence générale vote une résolution prévoyant la convocation d’une conférence internationale en vue de la mise en place d’un tel code[50]. Cela n’aboutira finalement pas.
Ainsi les efforts de l’Unesco pour faire de la propagande pour la paix (au moyen d’un Appel, d’une Déclaration, et de l’Histoire de l’Humanité), et de mettre les communications de masse au service de la paix, s’avèrent peu fructueux. Par ailleurs, l’Unesco s’efforce de favoriser les échanges, les communications, entre les hommes et les peuples.

L’Unesco insiste à maintes reprises sur l’importance des échanges, des communications entre les hommes et les peuples pour la paix, dans l’idée qu’« on ne peut pas se haïr quand on se connaît bien »[51]. Dans ce cadre, elle promeut notamment la liberté des échanges d’informations entre pays[52] ; elle envisage de réaliser une histoire des relations pacifiques entre les différents groupes humains[53] ; elle organise ou sponsorise de nombreuses rencontres internationales sur le thème de la paix, de la « compréhension internationale », de la « citoyenneté mondiale », etc.[54] Elle développe les échanges de personnes (étudiants, professeurs), d’un continent à l’autre, afin de stimuler la compréhension internationale[55]. Les répertoires annuels Vacances à l’étranger, Voyages à l’étranger, et Echanges internationaux, destinés aux jeunes et étudiants de tous les pays, visent à favoriser la mobilité de cette catégorie de la population[56]. L’Unesco supervise aussi des études sur l’impact des voyages sur la compréhension internationale[57]. Elle s’efforce de favoriser le libre échange de l’information, conçu comme propice à la paix[58]. Cependant, assez vite s’expriment des doutes sur l’idée que les échanges culturels contribuent en eux-mêmes à la paix[59] ; ces doutes persistent tout au long de la période. C’est alors surtout à la promotion de la déclaration universelle des droits de l’homme, du civisme international, de la compréhension internationale, que se consacre l’Unesco.

Promouvoir la « Déclaration universelle des droits de l’homme ».

L’Unesco s’efforce de promouvoir dans le grand public la déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée par l’ONU le 10 décembre 1948[60]. Cette tâche est prise très à cœur par ses dirigeants, comme Torres Bodet, qui, en 1949, déplore le contraste entre « d’un côté […] notre connaissance des droits de l’homme, mais de l’autre ces masses qui n’ont jamais entendu parler de droits »[61], ainsi que Maheu[62].
Différents moyens sont mis à contribution pour faire cette promotion : expositions, manifestations culturelles et populaires, conférences, brochures, films. L’exposition sur les droits de l’homme organisée en 1949 à Paris ne reçoit pas autant de visiteurs que l’Unesco l’espérait ; ses visiteurs sont surtout des groupes d’écoliers[63] ; elle circule dans les années suivantes dans divers pays d’Europe et d’Asie[64]. Plusieurs autres expositions et manifestations culturelles sur les droits de l’homme sont organisées dans les années suivantes par l’Unesco dans les divers États membres[65]. Le 10 décembre, jour de la signature de la déclaration universelle, devient la « Journée internationale des droits de l’homme », occasion de festivités au siège de l’Unesco et dans les États membres[66]. Il est difficile de déterminer son impact réel dans la population[67]. Celui-ci semble varier selon les pays. L’Unesco accorde une attention particulière à sa célébration dans les anciens pays de l’Axe, Japon et RFA. Ainsi, en RFA, lors de ces « journées », l’Unesco fait distribuer gratuitement et massivement dans les établissements scolaires des milliers d’exemplaires du numéro spécial du Courrier de l’Unesco édité à cette occasion, et de la Déclaration universelle des droits de l’homme[68], et fait diffuser à la radio des émissions sur les droits de l’homme. La commission nationale allemande participe à cet effort[69]. La ville de Berlin se montre particulièrement active dans cette célébration, grâce au « comité berlinois pour le travail de l’Unesco », qui organise des conférences, des fêtes, diffuse des affiches, et fait adopter ce jour-là par la poste berlinoise une oblitération spéciale[70]. La commémoration de cette journée semble aussi avoir été particulièrement vigoureuse aux États-Unis, grâce au dynamisme de la commission nationale américaine, qui met en place, à partir de la fin des années 1950, une « semaine des droits de l’homme », du 10 au 17 décembre, liant la commémoration de la Journée des droits de l’homme (10 décembre) à celle de l’anniversaire du Bill of Right (15 décembre) ; en 1962, cette « semaine des droits de l’homme » donne lieu à des discours du président Kennedy et de plusieurs gouverneurs, et à la diffusion de nombreuses brochures et affiches[71]. Les conférences sur les droits de l’homme organisées par l’Unesco dès les années 1950 ont un succès variable, étant donné le décalage fréquent entre un discours austère et un public jeune et scolaire. Ainsi Alfred Métraux, chargé de donner une conférence sur les droits de l’homme à Clermont-Ferrand en 1952, est surpris de voir la salle pleine « d’enfants des écoles », et constate avec lucidité l’inadaptation du discours qu’il a préparé au public présent : « ma conférence est trop abstraite ; n’ont de succès que les cas concrets que je raconte »[72]. Sur l’initiative de la commission nationale britannique, l’Unesco réalise en 1951 deux ouvrages : Manuel pour les enseignants sur la déclaration universelle des droits de l’homme[73], et La déclaration universelle des droits de l’homme ; documentation et conseils pédagogiques[74], destinés à guider les enseignants dans l’inculcation de cette notion à leurs élèves, et entreprend l’élaboration d’un recueil de textes fondamentaux sur les droits de l’homme[75]. La réalisation et la diffusion par l’Unesco de films et de dessins animés sur les droits de l’homme témoigne de la volonté de toucher le public le plus vaste possible, notamment deux catégories : les enfants et les peuples « sous-développés ». En 1955, l’Unesco réalise et diffuse une série de six dessins animés sur les droits de l’homme[76]. Le recours au dessin animé avait été envisagé dès l’époque de l’IICI dans les années 1930, une collaboration ayant alors été entamée avec Walt Disney[77]. En 1968 sont diffusées des publications[78] et sont organisées des festivités et conférences sur les droits de l’homme à l’occasion de l’ « année internationale des droits de l’homme », au siège de l’Unesco[79] comme dans les États membres (et en particulier aux États-Unis grâce au dynamisme de la commission nationale américaine[80]). Dans les années 1960-70, les réflexions de l’Unesco sur les droits de l’homme se tournent de plus en plus vers les peuples du Tiers Monde[81].
Ainsi, l’Unesco a activement contribué, par différents moyens, à promouvoir la déclaration des droits de l’homme dans le grand public. L’Unesco a aussi déployé beaucoup d’efforts pour promouvoir le « civisme international », la « compréhension internationale ».

Inculquer la « compréhension internationale ».

L’Unesco conçoit dès le début comme une de ses tâches fondamentales d’inculquer aux peuples le « civisme international », la « compréhension internationale »[82]. Il s’agit de créer un « citoyen international »[83]. Ces idées reçoivent le soutien de plusieurs intellectuels comme Bertrand Russell[84]. Cependant, le flou conceptuel règne sur le sens et la formulation de cette notion dans les premières années, comme l’admet en 1952 Torres Bodet, reconnaissant qu’elle « cherche encore son nom définitif » ; les changements de termes successifs illustrent ces hésitations : « éducation pour la compréhension internationale », « éducation pour le civisme international », « éducation pour vivre dans une communauté mondiale »[85].
L’émergence de cette notion s’explique en partie par l’impression d’une expansion inquiétante du cadre du monde : alors qu’auparavant « le rôle de l’éducation consistait surtout à préparer les hommes à vivre au sein de la petite communauté ou de la petite localité qui était la leur », désormais « les contacts et les rapports internationaux se sont multipliés à l’extrême », révélant de facon croissante l’« interdépendance mutuelle des peuples » ; cette « expansion soudaine » du monde est ressentie comme « terrifiante », porteuse d’un « sentiment d’insécurité » et de « tensions et de conflits nouveaux »[86].
Ces efforts passent par plusieurs moyens : séminaires et stages d’enseignants et d’éducateurs, écoles associés et expériences concrètes dans le domaine de la compréhension internationale, publications, déclarations, manifestations culturelles, utilisation du film, mise à contribution de l’éducation de base, etc.
Des 1946 est prévue l’organisation de stages d’enseignants pour les former à l’enseignement du civisme international[87]. L’action dans ce domaine tarde à démarrer, ce qui est critiqué par des délégués à la conférence générale de 1947[88]. Une série de stages d’études sur l’éducation pour le civisme international est cependant mise en place à partir de 1947[89]. L’utilité et la qualité de ces stages sont cependant remises en cause par certains de leurs participants[90].
L’Unesco lance en 1953 les « écoles associées pour la compréhension internationale ». Il s’agit d’un réseau international d’écoles dont la coordination est assurée par les commissions nationales et dont l’objectif est de sensibiliser les jeunes à une vie ouverte sur la communauté mondiale, grâce à de nouvelles méthodes d’éducation. L’Unesco publie un bilan périodique de l’action de ces écoles[91]. Elles sont dynamiques surtout aux États-Unis[92], au Japon (dont les écoles associées font passer aux enfants un « test de compréhension internationale »)[93], et en Inde (où elles organisent par exemple une simulation de session de l’assemblée générale de l’ONU)[94]. Selon Guiton, chef du département de l’éducation en 1957, les écoles associées en éducation pour la compréhension internationale constituent l’« une des meilleures entreprises de l’Unesco dans les dix dernières années » ; elles sont « les centres de test, les ateliers, de l’Unesco » dans le domaine de la compréhension internationale. Selon lui, leur activité a « un impact beaucoup plus grand que les séminaires internationaux d’éducateurs »[95]. Toutefois, ce jugement, venu de ce fonctionnaire de l’Unesco, n’est peut-être pas très objectif. Selon Jean-Luc Mathieu, les écoles associées ont eu un faible impact[96].
Dans les années 1950, l’Unesco édite de nombreuses publications à l’intention des enseignants, sur les moyens d’inculquer aux élèves la compréhension internationale, avec notamment la série « Vers la compréhension internationale » ; leur publication dans de nombreuses langues atteste de l’effort de l’Unesco de diffuser largement leur contenu[97]. Elles traitent principalement de la jeunesse, mais aussi des travailleurs[98], des immigrants[99] et des femmes[100]. Cette action de promotion des idées de paix est accueillie avec faveur, en France, notamment par l’opinion catholique ; en effet, cet effort pour « prêcher » la paix se rapproche de l’action de prédication de l’Eglise[101]. Cependant, l’impact de ces publications semble être resté limité[102]. Dans les années 1960, l’Unesco poursuit, en collaboration avec le BIE, des recherches pour intégrer l’éducation à la compréhension internationale aux programmes scolaires[103].
Tout au long de la période, l’Unesco mène des réflexions sur la compréhension internationale, au moyen de réunions de comités d’experts, de publications, de conférences[104]. Des critiques sur la qualité de leur contenu sont cependant émises dès les années 1950 par des représentants des États membres[105].
L’Unesco essaie de mettre l’éducation de base au service de la compréhension internationale[106]. L’éducation de base se fonde sur l’idée que « l’inégalité actuelle entre les nations, au point de vue de l’éducation, est un danger pour la paix du monde »[107], et vise à « maintenir et affermir la paix et la sécurité », à favoriser « le développement d’une attitude saine à l’égard des questions internationales »[108].
L’Unesco s’efforce aussi de développer des moyens originaux pour promouvoir la compréhension internationale, comme les arts[109] et le sport, conçus comme facteur de consolidation d’une culture commune pacifique[110]. En 1959 a lieu une conférence à Helsinki sur le rôle du sport dans l’éducation[111]. Cet engouement de l’Unesco pour le sport augmente dans les années 1960, sous l’impulsion de Maheu[112]. Celui-ci souligne « l’idéal de vertu » du sport, et, déplorant qu’il ait tendance à devenir « un des sous-produits de l’expansion des loisirs qu’à entraînée le machinisme », estime qu’il est du devoir de l’Unesco de rétablir le sport dans sa fonction positive, morale. Son désir de favoriser le sport s’inscrit aussi dans sa volonté de revaloriser les peuples du Tiers Monde[113]. Les études sur le sport se multiplient alors dans les publications et revues de l’Unesco ; le sport y est considéré comme un moyen de « développement de l’être humain »[114], comme « un élément déterminant de la compréhension internationale », comme « un puissant facteur de civilisation »[115]. En 1965, Maheu crée, avec le soutien du champion de tennis Jean Borotra, le « trophée fair play Pierre de Coubertin », que l’Unesco décerne dès lors chaque année à un ou plusieurs sportifs jugés particulièrement respectueux de la loi morale du sport[116]. L’Unesco développe une coopération avec ses États membres et les organisations sportives internationales et régionales pour développer la contribution du sport à la compréhension internationale[117].
Le prix Kalinga, créé en 1950 par l’Unesco sous l’impulsion du mécène indien Patnaik, s’inscrit lui aussi dans le cadre des efforts de promotion de la compréhension internationale. En effet, Kalinga est le nom d’un grand empire de l’Inde antique, gouverné par l’empereur Asoka, qui, après avoir établi son empire par les armes, avait décidé de ne plus jamais recourir à la violence et à la guerre et avait consacré le reste de sa vie à l’éducation à la paix[118]. Cependant, l’Unesco échoue à donner une visibilité et une popularité quelconques à ce prix.
L’Unesco s’efforce par ailleurs, dès sa création, de mettre à contribution le cinéma pour servir la compréhension internationale. En 1946, les Britanniques suggèrent la création d’un département du film au sein de l’Unesco, qui sponsoriserait la production de films sur la compréhension internationale ainsi que l’étude de leurs effets[119]. En 1950, l’Unesco contacte des milieux d’Hollywood pour établir une coopération en vue de la réalisation de films sur la paix et la compréhension internationale[120]. Cependant, ces initiatives n’aboutissent pas, et finalement l’Unesco a, au cours de ses trente premières années, réalisé assez peu de films à cette fin[121], et ces films ont été très peu diffusés.
De même, les efforts de l’Unesco pour mettre à contribution la radio pour cet objectif n’apparaissent pas très fructueux. William Benton préconise en 1945-46 la création par l’Unesco d’une station de radio internationale, « La Voix de l’Humanité »[122] ; une tentative analogue est faite à partir de 1948 mais est tout aussi infructueuse, notamment à cause de la réticence de l’UIT, des États-Unis, et des États socialistes[123]. Plusieurs projets d’émissions sont ébauchés[124], mais peu sont vraiment réalisés. L’Unesco se borne alors à promouvoir la paix et la compréhension internationale par des « causeries radiophoniques » hebdomadaires, fournies gratuitement aux grandes stations de radio fancophones et anglophones[125]. Celles-ci cessent d’ailleurs au bout de quelques années. Le lancement d’une série d’émissions de radio sur la contribution de grands hommes à la compréhension internationale se heurte notamment à l’hostilité des États-Unis, qui y voient du « gaspillage », et aux controverses politiques suscitées entre les États pour le choix des personnages[126].
Enfin, la création de l’université des Nations Unies au début des années 1970 s’inscrit dans l’objectif de compréhension internationale. C’est un projet promu avec enthousiasme par U’Thant à partir de 1969 ; l’ONU charge l’Unesco de la mise sur pied de cette institution[127]. U’Thant souligne son « grand intérêt personnel » pour ce projet, et souhaite que cette université soit conçue selon « un modèle imaginatif et non-conventionnel »[128]. Si ce projet recueille l’enthousiasme de certains États comme le Japon et Hong-Kong (États pressentis pour héberger cette université), il se heurte à l’hostilité de nombreux autres comme notamment la France[129], les États-Unis et le Royaume-Uni, qui estiment que le projet n’est pas réaliste, et constituerait une dépense inutile[130]. La commission nationale française craint que cette institution « apparaisse aux universités comme un concurrent déloyal » et ait pour « résultat paradoxal de compromettre ou de ralentir » l’effort des universités en vue de la compréhension internationale ; elle préconise un organisme très décentralisé, « un réseau souple d’institutions », et estime que « le terme même d’université est à proscrire »[131]. Le projet progresse laborieusement en 1970-1971. En 1972, les États-Unis s’y rallient[132], et, après de longs débats, il est adopté en décembre 1972, sous forme d’un système décentralisé d’institutions académiques[133]. L’université commence à fonctionner en 1975 à Tokyo.
La promotion de la compréhension internationale par l’Unesco se heurte à de nombreuses critiques, qui s’expriment notamment dans la presse. Elle est critiquée notamment pour son caractère jugé trop austère et insuffisamment attrayant ; c’est le cas notamment au sujet du concours d’essais lancé par l’Unesco sur le thème « l’Unesco et la société mondiale » auprès des écoliers[134]. Elle est aussi et surtout critiquée dans ses fondements idéologiques, en particulier aux États-Unis. En 1948, le département d’état et la NEA accueillent avec réticences le projet de l’Unesco de lancer parmi les enfants des écoles des compétitions de rédactions et de posters sur le thème de la compréhension internationale. Le National Contest Committee (comité national des concours), institué en 1940 par la NEA, chargé de réglementer et d’autoriser ou d’interdire les concours proposés aux enfants des écoles, interdit aux États-Unis ces concours de l’Unesco[135]. À l’Ecosoc en 1948, le délégué américain exprime une « grande inquiétude » au sujet des actions entreprises par l’Unesco dans le domaine de l’éducation à la compréhension internationale, à cause de son caractère jugé trop hardi et pas assez respectueux des traditions[136]. La série de publications « Vers la compréhension internationale » est très mal reçue dans l’opinion chrétienne américaine, qui y voit une tentative de miner les valeurs religieuses, ainsi que dans l’opinion nationaliste américaine, qui redoute une volonté de l’Unesco de concurrencer les valeurs patriotiques et nationales. En 1952-1953, une polémique sur cette série gagne tous les États-Unis, comme un « ouragan »[137]. De nombreuses organisations traditionalistes et patriotiques, comme l’American Flag Committee (AFC), protestent contre l’usage de ces brochures dans les écoles publiques, qu’elles accusent d’ « offenser la sensibilité patriotique et morale des citoyens américains » et de diffuser des valeurs « non-américaines »[138]. Ces brochures suscitent une polémique durable aux États-Unis, en particulier celle intitulée Dans la classe avec les moins de treize ans, taxée d’esprit communiste[139]. Elles donnent lieu durant de longues années à des débats enflammés au Congrès américain[140]. Dans son action de promotion de la compréhension internationale, l’Unesco se heurte donc aux critiques d’une partie de la presse et de l’opinion, qui lui reprochent de se livrer à de la « propagande »[141]. En 1952, Torres Bodet insiste sur la nécessité pour l’Unesco d’éviter le risque de la « propagande » et du « verbalisme » ; il souligne que l’enseignement à la compréhension internationale ne doit pas se limiter à des « slogans » ; il faut « que l’élève juge avant de se prononcer (…), et non qu’il obéisse, par routine, à un automatisme placide » ; il souligne aussi que l’éducation à la compréhension internationale doit être concrète et « s’adapter aux conditions du milieu qu’elle vise à améliorer »[142].
Ainsi, l’action de l’Unesco de promotion de la paix et de la compréhension internationale a été moins facile et moins fructueuse qu’elle ne l’espérait. Celle-ci a eu du mal à définir rigoureusement cette notion, qui s’est développée dans le contexte d’une crainte liée à l’idée de l’expansion du cadre du monde. L’Unesco a mené un effort très important de promotion de cette notion, par de nombreux moyens conjugués. Certains semblent avoir été efficaces (notamment certaines publications et certains stages d’enseignants), d’autres moins (prix Kalinga, échec à mettre réellement le cinéma et la radio au service de la compréhension internationale, faible efficacité de l’université des Nations Unies). Cette action s’est heurtée à de vives critiques de la part d’une partie de l’opinion hostile, en particulier aux États-Unis. Parallèlement, l’Unesco s’est consacrée activement à encourager un respect réciproque entre les différents groupes humains.


6.2. Encouragement au respect entre les différents groupes humains.

L’Unesco vise à inculquer un respect réciproque entre les différents groupes humains, quelle que soit leur origine ethnique, leur sexe, leur âge, leur langue, leurs capacités physiques et mentales. Il s’agit d’éliminer les dissensions entre ces groupes. On présente ici ces efforts par ordre des plus fructueux aux moins fructueux.

6.2.1. Rapprocher les hommes de toutes origines ethniques.

Le programme de l’Unesco sur la « question des races » a des antécédents dans l’entre-deux-guerres. En 1933, peu après la prise de pouvoir par Hitler, un anthropologue tchèque, le professeur Zollschan, avait demandé au président de Tchécoslovaquie, Masaryk, de convoquer une réunion d’experts scientifiques pour réfléchir sur cette question. Ce projet se fondait sur la prise de conscience que les doctrines de la supériorité raciale représentent une menace pour la paix mondiale. Cette réunion devait rassembler des scientifiques en vue d’une discussion publique et de la rédaction d’un ouvrage. Le but était de faire prendre conscience à l’opinion publique de l’absence de fondement des théories développées par les nazis. Masaryk avait accepté de soutenir ce projet, et avait confié à l’académie des sciences de Prague la mission de convier une conférence internationale à cet effet. Ce projet avait initialement recu le soutien de l’IICI. Pourtant, il n’avait pas abouti, pour des raisons politiques : dans le cadre de la politique d’appeasment, la SDN et l’IICI, pour éviter d’offenser l’Allemagne nazie, y avaient finalement renoncé[143].
Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, l’Unesco reprend ce projet, manifestant la volonté de tirer les leçons de « l’esprit de Munich » qui avait caractérisé l’IICI. Le lancement du programme sur les races est fortement soutenu par les deux premiers directeurs généraux, Huxley et Torres Bodet, très sensibles tous deux au problème du racisme.
Dans l’entre-deux-guerres, Huxley avait rédigé plusieurs essais abordant la question du racisme, parus en 1947 sous le titre de L’homme, cet être unique. Il y affirme que « l’idée même de race, appliquée à l’homme, est une appellation erronée », qu’elle résulte d’une confusion entre facteurs génétiques et culturels, et que la prétendue infériorité des peuples de couleur est due non pas à l’hérédité mais à « l’atmosphère sociale défavorable dans laquelle ils sont élevés ». Il propose, dès les années 1930, de substituer le terme de « groupe ethnique » à celui, péjoratif, de « race »[144]. S’il exprime par là une position nettement antiraciste, ses textes ne sont pas exempts de contradictions et contiennent aussi des considérations et des croyances racistes. Ainsi il écrit :
« L’existence de différences génétiques marquées dans les caractères physiques (c’est-à-dire entre les Jaunes, les Noirs, les Blancs et les Bruns) rend probable, à première vue, qu’il existe également des différences dans l’intelligence et le tempérament. Par exemple, je considère comme absolument probable que les nègres authentiques ont une intelligence moyenne légèrement inférieure à celle des Blancs ou des Jaunes. »[145]
Il consacre un chapitre au « concept de race à la lumière de la génétique moderne », où il affirme l’importance selon lui d’inventer une méthode scientifique pour évaluer « les différences génétiques possibles dans l’intelligence, l’initiative, et les aptitudes, qui peuvent distinguer les différents groupes humains »[146]. En 1947, il publie aux éditions de Minuit, au titre de directeur général de l’Unesco, un ouvrage intitulé Nous Européens, dans lequel il se donne pour objectif de faire le bilan scientifique des connaissances sur la question des « races » ; ce texte est intéressant par la liberté de pensée qu’il manifeste, et par les hésitations et contradictions qu’il n’hésite pas à exposer. Il consiste en une succession de balancements entre idées opposées. D’un côté, il souligne d’une part « l’étendue de notre ignorance scientifique sur ce sujet fondamental », et observe que le terme de « races », appliqué à l’être humain, ne peut qu’être un « terme pseudo-scientifique », n’ayant aucun fondement biologique ; de l’autre, il affirme la certitude « qu’il existe, entre différents peuples, des différences de capacité innées ». D’une part il affirme que « les réalisations maîtresses de la civilisation moderne se sont produites dans des régions comportant le plus de mélanges de types », et que « d’un point de vue purement biologique, ce serait peut-être une bonne chose d’entreprendre des croisements massifs », et d’autre part il évoque « la possibilité que des croisements entre types très différents donnent, dans les générations à venir, des résultats biologiques ‘dysharmoniques’, en produisant des combinaisons de caractères mal assortis », et affirme que « s’il est exact que certains groupes ethniques possèdent un niveau moyen peu élevé d’intelligence innée, permettre des croisements entre eux et des types plus intelligents, c’est une marche rétrograde »[147]. Huxley affirme ainsi, sans en avoir vraiment conscience, des croyances racistes.
Contrairement à Huxley, Torres Bodet a toujours affiché des opinions clairement anti-racistes ; il est lui-même métis de mère française et de père mexicain. Dès l’entre-deux-guerres, il s’engage par des articles dans la lutte sur le « problème indigène » au Mexique[148]. En 1949, la conférence générale adopte une résolution prévoyant une collecte de matériel scientifique sur les problèmes raciaux, et la réalisation d’une campagne éducative à ce sujet[149]. Torres Bodet charge l’anthropologue brésilien Arthur Ramos, alors directeur du département des sciences sociales, et très intéressé par les problèmes de race, de réaliser ce programme. En octobre 1949, celui-ci décide de réunir dix scientifiques en un « comité d’experts sur les problèmes de la race » en décembre. Il meurt entre temps, et c’est son successeur l’Américain Robert Angell, sociologue à l’université du Michigan, qui accueille ces scientifiques[150]. Parmi les membres de ce comité d’experts figure Claude Lévi Strauss[151]. En 1950 est créée au sein du département des sciences sociales une « division pour l’étude des questions de race », chargée de diriger la réalisation du programme sur les races. Sur l’invitation du directeur général, Alfred Métraux en devient le chef[152], après avoir hésité longtemps à accepter cette responsabilité[153]. Cette hésitation est révélatrice ; en effet, les scientifiques et sociologues de renom ont été réticents à participer à cette action. Alfred Métraux sera, avec Alva Myrdal, qui succède peu après à Angell à la tête du département des sciences sociales, et avec Otto Klineberg, chef de la division des sciences sociales appliquées, un des principaux piliers du programme sur les races. Delavenay, directeur des publications, qui est à ce titre lui aussi très impliqué dans ce programme, témoigne de leur motivation commune : « diffuser le plus largement dans le monde entier des ouvrages écrits dans un style simple, faisant le point des connaissances scientifiques sur la signification du concept de race, cette tâche nous apparut passionnante, à Métraux, Alva Myrdal et moi, ainsi qu’à Otto Klineberg »[154]. Selon André-Marcel d’Ans, « Métraux, Juif et Russe par sa mère, longuement déraciné en Argentine, naturalisé Américain, appelé en outre par son métier d’ethnologue à fréquenter intimement Polynésiens, Nègres et Indiens, était mieux préparé que quiconque à mesurer la misère du préjugé racial, à s’interroger sur ses causes et à s’atteler à la tâche de chercher des remèdes pour soulager de ce préjugé un monde qui en était malade »[155].
Durant tout son mandat, Torres Bodet encourage avec conviction le programme sur les races[156]. Après sa démission en décembre 1952, le directeur général par intérim John Taylor se montre lui aussi favorable à ce programme, étant un antiraciste convaincu. En 1951, il a fait de l’université de Louisville (Kentucky), dont il est président, la première de tous les États du Sud des États-Unis à supprimer entièrement les barrières raciales pour les étudiants[157]. En revanche, Luther Evans (1953-58) se montre beaucoup moins enthousiaste à l’égard de ce programme, non pas qu’il soit raciste, mais parce qu’il doute de son utilité, et contribue au contraire à freiner à plusieurs reprises cette action.
D’autre part, le programme sur les races est encouragé par de nombreuses organisations et associations qui se consacrent à la lutte contre le racisme[158], et par l’ONU[159]. Cependant, en réalité, l’ONU n’apporte pas beaucoup d’aide à l’Unesco dans ce domaine. En juin 1954, Métraux va à Honolulu assister au nom de l’Unesco à la conférence de l’ONU sur les questions raciales. Il a pour mission d’y défendre l’idée de la création d’un centre international pour l’étude des questions raciales, lié à l’Unesco. Il observe que les participants américains à cette conférence sont « méfiants » envers l’Unesco, qu’ils jugent échafauder de « noires machinations ». Lorsqu’il prend la parole, il observe que « la défiance et l’hostilité contre l’Unesco sont manifestes sinon exprimés »[160]. Il déplore dans son journal « l’inanité et le caractère académique des débats » à cette conférence[161], et y ressent un ennui incommensurable, et une révolte contre le caractère consensuel des discussions[162]. Il déplore aussi que celles-ci ont donné lieu à des déclarations à la limite du racisme, voire carrément racistes[163].

L’action normative contre le racisme.
L’Unesco s’efforce de mener une action normative contre le racisme. En 1949 s’y réunit une conférence d’anthropologues et de sociologues, pour préparer une « déclaration sur la race »[164], sous la direction de le l’anthropologue américain Ashley Montagu[165]. La déclaration sur la race est adoptée le 14 décembre 1949[166]. Elle affirme que « du point de vue biologique, l’espèce homo sapiens se compose d’un certain nombre de groupes, qui diffèrent les uns des autres par la fréquence d’un ou de plusieurs gènes particuliers. Mais ces gènes eux-mêmes […] sont toujours en petit nombre si l’on considère l’ensemble de la constitution génétique de l’homme et la grande quantité de gènes communs à tous les êtres humains ». Elle définit une race comme « un groupe ou une population caractérisée par certaines concentrations, relatives quant à la fréquence et à la distribution de gènes ou de caractères physiques qui, au cours des temps, apparaissent, varient et souvent même disparaissent sous l’influence de facteurs d’isolement géographiques ou culturels ». Elle affirme qu’on ne peut « établir de classification raciale que sur des caractères purement physiques et physiologiques » ; que « rien ne justifie l’opinion selon laquelle les groupes humains diffèrent les uns des autres par des traits psychologiques innés », et que « le niveau des aptitudes mentales est à peu près le même dans tous les groupes ethniques » ; que « rien ne prouve que le métissage, par lui-même, produise de mauvais résultats sur le plan biologique », et que « sur le plan social, les résultats, bons ou mauvais, auxquels il aboutit sont dûs à des facteurs d’ordre social » ; que « ni la personnalité ni le caractère ne relèvent de la race », et que, dans le langage courant, le mot « race » est employé de manière erronée, pour désigner « tout groupe humain arbitraitement désigné comme tel ». Elle estime que ces « graves erreurs » rendent souhaitable de remplacer, pour désigner l’espèce humaine, le terme de « race » par celui de « groupes ethniques ». Elle affirme qu’ « en réalité, la ‘race’ est moins un phénomène biologique qu’un mythe social », mythe qui « a fait un mal immense sur le plan social et moral », « a coûté d’inombrables vies et causé des souffances incalculables », et empêche encore « le développement normal de millions d’êtres humains et prive la civilisation de la collaboration effective d’esprits créateurs »[167]. Avec optimisme, elle affirme que « les recherches biologiques viennent étayer l’éthique de la fraternité universelle », que « l’homme est par tendance innée porté à la coopération »[168].
Le texte de la déclaration n’est cependant pas conçu officiellement comme émanant directement de l’Unesco ; cela exigerait en effet une approbation expresse de la conférence générale (difficile à obtenir sur un sujet sensible comme celui-ci, à une époque où plusieurs États membres sont encore des puissances coloniales, et où d’autres, comme l’Afrique du sud et les États-Unis, pratiquent la ségrégation raciale), et cela engagerait la responsabilité de l’Unesco. Officiellement, cette déclaration est placée uniquement sous la responsabilité des experts qui l’ont rédigée et signée. Mais comme l’affirme Maheu, « le fait que nous en assurions la diffusion montre suffisamment que nous en approuvons l’esprit »[169].
L’Unesco s’efforce de lui assurer la plus large diffusion[170]. En juillet 1950, le département des communications de masse organise sa diffusion dans tous les États membres par voie de presse et de radio[171]. En octobre 1950, Douglas Schneider, directeur de ce département, estime avec satisfaction que cette déclaration « atteint vraiment des audiences ‘grass-roots’ aux États-Unis », notamment par le moyen de spots télévisés, ainsi que de l’organisation de sermons sur ce thème dans les églises[172].
En janvier 1950, le département des sciences sociales soumet le texte de cette déclaration à une centaine de scientifiques et anthropologues du monde entier, leur demandant leurs commentaires. Ces commentaires, une fois réunis, font l’objet de la brochure Le concept de race. Résultats d’une enquête[173], qui entend représenter « toute la gamme des opinions et des thèses actuelles sur ce sujet », susciter « un véritable débat sur la question raciale », constituer « une sorte d’anthologie de la pensée scientifique en ce qui concerne la race et les différences raciales »[174]. Or, plusieurs scientifiques se livrent, dans leurs réponses à l’Unesco, à de très vives critiques contre la déclaration[175]. Le Français H. Vallois est le plus critique. Il lui reproche d’être trop ambitieuse et de ne pas atteindre son objectif : « qui veut trop prouver ne prouve rien ». Il dénonce le fait que « pour enlever toute base anthropologique au racisme », les auteurs ont « supprim[é] le concept anthroplogique de race », et proteste que « l’existence de la race chez l’homme est un fait biologique incontestable » ; il dénonce aussi l’affirmation que les aptitudes mentales seraient identiques dans toutes les races ; Vallois, bien qu’il ne le reconnaisse pas officiellement, est ainsi raciste ; il critique la proposition de remplacer le terme ‘race’ par celui de ‘groupe ethnique’, ce qui est, dit-il, « un remède pire que le mal », car il entraînerait « une confusion entre la race, fait biologique, et le groupe ethnique, fait culturel ». Il conclut que la déclaration comporte « des contradictions », « des affirmations trop catégoriques », et qu’elle « pèch[e] par excès d’optimisme » [176]. Kenneth Little juge lui aussi la déclaration « insatisfaisante », et estime qu’elle avance des affirmations non prouvées[177]. Leslie Dunn, sans être aussi critique, estime que « quelques-uns des jugements émis [dans la déclaration] supposent plus de connaissances que nous n’en avons actuellement », et qu’« une attitude moins dogmatique serait plus persuasive »[178]. De même, Otto Klineberg suggère que l’Unesco modifie la déclaration pour la rendre « moins dogmatique »[179]. William Jagg déplore le caractère de « document de propagande » de cette déclaration »[180]. Le Cooperating Body for Social Sciences déplore que l’Unesco ait « publié et donné large publicité à un document sur la race qui n’a pas le soutien des principaux anthropologues »[181]. Au Congrès américain, la déclaration sur la race, si elle reçoit quelques soutiens[182], suscite surtout de vives critiques[183]. Dans la presse européenne, les réactions à cette déclaration sont contrastées. Certains journaux l’approuvent[184], d’autres la critiquent, lui reprochant de nier le concept anthropologique de race, ou au contraire l’accusant de « ressusciter le racisme »[185].
Ces critiques mettent l’Unesco « dans une situation difficile », comme le reconnaît Angell[186], et entraînent des dissensions internes[187] ; Torres Bodet demande alors à Montagu de modifier le texte de la déclaration en tenant compte des critiques[188], ce qui est fait en juillet 1950. Mais cela ne met pas fin aux articles critiques ; notamment en octobre 1950 paraît dans la revue d’anthropologie Man un article très critique sur la déclaration sur la race, déplorant en particulier l’absence de référence à H. Vallois. Torres Bodet décide alors de convoquer un nouveau panel d’experts, plus compétents, qui rédigerait un nouveau rapport sur la race[189], donnant davantage la parole aux anthropologues et aux généticiens[190]. Ces critiques s’expliquent en fait par le fait que les « scientifiques » réunis par l’Unesco pour mettre au point la déclaration étaient en fait des personnes jouissant de peu d’autorité scientifique dans ce domaine, et que, en l’absence de réelles données scientifiques dans un sens ou dans un autre sur la question du racisme, Ashley Montagu, poussé par ses convictions antiracistes, a inclus dans la déclaration des affirmations non scientifiquement vérifiées. Ashley Montagu lui-même est alors une figure contestée dans le milieu des penseurs sur la question de la race. Pour Margaret Mead et Alfred Métraux, la raison de l’importante contestation suscitée par ce texte est l’incompétence et l’absence d’autorité en la matière de Montagu, responsable des nombreux points faibles de la déclaration[191]. Dans ses mémoires, Torres Bodet estime quant à lui que ces critiques s’expliquent d’une part par une rivalité entre sociologues et biologistes, d’autre part par le fait que l’Unesco avait, dans la composition du premier groupe de savants, « omis, de bonne foi, certains noms indispensables », et enfin par « l’inquiétude que l’Unesco se lance dans une ferme campagne d’éducation contre les pratiques racistes »[192]. Les controverses suscitées par cette déclaration s’expliquent en outre par une rivalité entre sociologues et anthropologues (entre les partisans d’une approche biologique et ceux d’une approche psychologique et culturelle), et par une différence de conception entre Français et Anglo-Saxons, le terme de « race » étant généralement employé alors dans le monde anglo-saxon, alors qu’il est déjà banni en France[193].
Le doute s’instaure assez tôt parmi les fonctionnaires de l’Unesco : le racisme peut-il vraiment être combattu par une action normative ? Lors d’une conversation entre Métraux, Margaret Mead, Michel Leiris, Robert Angell et Louis Wirth, en août 1950, ce dernier, spécialiste du problème des Noirs aux États-Unis, estime que le problème du « préjugé racial » n’est pas intéressant en lui-même, qu’« on a trop parlé et trop écrit à ce sujet » ; il juge que « presque toute la propagande faite aux États-Unis est inefficace », et confie à Métraux que « la Brotherhood of Christians and Jews a dépensé 3 millions de dollars pour rien », et qu’ « ils n’osent pas l’avouer ». Pour lui, le seul véritable domaine où il soit utile d’agir est le domaine de la discrimination, « par des mesures pratiques et adaptées aux circonstances »[194]. C’est un débat important qui est soulevé là.
Plusieurs versions successives de la déclaration sur la race sont réalisées : décembre 1949, juillet 1950, juin 1951[195]. Même après 1951, les polémiques continuent et entraînent de vives tensions, au secrétariat et à la conférence générale, tensions dont témoigne Métraux dans son journal[196]. La déclaration est alors encore révisée en 1964, puis en 1967[197], prenant alors pour la première fois en compte l’apartheid[198]. En 1969, l’Unesco publie les quatre déclarations successives, assorties de nouvelles études[199]. En novembre 1978, la déclaration est à nouveau révisée[200]. Tout au long de ces années, ces déclarations continuent à se heurter à des hostilités, et à la réticence du département d’état américain, pour des raisons de prudence politique[201]. Ces déclarations ne semblent pas avoir eu de réelle efficacité. C’est ce que reconnaît Maheu en 1971[202].
Peu à peu, l’Unesco, observant l’inefficacité de ces déclarations, décide de réaliser une convention, c’est-à-dire un instrument normatif plus puissant. Il s’agit de la convention et de la recommandation contre la discrimination dans l’enseignement, adoptées en 1960 sur l’impulsion de l’ONU[203], et malgré la réticence des États-Unis[204]. Elles ne sont ratifiées que par deux États, la France et Israël ; elles entrent en vigueur seulement en mai 1962, date à laquelle le nombre minimum de trois États signataires est enfin atteint. Le très faible nombre d’États signataires, ainsi que le fait que ni les États-Unis, ni l’URSS, n’en fassent partie (bien que les États socialistes aient pris une part active à son élaboration), illustrent son échec provisoire. Elle est finalement ratifiée par l’URSS et les autres États socialistes en 1968. En revanche, jusqu’à la fin de la période, les États-Unis ne reviennent pas sur leur refus, justifié par l’idée que cette convention empièterait sur l’autonomie des institutions éducatives[205]. Cette convention se heurte dans les années 1960 à l’hostilité de nombreux membres du Congrès américain[206], et d’une grande partie de la presse américaine[207], reflet de l’opinion patriotique et chrétienne[208], effrayée des risques d’une « socialisation » de l’enseignement et d’une atteinte à la liberté de l’enseignement. De nombreux groupes de pression aux États-Unis font campagne contre elle[209]. Des particuliers n’hésitent pas à écrire au secrétaire d’état pour la dénoncer[210]. Les membres du Congrès qui défendent la convention sont minoritaires ; c’est le cas du sénateur McGee[211]. Cependant, à partir de 1968, la position des États-Unis sur la convention évolue vers une attitude plus favorable[212]. Finalement, en 1971, elle est ratifiée par 56 États[213]. Malgré la création en 1962 d’une commission de conciliation et de bons offices pour rechercher la solution des différends qui naîtraient entre États parties[214], cette convention semble ne pas avoir réussi à être efficace.

Les publications sur les races.
Parallèlement à la déclaration, diverses séries des publications sur la question des races sont entreprises, sous l’impulsion d’Alfred Métraux, selon différentes approches : scientifique, éducative et psychologique, ethnologique, religieuse, démographique, et historique[215].
Comme la déclaration, ces publications ont en fait été rédigées le plus souvent par des personnes qui n’avaient pas de compétences particulières en la matière, souvent des amis du personnel du département des sciences sociales, et en particulier de Métraux[216]. Cela constitue un point faible pour la crédibilité, l’autorité, et la valeur de ces ouvrages. La brochure Race et santé mentale est révélatrice des difficultés rencontrées par l’Unesco pour trouver des auteurs qualifiés. Pour rédiger cette brochure, Métraux s’adresse successivement à deux médecins, Marie Jahoda et M. Dicks, et se heurte à des refus. En 1958, le psychanalyste Kubie, qui en 1955 avait accepté de l’écrire, y renonce finalement. Métraux s’adresse alors à M. Levinson, de la Harvard Medical School. Métraux souhaite que l’auteur soit un Américain, étant donné l’avance des scientifiques américains dans l’étude des « relations entre psychiatrie, psychanalyse, et préjugés ». Finalement, tous les auteurs pressentis ayant refusé, en octobre 1958, Marie Jahoda, qui avait initialement refusé, accepte d’écrire la brochure[217]. Les difficultés pour trouver un spécialiste réputé qui accepte d’écrire cette brochure (dont la rédaction est pourtant bien payée) sont révélatrices du manque de prestige et de crédit de l’Unesco dans les milieux scientifiques.
Il est important d’analyser non seulement le contenu de ces publications, mais les conditions de leur genèse, les difficultés auxquelles elles se sont heurtées dans leur réalisation, et leur réception.

L’approche scientifique.
A l’idée reçue que les races seraient inégales et que leurs mélanges seraient néfastes, l’Unesco entend opposer l’idée qu’ils sont au contraire bénéfiques. C’est ce qu’affirme en 1948 le comte Jacini, président de la délégation italienne : « Le mélange des races a les plus heureux effets : les plus grands hommes dont puisse s’honorer l’humanité proviennent de races différentes »[218]. Dans La question raciale, brochure à l’intention du grand public publiée en 1950, l’aspect scientifique tient une place importante[219]. À partir de 1951, l’Unesco édite une série de publications ensuite regroupée sous le titre « La question raciale devant la science moderne », et comportant notamment : Le concept de race : résultat d’une enquête ; Les mythes raciaux ; Les mélanges de races ; Race et biologie ; Les différences raciales et leur signification ; Qu’est-ce qu’une race ? Des savants répondent ; Les différences raciales et leur signification[220].
La correspondance interne de l’Unesco révèle leur élaboration difficile et leur valeur scientifique souvent médiocre. Ainsi, plusieurs sont quasiment des plagiats ; ainsi, Juan Comas fait « énormément d’emprunts » à l’ouvrage Colour Prejudice de Alan Burns, comme le reconnaît en s’excusant Métraux dans une lettre à ce dernier[221]. D’autre part, plusieurs de ces brochures contiennent des affirmations fantaisistes et manquant de rigueur scientifique. Métraux observe même que l’ouvrage Le concept de races, rédigé par des biologistes en 1953, contient des « déclarations racistes »[222].
Cette série recueille certaines critiques positives dans la presse[223]. Cependant, une partie importante de la presse critique la volonté de l’Unesco de vaincre le racisme par le raisonnement scientifique, et observe que les arguments scientifiques invoqués ne tiennent pas[224]. Certains gouvernements s’opposent à ces brochures, comme le Mexique[225], et surtout les États-Unis. Ainsi, la brochure de Diana Tead, intitulée Qu’est-ce qu’une race ? La science répond, publiée en 1951, est finalement éliminée par l’Unesco en 1952[226], sous la pression des États-Unis, qui, par le biais d’un télégramme de la commission nationale américaine en février 1952, exigent l’arrêt de sa publication ; « la commission nationale redoute sans doute une réaction des représentants du sud au Congrès », observe Métraux, qui estime pourtant : « elle ne contient rien qui me paraisse devoir provoquer ces craintes »[227]. Torres Bodet exprime à Métraux sa « contrariété » à ce sujet, et le réprimande pour ne pas avoir dégagé la responsabilité de l’Unesco par une phrase sur la couverture. Une controverse se développe au sein du personnel au sujet de cette brochure, au point qu’il est envisagé de constituer une commission d’enquête à son sujet[228]. Un conflit ouvert éclot au sein du secrétariat, entre ceux qui soutiennent les exigences de la commission nationale américaine (Torres Bodet, Guiton, Montagu, Heindel), et ceux qui s’y opposent (Métraux, Frazier, Tead, Evans et Mc Cullough). Métraux témoigne dans son journal de la vigueur de ce conflit. Diana Tead publie finalement son texte à compte d’auteur, sous le titre légèrement modifié : Qu’est-ce qu’une race ? Les savants répondent[229].
En 1960, l’Unesco se lance dans une entreprise de remise à jour et de réédition de cette série, sous l’impulsion de Maheu, en un seul volume, intitulé Le racisme devant la science[230]. Les textes sont « soigneusement révisés », afin d’« éviter les réclamations et les critiques que susciterait un texte démodé »[231]. Cette réédition se fait avec plus de succès, les controverses s’étant calmées ; elle est notamment publiée en France par Gallimard[232]. Cependant, peu à peu, l’utilité de la démarche de démonstration scientifique de l’inanité du racisme a été de plus en plus remise en cause. Comme l’observe P.-A. Taguieff, « le relatif optimisme de l’antiracisme cognitif prôné par l’Unesco s’est vite heurté - dès la fin des années 1940 - aux conclusions des recherches conduites par les psychologues sociaux sur les préjugés et les stéréotypes » : le racisme relève du préjugé, contre lequel les démonstrations scientifiques ne peuvent rien[233]. C’est pourquoi l’Unesco a aussi lancé des publications privilégiant d’autres approches : psychologique, culturelle, historique, économique, juridique, etc.

L’approche psychologique et culturelle.
Plusieurs publications de la série « La question raciale devant la science moderne » concernent en fait les aspects psychologiques et éducatifs. C’est le cas notamment de Race et psychologie d’Otto Klineberg, de Race et société de Kenneth Little (1952), de Relations raciales et santé mentale de Marie Jahoda, de Race, Préjugé et Education, de Cyril Bibby (1959), et de L’origine des préjugés, de Arnold Rose (1951)[234]. Ce dernier ouvrage, rédigé par un universitaire américain, est repris dans une série de quatre articles dans le Courrier de l’Unesco à l’été 1958, intitulé « Les préjugés et leurs racines profondes »[235]. L’ouvrage le plus important de cette série est celui de Claude Lévi Strauss, Race et Histoire (1952). En mai 1952, Alfred Métraux observe dans une correspondance interne : « la parution de ce nouveau titre constitue un événement important, non seulement du point de vue du ‘standing’ de notre collection « La question raciale », mais aussi de l’intérêt que le nom de Lévi Strauss ne peut manquer d’éveiller dans le public ». Il incite à cet égard le département de l’information à déployer « un effort de diffusion tout particulier » et insiste sur « la publicité à donner à cet ‘événement’ »[236]. Race et Histoire, dans lequel Lévi Strauss définit le racisme comme « une doctrine qui prétend voir dans les caractères intellectuels et moraux attribués à un ensemble d’individus, de quelque façon qu’on le définisse, l’effet nécessaire d’un commun patrimoine génétique »[237], est l’ouvrage du programme sur les races promis au plus grand succès[238]. Cependant, il donne lieu à une polémique avec Roger Caillois[239]. C’est le début d’un conflit irréductible entre Lévi Strauss et Caillois, « les frères ennemis »[240].
Race et société, de Kenneth Little, dénonce la ségrégation raciale en Afrique du sud. Ce texte pose donc des problèmes politiques à l’Unesco, soucieuse de prudence et de consensus avec ses États membres. En avril 1952, Métraux écrit ainsi à Little :
« Votre exposé sur l’Afrique du sud est objectif et, bien sûr, j’ai apprécié les pages sur la Grande-Bretagne. Je dois, toutefois, attirer votre attention sur quelques difficultés qui nous ont occupés pendant ces dernières semaines et qui constituent une menace pour l’avenir : plusieurs États membres ne prennent pas très bien notre discussion sur le problème de la race. Il m’a donc semblé que la commission nationale britannique pourrait peut-être faire des objections à la présentation de certains faits, eu égard à l’impression qu’ils pourraient causer sur les ‘coloniaux’ ».
Métraux impose donc à Little d’accepter des coupures et des modifications dans ce texte, confiées à un représentant du gouvernement britannique, pour l’édulcorer afin de le rendre « plus acceptable pour les Britanniques »[241]. Malgré d’importants amendements, l’ouvrage de Little suscite des protestations au Royaume-Uni. Ainsi, en avril 1953, Quintin Whyte, directeur du South African Institute of Race Relations, se plaint auprès du directeur général de la manière subjective selon lui dont ce texte présente la situation en Afrique du sud. Il dénonce dans cette brochure « une présentation inexacte » de la situation, qui selon lui ne rendrait pas justice à « ceux qui travaillent à une plus grande harmonie raciale en Afrique du sud. Pour Whyte, « l’ensemble de l’article est vicié et constitue plus un pamphlet de propagande qu’un traité scientifique ». Il reproche à Little des erreurs et l’omission des mesures en faveur des non-Européens prises par le gouvernement. Whyte estime que la brochure minimise les efforts des antiracistes en Afrique du sud[242].
L’ouvrage de Cyril Bibby, Race, Préjugé et Education, se heurte comme celui de Little à l’extrême prudence politique de l’Unesco. Métraux, après avoir jugé cet ouvrage « excellent »[243], observe qu’il « ne pourrait pas facilement être adopté par les différents pays intéressés par la lutte contre la discrimination à l’école », et qu’il doit donc être remanié et « adapté » à chaque situation nationale par les commissions nationales des différents États membres[244]. Il s’agit donc de soumettre ce texte à la censure des commissions nationales et de l’édulcorer en fonction de l’idéologie de chaque État membre. Ainsi l’Unesco, dans sa démarche de lutte contre le racisme, se voit contrainte de faire d’importants compromis.
En 1954, un anthropologue américain chargé par l’Unesco d’étudier l’impact des brochures sur les races sur les étudiants américains, observe que ceux-ci ont montré plus d’intérêt pour celles qui utilisent l’approche psychologique[245].

L’approche économique.
En 1951, Alfred Métraux confie à Michel Leiris, alors chargé de recherches au CNRS, la rédaction d’un article sur « les causes sociales du préjugé de race », dans le cadre du programme sur le races[246]. Leiris y affirme que le préjugé racial, contrairement à ce qu’on croit couramment, a des origines récentes, et que, « sous quelque forme que se présente le racisme, il vise toujours plus ou moins à démontrer qu’il n’y a qu’à s’incliner devant ceux dont la position de dominateurs est censée exprimer la supériorité innée et que l’injustice sociale est, en somme, fondée dans la nature des choses ». Selon Leiris, le préjugé racial n’apparaît que dans des circonstances bien déterminées :
1) « lorsqu’il y a une situation coloniale et qu’une minorité d’expatriés est établie au milieu d’autochtones dont elle s’approprie les terres et exploite les richesses » ;
2) « lorsqu’il y a compétition économique entre groupes d’origine différente » ;
3) « lorsqu’un pays croit avoir à se protéger contre des immigrants pauvres » ;
4) « lorsqu’une nation veut renforcer son unité et se poser en « race de seigneurs », aussi bien pour intimider les autres nations que pour entraîner ses propres nationaux dans une politique de conquêtes » ;
5) « « lorsqu’un état, en vue de canaliser le mécontentement populaire, juge bon de lui fournir un bouc émissaire qu’on dépouillera par la même occasion » ;
6) « lorsqu’un groupe d’humiliés et d’offensés éprouve le besoin de renforcer sa conscience de lui-même pour réagir contre l’oppression ».
Ainsi, pour Leiris, « loin de répondre à une répulsion congénitale, le préjugé racial apparaît donc comme lié à des antagonismes qui reposent sur la structure économique des sociétés modernes », il est lié à « l’injustice inhérente à cette civilisation occidentale capitaliste », et c’est uniquement « dans la mesure où les peuples transformeront cette structure qu’on le verra disparaître »[247]. Cette explication s’inscrit dans le cadre de la pensée marxiste. Dès avril 1951, Métraux observe, dans une correspondance interne, que ce texte obtient en France, « auprès de beaucoup de gens, un très beau succès »[248]. Dans le même esprit, en 1952, Jean-Paul Sartre manifeste à Métraux son désir de rédiger pour l’Unesco une publication intitulée Race et économie, dans laquelle il analyserait le racisme du point de vue marxiste[249]. Ce projet n’aboutit pas. C’est en effet à un Soviétique, M. Kammari, membre correspondant de l’Académie des sciences de l’URSS, qu’est confiée la réalisation d’une brochure présentant l’analyse du racisme sous l’angle marxiste [250].
C’est non pas par sympathie marxiste mais par souci de répartition équitable de l’expression des idées entre bloc capitaliste et bloc socialiste que l’Unesco décide d’entreprendre une telle publication. C’est d’ailleurs avec appréhension qu’elle s’y lance. En mai 1958, le département des sciences sociales fait des recommandations de prudence à Kammari : « l’approche devra être conforme à celle des autres brochures de la série, qui ont évité toute référence directe à la politique et se sont concentrées sur les principes philosophiques et idéologiques de base sur lesquels les politiques sont fondées. [...] Une précaution particulière devra être observée concernant la situation impliquant certains États membres » ; il lui rappelle qu’ « il fait partie des règles de l’Unesco que les passages traitant longuement d’États membres doivent être soumis, avant publication, aux États membres intéressés, pour commentaires »[251]. Quelques mois plus tard, Kammari envoie son manuscrit, La question raciale à la lumière du matérialisme historique, à Alfred Métraux. Il y expose, comme Métraux s’y attendait, l’idée marxiste que le racisme est le fruit du capitalisme. Cela ne pose pas de problème, il a été convenu que ces ces idées peuvent être affirmées, comme contrepoint aux conceptions sur le racisme développées par les Anglo-Saxons. Métraux est cependant « alarmé » par la troisième partie de l’ouvrage, intitulée « Moyens pour liquider l’exploitation raciale et nationale », et qui fait directement allusion aux luttes pour la décolonisation et exprime des idées anticolonialistes, ce qui n’est pas acceptable pour l’Unesco. « J’ai peur d’entrer sur un terrain miné », écrit Métraux dans une correspondance interne. « Néanmoins, j’ai peur que si nous disons à M. Kammari de supprimer cette troisième partie, nous soyons immédiatement critiqués pour notre timidité et qu’on nous reproche d’éluder l’enjeu majeur, et je crains une réaction désagréable de la délégation russe ». Métraux, qui souligne le caractère très « délicat » de l’affaire, a conscience qu’il faut être « très prudent » et « prendre toutes les précautions pour éviter tout désagrément futur » : il décide donc d’écrire à Kammari qu’il est extrêmement intéressé par les deux premières parties et de lui proposer de résumer la troisième partie dans la conclusion[252]. Cette question entraîne des tergiversations, qui suscitent des difficultés et des retards dans la publication de cette brochure. En janvier 1960, dans une correspondance interne, Szczerba-Likernik, autre fonctionnaire de l’Unesco, dénonce le « caractère polémique très violent contre les préjugés raciaux et le colonialisme » de cette brochure, son discours « très partial » sur la discrimination raciale aux États-Unis et en Afrique du sud, et observe que ce texte « attaque » et « critique très fortement les positions des pays de l’Europe occidentale ». Il critique aussi le fait que l’auteur ne fasse pas de distinction entre minorités nationales et minorités raciales. Il conclut que l’ouvrage ne doit pas être « publié comme ouvrage patronné par l’Unesco »[253]. Son collègue André Bertrand s’inquiète lui aussi des « passages de caractère nettement polémique » contenus dans l’ouvrage[254]. En effet, Kammari accuse notamment les puissances occidentales d’avoir perpétré un « génocide » dans leurs anciennes colonies, de vouloir y restaurer « l’esclavage politique et économique », et de « piller les peuples sous-développés ». Kammari affirme aussi qu’« aux États-Unis, l’idéologie raciste a progressivement pénétré toutes les sphères de la vie économique, politique et culturelle du pays »[255]. En juin 1960, le comité de lecture de l’Unesco conclut que « l’Unesco s’exposerait à des critiques justifiées si elle publait cette brochure », car « des passages importants, consacrés à la dénonciation d’exemples de discrimination raciale dans divers pays, sont de nature à offenser des États membres de l’Unesco ou des Nations Unies » ; « le ton de certaines critiques provoquerait de la part des États membres cités des protestations véhémentes ». Il juge que l’interprétation de l’auteur est « limitée, parfois simpliste et souvent blessante », et que le texte « passe sous silence l’existence au sein des sociétés non marxistes, de courants d’opinion contraires à toute discrimination raciale ». Il conclut que publier ce texte « porterait préjudice à la valeur scientifique de notre excellente série sur la question raciale »[256]. En juillet 1960, l’Unesco demande à Kammari de modifier son texte en profondeur, lui indiquant tous les passages à supprimer ou à modifier, et lui donnant des suggestions pour pondérer son interprétation[257]. Métraux se montre pessimiste sur les résultats d’une telle révision, ainsi qu’il l’écrit alors dans une lettre confidentielle :
« Il me paraît peu probable que M. Kammari comprenne les motifs de nos hésitations et encore moins probable qu’il accepte de réécrire les deux-tiers de son manuscrit dans un esprit différent. Je suis convaincu que M. Kammari fait de son mieux et qu’il ne se rend aucunement compte de l’effet désastreux de ses violences verbales et de l’orientation polémique donnée à son texte. J’ai tout lieu de croire qu’il nous a honnêtement fourni un texte conforme à ses croyances et à sa conception des choses. En d’autres termes, nous lui demandons de sortir de son cadre culturel pour adopter notre optique. Je suis fort sceptique quant aux résultats de notre demande. »[258]
Métraux observe avec lucidité l’existence d’un fossé entre deux référentiels idéologiques inconciliables, et estime que la tâche d’harmonisation qui revient à l’Unesco est vouée à l’échec.
Dans un mémorandum confidentiel, un fonctionnaire du département des sciences sociales reconnaît la justesse d’une grande partie des affirmations de Kammari, observant que l’auteur se livre en fait à « l’énumération d’abus trop réels », et que, au sujet de l’Afrique du sud, « les faits qu’il expose sont malheureusement d’autant plus exacts qu’ils proviennent en partie du rapport des Nations Unies ». Concernant les États-Unis, « non sans habileté l’auteur laisse entendre que les victoires remportées par les Noirs en matière syndicale sont dues à l’action du parti communiste des USA ». Le département des sciences sociales estime néanmoins que Kammari n’avait « nul besoin de s’attaquer aux pays d’Europe et aux États-Unis », que « s’il avait besoin d’exemples concrets, la Russie tzariste lui en aurait fourni », qu’ « il aurait pu éventuellement parler de la bourgeoisie colonialiste du XIXe siècle », mais qu’évoquer la politique discriminatoire des États-Unis et de l’Afrique du sud est « inadmissible », et il conclut que « la publication d’un tel manuscrit par l’Unesco provoquerait un véritable scandale non seulement au niveau gouvernemental, mais dans les milieux scientifiques les plus divers »[259]. Cela confirme la primauté des impératifs politiques sur la volonté d’objectivité scientifique à l’Unesco. Au nom de la prudence politique, l’Unesco refuse un texte qui dénonce la discrimination raciale et le colonialisme, ce qui pourtant apparaît comme nécessaire dans le cadre d’un programme sur le racisme. En fait, les fonctionnaires de l’Unesco semblent être dans l’ensemble d’accord avec le propos de l’ouvrage ; c’est sa tonalité agressive et violente qui est considérée comme inacceptable dans le cadre d’une série de publications de l’Unesco, dans laquelle au contraire la plus grande prudence doit être observée.
Dans le domaine de l’approche économique, il faut mentionner aussi l’enquête ethnologique menée par Alfred Métraux dans le cadre du projet indien-andin au début des années 1950, qui, comme l’observe José Matos Mar, « porte un coup décisif aux théories racistes sur un prétendu immobilisme et la résistance au progrès des ethnies américaines, en démontrant que la cause du retard social de ces groupes n’est à rechercher ni dans la race ni dans l’éthique, mais bien plutôt dans des causes externes, liées à une longue situation d’oppression »[260].

L’approche religieuse.
Plusieurs études sont menées sur la manière dont les différentes religions conçoivent la « question raciale » ; elles constituent une série intitulée « La question raciale et la pensée moderne ». Le premier ouvrage à être publié dans cette série concerne la religion catholique, ce qui illustre encore la place privilégiée de celle-ci à l’Unesco. C’est le Père Yves Congar, penseur catholique de renom, qui, à la demande de Métraux, rédige L’Eglise catholique devant la question raciale, publié en 1953. Son propos est de montrer, comme l’affirme le directeur général, que, « par leur nature même, les principes du catholicisme sont fondamentalement opposés à la discrimination raciale et que l’Eglise a toujours courageusement combattu le racisme, en particulier au cours des persécutions récentes ». Congar affirme avec vigueur que « le point de vue racial est étranger à la tradition catholique ». Il estime que l’apparition du racisme est liée, non pas à celle de la religion, mais à celle de la colonisation au XVIe siècle. Il affirme que « l’Eglise n’est pas raciste, elle est la contradiction même du racisme : elle est l’unité de la famille humaine ». Les inégalités entre les hommes « ne tiennent pas à une infériorité héréditaire génétiquement fatale. Elles tiennent à des chances historiques et parfois géographiques »[261]. Dans sa lettre circulaire aux États membres annonçant la parution de cet ouvrage, le directeur général insiste sur la volonté de l’Unesco d’ « assurer à ce volume la plus large diffusion parmi le grand public et les milieux ecclésiastiques et organisations religieuses, ces derniers devant être tout spécialemnt sollicités de contribuer, à leur tour, à le faire connaître »[262]. L’Unesco est très optimiste à l’égard de la diffusion de cet ouvrage. En avril 1953, Alfred Métraux, au retour d’un séjour aux États-Unis, écrit à Congar :
« Aux États-Unis, j’ai eu l’occasion de parler de votre ouvrage avec plusieurs personnes qui s’occupent de la lutte contre la discrimination. Il ne fait aucun doute qu’une telle brochure vient à son heure et que le besoin s’en faisait sentir. Nous espérons un grand succès de librairie, si les autorités et les universités catholiques veulent bien nous prêter leur concours. »[263]
L’Unesco contacte de nombreux ecclésiatiques européens et dirigeants d’associations et d’organisations, de revues, de mouvements, catholiques, principalement européens et américains, pour les informer de la parution de cet ouvrage et les inciter à en faire la promotion et à en assurer la diffusion[264]. L’Unesco entreprend donc une vaste et coûteuse campagne de promotion de l’ouvrage de Congar, s’adressant notamment à une société spécialisée dans la propagande auprès des milieux catholiques, afin de toucher le clergé catholique, les écoles catholiques, les librairies catholiques, et les associations catholiques[265].
Cependant, quelques mois après la parution de l’ouvrage de Congar, il s’avère que son contenu ressemble de manière troublante à celui d’un ouvrage paru antérieurement, L’Eglise et le Racisme, du Père Sylvestre Chauleur. En octobre 1953, Métraux est contraint de s’excuser au nom de l’Unesco auprès de ce dernier pour ce qui ressemble bien à un plagiat[266].
En 1954, il s’avère que, malgré les gros efforts de promotion de l’Unesco, qui distribue des stocks de cet ouvrage gratuitement dans les cercles catholiques, celui-ci recueille finalement assez peu d’échos dans l’opinion catholique[267]. Certes, il recueille l’approbation de la presse catholique : La Croix « se réjoui[t] » et « félicit[e] » l’Unesco de publier cette étude, « hommage rendu […] au catholicisme », et loue la « netteté », la « lucidité », la « sûreté théologique » du texte[268] ; Nouvelles, organe de la Commission internationale catholique pour les migrations, juge l’ouvrage de Congar « très intéressant » ; Etudes, organe de la Société de Jésus, fait l’éloge de cette « simple esquisse, dont la fermeté et l’information laissent deviner la compétence du théologien » ; la revue suisse Scrinium, liée à Pax Romana, approuve la manière dont Congar expose la « condamnation absolue du racisme » par l’Eglise catholique ; la revue belge Eglise vivante, la revue catholique lyonnaise Chronique sociale de France (qui fait l’éloge de ce « solide exposé de notre ami le Père Congar »), la revue catholique sud-africaine Race Relations News, font aussi l’éloge de l’ouvrage[269]. En revanche, d’autres journaux sont plus critiques, notamment des revues antiracistes et des revues juives. La Interracial Review, revue new-yorkaise, dénonce la « brièveté » et les lacunes de l’étude, observe que « plusieurs points importants sont développés de manière incomplète », et affirme que l’étude ne peut pas être considérée comme un reflet fidèle de l’attitude de l’Eglise catholique aux États-Unis. Les Cahiers sioniens s’opposent à l’affirmation de Congar selon laquelle le racisme aurait sa source dans le colonialisme du XVIe siècle, estimant qu’il a plutôt sa source dans l’Espagne médiévale catholique et dans son intolérance envers les juifs et les musulmans[270].
En 1954, une polémique se développe au sujet de l’ouvrage de Congar avec les milieux juifs sionistes. Léon Baratz proteste contre ce texte, estimant qu’il contient des « passages inadmissibles » faisant preuve d’un « antisémitisme virulent », puisque Congar affirme que « l’Eglise, bien qu’absolument opposée au racisme, doit convenir, en ce qui concerne la question juive, de l’existence de problèmes concrets posés par un certain particularisme et un esprit d’inquiétude et d’entreprise propre aux juifs » ; il dénonce en particulier un passage de l’ouvrage de Congar dans lequel celui-ci semble donner raison aux prêtres catholiques hongrois d’avoir dans les années 1930 instauré le numerus clausus pour l’accès des professions intellectuelles aux juifs, estimant que la minorité juive détenait alors en Hongrie dans ces professions une place supérieure à son importance réelle dans la population, ce qui aurait justifié une telle mesure[271]. Pour Baratz, la brochure de Congar illustre le fait que « l’antisémitisme se faufile à l’Unesco et à l’ONU »[272]. Ce passage de l’ouvrage de Congar suscite une polémique[273]. Congar se défend des accusations d’antisémitisme[274]. Métraux, qui déplore « le caractère disproportionné de ce scandale », s’efforce d’apaiser la situation[275].
En 1959, l’Unesco observe avec déception que la brochure de Congar, bien qu’« écrite par un auteur réputé, et munie de l’imprimatur », s’est très peu vendue en France[276]. Ainsi, malgré les énormes efforts de promotion faits par l’Unesco pour diffuser cette brochure, le succès n’a pas suivi.
Par ailleurs, l’Unesco charge le pasteur protestant W.A. Visser’t Hooft de rédiger Le mouvement œcuménique et la question raciale (1954)[277]. Il traite de l’attitude des Eglises par rapport au racisme, en analysant plus précisément les exemples de l’Allemagne nazie, de l’Afrique du sud, et des États-Unis. Là encore il ne s’agit pas d’une réflexion orignale mais de la reprise de thèmes traités par d’autres, puisqu’il s’inspire des réflexions développées par Gunnar Myrdal dans An American Dilemna. The Negro Problem and Modern Democracy, sur la contradiction de l’église américaine, qui, tout en professant que tous les hommes ont la même dignité et la même valeur aux yeux de Dieu, légitime la discrimination raciale. Visser’t Hooft estime que les Eglises « disposent, pour régler le problème racial, de possibilités uniques, dont aucune autre institution ne peut disposer » ; d’où, conclut-il, l’importance que les Eglises se persuadent de la nécessité de lutter contre le racisme[278].
Par ailleurs, pour faire pendant à ces ouvrages, un ouvrage est prévu concernant la religion bouddhiste. Cependant, Alfred Métraux a des difficultés à lui trouver un auteur. En 1955, dans une correspondance interne, il confie son souci à ce sujet ; Malalasekara, universitaire de Ceylan, qui avait accepté de l’écrire, maintient un « silence prolongé », « s’obstin[ant] à ne pas répondre aux lettres qui lui ont été adressées ». Métraux est inquiet et « [s]e déclare incapable de trouver un bouddhiste asiatique pour écrire cette brochure »[279]. Finalement, l’ouvrage est rédigé par l’auteur prévu initialement, mais avec du retard. Il analyse les « préjugés de castes », et s’attache à prouver que le bouddhisme ne professe aucun préjugé de caste et est pacifiste[280]. Avant la parution, le comité de lecture de l’Unesco critique le manque de rigueur du texte, qui assimile les problèmes de caste avec les problèmes de race, alors que ce sont en fait des choses distinctes ; le comité reconnaît néanmoins : « il est vrai que si on ne faisait pas cette assimilation, il n’y aurait rien à écrire sur le bouddhisme et la question raciale ». D’autre part, le comité déplore la démarche apologétique de l’auteur, qui « clame constamment que le bouddhisme est une religion ‘scientifique’, en comparaison surtout avec l’hindouisme », ce qui « pourrait être interprété comme une offense par certains lecteurs »[281]. L’ouvrage est cependant publié tel quel, présentant de nombreux développements hors sujet, et faisant l’apologie de la religion bouddhiste.
L’ouvrage sur la religion juive, La pensée juive, facteur de civilisation (1954), réalisé sur l’impulsion de M. Steinberg, président du World Jewish Congress[282], est rédigé par Léon Roth, ancien recteur de l’université de Jérusalem, et professeur à Oxford[283]. Il traite en fait très peu de la question du racisme et se place sur un point de vue très religieux, faisant l’apologie de la religion juive. Dès avant sa parution, cela inquiète Alva Myrdal et Alfred Métraux, qui observent que ce texte ne s’insère pas bien dans la série à laquelle il est rattaché[284]. Le contenu de l’ouvrage et de la préface est révisé avec grand soin par l’Unesco avant sa publication, « pour éviter de blesser toute susceptibilité ». Ainsi, le terme « Israël » est supprimé à quatre reprises dans la préface, et n’est laissé que dans une occurrence, où il ne fait aucun doute qu’il n’est pas synonyme d’« État d’Israël »[285].
Une brochure sur l’islam est également réalisée, L’islam et la question raciale[286]. Elle est entreprise dès 1954 mais publiée seulement en 1960. Dès 1955, des intellectuels du Moyen Orient confient à Métraux que le choix de l’auteur, Madkour, est « une erreur », car « il n’a pas autorité en matière religieuse »[287]. L’ouvrage se consacre à prouver que l’islam ne prône pas le racisme, et fait l’apologie de l’islam[288].
Ainsi, ces ouvrages sur les religions ont en commun le souci de dédouaner les religions de l’accusation de racisme, et de présenter chacune de ces religions de manière très positive. Dans ce domaine aussi, on constate que le souci de ne heurter aucune susceptibilité désamorce toute véritable réflexion et aboutit à des textes qui n’ont qu’une faible valeur.

L’approche juridique.
Dans Problèmes raciaux : l’égalité par la loi, Morroe Berger, professeur de sociologie à l’université de Princeton, analyse la lutte menée aux États-Unis, sur le terrain juridique, contre la discrimination raciale dans l’accès aux divers emplois des membres des minorités ethniques. Il décrit l’action menée respectivement par le gouvernement fédéral, les États, les municipalités, et les organisations privées, pour l’adoption et l’application d’une législation favorable à l’égalité raciale. Il analyse les résultats de cette action juridique et conclut qu’elle constitue une arme puissante non seulement contre les pratiques discriminatoires, mais aussi contre les préjugés raciaux[289]. Ainsi, par prudence politique, l’étude est axée sur les aspects positifs et non pas négatifs de la législation raciale américaine ; l’Unesco ne pouvait pas se permettre de dénoncer la discrimination raciale en vigueur aux États-Unis ; faire l’éloge des diverses initiatives et avancées juridiques en faveur de l’égalité raciale menées dans ce pays est un moyen pour l’Unesco de s’efforcer de plaider pour l’abolition de la discrimination raciale tout en évitant de heurter de front le gouvernement américain.
Pour faire pendant à cet ouvrage sur les États-Unis, l’Unesco en prévoit un portant sur la juridiction en URSS. Sa rédaction est confiée à l’Académie des sciences soviétique. Là encore, la plus grande prudence est de rigueur pour l’Unesco, qui lui envoie des directives précises. En décembre 1957, deux Soviétiques de cette académie, Tsamerian et Ronine, rédigent un texte. Cependant, des conflits internes semblent se produire au sein de l’académie[290]. En avril 1958, un autre Soviétique, Samkov, annonce à l’Unesco une nouvelle version de l’étude, indiquant que celle précédemment envoyée est obsolète et ne doit surtout pas être lue[291]. En octobre 1958, Métraux, après avoir reçu et lu le nouveau manuscrit, observe qu’il « ne correspond pas exactement à l’ouvrage attendu », qu’il posssède « une tonalité propagandiste claire », et que « certaines phrases sont clairement offensives à l’égard des puissances européennes ». D’autre part, il observe l’assimilation faite par les auteurs entre problèmes de races et problèmes de nationalités. Bien qu’il estime le manuscrit « instructif et utile », il éprouve des « craintes » à l’idée de sa publication : « même si on fait les coupures nécessaires et si le texte est édité avec prudence, de fortes critiques se feront entendre aux États-Unis. Je suis convaincu que plusieurs journaux américains se plaindront que ‘l’argent des contribuables américains est utilisé par l’Unesco pour promouvoir la propagande russe’ ». Il estime cependant que « les événements ont montré qu’en demandant aux Russes de coopérer à notre programme sur les races, nous avons eu raison et qu’il est mieux d’établir une collaboration étroite avec eux plutôt que d’avoir une attitude constamment hostile »[292]. En janvier 1959, il se fait plus sévère : « l’ensemble du livre a été écrit dans un ton de propagande naïve, comme si les auteurs avaient en vue un public de semi-illettrés » ; « certaines idées sont si naïves qu’elles frôlent le comique » : « tout ce qui est soviétique est parfait, excellent, tout ce qui est non soviétique est sombre, mauvais ». Il estime que « chaque page doit être réécrite et [que] le livre doit être réorganisé ». Il est accablé par le ton propagandiste et agressif du texte : « J’admets que, bien qu’ayant été toujours pessimiste, je n’ai pas pu prévoir que les résultats de notre tentative de coopération avec les sociologues russes s’avèreraient si décevants. Si j’avais su […], j’aurais hésité avant de suggérer que nos études sur les relations de race s’étendent à l’Est. C’est une erreur qui vient d’un optimisme non justifié » ; néanmoins il craint que la demande de l’Unesco de réviser l’ouvrage ne « provoque une réaction défavorable, voire explosive, de la part de la délégation russe »[293]. Un long échange de correspondance interne entre les membres du département des sciences sociales en 1959 témoigne de la perplexité et de l’embarras de l’Unesco[294]. En septembre 1959, le comité de lecture de l’Unesco décide que le manuscrit doit être publié, mais après suppression de plusieurs passages. En mars 1960, M. Marshall, directeur du département des sciences sociales, demande à M. Koulagenkov, délégué permanent de l’URSS auprès de l’Unesco, de faire réviser ce manuscrit par ses auteurs. L’URSS l’accepte ; en mai 1960, la nouvelle version révisée apparaît à Métraux « nettement plus satisfaisante que les précédentes ». En septembre 1960, Métraux, apaisé, estime que désormais « rien ne s’oppose à sa publication »[295]. Il donne donc son feu vert, et le manuscrit passe au service des publications. Cependant, dans ce service, Paul Leclerc sonne l’alarme en octobre 1960, estimant que le manuscrit est complètement hors sujet, et que les auteurs ont simplement voulu « profiter de l’occasion que leur offrait la diffusion mondiale de leur brochure par l’Unesco pour présenter une apologie exhaustive des réalisations soviétiques »[296]. Delavenay, chef de ce service, convaincu par les observations de Leclerc, écrit une lettre alarmiste à Jean Thomas[297]. Cependant, celui-ci maintient qu’il faut le publier : « On m’assure que ce manuscrit ne contient plus aucune grossièreté, injure ou indécence. Le DG s’est engagé par écrit envers M. Kouladjenkov à le publier. Libre maintenant aux Russes de se rendre ridicules en nous faisant publier un texte pseudo-scientifique qui n’est que de la propagande »[298]. Le directeur général, suivant l’avis de Thomas, décide « qu’il serait peu politique de refuser l’impression du manuscrit », mais juge « nécessaire qu’il soit entièrement refondu »[299]. À la fin de l’année 1960, après de nouvelles modifications, le manuscrit est publié en français ; les fonctionnaires de l’Unesco, inquiets, hésitent à le faire publier en anglais, prévoyant que le texte irritera les Anglo-Saxons, mais doivent se résoudre à le faire, comme le prévoit le contrat[300].
Dès sa parution en 1961, comme le redoutait l’Unesco, l’ouvrage provoque une vague de protestations, notamment de la part du Conseil consultatif des organisations juives[301]. En avril 1962, la RFA, les États-Unis, le Canada, et la Lituanie, adressent à l’Unesco des protestations officielles[302]. Fin avril 1962, Maheu, alarmé, et estimant qu’une publication si propagandiste n’aurait jamais dû être publiée par l’Unesco, charge Adiseshiah de procéder à une enquête confidentielle sur cette affaire, pour comprendre les « fautes » et les « erreurs de jugement » commises par le Secrétariat pour avoir permis cette publication[303]. Les fonctionnaires du département des sciences sociales s’efforcent de trouver des arguments pour riposter aux protestations[304]. Maheu s’efforce de défendre l’ouvrage, arguant qu’il est la contrepartie de celui de l’Américain Morroe Berger[305]. En décembre 1962, le conseil exécutif met en place un comité composé de dix personnalités, présidé par Julien Cain, chargé d’examiner cette controverse[306].
Les accusations se déchaînent aux États-Unis contre cet ouvrage, principalement par deux moyens, le Congrès et la presse[307]. L’Unesco y est accusée de servir de véhicule à la propagande communiste. La controverse porte sur certains passages de l’ouvrage, qui affirme qu’en 1940 la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie ont rejoint l’URSS de leur propre volonté, et que les Juifs d’URSS n’ont jamais été l’objet de discrimination[308]. Le sénateur Humphrey remet en cause l’opportunité pour l’Unesco de poursuivre la publication des brochures sur le racisme[309]. Lucius Battle, secrétaire d’état adjoint pour les affaires éducatives et culturelles, oppose l’étude de Berger, « étude universitaire, objective », à l’étude soviétique, « véhicule pour une propagande politique », et affirme que cette controverse « est une illustration des problèmes inhérents à notre participation à une organisation internationale comme l’Unesco »[310]. En revanche, le président Kennedy, abordant en février 1963 cette controverse dans une conférence de presse en réponse à une question d’un journaliste, se fait apaisant à ce sujet[311]. Cela ne suffit cependant pas à apaiser l’opinion, et à empêcher l’ensemble de la presse américaine de se déchaîner contre cette publication. Des dizaines d’articles dénoncent cette brochure, souvent des éditoriaux. En mars 1963, selon la commission nationale méricaine, plus de cent articles sur la question sont déjà parus : « Propagande rouge » ; « Nous payons notre assassin » ; « Nous finançons notre propre exécution » ; « Mauvais usage des fonds américains » ; « Un rapport de l’Unesco loue les Soviets » ; « L’Unesco contre l’Occident » ; « Dangereuse brochure de l’Unesco », « Propagande pro-soviétique » ; « Un scandale de l’Unesco », « Un affront à chaque contribuable », etc.[312] Cette affaire est souvent associée, dans les articles, au projet développé au même moment par la FAO d’apporter une assistance en matière d’agriculture à Cuba, projet qui lui aussi scandalise la presse américaine et contribue à la soulever contre le système de l’ONU. En avril 1963, Maheu déplore dans une lettre interne que « cette brochure, largement et systématiquement exploitée, a fait beaucoup de tort à l’Unesco aux États-Unis […] et au Canada »[313]. La presse européenne[314] aussi mentionne la controverse qu’elle a provoquée. L’Unesco s’efforce d’empêcher la controverse de s’étendre en faisant en sorte de n’assurer aucune diffusion à l’ouvrage. Mais cela n’apaise pas les Américains. Au contraire, en mars 1963, les membres du Congrès se rendent compte que la publication incriminée est introuvable aux États-Unis[315], qu’elle n’y a en fait jamais été distribuée, et s’insurgent contre le fait que l’Unesco paye des Soviétiques pour rédiger des publications qui ne sont ensuite même pas publiées, dénonçant un « trafic »[316]. L’ouvrage est d’ailleurs aujourd’hui introuvable, même aux archives de l’Unesco[317].

Des enquêtes sur des situations « positives » dans les relations raciales.
L’Unesco lance des études sociologiques et ethnologiques visant à « apporter une contribution positive à la solution du problème racial », c’est-à-dire à montrer les cas de coexistence harmonieuse entre races, et non pas les cas de coexistence conflictuelle, les situations négatives. L’Unesco estime en effet que « les situations que l’on peut qualifier d’ « heureuses », celles qui offrent peu de frictions ou qui évoluent vers un état d’équilibre ou d’harmonie, ont reçu une attention moindre de la part des chercheurs » que les situations conflictuelles[318]. Et cela constitue aussi une démarche moins délicate politiquement.
Le cadre choisi pour ces études est principalement l’Amérique latine. La nationalité mexicaine du directeur général Torres Bodet et la nationalité brésilienne du premier directeur du département des sciences sociales, Ramos, ont sans doute exercé une influence dans ce choix. Celui-ci s’explique aussi par le fait que ces lieux étaient ceux qui posaient le moins de problèmes politiques. Ainsi sont réalisées notamment des études sur Races et classes dans le Brésil rural par Charles Wagley (1952), Les élites de couleur dans une ville brésilienne par Thales de Azevedo (1953), et l’étude de Michel Leiris, Contacts de civilisation en Martinique et en Guadeloupe (1955)[319].
Pour mener à bien son enquête, Leiris accomplit pour l’Unesco une mission de quatre mois sur place[320]. Le texte de cette enquête sera repris ensuite dans Cinq études d’ethnologie[321]. Les Antilles françaises constituent un cas apparemment positif et harmonieux de relations entre citoyens des différents groupes ethniques, puisqu’il y a égalité juridique entre eux. Leiris analyse comment s’est opérée l’ascension sociale des éléments de la population d’origine non européenne. « L’abolition de l’esclavage, la diffusion du patrimoine culturel français dans les masses de couleur et la reconnaissance de leurs pleins droits civiques ont amené une intégration suffisante pour que ces masses apportent aujourd’hui une contribution originale à la culture française et pour qu’on observe dans la plupart des esprits une sensible atténuation des préjugés raciaux qui sont un reliquat de la vieille époque coloniale ». Cependant, il constate aussi que la situation n’est pas aussi harmonieuse qu’elle le paraît à première vue : en réalité « l’attitude des Blancs créoles vis à vis des mariages mixtes n’a guère varié depuis le temps de la colonie » ; d’importants « antagonismes, d’ordre économique plus que racial, […] opposent à un patronat essentiellement blanc une masse de travailleurs de couleur » ; ainsi, « dans cette société très composite, la répartition par classes se superpose encore à la répartition par catégories raciales » ; « aujourd’hui encore un Noir des Antilles françaises est généralement un travailleur pauvre en face du Blanc son employeur ». Leiris observe cependant une évolution en cours : « maints originaires blancs des deux sexes ont maintenant des emplois […] qui les mettent au coude à coude avec des gens de couleur » ; mais cette nouvelle situation, qui met noirs et blancs en concurrence, risque plutôt de « susciter une nouvelle tension interraciale »[322]. Ainsi, Michel Leiris établit un lien étroit entre tensions raciales et tensions économiques.
Michel Leiris semble avoir été gêné par l’ambiguïté de sa mission : il était payé par l’Unesco et encouragé par le gouvernement français pour écrire une étude visant à mettre en valeur les relations harmonieuses entre groupes ethniques dans les Antilles françaises. Or, au fur et à mesure de son enquête, il s’aperçoit qu’en fait cette image ne correspond pas à la réalité, comme il le confie à son ami Métraux[323]. Il se retrouve donc dans une position inconfortable, pris entre deux feux. La consultation des cahiers tenus par Leiris durant cette mission serait certainement d’un grand apport à ce sujet[324]. Leiris se livre finalement à un constat honnête d’une situation moins positive qu’il n’y paraît à première vue. L’ouvrage recueille les éloges de la presse[325]. Comme cet ouvrage, Races et classes dans le Brésil rural, résultat d’une « enquête témoin » menée par Charles Wagley sur les contacts entre groupes ethniques au Brésil[326], révèle l’existence de plus de préjugés et de discriminations que ce à quoi l’on s’attendait au Brésil[327]. En revanche, dans Les élites de couleur dans une ville brésilienne, l’historien et sociologue Thales de Avezedo, entend présenter la « solution originale » donnée au problème racial à Bahia, qui aurait entraîné l’instauration de « relations harmonieuses » entre groupes ethniques. Par l’analyse de la position sociale occupée par les personnes des différentes catégories ethniques dans cette ville, l’ouvrage vise à mettre en lumière « les progrès considérables réalisés par les personnes de couleur depuis l’abolition de l’esclavage et la part de plus en plus grande qu’elles prennent à la vie culturelle » à Bahia[328]. La presse spécialisée critique le caractère excessivement optimiste de cet ouvrage[329].
En lançant ces études, l’Unesco s’est placée dans une attitude contradictoire, puisqu’elle prenait pour postulat que les situations qu’elle se proposait d’étudier étaient positives, alors que les enquêtes menées ont dans l’ensemble révélé que ce n’était pas le cas.

Des efforts pour une modification des attitudes.
Afin de contribuer à une modification des attitudes, l’Unesco met en place, dans le cadre du projet « tensions », une action par trois moyens : d’une part, des études sur la modification des attitudes ; d’autre part, des efforts pour toucher le grand public, enfin des expériences auprès d’un échantillon réduit de population.
L’Unesco confie des études sur la modification des attitudes à des universitaires, à des associations, à des sociétés savantes. Pour toucher le grand public, l’Unesco réalise une série de publications intitulée « Styles de vie », présentant les modes de vie dans seize pays différents[330]. Peter Lengyel, ancien fonctionnaire, porte lui-même un jugement négatif sur ces publications, « des portraits de style officiel, raide, du genre des prospectus gouvernementaux et des guides touristiques les plus impersonnels », en outre « rapidement dépassés »[331]. Par ailleurs, le projet prévoit également, pour toucher le grand public, l’envoi d’experts auprès des gouvernements qui en feraient la demande, pour les aider à orienter leur enseignement national dans un esprit favorable à la paix. Cependant, aucun État ne demande de mission d’experts[332].
Enfin, l’Unesco prévoit de mettre en place des expériences concrètes visant à la modification des attitudes. Pour cela, elle s’inspire des expériences en la matière récemment menées, ayant démontré par exemple l’amélioration durable de l’attitude d’un groupe d’étudiants blancs new-yorkais envers les Noirs à la suite d’une visite guidée du quartier de Harlem, sur quatre journées, leur ayant donné l’occasion d’entrer en contact avec des Noirs d’un niveau socio-culturel élevé[333], et inversément l’attitude raciste de plus en plus marquée d’étudiants blancs du Nord des États-Unis venus faire leurs études dans les universités du sud[334]. Entre 1948 et 1950, l’Unesco confie à H.E.O. James, lecteur en psychologie à l’Institut d’éducation de l’université de Londres, une étude sur les attitudes des adolescents à l’égard des peuples étrangers. L’expérience porte sur 400 garçons et filles de 11 à 14 ans, écoliers d’une petite ville située à une trentaine de kilomètres de Londres, qui reçoivent pendant deux semaines l’enseignement d’un professeur noir. L’interview de chaque enfant, avant, puis après cette expérience d’enseignement, met en évidence une modification dans un sens très positif de leur attitude à l’égard des noirs, et d’une manière générale à l’égard des étrangers[335]. Cette étude entend donc contribuer à démontrer que le racisme est un phénomène lié à l’éducation et à la culture, et que, par conséquent, il peut être combattu par ces moyens.

Des efforts de documentation bibliographique.
En même temps qu’elle programme des publications, l’Unesco s’efforce de contribuer à rassembler de la documentation bibliographique sur les études raciales. Elle publie en 1958 un recueil bibliographique de Documentation pour l’étude des relations raciales. Mais le choix des titres retenus dans ce recueil donne lieu aussi à des controverses politiques. En 1958, le président de la commission nationale soviétique, M. Jukov, se plaint auprès du directeur général de ce recueil du contenu selon lui « scandaleux », « provocateur et diffamatoire », « incitant à la haine » contre l’URSS. Il déplore qu’aucune des 27 études mentionnées dans cette publication ne porte sur la situation en URSS, et ne soit l’œuvre d’un savant soviétique, et il dénonce leur caractère anti-soviétique. Pour Jukov, la publication de cet ouvrage « va à l’encontre de la compréhension mutuelle et de la coopération internationale »[336]. Marshall s’excuse auprès du directeur général, reconnaissant avoir laissé passer, par négligence, plusieurs textes nettement anticommunistes : « je suis extrêmement désolé que ce problème se soit presenté et j’admets que cela est dû à une faute de ma part »[337]. Evans, dans sa réponse à Jukov, admet le caractère déséquilibré de cette bibliographie et reconnaît que « la commission nationale de l’URSS a de réelles raisons de se plaindre », et que certains textes sont antisoviétiques (L’extermination des populations turco-tatares de l’URSS, L’Empire soviétique, Les Turcs de l’Asie centrale et le Stalinisme, La Politique du Kremlin sur les nationalités en Roumanie)[338]. Afin d’apaiser l’URSS et de pallier à ce déséquilibre, un nouveau chapitre, consacré à l’URSS, est inclus dans l’ouvrage[339].
Ainsi, l’Unesco, malgré sa prudence, sa volonté d’équilibre et de pondération, et son souci d’éviter de blesser les susceptibilités, ne parvient pas à anticiper et à prévenir toutes les controverses. Elle s’efforce pourtant avec vigilance d’apporter des rectifications et des correctifs.
Si Benton juge que les publications sur les races se sont révélées inutiles et vaines[340], il convient d’être plus nuancé et d’estimer qu’elles ont eu un succès variable.

Des efforts pour toucher le grand public.
Le programme sur les races comporte aussi un certain nombre de conférences. Leurs répercussions sont variables et souvent décevantes. Ainsi, en avril 1952, Alfred Métraux et Pierre Coeytaux donnent une conférence à Grenoble, « dans un grand amphithéâtre presque vide ». Métraux y est choqué du racisme et des préjugés du public : « Il y a un monsieur qui croit que le métissage produit la tuberculose. Un autre dissimule mal son indignation de ce que les Nègres puissent accéder à la civilisation », écrit-il dans son journal. En 1954, il donne une conférence sur le racisme au Brooklyn College de New York : là, « les questions qui me sont posées sont pertinentes et parfois subtiles », estime-t-il[341]. Ces conférences apparaissent donc utiles étant donné la prégnance du racisme dans le public, comme le révèle son journal. En mai 1960, l’Unesco organise la « 12e Journée nationale contre le racisme, l’antisémitisme et la paix » à son siège. Cette manifestation voit la participation de personnalités comme André Maurois, Jean Rostand, Jean Sarrailh, Jean Cassou, Vincent Auriol, Pierre Mendès France, Etiemble, Wladimir Jankélévitch, Lévy-Bruhl, Jean Guéhenno[342]. L’année 1971 est, sur décision de l’ONU, « l’Année internationale pour la lutte contre le racisme et la discrimination raciale»[343]. Dans ce cadre, plusieurs conférences et manifestations à l’intention du grand public sont organisées. Ainsi, en mars 1971, l’Unesco organise un cycle de conférences sur « la question raciale et la pensée moderne ». Maheu invite Lévi Strauss, qu’il présente comme « un ami personnel de longue date qui est aussi un ami fidèle de l’Organisation », à faire un discours sur ce thème[344]. Cependant, le discours de Lévi-Strauss est très mal reçu car il ne correspond pas à ce que l’Unesco attendait de lui[345].
Le Courrier de l’Unesco soutient le programme sur les races[346]. Cependant, le prudence politique que se doit d’adopter l’Unesco ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre à son rédacteur en chef, Sandy Koffler, et bride ses initiatives. En 1954, il se fait réprimander durement par Evans pour avoir entrepris d’élaborer un numéro consacré à la victoire remportée par les Noirs aux états-Unis, ce qu’Evans juge politiquement trop risqué[347]. Ce numéro ne se fait donc pas. En revanche, en octobre 1960, le Courrier de l’Unesco publie un numéro spécial consacré au racisme[348]. Evoquant la discrimination raciale aux États-Unis et en Afrique du sud, ce numéro suscite la vive hostilité du Congrès et du département d’État américain[349].
L’Unesco s’efforce aussi de lutter contre le racisme au moyen de films. Cependant cette action ne semble pas avoir été très fructueuse. Ainsi, en 1969, les responsable des clubs Unesco français, analysant l’efficacité de ces films, aboutissent à un constat d’échec, et concluent : « ces films sont inutilisables pour des clubs, et même à déconseiller aux animateurs », étant trop austères et ennuyeux[350].
C’est d’autre part au moyen des manuels scolaires que l’Unesco s’efforce de contribuer à la lutte contre le racisme. En 1951, Lucien Febvre, chargé par l’Unesco de rédiger un texte pour servir de modèle à des manuels scolaires révisés, insiste sur le caractère mythique et erroné de l’idée de « race » et de « sang », et réfléchit à « l’étrange notion de pureté », l’« instinctive répugnance », l’« insurmontable répulsion des hommes pour le mélange »[351]. Ces efforts se poursuivent et s’accentuent tout au long des années[352]. En 1968, un comité convoqué par l’Unesco recommande aux enseignants et aux auteurs de manuels scolaires d’être vigilants dans le vocabulaire employé pour qualifier les groupes ethniques, religieux ou autres, en particulier les peuples anciennement colonisés. Une quinzaine de mots sont considérés comme devant être bannis[353]. Cette recommandation est très mal reçue par une partie de la presse américaine et du Congrès[354]. Le représentant de la Louisiane accuse l’Unesco de « se poser en bureau de censure pour le contrôle mondial de la pensée », « dans une entreprise qui rappelle les techniques bolcheviques de lavage de cerveau »[355].

Une réception critique.
L’action de l’Unesco dans ce domaine suscite beaucoup d’oppositions et de critiques de la part de nombreux États membres, à la fois anglo-saxons, socialistes et du Tiers Monde. Pour les États-Unis, cette action est trop audacieuse, pour les États socialistes et ceux du Tiers monde elle est trop timide et inefficace[356]. Dans ce contexte la position de l’Unesco n’est pas aisée. Elle doit sans arrêt mesurer les risques qu’elle prend, bien réfléchir pour chacune de ses actions, s’efforcant de trouver un équilibre entre d’une part la nécessité d’être prudente sur le plan politique et de ménager les États membres, et d’autre part de s’efforcer réellement de contribuer à la lutte contre le racisme.
Si par rapport aux États-Unis et aux puissances coloniales que sont la France et le Royaume-Uni, l’Unesco décide de faire des concessions et d’éviter de dénoncer de front leur politique, ces États étant parmi les plus puissants dans l’organisation, en revanche pour l’Afrique du sud, l’Unesco a choisi de dénoncer sa politique de discrimination raciale, courant le risque que cet État proteste et se retire de l’organisation, ce qu’il n’a pas manqué de faire. Le régime d’Afrique du sud est dénoncé par plusieurs délégations dès les deux premières conférences générales, notamment par l’Inde ; la délégation d’Afrique du sud y défend le bien fondé du régime d’apartheid, affirmant que c’est « un régime juridique indigène très efficace et très souple à la fois », et faisant valoir le « succès » obtenu par cette politique pour « édifier une culture indigène »[357]. À partir de 1954, sur les instructions de la commission des Nations Unies pour l’étude de la situation raciale dans l’union sud-africaine, l’Unesco engage des études sur l’apartheid[358]. Le 5 avril 1955, l’Afrique du sud annonce sa décision de se retirer de l’Unesco, estimant que ses publications sur la race interfèrent de manière inacceptable avec la juridiction sud-africaine, contrairement à ce que prévoit son acte constitutif (art.1 par.3). Le conseil exécutif demande à cet État de reconsidérer sa décision[359] ; en vain. Le départ de l’Afrique du sud divise les membres du conseil exécutif. Pour certains, tel Laugier, ce départ est regrettable[360]. Delavenay observe que le retrait de l’Afrique du sud « n’a été hélas, ni le premier, ni le dernier exemple de pressions politiques visant à restreindre la liberté d’expression d’une institution internationale pourtant vouée à agir surtout par l’écrit »[361]. Le 6 avril 1955, Métraux note dans son journal : « L’Afrique du sud quitte l’Unesco à cause de mes publications. Je suis un peu inquiet de la réaction d’Evans ». En juin 1955, il reçoit de Maheu « des avertissements d’avoir à être prudent »[362]. Le retrait de l’Afrique du sud devient effectif en 1956. Dès lors, l’Unesco poursuit sa dénonciation de l’apartheid. Notamment en 1967, elle réalise et publie, sur l’impulsion de la commission des Nations Unies pour l’étude de la situation raciale dans l’Union sud-africaine, un « rapport sur les effets de la politique d’apartheid sur l’éducation, la science, la culture et l’information en Afrique du sud »[363], qui reçoit des échos très importants dans la presse internationale[364]. En outre la version de 1967 de la déclaration sur la race prend en compte le problème de l’apartheid[365]. En 1974, l’ONU et l’Unesco produisent un film sur l’apartheid en Namibie[366].

L’Unesco, en entreprenant ce programme, semble s’être heurtée à plusieurs contradictions. Sur le plan politique d’abord : à quoi bon entreprendre un programme de lutte contre le racisme, domaine qui a de fortes implications politiques, si l’Unesco n’est pas prête à l’assumer, pour cause de neutralité politique, c’est-à-dire si elle n’est pas prête à dénoncer ouvertement la discrimination raciale et le colonialisme? Certes il ne s’agit pas de timidité de la part des fonctionnaires de l’Unesco, mais c’est plutôt que l’Unesco ne pouvait pas dénoncer ouvertement la dicrimination raciale et le colonialisme, sous peine de s’attirer la condamnation de plusieurs États membres importants et donc leur sanction (retrait du budget). Elle était forcée d’avancer à pas mesurés, avec prudence, dans cette tâche très délicate et souvent frustrante. Étant donné les pressions politiques, ce n’est que de manière prudente, détournée, que l’Unesco peut s’exprimer, dosant à chaque fois les risques encourus, bien soupesés. Les résultats ont forcément été limités. Est-ce à dire qu’une telle démarche est vouée d’avance à l’échec puisque l’Unesco n’a pas les moyens d’assumer l’expression d’opinions avancées ? Faut-il conclure qu’une organisation intergouvernementale, étant dépendante des pressions politiques, n’est pas en mesure de dénoncer le racisme et les atteintes aux droits de l’homme, puisqu’elle est tributaire des États ? Faut-il conclure que des publications sur la question du racisme auraient été plus efficaces si elles avaient été publiées par un éditeur privé, moins soumis que l’Unesco à des tensions politiques ? Certes le fait qu’elles aient été publiées par l’Unesco a conféré à leur élaboration beaucoup de lourdeur et de complexité et à leur contenu une modération qui peut paraître excessive, mais un éditeur privé aurait aussi été soumis à des pressions (politiques, idéologiques, économiques), et ses publications n’auraient pas obtenu une diffusion internationale comme celles de l’Unesco.
Sur le plan scientifique, il semble y avoir une contradiction dans la démarche de l’Unesco, dans le fait qu’elle entreprend une démonstration scientifique de l’inanité du racisme, alors qu’en réalité il y a alors peu d’éléments scientifiques dans ce domaine. Ainsi, une telle démonstration scientifique paraît par avance vouée à l’échec ; c’est pour cela que la déclaration de 1949, rédigée par Ashley Montagu, a suscité tant de critiques, et qu’elle a été tant de fois révisée. L’Unesco, ayant pris conscience de cette contradiction, a alors développé des études sur le racisme selon différentes autres approches, (psychologique, culturelle, juridique, etc.). Parmi ces études, certaines ont été intéressantes et de valeur.
Alfred Métraux, qui a supervisé et dirigé le programme sur les races, a effectué une tâche très lourde et difficile. Comme l’observe André-Marcel d’Ans, « avec le recul du temps, on imagine mal les réticences et les obstacles qui furent opposés à ces réalisations, et la somme de conviction, d’efforts et de diplomatie que Métraux dut déployer pour qu’elles voient le jour »[367]. Il effectue un énorme travail, choisissant les auteurs, les orientant sur le contenu de leur texte, vérifiant les épreuves, corrigeant les nombreuses erreurs, veillant aux délais, et affrontant les problèmes conceptuels, administratifs, financiers, et surtout, politiques[368]. Il reçoit d’ailleurs en juin 1955 les éloges de ses supérieurs[369]. Certains aspects ont sans doute montré des insuffisances ou une mauvaise organisation, comme le choix des auteurs (souvent des personnes insuffisamment qualifiées) et la diffusion des publications ainsi que l’action de promotion auprès du grand public. Un défaut important a été le manque de qualification de plusieurs des auteurs des publications, et des membres du comité ayant élaboré la première déclaration. Leur choix s’explique notamment par le refus de personnes plus qualifiées et par les délais pressants. L’échec de l’Unesco à trouver des personnalités renommées qui acceptent de participer à cette série, et ce malgré le fait que ces travaux soient payés, semble démontrer un manque de prestige de l’Unesco dans les milieux intellectuels.
De même, si le contenu de plusieurs ouvrages apparaît décevant, il faut observer que cela a aussi été une déception pour l’Unesco, et que l’Unesco, après avoir engagé un auteur pour rédiger une publication, pouvait difficilement la refuser ensuite ; elle pouvait seulement (ce qu’elle a fait en bien des cas) l’engager à faire des remaniements dans tel ou tel sens.
Les publications sur les races, et, encore plus, la déclaration sur les races, ont été un casse-tête pour l’Unesco étant donné les désaccords entre les personnes qui ont participé à leur élaboration. Pour certains, la « race », pour désigner des groupes humains, correspond à une réalité, pour d’autres elle n’est qu’un mythe. Ces désaccords sont en partie liés à un clivage entre conceptions anglo-saxonnes (où le terme de « race » est d’usage courant) et conceptions françaises (où il est prohibé) ; et à un clivage entre sociologues et anthropologues. Quelques-unes des publications sur les races ont exprimé des idées proches du racisme (de même que les écrits de J. Huxley) ; cela n’est, en fait, pas absolument spécifique à l’Unesco ; comme l’observe Pierre-André Taguieff, le racisme se manifeste de plus en plus, au fil de la seconde moitié du XXe siècle, de manière camouflée, implicite, ambiguë. « Son repérage et son identification supposent un travail de décryptage et un examen critique. Car il est une formation de compromis entre des pulsions d’hostilité et le respect de la norme antiraciste, intériorisée par l’effet de l’éducation »[370].
De plus, il y a des divergences sur les moyens d’éradiquer le racisme : peut-on le faire au moyen d’une explication rationnelle, scientifique ? Ou est-ce inutile, le racisme étant un préjugé intuitif ? Cette question a remis en cause un programme fondé sur l’argumentation écrite pour vaincre le racisme. La lutte pratique contre les situations de discrimination, par des moyens judiciaires, n’est-elle pas le seul moyen efficace ? Peu à peu, cela a conduit l’Unesco sous l’impulsion de l’ONU, à réorienter son action vers une action dirigée plutôt vers la dénonciation de la discrimination (avec l’adoption de la convention sur la discrimination dans l’éducation, en 1960).
Malgré toutes ses insuffisances, le programme de l’Unesco sur les races semble avoir eu un certain impact sur l’opinion publique et exercé malgré tout une certaine pression morale sur les gouvernements, comme sur celui d’Afrique du sud, qui a été amené à se retirer de l’Unesco, et sur celui des Etats-Unis, qui a nommé, en 1961, sur l’initiative du président Kennedy, un Noir américain, John Howard Morrow, comme représentant permanent auprès de l’Unesco[371], en quelque sorte comme pour compenser l’attitude hostile dont il avait fait preuve dans les années 1950 à l’égard du programme sur les races. Sans le juger très réussi comme le font plusieurs anciens fonctionnaires de l’Unesco[372] , il semble plus juste de le juger moyennement réussi, et il paraît plus intéressant, plutôt que de le juger, d’observer et d’expliquer ses insuffisances et ses difficultés. Ce programme est intéressant car très révélateur des obstacles et des dilemmes qui se sont posés à l’Unesco.
Ses insuffisances sont dans une certaine mesure inhérentes à l’Unesco : en effet, l’action entreprise passe presque uniquement par le discours, puisque l’Unesco n’a pas les moyens d’engager une action concrète et d’imposer des sanctions juridiques. Par conséquent, son impact est forcément diffus et difficile à mesurer. À cela s’ajoute le problème politique, qui, à tout moment, ramène l’Unesco à sa contradiction interne : l’Unesco est une organisation apolitique, mais pour mener à bien sa mission, elle doit forcément affronter des réalités politiques. Or, elle est gênée car elle subit la pression politique de ses États membres. Elle est prise entre la volonté de dénonciation du racisme, et un discours « politiquement correct ». Ainsi elle s’est généralement limitée à combattre le racisme en tant qu’idée, sur le plan scientifique, philosophique, psychologique, et non pas concret.
L’Unesco s’est efforcée de ne pas se limiter à l’analyse du problème du racisme dans l’abstrait, et d’analyser aussi des situations concrètes ; pour contourner les problèmes politiques, elle s’est efforcée souvent de privilégier l’étude des situations « positives », et, concernant les situations négatives, de n’étudier que des situations passées. L’accent mis sur les situations jugées positives a souvent entraîné une vision faussée, exagérément optimiste de la situation. En outre, ces études ont souvent donné lieu à des affirmations rétrogrades, comme les brochures sur les différentes religions, qui font chacune leur propre apologie.
L’Unesco a à plusieurs reprises, par négligence, manqué de vigilance à l’égard de textes politiquement tendancieux (comme la brochure L’égalité des droits entre races et nationalités en URSS, antiaméricaine, et Selected Documentation for the Study of Race Relations, nettement antisoviétique). Dans d’autres cas, elle a fait preuve, sous la pression du gouvernement américain, d’une timidité politique qui peut paraître excessive, et qui s’explique par la volonté de ne pas heurter le principal bailleur de fonds de l’Unesco.
Un problème important de ce programme sur les races est aussi celui de la responsabilité de l’Unesco par rapport aux textes de ses publications ; le flou à ce sujet l’amène à hésiter entre d’un côté donner toute liberté d’écriture aux auteurs en dégageant sa responsabilité, et d’un autre se considérer responsable des textes, donc exercer son influence et sa censure sur leur contenu. Les retards et la lourdeur administrative dans l’élaboration de ce programme ont aussi nui à sa réussite.
L’impact de cette action sur le public est difficile à mesurer : même si les chiffres de vente des publications sont faibles, néanmoins les publications et la déclaration semblent avoir touché beaucoup de monde, puisque de très nombreux exemplaires ont été diffusés gratuitement. Cependant, le statut intermédiaire des ouvrages, trop austères pour le grand public, et trop peu approfondis pour les spécialistes, a nui à leur succès. Toutefois, tous les efforts réalisés par l’Unesco, qui se sont conjugués (films, conférences, émissions de radio, expositions, brochures…) ont quand même, dans leur totalité, constitué une propagande antiraciste d’un certain impact dans le public.
La tâche était difficile étant donné l’existence de contradictions inhérentes : comment participer à la lutte contre le racisme si, par prudence politique, on ne peut pas se permettre de dénoncer les situations de racisme ? Comment prouver scientifiquement l’inanité du racisme si, en réalité, les données scientifiques pour le faire ne sont pas assez assurées ?
L’Unesco, en abandonnant peu à peu dans les années suivantes l’objectif d’éradiquer le racisme par l’éducation, par des arguments rationnels et en se dirigeant plutôt vers l’action normative, aurait suivi l’évolution générale des milieux antiracistes, caractérisée selon Taguieff par un « pessimisme » croissant[373].
Eliminer les tensions entre les races ne constitue en fait que l’une des facettes de l’effort global de l’Unesco pour favoriser le respect réciproque entre les hommes. C’est celle qu’elle a mise en œuvre avec le plus d’intensité. Il s’agit à présent de se pencher sur les autres facettes des efforts de l’Unesco pour réduire les tensions entre groupes humains, à commencer par ceux pour réduire les tensions entre hommes et femmes.

6.2.2. Réduire les tensions entre hommes et femmes.

Dès ses premières années, l’Unesco se préoccupe activement des droits des femmes et développe des réflexions novatrices dans ce domaine, à l’encontre de l’opinion traditionnelle alors encore très répandue dans beaucoup de pays. Ainsi, en novembre 1948, le Courrier de l’Unesco donne la parole à une femme indienne, qui affirme que « les femmes sont les principales dépositaires […] de la compréhension spirituelle », et qui insiste sur l’importance de « la place de la femme à l’Unesco »[374]. En décembre 1949, l’Unesco organise une conférence visant à réfléchir aux obstacles à l’accès des femmes à l’éducation. Torres Bodet y insiste sur « l’importance vraiment primordiale de l’éducation des femmes », qui constitue, dit-il, « un des problèmes fondamentaux de notre époque »[375]. Ces réflexions de l’Unesco sur le droit des femmes se développent en collaboration avec la fédération internationale des femmes diplômées des universités, à l’assemblée de laquelle Torres Bodet participe en 1950 avec enthousiasme[376], ainsi qu’en collaboration avec le BIE[377]. Dans les années 1950, l’Unesco oriente notamment ses réflexions sur la formation civique des femmes et sur leur participation à la vie politique[378]. La volonté de dénoncer la position d’infériorité dans laquelle ont été longtemps cantonnées les femmes va parfois jusqu’à l’extrême, puisque par exemple en 1956 dans le Courrier de l’Unesco, Ashley Montagu (le rédacteur de la première déclaration sur les races), affirme que les femmes sont supérieures aux hommes[379]. C’est aussi en admettant des femmes en son sein que l’Unesco s’efforce de promouvoir la condition des femmes. Ainsi, plusieurs femmes participent à la rédaction de l’Histoire de l’Humanité[380] ; une femme, Alva Myrdal, devient en 1950 directrice de département au secrétariat ; une femme, la princesse Souvanna Phouma, femme du premier ministre du Laos, devient en 1957 la première chef de délégation à la conférence générale (délégation du Laos) [381]. Mais après le départ d’Alva Myrdal, il n’y a plus de femme à un poste de direction au secrétariat, comme le déplore Maheu en 1965[382].
Cette action se développe de plus en plus dans les années 1960[383]. À la table ronde sur les droits de l’homme organisée par l’Unesco à Oxford en 1965, une attention particulière est accordée aux droits des femmes[384]. Cette même année, Maheu affirme son intention de faire participer l’Unesco beaucoup plus activement à la promotion de la femme[385]. Il contribue activement à l’exécution à partir de 1967 du premier programme d’action interdisciplinaire et intersectoriel en faveur des femmes, commun à tout le système des Nations Unies[386]. À la fin des années 1960 et au début des années 1970, l’Unesco intensifie son action pour les femmes, notamment au moyen du programme décennal de promotion de la femme, qui prévoit la participation de tous les secteurs de l’Unesco[387], et par de nombreux articles dans les différentes revues de l’Unesco[388].
Ces efforts accrus menés à partir des années 1960 se traduisent surtout dans le domaine de l’éducation des femmes, dans le cadre de la division de l’égalité d’accès à l’éducation, en coopération avec la commission de la condition de la femme des Nations Unies[389]. Ils sont encouragés par plusieurs États[390]. À partir de 1960, l’accent est de plus en plus mis, dans la Revue internationale de l’éducation des adultes et de la jeunesse, sur l’éducation des femmes[391]. Ainsi, en 1964, l’Unesco réalise une enquête sur l’accès des femmes à l’éducation dans les zones rurales des pays en voie de développement, soulignant l’importante résistance des mentalités traditionnelles dans ces zones face à l’idée de l’éducation des femmes[392]. En 1967, l’Unesco lance un « projet expérimental pour l’égalité d’accès des femmes à l’éducation » en Haute-Volta, sur la demande de ce gouvernement, projet décennal, portant sur trois zones différentes situées dans des régions inégalement développées sur le plan économique (Kengoussi, Banfora et Pô), et consistant à alphabétiser les jeunes filles d’abord en langue locale puis en français, autour de thèmes liés à leurs préoccupations ; cependant le projet est lent à obtenir des résultats ; c’est seulement à partir de 1974 qu’il entre dans sa phase opérationnelle, avec la création de classes d’alphabétisation, de maternités villageoises, de garderies d’enfants, de stages de formation de monitrices et animatrices de villages et d’accoucheuses ; une campagne d’écoute radiophonique est lancée ; une enquête sociologique est également entreprise à partir de 1970[393]. En 1968, l’Unesco lance un « projet expérimental sur l’accès des jeunes filles à l’enseignement et aux carrières scientifiques et techniques », au Chili, de six ans ; dans ce cadre, l’Unesco s’efforce de transformer des écoles « techniques féminines » en écoles mixtes comportant un nombre plus élevé de formations techniques modernes adaptées aux besoins du pays. En 1974, l’Unesco estime que « les résultats obtenus sont très encourageants » pour ce projet[394]. En 1970, l’Unesco entreprend avec l’aide du PNUD un Projet expérimental au Népal, pour six ans ; il porte sur la scolarisation des filles dans l’enseignement primaire et sur la formation des institutrices dans le cadre du développement rural. L’objectif est d’accroître les effectifs scolaires féminins par le biais de la formation d’institutrices pour les zones rurales, ainsi que par des contacts fréquents avec les parents pour les persuader d’envoyer leurs filles à l’école. Début 1974, les activités sont ralenties à cause du retard survenu dans le recrutement du nouvel expert. L’évaluation effectuée en 1973-74 conclut que le projet a entraîné des résultats positifs en ce qui concerne le développement de la scolarisation des jeunes filles et les changements d’attitude des parents[395]. L’Unesco envoie des experts dans les pays en voie de développement pour organiser des cours pour les femmes, et donne des bourses d’études à des femmes du Tiers Monde[396]. La consultation des rapports de mission des experts sur ces différentes projets serait intéressante ; il n’est cependant pas facile d’avoir accès à ces rapports, étant donné leur absence de catalogage clair.
L’Unesco lance aussi, surtout à partir du début des années 1970, beaucoup d’études et réflexions. Elle organise de nombreuses enquêtes et études de cas sur la situation éducative des femmes dans divers pays[397].
Si, pendant toute la période, l’Unesco n’a pas mis en place d’instrument normatif spécifique dans le domaine des droits de la femme, en revanche, elle s’est efforcée, surtout à partir du début des années 1970, de donner aux femmes une place importante dans les instruments normatifs qu’elle promulgue ; ainsi, la « Recommandation révisée sur l’enseignement technique et professionnel », adoptée par la conférence générale de 1974, promulgue des dispositions en faveur de la promotion de l’égalité des chances des jeunes filles et des femmes dans cet enseignement ; en 1976, la recommandation sur le développement de l’éducation des adultes contient elle aussi des dispositions visant à favoriser l’accès des femmes à l’éducation. Pourtant, selon Kamissa Mofadel Khamsi, toutes ces dispositions normatives adoptées par l’Unesco ont été inefficaces[398].
L’Unesco participe aussi à des activités promotionnelles sur l’éducation des femmes, au moyen de publications, ateliers, films, voyages, réunions, actions de promotion en coopération avec les ONG, et notamment en 1975 par l’année internationale de la femme, décidée par l’ONU[399]. En 1974, l’Unesco crée en son sein à cet effet un Comité consultatif, composé d’un nombre égal d’hommes et de femmes, et organise une réunion d’experts pour étudier les trois thèmes de l’Année de la femme : promotion de l’égalité des femmes et des hommes, intégration de la femme au développement, et le rôle des femmes dans la consolidation de la paix. Cependant, le directeur général reconnaît en 1976 que malgré les efforts de l’Unesco, « il a été très difficile de faire à l’année internationale de la femme une place pleinement satisfaisante » dans le programme[400].
Ainsi, l’action de l’Unesco pour réduire les inégalités entre hommes et femmes a été menée principalement sur le plan de l’égalité d’accès à l’éducation. Elle s’est développée selon différentes modalités (projets expérimentaux, missions d’experts, études, action normative, promotion dans le grand public) ; pourtant elle a été loin d’être aussi efficace que ce que l’Unesco espérait[401], peut-être en partie à cause des pesanteurs et des résistances des sociétés traditionnelles[402] ; elle semble avoir du moins contribué dans une certaine mesure, même si c’est de manière peu visible et spectaculaire, à attirer l’attention de l’opinion mondiale sur cette question[403].

6.2.3. Œuvrer au respect réciproque malgré les différences entre les capacités physiques et mentales.

L’Unesco s’est par ailleurs consacrée à contribuer à un respect réciproque entre les hommes malgré les différences entre les capacités physiques et mentales. Elle a consacré dès ses premières années des efforts à améliorer la condition des personnes handicapées et en particulier des aveugles.



Les personnes handicapées.

Dès 1950, Torres Bodet propose un programme d’éducation des enfants handicapés. Cela se heurte aux réticences des États-Unis[404] ; cela n’a pas vraiment de suite concrète. C’est surtout à partir de 1960 que l’Unesco engage des réflexions sur le problème de l’intégration des personnes handicapées dans la société, notamment sur leur droit à l’éducation[405]. L’Unesco s’intéresse à l’« enseignement spécial », c’est-à-dire à l’éducation des personnes handicapées[406]. C’est vraiment en 1968 que commencent les programmes d’éducation spéciale. Cette année-là, l’Unesco entreprend une étude comparée sur la législation en matière d’éducation spéciale dans divers pays, et organise un cours de formation sur l’éducation spéicale, au Danemark, réunissant des participants de dix pays africains[407]. À la conférence générale de 1968, plusieurs États dont la RFA encouragent l’Unesco à accentuer ses efforts concernant l’éducation des handicapés[408]. Dans les années qui suivent, l’Unesco édite des études et des publications sur ce sujet[409]. L’Unesco a ainsi, semble-t-il, un rôle de précurseur sur l’important développement des études sur l’éducation des handicapés dans les années 1970.
L’Unesco s’efforce aussi de sensibiliser le public à la condition des handicapés, notamment par la présentation d’exemples exceptionnels et frappants : ainsi en 1974, le Courrier de l’Unesco présente l’histoire hors du commun de Gene Williams, tétraplégique et au bord de la mort, qui aurait réussi à force de volonté à redevenir mobile et actif[410]. Un film est réalisé à partir de cette histoire[411]. Avec le penchant de l’Unesco pour ce genre d’histoires quasi-miraculeuses, on observe là encore sa tendance à un grand optimisme. C’est surtout en faveur des aveugles que l’Unesco a consacré beaucoup d’efforts.

Le problème des aveugles : les efforts de l’Unesco pour unifier l’écriture Braille.

Si l’un des premiers types d’écritures anaglyptiques pour aveugles a été conçu au début du XIVe siècle par l’arabe Zein-Din al Amidi, c’est l’écriture inventée par Louis Braille en 1825 qui s’est diffusée avec succès dans le monde entier. Cependant elle s’est dispersée en de multiples variantes. Malgré l’organisation de conférences internationales en 1878, 1902 et 1911, les divergences entre les variantes sont allées croissant au fil du temps. À partir de 1949, sur l’impulsion de l’Inde, l’Unesco décide de favoriser l’unification des systèmes d’écriture Braille[412]. Elle s’adresse pour cela à Clutha Mackenzie : député de Nouvelle-Zélande, ayant perdu la vue comme beaucoup de Néo-Zélandais au cours de la bataille de Gallipoli pendant la Première Guerre Mondiale, il a contribué à redonner une activité normale aux aveugles de guerre de son pays par la mise en place d’un programme d’assistance dont il a dirigé la réalisation pendant quinze ans. En 1943, il rédige un rapport constatant le chaos qui règne en Inde entre les multiples adaptations du Braille. En 1949, sur la demande de l’Unesco, il en rédige un autre sur la situation mondiale du Braille[413]. L’Unesco, prenant acte avec ce rapport de l’extrême fragmentation des systèmes de Braille en vigueur dans le monde, décide alors d’organiser une conférence internationale en vue de leur uniformisation et de leur rationalisation[414]. Pour la préparer, l’Unesco réunit en décembre 1949 un Comité consultatif d’experts ; tous les participants sauf deux sont aveugles. Et, chose « inhabituelle » selon K. Holland, l’Unesco déploie des efforts particuliers pour médiatiser cette réunion : Holland observe sa couverture importante par la radio, la presse, la télévision, et les actualités filmées françaises[415]. Ce comité se réunit à nouveau en mars 1950[416]. Helen Keller y participe. Sa présence, d’après Arthur Compton, exerce un effet très stimulant sur la réunion, qui décide dans un grand enthousiasme la création d’un système Braille mondial[417].
De très nombreuses conférences et réunions de comités et commissions sont organisées pour œuvrer à cette tâche[418]. MacKenzie entretient une importante correspondance avec des spécialistes du Braille du monde entier, et avec différents organismes[419]. Il estime que la coopération manifestée par les différents États membres et organismes est « magnifique »[420]. Torres Bodet est très enthousiaste envers cette tâche, affirmant que l’Unesco « ne peut souffrir que des millions d’hommes, parce qu’ils sont privés de la lumière, demeurent à l’écart des grandes voies de la vie intellectuelle »[421]. L’opinion dans les divers États membres est très favorable à cette action[422].
Celle-ci se déploie dans différentes directions : projet de création d’un centre de formation pour travailleurs dans le domaine de l’éducation et du bien-être des aveugles en Inde[423] ; efforts d’unification du système Braille de notation musicale[424] ; études préparatoires sur l’unification des systèmes Braille[425] ; projets de Braille Bharati, de Braille arabe, de Braille persan[426] ; nombreux projets associés[427]. Cependant, les progrès sont lents et incertains et la plupart des entreprises restent à l’état de projet. En octobre 1950, MacKenzie exprime son découragement dans une lettre confidentielle : « Le Braille reste dans un état d’incertitude. Il n’est pas sûr que des conférences supplémentaires servent à quelque chose. Trop de conférences sont parfois susceptibles de nourrir des divisions plutôt que de les aplanir »[428]. En 1951, la « Conférence régionale pour l’unification du Braille, pour les régions du Moyen Orient, Inde et Asie du sud-est », à Beyrouth, donne lieu à la conclusion d’un accord pour l’adoption d’un alphabet Braille, commun aux pays du Moyen Orient, de l’Asie méridionale et de l’Afrique, qui remplacerait les vingt systèmes parallèles alors en usage dans ces régions[429]. Une conférence analogue a lieu la même année à Montevideo, pour décider l’unification des écritures Braille espagnol et portugais[430]. Le cas de l’Afrique pose davantage de problèmes[431]. En décembre 1951, Torres Bodet est enthousiaste envers les « progrès remarquables » accomplis par l’Unesco dans l’unification du Braille et rend hommage à l’action dévouée et infatigable de Mackenzie[432].
Le Conseil mondial du Braille (CMB), dont la conférence générale de 1950 prévoit la création, pose dès le début des problèmes administratifs et financiers. Il est conçu initialement sur le modèle des ONG culturelles créées en dehors de l’Unesco mais avec son appui[433]. En 1951, le conseil exécutif conçoit le CMB comme « une sorte de fédération internationale d’organisations nationales ». Mais le problème est que, si de nombreuses organisations et associations sur le Braille existent aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni, rien de tel n’existe dans les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, alors que ce sont justement ces pays qui auraient le plus besoin de l’aide du CMB. D’autre part, se pose le problème du financement. En théorie, l’essentiel de ses ressources devrait provenir des cotisations des organisations et associations qui le constituent. Or, celles-ci n’en ont pas les moyens. C’est ce qui a causé l’échec des précédentes tentatives de créer une fédération internationale des organisations d’aveugles. En octobre 1951, le conseil exécutif recommande donc de créer le Conseil mondial du Braille sous la forme d’une Commission internationale consultative, faisant partie de l’Unesco, composée de 7 à 9 membres appelés à donner leur avis par correspondance, sans qu’aucune réunion régulière ne soit prévue[434]. En décembre 1951 est réuni le comité consultatif en vue de la création du CMB. Il se félicite des résultats obtenus et prévoit la préparation d’un catalogue international, l’établissement de conseils régionaux, l’application du Braille unifié aux langues d’Afrique et d’Asie du sud-est, et la mise en place d’un système de notation musicale unifiée et de symboles mathématiques et scientifiques unifiés[435]. Le CMB est constitué en juillet 1952, composé de 9 membres et présidé par Mackenzie[436].
L’action de l’Unesco en faveur de la création du CMB et de l’unification des écritures Braille recueille l’enthousiasme des gouvernements, des commissions nationales, de la presse, et du grand public (notamment au moyen de lettres d’aveugles adressées à l’Unesco)[437]. En outre, en 1952, l’Unesco commémore le centenaire de la mort de Louis Braille[438].
Cependant, des problèmes financiers et administratifs obligent l’Unesco à se désengager du CMB, à peine celui-ci a-t-il été mis en place et commencé à fonctionner ; celui-ci disparaît alors. Finalement, les réalisation du CMB durant sa brève existence auront été bien faibles au regard des ambitions initiales. L’attitude de l’Unesco, en abandonnant cette structure sitôt après l’avoir créée, peut apparaître incohérente et versatile ; elle peut se comprendre néanmoins par de multiples problèmes administratifs et financiers. L’Unesco a malgré tout contribué à la coordination et à l’unification des écritures Braille dans le monde, et à la prise de conscience dans le grand public de l’importance de mieux intégrer les aveugles dans la société.
Au début des années 1970, l’Unesco soutient et encourage un projet de dictionnaire universel de langage des signes pour les sourds, mené par la Fédération mondiale des sourds[439].
Ainsi, l’apport réel de l’Unesco dans ce domaine a consisté plutôt à faire prendre conscience à l’opinion des problèmes de la condition des personnes handicapées que d’y apporter une amélioration concrète.



6.2.4. Contribuer à une cohabitation harmonieuse entre groupes d’âge.

L’Unesco s’est également employée à rapprocher les hommes en contribuant à une cohabitation harmonieuse entre les groupes d’âge.

Les enfants et les jeunes.
L’Unesco s’intéresse à tous les âges de la vie. Elle s’intéresse ainsi à l’enfance, développant dès ses premières années des réflexions sur la santé mentale des enfants[440], et entreprenant notamment en 1959 une vaste enquête sur la question du droit des enfants[441]. À partir des années 1960, films et articles de l’Unesco dénoncent les conditions de vie déplorables des enfants du Tiers Monde et le travail des enfants[442].
La jeunesse apparaît à l’Unesco comme le public principal pour promouvoir la paix. Dès les années 1950, l’Unesco s’intéresse à ce public : la « Conférence de la jeunesse » (1952, La Havane)[443], la conférence de dirigeants de mouvements de jeunesse (1955, Paris)[444], l’« assemblée mondiale de la jeunesse » (1958, New Delhi)[445], le prouvent. Cette action s’intensifie dans les années 1960-70. La « Conférence internationale de la jeunesse » (Grenoble, 1964) [446], le « Colloque sur la participation des jeunes dans la société moderne » (octobre 1969)[447], l’« Assemblée mondiale de la jeunesse » (1970)[448], la création de l’Université des Nations Unies (1972), s’ajoutent aux nombreux articles, études, réunions, et projets expérimentaux visant à promouvoir la paix chez les jeunes[449]. Les commissions nationales participent à cet effort[450].
Cette action en direction de la jeunesse pose en certaines occasions des problèmes politiques dans le cadre de la guerre froide. C’est le cas notamment de la participation de l’Unesco au Festival mondial de la jeunesse en 1960-61. En 1957 et en 1959, l’Unesco y avait déjà envoyé des observateurs[451]. En 1960 cependant, le département d’état américain s’oppose à l’intention de l’Unesco de participer au Festival mondial de la jeunesse prévu à Moscou en juillet-août 1961, estimant que ce festival a « un caractère indubitablement propagandiste »[452]. Cependant, l’Unesco y participe quand même, au grand dam des États-Unis[453]. En 1962, le département d’état américain s’oppose à nouveau à la participation de l’Unesco à ce festival, prévu cette fois-ci à Helsinki ; là encore, l’Unesco y envoie malgré tout des représentants[454]. À partir des années 1960, l’Unesco est soucieuse de rapprocher la jeunesse par-delà les clivages politiques ; elle se penche ainsi sur le problème de la « jeunesse tridimensionnelle », partagée entre monde capitaliste, monde communiste, et Tiers Monde[455].
Maheu est particulièrement préoccupé par la jeunesse[456]. Il préconise « l’élaboration d’une politique de la jeunesse » de la part de l’Unesco, et l’ouverture de l’organisation aux jeunes ; « la jeunesse ne doit pas être considérée simplement comme un objet d’étude mais aussi et surtout comme un agent et il faut, à ce titre, lui ouvrir les portes de l’Unesco sans faire preuve d’une prudence excessive »[457]. Il prône le développement par l’Unesco d’activités extrascolaires pour la jeunesse, et d’un système de volontariat international pour les jeunes. Il s’efforce de rapprocher l’Unesco de la jeunesse, et même d’identifier l’Unesco avec la jeunesse. Ainsi, en 1966, pour le 20e anniversaire de l’organisation, Maheu adresse un message « aux jeunes de vingt ans » : « l’Unesco a votre âge ; comme vous, elle fêtera ses vingt ans en 1966 ». « vous êtes notre espoir […]. Entre vous et l’Unesco, nul doute que n’existent ces similitudes et cette solidarité instinctives que l’historien décèle au sein d’une même génération »[458]. En 1968, il met en place un « groupe ad hoc sur la jeunesse », constitué d’étudiants de diverses nationalités, afin de conseiller l’Unesco pour qu’elle soit davantage en phase avec la jeunesse ; l’entreprise était « risquée et novatrice » comme l’observe l’Américain R. Forstenzer, ancien membre de ce groupe. Il observe que cette initiative impliquait de « court-circuiter complètement le réseau des ONG de jeunesse existantes », celles-ci étant séparées selon le clivage de la guerre froide[459] ; en 1970, il crée au sein du secrétariat une « division de la jeunesse »[460] ; aux cérémonies du 25e anniversaire de l’Unesco, en 1971, sont invités deux représentants de la jeunesse, nés la même année que l’Unesco, donc âgés de 25 ans : une jeune africaine francophone, et un jeune anglais, étudiant à Cambridge[461]. C’est également par des publications que l’Unesco s’efforce de se rapprocher de la jeunesse[462]. En 1973, Maheu affirme au nom de l’Unesco : « Dans la mesure où nous faisons une œuvre d’avenir, nous travaillons pour la jeunesse, pas pour la génération adulte »[463].
Pourquoi tant de préoccupation envers la jeunesse ? Parce que celle-ci, tout au long de la période, est perçue comme perturbée, en danger, et dangereuse. La jeunesse est perçue durant les années d’après-guerre comme déphasée par la guerre et par les transformations technologiques et sociales ; cette représentation ne fait que s’accroître au fil de la période, pour culminer avec les grands bouleversements liés à mai 1968 ; d’où de la part des adultes un sentiment de danger : ils ont le sentiment que la jeunesse est en danger, en perdition, et se sentent eux-mêmes en danger face à la violence des jeunes. Dans ce contexte général d’inquiétude au sujet de la jeunesse, l’Unesco s’efforce de contribuer à pacifier et à harmoniser les relations entre jeunes et adultes. Elle développe, dès ses premières années, des réflexions sur la délinquance juvénile et l’inadaptation des jeunes, conçue comme liée au traumatisme de la guerre, ou bien comme l’illustration de la faillite du système social. Elle s’intéresse à des expériences novatrices menées dans certains pays pour enrayer la délinquance ; on observe toujours une conception positive, optimiste, dans la présentation de ces expériences ; par exemple, une municipalité scandinave, « alertée par les dommages répétés causés aux voitures en stationnement, ouvrit aux enfants de la ville le cimetière des vieilles voitures ; en quelques semaines, sous la direction de moniteurs, les délinquants étaient transformés en artisans passionnés au service d’une œuvre constructive ». L’Unesco est particulièrement intéressée par les expériences d’esprit utopique et idéaliste ; en témoigne l’exemple, donné par l’Unesco en modèle, d’une école de rééducation ayant mis en place un « temple de la grandeur », où figurent « des hommes et des femmes de l’histoire mondiale capable d’inspirer les élans les plus généreux »[464].
Dans les années 1960-70, la représentation de la jeunesse comme étant en perdition à cause de transformations sociales et technologiques s’accentue à l’Unesco. Ainsi Veronese affirme en 1959 :
« A force de recevoir les chocs des bruits, des musiques éclatantes, des publicités agressives, des films à suspense, des littératures morbides, des nouvelles sensationnelles et catastrophiques, la jeunesse ne manque pas d’être éprouvée. Quels sont les effets de ces chocs à répétition ? Certainement beaucoup de fatigue, de la stupeur, une considérable diminution de la résistance et de l’endurance. Mais aussi, une extrême nervosité, une aggravation de l’agressivité, un goût de la violence poussé souvent jusqu’au mépris de la vie. (…) Le monde d’aujourd’hui, secoué et disloqué, n’offre pas aux jeunes un abri de tout repos, à un moment où, trop souvent, la famille ne joue plus pleinement son rôle. On ne peut s’étonner que le nombre de jeunes inadaptés ne cesse de croître. »[465]
Le Courrier de l’Unesco consacre de nombreux articles à la « jeunesse à la dérive », à la « jeunesse en colère », à la « génération du refus et de l’enthousiasme »[466] ; la FFCU organise des réflexions sur ‘les bandes asociales de jeunes’[467]. Elle fait réaliser des études sur la délinquance juvénile[468]. Les clubs Unesco de Paris prennent comme thème d’étude « les jeunes et la violence »[469]. L’institut de l’Unesco pour la jeunesse se consacre beaucoup au problème de l’inadaptation sociale des jeunes[470]. La Revue internationale de l’éducation des adultes et de la jeunesse se penche sur les problèmes de la jeunesse, et notamment sur la délinquance juvénile au Japon, dont l’augmentation inquiète d’autant plus qu’elle apparaît moins bien explicable que celle qui s’était développée dans les années qui avaient suivi le traumatisme de la guerre[471]. L’Unesco, en collaboration avec la fédération internationale des communautés d’enfants (FICE), supervise des études psychologiques sur les enfants sans famille et les enfants perturbés, les cas sociaux[472]. La commission nationale italienne estime que la famille traverse une « période de crise », et qu’elle doit être « soutenue, éclairée, aidée » par l’Unesco[473]. En outre, des films sont consacrés aux problèmes de la jeunesse par l’Unesco[474].
L’Eglise soutient l’Unesco dans ce domaine. Ainsi, En 1964, le nonce apostolique Bertoli, chef de la délégation du Saint Siège, affirme à la conférence générale que l’Eglise approuve beaucoup l’attention portée par l’Unesco aux problèmes de la jeunesse :
« devant une jeunesse souvent désemparée, qui a le sentiment d’être incomprise et qui est cependant si ouverte aux aspects nouveaux de notre civilisation, toutes les forces spirituelles doivent s’unir en vue de lui apporter la sollicitude, la compréhension dont elle a si intensément besoin. Ses espoirs, son enthouaisame, ne sauraient être déçus. » [475]
Les prémices de la contestation de mai 1968 se font sentir à l’Unesco dans les années précédentes. Ainsi les débats à la première conférence internationale de la jeunesse, organisée par l’Unesco à Grenoble en 1964, sont houleux, violents, et voient exposés par les représentants de la jeunesse des revendications et contestations qui ont ensuite été celles de mai 1968. Cette première conférence n’a d’ailleurs pas été suivie par d’autres[476]. À la suite des événements de mai 1968, au cours desquels l’Unesco est globalement délaissée par les manifestants (seul un petit groupe d’étudiants occupant pendant quelques heures le rez de chaussée du bâtiment[477]), l’organisation s’efforce de se mettre au diapason des revendications et de l’état d’esprit de la jeunesse. Pour cela, en 1974, la division de la jeunesse, se fondant sur les conseils dispensés par un « comité consultatif ad hoc sur la jeunesse » constitué en 1968 par Maheu d’étudiants de divers pays engagés dans des actions militantes, rédige un Rapport sur la situation de la jeunesse[478]. Ce rapport, comme le reconnaît Deleon, n’a cependant pas été au niveau des espérances[479]. Dans ses discours prononcés autour de 1968, Maheu s’efforce d’interpréter la « révolte actuelle » des jeunes ; selon lui, elle proviendrait de l’énorme développement des moyens de communication de masse, qui « tout en leur faisant perdre généralement le respect aveugle de l’ordre établi, n’a pas débouché sur une participation active » à la société. Il préconise l’étude de « cette fascinante société » qu’est la jeunesse, et de laquelle viendra, selon lui, la « régénération »[480]. Il s’inquiète de l’attitude « nettement négative » de la jeunesse envers les adultes, faite « d’indifférence, d’évasion ou de contestation », « de différenciation systématique à l’égard de la société ».
« Que veulent donc ces jeunes ? Je ne prétends pas le savoir sans erreur […]. Mais il me semble que ce qu’ils souhaitent par dessus tout ce sont des rapports humains plus francs, plus libre, plus fraternels que ceux que nous leur offrons et que, s’ils refusent l’intégration conformiste […], c’est parce qu’ils soupçonnent que l’ordre national et international, dans lequel on les pousse à entrer, comporte de graves injustices dont ils n’entendent pas se faire les complices. […] même si leur protestation recourt parfois à la violence, il faut comprendre que c’est contre la violence et la haine qu’avant tout s’élève la pureté de leurs cœurs. […] Puissent les organisations du système des Nations Unies, et singulièrement celles comme l’Unesco […], comprendre ce que ceci comporte pour elles de devoirs et de possibilités exceptionnels ! Puissent-t-elles surtout s’ouvrir à la jeunesse, de tout cœur et sans réticence, comme eles se sont ouvertes aux peuples coloniaux, naguère eux aussi aliénés ! »[481]
Ainsi, selon Maheu, la révolte des jeunes constitue pour l’Unesco l’occasion d’une nouvelle mission, qu’il compare à celle qu’elle s’est donnée dans les années précédentes concernant les peuples du Tiers Monde. En 1973, il affirme que « l’Unesco n’a pas suivi les mouvements estudiantins mais les a précédés »[482].
L’engagement de l’Unesco dans une action auprès des jeunes dans le cadre du mouvement de 1968 est encouragé par les États-Unis[483]. Cependant les États-Unis sont finalement déçus par cette action et en 1972 la jugent insatisfaisante[484].
C’est aussi au sein du personnel de l’Unesco que certains participent au mouvement contestataire. En 1971, le ministère français de l’éducation nationale se plaint auprès de l’Unesco de la diffusion clandestine en France d’un « Petit livre rouge des étudiants », qu’il juge comme un « manuel à tendance subversive », distribué « sous bande portant le sigle de l’Unesco ». Il s’avère que c’est une secrétaire de l’Unesco qui a diffusé cette brochure de manière illégale au nom de l’Unesco. Elle est immédiatement licenciée sans préavis[485].
Si l’Unesco s’est ainsi beaucoup consacrée aux problèmes de la jeunesse, elle a aussi, à partir des années 1960, abordé ceux des personnes âgées.

Les personnes âgées.

L’intérêt manifesté par l’Unesco pour les personnes âgées est nettement moins développé quoique non négligeable. C’est surtout dans les années 1960 qu’il commence à apparaître. À cet égard, il faut mentionner l’article d’Alfred Métraux dans le Courrier de l’Unesco en 1963, intitulé « La vie finit-elle à soixante ans ? », qui traite du problème de la « retraite imposée » aux hommes de soixante ans qui voudraient continuer à travailler ; si aujourd’hui la problématique sur cette question semble s’être inversée, ce problème de la « retraite imposée » a caractérisé longtemps le régime des fonctionnaires de l’Unesco ; cette question concernait particulièrement Métraux, puisque, venant alors d’atteindre l’âge de soixante ans, il s’était vu signifier son départ à la retraite obligatoire ; il s’est suicidé quelques jours avant la parution de cet article. Il y évoque le clivage croissant entre personnes âgées et adultes ; « comment concilier les légitimes impatiences des nouvelles générations avec la retraite imposée à des hommes et des femmes ayant devant eux de nombreuses années d’existence et qui se sentent encore l’énergie nécessaire pour continuer leurs activités au-delà des limites assignées par la société ? » Métraux décrit quelques-unes des attitudes observées dans les sociétés primitives envers les personnes âgées et observe qu’« on peut souvent se demander si dans les civilisations archaïques, le sort des vieilles gens n’est pas préférable à celui qu’elles connaissent dans notre société », puisque dans ces sociétés ils ont un grand prestige et jouent un rôle important[486]. Cet article d’Alfred Métraux apparaît précurseur de réflexions que l’Unesco développe de manière approfondie à partir des années 1970.
Les efforts de l’Unesco pour permettre une meilleure cohabitation, une meilleure entente entre les groupes d’âge sont restés essentiellement à l’état de réflexions, d’ébauches.

6.2.5. Eliminer l’obstacle de la langue.

L’Unesco s’est également efforcée de rapprocher les hommes en éliminant l’obstacle de la langue. Dès le début, le personnel de l’Unesco, ainsi que les intellectuels associés à son action, s’intéressent à l’idée de développer une langue universelle pour permettre la communication entre les hommes, que ce soit l’espéranto, le français, le latin, ou l’anglais[487]. L’Unesco envisage dès sa création d’encourager le développement de « langues de base », c’est-à-dire simplifiées[488]. Ce projet n’est pas dépourvu d’enjeux politiques. La diffusion du « basic french » et du « basic english » intéresse en effet particulièrement les gouvernements français et britannique, constituant un moyen d’influence culturelle. Cette perspective suscite des inquiétudes chez certains, qui y voient quelque chose d’analogue à une « opération militaire »[489]. En 1951, Georges Duhamel évoque son « malaise » et son « inquiétude », qui, dit-il, n’ont « fait que croître quand [il a] vu qu’on envisagait déjà, pour le ‘basic english’ et pour le ‘français basique’, une distribution de zones d’influence, et que l’Unesco s’intéresserait à ce sourcilleux partage »[490]. En partie à cause de ses implications politiques, ce projet n’est finalement pas réalisé.
C’est aussi à la perspective, moins politique et plus utopique, de réaliser une unification des langages, ou, à défaut, au moins des alphabets, que s’intéresse l’Unesco[491]. En 1947, des experts réunis pour réfléchir aux problèmes linguistiques de l’éducation de base chez les peuples « sous-développés » prônent l’utilisation d’« une langue unique, incomparablement plus facile que les langues nationales, qui ne serait l’instrument d’aucun impérialisme et qui, si elle était généralement adoptée, ouvrirait à ceux qui la pratiquent un domaine beaucoup plus vaste qu’aucune des langues les plus répandues aujourd’hui ». Ils préconisent donc la création d’une « langue auxiliaire internationale », « qui soit l’expression même de la civilisation moderne ». Ce projet se réfère aux travaux menés alors depuis près d’un siècle par l’International Auxiliary Language Association de New York, dont justement le directeur, André Martinet, dirige cette réunion d’experts. Cette langue auxiliaire comprendrait « tout le vocabulaire commun aux grandes langues de civilisations européennes », mais serait d’un apprentissage et d’un maniement plus aisés[492]. Tout au long des années 1950, l’Unesco est sollicitée par diverses personnes et organisations prônant l’unification des langues ou des alphabets, comme par exemple la « Société orthographique italienne », qui vise à la fraternisation des peuples au moyen de l’unification des alphabets[493]. Malgré l’enthousiasme de certains fonctionnaires de l’Unesco pour ces perspectives, comme P.C. Young[494], l’Unesco ne s’engage pas dans ce genre de projets[495].
En revanche, l’espéranto, entreprise beaucoup plus ancienne et connue, retient davantage l’attention de l’Unesco. À partir de 1898, date de publication de l’ouvrage de Zamenhof et de création de la Société de propagation de l’espéranto, l’espéranto se diffuse peu à peu dans certains milieux (socialistes, catholiques, notamment), sans toutefois réussir à s’imposer. D’autres langues universelles, concurrentes ou issues de scissions avec l’espéranto, comme l’ido et le volapuk, tentent de se développer parallèlement. La période entre 1880 et 1930 constitue des années d’intense création de langues nouvelles. La SDN s’intéresse à l’espéranto dès 1920. En 1924 elle recommande l’assimilation de l’espéranto aux langues officielles dans les communications télégraphiques et radiotélégraphiques internationales[496]. Le BIT s’intéresse lui aussi à l’espéranto dans les années 1920[497]. En 1945, la commission préparatoire de l’Unesco, très préoccupée de l’importance d’un langage international, décide d’entreprendre une enquête à ce sujet[498]. C’est ensuite sur la pression de personnes extérieures que l’Unesco s’engage de plus en plus en faveur de l’espéranto. Dès 1946, l’Unesco reçoit des lettres de particuliers ou d’organisations, l’incitant à promouvoir le développement de cette langue : World Esperanto Progress (WEP), Association universelle de l’espéranto, British Esperanto Association, Ligue royale espérantiste belge, association espérantiste universelle, Esperanto Association of North America. On observe, à travers les lettres de sollicitations envoyées par diverses associations, une concurrence entre les différents groupes[499].
L’Unesco conserve une attitude réservée face à toutes ces sollicitations, causant la vive déception des espérantistes. En 1950, Vladimir Hercik, chef du service des relations avec les ONG, estime dans une correspondance interne que cette attitude de l’Unesco est une erreur. Il évoque « l’impression d’amertume qui subsiste parmi les milieux espérantistes à cause d’une attitude purement négative que l’Unesco a adoptée envers eux au début de son existence par crainte d’intervenir dans une controverse linguistique sur les mérites des langues auxiliaires » ; il affirme sa conviction que l’Unesco, tout en sauvegardant sa « neutralité scientifique », devrait faire un « geste amical » envers ces associations, afin de rendre hommage à « la bonne volonté que les espérantistes ont prodiguée à l’Unesco dans laquelle ils reconnaissent une incarnation de leur propre idéal » ; il souligne la proximité entre l’Unesco et ces associations, qui ont pour but le « rapprochement des peuples et des cultures ». Hercik estime que, stratégiquement, l’Unesco n’a pas intérêt à négliger le mouvement espérantiste, qui constitue un vecteur actif de promotion de l’organisation : en effet, dans plusieurs pays, en France et au Royaume-Uni notamment, les associations espérantistes sont liées aux commissions nationales, et leur bulletin international fait une « publicité remarquable » pour les activités de l’Unesco. Hercik signale que l’association espérantiste universelle, bien que ne jouissant pas de relations officielles avec l’Unesco, a nommé un agent de liaison avec elle, « qui suit consciencieusement [son] œuvre ». Hercik souligne l’existence de « plusieurs points de contact » entre le programme de l’Unesco et les activités de l’association espérantiste universelle[500]. À partir de 1952, l’Unesco devient alors plus favorable au mouvement espérantiste et entreprend une enquête sur la diffusion de l’espéranto dans les différents États membres[501]. Les réponses reçues laissent conclure que l’espéranto n’y est pas très répandu[502]. Le département d’État américain s’affirme opposé à ce que « l’Unesco s’embarque plus avant dans une action ou une étude sur le sujet de l’espéranto ou d’un langage auxiliaire analogue, surtout tant que l’Unesco n’a pas fait plus pour résoudre le problème de l’analphabétisme »[503]. Plusieurs États expriment la même position[504]. Ceux qui s’affirment le plus favorables à l’espéranto sont l’Autriche et la Yougoslavie[505]. Le secrétaire de la commission nationale yougoslave, M. Matic, demande instamment à l’Unesco d’envoyer un représentant au prochain Congrès mondial des espérantistes, à Zagreb, et de subventionner ce congrès. L’Unesco affirme qu’il lui est impossible de donner une subvention, mais accepte d’y envoyer un représentant[506]. Celui-ci, Pierre Lebar, est « frappé par l’atmosphère fraternelle » du congrès, et observe qu’ « il existe indiscutablement une foi espérantiste » très forte. Il observe que les idéaux de la ligue espérantiste mondiale sont très proches de ceux de l’Unesco et souligne le désir enthousiaste des espérantistes de collaborer avec l’Unesco, désir qui prend des proportions « démesurées », et insiste sur la « profonde déception » et le « mouvement de dépit » et même de « vive hostilité » des espérantistes si l’Unesco refusait de collaborer avec eux. Il souligne comme l’avait fait Hercik l’intérêt stratégique que peut présenter pour la promotion de l’Unesco « le réseau non négligeable que représentent leurs associations spécialisées et leur presse » ; il insiste sur « les avantages que l’Unesco pourrait retirer d’une telle collaboration qui, si elle était instituée, nous apporterait le concours actif de centaines de milliers d’espérantistes dispersés à travers le monde et favorables à la cause de la compréhension internationale pour l’éducation, la science et la culture »[507].
Ainsi, à l’Unesco, un argument idéaliste et un argument stratégique se combinent dans la position favorable à l’espéranto au début des années 1950. Cependant, l’Unesco reste longtemps dans l’ambiguïté, dans l’expectative, refusant de s’engager réellement aux côtés des mouvements espérantistes, par peur de se compromettre en s’associant avec un mouvement utopiste et qui suscite l’hostilité des États-Unis. À partir du milieu des années 1950, l’Unesco cesse donc peu à peu ses contacts avec les associations espérantistes. Cependant, en 1959, elle organise une commémoration de Zamenhof en tant que « personnalité importante universellement reconnue dans les domaines de l’éducation, de la science et de la culture »[508]. Dans les années suivantes, elle abandonne l’idée d’unifier langues ou alphabets, mais se consacre plutôt à encourager l’enseignement des langues vivantes étrangères[509]. Elle semble donc peu à peu abandonner des projets grandioses et utopiques pour se ramener à des ambitions plus limitées et réalistes. Cependant, en subventionnant dans les années suivantes une communauté internationale réunissant des personnes de différentes langues, visant à abattre les barrières entre ces personnes, elle conserve en partie cette orientation utopique.

« Auroville », une communauté internationale.

La communauté « Auroville », vaste cité utopique édifiée en 1968 en Inde sur la baie du Bengale, près de Pondichéry, est fondée sur l’enseignement de Sri Aurobindo, penseur ésotérique et mystique indien mort en 1950. Elle est soutenue, dès sa gestation en 1966, et tout au long des années, par l’Unesco, qui y voit une incarnation de son idéal universaliste. Le Courrier de l’Unesco fait la promotion dès 1967 de cette « ville internationale que pourront habiter les hommes et les femmes de tous les pays, sans distinction de croyance, d’idéologie ou de nationalité », qui aura pour but de « témoigner de la richesse culturelle de chaque civilisation », puisqu’y seront accueillis « les artistes et les savants du monde entier »[510], et en 1972 celèbre le centenaire du Sri Aurobindo[511]. Expositions et films contribuent à cette promotion[512]. Pour l’Unesco, encore au début des années 1980, Auroville « contribue à la réalisation des objectifs de l’Unesco », et cette ville serait « l’incarnation vivante d’une union réelle entre tous les hommes »[513]. Le texte de la Charte d’Auroville est révélateur de l’esprit mystique et ésotérique de cette communauté : « pour séjourner à Auroville, il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine. (...) Auroville sera le lieu des recherches matérielles et spirituelles pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète ». Il semble que la communauté n’ait pas eu le succès espéré, et ait décliné au cours du temps : en 1992, il n’y a plus qu’environ 700 Aurovilliens, alors qu’elle avait été prévue pour en accueillir 50 000[514].
Tous ces exemples montrent que les efforts de l’Unesco pour rapprocher les hommes en abattant l’obstacle de la langue, bien qu’importants, se sont finalement révélés, peut-être par excès d’ambition et manque de réalisme, peu fructueux.

D’une manière générale, les efforts de l’Unesco pour rapprocher les hommes en encourageant à un respect réciproque entre les différents groupes humains ont eu des résultats moins nets et concluants qu’espéré. Il semble que ce soient surtout les efforts de lutte contre le racisme et ceux visant à améliorer la condition des femmes qui aient été les plus fructueux. En outre, l’Unesco a effectué des efforts pour éliminer les conditions favorisant l’éclatement et la perpétuation des conflits.

6.3. Des efforts pour éliminer les facteurs de conflit.

L’Unesco s’efforce d’identifier les conditions qui favorisent les conflits, et de lutter contre elles. Son effort porte sur la rééducation des anciens nazis et des victimes de la guerre, sur des réflexions au sujet de la question des colonies, sur des réflexions sur les transformations technologiques, économiques et sociales, sur la question du désarmement, et sur le problème des tensions qui émanent de la civilisation.

6.3.1. Une « rééducation » des anciens nazis et des victimes de la guerre.

Dès sa création, l’Unesco, née de la guerre, se donne pour tâche de lutter contre les effets néfastes qu’elle a exercés sur les esprits, de « rééduquer » à la paix, aux droits de l’homme, à la démocratie, les peuples marqués par la propagande nazie et fasciste et traumatisés par la guerre[515].


Rééduquer à la démocratie les responsables de la guerre.

C’est principalement l’objectif de « rééducation » des peuples de l’Axe qui préoccupe l’Unesco dans ses premières années. Dans son discours à la conférence constitutive, en novembre 1945, Léon Blum (lui-même persécuté pendant la guerre) évoque parmi les buts de l’Unesco celui de vaincre le nazisme et le fascisme[516]. Cette préoccupation se fonde sur l’idée qu’ils subsistent encore dans l’esprit des populations concernées. Dès la création de l’Unesco, la nécessité d’œuvrer à « la rééducation de l’Allemagne » est affirmée[517]. Cette volonté se fonde sur une crainte d’une persistance ou d’un renouveau du nazisme. Ainsi, à la conférence générale de 1947, le délégué des Pays-Bas affirme son « inquiétude » de ce que, « en Allemagne, des collectivités importantes se trouvent complètement isolées du point de vue culturel, puisque les Allemands, par suite de leur éducation fondée uniquement sur le national-socialisme, ignorent tout des idées qui ont cours dans le monde démocratique » ; il estime que « l’isolement culturel de l’Allemagne constitue un danger pour la civilisation occidentale »[518] ; et Maritain souligne l’importance de « la faute morale collective » du peuple allemand, et la nécessité pour l’Unesco d’œuvrer à son « relèvement moral collectif »[519].
Dans le cadre du projet Tensions, Otto Klineberg fait une synthèse des études récentes sur la psychologie des Allemands et des Japonais, visant à établir un éventuel lien entre leur psychologie et leur propension au fascisme : ces études portent notamment sur le sentiment d’hostilité ressenti par les Japonais détenus pendant la guerre dans les camps de rassemblement en Californie, envers leur personnel américain[520] ; sur les « sétérotypes nationaux » (représentations fausses des autres nations) dont les Japonais et les Allemands seraient particulièrement imprégnés[521] ; sur les malentendus d’ordre culturel entre Japonais et Anglo-Saxons[522] ; sur les caractéristiques culturelles de la « personnalité allemande », visant à expliquer par des interprétations psychologiques comment a été possible l’adhésion du peuple allemand au régime nazi : Frederick Schuman et Richard Brickner l’attribuent à une supposée tendance paranoïaque de la nation allemande ; H.V. Dicks conclut quant à lui, de ses interviews de nombreux prisonniers de guerre allemands en Angleterre, à l’existence d’une personnalité allemande, créée par l’éducation reçue, marquée par le culte du chef, par une conception des rapports humains comme étant de type maître-subordonné, et par une survalorisation de la virilité et de la dureté de caractère. Klineberg se dit sceptique à l’égard de telles interprétations « psychiatriques » de la personnalité des peuples allemand et japonais, qui sont en vogue au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale[523].
Après un refus initial, les autorités d’occupation des zones occidentales acceptent en 1948 le principe d’une action de l’Unesco dans leurs zones de l’Allemagne, tandis que les autorités d’occupation de la zone soviétique ne répondent pas à l’offre de l’Unesco. À partir d’avril 1948, l’Unesco entreprend donc une action dans les zones anglaise, française et américaine de l’Allemagne, visant à propager l’esprit de paix et de compréhension internationale dans le peuple allemand, au moyen de la diffusion des publications de l’Unesco, de l’échange de livres et de personnes, de la mise au point de manuels scolaires pacifiques[524]. Cependant cette action n’est pas très fructueuse, comme le révèlent les discussions des membres du conseil exécutif lors d’une séance privée en février 1949. Ils observent que la qualité du personnel chargé de mener cette action en Allemagne, sous la direction de Thompson, est « insuffisante ». Carneiro observe que « le rôle joué par le Dr. Thompson est resté mystérieux depuis deux ans », et que cela est lié au flou administratif et politique de la situation de ce dernier, dont personne ne sait exactement de quelle autorité il dépend. Le conseil exécutif décide alors de créer un comité d’experts pour réfléchir à l’action de l’Unesco en Allemagne[525] ; celui-ci se réunit en juin 1949[526]. Ainsi, deux problèmes récurrents de l’action de l’Unesco, incompétence des agents sur le terrain et lourdeur administrative, handicapent cette action. À la suite de la création de la RFA en septembre 1949, la situation administrative se clarifie[527], et l’Unesco intensifie son action dans ce domaine, sous l’impulsion de Torres Bodet et de plusieurs délégués[528].
En mars 1950, Kenneth Holland rend visite, en RFA, au personnel chargé de mettre en œuvre le programme de l’Unesco dans ce pays. Il tire des conclusions pessimistes de son observation de l’état matériel de l’Allemagne et de l’état d’esprit des Allemands : il souligne la « gravité » de la situation de l’Allemagne, « pour la plus grande partie en ruines, avec des gens vivant, en plusieurs endroits, dans des vieux abris militaires ou dans les caves de leurs maisons qui ne sont plus que des amas de poussière, de briques et de poutres cassées ». Il conclut au « caractère complètement inadéquat du programme de l’Unesco face à des problèmes si accablants ». Il reconnaît que « même le programme mené dans la zone américaine, financé par les dollars américains, est insuffisant pour faire face aux problèmes actuels ». Il est personnellement choqué de « l’état d’esprit hébété des Allemands, qui ne semblent pas avoir de sentiment de culpabilité » ; il observe « l’incapacité actuelle des Allemands à faire guère plus que lutter pour survivre ». Il affirme son inquiétude à l’égard du peuple allemand, affirmant « le danger potentiel que représentent les Allemands pour la paix mondiale, à moins qu’on ne continue pendant plusieurs années les programmes actuellement développés en Allemagne, grâce à une force militaire adéquate »[529]. Ce jugement sur l’état d’esprit des Allemands est partagé par M. Declercq, représentant de l’Unesco dans la zone française, qui estime que « les Allemands n’ont rien appris de la guerre et de leur défaite ». Holland discute avec John Thompson, représentant de l’Unesco en Allemagne. Il le décrit comme « ayant une grande sympathie pour les Allemands et un désir sincère d’essayer de leur venir en aide », mais doute de ses capacités administratives et directionnelles. Il observe que jusqu’à présent la principale réalisation de Thompson a été la mise en place d’un « comité Unesco » constitué d’intellectuels, d’éducateurs et de scientifiques allemands. Le président de ce comité, Hallstein, professeur de droit comparé à l’université de Francfort, « semble avoir un intérêt sincère pour l’Unesco » et « croit que le comité contribuera à développer en Allemagne l’intérêt pour l’Unesco et un programme de promotion des buts de l’organisation » ; cependant Holland observe que ce comité n’a pour l’instant rien accompli. Le récit donné à Holland par Declercq, représentant de l’Unesco dans la zone française, installé à Mayence, est « décourageant » ; Declercq a organisé, sur les directives de l’Unesco, une exposition sur l’Unesco dans un château de Mayence ; mais n’ayant qu’une secrétaire, il ne peut à la fois tenir son bureau et l’exposition ; il se plaint de l’absence totale de soutien de la France. Declercq relate que « la plupart des Allemands qui sont venus le voir lui ont demandé une aide financière […] ; lorsqu’il leur a dit qu’il ne pouvait pas leur en donner, ils sont partis et ne sont jamais revenus » ; Declercq déplore aussi l’absence totale d’intérêt des universitaires et des étudiants pour l’Unesco, et se montre « globalement très découragé sur ce qu’il pourrait accomplir dans la zone française »[530].
Ainsi, en 1950, à cause des gros problèmes matériels et de la désorganisation du pays, l’action de l’Unesco en Allemagne reste très faible[531]. Elle s’intensifie sous l’impulsion de John Taylor, DG par intérim en 1952-53, qui avait été au lendemain immédiat de la guerre chef de l’éducation et de la religion dans le gouvernement militaire de la zone américaine de l’Allemagne[532]. L’action se centre alors sur la diffusion de manuels et de livres pacifiques[533], et surtout sur la mise en place des trois « Instituts Unesco » en Allemagne.
Au lendemain de l’adhésion de la RFA à l’Unesco en 1951, sont créés dans ce pays trois instituts, contrôlés directement par le secrétariat : un institut de sciences sociales à Cologne (créé en juillet 1951), un institut de la jeunesse à Gauting-Munich (créé en janvier 1952), et un institut pour l’éducation à Hambourg (créé en mars 1952)[534]. Leur création répond à l’idée qu’ils pourront « donner des services salutaires en ces temps d’après-guerre »[535]. Ils visent à rééduquer le peuple allemand, et notamment la jeunesse allemande, à lui inculquer des valeurs pacifiques et démocratiques après la propagande nazie qu’elle a subie pendant plus de dix ans[536]. L’institut de Cologne, qui fonctionne de 1951 à 1959, vise en particulier à mener des études sociologiques sur l’état d’esprit de cette population qui a vécu une brutale transition entre nazisme et démocratie, et à favoriser la paix, la compréhension internationale, et la tolérance en Allemagne. L’accent est mis dans ces études en particulier sur la situation de la jeunesse, avec l’inquiétude d’une possible renaissance du nazisme. Il se consacre notamment à mettre en place des « schémas d’intégration des groupes ethniques étrangers », à étudier « le rôle de la femme dans la vie sociale et politique, en Allemagne », « l’intégration sociale » de toute la population de la RFA, en mettant l’accent sur celle des adolescents ; et à réfléchir à « l’intégration de l’individu et son identification avec les institutions comme la famille, le voisinage, les clubs, les partis politiques » ainsi qu’à « la structure de l’élite » à travers le cas d’une petite communauté rurale[537]. L’institut de Hambourg vise à promouvoir la compréhension internationale par l’éducation. Celui de Gauting s’efforce de promouvoir la compréhension internationale au sein de la jeunesse par des conférences et par des rencontres entre jeunes Allemands et jeunes de différents pays. Ainsi, en 1958 est organisée une rencontre entre jeunes Allemands et jeunes Indiens ; mais la direction observe que c’est un échec[538]. Les différentes activités organisées par les instituts échouent à avoir un réel impact sur la population en faveur de la paix[539].
L’institut de Cologne connaît des débuts lents et laborieux, et souffre d’un manque de crédibilité, étant dirigé par des gens dont la compétence est faible[540] ; celui de Gauting souffre de gros problèmes administratifs qui amènent l’Unesco en 1955 à remanier de facon importante son statut[541]. En 1955, trois agents de l’Unesco qui visitent ces instituts font le constat de leur inefficacité due à d’importants dysfonctionnements : leur fonction n’a pas été clairement définie au départ, ils sont mal coordonnés entre eux, et mal coordonnés avec le programme de l’Unesco, ils connaissent des « flottements » et des « orientations divergentes », leur action ne réussit pas à avoir de réelles répercussions, ils butent contre des « obstacles matériels, psychologiques, idéologiques, voire politiques » ; l’institut de Hambourg paraît avoir des résultats honorables, grâce à la compétence de ses deux directeurs successifs, MM. Merck et Langeland ; en revanche les deux autres instituts sont jugés inefficaces[542]. Maheu reconnaît en 1955 que ces trois instituts fonctionnent difficilement et souffrent depuis le début de « l’absence d’un dessein cohérent et continu de la part de l’Unesco »[543]. Le constat le plus clair de l’échec total de l’institut de Cologne est fait par Henry Kellermann, qui le visite en 1957 pour le compte du gouvernement américain ; il en dresse un tableau consternant : ce beau bâtiment de deux étages dans le style architectural typique de la reconstruction, muni de très bons équipements, donne l’impression d’être « déserté », inutilisé ; il s’avère que les rares bureaux vraiment occupés le sont par des étudiants et chercheurs qui s’y sont installés pour vaquer à leurs travaux personnels[544]. Le problème du flou des buts de ces instituts, et du vague de leur action, persiste au fil des années[545]. Le gouvernement allemand et l’Unesco, observant l’échec de celui de Cologne, dû à ses dysfonctionnements et à son manque de crédibilité scientifique[546], décident en 1959 de le supprimer[547]. Celui de Gauting continue à fonctionner[548], mais son action s’éloigne complètement du but initial. En 1962 son directeur observe :
« Cet Institut a été créé, dans l’immédiat après-guerre, dans un but de démocratisation d’une Allemagne nazie. Mais ce but d’origine a rapidement cédé la place à d’autres objectifs, d’un caractère bien plus permanent. Quand j’ai pris la direction de cet Insitut, le but d’origine était déjà oublié et pendant les six années où je l’ai dirigé, ce but d’origine n’a eu aucune place dans le programme de l’Institut. »[549]
Ainsi, même si l’Unesco estime avoir beaucoup contribué à la démocratisation de l’Allemagne post-nazie (ainsi Luther Evans affirme : « j’ai toujours été fier d’avoir participé à faire revenir les Allemands dans la communauté civilisée »[550]), globalement les instituts de l’Unesco en Allemagne semblent avoir échoué à remplir l’objectif pour lequel ils avaient été créés ; des retards, des dysfonctionnements, et le manque de compétence de leur équipe dirigeante, les ont empêchés de réaliser une œuvre de valeur.
Au Japon, autre pays anciennement ennemi, l’Unesco s’efforce de manière semblable, dès ses premières années, de développer des activités centrées sur la démocratie et la compréhension internationale. Dans ce pays, contrairement à l’Allemagne, les actions menées par l’Unesco (stages, clubs Unesco, écoles associées ….) suscitent une réception très enthousiaste de la part des Japonais, qui lancent eux-mêmes rapidement des initiatives dans ce domaine[551]. Il serait intéressant d’analyser les causes de cette différence de réception.
Outre ces efforts de « rééducation », l’Unesco s’est consacrée à mener des études sur le fascisme et le nazisme.

Etudier le nazisme et le fascisme.

Dès 1946, l’Unesco envisage de mener une étude sur la psychologie nazie[552]. Ce projet prend forme l’année suivante avec la volonté de faire « un rapport sur les méthodes et les procédés qui ont été utilisés pour instaurer le fascisme en Italie et en Allemagne dans la période précédant la seconde guerre mondiale, afin qu’il soit possible à l’avenir d’aider à identifier de tels mouvements dès leurs premières manifestations »[553]. L’Unesco confie sa réalisation au CIPSH[554]. Cependant, sous l’impulsion de René Maheu, elle affirme sa volonté de superviser et d’orienter la réalisation de l’étude[555]. Cela donne lieu à certaines dissensions entre l’Unesco et le CIPSH à ce sujet. Le CIPSH confie la réalisation d’études préliminaires à des consultants, tel John Fried, ancien consultant juridique pour les crimes de guerre au tribunal de Nuremberg[556], et met en place un « comité permanent pour l’étude des origines du fascisme », auquel le CIPSH et l’Unesco s’efforcent vivement de faire participer des « personnalités éminentes », comme Ignacio Silone[557]. Le comité se réunit en juin 1949, sous la présidence de Jacques Rueff, pour définir le cadre de l’étude. Jacques Rueff souligne l’objectif « d’ordre moral » de cette étude[558]. Les membres du comité insistent sur l’importance d’analyser en particulier les « conditions économiques, financières, politiques, psychologiques, démographiques » de l’installation du fascisme et du nazisme, et de « replacer le totalitarisme dans le contexte des courants idéologiques et philosophiques dont traditionnellement s’est réclamée la politique autoritaire ou l’éthique de la violence depuis le XIXe siècle »[559].
Cependant, dès le début s’affirment d’importantes divergences entre les membres du comité : pour Rueff, il est « impossible de comprendre le mouvement nazi si l’on n’étudie d’abord la philosophie allemande des cent dernières années », « les techniques constituent une super-structure, la pensée philosophique est la base même de l’édifice » ; Rueff, Rivet et Pos estiment donc qu’il faut étudier d’abord le fondement idéologique des mouvements fasciste et nazi, avant d’analyser leurs techniques et leurs procédés, car, estiment-ils, ces techniques, « bien qu’en rapport étroit avec les idées, sont allées plus loin que l’idéologie originelle ». En revanche, R. Fawtier estime que le fascisme et le nazisme sont « des idéologies pauvres au service desquelles ont été mises des techniques très poussées », et que par conséquent « le mécanisme ne peut être démonté qu’en partant des éléments connus, les techniques, pour aboutir à l’inconnu, le jeu des idées ». Il propose donc de concentrer l’analyse sur les techniques du nazisme et du fascisme. Dès cette première réunion, ces divergences font naître le découragement chez une partie des participants, ainsi que chez Otto Klineberg, qui exprime la crainte « que la commission ne se laisse entraîner dans une tâche extrêmement longue et compliquée »[560]. Les dissensions conceptuelles au sujet de l’orientation à donner à cette étude prennent un caractère national, opposant Français et Anglo-Saxons. La prédominance des Français parmi les experts choisis pour participer à l’enquête inquiète Rueff, qui redoute des critiques à ce sujet[561]. En novembre 1949 à la « conférence pour l’étude des origines du fascisme et du national-socialisme »[562], les divergences s’accentuent au niveau des sous-commissions, et donnent lieu à des « discussions acharnées ». Ainsi, par exemple, à la conception du Français M. Vermeil, qui souligne l’importance du romantisme allemand pour la compréhension de l’idéologie nazie, s’oppose celle de l’Allemand M. Ritter. Ces divergences s’inscrivent de plus dans le cadre de limitations budgétaires qui obligent à limiter l’ampleur de l’étude. Klineberg, qui préconise alors de concentrer l’étude uniquement sur les méthodes et procédés du fascisme, s’oppose à Rueff, Pos et Rivet, qui, au contraire, insistent pour que soit maintenue l’ampleur initiale. À cela s’ajoute la situation de concurrence entre le CIPSH et l’Unesco, la volonté du CIPSH de travailler de facon autonome mécontentant l’Unesco, qui veut orienter et contrôler étroitement le travail[563]. Les divergences, les difficultés d’organisation et les problèmes financiers, entraînent beaucoup de retard dans l’enquête[564].
En outre, alors que l’étude était initialement conçue comme devant se faire dans un esprit de parfaite impartialité et objectivité, l’impératif de prudence politique amène l’Unesco à faire pression sur les chercheurs pour peser sur l’orientation et le contenu de leurs écrits. L’Unesco censure même certaines contributions, jugées dangereuses sur le plan politique ; ainsi, la contribution de l’historien italien G. La Piana, qui analyse avec objectivité l’attitude de passivité et de complicité du Vatican à l’égard du fascisme, est jugée inacceptable[565]. En revanche, lorsqu’une contribution est de qualité médiocre voire mauvaise, mais politiquement inoffensive, elle est acceptée sans problème.
Peu à peu, l’Unesco, réalisant qu’elle s’est engagée avec cette étude sur un terrain politiquement délicat, bat en retraite : elle oppose d’abord une résistance passive, bloquant le versement du budget afin de ralentir la progression du travail. Puis elle fait en sorte que l’étude, une fois achevée, ne soit finalement pas publiée. Ne pouvant reconnaître officiellement que la décision de non-publication obéit à des motifs politiques, elle prend le détour d’arguments d’ordre administratif et juridique. L’Unesco refuse d’accéder aux demandes de Jacques Rueff d’obtenir des fonds pour terminer l’étude sur le fascisme, sous prétexte que le contrat n’aurait pas été exécuté de façon conforme. « Nous nous efforçons de faire endosser la plus grande responsabilité [au CIPSH] en cette affaire », telle est la ligne de conduite de l’Unesco[566]. Elle élabore un projet de résolution, sur la question de « l’opportunité d’assurer la publication [de l’étude] par contrat avec le CIPSH », formulation volontairement ambiguë (en effet on ne sait si la question porte sur le fait de publier l’étude par contrat avec le CIPSH ou indépendamment de lui, ou sur le fait de publier ou ne pas publier du tout l’étude) destinée à entraîner l’abandon du projet[567]. Francesco Mameli, représentant suppléant de l’Italie au conseil exécutif, et ancien chef de cabinet de Mussolini, joue un rôle majeur dans la renonciation à cette étude, pesant de tout son poids en ce sens au conseil exécutif[568]. Ainsi, l’étude sur le fascisme n’est pas publiée, et celle sur le nazisme ne l’est qu’en anglais, sous le titre The Third Reich, aucun éditeur français n’ayant accepté de la publier en français ; elle est publiée chez un éditeur peu important, « ‘sous les auspices du CIPSH et avec l’aide de l’Unesco’, formule ambiguë qui évit[e] d’engager la responsabilité de l’organisation » comme l’observe Delavenay ; celui-ci déplore la très faible diffusion de l’ouvrage : « c’est à peine si quelques exemplaires furent distribués aux États membres. Nous étions loin de la vaste publicité que la conférence de Beyrouth avait voulu donner à ces deux études »[569]. En 1956, le gouvernement français se montre désireux de voir publiée l’étude sur le nazisme en français et contacte à cet effet l’Unesco[570]. Mais la réticence persistante des éditeurs français, ainsi que le refus de l’Unesco de publier l’ouvrage dans sa propre maison d’édition, rend impossible l’édition en français[571].
La réception de The Third Reich semble plutôt positive ; ainsi par exemple, le New York Journal affirme que « les articles sont détaillés, documentés, et remarquablement libres de préjugés implicites », et qu’ « il n’y a pas à mettre en question l’importance majeure de ce livre, car, pour le moment, c’est sans aucun doute celui qui fait le plus autorité et qui est le plus complet sur la plupart des sujets qu’il traite »[572]. Dès juin 1955, la première édition du volume est déjà totalement épuisée, ce qui montre, pour Jean d’Ormesson, que l’ouvrage a eu un succès commercial important[573]. Cependant, ce succès est à nuancer par le fait que le tirage a été très faible et que l’Unesco s’était engagée dès le départ à acheter de nombreux exemplaires.
Ainsi, la réalisation d’études sur le fascisme et le nazisme s’est heurtée à d’importantes difficultés, liées notamment à leur caractère politiquement délicat. L’impact concret de l’étude qui a été publiée semble avoir été faible. Dans un registre plus concret, l’Unesco s’est consacrée à assister les victimes de la guerre.

Assister les victimes de la guerre.

Dans les premières années après la guerre, l’Unesco coordonne l’action de nombreuses ONG qui se consacrent à la reconstruction et à l’aide éducative aux victimes de la guerre, en créant un organisme, le TICER (Temporary International Committee for Educational Reconstruction), qui regroupe une grande partie de ces ONG. Elle coordonne de plus son action avec celle de l’organisation internationale des réfugiés, OIR (qui disparaît en juillet 1950) et, par l’intermédiaire du CCIC, avec celle de nombreuses organisations catholiques[574]. L’Unesco s’intéresse notamment, sous la pression insistante de nombreux organismes et de riches milieux américains, au problème des intellectuels déplacés, ces « élites oubliées », que ces organismes s’inquiètent de voir « subir une déchéance intellectuelle qui constituera[it] la plus grande régression de la civilisation moderne »[575]. Dès fin 1946, en coordination étroite avec l’OIT et l’OIR, l’Unesco s’occupe du problème du placement des réfugiés intellectuels[576], qui pose beaucoup plus de problèmes que celui des autres catégories professionnelles[577]. L’OIR charge l’Unesco d’envoyer, dans les camps de personnes déplacées, des missions qui seraient chargées d’examiner les intellectuels pour les classer selon leurs capacités et les possibilités de recasement dans divers pays[578]. Cette action est encouragée par de nombreux particuliers, et par des ONG[579]. À l’été 1950, Jean Chevalier fait observer à Maheu qu’une action en faveur des réfugiés « serait de nature à intéresser vivement certains milieux américains et à les incliner à la générosité. Si, au contraire, rien n’est fait par l’Unesco, ou trop peu, ces milieux éprouveront une grande déception et perdront confiance en l’Unesco »[580]. Ainsi, Andrew Szpeer, riche industriel américain d’origine polonaise, préconise que l’Unesco établisse un vaste fichier des intellectuels réfugiés répertoriant leurs qualifications, afin de les associer à la réalisation de son programme d’assistance technique[581]. Mais l’Unesco ne peut pas s’en charger ; comme l’observe le chef du service de reconstruction en 1950, « nous n’avons ni le personnel ni les fonds pour cela […]. Nous tomberions inévitablement dans un abîme d’espoirs et de grandes attentes déçus. Nous n’avons pas de ressources pour permettre que le fardeau de l’OIR tombe sur nos épaules »[582]. Dans de nombreux milieux, la renonciation de l’Unesco à agir en faveur des intellectuels refugiés entraîne une vive déception et une crainte quant à leur avenir ; ainsi, en 1950, M. Gouineau, de l’Entraide française, exprime la crainte que dès lors, ceux-ci « ne deviennent communistes, ou du moins amers et anti-sociaux »[583]. La crainte que les intellectuels réfugiés ne soient séduits par le communisme constitue d’ailleurs un des principaux motifs des milieux américains pour préconiser leur assistance. L’action de l’Unesco dans ce domaine de l’action sociale en direction des réfugiés se limite finalement principalement à des études, comme celle intitulée Personnes déplacées (1955)[584], traitant des problèmes de la réadaptation psychologique et sociale des réfugiés[585]. Cet ouvrage recueille des critiques contrastées[586].
Les efforts de l’Uneso se font non seulement au niveau social, mais aussi au niveau psychologique. En collaboration avec la FICE, l’Unesco se penche sur les problèmes psychologiques des enfants traumatisés par la guerre ; l’idée sous-jacente est que si l’on ne prend pas soin de rééduquer cette génération d’enfants perturbés, une fois arrivés à l’âge adulte ils pourraient devenir dangereux. C’est dans cet esprit aussi qu’en 1949 Berredo Carneiro souligne le problème « poignant » des enfants grecs réfugiés : « des millions d’enfants assujettis à un régime de sous-alimentation, vivant au milieu de ruines qui ne leur rappellent que trop les férocités de la guerre, grandissent dans les conditions les plus défavorables », conditions qui « auront inévitablement des répercussions lointaines et affecteront aussi bien leurs capacités physiques que leur mentalité et leurs attitudes politiques »[587] ; c’est dans le même esprit que le Manuel des chantiers internationaux affirme : « par millions, des enfants grandissent dans un monde bouleversé qui souffre encore des ravages de la guerre. Est-il dès lors surprenant que tant de jeunes ne croient plus en rien, qu’ils soient devenus des apathiques dépourvus de convictions et sans idéal ? »[588].
En coopération avec la Fédération Mondiale de la Santé Mentale (FMSM), l’Unesco élabore de nombreuses études et réflexions sur la psychologie des victimes de la guerre[589], et sur les liens étroits entre paix et santé mentale, développant l’idée que tout ce qui contribue à un sentiment d’ « appartenance » et de sécurité contribue par là même à l’édification de la paix[590]. L’Unesco s’intéresse au problème des enfants victimes de la guerre, dans la perspective que l’existence de ces êtres perturbés et déracinés constituerait une menace pour l’avenir de la paix mondiale : « Que peut-on sincèrement espérer d’une génération écrasée sous le poids d’une enfance dramatique ? Que deviendront ces êtres dans vingt ans ? ». Etudes, rencontres, enquêtes, conférences, se multiplient sur ce thème[591].
L’Unesco apporte dans ce cadre son encouragement et son soutien aux communautés et villages d’enfants qui se développent alors[592]. Le premier village d’enfant est apparu en France, à Megève, lorsque le commissaire de la république de Lyon et le comité de l’Entraide française ont réquisitionné les hôtels de cette station de sports d’hiver pour y loger des orphelins de guerre, des enfants abandonnés, et des enfants juifs rescapés des camps de concentration. Mais des intérêts privés sont rapidement entrés en jeu, et, devant la renaissance du tourisme, le village d’enfants de Megève a été dissous. D’autres communautés d’enfants ont été alors créées ailleurs en France et en Europe[593]. En juillet 1948, l’Unesco organise une conférence des directeurs de communautés d’enfants, à l’issue de laquelle est créée, sous l’impulsion de l’Unesco, la fédération internationale des communautés d’enfants (FICE)[594]. L’Unesco ayant délégué l’action directe en faveur des communautés d’enfants à la FICE, elle se consacre dès lors surtout dans ce domaine à une action de promotion[595] ; elle vante l’idéal de cette communauté, de « rebâtir un monde meilleur avec ceux-là mêmes qui sont les plus innocentes victimes des désastres de la lutte »[596]. L’Unesco fait l’éloge des dirigeants des communautés d’enfants, « pionniers courageux »[597]. Cette promotion se fait par des publications, des articles dans le Courrier de l’Unesco[598], et des films[599] ; elle vise notamment à récolter des fonds pour aider les communautés, qui souffrent de « difficultés financières tragiques », à perdurer[600]. Ainsi, en 1949, la commission nationale française organise une collecte auprès de tous les écoliers français, en faveur de la communauté d’enfants de Moulin-Vieux ; l’Unesco soutient cette communauté dans les années suivantes[601]. En 1949, l’Unesco estime que « des résultats encourageants ont déjà été obtenus » : « des milliers d’enfants qui erraient dans les campagnes en bandes organisées, vivant au jour le jour, ont été réunis sous le contrôle des communautés et y sont devenus capables d’apporter une précieuse contribution à la reconstruction de leur pays et au développement de la compréhension internationale. Les orphelins et les autres enfants privés de famille ont trouvé un nouveau foyer où ils reçoivent les soins sans lesquels ils ne pourraient mener une existence normale »[602]. L’Unesco encourage les innovations pédagogiques expérimentées dans les communautés d’enfants, comme par exemple dans le village d’enfants de Santa Marinella-Civitavecchia, près de Rome[603]. On observe dans la présentation des communautés d’enfants par l’Unesco un optimisme dépourvu d’esprit critique : selon l’Unesco, ces enfants « jouissent tous, dans leur pavillon, d’un bonheur complet, sans appréhension du lendemain, sans inquiétude de l’avenir »[604]. Par ailleurs, l’Unesco encourage aussi les chantiers internationaux de jeunesse, qui se consacrent à la reconstruction de l’Europe dévastée dans un esprit de coopération internationale et de pacifisme[605]. Dans son soutien à ces entreprises, l’Unesco conserve une vision très idéaliste, comme cela apparaît dans le texte de ses publications sur le sujet : « dans ses entreprises, vastes ou limitées, on sent une puissance nouvelle, une volonté tenace d’édifier un monde meilleur. […] Le mouvement n’en est qu’à ses débuts. Il grandit, s’étend à travers le monde »[606].
L’action de l’Unesco dans le domaine de la reconstruction a en fait prêté à controverse, plusieurs États la jugeant inopportune, étant donné le budget limité de l’Unesco et l’existence de nombreux organismes se consacrant à la reconstruction. Le rôle de l’Unesco dans ce domaine, s’il a selon Evans été très efficace[607], semble en réalité s’être finalement surtout limité à des études, à des encouragements à des projets, et à de la collecte d’argent, et n’avoir constitué qu’un maillon dans un ensemble d’actions menées par différents partenaires.

6.3.2. Une évolution des idées sur la question des colonies.

L’Unesco développe des réflexions sur la question des colonies, réflexions qui connaissent une évolution au fil du temps. En 1944, Julian Huxley, dans The Future of the Colonies, se déclare convaincu que « le vieux modèle de l’expansion impérialiste est mort », mais estime qu’en revanche l’« expansion blanche », l’ « expansion culturelle » des peuples développés vers les peuples colonisés peut et doit continuer : « nous, les différentes puissances coloniales et la race blanche dans son ensemble, nous pouvons et devons continuer à exporter des cerveaux et des compétences vers les colonies, aider leur population à acquérir nos idées et inventions pour les aider à progresser […]. Cela aidera les peuples coloniaux ; mais cela aidera aussi la prospérité économique du monde dans son ensemble, celle des puissances coloniales incluse » ; il prône donc le maintien des colonies, tout en préconisant leur évolution vers le self government, et le développement de l’éducation chez ces peuples[608].
Alors que l’IICI, en 1939, avait adopté une position relativement progressiste à l’égard du sort des colonies, avec la publication de l’ouvrage Colonial Questions and Peace, qui préconisait une évolution de toutes les colonies vers l’émancipation[609], l’Unesco, dans ses premières années, ne s’avance pas davantage dans ce domaine. On constate l’absence de tout discours critique à l’égard des principales puissances coloniales, ce qui s’explique par le fait que ces puissances (France, Belgique, Royaume-Uni) font partie des États membres les plus actifs de l’Unesco. Dans les premières années, l’attitude de l’Unesco à l’égard de la question coloniale se caractérise par la prudence et l’ambiguïté. En 1948 est créée une division des territoires non autonomes. Son chef, Armando Cortesao, reconnaît que la question des « territoires non autonomes » contient une dimension de controverse politique et soulève « une incompréhension et une méfiance entre les nations »[610]. Durant les premières années, l’Unesco, loin de se placer, par son action normative, à la pointe du combat pour la décolonisation et l’indépendance, se place au contraire en retrait, dans une attitude d’expectative. L’ONU en revanche est plus hardie en ce sens. En janvier 1952, elle promulgue une résolution sur les territoires sous tutelle, demandant aux puissances les administrant de faire figurer dans chaque rapport annuel des renseignements sur les mesures prises ou envisagées en vue de conduire le territoire à l’indépendance, et d’évaluer le délai nécessaire pour cette indépendance. En décembre 1952, l’ONU adopte une autre résolution, sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, affirmant que les États membres « doivent reconnaître et favoriser la réalisation, en ce qui concerne les populations des territoires non autonomes et des territoires sous tutelle placées sous leur administration, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et doivent faciliter l’exercice de ce droit aux populations de ces territoires », notamment en « assur[ant] la participation directe des populations autochtones aux organes législatifs et exécutifs du gouvernement de ces territoires »[611]. Dans l’enquête réalisée par l’Unesco sur les droits de l’homme de 1949, un des contributeurs, A.P. Elkin, s’intéresse à la question des « droits de l’homme dans la société primitive ». Il ne préconise pas l’octroi immédiat de l’indépendance aux colonies, ce qui selon lui rendrait leur état « pire », mais la continuation de l’administration coloniale jusqu’au moment où les colonies « deviendront économiquement et politiquement indépendantes ». Il propose à l’intention des peuples des colonies une « charte des droits de l’homme primitif », qui affirmerait que « le primitif est un être humain, au même titre que le civilisé », et qu’il a « droit à une éducation tournée vers la vraie civilisation », c’est-à-dire la civilisation occidentale[612]. Cette conception, si elle se considère progressiste, contient donc des aspects rétrogrades et paternalistes, par la légitimation du système colonial et par la conception du « primitif » comme un être à part, dont les droits ne relèveraient pas de la même déclaration que pour les hommes « civilisés ». En 1949, la commission nationale de l’Unesco met en place un « sous-comité d’éducation de base », qui s’efforce d’inciter les ministères français de l’éducation nationale et de l’outre-mer à réaliser des actions dans ses colonies en lien avec l’éducation de base et en coopération avec l’Unesco ; ces efforts sont approuvés et encouragés par l’Unesco[613] ; ils aboutissent en 1954 à la création au sein du ministère de la France d’outre-mer d’un « conseil supérieur de l’éducation de base »[614]. Ce sont en fait surtout les colonies britanniques qui sont très impliquées dans l’action de l’Unesco. Entre 1947 et 1950, des représentants des colonies britanniques assistent à divers séminaires et conférences de l’Unesco sur l’éducation[615]. En 1954, des colonies britanniques, comme la Sierra Leone et le Nigeria, accèdent au statut de « membres associés » de l’Unesco. La position de l’Unesco est donc dans les dix premières années une position de légitimiation des colonies et de coopération avec les régimes coloniaux. Les avancées qu’elle opère dans ce domaine ne sont opérées que sous l’impulsion de l’ONU ; ainsi, au début des années 1950, sous l’impulsion de l’ONU, l’Unesco envisage d’aider les États nouvellement indépendants (Birmanie, Ceylan, Corée, Indochine, Malaisie, Inde, Indonésie, Pakistan, Philipines, Israël, Jordanie, Liban, Syrie, Libye) à former leurs cadres administratifs et politiques et à s’intégrer et à jouer un rôle actif dans le système de l’ONU[616].
Ainsi, c’est seulement lentement et prudemment que la position de l’Unesco à l’égard de la question coloniale évolue. Elle suit plus qu’elle ne précède le processus des indépendances. Cependant, certains de ses projets, notamment certaines études, font exception par un caractère plus engagé sur cette question ; mais justement, ces études sont, par prudence politique, généralement censurées, comme celles sur les « évolués ».

Les études sur les « évolués ».
En 1952, dans le cadre du programme sur les races, l’Unesco décide de réunir des « informations scientifiques sur les progrès sociaux et culturels réalisés grâce à l’éducation par les membres de groupes ethniques en cours d’intégration dans la société moderne »[617]. L’objectif est de « faire connaître le phénomène important que constitue la formation d’une élite indigène qui s’est assimilée la culture européenne et qui, par ses succès et par ses contributions à cette culture, démontre l’inanité du préjugé racial »[618]. Ces recherches, désignées sous le terme de « recherches sur les évolués » par le département des sciences sociales, s’inscrivent donc dans le cadre colonial.
Deux enquêtes de terrain sont entreprises en Afrique, sous la direction d’Alfred Métraux. Le cadre choisi pour la première d’entre elles est, sur la proposition de Théodore Monod, le Dahomey, alors colonie française, faisant partie de l’AOF. La réalisation concrète de cette enquête est confiée à Claude Tardits[619], et s’organise en collaboration avec les autorités coloniales françaises. La seconde est prévue au Nigeria[620]. Une autre enquête est aussi entreprise au Congo belge, par le sociologue belge Pierre Clément[621]. Initialement, une enquête avait aussi été envisagée sur les élites noires des milieux urbains et ruraux de Côte d’Or (colonie britannique), sous l’impulsion de l’africaniste britannique Kenneth Little[622]. Ce dernier projet n’est finalement pas réalisé. D’autre part, le département des sciences sociales décide de financer une étude de Roger Bastide, professeur à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), et d’Alfred Métraux, sur la question des « élites indigènes » et de la formation des élites africaines en France[623]. Les difficultés ne tardent pas à apparaître. Elles portent d’une part sur la définition même de la catégorie socio-culturelle concernée. Le concept d’ « évolués » apparaît flou, subjectif, variable[624]. Il fait partie du vocabulaire colonial et a une connotation péjorative et condescendante. Sa reprise par l’Unesco place celle-ci dans une position ambiguë. Les difficultés sont d’autre part politiques, étant donné que pour mener à bien ces enquêtes, l’Unesco s’engage dans une collaboration avec les puissances coloniales, ce qui limite dès le départ l’objectivité de son travail, le soumettant aux pressions des puissances coloniales. Ainsi en 1953-54, faute d’un accord avec l’Institut français d’Afrique noire (IFAN), le projet d’enquêtes au Dahomey et au Nigéria connaît des blocages, liés notamment à la rivalité entre chercheurs désignés par l’Unesco et chercheurs de l’IFAN, ceux-ci contestant les compétences de ceux-là[625]. Claude Tardits, chargé de l’enquête, réalise 600 interviews à partir de questionnaires mis au point en accord avec le service de la statistique de l’AOF. Mais cette enquête se déroule, ainsi qu’il le relate, « au milieu de difficultés de tous ordres », liées en particulier à « l’inertie et l’apathie du milieu»[626]. L’enquête sur « les évolués en France métropolitaine », réalisée en 1955 par Bastide et Métraux et intitulée Les étudiants africains à Paris, ne reçoit finalement aucune diffusion publique, pour des raisons de prudence politique de la part de l’Unesco, qui craint en la publiant de s’aliéner le soutien de la France étant donné sa dimension critique. Jean Thomas déplore la censure de cette intéressante étude. De même, pour des raisons de prudence politique, un projet d’ « enquête sur la formation des élites et des cadres dans les territoires dépendants, particulièrement en Afrique française et britannique », proposé à l’Unesco par le chercheur belge M. van Bilsen, n’est pas adopté ; Jean Thomas écrit : « je doute fort que les autorités britanniques et françaises, si elles se prêtaient à une telle enquête conduite par l’Unesco, verraient avec faveur un enquêteur étranger intervenir dans les métropoles ou dans les territoires dont ces deux États assurent les relations diplomatiques. […] Nous savons trop combien ces questions sont délicates pour ne pas être d’une extrême prudence quand il s’agit d’engager l’Unesco »[627].
Ainsi, ces enquêtes souffrent d’un grave problème politique, à savoir la position ambiguë dans laquelle se trouve l’Unesco en collaborant pour leur réalisation avec les puissances coloniales. L’Unesco se place par là dans une position de dépendance par rapport à ces puissances, et doit en certains cas abdiquer sa liberté de pensée et son objectivité. Ceci dit, quelle était l’autre alternative offerte à l’Unesco ? Dans un monde encore caractérisé par le colonialisme, une organisation apolitique comme l’Unesco, dépendante, pour le choix de son programme et de son budget, des puissances coloniales qui comptent parmi les plus influents de ses États membres, pouvait difficilement réaliser et publier des enquêtes dénonçant ouvertement les injustices et les atteintes aux droits de l’homme commises par ces puissances coloniales, au risque de se voir boycottée par elles, et par là réduite à des moyens d’action et à une audience encore plus restreints. Cet exemple illustre le problème structurel de l’Unesco : sa soumission aux pressions politiques, qui l’empêche de réaliser son programme en toute objectivité. Ces enquêtes sur les « évolués » africains sont néanmoins représentatives d’une évolution progressive des centres d’intérêt de l’Unesco au cours des années 1950 de problèmes strictement européens et liés à la Seconde Guerre Mondiale, vers les problèmes de ce qu’on commence alors à appeler le Tiers Monde. « Le département des sciences sociales s’intéresse de plus en plus à l’Afrique », observe Métraux en 1954[628].
A partir de 1960, la conférence générale devient un lieu d’échanges entre peuples décolonisés et puissances ex-colonisatrices. Amadou Hampaté Bâ, délégué du Mali, l’un des orateurs africains les plus éloquents, y plaide avec une grande pondération pour la réconciliation entre peuples ex-colonisés et peuples ex-colonisateurs, observant que, « quelles qu’aient été les erreurs commises, la colonisation a apporté certains bienfaits moraux et matériels »[629]. À la conférence générale de 1962, les représentants des pays africains se réjouissent, à l’instar du représentant du Mali, que les délégués aient « pu parler librement du colonialisme, ce qui eût été impossible il y a quelques années »[630]. Cependant, à partir de 1960, une polémique s’instaure sur l’adoption d’une résolution contre le colonialisme, proposée par l’URSS, sur le modèle de celle adoptée cette même année par l’ONU[631]. Les États-Unis et le Royaume-Uni s’y opposent, et les deux résolutions sur « le rôle de l’Unesco en faveur de l’accession des pays et des peuples coloniaux à l’indépendance » adoptées à la conférence générale de 1960 sont très édulcorées[632]. En 1963, Maheu déclare dans la presse sa volonté d’engager l’Unesco de plus en plus nettement dans le domaine de la « post-colonisation ». Il veut faire de l’organisation une tribune de réflexion sur les problèmes des pays décolonisés, s’efforçant de permettre le développement d’un véritable échange de vues pacifié entre pays occidentaux et pays du Tiers Monde[633]. Cette volonté se heurte à la réticence des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France[634].
En 1965, l’assemblée générale de l’ONU adopte une résolution « relative à l’application de la déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux », et une autre « sur les mesures tendant à faire appliquer la déclaration des Nations Unies sur l’élimination de toutes formes de discrimination raciale », qui en particulier condamne le Portugal et l’Afrique du sud. Elle demande à tous les États et à toutes les institutions internationales « de refuser toute assistance, quelle qu’elle soit, aux gouvernements portugais et sud-africain tant qu’ils n’auront pas renoncé à leur politique de domination coloniale et de discrimination raciale »[635]. En 1966, la conférence générale de l’Unesco, suivant le modèle de l’ONU, refuse toute aide au gouvernement du Portugal, à la république d’Afrique du sud, et au régime de Rhodésie du sud[636]. Ainsi, ces deux exemples de 1960 et 1965 montrent que l’Unesco, sur la question des colonies, a une attitude très prudente, qui consiste non pas à prendre des initiatives mais à suivre la politique de l’ONU, malgré les importantes incitations de la part de l’URSS et des pays du Tiers Monde[637].
L’Histoire de l’Humanité, parue en 1968, exprime des propos colonialistes, notamment dans le chapitre « Colonisation de l’Afrique et de l’Océanie » (volume V)[638], qui présente la colonisation comme bénéfique. Seuls les Soviétiques, dans leurs notes, critiquent cette vision, déplorant que rien ne soit dit dans le texte sur la nette diminution de la population africaine au XIXe siècle à cause des famines, de l’esclavage et de l’oppression coloniale, et dénonçant le fait que le texte prétend au contraire que « les mesures de pacification et de santé entraînèrent une augmentation de la population »[639]. Le texte fait l’apologie de l’oeuvre accomplie par les missionnaires et par les colonisateurs, et affirme que « l’éviction de l’homme blanc du continent noir ne doit pas faire oublier que la prospérité matérielle et le développement culturel de ces populations sont l’oeuvre de l’Europe, dont le destin a été de dispenser la civilisation aux quatre coins du monde »[640]. De même, dans le volume VI, l’emploi du terme d’« indigène » est courant pour désigner les peuples d’Asie et d’Afrique. L’influence occidentale sur les pays extra-occidentaux est présentée systématiquement comme un bienfait : « partout ces influences apportèrent une force nouvelle », lit-on[641]. Le massacre des Indiens d’Amérique par les Occidentaux est minimisé, le texte affirmant la conviction que les Indiens d’Amérique étaient de toute facon destinés à disparaître, en s’entretuant au cours de guerres intertribales[642].
A la conférence générale de 1972, de nombreuses interventions condamnent non seulement le colonialisme mais aussi le néo-colonialisme, et expriment leur soutien aux mouvements de libération nationale des pays encore sous tutelle portugaise[643]. Au début des années 1970, l’Unesco s’efforce d’œuvrer en faveur de la libération des colonies portugaises, par des articles dans le Courrier de l’Unesco[644], qui suscitent l’enthousiasme de plusieurs lecteurs, et l’indignation de nombreux autres qui estiment que l’Unesco s’engage ainsi de façon illégitime sur le terrain politique[645].
Au bout du compte, alors que plusieurs anciens fonctionnaires affirment que l’Unesco aurait joué un rôle très important en faveur de la décolonisation[646], en réalité il semble plutôt que son rôle dans ce domaine ait été minime. Par ailleurs, l’Unesco s’est efforcée de conduire d’importantes réflexions sur les transformations technologiques, économiques et sociales.

6.3.3. Des efforts pour réduire les tensions émanant de la civilisation.

L’industrialisation et les transformations technologiques, facteurs de paix ou de conflit ?

L’Unesco mène de nombreuses études sur les conséquences de l’industrialisation et des transformations technologiques, oscillant entre deux interprétations de ces transformations, qui sont tantôt perçues comme un progrès, tantôt comme un danger. Le projet Tensions comporte la publication d’une série d’ouvrages intitulée « Evolutions techniques et tensions sociales ». Elle comporte notamment une étude sur Le progrès technique et l’intégration sociale[647] et un compte rendu d’enquêtes ethnologiques rédigé par Margaret Mead intitulé Sociétés, traditions et technologie[648]. Elle vise à montrer que les changements technologiques, s’ils sont souvent facteurs de tensions, peuvent être aussi facteurs d’harmonie. Otto Klineberg, qui supervise la réalisation de cette série, l’oriente volontairement vers l’étude d’entreprises industrielles modernes qui ont réussi à faire naître chez leurs travailleurs une grande satisfaction dans le travail[649]. En 1953, l’Unesco contribue à la mise en place à Paris du « Bureau de recherches sur les implications sociales du changement technologique »[650]. Tout au long des années, l’Unesco poursuit des études dans ce domaine, analysant à la fois les tensions provenant des changements technologiques, et le rôle de ces changements comme facteur de paix[651]. Toutes ces études et réflexions restent caractérisées par une hésitation sur l’interprétation des effets de ces changements.
De plus, l’Unesco mène des réflexions sur l’intégration culturelle des immigrés. Elle mène des ses premières années des études sur les problèmes de migrations, en collaboration avec la Dotation Carnegie pour la paix internationale et avec l’Union internationale pour l’étude scientifique de la population[652]. Les problèmes de migrations font en effet alors partie des sujets de préoccupation importants de l’époque, dans le cadre des bouleversements provoqués en Europe par le vaste phénomène des « personnes déplacées », c’est-à-dire des réfugiés, du phénomène de l’immigration, et de la crainte de la surpopulation mondiale. L’Unesco estime que l’intégration culturelle réussie des immigrés est quelque chose de très important, non seulement pour eux mais pour le reste de la population mondiale, car si les immigrés sont mal reçus dans leurs pays d’accueil et s’intègrent mal, ils apporteront peu de choses à leur nouvelle patrie[653]. Le projet Tensions comporte une série d’ouvrages intitulée « Démographie et migration », qui attire l’intérêt de l’ONU[654]. Parmi les ouvrages de cette série figurent notamment L’assimilation culturelle des immigrants (1950), Français et émigrés par Alfred Sauvy (1953), Italiens et Allemands en Australie (1954), La contribution positive des immigrants (1955) ; L’intégration culturelle des immigrants (1958)[655]. Ce dernier ouvrage, qui donne lieu à une conférence, est conçu comme un manuel à l’intention des organisations gouvernementales et non gouvernementales, donnant des consignes pour la sélection des immigrés, leur accueil, l’aide à leur fournir pour leur installation, les mesures à prendre pour favoriser leur intégration culturelle dans leur communauté d’accueil[656]. Il est réédité plusieurs fois. Des catholiques y participent, étant donné que ce manuel s’adresse notamment aux ONG catholiques[657]. Selon Lengyel, les ouvrages de la série « Démographie et migration » auraient exercé un certain impact dans la société au moment de leur parution mais seraient ensuite rapidement tombés dans l’oubli[658].
Cette action de l’Unesco est à replacer dans le contexte plus large de l’action engagée par l’ONU dans le domaine des migrations. L’ONU se lance en effet à partir de 1950 dans la réalisation de vastes plans d’émigration ou d’immigration, afin d’améliorer les conditions économiques et de contribuer au progrès social, à l’enrichissement culturel et à la compréhension internationale dans les pays concernés, et fait participer ses agences spécialisées à cette action. Dans ce cadre, il échoit à l’Unesco de mener « l’étude des aspects sociaux et culturels de la migration », pour vérifier que les plans migratoires prévus par l’ONU contribueront bien aux objectifs souhaités[659].
L’Unesco vise en particulier à mettre en valeur « la contribution positive des immigrés ». Le but de ces études étant de toucher un large public, l’Unesco annonce leur lancement par des prospectus publicitaires[660]. Cependant, le budget alloué par la conférence générale de 1951 à leur réalisation étant faible, l’Unesco ne peut s’engager dans des études de terrain ou de grande envergure[661]. Elle se lance donc dans la rédaction d’un rapport général, réalisé par contrat avec des ONG[662]. Les autres agences de l’ONU ne sont pas enthousiastes à l’égard de ce projet, qu’elles perçoivent comme émanant d’une volonté de l’Unesco d’élargir ses compétences à leur détriment. Bernard O. Binns, de la division de l’agriculture de la FAO, fait observer à l’Unesco que ce projet se fonde sur une vision unilatérale et « grossièrement asymétrique », qui conçoit l’immigration comme un phénomène uniquement bénéfique. Selon Binns, ce serait « une grave erreur » de négliger l’étude de ses effets néfastes. Binns reproche aussi au projet de l’Unesco d’être trop peu élaboré, de ne pas faire la distinction entre immigration temporaire et immigration permanente, et de prendre pour sujet d’étude uniquement les immigrés d’origine européenne. Il reproche ainsi à l’Unesco de perpétuer par là une erreur de perception sur l’immigration contemporaine, et d’adopter une perspective ethnocentriste[663]. Le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) adresse des critiques analogues à ce projet[664]. Effectivement, le fait de choisir uniquement des exemples d’immigration d’origine européenne pour illustrer les effets bénéfiques de l’immigration semble relever d’une démarche ethnocentriste, et dépréciative à l’égard des immigrés d’autres origines. L’Unesco fait réaliser cette étude par l’Association Internationale de Sociologie (AIS) et l’Association Internationale de sciences économiques (AISE)[665]. Le fait de ne pas réaliser l’étude officiellement en son nom propre lui permet de se mettre à l’abri d’éventuelles attaques sur son contenu, de se décharger de sa responsabilité officielle. En 1953, M. Diaz Gonzalez, fonctionnaire de la division des sciences sociales appliquées, ayant lu l’étude, l’estime « peu convaincante » et « sans originalité », et déplore qu’elle ne comporte « aucune conclusion valable du point de vue international » sur la contribution sociale et culturelle des immigrés. Il observe que parmi l’ensemble des rapports nationaux suscités par ce projet, seuls deux sont de valeur : celui de l’Australie et celui du Brésil. Il conclut que l’Unesco devrait « renvoyer ce manuscrit à l’AIS, comme étant insuffisant, et lui demander de bien vouloir le faire remanier ». Philips reconnaît lui aussi les « faiblesses » de l’étude[666]. L’Unesco la fait alors réviser par ses auteurs, et décide de publier la version révisée[667]. Mais cette version révisée est elle-même l’objet de sévères critiques de la part de l’éditeur anglais, qui observe notamment que le texte ne réussit pas à cerner un public précis : il n’est pas assez approfondi pour intéresser un public cultivé, et trop fastidieux et austère pour réussir à captiver le grand public ; il déplore aussi l’extrême hétérogénéité de cet ouvrage collectif, en style et en qualité. Delavenay, directeur des publications, partage ce jugement critique[668].
A cela s’ajoutent des soucis d’ordre politique, l’Unesco craignant que le chapitre sur le Brésil soit « jugé offensant par les autorités brésiliennes ». En effet, malgré plusieurs révisions du texte pour le rendre « politiquement correct » (notamment la suppression du qualificatif de « dictateur » pour désigner Getulio Vargas), l’Unesco observe en 1954 qu’ « il reste dans le ton général de cette analyse quelque chose de plus subtil, de moins facile à éliminer, et qu’on pourrait en somme appeler un manque de sympathie à l’égard du Brésil ». Elle recommande donc que ce chapitre soit à nouveau révisé par le comité de lecture, et qu’on attende l’accord officiel de la délégation brésilienne pour le publier. Le comité de lecture, qui comprend un Brésilien, juge que « la touche d’aigreur » qui imprègne le chapitre consacré à ce pays est trop importante pour être effacée par des modifications ponctuelles, et qu’il faut supprimer ce chapitre[669]. Le chef de la délégation brésilienne émet lui aussi un jugement très négatif sur la version révisée de ce chapitre, dont il juge le ton « trop souvent moqueur et agressif ». Il critique le fait que le texte se borne à l’étude de l’immigration allemande, qui selon lui « n’est pas caractéristique de l’immigration au Brésil » et qui au contraire « constitue[rait] un exemple typique de résistance à la politique gouvernementale d’assimilation et de non-discrimination », étant « la moins adaptée, la moins assimilée ». Il juge les conclusions du texte erronées et exige la suppression de ce chapitre[670]. Un membre du département des sciences sociales s’efforce de plaider contre la censure de ce texte, observant qu’au contraire « ce manuscrit est le meilleur de la série ». Il observe que « la tâche imposée […] aux auteurs était assez difficile, car fatalement, il devait y avoir un mécontent parmi les intéressés ». Il reconnaît que le département des sciences sociales se trouve dans une position délicate car il doit s’efforcer de « mettre en harmonie les divers intérêts en jeu », de « satisfaire au maximum toutes les parties intéressées : l’auteur, l’État membre, l’Unesco (du point de vue de sa politique) et la vérité scientifique (indépendante, elle, de tout le reste) ». Toutefois, il estime que des remaniements et des modifications permettraient de concilier ces divers intérêts[671]. Son avis n’est pas écouté ; Maheu décide de faire supprimer ce chapitre[672]. Ainsi, entre l’objectivité scientifique et les considérations politiques, c’est pour la seconde alternative que l’Unesco semble opter. L’ouvrage est ainsi publié en 1955[673], tronqué d’un chapitre entier et de nombreux passages jugés politiquement sensibles dans les autres chapitres. Il recueille peu d’échos dans la communauté intellectuelle. Deux professeurs de la London School of Economics and Political Science, sollicités par l’Unesco pour donner leur avis sur l’ouvrage et sur la réception qu’il a reçue dans cette institution, expriment des jugements divergents : l’un estime que ce serait « une publication très utile », qu’elle serait lue assez largement par les étudiants, et servirait de référence aux enseignants pour élaborer leurs cours[674] ; l’autre juge l’ouvrage décevant, critique le choix des pays, déséquilibré et rendant les conclusions « trompeuses », et déplore le caractère succinct des études, et la faible qualité académique de l’ouvrage[675].
Ainsi, comme le précédent, ce thème de l’intégration culturelle des immigrés donne lieu à des hésitations sur les interprétations et sur les conclusions à donner aux réflexions menées à ce sujet.

Les tensions entre groupes et nationalités.

En 1948, l’Unesco lance une enquête philosophique sur les conflits actuels d’idéologie[676] ; celle-ci n’obtient cependant pas de résultat net. C’est surtout avec le projet Tensions (Tensions Project) que l’Unesco se consacre à des réflexions sur la violence et les tensions qui caractérisent les relations dans la civilisation, à tous les niveaux, du niveau familial au niveau international. Ce projet est élaboré sous l’impulsion du gouvernement américain[677], et d’universitaires américains présents au département des sciences sociales, comme Hadley Cantril, Nathan Leites, Edward Shils, et surtout Otto Klineberg[678]. Ce dernier, Américain d’origine canadienne, est professeur de psychologie appliquée à l’université de Columbia[679].
Le projet Tensions vise à identifier les différentes causes de tensions entre individus, peuples, nations, par l’analyse des facteurs biologiques, psychologiques, éducatifs, culturels, politiques, économiques, juridiques, démographiques, et technologiques. Il vise à comprendre les tensions qui mettent en danger la compréhension internationale par l’analyse des croyances, opinions, préjugés, présents dans les diverses sociétés et responsables de ces tensions, et à élaborer une « thérapeutique »[680]. Trois sortes d’actions sont menées : des ouvrages de synthèse sur les recherches récentes et en cours ; des recherches de première main, notamment sous la forme d’enquêtes de terrain ; et des actions concrètes menées auprès de la population, que ce soit auprès du grand public ou auprès d’un échantillon expérimental de population.
L’ouvrage de synthèse rédigé en 1951 par Otto Klineberg, États de tension et compréhension internationale, fait le point sur les recherches menées par les psychologues et les sociologues, principalement anglo-saxons, sur la question des tensions et des conflits entre groupes et peuples. Il s’attache principalement à une conception nationale des tensions, c’est-à-dire mettant l’accent sur les tensions entre groupes nationaux (chap. I et II). Il élabore aussi une réflexion sur les possibilités de modification des attitudes dans un sens propice à l’apaisement des tensions (chap. III), et sur l’identification, afin de les éliminer, des « influences favorisant l’agressivité » (chap. IV). Par là, cet ouvrage reflète le triple objectif du projet Tensions, qui consiste d’une part à comprendre quels facteurs entraînent les tensions ; d’autre part à identifier les éléments qui les aggravent ; enfin à trouver les moyens de les atténuer.
En fait, ce sont surtout les facteurs psychologiques, culturels, éducatifs, et nationaux, qui concentrent l’essentiel de l’attention des personnes associées au projet. Les facteurs économiques et politiques ne sont quasiment pas traités. Cette caractéristique est représentative de l’orientation idéologique anglo-saxonne du projet, elle révèle l’influence des travaux d’Abram Kardiner sur la « personnalité de base » (selon lesquels l’éducation reçue par un individu dans sa prime enfance exerce une influence prédominante sur sa formation psychique, et contribue à développer des attitudes hostiles envers ceux que sa culture définit comme étrangers), et de ceux de Ruth Benedict et de Margaret Mead sur le « caractère national »[681]. Cette insistance sur les tensions entre groupes nationaux s’explique aussi par le contexte proche de la Seconde Guerre Mondiale.
Otto Klineberg, dans États de tension et compréhension internationale, présente une synthèse des dernières recherches menées dans le domaine psychologique sur les facteurs culturels contribuant aux tensions. Ces recherches, qui s’interrogent sur les causes de la guerre et sur les moyens de l’éviter, témoignent du traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale. Sous l’impulsion notamment des travaux de Quincy Wright, P. Murdock, Margaret Mead, John Dollard, T. Adorno, les psychologues et sociologues anglo-saxons abandonnent l’idée que la guerre serait « due à des poussées impulsives de l’instinct » ; ils estiment que cette idée est réfutée par « une accumulation de faits qui prouvent combien les sociétés diffèrent dans leur comportement agressif »[682]. Le psychologue Ross Stagner développe une théorie affirmant qu’une attitude fataliste à l’égard de l’inévitabilité de la guerre constituerait un élément important de prédisposition à la guerre. D’après cette théorie, plus une nation comporte d’individus qui pensent que la guerre est inévitable, moins cette nation opposera une résistance collective au déclenchement de la guerre[683]. Otto Klineberg s’efforce de populariser ces réflexions.
Le projet comporte aussi des réflexions sur les attitudes propices aux tensions au sein d’une communauté. Elles s’inspirent de recherches menées aux États-Unis dans l’entre-deux-guerres, et notamment des enquêtes ethnologiques de R. et H. Lynd sur Middletown, ville du centre-ouest des États-Unis. Les auteurs y ont observé que les individus y étaient guidés par des valeurs conservatrices et conformistes, par l’hostilité à toute idée sortant de la norme, et par des préoccupations d’ordre économique ; l’analyse du fonds commun de valeurs des habitants de Middletown permet aux auteurs de comprendre les conflits au sein de cette communauté[684]. Sur le modèle de cette étude, l’Unesco lance une série de huit monographies intitulée « Etudes sur les communautés », portant sur des communautés rurales ou urbaines d’Inde, des États-Unis, de Suède, d’Australie et de France[685]. Il s’agit de soumettre un échantillon représentatif de leur population à une série de tests psychologiques pour analyser les tensions qui règnent en leur sein[686]. En France sont entreprises dans ce cadre trois enquêtes, l’une sur une communauté urbaine, Vienne, réalisée par le sociologue belge Pierre Clément[687], les deux autres sur des communautés rurales, l’une en Corse[688], l’autre sur un village de Seine Maritime, Nels-Normandeux, désigné dans l’enquête sous le pseudonyme de Nouville.
Cette dernière enquête est menée sous la direction de Claude Lévi-Strauss[689]. Cette tâche avait initialement été confiée par Klineberg à Lucien Febvre, mais celui-ci la délègue rapidement à Claude Lévi-Strauss, alors sous-directeur du Musée de l’Homme. Celui-ci témoigne : « J’étais enchanté de mettre sur pied une entreprise si neuve à plusieurs égards, mais sans la moindre intention de me lancer sur la voie tracée par mes collègues américains »[690]. Il choisit comme collaborateur Lucien Bernot[691]. C’est sur la suggestion d’un collègue, Paul Leuillot, que Lévi-Strauss choisit le village de Nouville (Nels-Normandeux). Celui-ci présente un intérêt particulier, car, situé près d’une limite départementale qui correspond à une ancienne frontière entre provinces, il rassemble deux genres de vie contrastés, l’un rural, l’autre ouvrier. Lévi-Strauss charge René Blancard de procéder aux tests psychologiques. Il considère pour sa part cette partie de l’enquête comme « une servitude imposée par l’Unesco ». Il se passionne davantage pour l’aspect ethnologique : l’expérience est particulièrement intéressante puisqu’il s’agit d’une des premières tentatives d’enquête ethnologique effectuée sur une société dont la culture est la même que celle de l’enquêteur[692]. Bernot et Blancart partagent pendant huit mois l’existence quotidienne des habitants de ce village. Touché de plein fouet par l’exode rural, se vidant de ses habitants d’origine partis chercher un sort meilleur à la ville, Nouville est peuplé d’enfants de l’Assistance publique de Paris ou de Rouen, placés en apprentissage dans les verreries, où ils connaissent des conditions de travail très dures. Les enquêteurs constatent que la population de Nouville est une communauté isolée, sans cesse renouvelée, aux prises avec des conditions économiques ingrates, et caractérisée davantage par des oppositions et des conflits que par la coopération entre ses membres ; ils y observent une vie sociale apathique, centrée sur la cellule familiale. Les Nouvillois sont repliés sur eux-mêmes, n’ont pas d’esprit d’initiative, et ont de forts préjugés de rejet envers tout ce qui est extérieur à leur village ; les enfants des verreries sont eux-mêmes ainsi qualifiés d’ « étrangers » par les habitants de plus ancienne date ; la xénophobie est très forte[693]. Bernot et Blancart se heurtent, dans la réalisation de leur enquête de terrain, à une forte méfiance de la population. « Jamais personne n’a voulu admettre que l’Unesco pouvait être autre chose qu’un organisme américain », observent-ils ; ils citent à l’appui les propos, représentatifs, d’une femme du village : « L’Unesco c’est l’ONU, et tout ça c’est des histoires d’étrangers… et des étrangers, il y en a trop en France »[694]. Les conclusions de l’enquête, peu flatteuses pour les habitants, et encore moins pour les patrons verriers, ont expliqué le choix d’un nom d’emprunt, Nouville, pour désigner le village[695].
L’enquête sur Nouville semble avoir reçu davantage d’échos dans le monde anglo-saxon qu’en France, où le genre de la monographie métropolitaine, après avoir été très en vogue au début du XXe siècle[696], était au début des années 1950 délaissé par la communauté scientifique[697]. Cela explique en partie, selon Lévi-Strauss, le faible écho obtenu par l’ouvrage en France[698]. En revanche, aux États-Unis et au Royaume-Uni, les échos semblent avoir été plus importants, puisque Métraux évoque dans son journal des discussions qu’il a eues avec Bernot sur « les réactions provoquées dans la presse américaine et anglaise par le chapitre de Nouville concernant les étrangers »[699]. Dans le cadre du projet Tensions, cette étude se différencie de celles menées par des Anglo-Saxons, par le fait qu’elle prend en compte non seulement les aspects psychologiques et culturels, mais aussi économiques et sociaux, pour expliquer les attitudes propices aux conflits et aux tensions.
L’analyse des dossiers de correspondance interne sur le projet Tensions révèle l’existence de nombreux problèmes dans sa réalisation, liés à différents facteurs : conditions administratives, difficulté à obtenir des publications de qualité, enjeux politiques[700]. Ces derniers sont importants pour certains ouvrages, comme pour Conflit et guerre. En 1955, Roger Barnes observe, dans un mémorandum confidentiel à Alva Myrdal, que « le chapitre rédigé par le professeur Jessie Bernard contient beaucoup de comparaisons inacceptables entre la technique de négociation des Américains et celle des Russes » ; cet auteur adopte « un ton continuellement méprisant envers les Russes. Les Américains sont toujours présentés comme ‘réfléchis et courtois’, les Russes ‘vitupérants, agressifs et grossiers’. Je trouve que son attitude n’est pas scientifique et en tout cas qu’elle ne convient pas pour une publication de l’Unesco ». Barnes remet en cause la pertinence du choix de cet auteur pour écrire un tel essai. « Quelqu’un de si imbu des stéréotypes et préjugés nationaux, quelqu’un de si chauvin, peut-il être considéré comme une autorité en matière de relations internationales ? » Barnes est critique non seulement à l’égard de cet essai, mais de l’ensemble du recueil, qu’il juge n’être qu’une accumulation « de platitudes et de lieux communs ». « C’est dommage pour une publication qui est censée représenter le résultat de dix ans d’études sur les tensions », regrette-t-il[701]. Afin de remédier à ces défauts, le personnel du département des sciences sociales se livre à un examen minutieux et à une correction scrupuleuse du manuscrit[702]. Malgré ces efforts, l’ouvrage, publié en 1957, ne parvient pas à recueillir d’échos positifs, et suscite une protestation de la part de la commission nationale soviétique[703].
La réception du projet Tensions dans la société est difficile à évaluer. Pour le faire, on peut se fonder sur les déclarations des représentants des États membres à la conférence générale et au conseil exécutif, sur les correspondances internes des gouvernements, et sur les articles parus dans la presse des États membres. Les représentants des États membres sont souvent critiques ; ainsi, M.H. Holcroft, délégué de Nouvelle Zélande, déplore les nombreux « malentendus » éclos au sein du département des sciences sociales sur la conception de l’esprit et du but du projet Tensions ; il juge le projet « peu maniable et artificiel », ce serait selon lui « un patchwork » hétéroclite ; il considère que « le domaine est trop vaste, et trop exposé aux incursions de dissensions entre les disciplines les plus nouvelles des sciences sociales »[704]. Les correspondances internes entretenues par les gouvernements américain, britannique et français révèlent également un jugement sévère à l’égard de ce projet. Ainsi, en 1950, Arthur Compton estime que les réalisations entreprises dans ce cadre sont trop éparpillées et échouent à obtenir un impact réel[705]. En 1951, le gouvernement français juge qu’elles restent « encore trop modestes et déçoivent l’attente »[706]. Le gouvernement britannique observe, lui, en 1955, qu’« il est douteux que beaucoup de choses valables aient résulté » de ce projet[707]. La presse des États membres, en revanche, si elle évoque rarement ce projet, est, lorsqu’elle le mentionne, relativement positive à l’égard de son esprit, bien que sceptique quant à ses possibilités de résultats concrets[708]. Selon Lengyel, le projet Tensions était dès le départ « ambigu », car son exécution exigeait des personnes associées à sa réalisation un degré de consensus idéologique qui en réalité n’existait pas entre elles ; au contraire, plusieurs conceptions s’affrontaient pour expliquer la persistance des tensions. Il observe aussi que le caractère fragmenté du projet, qui se décomposait en de nombreuses études ponctuelles, échelonnées sur plusieurs années, a nui à sa qualité[709] ; il dénonce la « phraséologie » doctrinale de la plupart des ouvrages réalisés dans ce cadre[710]. En revanche, Otto Klineberg estime que ces ouvrages auraient été pour la plupart « de première qualité »[711]. Lévi Strauss lui aussi estime que certaines des études menées dans le cadre du projet Tensions ont été de valeur[712]. Il est certain que c’est le cas de certaines d’entre elles, notamment celles réalisées par des spécialistes reconnus comme Jean Piaget, Jean Stoetzel, Siegfried Kracauer, Fernand Braudel, Lucien Febvre, Margaret Mead, Raymond Aron, Claude Lévi Strauss, Lucien Bernot, Otto Klineberg ; en revanche, beaucoup d’autres, comme celle de Jessie Bernard précédemment citée, ont été de moindre valeur. Quoi qu’il en soit, leur diffusion semble avoir été très faible dans le public, ce qui constitue un échec par rapport au but visé.
Par ailleurs, ce projet est très marqué par le contexte historique et idéologique dans lequel il s’inscrit : celui du lendemain de la Seconde Guerre Mondiale et du début de la guerre froide. L’insistance mise sur les conflits nationaux, sur l’étude de la mentalité des Japonais et des Allemands (les « pays ex-ennemis »), et la prédominance d’une conception anglo-saxonne des tensions, fondée esssentiellement sur des critères psychologiques et culturels, au détriment des critères économiques et sociaux, en témoignent. L’absence de prise en compte des tensions économiques entre travailleurs et patronat, et des tensions politiques entre les peuples colonisés aspirant à l’indépendance et les puissances coloniales, constitue une lacune de taille, et illustre l’absence d’engagement des programmes de l’Unesco, dans ces annéees, sur les grands problèmes de l’heure.
Après la fin du projet Tensions, l’Unesco et l’institut de Gauting poursuivent les études des conflits dans les groupes, sur le plan psychologique, en abordant parfois des perspectives originales et novatrices, par exemple avec des études sur le rôle du conformisme dans les conflits entre groupes[713], et sur les atteintes portées par la civilisation à la santé mentale[714]. Ces réflexions se heurtent à des réserves persistantes de la part de certains États membres comme le Royaume-Uni[715].
Le projet Tensions donne lieu en outre au lancement de plusieurs études sur les stéréotypes nationaux, portant notamment sur la formation des stéréotypes chez les enfants anglais, sur la comparaison de la personnalité des enfants allemands et anglais, sur les facteurs déterminant les idées des enfants sur les autres nations, sur les stéréotypes répandus au Proche-Orient, sur les stéréotypes nationaux dans la production cinématographique hollywoodienne, sur la manière dont sont présentés les groupes étrangers dans les mass media aux États-Unis[716]. Pas plus que l’étude de Stoetzel, ces ouvrages ne semblent réussir à atteindre leur objectif. Les efforts de l’Unesco pour réduire les tensions entre les nationalités sont restés superficiels.
Plusieurs études sont menées sur les tensions entre nationalités au début des années 1950[717]. Notamment, Jean Stoetzel, professeur de psychologie sociale à la Sorbonne, réalise avec l’aide du japonologue néerlandais Frits Vos une étude sur l’état d’esprit de la jeunesse japonaise de l’après-guerre, Sans chrysanthème ni sabre, étude sur les attitudes de la jeunesse japonaise d’après-guerre (1954)[718]. Le titre est une allusion à l’ouvrage de R. Benedikt, The Chrysanthemum and the Sword (« le chrysanthème et le sabre », 1946). L’enquête vise à battre en brèche les stéréotypes sur le Japon qui ont cours en Occident. Elle porte sur les questions suivantes : « Quelles sont les attitudes des jeunes Japonais à l’égard de l’étranger ? Comment se comportent-ils en face des institutions nationales ? Quelles sont leurs caractéristiques personnelles les plus importantes et les plus significatives ? ». Les enquêteurs réunissent de la documentation aux États-Unis et au Japon, et font réaliser une enquête d’opinion par l’institut national japonais de recherches sur l’opinion publique. Leur tâche se révèle « très difficile et très lourde ». Par l’analyse de nombreux questionnaires adressés à des jeunes Japonais et portant sur leur vision du présent et de l’avenir, Jean Stoetzel conclut à « une profonde crainte de la guerre », à son rejet radical chez les jeunes Japonais, et à leur ferme opposition au réarmement. Il observe la « démoralisation » de ces jeunes, leur repli sur eux-même, leur diminution d’intérêt pour l’idéal familial, leur attrait pour l’étranger (notamment pour les États-Unis), leur esprit pacifiste, leur hostilité envers la guerre. « L’horreur de la guerre perdue est générale, toute idée de revanche paraît absente, le pacifisme et même l’antimilitarisme sont répandus ; ils ne sont cependant pas sans limites et il est à prévoir que, attisés par des vents violents mais dont la direction peut changer, les attitudes actuelles d’une grande partie de la jeunesse, notamment celle des jeunes filles, et aussi celles des ruraux, se laisseront aussi facilement incliner dans une direction différente. Dans toutes ces attitudes des jeunes on ne remarque pas de solution de continuité avec celles des adultes »[719].
Jean Stoetzel reconnaît qu’un certain caractère politique était indissociable de l’esprit de cette enquête. Son texte n’est pas exempt d’une vision revancharde et rancunière envers le Japon : il fait l’éloge du SCAP (Supreme Commander of the Allied Powers), venu « tarir les sources institutionnelles de l’efficacité totalitaire du militarisme et de l’impérialisme japonais ». Son analyse est très marquée par le souvenir du rôle du Japon dans la Seconde guerre mondiale, et par la crainte que la jeune génération japonaise ne suive le modèle négatif de ses aînés, et qu’elle ne « caress[e] des idées de revanche » :
« L’arrogance effrontée avec laquelle le Japon militariste et impérialiste a manifesté au monde sa volonté de puissance, la brutalité de ses agressions sur le continent asiatique et dans l’espace de l’Océan Pacifique, l’acharnement quasi-surhumain de sa résistance militaire et morale quand le sort des armes a commencé à tourner, ont produit dans le monde une impression aussi profonde que durable, ont imprimé pour longtemps dans les esprits l’idée que le foyer d’incendie japonais, maîtrisé en 1945 dans les conditions que l’on sait, couve peut-être encore sous les ruines et les cendres, qu’il mérite d’être surveillé avec une attention soupçonneuse, comme on surveille un volcan, présentement inactif, mais qui pourra à tout instant redevenir redoutable. » [720]
Ainsi, cette étude est empreinte de la peur d’une éventuelle revanche du Japon, sentiment alors très répandu en Occident. C’est ce sentiment qui semble avoir incité l’Unesco à s’efforcer de mettre en place un programme pour le Japon, à étudier l’état d’esprit des Japonais, à « surveiller » ce peuple en quelque sorte. Stoetzel se fait alarmiste et presque antijaponais lorsque, évoquant l’espoir des jeunes Japonais pour une amélioration du Japon, il souligne (ce qui peut paraître contradictoire avec ce qu’il observe plus haut) leur respect envers l’autorité, les traditions, et notamment envers l’empereur, leur « plus grande volonté de puissance » que leurs aînés, leur goût de la gloire[721]. Par là, son étude, destinée à être lue par des Occidentaux, ne contribue pas à apaiser les tensions entre nationalités, mais au contraire à les nourrir, ce qui est donc l’inverse du but recherché.
Au fil des années, ces réflexions sur les tensions s’orientent de plus en plus vers le problème de la violence et de l’agressivité, et sur l’influence qu’auraient les moyens d’information de masse (cinéma, bandes dessinées, télévision) sur leur développement[722]. L’Unesco adopte sur cette question une position modérée, concluant que « les moyens d’information ne sont pas responsables de la violence du monde », mais peuvent « contribuer à propager cette violence », et « peuvent également contribuer parfois à la prévenir »[723]. Par ailleurs, les réflexions prennent aussi en compte, de manière croissante, le rôle des tensions sociales dans l’émergence de la violence[724], aspect qui avait été négligé dans le cadre du projet Tensions. À partir de la fin des années 1960, les réflexions portent aussi sur le problème de la drogue[725]. Une réunion d’experts organisée par l’Unesco en décembre 1972 sur ce sujet reçoit dans la presse française des échos assez importants, mais souvent critiques, donnant notamment la parole au Dr. Olivenstein, qui dénonce la fabrication d’un « mythe » de la drogue ; « nous devrions nous demander pourquoi nous en parlons tant, alors que des problèmes d’injustice et de mort autrement graves se posent partout dans le monde » ; de même, L’Express observe que l’Unesco ne s’intéresse au problème de la drogue qu’à partir du moment où il a commencé à toucher les jeunes occidentaux des milieux privilégiés[726]. L’engagement croissant de l’Unesco sur le problème de la drogue au début des années 1970 est croissant ; il est fortement encouragé par les États-Unis[727].

Des efforts de révision des manuels scolaires.

Afin de lutter, sur le plan de l’esprit, contre les tensions nationales, l’Unesco s’efforce de mener une action de révision des manuels scolaires. Il s’agit de corriger les « documents scolaires qui contiennent des inexactitudes au sujet de certains peuples et pays étrangers ou donnent une image déformée et méprisante des autres civilisations »[728]. Cette action a des antécédents au début du XXe siècle. Dès avant 1914, des protestations s’étaient élevées dans plusieurs revues d’enseignement contre le chauvinisme et le militarisme des manuels. Le CICI avait adopté en 1925 la « résolution Casarès », visant à éliminer des manuels « les passages de nature à semer les germes d’une méfiance réciproque », et l’IICI avait réalisé en 1933 une étude sur La Révision des manuels scolaires et l’entente internationale[729]. Mais cette action n’avait eu qu’une portée très limitée[730], elle s’était heurtée à la réticence des États à faire appliquer de telles mesures qu’ils considéraient souvent comme une ingérence contre la liberté des historiens et des professeurs. Le seul véritable résultat concret avait été la conclusion d’accords bilatéraux entre certains États sous l’impulsion du CICI. Avant 1945, les efforts de révision des manuels scolaires restent surtout le fait d’organismes privés ou professionnels, par le biais de conférences internationales[731]. Les pays scandinaves sont particulièrement actifs dans ce domaine[732].
Après la deuxième guerre mondiale, l’Unesco décide de se lancer dans cette tâche, pour laquelle de nombreux membres de l’Unesco s’enthousiasment, la concevant comme essentielle ; c’est le cas de Torres Bodet et de Bertrand Russell[733]. En 1950 et en 1951, l’Unesco organise à Sèvres un séminaire d’enseignants sur la révision des manuels d’histoire, qui recueille des échos positifs de différentes sources. Certains journaux s’efforcent de rassurer une opinion réticente, comme Le Figaro qui affirme : « il faut tout d’abord détruire sur ce stage une légende. Ces professeurs ne sont pas venus pour bouleverser l’Histoire, pour substituer à l’étude des batailles celle du soulier à travers les âges, ni pour dresser une liste internationale de grands hommes brevetés par l’Unesco, ni pour substituer l’étude de l’histoire mondiale à celle de chaque pays »[734]. L’année suivante, elle envisage de créer un institut pour la préparation des manuels scolaires, à Zagreb[735]. Dans cette action, les commissions nationales jouent un rôle important ; celles de Scandinavie se montrent particulièrement dynamiques[736]. Dans les années 1950, l’Unesco s’intéresse particulièrement à l’harmonisation des manuels d’Orient et d’Occident[737]. En 1949, elle lance une enquête sur les manuels scolaires, dont elle charge les commissions nationales, au moyen d’un plan type d’examen qu’elle leur fournit[738]. Si en Suisse, en Norvège, en Nouvelle Zélande[739], les commissions nationales se montrent très actives à cet égard, beaucoup d’autres ne le sont pas. Néanmoins, à partir des données recueillies, l’Unesco publie en 1953 une vaste étude comparative des programmes d’histoire, de géographie, et d’éducation sociale, sous forme de grands tableaux donnant les programmes par pays et par années de cursus[740]. Dans ses mémoires, Torres Bodet exprime son scepticisme et sa désillusion au sujet de ce plan type : certes, plusieurs pays l’ont approuvé ; « mais combien l’ont adopté en pratique ? Bien plus, combien de ministres de l’éducation ont eu le temps de le lire ? » ; d’autres échos confirment l’absence d’application de ce plan-type[741].
Tout au long des années 1950, les actions de l’Unesco en faveur des manuels restent finalement faibles[742]. Encouragement aux travaux bilatéraux d’harmonisation des manuels, brochures et études, stages et réunions, se multiplient[743], mais aboutissent rarement à des résultats concrets. Les États se montrent souvent peu enclins à modifier leurs manuels ainsi que les y encourage l’Unesco, et, même lorsqu’ils y sont prêts, ils ne réussissent pas souvent à s’entendre sur la manière de le faire[744]. Dès 1952, Torres Bodet reconnaît et déplore que très peu d’écoles ont modifié leurs programmes dans le sens prôné par l’Unesco, que très peu de manuels ont été révisés, et que, dans les divers États membres, très peu de ministres ou de comités de l’éducation se sont penchés sur les problèmes de l’éducation pour la compréhension internationale[745].
L’action d’harmonisation des manuels se heurte aux pesanteurs et à la persistance des préjugés. Ainsi par exemple, le rapport de la réunion d’experts sur l’amélioration des manuels scolaires tenue en mai 1962 à Goslar (RFA) souligne l’importance des efforts qui restent encore à accomplir :
« Le Groupe a constaté, plus d’une fois, la différence considérable qui sépare encore trop souvent la théorie de la pratique. Les principes dont devrait s’inspirer la révision des manuels sont excellents, mais cette révision se fait beaucoup trop lentement, et [...] les résultats laissent beaucoup à désirer. On a signalé des manuels européens dans lesquels les pays d’Afrique et d’Asie étaient considérés uniquement comme sources de matières premières ou comme débouchés commerciaux ; et d’autres manuels qui parlaient toujours de la colonisation, jamais de libération, et dans lesquels les peuples non européens étaient encore qualifiés de non civilisés ou décrits comme tels. »[746]
C’est aussi l’idéologie à donner à ces manuels qui pose problème et qui suscite des divisions. Dès le départ, le projet de réviser les manuels scolaires dans un sens pacifique se heurte à un dilemme : faut-il les réviser dans un sens objectif, ou plutôt dans un sens favorable à la paix et à l’harmonie entre les hommes ? En effet, les deux intentions ne se rejoignent pas forcément. La connaissance de la vérité historique n’entraîne pas forcément un esprit pacifique. La connaissance des injustices sociales et des violences commises par un peuple sur un autre peut en certains cas davantage contribuer à attiser les tensions qu’à les apaiser[747]. Russell, en 1949, estime que l’Unesco doit orienter l’histoire contenue dans les manuels scolaires dans un sens favorable à la paix. « Si vous me dites « ceci est de la propagande », je réponds « toute l’éducation est de la propagande ». […] Il y a seulement de la bonne propagande et de la mauvaise propagande, et ceci, je le dis, est de la bonne propagande », affirme-t-il[748]. Il estime qu’il faut s’efforcer de « faire apparaître les guerres stupides au lieu de les faire apparaître glorieuses »[749]. De même, Charles Ammoun estime que, la révision des manuels scolaires ayant pour but d’améliorer la compréhension internationale, il faut délibérément mettre en valeur l’entente entre les pays et laisser dans l’ombre les conflits, leurs causes et leurs conséquences. « Notre but c’est un apaisement des esprits et une paix actuelle », fait-il valoir[750]. Le projet d’Anthologie des bienfaiteurs de l’humanité envisagé en 1946 s’inscrit dans un tel esprit, dans la volonté de mettre l’accent sur les éléments positifs dans les rapports entre peuples et nations, et de gommer les éléments négatifs, susceptibles d’entretenir la rancœur et les tensions. Pour d’autres en revanche, comme pour C. Ware « ce serait une lourde erreur que de vouloir déformer l’histoire » pour favoriser la paix[751]. L’Unesco s’efforce en fait d’éviter de regarder ce dilemme en face, pour ne pas remettre en cause le bien fondé de son programme, et essaie de concilier les deux alternatives. Ainsi, en 1955, la « déclaration de San Juan » adoptée à la suite d’un stage de l’Unesco sur l’enseignement de l’histoire affirme que « l’enseignement de l’histoire peut contribuer à la compréhension internationale tout en respectant la vérité historique »[752]. C’est en fait plutôt dans le sens d’une présentation positive du monde que s’oriente l’Unesco, s’efforcant de mettre en valeur « l’évolution de la civilisation vers l’unité », la « collaboration internationale croissante » qui marquerait le monde[753].
En 1951, les historiens Lucien Febvre et François Crouzet réalisent pour l’Unesco une étude sur l’enseignement de l’histoire. Ils observent qu’alors que « l’histoire politique et militaire met en lumière les facteurs de division qui séparent les nations », en revanche « l’histoire culturelle, scientifique et sociale au contraire met au premier plan les forces qui agissent pour unir les nations ». Ils concluent que « l’une des tâches qui s’imposent aujourd’hui aux éducateurs de tous les pays » est « d’accroître la place relative de l’histoire « culturelle » par rapport à l’histoire « politique », pour en faire un contrepoids qui permettra à la compréhension internationale de connaître un développement aussi normal que souhaitable ». Ils sont chargés par l’Unesco de mettre au point un « document type », pour illustrer « un exemple concret d’histoire culturelle qui mette en pleine lumière l’interdépendance des nations et soit suceptible d’autre part d’être utilisé dans les établissements scolaires ». Cependant, à l’encontre des principes professés, ce document est caractérisé par un vif nationalisme :
« Nous sommes Français. Nous participons aux destins d’une nation qui a joué dans l’histoire du monde occidental un rôle de premier plan. Nous sommes les héritiers et les bénéficiares d’une des plus riches, d’une des plus belles civilisations qui aient rayonné sur une contrée, elle-même riche et belle. Cette civilisation, notre devoir est de la conserver, de l’enrichir et de la transmettre à nos enfants, comme nos pères nous l’ont transmise à nous. »[754]
On observe en fait dans ce projet une tension entre la profession de foi internationaliste et le maintien de l’idée de civisme national ; si initialement c’est l’internationalisme qui est affirmé[755], en fait l’Unesco évolue peu à peu vers plus de prudence, et s’efforce de faire en sorte que le « civisme international » n’entre pas en concurrence avec le civisme national ; afin de se ménager le soutien des États, il s’agit de « veiller à ne susciter aucun antagonisme essentiel entre l’instruction civique de caractère national et l’éducation pour le civisme international »[756] ; ce qui n’est pas aisé puisque les deux instructions semblent contradictoires. Dans cette perspective plus prudente, l’Unesco estime préférable de remplacer l’expression « éducation au civisme international » par celle d’« éducation pour vivre dans une communauté internationale », car cette dernière « évite les malentendus » que pourrait susciter les mots de « civisme international », qui risquent de « suggérer une allégeance directe, juridique ou politique, envers un pouvoir souverain, autre que celui des États existants ». Cette évolution s’explique par la volonté d’apaiser les craintes exprimées par certains États, notamment les États-Unis. « L’Unesco n’a jamais entendu travailler à la formation de citoyens qui seraient détournés de leur loyalisme national. […] L’action éducative qui incombe à l’Unesco n’a rien de subversif »[757]. L’Unesco est alors confrontée à la tâche difficile de concilier des notions contradictoires ; ainsi le même texte affirme que la perspective nationale est désormais complètement « périmée », au profit d’une perspective mondiale, mais il affirme d’autre part qu’« une conscience mondiale doit tirer sa sève des éléments les plus purs de la tradition nationale »[758].
Par ailleurs, un autre dilemme se pose : vaut-il mieux procéder à partir de l’entourage immédiat de l’élève, puis étudier sa province, son pays, son continent, et finalement le monde entier, ou bien procéder en sens inverse ? Cette question, qui pose le problème de la valeur de l’histoire locale pour la compréhension internationale, reste un sujet de division[759].
En outre, des rivalités s’expriment entre historiens et géographes, certains avançant l’idée que la géographie serait moins susceptible que l’histoire d’attiser les conflits et controverses entre nationalités[760].
Rapidement, l’Unesco prend conscience de la difficulté à définir les orientations idéologiques de la révision des manuels, et reconnaît qu’il est « impossible […] d’établir un programme idéal à appliquer dans le monde entier », d’autant plus que « les différents pays ne sont pas tous au même stade de développement et n’ont pas tous à faire face aux mêmes problèmes »[761].
L’engagement de l’Unesco dans les efforts d’harmonisation des manuels scolaires rencontre un écho assez important dans le grand public, par le biais de la presse[762]. Cependant, cette action se heurte à une hostilité importante de certains milieux, notamment des milieux conservateurs américains[763], et des milieux catholiques[764]. Le plus gros problème reste l’absence de pouvoir de l’Unesco pour imposer ses orientations sur les manuels face aux compétences des États, ce qui condamne en fait bien souvent ses efforts à l’absence de résultat concret[765].


Le désarmement.

L’Unesco s’intéresse dès sa création au danger de guerre atomique et nucléaire et à la question du désarmement. Cependant, son action dans ce domaine se caractérise dans ses premières années par de la timidité, comparée à celle de l’ONU et d’autres organisations et mouvements. La charte des Nations Unies évoque le désarmement comme un moyen de favoriser la paix[766] ; l’ONU crée en 1947 une « commission des armements de type classique »[767], et se préoccupe concrètement du désarmement dans les années 1950[768]. Parallèlement, dès le lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, se mettent en place des mouvements opposés à l’armement, en particulier le Mouvement de la Paix (dès 1948), l’appel de Stockholm (suscité en mars 1950 par le Kominform, qui exige l’interdiction de l’arme atomique et recueille 500 millions de signatures), et la campagne contre la bombe atomique menée en 1954 par Einstein et Russell[769]. Des réflexions se développent au cours des années 1950 sur la coexistence pacifique[770]. Au sein de l’Unesco par comparaison, la préoccupation pour ce sujet apparaît moins vive. La question de la bombe atomique et de l’éventualité de son contrôle par un outil normatif international est évoquée par O. Klineberg en 1951 dans l’ouvrage États de tension et compréhension internationale[771] ; mais cela ne donne lieu à aucun engagement précis de la part de l’Unesco. C’est plutôt sous la pression de divers États membres, comme l’Inde et le Népal[772], ainsi que de l’ONU, qui est depuis plusieurs années engagée sur cette question[773], que, peu à peu, l’Unesco s’engage de plus en plus dans des études sur le désarmement. En 1955, Evans, dans une conférence de presse, annonce que l’Unesco est prête à lancer une grande étude sur le péril mondial de la radioactivité, auprès de tous les pays ayant pratiqué des explosions de bombes A ou H. Cette annonce reçoit des échos importants dans la presse internationale. Le lancement de ce programme est initié par un manifeste de neuf scientifiques, dont six prix Nobel, notamment Einstein, demandant de « mettre au ban la guerre », et diffusé à la radio à Londres début juillet 1955 par Bertrand Russell[774]. L’Unesco s’efforce de sensibiliser l’opinion aux risques de guerre, et à la gravité qu’aurait une guerre atomique[775]. Les milieux scientifiques américains prônent la création d’une commission de l’ONU pour étudier le problème des essais de la bombe H, les effets biologiques des radiations, et ceux des explosions nucléaires[776]. Au sein du système de l’ONU s’exprime une réticence au sujet de l’éventualité que l’Unesco mène un programme sur les usages pacifiques de l’énergie atomique, cela étant considéré comme une tentative d’empiètement par rapport à ses compétences[777].
En 1958-59, une série de conférences internationales tenues à Genève et auxquelles participe l’Unesco amorce le débat sur le désarmement et le contrôle des armes nucléaires[778]. En 1959, Julian Huxley évoque comme l’un des principaux dangers qui menacent le monde « la menace d’une guerre superscientifique, nucléaire, chimique et biologique »[779]. En novembre 1959, l’assemblée générale de l’ONU vote une résolution à l’unanimité pour le désarmement général et complet, sous contrôle international effectif. Peu après, sous l’impulsion de l’ONU, l’Unesco organise une table ronde à ce sujet, réunissant un délégué de chaque État membre, et le conseil exécutif examine deux projets de résolution sur le désarmement. Le premier, présenté par l’URSS, sur « le désarmement général et complet », se heurte à l’opposition des Anglo-Saxons et n’est donc pas adopté[780]. Le second en revanche est adopté, grâce au soutien des États-Unis, dont la politique nationale est alors favorable à une réduction des dépenses d’armements[781]. Dans sa résolution sur « le rôle de l’éducation des adultes et le maintien de la paix », la conférence de Montréal (1960) souligne la nécessité d’agir en faveur du désarmement mondial, afin de libérer des fonds pour l’éducation[782]. En septembre 1961, les négociateurs américain et soviétique, MM. McCloy et Zorine, publient une « déclaration de principes » commune, en vue d’un désarmement général et complet, mais réalisé de manière progressive, par étapes de durée déterminée. Un « traité général de désarmement » commence à être examiné, mais en 1964, son examen est abandonné[783]. En mai 1962, à l’initiative de l’URSS et de la Pologne, le conseil exécutif charge l’Unesco de réaliser un rapport sur les « résultats économiques et sociaux du désarmement »[784]. La conférence générale de 1962, après l’examen de ce rapport, adopte une résolution prévoyant que l’Unesco fournira à l’ONU toutes les informations relevant de sa compétence au sujet du désarmement[785]. En 1962, le « rapport Faure » (du nom de son responsable Edgar Faure) prône « la renonciation aux armes atomiques et l’affectation à des œuvres de vie d’une partie des crédits stérilement investis dans la préparation des guerres »[786]. En 1963, l’URSS réussit à faire adopter par le conseil exécutif, après un long et vif débat, une résolution sur « les tâches de l’Unesco dans l’encouragement du désarmement complet et total à la lumière du Traité de Moscou de bannissement partiel des essais nucléaires »[787]. Si, dans les années 1960, plusieurs personnalités affirment leur espoir en l’Unesco pour contribuer au désarmement, comme Jean Guéhenno en 1964[788] et le prix Nobel de la Paix P.N. Baker en 1966[789], cette action de l’Unesco en faveur du désarmement se heurte cependant aux réserves de plusieurs États, comme la France, qui, en 1963 estime que ce domaine « apparaît purement politique et sortir de la compétence de l’Unesco »[790]. Dans les années 1960, de nombreuses sociétés savantes ou institutions se consacrent à l’étude de la paix et des conflits[791]. Les recherches menées par l’Unesco s’inscrivent dans ce courant.
A l’initiative de l’URSS et d’autres États socialistes, la conférence générale de 1964 adopte une résolution sur « les mesures affectant les résultats économiques et sociaux du désarmement, et la recherche sur les problèmes de la paix »[792]. Le désarmement devient alors l’un des trois thèmes principaux du programme de sciences sociales[793]. En 1965, l’URSS préconise que l’Unesco se livre à l’étude des aspects économiques et sociaux des conséquences d’un désarmement général et complet. Elle prône notamment la réalisation d’une exposition itinérante sur « le désarmemment général et complet et le progrès culturel de l’humanité »[794]. Ainsi, ce n’est pas seulement une action normative qui est prônée au sujet du désarmement, mais aussi des études et de la propagande à destination du grand public. En 1966, la conférence générale adopte une déclaration sur « la contribution de l’Unesco à la paix »[795]. L’année suivante est organisée une série de séminaires de droit international pour l’Afrique et le Tiers Monde. On y réfléchit aux possibilités d’action normative et juridique de l’Unesco pour la paix et les droits de l’homme[796]. Cependant, les oppositions et réticences se poursuivent. Ainsi, à la conférence générale de 1968, la délégation américaine prône l’abandon du projet sur les conséquences économiques et sociales du désarmement, estimant que « plusieurs années d’expérience ont montré clairement qu’aucun résultat significatif ne peut être atteint », et que ce projet ne peut être qu’« infructueux »[797]. En decembre 1971, le secrétaire général des Nations Unies fait un rapport sur « les conséquences économiques et sociales de la course aux armements ». À la fin de la période, l’heure est cependant à un bilan mitigé. Ainsi, en 1972, Alva Myrdal, animatrice du comité du désarmemement des Nations Unies, déplore l’inefficacité des efforts menés par le système des Nations Unies en faveur du désarmement[798]. C’est finalement surtout en des études qu’a consisté l’action de l’Unesco dans ce domaine[799]. En effet, la volonté croissante de Maheu et des pays du Tiers Monde d’aborder de plus en plus les enjeux actuels de la paix et du désarmement se heurte aux « réserves » des puissances occidentales, comme le reconnaît en décembre 1972 un diplomate français dans son rapport sur la conférence générale au ministre français des affaires étrangères. Les puissances occidentales estiment en effet que « ce genre de préoccupations […] a tendance à déborder nettement du cadre des compétences normales de l’organisation ». Ainsi, à la conférence générale de 1972, la position exprimée par les puissances européennes et par les États-Unis est que « les textes proposés débordent les limites de compétence de l’Unesco et que dans ce domaine la contribution de l’Unesco doit être essentiellement indirecte »[800]. C’est surtout à partir de la fin des années 1970 que l’Unesco s’engage de manière plus marquée dans des publications et des résolutions sur le désarmement[801].
Ainsi, l’Unesco, bien que ne possédant pas de pouvoir adapté pour contribuer activement et concrètement au désarmement, y a cependant œuvré avec persévérance et dynamisme avec les moyens dont elle dispose, et semble y avoir apporté une contribution non négligeable.

Les efforts de l’Unesco pour élaborer des valeurs pacifiques communes se sont inscrits nettement dans des contextes politiques : celui du traumatisme de la seconde guerre mondiale, puis celui de la guerre froide, et de la décolonisation. Il apparaît que l’Unesco, loin de précéder ou même d’accompagner les luttes (autour des enjeux actuels), a systématiquement, par prudence politique, eu le plus souvent un temps de retard. Ces efforts présentent en outre des contradictions. Malgré le déploiement de différentes modalités d’action (études et réflexions, action normative, propagande auprès du public…), tous ces efforts semblent donc ne pas s’être révélés aussi fructueux qu’elle l’espérait[802]. Ce relatif échec de l’Unesco à obtenir un impact réel dans ce domaine semble illustré par le fait qu’elle n’ait jamais reçu le prix Nobel de la Paix[803]. Néanmoins, et c’est ce qu’il convient d’analyser à présent, l’Unesco a par ailleurs œuvré à l’établissement d’une culture universelle.


[1] Unesco, Acte constitutif, préambule et article 1, paragr. 2. cf. aussi Abbas Faroughy, L’Acte constitutif de l’Unesco. Ses origines, op. cit., et collectif, Organisations internationales à vocation universelle, op. cit., p. 42.
[2] EU, box 2241 : lettre confid. d’Albert Noyes à William Benton, 24 déc. 1946, p. 10. « Unesco is not a peace making body » ; Ascher, box 149 : « The formulation of Unesco programme », par Robert S. Smith, Harvard, 31 janv. 1949, 131 p., p. 114 ; de même, plusieurs fonctionnaires de l’Unesco, aujourd’hui encore, comme Jens Boel, directeur des archives, affirment que la paix n’est pas le but de l’Unesco.
[3] Autour de la nouvelle déclaration…, op. cit., p. 80-81 : B. Croce dénonce la « futilité » et la « naïveté » d’une telle tentative.
[4] Ascher, box 145 : W. Laves, « Unesco and the achievement of peace », Political Quarterly, avril 1951, 12 p. : « to contribute to the achievement of peace », « to enrich the peace, if and when it comes » ; « confusion ».
[5] CL/2337 : 93 EX/PRIV.SR.1 Prov., annexe 1 ; DG/73/23, 10 déc. 1973, p. 1.
[6] M. Prévost, op. cit., p. 325.
[7] Frederico Mayor, La paix demain ?, op. cit., p. 73-74. « Directement ou indirectement, toute l’activité de l’Unesco tend à la paix ».
[8] EU, box 3229 : rapport de la délégation américaine au secrétaire d’Etat sur la 17e conférence générale (1972), p. 20.
[9] Ainsi, en mai 1950, K. Holland, se fondant sur une conversation avec Roger Seydoux, juge que les fonctionnaires du Quai d’Orsay pensent que « l’Unesco ne pourrait pas apporter de réelle contribution à la solution du problème actuel de la paix et de la guerre, et que ni le DG, ni les membres du conseil exécutif, ni les membres du secrétariat ou n’importe qui d’autre ne serait capable de suggérer ce que l’Unesco pourrait faire spécifiquement pour la paix », et qu’il est inutile de soulever cette question à l’Unesco (EU, box 1603 : lt. de K. Holland au département d’état, 12 mai 1950, p. 4 ; « Unesco could not make any real contribution to the solution of the present problem of peace or war and that neither the DG, the members of the executive board, the members of the Secretariat, or anyone else so far as he knew would be able to suggest specifically what the Organization could do along this line. »)
[10] Stephen Marks, « Unesco and human rights : the implementation of rights relating to education, science, culture and communication », Texas International Journal, vol. 13, 1977, p. 55. Cité dans Khamissa Mofadel Khamsi, Femmes et développement : l’action normative des organisations universelles, thèse de droit, Paris I, 1995, p. 515. Pour Stephen Marks, la contribution de l’Unesco aux droits de l’homme se fait dans deux directions : promotion (publication d’ouvrages et publicité) et protection (instruments normatifs et contrôle). Il ne prend pas en compte l’aspect études et réflexions.
[11] EU, box 2241 : mémorandum de Kotschnig à Thomson, 10 juin 1947 ; 329.18 A 53 CIPSH, I : rapport sur l’enquête sur la liberté, par H.J. Pos, doc. cit.
[12] 329.18 A 53 CIPSH, V : note de Mayoux à Maheu, 9 juin 1949.
[13] Collectif, Autour de la nouvelle déclaration des droits de l’homme, textes réunis par l’Unesco, introduction de J. Maritain, Paris, Sagittaire, 1949, 239 p. Y ont participé notamment Gandhi, Teilhard de Chardin, Aldous Huxley, Salvador de Madariaga.
[14] Autour de la nouvelle déclaration…, op. cit., p. 171-174 : « Les droits de l’homme : le point de vue de la biologie », par R.W. Gerard, juin 1947, p. 158-161 : « Les droits de l’homme : la tradition de l’islam et les problèmes du monde actuel », par Humayun Kabir ; p. 131-145 : « La conception des droits de l’homme en URSS d’après les textes officiels », par Boris Tchechko.
[15] Autour de la nouvelle déclaration …, op. cit., p. 206- 209 : « Les droits de l’homme et les droits du détenu » par Margery Fry ; elle fait référence aux travaux de la SDN qui avait, en 1929, élaboré le projet d’établir, avec la collaboration de la Commission pénale et pénitentiaire internationale, des règles pour le traitement des détenus.
[16] Autour de la nouvelle déclaration..., op. cit., p. 19 : « J’ai appris de ma mère, illettrée mais fort sage, que tous droits dignes d’être mérités et conservés sont ceux que donne le devoir accompli. […] D’après ce principe fondamental, il est probablement assez facile de définir les devoirs de l’Homme et de la Femme et de relier chaque droit à un devoir correspondant qu’il convient de remplir d’abord. On pourrait montrer que tout autre droit est seulement une usurpation » (Gandhi) ; p. 154-157, « Les droits de l’homme dans la tradition chinoise », par Chung-Shu Lo.
[17] Reg 1632, II : lt. de Torres Bodet à Einstein, 15 oct. 1951 ; J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 244 ; Biogr. Leiris : lt. de L.J. Lind à M. Leiris, janv. 1951.
[18] La déclaration universelle des droits de l’homme ; essais basés sur les conférences faites dans le cadre de la 12e école d’été de la FMANU, Genève, Sprint, 1961, 44 p. ; Helen C. White et Madeleine L. Cazamian, Les droits de l’homme : notre tâche ; Londres, International Federation of University Women, 100 p.
[19] Ex : ED/115, 22 janv. 1952.
[20] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 121-122.
[21] F.Valderrama, op. cit., p. 156 ; SCHM 17 : Le Figaro, 21 oct. 1964, p. 28 : « Création d’un Comité de Sages pour l’étude des problèmes que pose la paix mondiale, propose le président de la conférence de l’Unesco », par Rolf Lemoine ; Le Monde, 21 oct. 1964, p. 24 : « L’ouverture de la conférence générale de l’Unesco. M. Carneiro souhaite la constitution d’un comité d’étude des problèmes de la paix ».
[22] En 1964, l’URSS propose une « réflexion » commune « sur les grands problèmes contemporains de la condition humaine » (13 C/PRG/DR.11, 7 nov. 1964). En 1965, elle propose que l’Unesco fasse réaliser une série de rapports contre la guerre par des personnes éminentes dans le domaine scientifique et culturel (X 07 A 120/197 UNSA : 14/C/5 : Propositions de la commission nationale de l’URSS pour l’Unesco sur le programme et budget 1967-68, 31 mai 1965, p. 14).
[23] Silvio Zavala, La défense des droits de l’homme en Amérique latine, XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Unesco, 1964, 65 p. ; FR., Nantes, carton 94 : Unesco/SS/42, 22 avril 1966, Table ronde sur les droits de l’homme, Oxford, 11-19 nov. 1965, rapport final, 10 p., p. 3-4. Cf. notamment parmi les communications présentées à cette table-ronde : « La tradition libérale occidentale des droits de l’homme », par D.D. Raphael, SS/HR/11, 15 oct. 1965 ; « La tradition libérale occidentale des droits de l’homme », par René Cassin, SS/HR/10, 22 oct. 1965 ; « La déclaration universelle des droits de l’homme telle qu’elle apparaît en 1965 », SS/HR/3, 20 septembre 1965 ; FR. Nantes, carton 94 : communication « Les requins et les sardines », 5 déc. 1968, par le R.P. Pire, Prix Nobel de la paix, dans le cadre de l’année internationale des droits de l’homme ; Message du DG à l’occasion de l’Année internationale des droits de l’homme ; Le droit d’être un homme, Paris, Unesco, Payot, 1968, 588 p. ; L’analphabétisme et les droits de l’homme, Paris, Unesco, 1968, 14 p.
[24] Les droits de l’homme : album-exposition, Paris, Unesco, 1950, 34 p. ; E. Delavenay, op. cit., p. 367 ; RP, 25 mai 1951 : Semailles, 20 avril 1951 ; RP, 4 avril 1951 : La Libre Belgique, Bruxelles, 18 mars 1951 et La Liberté, Fribourg, 16 mars 1951, publient un article intitulé « Un ‘Scandale’ à propos d’un Album de l’Unesco » ; RP, 25 mai 1951 : cinq journaux québecquois critiquent cet album ; Le Droit (Ottawa) déplore : « A propos de l’abolition de l’esclavage, l’album passe directement des philosophes stoïciens à Saint Paul sans prononcer le nom du Christ » ; RP, 6 juin 1951 : Orbia Catholicus, Vienne, mai 1951, et L’Action catholique, Québec, 7 mai 1951.
[25] Inclusion de textes sur la religion dans le recueil de textes sur les droits de l’homme en 1952 (ED/115, 22 janv. 1952) ; en 1949, Maritain participe à l’enquête sur les droits de l’homme (J. Maritain, introduction à Autour de la nouvelle déclaration…, op. cit.) ; à la conférence internationale des ONG sur les droits de l’homme, organisée par l’Unesco en 1968, l’idéologie religieuse a une place importante ; ainsi, Malik y affirme que « la dynamique essentielle de la promotion des droits de l’homme » repose selon lui principalement dans les « forces spirituelles et religieuses » (ONG/DH/SR.3, 19 sept. 1968) ; en 1974, l’Unesco organise un débat sur le thème « La paix et les convictions », auquel Maheu invite le cardinal Jean Daniélou, qui est en outre un de ses amis (FR, Nantes, carton 104 : lt. de Maheu au cardinal Jean Daniélou, 22 janvier 1974) ; à la table-ronde sur les droits de l’homme organisée par l’Unesco en novembre 1965, plusieurs communications portent sur la religion (C. Fabro, « Le problème des droits de l’homme dans la tradition judéo-chrétienne » (SS/HR/4) ; Romila Thapar, « Le problème des droits de l’homme dans les traditions hindoue et bouddhique » (SS/HR/5) ; Ali abdel Wahid Wafi, « L’attitude de l’islam à l’égard des droits de l’homme » (SS/HR/7)).
[26] Informal report of the US Delegation to the seventh session ..., doc. cit., p. 15.
[27] Ainsi, le Journal de Genève (20 janv. 1948) exprime des « réserves » sur les initiatives de l’Unesco en matière d’éducation, et critique « leur absolue confiance dans les bienfaits de l’éducation », observant que « de l’éducation on peut faire aussi bien un bon qu’un mauvais usage » (RP/13, 28 janv. 1948).
[28] Unesco, 50 années…, op. cit., p. 43.
[29] Cité dans N. Gaudant, op. cit., p. 38.
[30] 11C/PRG/5, Annexe II ; Tendances actuelles de la recherche scientifique, op. cit.
[31] DG/68/1, 11 mars 1968.
[32] Peter Lengyel, op. cit., p. 12.
[33] X 07.83 Torres Bodet, IV : DG/42, 6 nov. 1949, p. 1-3.
[34] Jean Piaget, Le droit à l’éducation dans le monde actuel ; German Arciniegas, La culture, droit de l’homme ; Liberté de la science ; Lyman Bryson, La liberté de l’information ; La liberté de la création littéraire et artistique ; Maurice Bedel, Problèmes humains du droit d’auteur. Ces essais, publiés aux éditions Sirey, Paris, 1950, sont aussi publiés réunis dans l’ouvrage Les droits de l’esprit, six études sur les aspects culturels de la déclaration universelle des droits de l’homme, Sirey, Paris, 1950, 299 p.
[35] En 1961, le comité consultatif du projet majeur Orient-Occident estime que l’incompréhension entre Orient et Occident a plutôt « sa source première » non pas dans « l’ignorance », mais dans « l’attitude des individus », « faite d’arrogance ou de réticences, d’antagonismes ou de rivalités » (CUA/108, 19-23 juin 1961, p. 4).
[36] EU, box 2254 : Marcel Perrier, « « La politique ne peut pas grand-chose pour la paix », nous dit M. Georges Allen, secrétaire d’état adjoint des Etats-Unis », Le Journal d’Egypte, 6 décembre 1948.
[37] Discours de Torres Bodet se présentant devant la conférence générale, décembre 1948.
[38] RU, FO 371/95913 : lt. de Cowell à Dudley, 11 avril 1951.
[39] Cité dans A. Monclus, op. cit., p. 78.
[40] A la suite d’une réunion d’experts convoquée par le département des sciences sociales le 23 juill. 1948 ; 323.12 A 102 Statement on Race, I : mémo de Maheu à Angell, 17 avril 1950.
[41] SCHM 8 : rapport de Miguel Ozorio de Almeida, 23 août 1949, p. 7 ; SCHM 7 : rapport pour la première réunion du comité d’experts, non daté, p. 1.
[42] Lien-Link n°84, avril-juin 2003 : Patrice Vermeren, « Roger Caillois et la fondation de la revue Diogène. Une boussole mentale à l’épreuve de l’Unesco ».
[43] Rapport de la délégation américaine au département d’état sur la conférence générale de 1972, doc. cit., p. 18 ; 11C/résol. 5.202 ; 12C/résol. 5.202.
[44] CL/1477, 16 mars 1961.
[45] 12 C/PRG/15, « Utilisation des moyens d’information en faveur du renforcement de la paix et contre la propagande de nature à provoquer l’agression et la guerre et à susciter l’inimitié et la haine entre les peuples » ; 61 EX/15.
[46] Ex : Max Egly, « La contribution des moyens d’information de masse à la compréhension internationale », Paris, Unesco, Revue internationale de l’éducation des adultes et de la jeunesse, vol. 16, n°3-4, oct. 1964.
[47] En 1962, l’ONU réunit un comité sur les usages pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, ce qui entraîne un échange de messages entre le président américain et le président du conseil des ministres de l’URSS sur la volonté de coopérer dans ce domaine (Public Papers …, op. cit., vol. VI, p. 205) ; FR, Nantes, carton 128 : 23e ass. gén. de l’ONU, pt. 24 : rapport du comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, A/7285, New York, 1968, 236 p. ; FR, Nantes, carton 128 : note du 5 déc. 1968 ; 15 C/60, 22 août 1968.
[48] RFA, B30, 544 : remarques générales de la délégation allemande sur le projet de programme et budget pour 1969-70, chap. 4.
[49] FR, Nantes, carton 128 : rapport de la réunion d’experts sur le droit à la vie privée, 19-23 janv. 1970.
[50] EU, box 3229 : rapport de la délégation américaine au secrétaire d’état sur la conférence générale de 1972, p. 17-18; 17C/DR 13 Rev.1.
[51] EU, box 2254 : La bourse égyptienne, 2 déc. 1948 : « Un entretien avec le comte Jacini, président de la délégation italienne à l’Unesco », p. 1 et 6, par M.C. Boulad.
[52] The Book of Needs (of 15 war-devastated countries in education, science and culture), I, Paris, Unesco, 1947, 111 p., avant-propos par J. Huxley.
[53] FR, Nantes, carton 117 : rapport de G. Bidault à Robert Schuman, 26 avril 1949, p. 8.
[54] Séminaire sur l’éducation à la citoyenneté mondiale en 1952 (ONU, RAG 2/76 box 7 : ED/122, 13 fév. 1952) ; conférences annuelles d’organisateurs de camps de travail bénévoles internationaux (ONU, RAG 2 /76, Box 10 : lt. de Ch. Taylor à T. Lie, 31 janv. 1952).
[55] Ce programme suscite notamment le vif intérêt du Japon dans les années 1950 (EU, box 1563 : lt. de Harlan B. Clark au département d’état, 15 nov. 1957, p. 2).
[56] Pour mieux connaître les autres peuples ; le programme d’études à l’étranger de l’Unesco, Paris, Unesco, 1955 ; Vacances à l’étranger, répertoire, 1954-66, annuel, Paris, Unesco ; Voyages à l’étranger ; formalités de frontière, Paris, Unesco, 1956 ; Echanges internationaux, répertoire de l’Unesco, Paris, Unesco, vol 1, 1965, 861 p., vol II, 1967, 1102 p. ; Cours de vacances à l’étranger ; cours et bourses de vacances, répertoire 1968-71, annuel, Paris, Unesco.
[57] Analyse de l’influence des voyages et des programmes d’échanges internationaux sur les jeunes, rapport d’un stage d’études, Gauting, 9-13 mai 1960, Institut de l’Unesco pour la jeunesse, 1961, 49 p.
[58] ONU, RAG-2/76, box 11 : Paris, 26 avril 56, réunion internationale d’experts sur la formation professionnelle des journalistes, Unesco, 9-13 avril 1956, conclusions et recommandations, p. 1.
[59] « Les échanges ne contribuent pas nécessairement, par eux-mêmes, à la paix mondiale », remarque de M. Barbier en décembre 1950, lors de la réunion du « Comité consultatif sur l’éducation des adultes » (ED/91, 28 fév. 1951, p. 5).
[60] La déclaration des droits de l’homme est adoptée par l’Unesco le 18 décembre 1948 ; 3 C/110, Res., p. 122. Cité par G Archibald, op. cit., p. 193.
[61] X 07.83 Torres Bodet, IV : DG/42, 6 nov. 1949, p. 4-5.
[62] EU, box 823 : mémorandum de conversation entre Maheu et Harlan Cleveland, 5 juill. 1961, p. 2. Les rapports des réunions organisées dans ce domaine par l’Unesco tout au long de la période révèlent également cette volonté (ex : ED/124, 10 fév. 1953, p. 2).
[63] Elle circule ensuite dans de nombreuses villes d’Europe (J. Torres Bodet, Memorias, III, op. cit., p. 68 ; 37 : 362.92 II : lt. de Maurice Gouineau à B. Drzewski, 24 fév. 1950 ; Le Courrier de l’Unesco, sept. 1949, p. 9 : « La déclaration des droits de l’homme. Une exposition au musée Galliéra à Paris » ; RFA, B 91, 29 : Ecosoc, E/2854/Add.1, 13 juin 56 ; de cette exposition, l’Unesco tire un film (Film Cérémonie et exposition sur les droits de l’homme, n°452, 1949) et un « album-exposition », réalisé en 1950 par Roger Caillois (E. Delavenay, op. cit., p. 367).
[64] X 07.83 Torres Bodet, VII : télégramme de Maheu à Taylor, 17 mars 1951. Fin 1951, cette exposition est présentée à Bangkok (X 07 A 146 « Unesco en action ») ; RFA, B 91, 29 : Ecosoc, E/2854/Add.1, 13 juin 1956 ; lt. de Meynen à l’Auswärtiges Amt, 20 juin 1953.
[65] En 1952, une exposition sur le droits de l’homme de l’Unesco est faite à Clermont-Ferrand (Journal Métraux, op. cit., 12 fév. 1952, p. 356-357) ; en 1952, l’Unesco fait poser une plaque commémorative de la déclaration universelle des droits de l’homme à Grenoble (RP, 18 avril 1952, Le Dauphiné libéré, Grenoble, 18 mars 1952 ; Réforme, 29 mars 1952). En 1955, l’Unesco organise une exposition sur les droits de l’homme à Paris à la Gare de Lyon ; peut-être à cause du choix du lieu, très fréquenté, elle semble recueillir un écho plus important que celle de 1949. Elle est inaugurée par le directeur général Evans, par René Cassin, président du conseil d’état, et par Paul Rivet, directeur du musée de l’homme. Elle recueille l’approbation de la presse, qui estime que c’est une « bonne idée » (Franc-Tireur), qu’elle constituera une occasion pour les voyageurs et employés « d’occuper de façon édifiante et instructive leurs minutes perdues » (Le Monde), et que « la multiplication de ces sortes d’expositions serait à souhaiter à une époque aussi troublée » (Combat) (RP, 10 mars 1955) ; en 1963, la commission nationale américaine organise une exposition sur les droits de l’homme aux archives nationales, centrée sur les archives d’Eleanor Roosevelt dans sa collaboration avec les Nations Unies pour la mise au point de la déclaration des droits de l’homme (Unesco in a decisive decade, op. cit., p. 36.) ; en 1968 est organisée une grande exposition itinérante sur les droits de l’homme, dans le cadre de l’année internationale des droits de l’homme (film n°183, 1968).
[66] Discours du directeur général (ex : DG/47, 10 déc. 1949), concerts, réception d’intellectuels (ex : Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 244). Les reportages tournés par l’Unesco chaque année au siège durant cette journée permettent de se rendre compte de l’importance des moyens mis en œuvre, et du public présent, parmi lequel on note une forte proportion d’écoliers et d’étudiants (Films n° 450, 1962 ; n° 516, 1963 ; n° 395, 1974).
[67] En 1953, le directeur général félicite les Etats membres pour la célébration efficace de cette journée en 1952, qui s’est faite dit-il avec la collaboration enthousiaste des « gouvernements et autorités locales, des universités et des écoles, de la presse, des films, des radios et des télévisions, des ONG, des organisations nationales » (RFA, B 91, 29 : CL/818, 1er sept. 1953) ; en 1956, Jean Thomas estime que la commémoration de cette journée obtient un succès croissant (RFA, B 91, 29 : CL/1138, de J. Thomas, 12 oct. 1956).
[68] RFA, B 91, 29 : lt. de Wolf à von Wendorff, 5 nov. 1953.
[69] RFA, B 91, 29 : rapport de la Arbeitsgemeinschaft der öffentlichen Rundfunkanstalten der BRD, adressé à la commission nationale allemande, 8 avril 1953.
[70] RFA, B 91, 29 : affiche de 1953, Berliner Komitee für Unesco-Arbeit ; lt. de Beck à Schlegelberger, non datée, 1953.
[71] Et en 1963, la commission nationale américaine réalise un guide à l’intention des groupes civiques et communautaires, leur donnant des suggestions pour qu’ils participent à la célébration de cette semaine (Unesco in a decisive decade, op. cit., p. 36.)
[72] Journal Métraux, op. cit., 12 fév. 1952, p. 356-357 ; X 07.83 Torres Bodet, IV : conférence sur les droits de l’homme par Torres Bodet à l’université de Leyden, DG/42, 6 nov. 1949.
[73] 37 A 31 « Manuel pour les enseignants sur la déclaration universelle des droits de l’homme » : lt. de l’assistant DG pour l’éducation au DG, 1er juin 1949 ; ED/Conf.7/3, 2 déc. 1949, réunion d’experts sur l’enseignement de l’histoire, 12-16 déc. 1949, Paris : « Schéma d’un « livre du maître » sur la déclaration des droits de l’homme », par O. Frederick Nolde et Howard Wilson, projet soumis le 15 nov. 1949, 5 p. ; ED/Conf.7/4, Paris, 6 déc. 1949.
[74] La déclaration universelle des droits de l’homme ; documentation et conseils pédagogiques, Paris, Unesco, 1951, 91 p.
[75] ED/115, 22 janv. 1952, p. 3-7.
[76] RFA, B 91, 29 : E/2854/Add.1, 13 juin 1956, doc cit.
[77] Interview Elise Keating.
[78] L’analphabétisme et les droits de l’homme, publié à l’occasion de l’Année internationale des droits de l’homme, 1968, Paris, Unesco, 14 p. ; Le droit d’être un homme, op. cit. ; Quelques suggestions pour un enseignement sur les droits de l’homme, Paris, Unesco, 1969, 167 p.
[79] cf. films n° 846 (1968) et 847 (1968) ; DG/Messages, 28 mars 1968 ; Public papers …, op. cit., vol. VIII, p. 63 : discours de U’Thant à la conférence internationale sur les droits de l’homme, 22 avril 1968.
[80] La commission nationale américaine organise quatre séminaires, des émissions de télévision, et diffuse de manière massive dans le public la déclaration et d’autres textes sur les droits de l’homme (X 07.83 Maheu, lt. de V. Vlad à P.C. Terenzio, 7 juill. 1967, p. 2.)
[81] Table ronde sur les droits de l’homme, Oxford, nov. 1965 : SS/HR/9 : Lamine Diakhate : « Négritude et droits de l’homme ».
[82] Benjamin Fine, « The Unesco and International Education », Journal of educational sociology, vol. 20, n°1, sept. 1946, p. 17-20. Cornelius Kruse, « What Contribution Can philosophy Make To World Understanding ? » Philosophy and Phenomenological Research, vol. 9, n°3, mars 1949, p. 512-530.
[83] X 07.83 Torres Bodet, I : lettre de Torres Bodet à Ernest O. Melby, 28 fév. 1949 : « international citizen ».
[84] 4C/VR.9, 29 sept. 1949, p. 151-154.
[85] ED/124, 10 fév. 1953, p. 5-6 ; DG/166, p. 7 ; Les Nations Unies et le civisme international, Paris, Unesco, 1949, 39 p.
[86] ED/136, 15 fév. 1954, p. 8.
[87] Rapport sur le programme de la 1e conférence générale, 1946, p. 34. Cité dans A. Monclus, op. cit., p. 80.
[88] Journal de la conférence générale de 1947, vol. I, p. 92.
[89] En 1947 (Educ./29/1947, 13 juin 1947) ; trois autres stages ont lieu en 1948 : à Podebrady (Tchécoslovaquie), à Ashridge College (Angleterre), à Adelphi College (New York). En 1950-51, des stages d’études sont organisés au Canada, en Belgique et en France (ED/124, 10 fév. 1953, p. 3) ; en 1952, l’Unesco organise un stage à Rangoon (Unesco, Aims and activities, Lok Sabha Secretariat, New Delhi, oct. 1956, 42 p., p. 12), un à Burma (ONU, RAG 2/76 box 7 : mémorandum de B. Leitgeber à V.J.G. Stavridi, 31 oct. 1952) et un autre aux Pays-Bas. En 1954 (ED/132, 8 fév. 1954) ; en 1955 (Le rôle du maître dans le développement de la compréhension internationale, Hambourg, Institut Unesco pour l’éducation, 1956, 32 p.).
[90] RP/1, 6 oct. 1947 : critique de ces séminaires dans le journal danois Informationen, par un enseignant qui y a participé (15 sept. 1947)
[91] A partir de 1961, l’Unesco diffuse un bulletin semestriel intitulé La compréhension internationale à l’école, qui présente les résultats obtenus par ces écoles associées ; et en 1965, elle publie La compréhension internationale à l’école ; l’œuvre des écoles associées de l’Unesco, Paris, Unesco, 119 p.
[92] La commission nationale américaine, au moyen d’un sous-comité sur l’éducation à la compréhension internationale qu’elle crée en son sein en 1947 (EU, box 2242 : rapport du 2 sept. 1947, NC/Com.Prog.Assgn./SC Int.Und./1, par Ruth E. McMurry). Ex : mise en place d’une « assemblée modèle de l’ONU » dans les écoles de Detroit ; lecture de la Constitution de l’ONU, d’articles sur l’ONU, et réalisation de posters et de bandes dessinées dans les écoles de Cincinnati ; cours sur la compréhension internationale dans les écoles de l’Etat de New York.
[93] Unesco activities in Japan, fév. 1956, Japanese National Commission for Unesco, 62 p., p. 20-22.
[94] Jiya Lal Jain, Unesco in Schools, 1964, New Delhi, USO Book agency, 64 p., p. 58.
[95] X 07 A 14/31 « Unesco, purpose, progress and prospects » : lt. de Guiton à Berkeley, 21 fév. 1957, p. 3. « a far greater impact than the international seminars of educators ».
[96] Jean-Luc Mathieu, op. cit., p. 223.
[97] L’éducation pour la compréhension internationale ; exemples et suggestions à l’usage des maîtres, Paris, Unesco, 1959, 133 p. L’enseignement relatif à l’ONU et aux institutions spécialisées ; bibliographie choisie, Paris, Unesco, 1959, 63 p. Paul Féraud, L’enseignement relatif à la sécurité collective, guide à l’usage des maîtres, Paris, Unesco, 1951, 39 p. ; N.V. Scarfe, L’enseignement de la géographie ; petit guide à l’usage des maîtres, Paris, Unesco, 1952, 116 p. ; C.P. Hill, L’enseignement de l’histoire ; conseils et suggestions, Paris, Unesco, 1953, 131 p. ; La classe de géographie au service de la compréhension internationale, Paris, Unesco, 1951, 38 p. ; Les Nations Unies et le civisme international, Paris, Unesco, 1949, 39 p. ; L’éducation pour la compréhension internationale ; exemples et suggestions à l’usage des maîtres, Paris, Unesco, 1959, 133 p. ; L’influence du foyer et de la communauté sur les enfants de moins de treize ans, Paris, Unesco, 1949, 58 p. Ces publications se font parfois en collaboration avec la Fédération internationale des associations d’instituteurs (ex : L’initiation de l’instituteur à l’apport culturel des diverses civilisations mondiales, Paris, FIAI, 1959, 37 p.)
[98] Asa Briggs, L’éducation des travailleurs pour la compréhension internationale, Paris, Unesco, 1954, 42 p.
[99] Etudes sur l’éducation civique des immigrants ; Australie, Brésil, Canada, et Israël, par C.A. Price, M. Diegues, J. Kage, Paris, Unesco, 1955, 49 p.
[100] Maurice Duverger, La participation des femmes à la vie politique, Paris, Unesco, 1955, 240 p. ; Hélène Sourgen, L’éducation civique des femmes, quelques suggestions pratiques, Paris, Unesco, 1954, 110 p. ; L’éducation civique et sociale de la jeune fille d’aujourd’hui, rapport de la réunion d’experts, Gauting, 1959, 51 p.
[101] RP, 19 oct. 51 : La Croix, 11 oct. 1951.
[102] Benton, dans une lettre de mai 1952 à Ed Murphy, dit qu’elles sont très rébarbatives (cité dans G. Archibald, op. cit., p. 231).
[103] BIE, L’éducation pour la compréhension internationale en tant que partie intégrante des programmes scolaires ; recherche d’éducation comparée, Paris, Unesco ; Genève, BIE, 1968, 258 p.
[104] Jean Roucaute, L’éducation pour la compréhension internationale face aux tensions inter-groupes, rapport et recommandations du séminaire international suisse pour l’Unesco à Fribourg, 20 juill.-2 août 1964, Hambourg, Institut de l’Unesco pour l’éducation, 1965, 125 p. ; C. Osakwe, op. cit., p. 150 ; Quelques suggestions pour un enseignement sur les droits de l’homme, Paris, Unesco, 1969, 167 p. Contribution à l’Année interntionale des droits de l’homme, op. cit. ; BIE, L’éducation pour la compréhension internationale en tant que partie intégrante des programmes scolaires ; recherche d’éducation comparée, Paris, Unesco, 1968, 258 p.
[105] Ex : ONU, RAG-2/76, box 13 : lt. de Martin Hill à David Bickenstaff, 26 nov. 1954 ; lt. de David Bickenstaff à M. Hill, 18 nov. 1954.
[106] Educ./SR.1, 17 avril 1947, p. 2 ; L’Unesco en 1950 : ses buts, ses activitiés, 1950, 21 p., p. 5 ; Educ./20/1947, 17 avril 1947, p. 3 ; Educ/28/1947, p. 6-7 ; DG/168, 6 fév. 1952, p. 7.
[107] Educ./6/1947, 13 mars 1947, p. 2 ; Educ/28/1947, p. 14.
[108] Unesco/Educ./20/1947, Paris, 17 avril 1947, Education de base, réunion d’experts, p. 3-4.
[109] Le Courrier de l’Unesco, nov. 1948, p. 6 : article de J. Huxley « Pour le progrès de la civilisation mondiale ».
[110] L’Unesco décide, à la conférence générale de 1956, de lancer des études tendant à « développer et à améliorer la pratique du sport à des fins éducatives ». L’Unesco a favorisé la création du Conseil international pour l’hygiène, l’éducation physique et la récréation (Revue internationale de l’education des adultes et de la jeunesse, Vol. XIV, 1962, n°4, consacré au sport, p. 187 : note de la rédaction). Sur décision de la conférence générale de 1954, la commission nationale française réalise en 1955-56 une « expérience de diffusion artistique » à Limoges, qui comporte plusieurs manifestations culturelles sur le thème du sport, notamment une exposition « art et sport », un concours pour enfants comportant une épreuve sportive, et une semaine cinématographique sur le sport (X07.21(44) AMS, IV : rapport de M. Delaygue, octobre 1956) ; en 1958, la commission nationale française organise, en coopération avec la direction générale de la jeunesse et des sports, des journées d’étude sur le thème « sports, rythmes, musique et danse » (FR, NUOI 1946-1959, carton n°333 : rapport de la Commission nationale Unesco, 25 sept. 1958 ) ; La place du sport dans l’éducation ; étude comparative, Paris, Unesco, 1956, 66 p. ; cela se heurte au scepticisme de certains pays comme le Royaume-Uni qui y voient un gaspillage des faibles ressources de l’Unesco (RU, ED 157/32 : A brief appraisal of the education programme of Unesco, fév. 1955).
[111] RP, 18 août 1959.
[112] Revue internationale de l’éducation des adultes et de la jeunesse, vol. XIV (1962), n°4 : consacré au sport : « Sport et culture », discours de R. Maheu, prononcé en 1960, p. 189-204 : Il estime « surprenant » et « scandaleux » le « divorce » entre le sport et les formes expressives de la culture ». Il appelle les spécialistes de l’éducation et de l’éducation physique à « travailler à ce rapprochement entre le sport et la culture, ente la culture du corps et celle de l’esprit », qui devraient constituer selon lui « les deux versants d’un même humanisme ».
[113] DG/72/15, 24 août 1972, p. 3-4, 9.
[114] Revue internationale de l’éducation des adultes et de la jeunesse, vol. XIV (1962), n°4 : « Sport et développement de l’être humain » par Ernst Jokl, p. 209-215.
[115] Ibid., « Sport et compréhension internationale » par Philip Noel-Baker, p. 204-208.
[116] Journée d’hommage à René Maheu, Cahier II, p. 32-35 : Arthur Gillette : « René Maheu et le sport à l’Unesco : la clairvoyance humaniste face aux moyens ».
[117] X 07.83 Maheu, VI : aide-mémoire sur les entretiens entre les autorités algériennes et le directeur général, 3 janv-5 fév. 1973, p. 3.
[118] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 315-316 ; J. Huxley, Memories, op. cit., p. 104-105.
[119] RU, CO 859/89/10 : Proposal to set up Unesco film department, rapport du 11 janvier 1946.
[120] EU, box 1601 : rapport de K. Holland, 15 mars 1950 ; EU, box 1603 : rapport d’Arthur Compton au département d’état, 17 avril 1950.
[121] Ex. : film Bridges For Ideas, n°1387, 1951; War on war, n° 170, 1973.
[122] EU, box 2241 : rapport de W. Benton, 23 décembre 1946, doc. cité, p. 4. À la suite de cette conférence, Benton fait des discours en ce sens à la radio américaine ; pour lui, seule l’utilisation des mass media permettra l’établissement de la « démocratie culturelle » (« cultural democracy ») ; discours prononcé à la radio par Benton, 28 décembre 1946, 3 p. Ce projet, adopté par la conférence générale de 1946, n’est cependant finalement pas réalisé, au grand dam de Benton et de la commission nationale américaine (EU, box 2243 : N.C. 3/6 (Rev), 22 septembre 1947, US National commission, 3rd meeting, rapport cité), et c’est dans un cadre national (celui du gouvernement américain) et politique (lié au contexte de la guerre froide), que Benton réussira à mettre à exécution ce projet, avec la radio « La Voix de l’Amérique », créée en juillet 1947, qui vise à répandre l’idéologie américaine dans le monde (G. Archibald, op. cit., p. 197 et 199) ; Journal de la conférence générale de 1947, vol. I, p. 81 ; le projet de radio de l’Unesco avait le soutien également de plusieurs intellectuels français (329.18 A 53 CIPSH, I: lt. de Charles André Fauconnet à J.J. Mayoux, 5 août 1947).
[123] En 1948, l’ONU et l’Unesco demandent, à la conférence des hautes fréquences à Mexico, qu’un créneau de radio soit accordé à un tel réseau de radio international. Cette idée reçoit le soutien de la RTF (EU, box 2252 : rapport confid. de K. Holland, à Ch. Thomson, 27 oct. 1948, p. 7 ; box 2254 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 28 janv. 1949, p. 3) ; X 07.83 Torres Bodet, II : News Bulletin/6/49, 7 p. : 31 mars 1949, Nouvelles de l’Unesco, p. 4 ; Torres Bodet rencontre M. von Ernst, directeur général de l’UIT, afin de préparer un « plan d’action solidaire » Unesco-UIT à cet effet. Si Torres Bodet affirme lors de cette rencontre sa « détermination » et sa volonté de convoquer une conférence internationale sur le sujet, von Ernst en revanche se montre « sceptique ». Les Etats-Unis et l’URSS s’affirment peu désireux de participer à une telle conférence (X 07.83 Torres Bodet, III : compte rendu de Maheu, 25-26 avril 1949, p. 5-6.)
[124] Ex : 3C/PRG/2.1, 8 sept. 1948 : projet de série de radio intitulée Hopes for tomorrow.
[125] L’Unesco réalise entre septembre 1949 et mars 1950 près de 100 « causeries radiophoniques » (G. Archibald, op. cit., p. 198) ; Christian Breunig, op. cit., p. 61-62.
[126] EU, box 1601 : télégr. confid. de K. Holland au secrétaire d’état, 21 fév. 1950 : « undue expenditure » ; Seth Spaulding et Lin Lin, op. cit., p. 32-33 ; EU, box 825 : Position paper, 25 avril 1962 ; Le Courrier de l’Unesco, mai 1964, p. 33 : courrier des lecteurs : lettre de Y. Gubelkian.
[127] Introduction au 24e rapport annuel de l’ONU, 15 sept. 1969, cité dans Public papers …, op. cit., vol. VIII, p. 369.
[128] Public papers..., op. cit., vol. VIII, p. 685-688 : Statement on the proposed UN University, 10 déc. 1971 : « great personal interest » ; « an unconventional and imaginative model for the university ». Selon le gouvernement britannique, U’Thant est personnellement très enthousiasmé par ce projet ; il souhaiterait devenir lui-même le premier recteur de cette université (RU, FCO 61/852 : lt. confid. de Miss Darling à R.B. Bone, 6 oct. 1971).
[129] FR., Nantes, carton 63 : lt. du délégué permanent de la France auprès de l’Unesco, au ministre des affaires étrangères, 23 déc. 1970.
[130] RU, FCO 61/852 : lt. confid. de K.G. Mac Innes à Miss Darling, 5 nov. 1971 ; lt. confid. de Miss Darling à R.B. Bone, 6 oct. 1971 ; EU, box 3229 : rapport de la délégation américaine sur la conférence générale de 1972, p. 10 ; article du Hong Kong Standard, 25 avril 1972 : « New Bid to Get UN Campus in Hong Kong », par Mei Fong ; RU, FCO 61/934 : IOC (72) 113, 5 sept. 1972.
[131] FR., Nantes, carton 63 : commission française pour l’Unesco, Suggestions relatives au projet de création d’une université internationale, 5 p.
[132] EU, box 3229 : rapport de la délégation américaine sur la conférence générale de 1972, p. 10.
[133] Cette structure se consacrerait à des programmes de recherche sur « la coexistence entre peuples de différentes cultures, langues et systèmes sociaux, les relations pacifiques entre Etats, le maintien de la paix et de la sécurité, les droits de l’homme, le changement économique et social, et le développement, l’environnement, l’usage approprié des ressources, la recherche scientifique de base et l’application des résultats de la science et de la technologie dans les intérêts du développement ». RU, FCO 61/934 : Ecosoc, E/L.1461, 12 août 1971, p. 2-5 ; /AC.24/SR.459, 14 sept. 1972 ; 88 EX/6, 3 sept. 1971 ; 89 EX/10, 26 mai 1972 ; 16 C/72, 16 oct. 1970 ; A/RES/2951 (XXVII), 19 déc. 1972 ; P. Lengyel, op. cit., p. 49 ; Ascher, box 145 : memorandum de conversation avec Martin Hill, par Charles Ascher, 12 juill. 1971.
[134] RP 12/49, 28 avril 1949 : La Lanterne, (Bruxelles, 31 mars 1949).
[135] EU, box 2252 : mémorandum de McMurry à Abraham, 21 sept. 1948.
[136] X 07. 83 Thomas, II : rapport de mission de J. Thomas aux Etats-Unis, 22 mars 1948, p. 2.
[137] RP/3/49, 17 avril 1953 : Christian Science Monitor, Boston, 20 mars 1952 ; RP, 11 sept. 1952 : Times Educational Supplement, 22 août 1952 : éditorial « Unesco ‘Un-American’ » : « storm ».
[138] Le American Flag Committee, le Grand Parlor Americanism Committee of the Sons of the Golden West, et le Los Angeles Chapter of the Sons of the American Revolution ; cité dans Times Educational Supplement, 22 août 1952 : éditorial « Unesco ‘Un-American’ » ; « offensive to the patriotic and moral sensibilities of the citizens of the US » ; « un-American ». Cf G. Archibald, op. cit., p. 230.
[139] Dans la classe avec les moins de treize ans, Paris, Unesco, 1949, 89 p. ; pourtant, cette brochure n’avait rien d’anti-américain ni de pro-communiste (G. Archibald, op. cit., p. 231).
[140] Congrès, Vol. 108, 87e congrès, 2e session, 10 janv.-13 oct. 1962 : remarks in House : Unesco book, In the classroom with Children under 13, 23075. Vol. 107, 87e congrès, 1e session, 3 janv.-27 sept. 1961 : 1er août 1961, House, « International control of our schools », p. 14305-14307 ; Vol. 104, 85e congrès, 2e session, 7 janv.-24 août 1958 : remarks in House : Unesco’s role in promotion of international understanding, 6158. En 1963, soit 13 ans après la parution de cette brochure, le représentant Ashbrook dénonce notamment le fait qu’elle prône le développement du jardin d’enfant, ce qu’il interprète comme une attaque directe contre la famille américaine et le patriotisme américain (Vol. 109, 88e congrès, 1e session, 9 janv.-30 déc. 1963 : 12 juin 63, House, p. 10732-10740, « Leftwing extremism » : sénateur Ashbrook (Ohio), p. 10733 : il cite la brochure, p. 54-58 : « infected with nationalism » ; « combat family attitudes ». Même critique de la part du sénateur Lausche : Congrès, Vol. 109, 88e congrès, 1e session, 9 janv.-30 déc. 1963 : 12 nov. 1963, Senate, « Unesco and nationalism », p. 21757-21758 : M. Lausche).
[141] RP, 4 avril 1951 : Avanti (Milan, 16 mars 1951), « propaganda » ; Herbert Read, Education for Peace, 1950.
[142] ED/124, 10 fév. 1953, p. 6.
[143] Background paper 104, Paris, 19 juill. 1950, Unesco launches major world campaign against racial discrimination ; Brands « race » a social myth ; Historical background, 3 p., p. 2 -3 : « a menace to other nations, to objective research, to religion, to democracy and to world peace ».
[144] L’homme, cet être unique, La Presse française et étrangère, Oreste Zeluck éditeur, Paris, éditions de la Baconnière, Neuchatel, 1947 : ce sont 15 essais écrits entre 1927 et 1939. Cf. p. 69-70, 72-73, 161.
[145] Ibid., p. 74. Il reconnaît cependant : « mais ce point, non point qu’aucun autre point eugéniquement significatif de différence raciale, n’a pas encore été scientifiquement établi ».
[146] Ibid., p. 160.
[147] Julian Huxley, Nous Européens, Paris, éd. de Minuit, 1947, p. 8, 289, 299-300, 305-306, 309-311. « Si les sous-espèces primaires, chez l’homme, se sont réellement constituées dans un isolement relatif, chacune étant adaptée à un différent type principal de milieu, on pourrait arguer que modifier brusquement l’ajustement obtenu par des milliers d’années de sélection, cela doit nécessairement produire une certaine dysharmonie » ; « il y a une limite à la quantité de souche étrangère qui peut être absorbée par une nation en un temps donné ».
[148] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 95.
[149] 4C/ résol. 4.2.
[150] Ashley Montagu, Statement on race. An extended discussion in plain language of the Unesco statement by experts on race problems, Henry Schuman, New York, 1951, 172 p., p. 3-6.
[151] 329.18 A 53 CIPSH, VI : lt. d’Yves Brunsvick à Angell, 25 nov. 1949.
[152] Du pays de Vaud au pays du Vaudou. Ethnologies d’Alfred Metraux, dir. Claude Auroi et Alain Monnier, Musée d’ethnographie de Genève, IUED, 1996, 98 p., p. 71-84 : Claude Auroi, « Alfred Métraux à la croisée de deux mondes, anthropologie et développement », p. 82.
[153] 323.12 A 102, I : lt. Angell à Ashley Montagu, 23 mars 1950.
[154] Emile Delavenay, Témoignage, …, op. cit., p. 367.
[155] A.M. D’Ans, Itinéraires I, op. cit., p. 285.
[156] En novembre 1950, il prononce devant le conseil exécutif un discours très engagé, intitulé « racisme et réaction », (A. Métraux, Journal, op. cit., 2 nov. 1950, p. 302).
[157] Le Courrier de l’Unesco déc. 1950 : « M. John W. Taylor est nommé directeur général adjoint de l’Unesco » ; site internet Columbia University : J.Taylor, de 1951 à 1954, a planifié la création du CETA : Chicago Educational Television Association, qu’il a dirigé de 1954 à 1971.
[158] Ex : 323.12 A 01 UIA : correspondance entre l’Union internationale antiraciste (UIA) et l’Unesco.
[159] Notamment Henri Laugier, secrétaire général adjoint de l’ONU en 1950 (J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 121).
[160] Journal Métraux, op. cit., 22 juin, et 6 et 19 juill. 1954.
[161] André-Marcel d’Ans, « Le contenu d’Itinéraires 2 (1953-1961) », art. cit., p. 16.
[162] A. Métraux, 14 juill. 1954 : « L’ennui que ces séances provoquent se transforme en maladie. Je perds la notion du temps. Hier, les séances ont duré huit heures » ; 15 juill. 1954 : « toujours la même chose : morne séance » ; 16 juill. 1954 : « Rien ne se dégage de cette mer d’ennui » ; 20 juill. 1954 : « La discussion du texte d’Hourani, texte clair et bien pensé, me montre à quel point de stupidité un groupe peut parvenir. Chacun ne voit que son petit champ, veut se distinguer par des interventions injustifiées et par des distinguo puérils. Ecœuré, je finis par quitter la séance ».
[163] A. Métraux, Journal, op. cit., 22 juill. 1954.
[164] 3 A 31 Race question in modern science : CL/776, 1949.
[165] Professeur d’anthropologie à Rutgers University (New Jersey), auteur de On Being Human et Man’s Most Dangerous Myth : The Fallacy of Race (Ashley Montagu, Statement on race..., op. cit., p. 5). Le groupe comprend Beaglehole, Frazier, Ginsberg, Lévi Strauss, Costa Pinto, et Kabir ; Claude Auroi, « Alfred Métraux à la croisée…», art. cit., p. 82.
[166] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 96.
[167] 323.12 A 102, I : UNESCO/SS/Conf.1/6, 12-14 déc. 49 ; Roland Breton, Les ethnies, Paris, PUF, Que sais-je, 1981, 127 p., p. 7-8.
[168] 323.12 A 102, I : Déclaration sur la race, 14 déc. 1949, conclusions.
[169] 323.12 A 102, I : mémo de Maheu à Angell, 17 avril 1950 . Cette procédure prudente est celle qui a déjà été suivie pour la « Déclaration sur l’origine des guerres » en 1948.
[170] 3 A 31 Race question in modern science : CL/776, 1949 ; lettre de Robert Angell à Juan Comas, 12 mai 1950 : l’Unesco considère la « déclaration sur la race » comme « un document fort important » et est déterminée à lui donner « toute la publicité nécessaire » ; 323.12 A 102, I : mémo de Maheu à Angell, 17 avril 1950.
[171] 323.12 A 102, I : lettres de Gordon Fraser, chef de la division de la radio, à différents responsables de radio dans divers pays, 12 juill. 1950 ; Ashley Montagu, Statement on race …, op. cit., p. 8-10 ; A. Métraux, Journal, op. cit., 25 août 1950, p. 290 : la radio de l’université Columbia a transmis la déclaration sur la race sur toutes ses stations, même dans le sud, à la grande satisfaction de l’Unesco.
[172] 323.12 A 102, I : lt. de Douglas Schneider à Alva Myrdal, 16 oct. 1950.
[173] Ashley Montagu, Statement on race..., op. cit., p. 7.
[174] 3 A 31 Race question in modern science : CL/776, 1949.
[175] Ashley Montagu, Statement on race,…, op. cit., p. 8.
[176] 323.12 A 102, I : texte critique de H.V. Vallois, sur cette déclaration, 3 p. : Vallois conteste notamment les paragr. 4, 8, 14, 15.
[177] 323.12 A 102, I : lt. de K. Little à l’Unesco, 23 oct. 1950.
[178] 323.12 A 102, I : lt. de L.C. Dunn à Robert Angell, 11 janvier 1950 ; « A few of the Statements assume more knowledge than we have at the moment » ; « A less dogmatic attitude would be more persuasive ».
[179] 323.12 A 102, I : lt. d’O. Klineberg à R. Angell, 25 janv. 1950 : « less dogmatic than it now is ».
[180] 323.12 A 102, I : lt. de William Jagg à A. Métraux, 13 nov. 1950.
[181] 323.12 A 102, I : lt. de la commission nationale britannique (A. Thompson), au DG, 12 déc. 1950.
[182] Pour le Sénateur Humphrey, le rapport sur la race, « écrit par des experts anthropologues et sociologues de premier plan », n’a rien de choquant, puisqu’il démontre la vérité du « concept de base judéo-chrétien de la fraternité humaine » (Congrès, vol. 96, 81e congrès, 2e session, 3 janv. 1950-2 janv. 1951 : 7 sept. 1950, Senate, « Unesco », p. 14379-14380 : « basic Judaic-christian concept of human brotherhood »).
[183] Congrès, vol. 96, 81e congrès, 2e session, 3 janv. 1950-2 janv. 1951 : article : « findings of Unesco panel studying race problem », A 5448; et rapport « Race problems by Unesco », 14379.
[184] RP, 8 mai 1951 : ex : Cahiers du sud, Marseille, n°304 ; RP, 17 mai 1951 : ex : Truth (Londres), 20 avril 1951.
[185] RP, 17 mai 1951 : Europe-Amérique, Bruxelles, 12 avril 1951 : article d’Alfred Fabre-Luce : « L’Unesco ressuscite le racisme » ; RP, 5 janv. 1951 : Le Messager d’Athènes, 25 janv. 1951, « les problèmes anthropologiques et l’Unesco », par J.G. Koumaris.
[186] 323.12 A 102, I : lt. d’Angell à Lawson, 19 avril 1950.
[187] Ainsi, Torres Bodet reproche à A. Métraux « d’avoir laissé de côté l’aspect moral du problème » (A. Métraux, Journal, op. cit., 24 août 1950, p. 290). Or, c’était intentionnellement que Métraux n’avait pas abordé l’aspect moral dans la préface, « par crainte d’employer des mots sonores et creux ».
[188] 323.12 A 102, I : lt. d’Angell à Lawson, 19 avril 1950.
[189] 323.12 A 102, I : lt. de Métraux à Margaret Mead, 14 nov. 1950 ; lt. Maheu à Martin, 2 nov. 1950 ; article dans la revue Man, janv. 1951, p. 17-18.
[190] 323.12 A 102, I : lt. de Métraux à Melville J. Herskovits, 7 nov. 1950 ; lt. de Maheu à Martin, 2 novembre 1950. Cette décision suscite l’approbation du Cooperating Body for Social Sciences, qui recommande que le nouveau rapport soit soumis, avant publication, à l’Union internationale des sciences anthropologistes et ethnologiques (323.12 A 102, I : commission nationale britannique (A. Thompson), 12 déc. 1950 au DG) ; en janvier 1951, le journal Man approuve la décision de l’Unesco de réviser la déclaration, en s’assurant de « l’assentiment de toutes les autorités reconnues » (RP, 29 juill. 1954 : Man, janv. 1951, p. 17-18).
[191] 323.12 A 102, I : lettre de Margared Mead à A. Métraux, 6 nov. 1950, New York ; lt. de Métraux à Mead, 14 nov. 1950 ; lt. de Métraux à Melville J. Herskovits, 7 nov. 1950.
[192] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 98. « omitido - de buena fe - ciertos nombres indispensables » ; « la inquietud de que la Unesco iniciase en firme una campana de education contra las practicas del racismo ».
[193] Le mot ethnie a été forgé par Vacher de Lapouge, dans Les sélections sociales, en 1896. Mais ce n’est que lentement qu’il s’est imposé dans l’usage courant (Roland Breton, Les ethnies, op. cit., p. 5.)
[194] A. Métraux, Itinéraires I, 28 août 1950, p. 291.
[195] Ashley Montagu, Statement on race, ..., p. 8-10. J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 97 : le texte du 8 juin 1951 est « acaso meno enfatico » (« peut être moins emphatique ») ; Déclaration sur la race et les préjugés raciaux, adoptée par la conférence générale à sa 20e session, 27 nov. 1978, Paris, Unesco, 51 p.
[196] A. Métraux, Journal, op. cit., 5 fév. 1952, p. 355. « L’article de Fagg est odieux et haineux. […] Je prévois des accusations, des lettres blessantes. Celle que A. Montagu a écrite à Mrs. Myrdal est déjà haineuse » ; Journal Métraux, op. cit., 15 et 17 nov. 1952, p. 392.
[197] Seth Spaulding et Lin Lin, op. cit., p. 79 ; 13 C/PRG/32, 22 oct. 1966.
[198] DG/67/4, 12 juillet 1967, p. 5.
[199] Quatre déclarations sur la question raciale, Paris, Unesco, 1969, 58 p.
[200] Seth Spaulding et Lin Lin, op. cit., p. 89 ; adopté par la 20e conférence générale le 27 nov. 1978 ; Déclaration sur la race et les préjugés raciaux, 27 nov. 1978, doc. cit.
[201] Benton, box 401 : lt. de Robert Leestma, département d’état, à Benton, 28 juin 1967.
[202] ODG/DG/699/2203 : allocution de Maheu à l’ouverture du cycle de conférences sur la question raciale et la pensée moderne, 22 mars 1971, p. 3.
[203] La sous-commission sur la prévention de la discrimination et de la protection des minorités de l’ONU a en 1954 chargé Charles Ammoun de préparer une étude sur le sujet. Publiée par l’ONU en 1957, cette étude recommande la mise en place d’une convention internationale sur la discrimination dans l’éducation. Ammoun a aussi présidé le Comité d’experts groupant environ 60 techniciens et juristes désignés par les Etats membres, mis en place par l’Unesco pour mettre au point la convention. La convention est adoptée en déc. 1960. X 07.83 Maheu, IV : note sur la coopération entre l’Unesco et le Liban, préparée à l’occasion de la visite officielle de Maheu à Beyrouth, 13 janv. 1967, p. 1 ; Charles Daoud Ammoun, Etude des mesures discriminatoires dans le domaine de l’enseignement, New York, Nations Unies, 1957 (cité par D. Sioen, op. cit., p. 115) ; D. Sioen, op. cit., p. 113-116, 121 ; E/CN.4/Sub.2/181/Rev.1. (cité dans Khamissa Mofadel Khamsi, op. cit., p. 520 )
[204] EU, box 821 : USDEL 11 C/17, 20 sept. 1960 ; 10C/23, 8 oct. 1958.
[205] Elles entrent en vigueur en mai 1962. Les Etats-Unis ratifient seulement la recommandation. En 1961, le département d’état américain publie un communiqué de presse affirmant que cette convention ne concerne pas les Etats-Unis, mais seulement les pays où règne une discrimination des filles dans l’enseignement, que par conséquent les Etats-Unis n’ont pas bsoin de la ratifier (G. Archibald, op. cit., p. 282-283 ; Chris Osakwe, op. cit., p. 163-164).
[206] Congrès, Vol. 108, 87e congrès, 2e session, 10 janv.-13 oct. 1962 : articles and editorials : Unesco : antidiscrimination programs, 16155, 16156; Unesco convention, A6415 ; letters : Unesco treaty convention against discrimination in education, Mrs. Richard, M. Kuhn, A 7082 ; remarks in House : Unesco convention against discrimination, 6410 ; remarks in Senate : Unesco antidiscrimination program, 16155; Vol. 107, 87e congrès, 1e session, 3 janv.-27 sept. 1961 : 1er août 1961, House, p. 14306 : « International control of our schools » : Ashbrook (Ohio). Vol. 108, 87e congrès, 2e session, 10 janv.-13 oct. 1962 : 11 avril 1962, House, « Small business failures on the new frontier », p. 6398-6412 ; en particulier p. 6410 : M. Hiestand: dit que « the US faces the threat of takeover by Unesco of its entire school system for purposes of socialization ». « The treaty could hand our American education system over to international control. It could automatically remove education from under « domestic » law and control. It encompasses every phase and facet of education ».
[207] Editorial du 27 juill. 1961 du Wanderer, hebdomadaire catholique : « Blanck check for Unesco ? » : « A Unesco resolution awaiting US senate ratification would commit the US to socialize its education » ; cité dans Congrès, Vol. 107, 87e congrès, 1e session, 3 janv.-27 sept. 1961 : 1er août 1961, House, p. 14306 : « International control of our schools » : Ashbrook (Ohio) ; EU, box 823 : Dillon Examiner, 27 sept. 1961, p. 7 , « Writer Says Unesco Is Threat To Education in United States », par Harvey P. Griffin.
[208] Notamment le cardinal McIntyre et l’archevêque de Los Angeles (cité dans Congrès, Vol. 107, 87e congrès, 1e session , 3 janv.-27 sept. 1961 : 1er août 1961, House, p. 14306 : « International control of our schools » : Ashbrook (Ohio)).
[209] Congrès, Vol. 108, 87e congrès, 2e session, 10 janv.-13 oct. 1962 : 10 août 1962, Senate, p. 16155-6 : « Unesco anti-discrimination program » : M. McGee.
[210] EU, box 824 : lt. d’Eloise E. Mount, de Atwood, Illinois, 19 janv. 1962, à Dean Rusk, secrétaire d’état : « it is very frightening to know that our gouvernement is considering adoption of a treaty that would make Unesco binding upon every citizen ».
[211] Congrès, Vol. 108, 87e congrès, 2e session, 10 janv.-13 oct. 1962 : 10 août 1962, Senate, p. 16155-6 : « Unesco anti-discrimination program », McGee.
[212] EU, box 3213 : 15 USGC/21.3/1, 1er oct. 1968, position paper, draft program and budget for 1969-70, p. 3 ; en 1970, la commission nationale américaine adopte une résolution prônant la ratification par les Etats-Unis de la convention, et estimant que la non ratification par les Etats-Unis aurait constitué « une anomalie (Congrès, Vol. 116, 91e congrès, 2e session, 19 janv. 1970-2 janv. 1971 : 29 janv. 1970, Senate, « Education for all », p. 1779, M. Proxmire : parle de la commission nationale américaine ; « an anomaly ». Rapport de la commission nationale américaine, 1970, « The US and the education treaty »). La même année, au congrès américain, le Sénateur Proxmire prône la ratification de cette convention par les Etats-Unis (Congrès, Vol. 116, 91e congrès, 2e session, 19 janv. 1970-2 janv. 1971 : 29 janv. 1970, Senate, « Education for all », p. 1779, M. Proxmire ; Vol. 116, 91e congrès, 2e session, 19 janv. 1970-2 janv. 1971 : 2 fév. 1970, Senate, « Education for all », educational treaty, US national commission on Unesco, p. 2113 : M. Proxmire).
[213] 342.733 A 022/103 ED : protocole instituant une Commission de conciliation et de bons offices chargée de rechercher la solution des différends qui naîtraient entre Etats parties à la Convention concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l’enseignement : adopté par la conférence générale en déc. 1962, et entré en vigueur le 24 oct. 1968 : doc. du 8 mars 1971.
[214] Contre les discriminations : pour l’égalité devant l’éducation, Paris, Unesco, 1962, 86 p. ; 2e édition 1963 ; 77 EX/8.3 ; 100 EX/CR 2 ; K. Mofadel Khamsi, op. cit., p. 536. En 1967 est mis en place pour le remplacer le Comité spécial sur la discrimination dans le domaine de l’enseignement. En 1978, une nouvelle décision (104 EX/3.3) remplace cette procédure : c’est désormais le « Comité sur les conventions et les recommandations » qui doit examiner les plaintes ; 342.733 A 022/103 ED : protocole instituant une Commission …, doc. cit.
[215] A. Métraux, Journal, op. cit., 20 mars 1952, p. 365.
[216] 3 A 31 Race question in modern science : lt. A. Métraux à O. Klineberg, 10 mai 1950 ; Journal Métraux, op. cit., 29 janv. 1952, p. 352 : choix de Michel Leiris.
[217] 3 A 31 : Race and Mental Health : lt. de Métraux à Piat et Pichon, 3 nov. 1955. ; lettre de Kubie à Métraux, 11 avril 1958 ; lt. de Métraux à Daniel Levinson, 4 juin 1958 ; mémo de Métraux à Kellerman, 11 juin 1958 ; lt. de Métraux à Hermann, 21 oct. 1958.
[218] EU, box 2254 : La Bourse égyptienne, 2 déc. 1948 : « Un entretien avec le comte Jacini, président de la délégation italienne à l’Unesco », p. 1 et 6, par M.C. Boulad.
[219] La question raciale, Paris, Unesco, 1950, 11 p.
[220]Le concept de race : résultats d’une enquête, Paris, Unesco, 1953, 113 p. ; Juan Comas, Les mythes raciaux, Paris, Unesco, 1951, 54 p. ; Harry L. Shapiro, Les mélanges de races, Paris, Unesco, 1954, 57 p. ; Leslie Clarence Dunn, Race et biologie, Paris, Unesco, 1951, 59 p. ; G.M. Morant, Les différences raciales et leur signification, Paris, Unesco, 1952, 51 p. ; G.M. Morant, Les différences raciales et leur signification, Paris, Unesco, 1952, 51 p. ; Diana Tead, Qu’est ce qu’une race ? Des savants répondent, Paris, Unesco, 1952, 87 p.
[221] 3 A 31 Race question in modern science : lettre de A. Métraux à Alan Burns, 30 janvier 1951, représentant permanent du Royaume-Uni au Conseil de sécurité des Nations Unies.
[222] Journal Métraux, op. cit., 22 juill. 1954.
[223] RP, 7 déc. 1951 : La Vie Juive, Bulletin du Jewish World Congress, Paris, nov. 1951 : article de E. Namenyi ; 5 avril 1954 : Cahiers sioniens (n°2-3, 1953).
[224] RP, 30 nov. 1951 : Les Cahiers socialistes, Bruxelles, novembre 1951 : « l’attitude adoptée par ces savants nous laisse quelque peu perplexe. Ne semblent-ils pas, en effet, considérer le racisme comme une théorie scientifique ? […] Ne convient-il pas d’admettre que, toutes proportions gardées, il concerne davantage le psychologue que le biologiste ? » ; RP, 7 mars 1952 : Mondes d’Orient, Paris, février 1952 : article « Le racisme et l’union française », par Charles-André Julien, professeur d’histoire coloniale à la Sorbonne : « le meilleur procédé est la mise en contact personnelle et intime des hommes de races différentes » ; RP, 19 mai 1953 : Revue de Paris, mai 1953 : Paul-Louis Bret critique « l’enquête sur le mythe des races qui, concluant non sans arrières-pensées politiques à la complète inexistence de celles-ci, a suscité, dans le monde savant, des protestations d’autant plus vives que l’affaire avait été lancée avec une publicité naïve et qui dépassait son objet » ; 3 A 31 : Race pamphlets, I : Scrinium (revue liée à Pax Romana, Fribourg) mai 1954 : « Combien sont divergentes les opinions des spécalistes à ce sujet ! […] Les experts consultés par l’Unesco n’ayant pu s’entendre pour définir la race, la valeur « scientifique » des autres brochures de la série souffre évidemment de ce vide initial. D’autre part, c’est la méthode elle-même qui est fausse : ce n’est pas en essayant de minimiser par la science les différences raciales que l’on combattra efficacement le racisme et spécialement l’antisémitisme. Racisme et antisémitisme sont des positions doctrinales et des attitudes qui relèvent de l’éthique ».
[225] 3 A 31 Race question in modern science : lettre d’A. Métraux à J. Comas, 16 sept. 1952.
[226] A.M. d’Ans, Itinéraires I, p. 352.
[227] Journal Métraux, op. cit., 29 fév. 1952.
[228] Journal Métraux, op. cit., 5 mars 1952.
[229] Ibid., 13 mars 1952 ; 25 mars 1952 : « déjeuner avec Diana Tead, qui pense quitter l’Unesco » ; 1er avril 1952 ; 10 avril 52 ; 11 avril 1952 ; 15 avril 1952 ; 21 avril 1952 ; 8 avril 1953 ; 29 fév. 1952 ; 2 mars 1952 ;13 mars 1952 ; A.M. d’Ans, Itinéraires I, op. cit., p. 352.
[230] 3 A 31 Race question in modern science : lt. d’E. de Dampierre à E. Delavenay, 28 janv. 1960 ; mémo de T. Boclet à A. Métraux, 16 juin 1960 ; Le racisme devant la science, Paris, Unesco, Gallimard, 1960, 544 p.
[231] 3 A 31 Race question in modern science : mémo de T. Boclet à A. Métraux, 16 juin 1960 ; lt. A. Métraux à A. Bertrand, 26 juill. 1960 ; lt. Peter Thorp, à M. Brown, manager des ventes de Columbia University Press, 1er sept. 1960 : notamment, Race et Biologie, de L.C. Dunn, apparaît très daté et devant être entièrement réécrit.
[232] 3 A 31 Race question in modern science : mémo de T. Boclet à A. Métraux, 16 juin 1960.
[233] P.-A. Taguieff, op. cit., p. 78-83.
[234] Otto Klineberg, Race et psychologie, Paris, Unesco, 1951, 44 p. ; Race et civilisation, Paris, Unesco, 1951, 48 p. ; Kenneth Little, Race et société, Paris, Unesco, 1952, 61 p. ; Marie Jahoda, Relations raciales et santé mentale, Paris, Unesco, 1960, 48 p. ; Cyril Bibby, Race, prejudice and education, Londres, Heinemann, 1959, 90 p. ; Arnold M. Rose, L’origine des préjugés, Paris, Unesco, 1951, 44 p.
[235] Le Courrier de l’Unesco, n° de juin, juillet, août, septembre 1958 : l’étude d’Arnold M. Rose y est publiée dans une série de quatre articles sous le titre « Les préjugés et leurs racines profondes ». Cf. aussi G. Archibald, op. cit., p. 267.
[236] 3 A 31 Race question in modern science : concernant l’ouvrage « Race et histoire » par Claude Lévi-Strauss : mémo de A. Métraux à D.H. Schneider, 13 mai 1952.
[237] Cl. Lévi-Strauss, Le Regard éloigné, Paris, Plon, 1983, préface.
[238] Cl. Lévi Strauss et Didier Eribon, De près et de loin, suivi d’un entretien inédit « Deux ans après », éditions Odile Jacob, 1990, p. 90 ; Claude Lévi Strauss, Race et histoire, Paris, Unesco, 1952, 50 p. ; RP, 16 décembre 1953 : Cahiers du sud (Marseille) : « Le hasard et les civilisations », par Gabriel Audisio.
[239] Cl. Lévi Strauss et Didier Eribon, op. cit., p. 122.
[240] Titre du livre de V. Panoff, op. cit.
[241] 3 A 31 Race question in modern science : lt. de Métraux à K. Little, 21 avril 1952 ; et plusieurs lettres de Métraux, 2e moitié de l’année 1952.
[242] 3 A 31 Race question in modern science : lt. de Quintin Whyte au DG, 23 avril 1953 ; lt. de Métraux à G. de Lacharrière, 9 nov. 1955.
[243] A.-M. d’Ans, Itinéraires II, op. cit., 1er oct. 1954.
[244] 3 A 31 : Race pamphlets, I : lt. de Métraux à B. Aleksander, 31 déc. 1957.
[245] 3 A 31 Race question in modern science : memorandum de Gerhart Saenger, New York University, janvier 1954, confidentiel : « The Effectiveness of the Unesco Pamphlet Series on Race », 20 p., p. 1-2.
[246] Biogr. Leiris : contrat entre M. Leiris et l’Unesco, du 16 fév. 1951 ; Michel Leiris, « Les causes sociales du préjugé de race », 1951, 5 p.
[247] Ibid., p. 2-5. « les nombreux croisements qui se se sont opérés entre races diverses dès les époques les plus reculées prouvent que d’une race à l’autre il n’y a jamais eu de répugnance instinctive ».
[248] 3 A 31 : Race pamphlets, I : lt. Métraux à Chevalier, 11 avril 1951.
[249] Journal Métraux, op. cit., 5 mars 1952.
[250] 3 A 31 Racial Problem in the Light of Historical Materialism : lt. confid. de Métraux à Marshall, 29 avril 1958.
[251] 3 A 31 : Racial problems ... : lt. du département des sciences sociales à Kammari, 7 mai 1958 ; « the approach will be in line with that of other brochures of the series, which have avoided direct reference to policies and have concentrated on the basic philosophical or ideological principles on which these policies are founded. […] A certain caution should be observed in dealing with situation involving Member States. It is one of Unesco’s rules that passages dealing at lenght with member states have to be submitted, before publication, to the interested member states for comment ».
[252] 3 A 31 Racial Problem .. : plan de l’ouvrage, envoyé par Kammari à Métraux ; lt. de Métraux à Marshall, 29 avril 1958.
[253] 3 A 31 Racial Problem… : lt. de K. Szczerba-Likernik à A. Bertrand, 4 janv. 1960.
[254] 3 A 31 Racial Problem ... : lt. d’A. Bertrand à T.H. Marshall, 6 janv. 1960.
[255] Manuscrit de Kammari, p. 14-15 et 35-36, cité dans : 3 A 31 : Racial problems ... : Observations sur le manuscrit de Kammari, non datée, 5 p. « In the USA, the racist ideology has gradually penetrated all the spheres of economic, political and cultural life of the country ».
[256] 3 A 31 Racial Problem … : memo d’E. Delavenay à Jean Thomas, 30 juin 1960 : rapport du Comité de lecture.
[257] Observations sur le manuscrit du prof. Kammari, doc. cit.
[258] 3 A 31 Racial Problem ... : lt. d’A. Métraux à A. Bertrand, 11 juill. 1960.
[259] 3 A 31 : Racial problems … : Quelques considérations sur le manuscrit du prof. Kammari, 5 p., p. 3-5.
[260] José Matos Mar, « Race et culture», in Présence d’Alfred Métraux, 1992, Paris, Unesco, p. 67-74, p. 71-72.
[261] 3 A 31 : Race pamphlets. I : lt. Métraux à Congar, 16 avril 1952 ; A. Métraux, Journal, op. cit., 25 avril 1952 ; CL/783, 3 juillet 1953 ; Yves Congar, L’Eglise catholique devant la question raciale, Unesco, Paris, 1953, 63 p., p. 18, 22, 34, 36, 57-58.
[262] 3 A 31 : Race pamphlets. I : CL/783, 3 juill. 1953.
[263] 3 A 31 : Race pamphlets. I : lt. de Métraux à Congar, 17 avril 1953.
[264] A. Métraux, Journal, op. cit., 26 mai 1953 : rencontre de Mme Archinard, de Pax Romana ; 3 A 31 : Race pamphlets. I : l’Unesco écrit à de nombreux ecclésiatiques et à de très nombreux directeurs d’organisations internationales catholiques, juill. 1953.
[265] 3 A 31 : Race pamphlets, I : lt. de la société F.A. Beudet, Paris, « services de propagande », à l’Unesco, 1er sept. 1953.
[266] 3 A 31 : Race pamphlets. I : nombreuses lettres ; notamment lt. d’A. Métraux à Sylvestre Chauleur, 17 oct. 1953.
[267] 3 A 31 : Race pamphlets. I : diverses lettres.
[268] 3 A 31 : Race pamphlets. I : La Croix, 5 déc. 1953, p. 5, « L’Eglise et la question raciale ».
[269] 3 A 31 : Race pamphlets. part I : Chronique sociale de France, Lyon, sept-oct. 1953, p. 521-522 ; Nouvelles, n°12, Genève, oct. 1953, p. 8 ; Scrinium, Fribourg, mai 1954 ; Eglise vivante, Louvain, 26 nov. 1953, p. 482-483 ; Race relations News, revue sud-africaine, vol. 15 n°12, déc. 1953, p. 156 ; RP, 5 avril 1954 : Etudes, article de H. Holstein.
[270] RP, 5 avril 1954 : Interracial Review, New York, janvier 1954, article de William L. Reilly: « brevity » ; « some important points incompletely developed » ; Cahiers sioniens (n°2-3, 1953).
[271] 3 A 31 : Race pamphlets. I : lt. de Léon Baratz, au Conseil représentatif des juifs de France, 1 déc. 1954 , p. 2 ; la même accusation est portée dans un article du mensuel La Terre Retrouvée (3 A 31 : Race pamphlets, I : Revue de presse, n°23 ; 29 juill. 1954, p. 5).
[272] Lettre de Léon Baratz, doc. cit.
[273] Article de Jacques Madoule, Le Monde, 4 août 1954, « A propos de destin et vocation d’Israël » ; article de Claude Cahen dans Le Monde, 11 août 1954 ; article d’Emmanuel Mounier dans Esprit, sept. 1954.
[274] 15 juillet 1954, lettre d’Y. Congar à M. Mandel.
[275] 3 A 31 : Race pamphlets. I : lt. de Métraux à Baratz, 30 déc. 1954 ; lt. de Métraux à Barnes, 10 février 1955.
[276] Alors qu’on espérait y en vendre 15 à 20 000 exemplaires, moins de 2000 ont été vendus ; 6 700 exemplaires ont été distribués gratuitement (3 A 31 Race question in modern science : 30 oct. 1959, lt. d’E. de Dampierre à T.H. Marshall).
[277] W.A. Visser’t Hooft, Le mouvement œcuménique et la question raciale, Paris, Unesco, 1954, 70 p.
[278] Gunnar Myrdal, An American Dilemma. The Negro Problem and Modern Democracy, New York, 1944, cité par Visser’t Hooft, p. 18 et 66-67.
[279] 3 A 31 Race question in modern science : lt. de Métraux à Lacharrière, 9 nov. 1955.
[280] Le Bouddhisme et la question raciale, par G.P. Malalasekera, doyen de la faculté des études orientales et professeur de civilisation palie et bouddhiste à l’université de Ceylan, et K.N. Jayatilleke, chargé de cours de philosophie à l’université de Ceylan, Paris, Unesco, 1958, 71 p., p. 67, 70-71.
[281] 3 A 31 : Race pamphlets. I : 30 avril 1957, rapport du comité de lecture à J. Thomas.
[282] A. Métraux, Journal, op. cit., 4 fév. 1952, p. 354-355 ; 12 sept. 1952, p. 384.
[283] Leon Roth, La pensée juive, facteur de civilisation, Paris, Unesco, 1954, 71 p.
[284] 3 A 31 : Race pamphlets. I : lt. d’A. Métraux à Dr. Steinberg, 6 mars 1953.
[285] 3 A 31 : Race pamphlets. I : lt. de Guy de Lacharrière à Maheu, 12 avril 1954.
[286] L’islam et la question raciale, Paris, Unesco, 1970, 69 p. ; 3 A 31 : Race pamphlets. I : lettre de l’association ‘Fraternité mondiale’ à l’Unesco, 2 août 1960.
[287] A.-M. d’Ans, Itinéraires II, op. cit., 15 fév. 1955.
[288] L’islam et la question raciale, Paris, Unesco, 1970, 69 p., p. 67-69.
[289] 3 A 31 : Race pamphlets. I : CL/942 : 26 mai 1954. Morroe Berger, Problèmes raciaux : l’égalité par la loi, Paris, Unesco, 1954, 85 p.
[290] 3 A 31 : Equality of rights between races and nationalities in the USSR : memo de Métraux à A. Bertrand, 21 mars 1962 ; lt. d’A. Métraux à Topchief, 12 oct. 1956.
[291] 3 A 31 : Equality of rights...: lt. confid. de Métraux à Marshall, 30 janv. 1959 ; lt. de Métraux à A. Bertrand, 21 mars 1962.
[292] 3 A 31 : Equality of rights... : mémo de Métraux à Marshall, 21 oct. 1958.
[293] 3 A 31 : Equality of rights...: lt. confid. Métraux à Marshall, 30 janv. 1959.
[294] 3 A 31 : Equality of rights ...: échange de lettres en 1959.
[295] 3 A 31 Racial ... : lt. confid. de T.H. Marshall à A.G. Koulagenkov, 31 mars 1960 ; 3 A 31 : Equality of rights… : lt. Métraux à Bertrand, 21 mars 1962 ; mémo de Métraux à Bertrand, 26 sept. 1960.
[296] 3 A 31 : Equality of rights … : lt. de P. Leclerc à E. Delavenay, 18 oct. 1960.
[297] 3 A 31 : Equality of rights ...: lt. d’E. Delavenay à J. Thomas, 19 oct. 1960.
[298] 3 A 31 : Equality of rights ...: lt. de J. Thomas au DG, 20 nov. 1960.
[299] 3 A 31 : Equality of rights… : mémo d’A. Métraux à A. Bertrand, 21 mars 1962.
[300] 3 A 31 : Equality of rights … : échange de lettres, fin 1960-début 1961 ; I.P. Camerjan et S.L. Ronine, L’égalité des droits entre races et nationalités en URSS, Paris, Unesco, 1962, 111 p.
[301] 3 A 31 : Equality of rights… : lt. de Métraux à Bertrand, 16 oct. 1961.
[302] 3 A 31 : Equality of rights … : protestation de l’ambassade de la RFA en France auprès de l’Unesco, 24 avril 1962 ; protestation de la delégation américaine au DG, 25 avril 1962 ; mémo de F. Benet à Bertrand, 29 janv. 1963 ; lt. Métraux à Bertrand, 16 oct. 1961 ; protestation du chef du service diplomatique de Lituanie, Stasys Lozoraitis, à Maheu, 15 janv. 1963 ; lettre de protestation du Baltic Women’s Council, 28 janv. 1963 ; lettre de protestation de O. Piirsalu, Estonian World Council, 15 mai 1963 ; lt. de Bertrand au chef du service diplomatique de Lituanie, Stasys Lozoraitis, 7 fév. 1963.
[303] 3 A 31 : Equality of rights... : mémo confid. de Maheu à Adishesiah, 27 avril 1962.
[304] 3 A 31 : Equality of rights... : mémo de Bertrand à Adiseshiah, 4 mai 1962.
[305] Cité dans 3 A 31 : Equality of rights ...: « Activities and Procedures of Unesco », « Hearing before a subcommittee of the Committee of the Committee on foreign relations united States Senate », 88e congrès, 1e session, 4 mars 1963, p. 3.
[306] 65 EX/Decisions, 4.6.1, 64 EX/Decisions, pt. 5, p. 4 ; et 65 EX/12, p. 11-13. cité par G. Archibald, op. cit., p. 312.
[307] Congrès : article paru le 25 fév. 1963 dans US News and World Report, intitulé « Antiamericanism US Pays for ». Cité dans Congrès, Vol. 109, 88e congrès, 1e session, 9 janv.-30 déc. 1963 : House, « Special fund of UN to help Castro - a paradox », 21 fév. 1963, p. 2683-2685, McIntire. Article de A.I. Goldberg, paru le 14 fév. 1963 dans le Washington Post and Times Herald, intitulé « Publication Policy Review Forced - Unesco Booklet Protests Rise » (cité dans Congrès, Vol. 109, 88e congrès, 1e session, 9 janv.-30 déc. 1963 : 14 fév. 1963, House, M. Morris (Nouveau-Mexique), p. 2274-2275) ; Congrès, Vol. 107, 87e congrès, 1e session, 3 janv.-27 sept. 1961. Letters : Unesco : racism studies, by Senator Dodd, 13363.- remarks in Senate : Unesco : double standard on racism, 13362 ; Vol 109, 88e congres, 1e session, 9 janv-30 déc. 63. background statement : Unesco booklet on racial equality in Russia, 2662. Articles and editorials : Unesco booklet protests rise, 2274. Articles and editorials : Unesco pamphlets, 2683, A787. Letters : Unesco booklet, FG Dutton, 4937. Letters : Unesco booklet, Philip Deane, 4021. Unesco publications, Department of State, 10354. Remarks in House : Unesco booklet, 3745, 4020, 4063, 4766, 4936, 10733, 10734. Remarks in House : Unesco publication claiming racial and political freedom in Russia, 2274. remarks in Senate : Unesco booklet, Evils of nationalism, 21757. Remarks in Senate : Unesco booklet on racial equality in Soviet Union, 2662. Remarks in Senate : communist propaganda in publication of Unesco, 2310, 2356. remarks in Senate : Unesco publications, 10354. Statements : Unesco booklet, 4937. Vol 109, 88e congrès, 1e session, 9 janv-30 déc. 1963 : 12 mars 1963, House, « Unesco booklet ‘Equality of rights between races and nationalities in the Ussr’ », Gross. Congrès, Vol. 109, 88e congrès, 1e session, 9 janv.-30 déc. 1963 : 20 fév. 1963, Senate, « Unesco booklet on racial and political equality in Soviet Union », p. 2662-2663 : Mc Gee proteste, et cite l’article de Goldberg. Cf aussi W. Preston, op. cit., p. 110.
[308] Congrès, Vol. 109, 88e congrès, 1e session, 9 janv-30 déc. 1963 : 14 fév. 1963, House, M. Morris de New Mexico : « United nations and farm aid to Cuba », p. 2274-2275 ; Vol. 109, 88e congrès, 1e session, 9 janv.-30 déc. 1963 : 14 fév. 1963, Senate, « Freedom for Lithuania », p. 2356-2357, M. Humphrey, du Minnesota.
[309] Congrès, Vol. 109, 88e congrès, 1e session, 9 janv.-30 déc. 1963 : 14 fév. 1963, Senate, « Freedom for Lithuania », p. 2356-2357, M. Humphrey (Minnesota) : « The main thing, in my view, is to give Unesco the independence and the strenght which alone will enable it to speak for and with the voice of humanity. I believe that our representation in Unesco needs to be strenghtened ».
[310] 3 A 31 : Equality of rights … : « Activities and Procedures of Unesco », « Hearing before a subcommittee of the Committee of the Committee on foreign relations united States Senate », 88e congrès, 1e session, 4 mars 1963 p. 1-2. [annexe 25].
[311] 3 A 31 : Equality of rights ...: The New York Times International Edition, 15 fév. 1963, p. 2 : transcription de la conférence de presse du président Kennedy.
[312] Voir en annexe 58 pour les références exactes. Les titres des article sont révélateurs : « Subsidizing Trash »; « Congress and the UN ; Off-Record Ire Great » ; « Fuel for Foes Of United Nations ». « Service, Not Propaganda » ; « Pay Our Assassin ? » ; « Red propaganda » ; « Incredible Jackassery » ; « The Ugly Russian » ; « Tit for Tat » ; « Misuse of Unesco » ; « UNESCO vs. the West »; « You Paid For It » ; « Unesco Pamphlet Gives Twisted Communistic View » ; « Two U.N. Agencies Undermine It » ; « UN Slap At The West… And US » ; « United Nations Invitinge Disaster »; « Sneaky Business »; « ANTI UN Sentiment »; « Finish The Cuba Job » ; « Assailing The West » ; « You Pay for Red Propaganda »; « And Black Is White »; « US Dollars For Red Propaganda »; « The Hand Is Bitten Again »; « Paying For Our Execution »; « Let’s Dare Unesco »; « Dodd Blasts UNESCO For ‘One-Sided’ Policy » ; « The Red Race Bigots » ; « US Funds Misused » ; « Dangerous UNESCO Booklet » ; « The US Pays For This » ; « History Lesson » ; « An Affront to Every Taxpayer »; « Strange Carryings-On By Agencies of the UN » ; « UNESCO Shows Its Red Coat » ; « Heavier Fire on UNESCO » ; « Financing Our Own Execution » ; « US Helps To Finance Communist Propaganda » ; « Subsidizing the Enemy » ; « UN Flings Red Bouquet » ; « UNESCO Report Praises Soviets » ; « Anti-Americanism US Pays For » ; « US Anti-Americanism » ; « Two More Slaps At Uncle Sam » ; « A Sure Way to Kill UN » ; « The Captive Nations » ; « UN Bites The US Hand That Feeds It Despite Our Repeated Objections » ; « Working Against Ourselves » ; « Pro-Soviet Propaganda » ; « A Unesco Scandal » ; « Antiamericanism US Pays for » ; « Publication Policy Review Forced - Unesco Booklet Protests Rise ».
[313] 3 A 31 : Equality of rights … : mémo de Maheu à André Bertrand, 16 avril 1963.
[314] 3 A 31 : Equality of rights ...: Le Figaro, 7 fév. 1963, p. 3 : « L’Unesco au service de la propagande soviétique ? » ; lt. F. Benet à J. Havet, 20 fév. 1963 : lui donne les références d’articles de journaux condammant la publication de la brochure.
[315] Congrès, Vol. 109, 88e congrès, 1e session, 9 janv-30 déc. 1963 : 12 mars 1963, House : « The Unesco Booklet ‘equality of rights between races and nationalities in the USSR’ », p. 4020 : M. Hall; Vol. 109, 88e congrès, 1e session, 9 janv-30 déc. 1963 : 7 mars 1963, House, « Unesco booklet », p. 3745-3746 : M. Gross.
[316] Congrès, Vol. 109, 88e congrès, 1e session, 9 janv-30 déc. 1963 : 12 mars 1963, House : « United Nations Information Centre ».
[317] G Archibald, op. cit., p. 311.
[318] Michel Leiris, Contacts de civilisation en Martinique et en Guadeloupe, Paris, Unesco, Gallimard, 1955, 192 p., préface.
[319] Races et classes dans le Brésil rural, Paris, Unesco, 1952, 167 p. ; Les élites de couleur dans une ville brésilienne, Paris, Unesco, 1953, 107 p. ; Michel Leiris, Contacts de civilisation …, op. cit.
[320] Michel Leiris, Contacts de civilisation…, préface ; M. Leiris, Journal, 1992, NRF ; édition par Jean Jamin. P. 884 ; Alfred Métraux, Pierre Verger, Le pied à l’étrier, … op. cit., p. 187.
[321] M. Leiris, Journal, p. 884 (note). Michel Leiris, Cinq études d’ethnologie, Paris, Gallimard, 1988.
[322] Michel Leiris, Contacts de civilisation…, op. cit., préface et conclusion.
[323] A. Métraux, op. cit., 25 juill. 1952, p. 376.
[324] Jean Jamin, exécuteur testamentaire de Leiris, possède ces cahiers. Il n’en autorise cependant pas la consultation.
[325] RP, 19 oct. 51 : Tribune de Genève, 1er oct. 1951.
[326] 3 A 31 : Race pamphlets. I : CL/705, 28 janv. 1953.
[327] Otto Klineberg, « The role of the psychologist in international affairs », The Journal of social issues, 1956, n°9, 19 p., p. 9.
[328] 3 A 31 : Race pamphlets. part I : CL/775, 29 avril 1953.
[329] 3 A 31 : Race pamphlets. p. I : American Anthropologist, n°56, 1954, p. 908 : critique de l’ouvrage par M.S. Edmonson.
[330] Cf. Etats de tension et compréhension internationale, par Otto Klineberg, Unesco, Librairie de Médicis Paris, éditions Génin, 1951, 260 p., p. 255-258. Cette série est préparée par l’Unesco en collaboration avec la Conférence permanente des hautes études internationales. La modification des attitudes : inventaire et bibliographie de certains travaux de recherche, Paris, Unesco, 1965, 63 p.
[331] Peter Lengyel, op. cit., p. 22.
[332] G. Archibald, op. cit., p. 193.
[333] F.T. Smith, An experiment in modifying attitudes toward the Negro, New York, Bureau of Publications, Teachers College, 1943, cité par O. Klineberg, op. cit., p. 169. De même, étude de T.H. Newcomb, Personality and Social Change, New York, the Dryden Press, 1943, cité par O. Klineberg, p. 172.
[334] V.M. Sims et J.R. Patrick, « Attitudes toward the Negro of Northern and Southern College Student », Journal of Social Psychology, 7, p. 192-204, 1936. Cité dans O. Klineberg, op. cit., p. 171.
[335] The teacher was black. An experiment in international understanding sponosored by Unesco, par Harold E.O. James et Cora Tenen, William Heinemann Ltd, Londres, 1953, 120 p., p. 1 et 8-12, et p. 36-67.
[336] 3 A 31 : Race pamphlets. I : lt. de Georgi Jukov, président de la commission nationale russe, au DG, 1er oct. 1958.
[337] 3 A 31 Selected documents for the study of Race relations : lt. confid. de Marshall au DG, 14 oct. 1958.
[338] Corresp. 3 A 31 : Race pamphlets. part I : 27 oct. 1958, 3 p., réponse de Luther Evans à Jukov ; 51 EX/par 1.25.
[339] 3 A 31 Selected documents... : mémo de Marshall à J. Thomas, 31 déc. 1958.
[340] Article de William Benton, Saturday Review, intitulé « The Defenses of Peace : Progress Report on Unesco », 7 mars 1964, cité dans Congrès, Vol. 110, 88e congrès, 2e session, 7 janv.-3 oct. 1964 : 18 mars 1964, Senate, p. 5646-5649 : « Progress report on Unesco » : M Church.
[341] A. Métraux, Journal, op. cit., 4 avril 1952, 21 août 1952, 28 juill. 1954, 15 fév. 1955.
[342] 3 A 31 : Race pamphlets. I : Droit et Liberté, n°191, juin-juill. 1960 : « Eclatant succès de la 12e journée nationale contre le racisme, l’antisémitisme, et pour la paix, à l’Unesco le 29 mai », p. 1-5.
[343] Le Courrier de l’Unesco, janv. 1971 : « Le XXe siècle devant la culture », p. 33.
[344] DG/699/2203, 22 mars 1971.
[345] Interview Cl. Lévi Strauss.
[346] Le Courrier de l’Unesco, août-sept. 1953, consacré au thème : « Le racisme est pire qu’un crime, c’est une faute ».
[347] A. Métraux, Journal, op. cit., 1er juin 1954, 2 juin 1954.
[348] Le Courrier de l’Unesco, oct. 1960.
[349] Congrès, Vol. 107, 87e congrès, 1e session, 3 janv-27 sept. 1961 : 25 juill. 1961, p. 13362-13363 : « Unesco’s double standard », M. Dodd. En juillet 1961, au Congrès, M. Dodd se déclare « inquiet de la présentation pernicieusement partiale du sujet » par l’Unesco. Il estime que ce numéro « escorte complètement la ligne de propagande communiste, en ce qu’il accuse les Etats-Unis et les autres Etats libres de racisme et d’antisémitisme », sans mentionner du tout l’antisémitisme et la persécution des minorités nationales en URSS. Appuyé par le département d’etat, il adresse une protestation officielle à l’ONU et à l’Unesco (« worried by Unesco’s pernicioulsy one-sided presentation of the subject » ; « completely paralleled the Communist propaganda line in the sense that it made the charge of racism and anti semitism against the US and other free countries »).
[350] Stage de Sèvres pour l’élaboration d’une brochure « Qu’est-ce que l’Unesco ? » destinée aux jeunes de 11 à 15 ans : par des gens des clubs Unesco : 29-30 nov. 1969, Commission 4 (M. Laliat) ; au sujet des films Apartheid, Décolonisation, Aujourd’hui en Afrique.
[351] Lucien Febvre et François Crouzet, « Origines internationales d’une civilisation, Eléments d’une histoire de France », 10 avril 1951, 32 p., p. 17-25 : chap. II : « dans le domaine de la race et du sang ».
[352] Est publié L’éducateur devant le racisme, Centre de liaison des éducateurs contre les préjugés raciaux, Paris, Unesco, Nathan, 1965, 108 p.
[353] « Tribe, native, savage, primitive, jungle, pagan, kaffir, bushman, backward, underdeveloped, uncivilized, vernacular, Negro, colored, race. » (cité dans : Congrès, Vol. 115, 91e congrès, 1e session, 3 janv-23 déc. 1969 : 23 janv. 1969, extensions of remarks, House of representatives, « Censorship of free speech. Unesco » par John R. Rarick (Louisiane), p. 1721-1722).
[354] Congrès, Vol. 115, 91e congrès, 1e session, 3 janv-23 déc. 1969 : 23 janv. 1969, extensions of remarks, House of representatives, « Censorship of free speech. Unesco » par John R. Rarick (Louisiane), p. 1721-1722 ; Christian Science Monitor, 18 janv. 1969, « Unesco denounces ‘slurs’ in language ».
[355] « Se faisant la voix de quelques Etats tribaux et de quelques groupes de conscience minoritaires, l’Unesco va prostituer l’éducation, en entreprenant un autodafé et en remaniant le langage » (« Unesco has now set itself up as a censorship bureau for world thought control ». « As the voice for a few tribal states and minority conscious groups they would prostituteéducation - undertake a book-burning episode by rewriting language and speech - reminiscent of the Bolshevik brainwashing techniques. » « this prejudicial undertaking ») Congrès, Vol. 115, 91e congrès, 1e session, 3 janv-23 déc. 1969 : 23 janv. 1969, extensions of remarks, House of representatives, « Censorship of free speech. Unesco » par John R. Rarick, p. 1721-1722.
[356] Journal Métraux, op. cit., 25 mai 1953 : à la réunion de l’Ecosoc en mai 1953, les représentants de l’URSS, de la Pologne et de l’Ukraine critiquent le programme de l’Unesco sur les races ; Congrès : Vol. 104, 85e congrès, 2e session, 7 janv-24 août 1958 : remarks in House : Unesco, racial studies, 18991; A. Métraux, Journal, op. cit., 8 avril 1953 ; 13 avril 1953, 15 juin 1954, 2 juin 1954 : « Mon programme sur les races est serieusement menacé » ; 26 juill. 1955 : La Nouvelle Critique attaque les brochures de l’Unesco sur les races, ce qui provoque la colère d’Aimé Césaire ; RFA, B 91, 16 : 24 fév. 1956 : ambassade de RFA, 14 fév. 1956, rapport de K. Pfauter, sur les sessions de la commission nationale indienne ; Hindustan Times, 7 fév. 1956 : « Glaring Gap in UN Practice and profession. Azad’s criticism in Unesco body » ; discours de M. Azad, 6 fév. 1956 ; Times of India, p. 1, 7 fév. 1956 : « Unesco urged to help backward areas. Mr.Azad’s address to Indian Commission »; « Fund for publication of works of art. Maulana Azad’s appeal »; 14C/71, 7 oct. 1966, 5 p., p. 4-5.
[357] S. Bourreau, op. cit., p. 78-79 ; journal de la conférence générale de 1947, vol. I, 7e séance plénière, 11 nov. 1947, p. 102-103 : A.A. Roberts, Afrique du sud.
[358] 323.12 (68.01) A 02 UN : résolution V, adoptée par la commission des Nations Unies pour l’étude de la situation raciale dans l’union sud-africaine, le 25 fév. 1954, conformément à la résol. 721 (VIII) de l’assemblée générale. Le conseil exécutif de l’Unesco de mars 1957 discute cela longuement. (47 EX/7 et 47 EX/13) Cf. aussi G. Archibald, op. cit., p. 266-267 ; X 07 A 120/197 UNSA : Propositions de la commission nationale de l’URSS sur le programme et budget 1967-68, 18 p., 31 mai 1965, p. 11 ; cf. Hanna Saba, article dans AFDI 1960, p. 647 ; cité par K. Mofadel Khamsi, op. cit., p. 520.
[359] Seth Spaulding et Lin Lin, op. cit., p. 79.
[360] Chantal Morelle et Pierre Jacob, Henri Laugier…, op. cit., p. 308. 1957, 47 EX/SR 12.
[361] Emile Delavenay, Témoignage, op. cit., p. 367.
[362] Journal Métraux, op. cit., 6 avril 1955, 9 juin 1955.
[363] DG/67/4, 12 juill. 1967, p. 5.
[364] RP, 6 fév. 1967 : articles sur le rapport sur l’apartheid dans New York Times (19 janv. 1967), Christian Science Monitor (2 janv. 1967), les journaux anglais Guardian (19 janv. 1967), Times et Times Educational Supplement (19 janv. 1967), Le Monde (21 janv. 1967), Le Journal de Genève (20 janv. 1967) ; RP, 31 mars 1967 : New York Times, Christian Science Monitor, Jeune Afrique, Le Monde diplomatique (février 1967)… ; L’apartheid : ses effets sur l’éducation, la science, la culture et l’information, Paris, Unesco, 1968, 210 p.
[365] DG/67/4, 12 juill. 1967, p. 5.
[366] Film n° 1522, 1974.
[367] Ce récit résumé vient de A.M. d’Ans, Itinéraires I, op. cit., p. 341-342.
[368] 3 A 31 Race question in modern science : lettres de A. Métraux, février-décembre 1951 ; 3 A 31 : Race pamphlets. I : lt. Métraux à Thales de Azevedo, 12 août 1954.
[369] A. Métraux, Journal, op. cit., 9 juin 1955.
[370] P.-A Taguieff, op. cit., p. 44-51, 107-108. Le racisme se caractériserait désormais par un « retournement des valeurs du relativisme culturel : déplacement de la « race » vers la « culture » et affirmation de l’incommensurabilité radicale des cultures ».
[371] G. Archibald, op. cit., p. 286.
[372] P. Lengyel, op. cit., p. 25 ; article d’O. Klineberg de 1956 (art cit).
[373] P.-A. Taguieff, op. cit., p. 78-83. « Il y a pessimisme en ce que le racisme est attribué à la nature humaine, ou en ce que les attitudes [...] racistes sont identifiées comme des tendances ou des dispositions premières de l’espèce humaine ». Pour Albert Memmi, « c’est le racisme qui est naturel et l’antiracisme qui ne l’est pas : ce dernier ne peut être qu’une conquête, fruit d’une lutte longue et difficile, et toujours menacée ».
[374] Le Courrier de l’Unesco, nov. 1948, p. 7 : « Voix de l’Inde. La place de la femme à l’Unesco », par Rajkumari Amrit Kaur ; cet article est reproduit du Behar Herald, de Patna, Inde.
[375] DG/50, 5 déc. 1949. p. 2.
[376] J. Torres Bodet, Memorias, III, op. cit., p. 138-139.
[377] En 1952, la 15e conférence internationale de l’instruction publique se consacre au thème de l’éducation des femmes (J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 325).
[378] A. Métraux, Journal, op. cit., 22 mars 1955 ; Le Courrier de l’Unesco, nov. 1955 : numéro consacré à : « La femme est-elle un être inférieur ? » ; sous-titre : « Son rôle dans la politique, l’éducation, le travail, la famille. Antiféminisme et complexe d’infériorité » ; J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 325. Ex : Maurice Duverger, La participation des femmes à la vie politique, Paris, Unesco, 1955, 240 p. Hélène Sourgen, L’éducation civique des femmes, quelques suggestions pratiques, Paris, Unesco, 1954, 110 p. L’éducation civique et sociale de la jeune fille d’aujourd’hui, rapport de la réunion d’experts, Gauting, 13-18 oct. 1958, Gauting/Munich, Institut de l’Unesco pour la jeunesse, 1959, 51 p. ; réunion de l’Unesco sur la participation des femmes à la vie politique (22-24 oct. 1952) (ONU, RAG 2 /76, box 10 : lt. A.D. Greenwood à Gerald Wen, 9 oct. 1952.) K. Mofadel Khamsi souligne l’importance de cette action ; selon elle, l’Unesco serait avec l’OIT l’agence spécialisée qui a le plus œuvré pour la promotion des droits de la femme (Khamissa Mofadel Khamsi, op. cit., p. 514.)
[379] A. Montagu, « Are women the inferior sex ? », Le Courrier de l’Unesco, janv. 1956, p. 12.
[380] Jacquetta Hawkes, Gabriella Mistral, Caroline Ware ; SCHM 10 : lt. de L. van Hissenhoven à Birgit Key-Aberg, secrétaire de l’Alliance internationale des femmes, 16 juill. 1952.
[381] EU, box 1562 : lt. de J. Graham Parsons, ambassade américaine à Vientiane, au département d’état, 14 nov. 1957.
[382] DG/Messsages, 26 juill. 1965 : discours de Maheu, « L’Unesco et la promotion de la femme », p. 3-4.
[383] Paul-Henry Chombart de Lauwe, éd., Image de la femme dans la société, Paris, éditions ouvrières, 1964, 280 p. ; textes présentés dans la Revue internationale des sciences sociales, 1962, vol. XIV, n°1 ; A. Inan, L’émancipation de la femme turque, Paris, Unesco, 1962, 70 p. ; T. Koyama, La condition sociale des Japonaises et son évolution, Paris, Unesco, 1961, 157 p. ; FR, Nantes, carton 94 : table ronde sur les droits de l’homme, Oxford, nov. 1965 : « Influence des facteurs socio-économiques sur les droits de la femme », par Amanda Labarca (SS/HR/13, 22 oct. 1965, 17 p.). À la fin des années 1960, dans le cadre de l’UNRWA, l’Unesco met l’accent sur la formaiton des filles et des femmes (Film n° 61, The Flowers of Ramallah, 1968, sur l’éducation de jeunes réfugiées palestiniennes dans un centre de formation en Jordanie). En 1968, l’Unesco réalise le film Etre une femme, pour promouvoir la condition de la femme en Afrique (Film n°277) ; Barbara Ward, Women in the new Asia, Paris, Unesco, 1963.
[384] FR, Nantes, carton 94 : SS/42, 22 avril 1966 : rapport final de la table ronde sur les droits de l’homme, Oxford, nov. 1965, 10 p., p. 4.
[385] DG/Messsages, 26 juill. 1965 : « L’Unesco et la promotion de la femme », p. 3-4.
[386] Biogr. Maheu : article de S. Tanguiane, « L’Unesco procède d’un dessein humaniste », 25 août 2000, 7 p., p. 4.
[387] K. Mofadel Khamsi, op. cit., p. 557-558 : projet lancé dans le cadre du programme unifié à long terme, entrepris par l’ONU et la Commission de la condition de la femme (14 C/5). Ce projet prévoit que tous les moyens d’action de l’Unesco doivent être mis en œuvre dans le cadre d’une approche globale : recherches, études, élaboration de politiques générales, conférences et réunions, insistance sur l’égalité des femmes dans les institutions nationales et régionales, projets expérimentausx, aide aux Etats membres, assistance à certaines ONG, bourses d’études spéciales réservées aux femmes, information du grand public, etc. Cf. aussi : Rapport de M. Gordon H. Scherer, membre américain du conseil exécutif, « Contribution de l’Unesco à l’amélioration de la condition féminine » (97 EX/SP/RAP/1 Prov., Paris, 11 avril 1975, cité par K. Mofadel Khamsi, op. cit., p. 565).
[388] Impact, vol. XX, n°1, janv.-mars 1970 : numéro intitulé « La femme à l’époque de la science et de la technique » : « Les femmes dans l’espace » par Valentina Téréchkova-Nikolaieva ; « L’intellect féminin et les exigences de la science » par Eleanor E. Maccoby ; « Origines biologiqes possiles de la discriminatin sexuelle » par Lionel Tiger ; « Les femmes et la science : souvenirs et réflexions », par Kathleen Lonsdale ; « La femme et les professions : I) l’émanicpation des femmes dans l’impasse », par Maria Markus ; « La femme et les professions : II) Attitudes sociales et carrières féminines », par Rita Auvinen ; « La femme et les professions : III) Les effets de l’évolution technique », par Madeleine Guibert ; « Les femmes et la technique dans les pays en voie de développement », par Barbara E. Ward ; Impact, vol. XXI, n°1, janv.-mars 1971, numéro consacré au thème : « Le sexe fort assiégé », avec des articles tels que « Les méfaits du règne masculin », par Wima Scott Heide, p. 63-73, « L’homme est-il le sexe faible ? », par Marianne Rasmuson, p. 49-63, « Le macho américain : mythe et mystique », par José B. Adolph, p. 95-105.
[389] Ex. : conférence des ministres et directeurs de l’éducation des pays de l’Afrique tropicale, Addis-Abéba, février 1960 (11 C PRG/1, 12 août 1960, 42 p.) ; E. Gagné, op. cit., p. 76 : à la demande de la Commission de la Condition de la Femme du Conseil économique et social, la 14e session de l’assemblée générale des Nations Unies met cette question à l’ordre du jour et fait appel au concours des Etats membres. 49 Etats envoient leurs rapports à la demande de l’Unesco ; en mai-juin 1960, l’Unesco organise une réunion d’experts sur l’accès des filles à l’éducation scolare en Afrique tropicale, à Cotonou (11 C PRG/1, 12 août 1960, 42 p.) ; en avril 1960, l’Unesco organise un stage d’études sur l’enseignement professionnel en Afrique tropicale à Accra (ED/Africa/2, 15 janv. 1960) ; Lien-Link n°85 : « Paris, avril 1968 », par Jacques L. Boisson ; en 1964, l’Unesco organise une réunion d’experts sur l’accès des jeunes filles à l’enseignement scolaire dans les pays arabes (ED/FAR/3, 25 fév. 1964) ; Jacqueline Chabaud, Education et promotion de la femme, Paris, Unesco, 1970, 157 p. Année internationale de l’éducation. Bourses d’études et cours destinés aux femmes, Paris, Unesco, 1969, 62 p. ; Alphabétisation : une expérience sociale ; compte rendu d’un séminaire sur le rôle de l’alphabétisation des femmes et des jeunes filles, Téhéran, 14-26 mai 1966, Paris, Unesco, 1966, 39 p. ; ED/182, août 1961, 81 p. ; ED/195, 1962, 35 p. ; en 1968, l’Unesco réalise une étude comparée sur l’accès des jeunes filles et femmes à l’enseignement technique et professionnel, à partir de réponses à un questionnaire aux Etats (Rapport du DG sur 1968, p. 28-29) ; le premier projet financé par des Fonds en dépôt, lancé en automne 1963, est un projet d’éducation des femmes africaines, proposé et financé par le gouvernement suédois (12 C/ Rés., 12 C/9.2.V, p. 89 ; 66 EX/Dec.4.2.7, cité par G. Archibald, op. cit., p. 305) ; Colloque sur les femmes africaines et l’éducation des adultes, tenu à Dakar, 20-30 nov. 1962, Unesco, Dakar, 1963, 39 p. ; à Bangkok (Thaïlande) en 1962, l’Unesco organise une conférencee de femmes africaines spécialistes de la question de l’accès des femmes à l’éducation (Accès des jeunes filles et des femmes à l’éducation dans les zones rurales. Etude comparée, Unesco, Paris, 1964, 62 p., préface).
[390] RFA, B30, Band 544 : 1964-70 : remarques générales de la délégation allemande sur le projet de programme et budget pour 1969-70, chap. 1 ; RU, OD 24/60 : rapport de L.C.J. Martin, délégué permanent du Royaume-Uni à l’Unesco, au DG, 22 déc. 1967.
[391] Ex. : Revue internationale de l’éducation des adultes et de la jeunesse, Vol. XII, 1960, n°4, p. 217-220 : « L’éducation des grands-mères », par Peter du Sautoy ; vol. XIII, 1961, n°4, « L’enseignement rural féminin au Sénégal », par Marie Gueye. Vol. XIV, 1962, n°3 : entièrement consacré à la femme : « L’éducation des femmes en Yougoslavie », par Marija Kos ; « L’éducation des femmes en Tunisie », par Rauni Turkia ; « La condition féminine et l’éducation », par Nicole Lefort des Ylouses ; « La préparation des femmes au service social en Italie méridionale », par Angela Zucconi ; « La femme dans le nouveau milieu social à Cuba », par Hilda Perera.
[392] Accès des jeunes filles et des femmes à l’éducation dans les zones rurales, op. cit., p. 42-43.
[393] Rapport du directeur général sur 1968, p. 28-29 ; 371.042 (662.5) A 67 AMS+TA 136 ED/I : doc. UPV/78/001 ; 14C/résol. 1.322.2 ; rapport du directeur général sur 1971, p. 42-43 ; rapport du directeur général sur 1974, p. 20-25.
[394] Rapport du directeur général sur 1968, p. 28-29 ; rapport du directeur général sur 1971, p. 42-43 ; rapport du directeur général sur 1974, p. 20-25.
[395] Rapport du directeur général sur 1971, p. 42-43 ; rapport du directeur général sur 1974, p. 20-25.
[396] Rapport du directeur général sur 1968, p. 28-29.
[397] Rapport du directeur général sur 1971, p. 42-43 ; rapport du directeur général sur 1974, p. 20-25 ; en 1974, l’Unesco lance, en collaboration avec le BIT, des études sur les relations entre possibilités d’éducation et de formation et d’emploi pour les femmes et jeunes filles, dans cinq pays ; en 1974, l’Unesco soutient l’organisation de stages et séminaires sur l’éducation des femmes par des ONG, comme la Fédération mondiale des associations pour les Nations Unies, la Fédération internationale démocratique des femmes, l’Assemblée mondiale de la jeunesse, la Confédération mondiale du travail, la Fédération syndicale mondiale, l’Union mondiale des femmes rurales.
[398] K. Mofadel Khamsi, op. cit., p. 514, 526-527, 530-531.
[399] K. Mofadel Khamsi, op. cit., p. 558. Courrier de l’Unesco, mars 1975 : « Année internationale de la femme » ; Courrier de l’Unesco, août-sept. 1975 : « Vers la libération de la femme » ; film n° 1576, 1970 ; film n° 169, 1969 ; en juin 1974, l’Unesco organise en Haute-Volta un colloque sur la promotion féminine : « le rôle des femmes dans le développement national » (film n° 1431, 1974) ; le premier Plan à moyen terme de l’Unesco adopté en 1976 insiste sur la nécessité de « mettre pleinement en valeur et de mieux utiliser le potentiel humain que représente la population féminine en vue d’accélérer le développement économique et social » ; ensuite a été lancée la « Décennie des Nations Unies pour la promotion de la femme ». À partir de la fin des années 1970, cette action s’est concentrée sur des actions opérationnelles, en coopération avec les ONG (K. Mofadel Khamsi, op. cit., p. 555-556, 560-563).
[400] Rapport du directeur général sur 1974, p. 20-25.
[401] K. Mofadel Khamsi, op. cit., p. 572-573 ; H. P. Sagbohan, op. cit., p. 130-135 ; Evelyn Gagné, op. cit., p. 202-205, 210-213.
[402] H.P. Sagbohan, op. cit., p. 104-108, rapport de mission de Mme Dacher, L’égalité d’accès à l’éducation des femmes et des jeunes filles, Haute-Volta, déc. 1969-janv. 1971, 2437/ RMO.RD/ SS, Paris, juin 1971, p. 11.
[403] RP, 30 nov. 1970 : Le Monde, 15-16 nov. 1970 : Nicole Bernheim, « Un rapport de l’Unesco. L’analphabétisme chez les femmes ».
[404] EU, box 1600, télégramme confidentiel de Kenneth Holland au département d’état, 27 janv. 1950 : « great burden ».
[405] L’acceptation de soi-même par l’enfant handicapé, problèmes pédagogiques, Marly, FICE, 1960, 125 p. ; colloque sur « Le handicap dans la société actuelle » organisé en 1970 par l’Unesco (INA : 12 déc. 1970, journal de Paris, « Unesco : colloque sur l’enfance handicapée ») ; X 07.21 (44) Club/A 064 « 70 » : colloque du conseil régional des clubs Unesco de l’Academie de Paris, 1970 : deux journées, 12-13 déc. 1970, consacrées au thème : « Le handicapé dans la société actuelle » ; en 1972 se fait un rapprochement entre l’Unesco et la Fondation Claude-Pompidou pour les personnes âgées et handicapées (X 07.21 (44) Club : lettre d’Anne Grinda à Henri Jeanne, 20 sept. 1972).
[406] Rapport statistique sur l’enseignement spécial, Paris, Unesco, 1961, 156 p. ; L’organisation de l’enseignement spécial pour débiles mentaux, étude d’éducation comparée, Paris, Unesco, Genève, BIE, 1960, 274 p., XXIIIe conférence internationale de l’instruction publique, Genève, 1960 ; Revue internationale de l’éducation des adultes et de la jeunesse, vol. XIII, 1961, n°1-2 : « Comment nos écoles peuvent aider les jeunes inadaptés », par Robert C. Taber, p. 60-69 ; à la conférence internationale sur l’éducation publique Unesco-BIE à Genève en 1960, les délégués s’accordent sur les possibilités d’éducation aux enfants retardés mentaux (EU, box 821 : official report of the US delegation to 23th Unesco-BIE international conference on public education, 6-15 juill. 1960, p. 8-9) ; X 07 A 120/197 UNSA : lt. de M.G. Kayuza, ministère de l’éducation de Tanzanie, au DG, 5 juin 1965, 2 p. : « Proposals relating to the Unesco programme 1967-68 » ; INA : 22 mars 1966, JT 13h, « handicapés mentaux ».
[407] Rapport du directeur général sur 1968, p. 29-30.
[408] RFA, Bestand B30, Band 544 : remarques générales de la délégation allemande sur le projet de programme et budget pour 1969-70, chap. 1.
[409] Education spéciale, Paris, Unesco, 1969, 144 p. Pâquerette Villeneuve, Eduquer les enfants déficients ? Paris, Unesco, 1969, 80 p. ; en 1969, l’Unesco achève une étude comparative concernant la législation en matière d’éducation spéciale ; la même année, une réunion inter-agences sur la réadaptation des handicapés a lieu au siège (Unesco, OIT, OMS, ONU, FISE) (rapport du directeur général sur 1969, p. 32-33) ; en 1971 est publiée l’étude comparative sur l’état actuel de l’éducation spéciale dans 38 Etats membres ; la même année a lieu à Genève une réunion spéciale inter-institutions réunissant l’OMS, l’OIT, le Haut comissariat des Nations Unies pour les réfugiés, l’Unesco, pour coordonner les efforts sur l’éducation spéciale (rapport du directeur général sur 1971, p. 43-44 ) ; Courrier de l’Unesco, mars 1974 : « Ceux qui nous disent « handicapés » » ; L. Brunet et alii, Terminologie : éducation spéciale, Paris, Unesco-BIE, 1977 ; À. Labrégère, Adaptation et éducation spéciale en France, Paris, INRDP, 1973.
[410] Courrier de l’Unesco, mars 1974, p. 22 : « Celui qui avait décidé de ne pas mourir », par Thomas Boswell.
[411] Film n° 2408, Am I being unrealistic ?, 1974.
[412] 307 :003.24, IV : MC/Conf.9/4, 10 déc. 1950 ; VII : DG/159, 10 déc. 1951 ; I : lt. de Douglas H. Schneider à C. MacKenzie, 25 mai 1949 ; message de Torres Bodet au Congrès international sur « la place des aveugles dans le monde moderne », 1 août 1949 ; III : MC/MMT/12, 12 oct. 1950.
[413] Biogr. Mackenzie ; en 1939, il a entrepris en Inde, sur la demande du Royaume-Uni, un programme pour la rééducation des hommes qui perdraient la vue pendant la nouvelle guerre qui commence. L’écriture Braille dans le monde. Rapport sur le progrès accompli dans l’unification des écritures Braille, par Sir Clutha Mackenzie, Paris, Unesco, 1954, 176 p. : avant propos et chap. 1 (p. 5-13) ; lettre du secrétaire adjont à l’éducation du gouvernement de l’Inde, Humayun Kabir, au directeur général, avril 1949.
[414] 307 :003.24 : écriture braille, I : 7.212/4C/Résol./II/II.
[415] EU, box 1600 : rapport confidentiel de K. Holland à Ch. Thomson, 6 janvier 1950.
[416] 307 :003.24, II : MC/Conf.5/22.
[417] EU box 1603 : rapport confid. d’Arthur A. Compton au département d’état, non daté, p. 4 ; 307 :003.24, IV : lt. de MacKenzie à Alfred Allen, 27 déc. 1950 ; J. Huxley, Memories II, op. cit., p. 91. Helen Keller participe aussi à la conférence générale de 1950. Huxley et Mackenzie sont très touchés de la renconrer ; 307 :003.24, IV : MC/Conf.9/4, 10 déc. 1950.
[418] 307 :003.24, III : MC/MMT/12, 12 oct. 1950 ; Clutha Mackenzie, L’écriture Braille dans le monde, op. cit., avant propos et chap. 1 (p5-13) ; 307 : 003.24, IV : MC/Conf.9/4, 10 déc. 1950.
[419] La Fédération suisse des aveugles (III : lt. de Mackenzie à Spahr, 6 oct. 1950) ; le South African National Council for the Blind (V : lt. de Mackenzie à Van Wyk, 8 mars 1951) ; la British Empire Society for the Blind, le Bantou Braille Committee du South African National Council for the Blind, les directeurs des écoles pour aveugles (VII, MC/Conf.11./4, 10 déc. 1951) ; la British Empire Society for the Blind (I: lettre de John Wilson à Torres Bodet, 14 août 1952) ; l’Organisation mondiale pour la protection sociale des aveugles (307 :003.24 A 01 WBC, I : mémorandum de Maheu à Schneider, 10 juill. 1953) ; l’association phonétique internationale (L’écriture Braille dans le monde, Paris, Unesco, 1954, 176 p. : avant propos et chap. 1) ; etc.
[420] 307 :003.24, III : lt. de Mackenzie à Dr. Amal Shah, 14 sept. 1950. « magnificent ».
[421] DG/66, 20 mars 1950.
[422] 307 :003.24, III : lt. de W.C. Collings à L. Hughes, 11 sept. 1960.
[423] 307 :003.24, III : mémorandum de MacKenzie à Collings, 24 août 1950, 2 p.
[424] 307 :003.24, III : lt. de Mackenzie à Dr. Spahr, 6 oct. 1950 ; MC/MMT/12, 12 oct. 1950.
[425] MC/Conf.9/10, 13 déc. 1950.
[426] 307 :003.24, V : MC/Conf.9/12, 31 janv. 1951.
[427] 307 :003.24, VI : doc. OOK 25, service d’entraide de l’Unesco : série de projets d’entraide : Ecoles pour l’instruction des aveugles.
[428] 307 :003.24, III : lt. de MacKenzie à S.T. Dajani, 28 oct. 1950. « Braille remains in a state of uncertainty. It is doubtful whether additional conferences would be of advantage. Too many conferences are sometimes apt to breed divisions rather than to heal them ».
[429] 307 :003.24, V : Unesco/MC/Conf.9/12, 31 janv. 1951 ; communiqué de presse Unesco n°412, 28 fév. 1951 ; DG/114, 12 fév. 1951.
[430] 307 :003.24, VII : communiqué de presse n°591, 20 nov. 1951.
[431] 307 :003.24, V : lt. de Mackenzie à Van Wyk, 8 mars 1951.
[432] 307 :003.24, VII : DG/159, 10 déc. 1951.
[433] 5C/Resol 6.162 ; et 6C/Résol 6.16.
[434] 307 :003.24, VI :28 EX/23, 22 oct. 1951.
[435] 307 :003.24, VII : Conf.11/3, 10 déc. 1951 ; MC/Conf.11./4, 10 déc. 1951 ; MC/15, 28 janv. 1952.
[436] 307 :003.24 A 01 WBC, I : communiqué de presse Unesco n°739, 11 août 1952 : 12-17 fév. 1951 : la conférence régionale pour l’unification du Braille (Moyen-Orient, Inde et sud-est asiatique), à Beyrouth, étudie l’unification du Braille dans ces territoires ; 26 nov-2 déc. 1951 : conférence régionale pour les Brailles espagnol et portugais, Montevideo ; 10-12 déc. 1951 : le directeur général réunit à Paris un « comité consultatif pour la création d’un Conseil mondial du Braille », formé de représentants de certaines zones lingusitiques, de comités de Braille, et de maisons d’édition Braille. C. MacKenzie, L’écriture Braille dans le monde…, op. cit., p. 5-13) ; 4C/PRG/9, 30 août 1949 ; 39 EX/7, 22 oct. 1954.
[437] 307 :003.24 A 01 WBC, I : lt. du ministere des affaires étrangères français, service de l’Unesco, à Pierre Navaux, 7 oct. 1952 ; 307 :003.24, V : lt. de H. C. Rackham, National commision for the United Kingdom, à Douglas Schneider, 29 mai 1951 ; lt. du maire de Coupvray à l’Unesco, 15 mars 1951 ; lt. de Pierre Artigue à Schneider, 28 mars 1951 ; VIII : lettre de Louis Bauguion, instituteur breton, au directeur général, 28 avril 1953 ; Le Monde, 8 oct. 1953, p. 7 : « Des difficultés physiologiques empêchent souvent les aveugles de tirer profit des appareils inventés à leur intention », par Pierre Henri ; Combat, 30 sept. 1953 : « Présenté au salon d’automne, le radar électro-sensoriel de M. Daudemont de St-Quentin permettra aux aveugles de lire » ; lettre d’Urso Rosario, au directeur général, 4 oct. 1953 ; un autre aveugle italien écrit à l’Unesco, 10 oct. 1953 ; lettre des élèves de l’institut d’aveugles Martuscelli (Italie) à l’Unesco, 16 oct. 1953 ; et nombreuses autres lettres d’Italiens ; lt. de P. Desjardins à Pierre Henri, 12 oct. 1953 ; lettre de Mario Toscano, secrétaire général de la commission nationale italienne, au directeur général, 24 oct. 1953.
[438] 307 :003.24 A 01 WBC, II : DG/178, 22 juin 1952, p. 1.
[439] Courrier de l’Unesco, mars 1974, p. 20-21 : « Vers un langage international du geste » ; cependant, l’Unesco s’implique moins dans ce projet qu’elle ne l’avait fait pour le projet sur les aveugles ; Ce projet semble d’ailleurs moins primordial que celui de l’unification des systèmes Braille : en effet, l’existence de différents systèmes de signes selon les pays n’empêche pas les sourds de différents pays de réussir à communiquer entre eux.
[440] Série de reflexions menées avec l’OMS à partir de 1951, avec les ONG ; en novembre-décembre 1952, l’Unesco organise à Paris une Conférence régionale sur l’éducation et la santé mentale des enfants en Europe (ED/126, 21 mai 1953).
[441] Esther Dartigue, op. cit., p. 125-128
[442] Film n° 124, Human rights, Children’s rights, 1960 ; Courrier de l’Unesco, oct. 1973 ; Courrier de l’Unesco, janv. 1974, p. 42 : Georges Angereaud, de France, félicite le Courrier de l’Unesco pour leur « courageux article » dénoncant le travail des enfants, d’octobre 1973.
[443] Film Conférence de la Jeunesse, n° 521, Cuba, 1952.
[444] RU, ED 157/32 : a brief appraisal of the education programme of Unesco, fév. 1955, 13 p.
[445] Film n°1586, 1958.
[446] Seth Spaulding et Lin Lin, op. cit., p. 44-45.
[447] X 07.83 Williams : rapport de K.E. Williams, 7 nov. 1969.
[448] Organisée par l’ONU en 1970; film n° 1942, Unlike their elders, 1970.
[449] ED/189, 3 mai 1962 : mesures destinées à promouvoir parmi les jeunes les idéaux de paix, de respect mutuel et de compréhension entre les peuples, 79 p., p. 10-11 ; 12 C/PRG/1, 6 juill. 1962 ; International Federation of Teacher’s Associations, La compréhension internationale à l’école primaire, Lausanne, FIAI, 1967, 96 p. ; La jeunesse et la paix ; moyens de promouvoir parmi les jeunes les idéaux de paix et de compréhension internationale, Paris, Unesco, 1964, 74 p. ; Tendances nouvelles des organisations de jeunesse ; étude comparative, Paris, Unesco, 1960, 66 p. ; Place et rôle des organisations de jeunesse dans la société moderne, Gauting/Munich, 1962, 41 p ; Courrier de l’Unesco avril 1969 : numéro intitulé « Jeunesse 1969 », p. 4 : « La jeunesse dans le monde. Une étude de l’Unesco » ; Courrier de l’Unesco, juillet-août 1965, p. 4-7 : « Toute la jeunesse du monde », par Maheu ; et p. 66 : « Jeunesse et Unesco » ; Courrier de l’Unesco, août-sept. 1971 : numéro intitulé « Jeunesse du monde, jeunesse de l’Unesco » ; en mai 1972 est organisée à Paris une réunion sur « les jeunes savants, le problème démographique et la crise de l’environnement ». En 1972 est organisé à Gdansk (Pologne) un séminaire « Jeunesse, paix, éducation » (rapport final, Unesco 2460/YD).
[450] En 1961, la commission nationale tunisienne crée en son sein un comité de jeunesse, coordonant les différents mouvements de jeunesse nationaux (EU, box 822 : lt. de William N. Stokes au département d’état, 13 fév. 1961).
[451] EU, box 821 : télégramme du département d’état à l’ambassade américaine de Paris, 10 août 1960 : festival mondial de la jeunesse, Moscou 1957, Vienne 1959.
[452] EU, box 821 : télégramme du département d’état à l’ambassade américaine de Paris, 10 août 1960 : festival mondial de la jeunesse, Moscou 1957, Vienne 1959 ; EU, box 823 : télégramme confidentiel de Bowles à l’ambassade américaine à Paris, 1er juin 1961 : au sujet du World Youth Forum, tenu à Moscou du 20 au 30 juill. 1961 ; « unmistakable propaganda character ».
[453] EU, box 825 : airgram confidentiel de l’ambassade américaine à Paris au département d’état, 5 mars 1962.
[454] Ibid.
[455] Courrier de l’Unesco avril 1969, p. 4 : « La jeunesse dans le monde. Une étude de l’Unesco », p. 30 : « Une jeunesse tridimensionnelle » par Ehsan Naraghi.
[456] DG / 1964/4, 23 août 1964 ; DG/Message, 17 mai 1965.
[457] DG/Message, 17 mai 1965, p. 4-5, 7-9.
[458] DG/1966 : « Aux jeunes de vingt ans », message de René Maheu pour le nouvel an 1966.
[459] Lien-Link n°78 : « Maheu and the Ad Hoc Youth Group », par Tom R. Forstenzer. Le groupe ad hoc sur la jeunesse comprend initialement un Français, Thierry Lemaresquier, leader étudiant du mouvement de 1968, un Américain, un Belge, un Argentin, un Egyptien, un Yougoslave, tous étudiants. Ce groupe se réunit deux fois par an (« risky, innovative » ; « it involved completely short circuiting the existing NGO environment of youth »).
[460] Journée d’hommage à René Maheu, Cahier II, op. cit., p. 24-27 : article d’Ehsan Naraghi [ancien directeur de cette division], « Une approche visionnaire ».
[461] RU, OD 24/126 : United Kingdom National commission for Unesco, 25th anniversary of Unesco, 4 p., non daté, non signé, p. 2.
[462] Pour et avec les jeunes, Paris, Unesco, 1969, 67 p.
[463] Mirèse Akar, « Portrait : directeur général de l’Unesco, René Maheu », art. cit., p. 15.
[464] ED/70, 31 janv. 1950, p.1-2, 5-7 ; de même, des institutions éducatives qui ont utilisé l’art, avec succès, pour redresser les tendances délinquantes d’enfants particulièrement difficiles (p. 6-7).
[465] Courrier de l’Unesco, mai 1959, p. 25 : extrait d’une conférence sur « La jeunesse face au monde d’aujourd’hui », donnée à Paris, par V. Veronese.
[466] Courrier de l’Unesco, mai 1964, p. 4-11 ; juin 1964, septembre 1964 : série d’articles : « Jeunesse à la dérive » ; Courrier de l’Unesco, avril 1969, p. 15 : « Jeunesse en colère » par Marcel Hicter ; p. 28 : « La génération du refus et de l’enthousiasme », par Alexandre Gorbovski.
[467] X 07.21 (44) Club : rapport de J. Zuckerman au directeur général, 15 juin 1960.
[468] Juvenile delinquency de William Kvaraceus, Paris, Unesco, 1964 ; EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 24 déc. 1970, 56 p., p. 21 : ouvrage jugé très utile.
[469] X 07 .21 (44) Club : rapport de J. Benketira à l’Unesco, 10 fév. 1969.
[470] Rapport du directeur général sur 1962, p. 51 ; L’inadaptation sociale et l’école, rapport d’une réunion d’experts, Gauting, 2-5 janv. 1960, Gauting-Munich, Institut de l’Unesco pour la jeunesse, 1960, 63 p.
[471] Revue internationale de l’éducation des adultes et de la jeunesse, vol. XIII, 1961, n°1-2 : « Les problèmes de la jeunesse japonaise et l’action préventive », par Kichinosuke Fukami, p. 70-75, p. 75.
[472] La notion de liberté chez l’adolescent en communauté d’enfants, Charleroi, FICE, Zurich, 1960, 208 p. ; La formation de la moralité chez l’enfant élevé en institution, Charleroi, FICE, 1962, 119 p. ; L’inadaptation sociale et les centres de jeunes, rapport d’une réunion d’experts, 4-8 avril 1960, Gauting/Munich, Institut de l’Unesco pour la jeunesse, 1960, 31 p. ; L’adoption de l’enfant sans famille, Charleroi, FICE, 1966, 96 p. ; L’enfant témoin, Charleroi, FICE, 1966, 177 p. ; L’éducateur et l’enfant agressif, Charleroi, FICE, 1966, 105 p. ; Jean Lavachery, Rebelles sans cause ? Paris, Nathan, 1962, 80 p. ; Fernand Cortez, L’insitut médico-pédagogique de la Mayotte à Montlignon, FICE, Paris, 96 p. ; Fernand Hotyat, Le home « Espérance » pour enfants débiles à Coq-sur-mer, 96 p., FICE ; Georges Bourguet, Dix ans d’action au service de l’enfance, Charleroi, FICE, 179 p. ; Simone Lacapère, L’école de plein air de Suresnes, Charleroi, FICE, 1965, 79 p. ; Jacques Reynaud, Une communauté d’enfants cas sociaux : le Centre départemental du Valentin à Bourg-lès-Valence, Charleroi, FICE 1966, 77 p. ; Hassouana Jouini, « Ben Metir », premier village d’enfants tunisien, Charleroi, FICE, 1962, 116 p. ; Arthur Saul Super, Alonei Yitzhak ; un village d’enfants en Israël, FICE, 158 p. ; Moshe Kol, Aliyha des jeunes, Jerusalem, FICE, 1965, 182 p. ; Yehuda Hanegbi, The Eleanor Roosevelt Youth Centre in Beersheba, Jerusalem, Jewish Agency, 1964, 144 p.
[473] X 07 A 120/197 UNSA : commentaires de la commission nationale italienne sur le programme et budget 1967-68, 17 p., p. 2-3.
[474] Film n° 1318, The Adolescent, 1970.
[475] Veronese, carton 66 : intervention de Mgr. Bertoli à la 13e conférence générale, 29 oct. 1964.
[476] Anna Lorenzetto, op. cit., p. 240.
[477] Journée d’hommage à René Maheu, Cahier I, op. cit., p. 30-33 : John Fobes, « La fonction publique internationale ».
[478] Rapport sur la situation de la jeunesse, 18 C/7, Paris, Unesco, 18 oct. 1974. Cité par Anna Lorenzetto, op. cit., p. 241-242.
[479] Journée d’hommage à René Maheu, cahier I, op. cit., article d’Acher Deleon, p. 65.
[480] DG/68/9, 6 août 1968, p. 5.
[481] DG/68/8, 10 juill. 1968, p. 11-13.
[482] X 07.83 Maheu, VI : L’Orient -Le Jour, 6-12 janv. 1973, art. cit.
[483] EU, Box 3213 : 15 USGC/0.6/1, 9 oct. 68, 15e conférence générale, background paper : youth activities.
[484] Report of the US delegation to the 17th session of the general conference of Unesco, doc. cit., p. 19-20.
[485] X 07.21 (44) D, II : lt. de P. Maillard à Maheu, 19 juill. 1971 ; lt. de Roger Barnes à Pierre Maillard, 2 sept. 1971.
[486] Courrier de l’Unesco, avril 1963, p. 20-24 : « La vie finit-elle à soixante ans ? » par A. Métraux.
[487] 329.18 A 53 CIPSH, I : lt. de Charles-André Fauconnet à J.-J. Mayoux, 5 août 1947, p. 5 : « L’adoption d’une langue universelle est chose capitale. […] La question de l’espéranto est à reprendre. Mais, parmi les langues existantes, le latin vulgaire ou l’anglais pourraient aussi jouer ce rôle ».
[488] Une conférence d’experts en 1947 envisage cette possibilité ; RP, 30 nov. 1951 : échos de ce projet dans 11 journaux français, notamment Le Monde, 1er nov. 1951 ; langues « capables de diffuser rapidment dans les pays les moins evolués, les notions les plus simples d’hygiène, de justice, de morale et de culture » ; le gouvernement français se montre prêt à financer un projet de l’Unesco de « français simplifié » à hauteur de 3,5 millions de francs.
[489] RP, 30 nov. 1951 : Les Lettres françaises (7 nov. 1951).
[490] RP, 30 nov. 51 : Le Figaro, 18 nov. 1951, chronique de G. Duhamel.
[491] ONU, RAG 2/76 box 7 : 3C/PRG/2.1, 8 sept. 1948.
[492] Educ./41/1947, 2 juill. 47 : « Réflexions sur le choix de la langue dans l’éducation de base », par André Martinet.
[493] 003.3 : lt. de Cesare La Serra, directeur de la revue mensuelle italienne pour la Societa ortografica italiana, intitulée Ortografia, à Torres Bodet, 18 mai 1950.
[494] 003.3 : lt. de Patrick C. Young, à H.L. Elvin, 23 nov. 1953.
[495] 003.3 : lt. d’Aldo Marzo à Zuckermann, 20 sept. 1957 ; lt. de Zuckermann à Aldo Marzo, 21 oct. 1957. Plusieurs fonctionnaires y sont en effet hostiles, tel Carlos Cueto ; l’idée de créer un nouvel alphabet destiné aux analphabètes lui paraît « plutôt extravagante » et « absurde ». La création d’un alphabet applicable à tous les langages du monde lui paraît « une affaire très délicate et compliquée - et évidemment complètement inadaptée au niveau d’intelligence des analphabètes » ; il estime que la nécessité pour les nouveaux alphabètes de passer ensuite de cet alphabet artificiel et simplifié à un alphabet normal constituerait un « processus mental trop compliqué » (003.3 : lt. de Carlos Cueto à Loper et Guiton, 4 déc. 1958. « crusade against ignorance » ; « rather fanciful » ; « absurd » ; « a very tricky and complicated affair - and obviously totally unsuited to the level of intelligence of illiterates »).
[496] 408.92 CL 720/811, 11 sept. 1953. C’est à l’école supérieure technique de Vienne, en Autriche, où se donnaient deja depuis sept ans des cours d’espéranto, qu’a été créée en avril 1917 la première chaire d’espéranto au monde.
[497] Lors de la 8e conférence du BIT, plusieurs délégués attirent l’attention sur l’intérêt que pourrait présenter, dans de telles réunions, l’emploi de l’espéranto comme langue de travail auxiliaire ; 408.92 A 06 : CL 720/811, 11 sept. 1953.
[498] 408.92 A 06 : lt. de Kuo Yu-Shou à K. Parry Griffiths, 26 nov. 1946.
[499] Lettre manuscrite de K. Parry Griffiths à J. Huxley, 18 nov. 1946 ; lt. de Kuo Yu-Shou à K. Parry Griffiths, 26 nov. 1946 ; lettre de l’association universelle de l’espéranto à l’Unesco, 1er oct. 1947 ; lettre de The British Esperanto Association à l’Unesco, 29 juin 1949 ; CL 720/811 ; lt. de Vladmir Hercik au chef du service des relations extérieures, 19 juill. 1950 ; 408.92 CL 720/811 : mémorandum de William Solzbacher, 18 mai 53, p. 24-25 ; 408.92 A 06 : Cosmoglotta, organe mensuel de Interlingue-Union, Lausanne, nov-déc. 1952 ; lt. de Pierre Lebar à I. Lapenne, 24 juill. 1953.
[500] 408.92 A 06 : lt. de Vladmir Hercik au chef du service des relations extérieures, 19 juill. 1950.
[501] 408.92 CL 720/811 ; CL 720/811, 9 fév. 1953.
[502] 408.92 CL 720/811 : réponses des divers Etats membres à la lettre CL 720/811.
[503] 408.92 CL 720/811 : réponse de Charles A. Thomson à la lettre CL 720/811, 5 août 1953 ; « for Unesco to embark upon further action or study on the subject of esperanto or any similar auxiliary language, especially until Unesco has done much more to solve the problem of illiteracy ».
[504] 408.92 CL 720/811 : lt. de J.S. Arthur, de la commission nationale britannique pour l’Unesco, au directeur général, 2 nov. 1953 ; rapport sur l’enquête effectuée en Suisse à propos de la pétition internationale en faveur de l’espéranto, Berne, mai 1953.
[505] 408.92 CL 720/811 : résumé du rapport présenté à la commission nationale autrichienne pour l’Unesco au sujet du développement de l’espéranto en Autriche, 11 sept. 1953. L’espéranto est en effet alors très développé en Yougoslavie, sur l’impulsion de Tito, espérantophone (408.92 CL 720/811 : lt. de Milovan Matic au directeur général, 12 oct. 1953).
[506] 408.92 A 06 : lt. de Milovan Matic au directeur général, 18 mars 1953 ; lt. de Taylor à Matic, 15 avril 1953 ; lt. de J. Thomas à Matic, 21 juin 1953.
[507] 408.92 A 06 : rapport de Pierre Lebar au directeur général, 4 sept. 1953.
[508] Courrier de l’Unesco, déc. 1959, « Zamenhof, père de l’espéranto, 100e anniversaire de sa naissance », par Françoise Niederhausen, p. 25.
[509] Les langues vivantes dans les écoles secondaires d’enseignement général, recherche d’éducation comparée, Genève, BIE, Paris, Unesco, 1964, 190 p. XXVIIe conférence internationale sur l’instruction publique, FIAI, L’enseignement des langues étrangères à l’école primaire et la compréhension internationale, rapports des associations nationales d’instituteurs présentés à la XXXIe conférence des délégués, Stockholm, 26-29 juill. 1962, Lausanne, FIAI, 1962, 48 p. F.G. Learoyd, L’anglais, seconde langue nationale et son enseignement, Accra, centre régional de l’Unesco pour l’information et la recherche pédagogique en Afrique, 1965.
[510] Courrier de l’Unesco, août-septembre 1967, p. 29.
[511] Courrier de l’Unesco oct. 1972 : centenaire de Sri Aurobindo.
[512] film n°2154, 1968 ; film n° 1069, 1972.
[513] Conférence générale, 1983, Résolution 11.9.
[514] Auroville, un rêve qui prend forme, Paris, éditions Auroville international France, 1992. p. 4.
[515] Paulo de Berredo Carneiro, Vers un nouvel humanisme, Paris, Seghers, 1970, 335 p., p. 229-238 : « L’Unesco au secours des enfants grecs ! », 1949, p. 235-236.
[516] ECO/CONF.29/VR.2 (1945), 1-16 nov. 1945, p. 40-41.
[517] J.-J. Mayoux, La coopération intellectuelle internationale, Paris, 1946, introduction ; 1C/30, p. 286 ; Die Bundesrepublik Deutschland und die Unesco, 25 Jahre Mitarbeit, eine Dokumentation, Deutsche Unesco-Kommission, Köln, 1976, 194 p., p. 36-38 ; 4C/résol. 35.
[518] 1 C/30, 20 nov. 1946, p. 34-35. Cité par G. Archibald, op. cit., p. 199 ; 2C/ 8 nov. 1947, p. 65-66.
[519] 2 C/132, 3 déc. 1947, p. 212 ; 2 C/Résolutions, annexe VII.
[520] Alexander Leighton, The Governing of Men, Princeton University Press, 1945 ; cité dans O. Klineberg, op. cit., p. 247.
[521] Ce sont les titres des deux premiers chapitres de l’ouvrage d’Otto Klineberg.
[522] O. Klineberg, op. cit. : ex : p. 24-25, 33-34.
[523] O. Klineberg, op. cit., p. 53-56 et 61. Cf. M. Brickner, Is Germany Incurable ? Philadelphie, J.B. Lippincolt, 1943.
[524] Die Bundesrepublik Deutschland und die Unesco, op. cit., p. 36-38; 4C/ résol. 35.
[525] 14 EX/SR.4.rev. (séance privée), conseil exécutif, 14e session, procès-verbal de la 14e séance (privée), Unesco, 8 fév. 1949, p. 8 (Walker), p. 9 (Carneiro).
[526] Courrier de l’Unesco, juin 1949, p. 3 : « L’Unesco est invitée à accroître son activité en Allemagne ».
[527] Die Bundesrepublik Deutschland und die Unesco,...,op. cit., p. 36-38 ; 4C/ résol. 35.
[528] EU, box 1601 : télégr. confid de K. Holland au secrétaire d’état, 21 fév. 1950 ; box 1603 : rapport de K. Holland au département d’état, 5 mai 1950, p. 1-2 ; rapport de K. Holland au département d’état, 12 mai 1950, p. 4.
[529] EU, box 1602 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 30 mars 1950, p. 3 : « seriousness » ; « Germany still lying for the most part in ruins with people living, in many instances, in old air raid shelters or the basement of their homes which are but piles of dust, brick and twisted girders » ; « The complete inadequacy of the Unesco program in the face of such over-whelming problems » ; « even the program in the American Zone financed by US dollars is inadequate to meet the present problems » ; « the dazed condition of the German people who seem to have no feeling of guilt » ; « the inability of the German people to do much more than struggle for existence at the present time » ; « the potential danger of the German people to world peace unless the programs now carried on in Germany are continued for many years by adequate military force ».
[530] Ibid., p. 4-6. « have learned nothing from the war and their defeat » ; « with great sympathy for the German people and with a genuine desire to try to assist them » ; « He seems to be sincerely interested in Unesco » ; « he believes the committee will help develop in Germany an interest in the Organization and an action program that will promote the aims of the Organization » ; « discouraging » ; « for the most part the Germans came to him to ask for financial assitance. […] When Declercq indicated that he did not have funds for these purposes, the Germans left and never returned » ; « M. Declercq on the whole was very discouraged over what he was able to accomplish in the French Zone ».
[531] EU, box 1603 : rapport d’A. Compton au département d’état, 21 avril 1950, p. 4-5 ; rapport confid. de K. Holland au département d’état, 12 mai 1950, p. 4 ; box 1602 : US National Commission for Unesco, 8e session, « How far has Unesco come ? » discours de Walter Laves, prononcé le 13 avril 1950, p. 8.
[532] Courrier de l’Unesco, déc. 1950 : « M. John W. Taylor est nommé directeur général adjoint de l’Unesco » ; et site internet Columbia University, « John Taylor ».
[533] RFA, B 91, Band 42 : rapport de Lanfeldt, 7 oct. 1953 ; rapport d’Emile Delavenay, non daté, DR/398320 .
[534] RFA, B91, Band 256 : « Unesco institute for social sciences. À summary statement of its establisshment and development, june 1951 to september 1953 », 14 p., p. 2-10.
[535] RFA, B91, Band 256 : « Institut Unesco des sciences sociales : recherche internationale dans le domaine des sciences sociales. Rôle et avenir », 21 p., p. 2.
[536] 061 A 01 UNESCO (43-15), II : lettre de Kuypers à Marcel Hicter, 9 oct. 1962.
[537] RFA, B91, Band 256 : « Unesco institute for social sciences... », p. 2-10 ; « Institut Unesco des sciences sociales…» ; doc. EISS/2/1d, Studienprogramm.
[538] RFA, B91, Band 254 : Deutsche Unesco Kommission, 22e session, 19 mai 1958 : rencontre de jeunes germano-indienne à Gauting, du 3 au 8 mars 1958.
[539] RFA, B91, Band 256 : Information, n°14, déc. 1956, p. 1 ; journal Métraux, 29 janv. 1955 : l’action de ces trois instituts « ne marche pas du tout ».
[540] RFA, Bestand B91, Band 254 : « Deutsche Unesco Kommission », 22e session, 19 mai 1958, p. 9-10 ; DG/162, 14 janv. 52 : p. 4-6 ; Band 257 : Südddeutsche Zeitung, 2 oct. 54 : « Prominente zwischen Tür und Angel » ; Band 256 : « Institut Unesco des sciences sociales... », p. 5 ; J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 260.
[541] 061 A 01 UNESCO (43-15) : II : lt. confid. de J.-P. Cabouat au directeur général, 8 fév. 1955.
[542] 061 A 01 UNESCO (43-15), II : rapport de During, Nuesse et Verniers au directeur général, 22 juill. 1955 ; 42 EX/11, annexe I ; EU, box 1562 : rapport de Henry J. Kellermann au département d’état, 21 oct. 1957.
[543] 061 A 01 UNESCO (43-15), II : lt. de Maheu à Verniers, 1er août 1955 ; lt. de Maheu au directeur général, 2 nov. 1955.
[544] EU, box 1562 : rapport de Henry J. Kellermann au département d’état, 21 oct. 1957 : « deserted ».
[545] 061 A 01 UNESCO (43-15), II : session commune des comités executifs des trois Instituts, 23 sept. 1956, p. 2 ; mémorandum de Pierre Francois au directeur général, 25 sept. 1957, p. 2.
[546] RFA, B91, Band 256 : lt. De vonTrutzschler à Salat, 23 janv. 1958 ; lt. de Schutz à Fritz Burgbacher, 3 mars 1960 .
[547] P. Lengyel, op. cit., p. 23-24.
[548] L’éducation des jeunes et les relations intergroupes, rapport du stage d’études de Gauting, Gauting/Munich, Institut de l’Unesco pour la jeunesse, 1960, 91 p. ; Analyse de l’influence des voyages et des programmes d’échanges internationaux sur les jeunes, rapport d’un stage d’études, Gauting/Munich, Institut de l’Unesco pour la jeunesse, 1961, 49 p. ; Les jeunes et les Nations Unies, rapport du stage d’études de Gauting, Gauting-Munich, Institut de l’Unesco pour la jeunesse, 1959, 89 p. ; RFA, B91, Band 383 : rapport d’activités de l’Institut de Gauting pour la jeunesse, 4 août 1960, par William Jones, directeur ; 13 C/PRG/2, 7 oct. 1964.
[549] 061 A 01 Unesco (43-15), II : lt. de R.W. Jones à Marcel Hicter, Bruxelles, 16 oct. 1962.
[550] OHRO, interview de Luther Evans, octobre 1966, p. 358 : « I always was proud to have had a hand in getting the Germans back into the civilized community ».
[551] X 07. 83 Thomas, II : compte rendu de mission en Thaïlande, au Japon et en Chine, par J. Thomas, octobre 1960, p. 11-13 ; Unesco activities in Japan, op. cit., p. 48-49 : ex : la Nakano School (Tokyo), dirigée par la Nakano Unesco Association : chaque mardi après-midi, des professeurs volontaires donnent des leçons de conversation anglaise, de dessin, de musique, et racontent des histoires pour développer l’amitié internationale ; le « village Unesco » de la Seibu Unesco Association, à Tokyo, contient des maisons représentant les styles architecturaux typiques des Etats membres de l’Unesco. Des « Unesco Halls » sont créés en 1956 par la « Sendai Unesco Association ». La « Wakayama Unesco Association » organise un « jour sans querelle » (« day without quarelling ») ; la « Suwa Unesco Association » organise un mouvement de lutte contre la superstition.
[552] G. Archibald, op. cit., p. 199.
[553] PHS/10, 15 nov. 1948 : 2C/ resol. 5.2 ; 3C/Resol. 4.33 ; 329.18 A 53 CIPSH, VI : doc. GLL/SD, 12 janv. 1952.
[554] 329.18 A 53 CIPSH, IV : lt. de Maheu à Thomas et Brodersen, 3 mars 1949 ; memo de Klineberg à ODG, 8 mars 1949 ; doc du 19 juill. 1949 ; lettre de Fawtier au DG, 2 juin 1949.
[555] 329.18 A 53 CIPSH, V : memo de Maheu à Klineberg, 15 juin 1949.
[556] 329.18 A 53 CIPSH, IV : rapport de John H.E. Fried, 17 mars 1949.
[557] 329.18 A 53 CIPSH, V : lt. de M.A. de Franz à Ignacio Silone, 13 avril 1949 ; mémo de Maheu à Klineberg, 15 juin 1949 ; E. Delavenay, op. cit., p. 371 : il souligne la présence d’historiens « de renommée mondiale » dans le comité.
[558] 329.18 A 53 CIPSH, V : CIPSH, compte rendu provisoire de la 1e séance, 20 juin 1949, p. 2-3.
[559] 329.18 A 53 CIPSH, I : mémo n° 452, non daté, non signé ; VI : doc. GLL/SD, 12 janv. 1952.
[560] 329.18 A 53 CIPSH, V : CIPSH, compte rendu provisoire de la 1e séance, du 20 juin 1949, p. 2-4.
[561] 329.18 A 53 CIPSH, V : lt. de Rueff à Havet, 1er juill. 1949.
[562] 329.18 A 53 CIPSH, VI : lt. confid. de B. Monsour à P. Bosch-Gimpera, 25 nov. 1949.
[563] 329.18 A 53 CIPSH, VI : rapport de B. Monsour, nov. 1949 ; rapport d’E. Vermeil, 26 novembre 1950.
[564] 329.18 A 53 CIPSH, V : récapitulation des pourparlers de l’Unesco avec le CIPSH au sujet de l’étude des origines du fascisme, 19 juill. 1949 ; VI : rapport d’E. Vermeil, 26 novembre 1950 ; lt. de Bosch-Gimpera au département des activités culturelles, 30 nov. 1950 .
[565] 329.18 A 53 CIPSH, VI : lt. de M.A. de Franz à G. de Lacharrière, 29 oct. 1952.
[566] 329.18 A 53 CIPSH, VI : lt. de J. Chevalier à Maheu, 10 nov. 1952.
[567] 329.18 A 53 CIPSH, VI : lt. de Lacharrière à Maheu, 29 oct. 1952.
[568] E. Delavenay, op. cit., p. 371.
[569] 329.18 A 53 CIPSH, VI : 31 EX/7, 4 nov. 52 ; E. Delavenay, op. cit., p. 372 ; Jean d’Ormesson, secrétaire général adjoint du CIPSH, écrit en 1953 aux historiens ayant contribué à l’étude sur le fascisme, leur expliquant que le CIPSH a dû renoncer à la publier (ex : 329.18 A 53 CIPSH, VI : lt. de Jean d’Ormesson au prof. Calamandrei, 30 oct. 1953) ; 329.18 A 53 CIPSH, VI : mémo de Lacharrière à Harper-Schmidt, 25 nov. 1953 ; Maurice Beaumont et alii, The Third Reich, publié sous les auspices du CIPSH et avec l’aide de l’Unesco, Londres, Weidenfeld and Nicolson, 1955, 910 p.
[570] 329.18 A 53 CIPSH, VI : lettre de Daniel Mayer, citée dans la lettre de J. D’Ormesson à Lacharrière, 21 mars 1956.
[571] 329.18 A 53 CIPSH, VI : lt. de J. D’Ormesson à Lacharrière, 21 mars 1956.
[572] 329.18 A 53 CIPSH, VI : lt. de Mayoux à G. de Reparaz, 21 nov. 1950 ; RP, 10 mars 1955 : Times Literary Supplement, Londres, 18 fév. 1955 : échos plutôt positifs, mais la presse relève des « omissions surprenantes (« surprising omissions ») ; le Library Journal de New York publie un long compte-rendu élogieux ; Jean d’Ormesson souligne le « poids » des commentaires de ce journal, qui « est lu par la plupart des bibliothécaires américains » ; 329.18 A 53 CIPSH, VI : lt. de J. d’Ormesson à Lacharrière, 8 juin 1955 : cite des extraits de l’article : « There can be no questioning the over-all importance of this book as of the moment it is undoubtedly the most authoritative and exhaustive work in existence on most of the subjects with wich it deals ».
[573] 329.18 A 53 CIPSH, VI : lt. de J. d’Ormesson à Lacharrière, 8 juin 1955 ; lt. de J. D’Ormesson à Lacharrière, 21 mars 1956.
[574] 37 : 362.92, II : lt. de J. Larnaud à Drzewziski, 9 sept. 1949.
[575] 37 : 362.92, II : lt. de Bernard Gouineau à Schneider, 13 déc. 1949 ; mémo d’Evert Barger à Maheu, 27 juill. 1é50 ; memo de Coeytaux à Maheu, 18 juill. 1950.
[576] 37 : 362.92, I : lt. de B. Drziewieski à Mlle Baers, non datée.
[577] 37 : 362.92, I : lt. d’A.J. Altmeyer au DG, 10 juin 1947.
[578] X 07.83 Torres Bodet, III : compte rendu de la visite du DG à Genève, avril 1949.
[579] 37 : 362.92, I : lt. de Ljubisa Bozic au DG, 2 janv. 1947 ; lt. de L. Bozic au DG, 31 janvier 1949 ; lt. du prêtre Leondi Gladkov à J. Huxley, 10 nov. 1947 ; lt. de Steenberghe-Engeringh, 11 fév. 1949 ; 37 : 362.92, II : lt. de P. Kuhne, chef adjoint de la division exécutive du comité international de la Croix-Rouge, au directeur général, 10 mai 1950 ; I : lt. d’I. Koralnik, de la direction centrale de l’Union OSE, à B. Drziewieski, 14 fév. 1949 ; lt. de Mlle Baers, secrétaire générale de l’Union catholique internationale de service social, Bruxelles, à Drziewieski, 16 fév. 1949 ; lt. de Mme Steenberghe-Engeringh, présidente générale de l’Union internationale des ligues féminines catholiques, au directeur général, 11 fév. 1949 ; II : lt. de Bernard Gouineau, de l’association syndicale professionnelle des rédacteurs en chef des journaux et revues français, à D. Schneider, 13 déc. 1949.
[580] 37 : 362.92, II : lt. de J. Chevalier à Maheu, 8 août 1950.
[581] 37 : 362.92, II : lt. de Coeytaux à Maheu, 18 juill. 1950.
[582] 37 : 362.92, II : mémo d’Evert Barger à Maheu, 27 juill. 1950 ; mémorandum de Coeytaux à Maheu, 18 juill. 1950. « we have neither the staff nor the funds,[…]. We should inevitably slide into an abyss of disappointed hopes and great expectations. We have no resources to allow the mantle of the IRO to fall upon our shoulders ».
[583] EU, box 1600 : télégramme confid. de K. Holland à Charles A. Thomson, 20 janv. 1950 : « might turn communist or at least become bitter and anti-social ».
[584] Personnes déplacées, recueil d’études sur la psychologie des réfugiés, leur santé mentale et les problèmes de leur réinstallation, sous la direction de H.B.M. Murphy, Paris, Unesco, 1955, 251 p.
[585] X 07.83 Torres Bodet, II : News Bulletin/6/49, 7 p. : 31 mars 49, Nouvelles de l’Unesco ; 3 A 31 Flight and Resettlement : lettre de Murphy au directeur du département des sciences sociales, 26 août 1950 ; lt. de J.R. Rees à Myrdal, 27 juillet 1951.
[586] 3 A 31 Flight and Resettlement : Revue de presse n°28, 23 septembre 1955, p. 1. Sa parution y est très médiatisée, donnant lieu à 55 articles de presse, dont 5 éditoriaux ; RP, 31 mai 1956.
[587] Paulo de Berrêdo Carneiro, « L’Unesco au secours des enfants grecs ! », texte cité, p. 234.
[588] Manuel des chantiers internationaux, 1951, Paris, Unesco, 90 p., par Willy Begert. Introduction.
[589] Thérèse Brosse, L’enfance victime de la guerre, une étude de la situation européenne, Paris, Unesco, 1949, 147 p. L’enfance vagabonde, Paris, Unesco, 1950, 103 p. ; 371.95 : doc de travail de 12 p. par Thérèse Brosse ; 5 nov. 1947, Educ./55 ; Les communautés d’enfants. Un espoir pour les victimes de la guerre, par Elisabeth Rotten ; ED/126, 21 mai 1953, p. 1 ; Educ./55, 5 nov. 1947, p. 1, 21-22.
[590] Mental Health and World Citizenship, London, H.K. Lewis, 1948, cité dans : Otto Klineberg, Etats de tension..., op. cit., p. 243-244.
[591] 371.95 : 11 avril 1949, Unesco/REC/Rep.8, p. 1-2 ; X 07.83 Torres Bodet, II : News Bulletin/6/49, 7 p. : 31 mars 1949, Nouvelles de l’Unesco. En 1949, il est estimé qu’il y a 12 ou 13 millions d’enfants abandonnés ou déplacés en Europe. L’Unesco estime que c’est « un des problèmes les plus urgents et les plus complexes que le monde ait à résoudre » ; l’Unesco soutient l’organisation des « Semaines internationales d’études pour l’enfance victime de la guerre » (SEPEG), cycle de cours et de conférences, tenues plusieurs fois chaque année de 1945 à 1949 (cf. 371.95 A 072/01 SEPEG) ; l’Unesco organise en 1949 une conférence sur « la reintégration sociale de l’enfance malheureuse et inadaptée » et en 1950 une conférence sur « la rééducation des enfants mutilés ou infirmes » (371.95 : lt. de Cheng Chi Pao à Cilento, 7 juillet 1949), en octobre 1949 une conférence sur « la réintégration sociale de l’enfance malheureuse et inadaptée » (à Charleroi, avec le concours de la FICE), et en février 1950 une conférence sur « la rééducation des enfants mutilés ou infirmes » (à Genève, avec le concours de l’UIPE) ; Courrier de l’Unesco, février 1949, p. 1 : « Un immense malheur. Les enfants d’Europe », [annexe 52].
[592] Leonard Stout Kenworthy, The teacher and the post-war child, Paris, Unesco, 1946, 48 p. ; Les psychologues scolaires, Paris, Unesco, Genève, BIE, 109 p., XIe conférence internationale de l’instruction publique, Genève, 1948 ; Enfants sans foyer, compte rendu des travaux de la conférence des directeurs de communautés d’enfants de 1948, Trogen-Heiden, Suisse, préparé par Thérèse Brosse, Paris, Unesco, 1949, 79 p. ; Elisabeth Rotten, Les communautés d’enfants, un espoir pour les victimes de la guerre, Paris, Unesco, 1949, 24 p. ; Peggy Volkov, La cité de l’enfance à Marcinelles, Bruxelles, Labor, 1954, 119 p., 1954-62, trimestriel ; Leila M. Rendel, The Caldecott Community ; a survey of 48 years, FICE, 1960 ; Henry B.M. Murphy (éd.), Personnes déplacées, op. cit.
[593] Educ./55, 5 nov. 1947, p. 39.
[594] Enfants sans foyer, compte rendu des travaux de la conférence des directeurs de communautés d’enfants, Trogen-Heiden, Suisse, par Thérèse Brosse, Unesco, Paris, 77 p., non daté.
[595] Les communautés d’enfants. Un espoir pour les victimes de la guerre, par Elisabeth Rotten, Paris, Unesco, non daté.
[596] L’Unesco en 1950 : ses buts, …, op. cit., p. 17.
[597] 371.95 : 11 avril 1949, Unesco/REC/Rep.8, p. 3.
[598] Courrier de l’Unesco, mai 1948, p. 2 : « La vie retrouvée. Pestalozzi, village d’enfants » [annexe 52] ; Courrier de l’Unesco, août 1948, p. 2 : « Les communautés d’enfants », par Antonio Rivolta, fondateur du premier village d’enfants en Italie ; Courrier de l’Unesco, juill. 1949, p. 3 : « Les écoliers français se cotisent pour Moulin-Vieux » ; Courrier de l’Unesco, août 1949, p. 9 : « Cité d’enfants en Italie » ; Courrier de l’Unesco, fév. 1951, p. 13 : « Au cœur du ‘pays noir’, Marcinelle, ‘Cité de l’Enfance’, abrite… la plus grande famille de Belgique ».
[599] Film La marche du temps, n°471, 1949.
[600] 371.95 : 11 avril 1949, Unesco/REC/Rep.8, p. 6.
[601] « Les écoliers français se cotisent pour Moulin-Vieux », art. cit. ; 36 A 653 (44) : GCP, II : lt. de Louis Francois à M. Barger, 18 nov. 1950 ; en 1952, l’Unesco aide financièrement le village d’enfants de Sainte-Colombe-sur-Seine (Reg 1632, I : lettre de Maurice Schuman à René Maheu, 31 janv. 1952 ) ; RP/14/49, 25 mai 1949 : Le Figaro ; RP/26/49, 27 août 1949 : La Tribune de Genève, 5 août 1949, La Suisse, 14 août 1949, Das Freie Wort, Berlin, 12 août 1949.
[602] 371.95 : 11 avril 1949, Unesco/REC/Rep.8, p. 4.
[603] Ce village créé en 1945 par le père Antonio Rivolta est « une communauté libre de jeunes garcons qui se gouvernent eux-mêmes selon des méthodes démocratiques. [...] Le Village n’a ni clôtures, ni barreaux, ni grillages ». Les enfants élisent parmi eux un maire, qui régit le village avec l’aide d’une assemblée générale ; une monnaie spéciale, appelée « mérite », circule (Courrier de l’Unesco, août 1948, p. 2 : « Les communautés d’enfants », par Antonio Rivolta) ; ED/70, 31 janv. 50. p. 7.
[604] Peggy Volkov, La cité de l’enfance à Marcinelle, FICE, publié avec le concours financier de l’Unesco, 1954, 114 p., p. 83 ; « Au cœur du ‘pays noir’ …», art. cit.
[605] Interview P. Roux ; Willy Begert, Manuel des chantiers internationaux, Paris, Unesco, 1951, 90 p. ; Sur les chantiers de la paix, Paris, Unesco, 1949, 17 p. Les chantiers internationaux s’étaient déjà développés au lendemain de la première guerre mondiale.
[606] Manuel des chantiers …, introduction.
[607] OHRO, interview d’Evans, p. 307-309, 616 ; rapport de Louis Gros à Dr Sze, doc. cit., 7 nov. 1949, p. 9.
[608] Julian Huxley et Phyllis Deane, The Future of the colonies, 1944, the Pilot Press, London, 64 p., p. 8. « the old type of imperialist expansion is dead » ; « cultural expansion » ; « We, the separate colonial powers and the white race as a whole, can and should still export brains and skills to the colonies, can and should help their people to acquire such of our ideas and inventions as will help their advance [...]. That will help the colonial peoples ; but it will also help the economic prosperity of the world as a whole, including that of the colonial powers » ; « white expansion » ; et p. 50-64.
[609] Colonial Questions and Peace, dir. Emanuel Moresco, IICI, Paris, 345 p., 1939.
[610] Armando Cortesao, « Problèmes d’éducation dans les colonies », Courrier de l’Unesco, septembre 1948, p. 7.
[611] Cité dans : Jacques Dalloz, Textes sur la décolonisation, Paris, PUF, que sais-je, 1989 .
[612] Autour de la nouvelle déclaration…, op. cit., p. 189-202 : « Les droits de l’homme dans la société primitive » par A.P. Elkin. Cf. aussi p. 203-205 : « Les droits des peuples non autonomes » par Leonard J. Barnes.
[613] XO7.21(44)NC, I : rapport de Louis François, 1949, p. 4-5 ; ce comité s’efforce notamment d’obtenir du gouvernement français la mise en œuvre d’une expérience d’éducation de base en AOF, qui entrerait dans le cadre des expériences associées de l’Unesco (XO7.21(44)NC, I : mémo d’André Lestage à Bowers, 19 nov. 1951) ; XO7.21(44)NC, I : lt. de Torres Bodet à Elvin, 5 mars 1952 ; lt. de Maheu à Elvin, 6 mai 1952.
[614] XO7.21(44)NC, I : résolution du Comité Education de la Commission nationale, 12 oct. 1954.
[615] Qui ont eu lieu à Ashridge, Poolebrady, Elesinor, Nankin, et Mysore ; RU, FO 371/88915 : lt. de M. H. Dorman à Miss Salt, 20 mars 1950.
[616] ONU, RAG-2/76, box 11 : SS/NIS/Conf1/1, rapport d’A. Bertrand, 4 janvier 1952 ; box 7 : rapport d’H. Van Mook, 12 fév. 1952.
[617] 7C/résol. 3.2621.
[618] 323.12 (668) A 53 : lt. de Guy de Lacharrière à Robert Valeur, 24 nov. 1953.
[619] Journal Métraux, janv. 1952, p. 350.
[620] 323.12 (668) A 53 : lt. de Guy de Lacharrière à Robert Valeur, 24 nov. 1953 ; lt. d’A. Métraux à G. Malengrau, 14 juin 1954.
[621] Journal Métraux, 24 juill. 1953, p. 515.
[622] Journal Métraux, 15 juill. 1953, p. 512.
[623] 323.12 (668) A 53 : lt. de G. de Lacharrière à Robert Valeur, 24 nov. 1953 ; Voir Journal Métraux, Itinéraires I, op. cit., p. 403, 443_444, 457, 458, 460-462.
[624] Journal Métraux, 24 juill. 1953, p. 515. Lors d’une réunion dans le bureau d’Alva Myrdal, Pierre Clément, chargé de la mission sur les évolués au Congo belge, « signale la difficulté de définir un évolué, définition qui varie considérablement selon le point de vue ou le groupe considéré ».
[625] Le pied à l’étrier, op. cit., p. 146, et p. 164-165.
[626] 323.12 (668) A 53 : lt. de Claude Tardits à A. Métraux, 20 sept. 1955.
[627] Veronese, carton 32 : mémo de J. Thomas à Veronese, 14 avril 1959. Document joint : « Note à M. le DG de l’Unesco : projet de mission d’étude de AA.J. van Bilsen ».
[628] 323.12 (668) A 53 : lt. d’A. Métraux à G. Malengrau, 14 juin 1954.
[629] 11 C/PRG/SR.6 (prov.), p. 4. A.H. Bâ dit que la France, l’URSS et les EU, « ayant conquis leur liberté par des révolutions nationales, […] ont ainsi un dénominateur commun qui doit leur valoir la sympathie des pays africains ».
[630] 12 C/PRG/SR.5, 14 nov. 1962, p. 11-12.
[631] Résol. de l’ONU sur la décolonisation, 14 déc. 1960 (résol. 1514), citée dans Jacques Dalloz, Textes…, op. cit.
[632] RP, 23 déc. 1960 ; 11 C/DR/125, 23 nov. 1960 ; 11C/ Résolution 8.2.
[633] Interview Larnaud.
[634] X 07.21 (44), I : Paris, 17 déc. 1963 : observations du gouvernement français sur l’avant-projet de programme et de budget 1965-66 de l’Unesco, p. 2.
[635] A sa 20e session, en déc. 1965, l’assemblée générale des Nations Unies a adopté la résol. 2105 relative à l’application de la déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, et la résol. 2017 sur les mesures tendant à faire appliquer la déclaration des Nations Unies sur l’élimination de toutes formes de discrimination raciale. (cité dans 14C/71, Paris, 7 oct. 1966, p. 1) ; déclaration de l’assemblée générale de l’ONU du 21 déc. 1965 sur les colonies portugaises ; cité dans Jacques Dalloz, Textes…, op. cit.
[636] Seth Spaulding et Lin Lin, op. cit., p. 79.
[637] 14C/71, 7 oct. 1966, point 19, p. 1-3.
[638] Histoire de l’humanité, op. cit., vol. 5, tome 2, p. 1067-1090.
[639] Histoire de l’humanité, op. cit., vol. 5, tome 1, p. 1080.
[640] Histoire de l’humanité, op. cit., vol. 5, tome 1, p. 442.
[641] Histoire de l’humanité, op. cit., vol. 6, tome 2, p. 1256 ; SCHM 9 : commentaires des savants de Bulgarie sur le vol. V, 1966, p. 1-3.
[642] SCHM 41 : commentaires de 1966, sur la première version du vol. V ; partie III chap. 3 ; les Etats socialistes s’élèvent contre cette vision (SCHM 9 : commentaires des savants de Bulgarie sur le vol. V, 1966, p. 1-3 ; SCHM 41 : commentaires de 1966, sur la première version du vol. V, partie III chap. 3, par la commission nationale tchecoslovaque).
[643] FR, Nantes, carton 104 : lt. de Maillard au ministre des affaires étrangères, 18 déc. 1972.
[644] Courrier de l’Unesco, janvier 1971, p. 25-32 : « L’Afrique et la décolonisation culturelle », par James Ngugi ; Courrier de l’Unesco, nov. 1973.
[645] Courrier de l’Unesco, fév. 1974, p. 37 ; mai 1974, p. 34, avril 1964, p. 33 : lettres favorables de lecteurs ; fév. 1974, p. 37 ; mai 1974, p. 34 : lettres défavorables de lecteurs indignés qui mettent fin à leur abonnement.
[646] Interview Deleon.
[647] J.F. Scott et R.P. Lynton, Le progrès technique et l’intégration sociale, Paris, Unesco, 1953, 162 p.
[648] Sociétés, traditions et technologie : comptes rendus d’enquêtes, dirigé par Margaret Mead, Paris, Unesco, 1953, 407 p. Ce dernier ouvrage a ensuite connu une large diffusion grâce à sa réédition en livre de poche (P. Lengyel, op. cit., p. 22).
[649] O. Klineberg, Etats de tension…, op. cit., p. 255-258.
[650] P. Lengyel, op. cit., p. 23-24. Il fonctionne jusqu’en 1961, puis est absorbé par le CISS. Cf. Changements techniques, économiques et sociaux ; étude théorique, Bureau international sur les implications sociales des changements technologiques, Paris, CISS, 1958, 355 p.
[651] Rapport de During, Nuesse et Verniers, 22 juill. 1955, doc. cit., p. 16 ; L’influence sociale du monde du travail sur les jeunes, rapport d’une réunion d’experts, Gauting, Institut de l’Unesco pour la jeunesse, 1964, 65 p. ; Les répercussions sociales des transformations techniques sur la jeunesse, rapport d’une réunion d’experts, Gauting/Munich, Institut de l’Unesco pour la jeunesse, 1962, 47 p. ; Science et technique au service du développement en Asie, actes de la conférence sur l’application de la science et de la technique au développement de l’Asie, août 1968, Paris, Unesco, 1970, 235 p. ; Henri Mendras, Six villages d’Epire ; problèmes de développement socio-économique, Paris, Unesco, 1961, 92 p. ; CISS, Les implications sociales du progrès technique, Paris, CISS, 1962, 209 p. ; A. Zvorikine, Les conséquences sociales de la mécanisation et de l’automation en URSS, Paris, Unesco, 1963, 207 p.
[652] O. Klineberg, Etats de tension …, op. cit., p. 255-258.
[653] ONU, RAG 2 /76, box 10 : Unesco/SS/Mig.Conf./5, Paris, 15 mars 1955, p. 1-2.
[654] ONU, RAG 2 /76, box 10 : lt. de J. Henderson à Mehdi Vakil, 12 mars 1956.
[655] Cités dans O. Klineberg, Etats de tension …, op. cit., p. 255-258.
[656] 3 A 31 Manuals on Cultural Integration of Immigrants : SS/Migration/1, 26 juill. 1957, par Fernado Bastos de Avila et Manuel Diegos ; SS/Migration/Rev.1, Paris, 15 juin 1959 ; Etudes sur l’éducation civique des immigrants ; Australie, Brésil, Canada, et Israël, par C.A. Price, M. Diegues, J. Kage, Paris, Unesco, 1955 ; ONU, RAG 2 /76, box 10 : Unesco/SS/16, 13 août 1956.
[657] 3 A 31 Manuals on Cultural …, II : SS/Migration/1, Paris, 26 juillet 1957.
[658] Peter Lengyel, op. cit., p. 22.
[659] 6C/résolution 3.23.
[660] 325.1 A 53 Study on the positive contribution by immigrants, I : lt. de Bernard O. Binns à H.M. Phillips, 30 juin 1950.
[661] 325.1 A 53 Study on the positive..., I : note du 18 avril 1952.
[662] 325.1 A 53 Study on the positive ..., I : note du 18 juin 1952.
[663] 325.1 A 53 Study on the positive …, I : lt. de Bernard O. Binns à H.M. Phillips, 30 juin 1950 : « grossly lopsided » ; « a grave error ».
[664] 325.1 A 53 Study on the positive ..., I : lt. de John Alexander à Philipps, 18 juill. 1952.
[665] 325.1 A 53 Study on the positive …, II : lt. de Diaz Gonzalez à Klineberg, 5 oct. 1953.
[666] 325.1 A 53 Study on the positive ..., II : lt. de Diaz Gonzalez à Klineberg, 5 oct. 1953 ; lt. de Phillips à Klineberg, 3 nov. 1953.
[667] 325.1 A 53 Study on the positive …, II : lt. de Diaz Gonzalez à Klineberg, 5 oct. 1953 ; lt. de Phillips à Brinley Thomas, 4 fév. 1954 ; lt. d’Oscar Handlin à Phillips, 19 fév. 1954.
[668] 325.1 A 53 Study on the positive …, II : rapport de G. Dennis à Delavenay, 13 avril 1954 ; lt. de Delavenay au directeur du département des sciences sociales, 20 avril 1954.
[669] 325.1 A 53 Study on the positive …, II : lt. de Guy de Lacharrière au cabinet du DG, 3 mai 1954 ; lt. confid. de Lacharrière à T.B. Bottomore, 25 juin 1954 : « touch of bitterness ».
[670] 325.1 A 53 Study on the positive ..., II : lt. de Jean Chevalier à Myrdal, 20 août 1954.
[671] 325.1 A 53 Study on the positive ..., II : lt. de Diaz Gonzalez à Klineberg, 2 août 1954.
[672] 325.1 A 53 Study on the positive ..., II : lt. de Maheu à Lacharrière et Delavenay, 2 sept. 1954.
[673] The positive contribution by immigrants, Paris, Unesco, 1955, 199 p.
[674] 325.1 A 53 Study on the positive ..., II : appréciation de l’ouvrage par D.V. Glass, 2 oct. 1956.
[675] 325.1 A 53 Study on the positive .., II : appréciation de l’ouvrge par Maurice Freeman, 5 oct. 1956 : « misleading ».
[676] 329.18 A 53 CIPSH, II : PHS/10 annexe 1, 15 nov. 1948 : lettre-questionnaire de J. Huxley ; PHS/10 annexe 2, 15 nov. 1948 : questionnaire, 14 p.
[677] EU, box 1603 : rapport de Kenneth Holland au département d’état, 5 mai 1950, p. 2.
[678] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine à Paris au département d’état, 24 déc. 1970, 56 p., p. 20.
[679] Peter Lengyel, op. cit., p. 17.
[680] Nouville, un village français, par Lucien Bernot et René Blancart, Paris, édition des archives contemporaines, 1995, 440 p. Introduction : « Pour la réédition de Nouville » par Claude Lévi-Strauss ; O. Klineberg, Etats de tension…, op. cit.
[681] Claude Levi Strauss, « Pour la réédition de Nouville », texte cit.
[682] O. Klineberg, op. cit., p. 225-226. Cf. Margaret Mead, Cooperation and Competition among primitive peoples, New York, 1937 ; John Dollard et alii, Frustration and Agression, New York, Yale University Press, 1939 ; T.W. Adorno et alii, The Authoritarian Personality, American Jewish Com. Social Issues Service, publication n°3, 1950.
[683] Ross Stagner, « Why War ? », World Unity, 11, p. 264-271, 1932-33. Cité dans Otto Klineberg, Etats de tension et compréhension internationale, op. cit., p. 222-225.
[684] Robert S. Lynd et Helen M. Lynd, Middletown, A Study in Contemporary American Culture, New York, Harcourt, Brace and Company, 1929 ; Robert S. Lynd et Helen M. Lynd, Middletown in Transition : A Study in Cultural Conflicts, New York, Harcourt, Brace and Company, 1937. Cités par O. Klineberg, op. cit., p. 77-78
[685] Notamment : O.A. Oeser, S.B. Hammond, Social Structure and Personality in a City, New York, the Macmillan Company, 1954 ; O.A. Oeser et F.E. Emery, Social Structure and Personality in a Rural Community, New York, the Macmillan Company, 1954.
[686] Claude Lévi-Strauss, « Pour la réédition de Nouville », texte cité.
[687] Pierre Clément et Nelly Xydias, Vienne-sur-le-Rhône. La ville et les habitants, situations et attitudes. Sociologie d’une cité française, Paris, Armand Colin-Unesco, 1955.
[688] Cf. De près et de loin, op. cit., p. 95
[689] Lucien Bernot et René Blancart, Nouville, un village français, op. cit. ; interview Lévi-Strauss pour le vrai nom de Nouville.
[690] Claude Lévi-Strauss, « Pour la réédition de Nouville », texte cité.
[691] Jeune chercheur autodidacte, ami de Lévi-Strauss et de Métraux ; plus tard spécialiste des cultures asiatiques ; Bernot a ensuite écrit Les Paysans arakanais du Pakistan oriental, 2 vol., La Haye, Paris, Mouton, 1967, qui l’a fait entrer au Collège de France. Lévi-Strauss évoque cette personnalité hors du commun : « Ancien ouvrier typographe, titulaire du seul certificat d’études, Lucien Bernot venait d’obtenir l’équivalent du baccalauréat et le diplôme de chinois de l’école des langues orientales. Au cours de nos conversations, sa culture originale, acquise hors de tous les sentiers battus, me captivait » (Cl. Lévi-Strauss, « Pour la réédition de Nouville », texte cité).
[692] Cl. Lévi-Strauss, « Pour la réédition de Nouville », texte cité.
[693] Nouville, un village français, édition de 1995, introduction : « Nouville après Nouville », par Francoise Zonabend.
[694] Courrier de l’Unesco, juin 1955 : « Un village français est mis à la question », par Lucien Bernot et René Blancart, p. 16-19 ; p. 17.
[695] « Nouville après Nouville », par Francoise Zonabend, texte cité. À deux reprises par la suite, à plusieurs années de distance, Bernot a envoyé un jeune chercheur faire une nouvelle enquête à Nouville, et la tentative a échoué à chaque fois, notamment à cause de l’opposition des habitants.
[696] Frédéric Le Play avait initié les monographies au tournant du siècle, et avait sucité plus de 300 études de familles paysannes ou ouvrières, d’ateliers ou de villages.
[697] En revanche, ce genre connaît un regain de faveur dans les années 1960 et 1970.
[698] F. Zonabend n’a repéré que trois comptes rendus dans des revues d’ethnologie : dans Arts et Traditions populaires, 1955, n°2, p. 176, il est dit que les auteurs n’apportent guère la « preuve » des conclusions avancées ; les Cahiers internationaux de sociologie, 1955, vol. 19, p. 185-186, parlent d’un « effort louable » pour renouveler le genre de la monographie, mais estiment que c’est décevant ; la revue American Anthropologist, 1955, 57, n°4, p. 884-885, est plus élogieuse (« Nouville après Nouville », par Francoise Zonabend, texte cité).
[699] Journal Métraux, 8 sept. 1955.
[700] 3 A 31 Nature of conflict : lt. d’Otto Klineberg à T.B. Bottomore, 23 sept. 1954.
[701] 3 A 31 Nature of conflict : mémo de Roger Barnes à A. Myrdal, 1er sept. 1955.
[702] 3 A 31 Nature of conflict : septembre à décembre 1955 : lettres internes entre le personnel du département des sciences sociales.
[703] 3 A 31 Race pamphlets, I : lt. de Georgi Jukov au DG, 1er oct. 1958.
[704] M.H. Holcroft, Lebanon..., op. cit., p. 61 : « misconception » ; p. 64-65 : « scepticism, a feeling that the field was too vast, and exposed too much to the incursions of faction in the newer disciplines of the social sciences » ; « unwieldy and artificial », « a patchwork ».
[705] EU, box 1603 : rapport d’Arthur A. Compton au département d’état, 18 avril 1950.
[706] FR, Relations culturelles 1951-52. Oeuvres diverses. 2.91 Unesco. Carton n°242 : note pour le secrétariat des conférences, 25 juill. 1951.
[707] RU, ED 157/32 : a brief appraisal of the education programme of Unesco, fév. 1955, 13 p. : « doubtful whether much of value has resulted from this work ».
[708] En 1948, le Journal de Genève observe qu’il a déjà permis d’obtenir « les meilleurs résultats » (RP/13, 28 janv. 1948, Georges Ami, dans un article du Journal de Genève, 11 fév. 1948) ; RP/19/49, 1er juill. 1949 : Leader Magazine, Londres, 25 juin 1949 ; en 1951, Le Figaro observe : « sans avoir trop d’illusions […], on doit pourtant tenir pour encourageante une initiative comme celle-là, modeste certes, mais qui aura du moins demontré que la tolérance n’est pas un vain mot » (RP, 12 oct. 1951 : Le Figaro, 2 oct. 1951) ; en 1953, Louis-Paul Bret, dans la Revue de Paris, se montre critique à l’égard de la « grande étude, un peu irréelle », lancée par l’Unesco sur les tensions (RP, 19 mai 1953 : Revue de Paris, mai 1953 : article de P.-L. Bret).
[709] Peter Lengyel, op. cit., p. 12 et 22. « ambiguous ».
[710] P. Lengyel, op. cit., p. 22 : « phraseology ».
[711] Otto Klineberg, « The role of the psychologist in international affairs », The Journal of social issues, 1956, n°9, 19 p., p. 7-8. « first rate investigations ».
[712] Interview Lévi-Strauss.
[713] La nature et le rôle du conformisme dans les conflits inter-groupes ; rapport d’une réunion d’experts, Gauting, 18-22 juin 1963, Gauting/Munich, Institut de l’Unesco pour la jeunesse, 1965, 41 p. ; La modification des attitudes : inventaire et bibliographie de certains travaux de recherche, Paris, Unesco, 1965, 63 p.
[714] Ex : Unesco activities in Japan, op. cit., p. 25-26 ; Benton, box 401 : lt. de Marian Davis à John Howe, 5 déc. 1963.
[715] RU, ED 157/32 : A brief appraisal of the education programme of Unesco, fév. 1955.
[716] Cités par Otto Klineberg, op. cit., p. 255-258. Ex. : Siegfried Kracauer, « Les types nationaux vus par Hollywood », Revue internationale de filmologie, n°6, t. 2, 1950, p. 115-133.
[717] Tensions that cause war, de Hadley Cantril, Urbana, Univ. of Illinois Press, 1950 ; Tensions et conflits : études de psychologie sociale, déclaration commune et rapports présentés sous les auspices de l’Unesco par Hadley Cantril, Paris, Librairie de Médicis, 1951, 299 p. ; Men across borders : How they see each other, par Hadley Cantril et W. Buchanan, Urbana, Univ of Illinois Press, 1952 ; dir. G. Murphy, In the minds of men, New York, Basic Books, 1953 (série d’études portant sur les tensions intergroupes en Inde) ; The modification of international attitudes : A Newzealand study, par E. Beaglehole et J.R. McCreary, Wellington, Victoria Univ., 1953 ; « Cultural assimilation and tensions in Israel », International Social Science Bulletin, 1956, 8, n°1.
[718] Jean Stoetzel, Jeunesse sans chrysanthème ni sabre, étude sur les attitudes de la jeunesse japonaise d’après-guerre, Paris, Plon, Unesco, 1954, 340 p.
[719] Jeunesse sans chrysanthème ni sabre, par Jean Stoetzel, Paris, Unesco, 1953, 336 p., p. 13, 18, 26-32, 81-83, 109, 128, 132, 199.
[720] Ibid., p. 10-13.
[721] Ibid., p. 150, 157, 161, 205-231.
[722] Courrier de l’Unesco, fév. 1956, p. 22-26 : « Les effets de la télévision sur les enfants. 24 heures par semaine devant l’écran », par Wilbur Schramm. L’article traite « l’effet de la violence » télévisée sur l’enfant. « La télévision et la délinquance » ; « Télévision et inadaptation » ; colloque sur l’impact de la violence dans les moyens d’information, organisé sous les auspices de l’Unesco, Paris, 29 juin-7 juillet 1970 ; cité dans : Mary Burnet, Les moyens d’information dans un monde de violence, rapport d’un colloque sur l’impact de la violence dans les moyens d’information, organisé sous les auspices de l’Unesco, 29 juin -7 juill. 1970, Paris, Unesco, 49 p., 1971, p. 39 ; Courrier de l’Unesco, août-sept. 1970 : dossier « L’homme et son agressivité » par Daniel Behrman. p. 4-25 : I. « Un mal ancestral mais non héréditaire ». II. « A l’école des singes ». III. « Le syndrome des grandes villes ». IV. « de la trique à la bombe ». V. « Les autres, c’est nous » ; Les moyens d’information dans un monde de violence, par Mary Burnet, op. cit., p. 39 ; Violence and its cause, Paris, Unesco, 1980.
[723] Mary Burnet, Les moyens d’information dans un monde de violence, op. cit., p. 39.
[724] J. Israel, « Personality change in a socially disturbed rural community », International Social Science Bulletin, 1955, 7, p. 15-22.
[725] Film n°2400, 1970 ; Courrier de l’Unesco, mai 1968, sur le thème « Alerte à la drogue ».
[726] RP, 8 mars 1973 : réunion d’experts sur l’éducation dans les pays les plus développés, pour empêcher l’abus de drogues, 11-20 déc. 1972 : Le Point, 5 fév. 1973 : « France : l’arrêt de l’escalade », par Jean-Marie Pontaut ; Le Figaro, 12 déc. 1973 : « L’éducation, une manière de lutter contre la drogue », par Jean-Jacques Leblond ; Combat, 13 déc. 1973 : « Unesco : le ‘mythe’ de la drogue » ; La Croix, 13 déc. 1973 : « Un avertissement du malaise des jeunes générations face à la société actuelle » ; Le Monde, 13 déc. 1972 : « 50 spécialistes étudient à Paris les politiques d’éducation et d’information sur l’abus des stupéfiants » ; L’Express, 11 au 17 déc. 1972 : « L’Unesco cherche des idées contre la drogue ». L’article constate que « l’on n’a commencé à s’occuper du problème qu’à partir du moment où les enfants des classes privilégiées se sont retrouvés pantelants sous la seringue » ; Le Nouvel Observateur, 18-22 déc. 1972 : « L’Unesco et la drogue » : « la réunion […] marque peut-être un tournant dans la politique antidrogue des pays occidentaux. Elle s’ouvre, en tout cas, sur des prémices liberales : un constat d’échec de la politique répressive » ; Le Figaro, 12 déc. 1972 : « Un mal mondial » par Thierry Maulnier ; Il Giorno, 5 déc. 1972 : « L’Unesco a déclaré la guerre à la drogue ».
[727] Report of the US delegation to the 17th session ..., doc. cit., p. 18-19.
[728] Vers la compréhension universelle, op. cit., vol. XI.
[729] La révision des manuels scolaires et l’entente internationale, Paris, IICI, 1933.
[730] SCHM 8 : rapport de Miguel Ozorio de Almeida, 23 août 1949, p. 3.
[731] Vers la compréhension universelle, op. cit., vol. XI, p. 41. Sur la comparaison des manuels scolaires au début du XXe siècle, voir Mark Starr, Lies and Hate in Education, Hogarth Press, Londres, 1929.
[732] ED/117, 24 nov. 1952, p. 2. En 1933, l’association de sociétés « Norden » (« le Nord »), étendue sur cinq pays nordique (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède) fonde un « Comité mixte des pays nordiques pour l’enseignement de l’histoire », qui réalise en 1940 le tome I de la série Questions controversées de l’histoire des pays nordiques. Au lendemain de la guerre, le gouvernement norvégien poursuit cette action.
[733] J. Torres Bodet, op. cit., p. 216 ; discours de B. Russell à la 4e conférence générale, 4C/VR.9, 29 sept. 1949, p. 151-154.
[734] XO7.21(44)NC, I : lt. de Louis François au DG, 5 janv. 1951 ; RP, 17 août 1951 : Le Monde, 6 août 1951, Le Figaro litteraire, 11 août 1951, Force ouvrière, 9 août 1951 ; Combat, 9 août 1951 ; New York Times, 9 août 1951 ; en fait, plusieurs journaux comme Le Figaro s’efforcent de rassurer une opinion inquiète : Le Figaro, 9 août 1951 ; ED/90, 9 fév. 1951, p. 1 ; EU, box 2243 : NC 3/6 (Rev), 22 sept. 1947, Report by the US National Commission for Unesco on the program of Unesco for 1948.
[735] EU, box 1562 : lt. confid. d’Oliver M. Marcy au département d’état, 12 nov. 1957, p. 1.
[736] ED/117, 24 nov. 1952, p. 9-10.
[737] ED/136, 15 fév. 1954, p. 28-29 ; Unesco, 50 années …, op. cit., p. 40-41.
[738] ED/117, 24 nov. 1952, p. 1.
[739] Cf. ED/116, 24 nov. 1952 ; la Commission nationale suisse organise en 1950 et 1951 deux cours d’information sur l’action éducative de l’Unesco, et en 1952 une étude sur la « Contribution des manuels scolaires et des divers auxiliaires de l’enseignement au développement de la compréhension internationale » ; ED/117, 24 nov. 1952 ; ED/76, 28 avril 1950 ; ED/118, 24 nov. 1952.
[740] ED/108, 16 juill. 1951 ; Histoire, géographie, et éducation sociale, résumé des programmes scolaires de 53 pays, Paris, Unesco, 1953, 122 p.
[741] J. Torres Bodet, op. cit., p. 59 : « pero cuantos lo adoptaron en la practica ? Mas aun : cuantos ministros de instruccion publica tuvieron tiempo para leerlo ? » ; Journal Métraux, 16 août 1955 ; 7 sept. 1955 ; RU, ED 157/32 : fév. 1955 : a brief appraisal of the education programme of Unesco.
[742] RP, 7 janv. 1960 : Construire, Zurich, 9 déc. 1959.
[743] Haakon Vigander, La révision des manuels d’histoire dans les pays nordiques sur la base de consultations réciproques, ED/78, Paris, juill. 1950 ; ex : les 12 volumes de Vers la compréhension internationale (1950-1953) ; collectif, La Réforme des manuels scolaires et du matériel d’enseignement, Paris, Unesco, 1950 ; J.A. Lauwerys, Les manuels d’histoire et la compréhension internationale, Paris, Unesco, 1953 ; C. Peter Hill, L’enseignement de l’histoire : conseils et suggestions, Unesco, 1952 ; collectif, Les consultations bilatérales Pour l’amélioration des manuels d’histoire, Paris, Unesco, 1953 ; Joseph A. Lauwerys, Les manuels d’histoire et la compréhension internationale, Paris, Unesco, 1953, 87 p. ; colloque organisé à Bruxelles en 1950 sur le thème : « l’amélioration du contenu des manuels scolaires, en particulier d’histoire ; réunion de mai 1956 sur la présentation de l’Asie dans les manuels scolaires occidentaux » (ED/147.) En Amérique, l’Unesco encourage des rencontres Etats-Unis-Canada (le « Canada-United States Committee on education », en 1953), qui permettent la publication de deux rapports (The Canadian Content in American History Textbooks et The American Content in Canadian History Textbooks, 1954) ; ceux-ci concluent que l’importance du Canada pour les Etats-Unis n’est pas suffisamment mise en lumière dans les manuels américains, et que les manuels canadiens n’insistent pas assez sur la période coloniale de l’histoire des Etats-Unis et sur les périodes d’amitié et de collaboration entre les deux pays ainsi que sur les liens économiques, sociaux et culturels qui les unissent. En Europe, l’Unesco encourage de nombreuses rencontres bilatérales (notamment la rencontre internationale de Brunswick (mars 1951), les rencontres anglo-allemandes de 1951, les rencontres franco-allemandes (Fribourg-en-Brisgau, août 1950 ; Paris, mai 1951, Mayence, août 1951 ; Tubingen, juill.-août 1952), les rencontres franco-italiennes (Rome 1951, Paris 1952), la rencontre d’historiens allemands de Brunswick (décembre 1951), les rencontres germano-danoises (Copenhague, février 1952, et Brunswick, avril 1952)). L’Allemagne est particulièrement active dans l’action d’amélioration des manuels, grâce au Centre international de recherches sur les manuels scolaires établi à Brunswick (Internationaler Institut Schulbuchforschung, qui publie chaque année un Internationales Jahrbuch für Geschichtsunterricht) et à l’Arbeitsgemeinschaft Deutscher Lehrerverbände. En France, les travaux sont menés par la Société des professeurs d’histoire et de géographie. Ainsi, au terme de la rencontre franco-allemande de Mayence (1951), les deux parties ont adopté 40 articles relatifs à des points litigieux de l’histoire commune des deux pays pour la période 1789-1933. Quant aux rencontres franco-italiennes de 1951-1952, elles ont permis d’harmoniser la présentation des guerres d’Italie, de la Révolution franaise et de l’Empire, et de l’unité italienne (Les consultations bilatérales pour l’amélioration des manuels d’histoire, Unesco, 1953). Concernant l’Asie dans les manuels occidentaux et l’Occident dans les manuels asiatiques, quatre grandes conférences internationales sont organisées entre 1958 et 1962 (à Paris en mai 1956, à Tokyo en septembre-octobre 1958, en Nouvelle Zélande en 1960, et à Goslar (RFA) en mai 1962. La conférence de Tokyo en 1958 donne lieu à un rapport intitulé Comment les manuels et le matériel d’enseignement des pays d’Asie méridionale et orientale présentent l’Occident. La conférence de Paris donne lieu au rapport : La présentation des cultures d’Asie dans les manuels et le matériel d’enseignement des pays occidentaux (ED/147)). Les travaux portent notamment sur la révision des erreurs et des textes tendancieux, mais aussi sur des éléments de présentation plus subjectifs, comme l’emploi de culeurs désagréables (marron, gris) pour présenter les pays rivaux dans les cartes, et l’établissement des divisions chronologiques en fonction de l’histoire nationale. En 1958 est organisé à Brunsvick un séminaire sur la façon dont est décrite l’histoire européenne, auquel participent des universitaires, historiens, et auteurs de manuels, appartenant à onze pays européens. Ce séminaire aborde de façon importante la question du colonialisme. (RFA, Bestand B91, Band 254 : rapport de ce séminaire, 30 avril 1958) ; en avril 1954 est organisé à Porto Rico un stage d’études sur l’enseignement de l’histoire (ED/139, 5 janv. 1955, p. 2). Lors des rencontres, la méthode de travail est la suivante : échange de manuels ; établissement d’une liste des points litigieux ; rédaction des thèses par un groupe ; examen critique des thèses par les membres des deux groupes ; élaboration d’un contre-projet de thèses par l’autre groupe et examen critique par les membres des deux groupes ; accord sur un texte commun. L’action consiste à rectifier des erreurs de faits, à corriger les biographies traitées comme des hagiographies ou dans un esprit de dénigrement systématique, à gommer la présentation tendancieuse de certains événements, à effacer une terminologie insultante ou maladroite, à combler les omissions, notamment la place insuffisante réservée aux autres pays et civilisations.
[744] La Commission nationale norvégienne elle-même reconnaît qu’il n’a pas été possible de trouver un accord entre la Suède et la Finlande : « les deux pays ont une conception si differente de ce qui a trait à leur histoire commune que les experts ont préféré donner une serie d’exposés pour la Finlande et une série pour la Suède » (ED/117, 24 nov. 1952, p. 10).
[745] DG/166, 26 janv. 1952, p. 7.
[746] MAPA/ED/2, mai 1962 , p. 3-4.
[747] C. Ware, article cité, p. 275, citant Nehru.
[748] Discours de Russell, 29 sept. 1949, discours cité, p. 151-154 : « if you say to me « This is propaganda », I reply « All education is propaganda ». […] There is only good propaganda and bad propaganda, and this, I say, is good propaganda ».
[749] Discours de Russell, 29 sept. 1949, discours cité, p. 151-154 : « in a manner to exhibit the collective development of mankind, and to make wars appear foolish rather than glorious ».
[750] Rapport de Charles Ammoun, février 1958, MAPA/ 3 AC/4, p. 6.
[751] C. Ware, article cité, p. 275.
[752] ED/139, 5 janv. 1955, p. 2.
[753] Vers la compréhension universelle, op. cit., vol XI, p. 34-35.
[754] Lucien Febvre et François Crouzet, Paris, 10 avril 1951, origines internationales d’une civilisation, éléments d’une histoire de France, Unesco, WS/031.101. 32 p., p. 3.
[755] ED/90, 9 fév. 1951, p. 2-3.
[756] ED/136, 15 fév. 1954, p. 9-10.
[757] ED/124, 10 fév. 1953, p. 5-6.
[758] Vers la compréhension universelle, op. cit., vol. XI, p. 30-31.
[759] MAPA/ED/2, mai 1962, p. 3-4.
[760] MAPA/ED/2, mai 1962, p. 11-12.
[761] ED/90, 9 fév. 1951, p. 4-6.
[762] SCHM 53 : Times Literary Supplement, Londres, 29 août 1952 : « History by agreement » ; New York Times, international edition, 12 mars 1952, p. 4 ; RP, 5 oct. 1951 : Le Monde, 20 août 1951 : article sur les « épurateurs de manuels ».
[763] Moniteur de l’Unesco, août 1947, p. 3-4 : « L’Unesco en face de deux mondes », par Byron Dexter : c’est le résumé d’un article de Dexter, rédacteur de la revue trimestrielle américaine Foreign Affairs (publié dans cette revue en avril 1947) ; RP/7, 17 nov. 1947 : l’hebdomadaire Tribune (Chicago).
[764] RP/9, 13 janv. 1948 : Vita e pensiero, déc. 1947 ; La Luce (30 nov. 1947) ; L’Osservatore Romano (Vatican, 10 déc. 1947).
[765] ED/90, 9 fév. 1951, p. 2-3 ; ED/116, 24 nov. 1952.
[766] Article 26 de la charte des Nations Unies, cité dans Charles Zorgbibe, La paix, Paris, PUF, que sais-je , 1984, p. 91-93.
[767] Décision du conseil de sécurité de l’ONU, 13 fév. 1947.
[768] Yves Collaert, Le désarmement ; étude et bibliographie sur les efforts des Nations Unies, La Haye, Nijhoff, 1958, 110 p., publié sous les auspices de la FUNA.
[769] Jean Defrasne, Le pacifisme, Paris, PUF, que sais-je, 1983, p. 114-116.
[770] John N. Hazard, « Legal Research on ‘Peaceful Co-existence’ », The American Journal of International Law, vol. 51, n°1, janv. 1957, p. 63-71.
[771] O. Klineberg, Etats de tension …, op. cit., p. 204.
[772] RFA, B91, Referat 601, Band 16 : rapport de K. Pfauter sur les sessions de la commission nationale indienne pour la coopération avec l’Unesco, 14 fév. 1956 ; Hindustan Times, 7 fév. 1956 : « Glaring Gap in UN Practice and profession. Azad’s criticism in Unesco body » ; discours d’Azad, 6 fév. 1956 ; Times of India, p. 1 et 7, 7 fév. 1956 : « Unesco urged to help backward areas. Mr. Azad’s address to Indian Commission » ; en 1954, la commission nationale du Népal demande à l’Unesco de célébrer chaque année une « Journée contre la guerre scientifique » pour favoriser l’utilisation des méthodes de la science moderne pour la paix (X 07.83 P.C. Young, II : DV n° 137, appendice D : « résolutions de la 1e conférence générale de la commission nationale intérimaire du Népal pour l’Unesco », 6 nov. 1954 ; « anti-scientific war day ») ; à la conférence des commissions nationales à Tokyo en 1956, une résolution est proposée, demandant l’interdiction des armes nucléaires et l’usage exclusif de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Mais le délégué du Royaume-Uni réussit à convaincre l’assemblée que cette résolution n’est pas de la compétence de cette conférence ; la résolution est donc abandonnée (XO7.21(44)NC, II : « Séance plénière de la Commission nationale française pour l’Unesco, ministère des affaires étrangères », 25 juin 1956, p. 19-20).
[773] Yves Collaert, Le désarmement ; étude et bibliographie sur les efforts des Nations Unies, La Haye, Nijhoff, 1958, 110 p.
[774] 5 A 31 « Nuclear energy and its uses in peace » : New York Times, 12 juill. 1955 : « UN Unit Planning Atom Peril Study », par Walter H. Waggoner : « a ban on war ».
[775] Courrier de l’Unesco, février 1959, p. 21-26 : dossier « La science contre la guerre » : « Le choix : destin heureux ou sort effroyable », par N. Semenov, p. 21-22 ; « Une guerre totale n’est plus possible », par H.J. Bhabba, p. 23-24 ; « Guerre : orgueil, peur, misère » par G. Berger, p. 25-26.
[776] 5 A 31 « Nuclear energy and its uses in peace » : la Federation of American Scientists, Washigton DC, Bulletin d’information n°60, 8 mars 1955 ; n°64, 14 avril 1955, n°68, 30 juin 1955 ; New York Times, 7 mars 1955 : « Scientists Urge UN To Sift Peril From Atom Tests », par Peter Kihss.
[777] 372/8/MP 01, I : lt. d’Arthur Gagliotti à Adiseshiah, 9 avril 1957.
[778] A Genève, la conférence tripartite sur l’arrêt des essais nucléaires s’ouvre le 31 oct. 1958 et celle sur la prévention des attaques par surprise le 10 nov. 1958.
[779] L’Express, 10 déc. 1959, p. 35-37 : « Document : l’avenir de l’espèce humaine » : long texte de J. Huxley.
[780] 56 EX/Decisions, rés. 8.1, p. 7 ; 11 C/compte rendus des débats, 16 nov. 1960, p. 112-113, cité par G. Archibald, op. cit., p. 276-277.
[781] Projet présenté par MM. Carneiro (Brésil), Eek (Suède) et El Fasi (Maroc). (55 EX/DR.1 et 2, 55/Déc. 5.2 et 11 C/Rés. 5.202 ; 55 EX/décisions, résol. 5.2.A. (G. Archibald, op. cit., p. 260-261, C. Osakwe, op. cit., p. 145).
[782] Anna Lorenzetto, op. cit., p. 66-67.
[783] Ch. Zorgbibe, La Paix, Paris PUF, que sais-je, p. 91-93. Seuls le préambule et 4 articles (sur une trentaine) avaient été adoptés.
[784] 61 EX/Décisions, résol. 4.2.6, Paris, 15 juill. 1962, p. 6-7. Le conseil exécutif décide de soutenir la résolution 1516 (XV) de l’assemblée générale de l’ONU (cité dans C. Osakwe, op. cit., p. 145).
[785] 12C/résolution 3.73, p. 46-47. Cette résolution se fonde sur la résolution n°891 (XXXIV) de l’Ecosoc du 26 juill. 1962. (cité dans C. Osakwe, op. cit., p. 145).
[786] Apprendre à être, op. cit., Préambule, par Edgar Faure.
[787] 66 EX/décisions, résol. 9.3.
[788] RP, 13 nov. 1964 : Le Figaro, 16 nov. 1964, p. 1, article de J. Guéhenno.
[789] INA.
[790] X 07.21 (44), I : Paris, 17 déc. 1963 : observations du gouvernement français sur l’avant-projet de programme et de budget 1965-66 de l’Unesco, p. 2.
[791] Charles Zorgbibe, La paix, op. cit., p. 75-87. Cf aussi : Johan Galtung, La science de la paix, Science et Paix, Bruxelles, 1973. En 1959, Johan Galtung fonde à Oslo « l’Institut international de recherches sur la paix ». Il s’inscrit dans la tradition de pacifisme constructif des pays scandinaves. Galtung rejette le concept strictement négatif de la paix comme « absence de troubles », qui rejoint le principe conservateur de préservation de l’ordre. Pour Galtung, la paix résulte d’une part de l’absence de violence, mais d’autre part aussi de l’établissement de relations positives de coopération. C’est une définition « active » de la paix, contrairement à la conception de Max Weber.
[792] 13 C/résol. 3.255.
[793] X 07.21 (44), I : Paris, 17 déc. 1963 : observations du gouvernement français sur l’avant-projet de programme et de budget 1965-66 de l’Unesco, p. 2.
[794] X 07 A 120/197 UNSA : Propositions de la commission nationale de l’URSS sur le programme et budget 1967-68, 31 mai 1965, p. 11, 14.
[795] Doc. 14C/DR11(P), 21 oct. 1966 . Cité dans C. Osakwe, op. cit., p. 149.
[796] C. Osakwe, op. cit., p. 150 : le premier de ces séminaires se tient à Dar-es-Salam, en août-sept. 1967.
[797] EU, box 3213 : 15 USGC/21.3/3.1, addendum, 1er oct. 1968 : « several years of experience has clearly demonstrated that no significant results could be obtained » ; « unfruitful ».
[798] Ch. Zorgbibe, La Paix, op. cit., p. 91-93, 101 ; Sissela Bok, Alva Myrdal. À Daughter’s Memoir, New York, Addison-Wesley, 1991, 375 p., p. 303-319.
[799] Impact, Vol. XXII, n°3 ; juill.-sept. 1972 : « Débat sur le désarmement nucléaire » ; Courrier de l’Unesco, nov. 1970, p. 4-5 : « Sinistre panorama de la course aux armements », par Philip Noel-Baker ; p. 6-8 : « Champignons vénéneux. 46 explosions nucléraires par an » ; p. 15-20 : « L’horreur des armes bactériologiques et chimiques » ; p. 21-22 : « La science de la survie. L’étude de la guerre et de la paix », par B.T.A. Röling ; p. 23-24 : « 100 conflits armés depuis la dernière guerre mondiale » ; Hemptinne : Unesco/NS/ROU/277, 2 avril 1972 : Military research and its impact on world peace, par Y. de Hemptinne ; NS/ROU/363, Zinal, sept. 1975 : problèmes planétaires de survie et de développement du genre humain, par Y. de Hemptinne.
[800] FR, Nantes, carton 104 : lt. de Maillard au ministre des affaires étrangères, 18 déc. 1972.
[801] Obstacles to disarmament and ways to overcoming them, Paris, Unesco, 233 p., 1981 ; Paris, 3-7 avril 1978, réunion d’experts sur les obstacles au désarmement et sur les moyens de les surmonter ; en 1980, l’Unesco adopte une résolution en faveur du désarmement (21 C/résol. 11.1.).
[802] K. Mofadel Khamsi, op. cit., p. 578 ; DG/73/23, 10 déc. 1973, p. 1.
[803] Hemptinne : Le prix Nobel de la Paix a été donné cinq fois à l’ONU ou à des organismes apparentés : au HCR en 1954 et en 1981, à l’Unicef en 1965, à l’OIT en 1969, aux forces de maintien de la paix des Nations Unies en 1988. Le prix Nobel de la Paix a aussi été décerné à John B. Orr, directeur général de la FAO, en 1949 ; à Ralph J. Bunche, médiateur des Nations Unies en Palestine, en 1950 ; à Dag Hammarskjöld, en 1961, à titre posthume ; P. Lengyel, op. cit., p. 15.