CHAPITRE 2 : l'omniprésence des tensions politiques (1 sur 2)

2. L’omniprésence des tensions politiques.








L’Unesco est en théorie apolitique [annexe 14] ; mais il n’y a presque aucun enjeu, même culturel, qui ne soit pas lié de près ou de loin à la politique, même si les avis divergent au sujet de l’autonomie du culturel par rapport au politique. Malgré ce caractère théoriquement apolitique, l’Unesco a été, comme les autres organisations internationales, en permanence affectée par les enjeux politiques internationaux, ainsi que l’observent à la fois les politologues[1] et les anciens fonctionnaires de l’organisation[2]. C’est cependant seulement en 1976 que son directeur général a reconnu que « l’Unesco a toujours été une organisation politique »[3]. Ces enjeux affectent tous les domaines de son fonctionnement et de son activité. Ainsi, alors que Louis Dollot affirme que « la science est un domaine […] moins accessible que les autres secteurs culturels aux idéologies politiques qui divisent les États membres »[4], en fait, même les activités de l’Unesco dans ce domaine sont l’objet de conflits d’ordre politique.
La question de l’engagement de l’Unesco dans les conflits politiques est toujours restée délicate, et la timidité de l’organisation dans ce domaine l’a souvent contrainte à se limiter à des sujets consensuels[5]. Cela a été notamment le cas pendant les années 1950, période où les tensions politiques au sein de l’organisation ont été particulièrement vives, ce que plusieurs fonctionnaires déplorent, estimant, à l’instar de Delavenay et de Métraux, que l’Unesco se condamne ainsi à rester dans la superficialité et le conformisme[6]. En décembre 1958, dans son discours d’installation au poste de directeur général, Veronese souligne la tension entre la nécessité pour l’Unesco de conserver la neutralité politique, et celle de s’engager dans des réflexions aux implications politiques. Il affirme que « l’impartialité n’est pas indifférence », et que si l’Unesco doit « garder une stricte et sereine neutralité à l’égard des philosophies, des systèmes, des politiques, des religions », cependant elle doit se consacrer « à la recherche d’une éthique sociale »[7].
Il convient de se demander si l’Unesco, dans son fonctionnement et dans la réalisation de ses programmes, a été affaiblie par les tensions politiques ou bien si au contraire elle a réussi à jouer son rôle qui était précisément de contribuer en fin de compte à un apaisement de ces tensions.
Étant donné que les rapports et archives officiels de l’Unesco occultent le phénomène politique au sein de l’organisation (puisque celui-ci ne doit pas y exister en principe), les principales sources permettant de l’étudier sont les archives diplomatiques des États membres, celles de l’ONU, les correspondances confidentielles de l’Unesco, et les articles de presse[8].
Une perspective chronologique s’impose pour saisir l’évolution des tensions politiques à l’Unesco au fil de ces trente années. Trois périodes peuvent être distinguées. De 1945 à 1953, l’institution est constituée presque exclusivement d’Etats occidentaux ; États du Tiers Monde et États socialistes n’en font pas partie. De 1954 à 1959, la crise maccarthyste ainsi que l’entrée de l’URSS plongent l’organisation dans la tourmente de la guerre froide : toute la vie de l’organisation est influencée par le conflit est-ouest. À partir de 1960, l’entrée massive des États africains nouvellement indépendants modifie complètement la physionomie de l’Unesco : agrandie, elle devient le théâtre d’un conflit nord-sud ; la régionalisation s’affirme de manière croissante.

2.1. 1945-53 : l’apparition précoce de conflits.

Dans le monde de l’après-guerre en proie aux tensions politiques et aux clivages idéologiques les plus vifs, l’Unesco connaît très vite l’extrême difficulté de respecter son apolitisme de principe[9].

Une politisation précoce.
Dès les toutes premières années, on observe une politisation. Durant son mandat, Julian Huxley s’efforce de faire abstraction des enjeux politiques[10]. Pourtant, ceux-ci font rapidement leur apparition, de manière plus ou moins dissimulée, dans les débats et dans l’exécution des programmes, et empêchent souvent les réflexions de suivre leur cours naturel.
Cette tendance est déplorée dès la conférence générale de 1946, notamment par Léon Blum, président de la conférence[11], par les membres de la commission nationale française[12], par William Benton[13], et par le ministre français des Affaires Etrangères, qui écrit dans un document confidentiel :
« Les délégations […] sont retournées dans leur pays avec le sentiment mêlé d’amertume que, même dans le domaine culturel, les grandes assises internationales sont dominées par les rivalités de puissances et que la voix des éducateurs et des savants est trop facilement couverte par celle des gouvernements. Le plus grave est que l’on n’a pas senti dans les salles de l’Hôtel Majestic cette foi mise au service d’une grande cause internationale qui, seule, peut assurer le succès de la nouvelle organisation intellectuelle mondiale. Quant à l’esprit international qui aurait dû constamment dominer les débats, force est de reconnaître qu’il s’est très peu manifesté. »[14]
En août 1947, le ministre français des Affaires Etrangères, Robert Schuman, estime qu’« il convient de se montrer encore réservé en ce qui concerne l’avenir de l’Organisation », et évoque les « sérieux obstacles » que constitue la politisation de l’Unesco, estimant : « l’Unesco est beaucoup plus une organisation gouvernementale que l’Assemblée des savants et des peuples que la délégation française voulait réaliser. Elle risque, par conséquent, d’être plus politique que culturelle »[15]. La politisation est déplorée par un nombre croissant de délégués à la conférence générale de 1947[16]. M. H. Holcroft, représentant de la Nouvelle-Zélande à la conférence générale de 1948, y observe l’importance des tensions politiques, qui font obstacle à la véritable réflexion[17]. De même, Milton Eisenhower, membre de la délégation américaine, se sent découragé par « la manipulation politique » et « le vote par blocs » qu’il observe à cette conférence[18]. L’observateur des États-Unis à la conférence de Nankin sur l’éducation de base en 1947 déplore le caractère superficiel et timoré des discussions, qui auraient éludé les vrais problèmes et les vrais débats, par peur de se retrouver impliquées dans des enjeux politiques : « A chaque fois que la discussion s’approchait de ces enjeux plus vastes, elle s’empressait de s’en détourner par peur de conséquences politiques désagréables »[19]. De même, Paul Rivet, qui participe à la conférence d’Iquitos sur la création de l’IIHA, en 1948, déplore la prédominance d’enjeux d’intérêts nationaux, qui handicapent la progression du projet[20]. En 1949, Torres Bodet reconnaît que, bien que l’Unesco soit en théorie « étrangère à la politique », en réalité « la politique n’en possède pas moins une indéniable réalité, et les conflits d’intérêts et de passions qui en découlent réduisent souvent l’Unesco à jouer le rôle de témoin muet »[21]. Dans ses Mémoires, il déplore la langue de bois de la conférence générale, ainsi que l’intérêt national qui oriente le comportement de nombreux fonctionnaires et délégués[22]. La délégation de l’ONU à la conférence générale de 1949 observe que « les délégations semblent avoir été composées […] avec le souci apparent d’éviter les personnalités trop brillantes ou trop vigoureuses. Les gouvernements paraissent avoir souvent préféré fonctionnaires et diplomates aux intellectuels proprement dits, écartés aussi au profit d’hommes politiques »[23]. La presse internationale affirme elle aussi très tôt que l’Unesco est malgré elle soumise aux enjeux politiques, ce qui la met dans une postion de « porte à faux »[24] ; en 1951, le Journal de Genève observe : « si libre qu’elle se veuille des influences gouvernementales, elle n’en est pas moins sous le contrôle des États, risquant ainsi trop souvent d’y laisser le cadre culturel à la merci du cadre politique »[25] ; la même année, Le Monde observe que « Torres Bodet s’est efforcé jusqu’à présent de maintenir l’organisation à l’écart des conflits idéologiques pour que l’Unesco ne devînt pas un instrument de propagande politique », mais observe que cela est de plus en plus difficile[26]. En 1952, au moment de la démission de Torres Bodet, Le Monde affirme que les institutions internationales « apparaissent de plus en plus comme des champs clos où s’affrontent les propagandes »[27] ; et Combat regrette : « les grands courants politiques se sont infiltrés à l’Unesco »[28]. En 1953, Walter Laves, président de la commission nationale américaine, déplore dans un discours que chaque État membre cherche à tirer de l’Unesco un intérêt national, et que « chacun n’attend pas la même chose de l’Unesco »[29]. Cependant, il faut interpréter avec prudence ces jugements : le sentiment de la politisation par les contemporains n’est pas forcément la preuve de l’existence de celle-ci.

2.1.1. « Clan latin » vs. « clan anglo-saxon ».

Les rivalités entre clan latin et clan anglo-saxon sous Huxley.

L’intérêt du « clan anglo-saxon » pour l’Unesco.
L’intérêt du gouvernement américain pour les relations culturelles internationales est né tardivement. Aux États-Unis, l’action culturelle est traditionnellement le fait d’associations et de fondations privées[30]. Durant l’entre-deux-guerres, les États-Unis ont refusé de participer à la SDN et à ses institutions culturelles. Une « Commission nationale de coopération intellectuelle internationale» avait pourtant été créée aux États-Unis : chargée de mobiliser l’intérêt de cercles intellectuels pour l’idée de la coopération culturelle internationale, elle avait collaboré avec l’IICI en tant qu’organisme privé[31].
La Seconde Guerre Mondiale déclenche dans l’esprit du gouvernement américain une prise de conscience de la nécessité de s’impliquer davantage, désormais, dans les affaires internationales, notamment dans le domaine culturel. Entre 1941 et 1945, les États-Unis participent activement à la création de l’ONU. Parallèlement, ils montrent un intérêt marqué pour le processus de création de l’Unesco, entre 1942 et 1945. En septembre 1945, dans un message officiel, le président Truman exprime son intérêt pour la future Unesco[32]. À cet intérêt gouvernemental s’ajoute celui de nombreuses organisations privées américaines et des milieux du cinéma[33]. Au Congrès, la thèse de l’adhésion des États-Unis à l’Unesco, défendue avec éloquence et conviction par des personnalités telles que William Benton, Archibald MacLeish, Charles Thomson, Frederick G. Hochwalt, William Carr, l’emporte[34]. Cet intérêt, loin d’être désintéressé, répond essentiellement à des motivations politiques et économiques[35].
Le département d’Etat, qui considère l’Unesco comme une agence d’une très grande importance pour les intérêts américains, crée dès 1946 en son sein un « Comité sur les relations avec l’Unesco »[36]. Ce comité, dirigé par W. Benton puis à partir de 1950 par George V. Allen (secrétaire d’Etat adjoint pour les Affaires publiques en 1948-49), présente les idées de l’Unesco comme inspirées par les idéaux démocratiques américains. Benton, dans ses discours à la radio, identifie les valeurs de l’Unesco avec celles des États-Unis[37]. Ses propos sont teintés d’un fort nationalisme[38] ; il n’hésite pas à déclarer qu’il conçoit l’Unesco comme une « force politique de première magnitude »[39], « une force majeure pour le programme de sécurité des États-Unis et pour l’accomplissement des objectifs de la politique étrangère américaine »[40]. Allen lui aussi conçoit l’Unesco comme un instrument servant à diffuser dans le monde l’idéologie américaine[41]. De plus, le Département d’état joue un rôle majeur dans la création en 1947 de la commission nationale américaine, qu’il finance largement et dont il nomme les membres[42]. Des tensions se développent d’ailleurs en 1947 entre la commission nationale américaine et le Département d’état, celui-ci reprochant à celle-là de manifester une autonomie excessive par rapport à sa ligne politique[43]. L’incident aboutit à la soumission de la commission nationale devant le Département d’état[44]. En 1948, le département d’état crée le poste de « représentant permanent des États-Unis à l’Unesco », confié à Kenneth Holland[45]. La création de ce poste est révélatrice de l’importance que cet État accorde à l’Unesco. En outre, la délégation américaine aux conférences générales de l’Unesco est composée principalement de fonctionnaires du département d’état. Ainsi, Howland Sargeant, président de la conférence générale en 1951 et 1952, a été en 1947-48 vice-secrétaire d’état adjoint pour les affaires publiques[46]. En 1949, le président Truman, rencontrant Torres Bodet, lui parle de l’Unesco avec intérêt et « sympathie »[47].
Les États-Unis s’efforcent d’orienter le programme dans un sens qui favorise leurs intérêts. Ainsi, s’ils insistent pour que l’Unesco développe son action au moyen des mass media, cela s’explique par le fait qu’ils voient dans l’organisation la possibilité de diffuser leur idéologie et leurs produits culturels dans le monde[48].
Cependant, ces véritables motifs d’intérêt pour l’Unesco doivent rester cachés. En mai 1950, Walter Laves, alors sous-directeur général, rappelle à l’ordre Benton qui tient des propos trop explicites sur l’intérêt politique des États-Unis pour l’Unesco : « Vous ne pouvez quand même pas dire ouvertement que l’Unesco doit être au service de la politique étrangère américaine », lui dit-il[49]. Pourtant, les arguments évoqués devant les milieux politiques et les milieux d’affaires reposent bien sur ces éléments. D’ailleurs, en 1953, le même Walter Laves, alors président de la commission nationale américaine, dans des discours devant des hommes politiques et des hommes d’affaires américains, souligne l’intérêt économique que présente l’Unesco pour les États-Unis, évoquant la possibilité pour ce pays d’obtenir grâce à l’organisation « de nouveaux marchés et des possibilités d’investissement outre-mer ». « Il n’y a pas à en avoir honte », affirme-t-il. « Le développement économique de ces pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du sud […] est une nécessité non seulement pour la satisfaction de leurs aspirations mais aussi pour le maintien et l’enrichissement de l’économie américaine ». Il fait valoir que « la contribution unique et de grande valeur » faite par l’Unesco à l’éducation dans le monde stimule le développement économique des pays en voie de développement et crée par là des marchés nouveaux et fructueux pour les États-Unis[50]. « Ne vous y trompez pas : notre participation à l’Unesco sert nos intérêts nationaux », assure-t-il[51].
Cet intérêt politique et économique des États-Unis pour l’Unesco entraîne le développement d’une attitude militante du département d’état pour promouvoir l’organisation, à la fois aux États-Unis et dans les autres États membres. En 1950, le département d’état affirme à l’assistant secrétaire général de l’ONU, Benjamin Cohen, être très confiant dans les efforts du système de l’ONU pour éviter une nouvelle guerre et pour promouvoir « un sentiment croissant de solidarité humanitaire et une force morale parmi les peuples »[52]. La même année, le département d’état se renseigne, par l’intermédiaire de ses diplomates, sur le degré d’intérêt des autres États membres pour l’Unesco, et charge la délégation américaine et la commision nationale américaine de se consacrer à stimuler cet intérêt des États membres, en touchant les autres délégations et les autres commissions nationales[53].
Cette attitude du département d’Etat ne suscite pas uniquement de l’approbation, mais aussi des critiques dans la presse des autres États membres et notamment de la France. En 1952, Combat affirme que les États-Unis sont en train d’essayer de faire de l’Unesco « un terrain annexe de la politique mondiale où se noueraient des ‘alliances’ et s’opposeraient des ‘groupes’»[54].
Quant au Royaume-Uni, s’il s’est beaucoup impliqué dans la gestation de l’Unesco (1942-45), et s’il est dans les premières années (jusqu’à l’adhésion de l’URSS en 1954) le deuxième plus important contributeur au budget de l’Unesco, il se serait cependant, selon Elhem Chniti, rapidement désintéressé de l’Unesco, à partir de l’installation de celle-ci à Paris ; selon elle, il aurait renoncé à utiliser cette organisation comme un instrument de prestige national, préférant compter sur le Commonwealth et sur son alliance bilatérale avec les États-Unis[55]. Ce jugement prononcé par Elhem Chniti apparaît contradictoire avec l’idée de « clan anglo-saxon » unifié.
Ainsi, le « clan anglo-saxon » et en particulier les États-Unis nourrissent un intérêt précoce pour l’Unesco. Cet intérêt est essentiellement stratégique. Qu’en est-il du « clan latin » ?

L’intérêt du « clan latin » pour l’Unesco.
La France, quant à elle, est très intéressée par l’Unesco, en grande partie pour des raisons de prestige national[56]. La politique française à l’égard de l’Unesco s’inscrit dans la continuité de celle qu’elle a menée à l’égard de l’IICI[57]. Lors de la conférence constitutive, la France insiste, par la voix de Léon Blum, pour obtenir la localisation du siège de l’organisation à Paris[58]. Les États-Unis en revanche preconisent une ville d’ « un petit pays développé, avec une base démocratique stable, de tendance libérale, comme le Danemark ou la Hollande ou la Norvège ». Finalement un arrangement secret est passé entre Français et Américains, par l’intermédiaire de Léon Blum : le Siège serait à Paris, mais en échange le directeur général de l’Unesco ne serait jamais un Français, et le premier serait un Anglo-Saxon[59].
L’intérêt politique de la France pour l’Unesco est clairement exprimé dans les archives diplomatiques confidentielles. Il s’agit de favoriser à l’Unesco tout ce qui peut accroître le prestige de la France dans le monde. Ainsi, à l’approche de la conférence générale de Mexico en 1947, le Quai d’Orsay s’efforce « de composer notre délégation de manière à ce qu’elle puisse servir efficacement le rayonnement français en Amérique latine »[60]. En 1948, la France est favorable à la candidature au poste de directeur général du Canadien Sir Vincent Massey, chancelier de l’université de Toronto, à cause de « la coexistence dans ce pays de deux groupes ethniques d’origine française et anglo-saxonne », et, comme l’expose Francisque Gay, ambassadeur de France au Canada, dans une lettre confidentielle au ministre, à cause du fait que cet homme est un intellectuel, s’exprime volontiers en français et « a toujours paru très favorablement disposé à l’égard de la France »[61]. De même, en 1950, un fonctionnaire du Quai d’Orsay écrit confidentiellement que la France doit soutenir et encourager les activités de l’Unesco qui tendent à favoriser l’influence de la France dans le monde[62].
L’importance accordée par le gouvernement français à l’Unesco s’observe notamment au fait que plusieurs ministères français entretiennent des contacts avec le Secrétariat de l’Unesco, bien que cela soit contraire à la tradition diplomatique[63].
Elle s’exprime aussi dans la presse. L’article « La France à l’Unesco » publié par André Siegfried en première page du Figaro en mars 1948 est très révélateur de la rivalité entre clan latin et anglo-saxon : face à l’ambition des États-Unis de faire de l’Unesco une « machine de paix » qui enseignerait le « way of life américain » en promouvant la libre circulation de l’information, existerait selon Siegfried à l’Unesco une autre conception, « qu’on ne saurait appeler exactement ni latine, ni française, mais qui relève au fond de la latinité et dont nous [les Français] nous sommes trouvés, sans l’avoir directement cherché, les représentants les plus actifs et les plus influents ». Cette conception latine se caractériserait par la défense des valeurs de « l’humanité », et par « une résistance latente contre cette forme trop évidente de puissance que représente aujourd’hui la presse américaine, la radio américaine, le film américain, l’agence d’information américaine, sans oublier ces fameux comic-strip qui se sont répandus sur le monde entier ». Critiquant la conception américaine de la culture (« Est-ce là de la culture ? »), il lui oppose la culture classique française :
« Les Français, il y a trente ans, avaient inventé la « coopération intellectuelle », dans un esprit surtout intellectuel. Les Américains parlent surtout d’« éducation », d’« information », ce qui n’est pas la même chose. […] Si la culture demande une gestion, il ne faut pas qu’elle soit étouffée par ce besoin d’organisation qui est peut-être la marque la plus authentique de notre époque : l’« ère des organisateurs » risque de ne pas laisser à la personnalité la place qui est la sienne dans une civilisation de l’esprit ».
André Siegfried présente la France comme « le leader naturel d’une foule de pays soucieux de freiner une trop rapide américanisation de la planète ». Il met dans ce groupe « l’Amérique latine, les pays méditerranéens, le proche Orient, l’Inde ». Il s’efforce de justifier la place de premier plan de la France à la tête de ce mouvement :
« Je n’exagère certainement pas en disant que la France est le leader désigné de pareil mouvement, car elle le représente […] avec éclat. […]. Tous ceux qui voyagent constatent, en effet, que notre prestige culturel est intact. […] La vitalité spirituelle de la France est intacte. Notre délégation à Mexico [conférence générale de 1947] était brillante […]. C’est à elle qu’allait la curiosité de la presse mexicaine, pleine de leurs portraits, de leurs interviews. […] Nous voyons là en quoi nous avons conservé sur le monde, du moins sur certaines parties du monde, une incontestable emprise. »
Le texte de Siegfried est en fait beaucoup plus une défense, teintée d’un fort anti-américanisme, de la conception française de la culture et de la place (menacée) de la culture française dans le monde qu’une déclaration d’enthousiasme vis-à-vis de l’Unesco. Ainsi, il conclut que cette conférence générale constitue « un précieux encouragement » non pas pour l’Unesco, mais « pour la France »[64].
Pour mener cette action de promotion des intérêts français à l’Unesco, le gouvernement français mise sur l’action de la commission nationale française[65], et influe sur sa composition et ses orientations. Pour le ministre français des Affaires Etrangères, « ce sera grâce à l’activité et à l’influence de sa commission que la France pourra […] prétendre garder à l’Unesco la place à laquelle elle a droit »[66]. Le gouvernement français donne à sa commission nationale une orientation très intellectuelle : elle rassemble notamment Paul Rivet, Charles Morazé, Lucien Febvre, Pierre Auger, Jules Romains, Jean Guéhenno[67]. La France a donc une manière très différente du Royaume-Uni de défendre ses intérêts nationaux à l’Unesco, utilisant le vecteur intellectuel comme instrument privilégié (alors que le Royaume-Uni s’est efforcé de couper les ponts entre l’Unesco et les cercles intellectuels britanniques).
L’Italie, qui adhère à l’Unesco en 1947[68], se rattache au « clan latin ». Comme la France, elle vise à utiliser l’Unesco pour affermir et restaurer un prestige culturel qu’elle sent en déclin dans le monde.
France et États-Unis apparaissent très vite comme les deux meneurs des deux principaux « clans » idéologiques qui dominent l’Unesco dans ces premières années : le clan latin et le clan anglo-saxon. Ces années donnent lieu à des conflits entre ces deux clans.

L’élection du premier directeur-général.
La manière dont se déroule l’élection du premier directeur-général est une illustration exemplaire de l’intrusion des enjeux politiques à l’Unesco. Les étapes de cette élection s’étant déroulées au cours de séances secrètes de la conférence générale, c’est principalement grâce à des sources diplomatiques qu’il est possible de reconstituer cet événement.
Conformément à un accord secret passé en 1945 entre la France (en la personne de Léon Blum) et les États-Unis en échange de l’installation du siège de l’Unesco à Paris, la France promet de voter en 1946 pour le candidat américain au poste de directeur général[69]. Le poète et bibliothécaire du Congrès Archibald MacLeish, apprécié des Français pour son caractère intellectuel[70], refusant finalement de se présenter, les États-Unis ont des difficultés à trouver un candidat de valeur. Ils présentent finalement Francis Biddle, ancien juge au Tribunal de Nuremberg. Toutefois, de l’avis de nombreuses délégations, notamment française et britannique, celui-ci ne possède pas la carrure et les compétences pour un tel poste[71]. Malgré les « avis répétés » donnés aux États-Unis par la délégation française, qui considère cette candidature comme vouée par avance à l’échec, le département d’Etat, bien que partageant cette opinion, refuse de modifier le choix de son candidat et cela entraîne des tensions[72]. En octobre 1946, après de longues hésitations, Biddle, devant l’importante « campagne de couloirs » opposée à sa candidature, renonce finalement à se présenter[73].
C’est finalement le candidat du Royaume-Uni, Julian Huxley, que son pays avait d’abord hésité à mettre en avant par crainte de froisser les États-Unis[74], qui est présenté. Il est élu à une faible majorité[75], malgré le scepticisme qu’il inspire au gouvernement américain[76] et la campagne diffamatoire lancée contre lui par son compatriote Alfred Zimmern. Celui-ci était en effet président de la commission préparatoire et aurait été bien placé pour devenir candidat britannique si une maladie subite ne l’avait contraint à se faire remplacer par Huxley. Estimant avoir été injustement mis à l’écart, aigri, Zimmern s’efforce de faire échouer la candidature de Huxley, en répandant la rumeur qu’il serait communiste[77].
Les États-Unis, en échange de leur soutien au candidat Huxley, bénéficient de « sérieuses contreparties » : Huxley est contraint de s’engager par avance, par un accord secret, à démissionner au bout de deux ans (alors que le mandat de directeur général est théoriquement de six ans)[78], et de voir son pouvoir limité, d’une part par la mise en place d’un comité permanent, émanation du conseil exécutif, ayant pouvoir de décision pour la mise en œuvre du programme et pour la nomination du haut personnel, et d’autre part par la désignation d’un directeur-général adjoint dans le domaine administratif et financier, qui sera américain[79]. Il s’agit de Walter Laves, agent du Département d’Etat[80], choisi, à la grande déception de la France, de préférence au Français Jean Thomas[81]. Celui-ci, qui avait été assistant secrétaire général de la commission préparatoire, déçu de se voir « oublié » et de ne se voir proposer que des postes secondaires, obtient finalement sur son insistance personnelle auprès de Huxley, au bout de quatre mois de réclamations, qu’un second poste de directeur général adjoint soit créé pour lui : celui de directeur général adjoint pour les affaires culturelles[82].
Ainsi, la nationalité du directeur général est un enjeu entre les trois principales puissances fondatrices de l’Unesco (France, États-Unis, Royaume-Uni). La procédure d’élection est détournée par des tractations secrètes. La nomination de deux directeurs généraux adjoints, l’un Américain, l’autre Français, pour épauler le directeur général britannique, répond moins à une réelle nécessité administrative qu’à la volonté de créer un équilibre de nationalités au sein de l’équipe dirigeante.
Ces tractations politiques pèsent sur l’atmosphère de la première conférence générale[83] et du Secrétariat. Au Quai d’Orsay comme au département d’état, on est conscient que cet arrangement qui prive le directeur général d’une grande partie de ses pouvoirs entraîne une situation ambiguë, qui augure mal pour les débuts de l’Unesco. Le ministre des affaires étrangère français observe au sujet de Huxley : « le parcours qui lui est offert est limité et semé d’obstacles. […] tout porte à croire qu’il lui sera difficile de réussir »[84]. Le conseiller de la délégation américaine, Albert Noyes, estime que les conditions imposées par le département d’état à Huxley, le réduisant à n’être « guère plus qu’un pantin », constituent « une faute de premier ordre », et considère qu’« aucun homme ne peut réussir au poste de directeur général dans ces conditions »[85].

Les conflits sous Huxley.
Durant le mandat de Huxley, les conflits entre le clan latin et le clan anglo-saxon s’expriment clairement. Ils se matérialisent en particulier par des rivalités entre la France et les États-Unis. Si la volonté de la France d’utiliser l’Unesco pour promouvoir sa culture jugée élitiste irrite les États-Unis, réciproquement la volonté des États-Unis de diffuser au moyen de l’Unesco leur culture de masse dans le monde est perçue avec hostilité par la France[86]. Cette rivalité s’exprime à différents niveaux : à la conférence générale et au conseil exécutif ; dans les relations diplomatiques officieuses entre États membres ; au Secrétariat.

Les rivalités à la conférence générale.
Les représentants de la France et des États-Unis à la conférence générale et au conseil exécutif entretiennent des liens étroits avec leurs gouvernements respectifs[87]. La délégation américaine est composée avec soin, de manière très politique. C’est le département d’état qui choisit ses membres, en consultation avec Benton, secrétaire d’état adjoint, qui est aussi le président de la délégation[88]. La délégation française et la délégation américaine sont en rivalité. Aux conférences générales de 1946 et 1947, le gouvernement américain se réjouit de constater que la délégation américaine est selon lui la plus puissante, la délégation française étant certes « la plus distinguée » mais ne jouant selon lui pas de rôle politique notable[89].
En effet, si la France a exercé une influence dominante à la CAME et à la commission préparatoire, cette influence est éclipsée à la conférence générale de 1946[90]. Cela s’explique en partie par le rapport de forces défavorable au « clan latin » : à l’approche de cette conférence, la France s’inquiète de voir que seuls quatre pays d’Amérique latine ont adhéré à l’Unesco. Pierre Auger, dans une lettre confidentielle d’octobre 1946, exprime sa « désolation » à ce sujet, étant conscient que cela amènera « un déséquilibre marqué en faveur des nations de culture anglo-saxonne, qui se trouveront avoir une majorité automatique » à la conférence générale[91].
A la suite de la conférence générale de 1946, la délégation française ainsi que la commission nationale française s’alarment du succès avec lequel les États-Unis ont réussi à y faire prévaloir leurs intérêts[92]. Le ministre français des affaires étrangères déplore que les orientations données au programme de l’Unesco à cette conférence sont d’inspiration plus américaine que française[93].
La délégation américaine se montre rapidement en mesure d’exercer des pressions sur les délégations du clan latin : ainsi, à la conférence générale de 1947, William Benton affirme que si l’Unesco ne suit pas les volontés des États-Unis, les conséquences en seront graves[94], faisant ainsi des menaces voilées évoquant un éventuel retrait de la contribution américaine au budget.

Les rivalités au conseil exécutif.
Les États-Unis ont dès le début une vision très politisée du conseil exécutif[95]. C’est pourquoi le département d’état prône en 1947 une réforme du conseil exécutif qui rendrait cet organe plus politique encore, faisant de ses membres des représentants officiels de leur gouvernement, pousse Archibald MacLeish à démissionner du conseil exécutif et le fait remplacer par Milton Eisenhower, « personnalité plus effacée et par conséquent plus docile aux ordres de Washington », preuve selon le ministre des affaires étrangères français que « le département d’état a fini par imposer ses vues en écartant de l’Unesco un homme que sa largeur d’esprit et son indépendance de pensée rendaient suspect et difficile à utiliser ». Début août 1947, le ministre français des affaires étrangères estime que l’attitude des représentants de l’Europe au conseil exécutif illustre « les réflexes de défense d’un vieux monde qui veut maintenir certaines valeurs et qui tente d’opposer un barrage aux films d’Hollywood » et à la culture américaine dans son ensemble[96]. Fin août 1947, au terme de la session du conseil exécutif, le ministre français observe avec inquiétude que « l’emprise américaine semble s’être considérablement affirmée » sur ce conseil, et que « le projet de programme [pour 1948] s’est trouvé être un document à peu près totalement étranger à nos conceptions et aux démarches de notre esprit » ; il évoque avec alarmisme ce qu’il perçoit comme une « toute-puissance » des États-Unis sur le conseil exécutif[97].

Les manoeuvres diplomatiques de la part des deux clans.
Les États-Unis mènent de manière souterraine une active campagne diplomatique auprès des autres États membres, notamment ceux d’Amérique latine, pour les faire adhérer à leurs vues, les intégrer dans leur « clan »[98]. Pour résister au « clan anglo-saxon », à l’« impérialisme culturel américain », et pour assurer le « maintien de la pensée et de la langue française » à l’Unesco, la France mène des efforts diplomatiques sans relâche auprès des États du « clan latin », c’est-à-dire les États d’Europe et d’Amérique latine ; ces efforts s’étendent même aux États arabes et à certains États asiatiques. Ils sont fructueux puisqu’ils aboutissent à l’adhésion en 1947 de la Suisse, de l’Italie et de l’Autriche[99]. De plus, la France mène une action diplomatique pour encourager l’adhésion de l’URSS, afin de faire contrepoids aux États-Unis[100]. Dans cette campagne diplomatique, la France exploite le fait que selon elle la puissance américaine à l’Unesco « effraye les autres nations qui éprouvent instinctivement le besoin de s’unir pour se protéger contre cette nouvelle croisade qui pourrait bien être suivie d’une véritable invasion »[101].

Les rivalités au secrétariat.
Le secrétariat est lui aussi l’objet de rivalités entre « latins » et « anglo-saxons ». Elles ont pour enjeu d’une part les nominations aux postes importants (Américains contre Français), d’autre part la langue employée (anglais contre français). Les États-Unis s’efforcent de placer le plus grand nombre possible d’Américains aux postes-clés du secrétariat, afin de contrebalancer l’influence des fonctionnaires français[102]. Cela irrite les autres nations ; Huxley observe ainsi en 1947 : « beaucoup d’autres nations s’énervent de ce qu’elles considèrent comme une influence injustifiée des Anglo-saxons, et particulièrement des Américains »[103]. Cependant, malgré ces efforts, au milieu de l’année 1947, les Américains n’arrivent qu’en deuxième place parmi le haut personnel de l’Unesco, avec 21 postes, contre une trentaine pour les Français. Ce sont les Britanniques qui sont alors la nationalité la plus représentée, avec 40 postes, dont celui de directeur général[104].
Néanmoins, la nomination de l’Américain Laves au poste de directeur général adjoint pour l’administration est un acquis de taille pour les États-Unis, et apparaît à la France comme le symbole de la domination de cet Etat sur l’Unesco : en 1947, Jean Thomas écrit confidentiellement à Huxley que « le gouvernement français et la commission nationale française considèrent la nouvelle répartition des postes dirigeants comme ayant déplacé l’équilibre en faveur des pays anglo-saxons »[105]. De même, le ministre français des affaires étrangères observe que Laves est « le maître absolu des finances, de l’administration et même du recrutement de l’Unesco » ; « aux États-Unis même, un service spécial du département d’état envoie sans arrêt de volumineux mémorandums à l’hôtel Majestic et aux États membres qui se demandent, à juste titre, si le véritable directeur général n’est pas plutôt à Washington qu’à Paris » ; le ministre en conclut que l’Unesco est devenue « une institution soumise à l’influence américaine »[106]. En effet, par l’intermédiaire de Laves et du bureau de coordination du programme, composé uniquement d’Américains, presque tous détachés du département d’état, les États-Unis exercent « un contrôle très étendu sur l’organisation »[107].
La France s’efforce de favoriser le recrutement de Français ou de « personnalités étrangères ayant un bon usage de notre langue et favorables à nos idées et à notre culture ». Durant le mandat de Huxley, ces efforts ne sont pas couronnés de succès. Le ministre français regrette qu’aucun grand intellectuel, savant, ou écrivain français n’ait reçu de poste important à l’Unesco :
« L’Hôtel Majestic, qui devait tout naturellement devenir un centre où nos savants, nos écrivains et nos professeurs auraient pris contact avec les dirigeants de l’Unesco, est resté une citadelle anglo-saxonne au cœur de Paris. Aucun emploi important en dehors de quelques postes administratifs n’a été offert à un Français. »[108]
Cependant, un autre document daté de septembre 1947 donne d’autres échos, comptabilisant parmi les 255 personnes qui constituent alors le personnel de l’Unesco 235 Français, 163 Britanniques, 47 Américains, 16 Belges, sur un total de 553 personnes. Les francophones (français, belges, suisses) sont 255, soit en nette prédominance[109]. Ce changement peut s’expliquer par le fait qu’au cours de cette période le recrutement s’est poursuivi à vive allure ; ainsi, à quelques mois de distance, la physionomie du Secrétariat s’est fortement modifiée.
Ces rivalités concernent aussi l’emploi de la langue. Les États-Unis s’efforcent de favoriser l’usage de l’anglais au détriment du français au secrétariat, afin de faire prévaloir l’influence culturelle anglo-saxonne sur l’influence culturelle française et latine[110]. En 1947, le gouvernement français et la commission nationale française observent avec mécontentement que « l’équilibre a été déplacé […] en faveur de la langue anglaise »[111].

Les rivalités dans les programmes et les activités.
Les rivalités entre clan latin et clan anglo-saxon se manifestent aussi dans les premières activités. Comme l’exprime clairement le ministère des Affaires Etrangères italien, les manifestations culturelles organisées par les États membres dans le cadre des premières conférences générales font l’objet d’une concurrence entre États latins et États anglo-saxons pour leur rayonnement culturel[112]. Et dans le choix des premiers programmes, le clivage entre clan latin et clan anglo-saxon se manifeste à plusieurs occasions, par exemple pour l’adoption du projet de traduction des classiques littéraires, soutenu par la France, le Liban et les pays d’Amérique latine, mais se heurtant à la réticence des Anglo-Saxons[113].

Une diminution de l’influence française pendant le mandat de Huxley.
Le gouvernement français observe « l’influence anglo-saxonne prédominante » durant le mandat de Huxley. Cette diminution d’influence de la France est sans doute liée à sa faible contribution au budget de l’Unesco par rapport à celle des États anglo-saxons. En effet, en 1947, la France ne contribue que pour 7% du budget total de l’Unesco, ce qui est peu par rapport au Royaume Uni (14%) et aux États-Unis (44%)[114]. Sous le mandat de Huxley, les États-Unis se taillent ainsi une position politique prédominante à l’Unesco. L’élection de Torres Bodet remet en question cette domination.


Le rétablissement de l’influence latine sous Torres Bodet.

L’élection de Torres Bodet, plus aisée que celle de Huxley.
La France soutient l’éventualité de la candidature du Mexicain Torres Bodet pour succéder à Huxley[115]. Le Mexique se rattache en effet au clan latin. De plus, Torres-Bodet, de mère française, maîtrise parfaitement la langue française. En outre, son profil intellectuel (il est poète à ses heures) plaît au gouvernement français. Les États-Unis ne s’opposent pas à sa candidature ; ils ne cherchent pas à mettre en avant un candidat américain, car ils tiennent à conserver la position de l’Américain Laves au poste de directeur général adjoint, où celui-ci constitue pour le gouvernement américain un élément très précieux[116].
Lors de l’élection, qui a lieu à la conférence générale de décembre 1948, les deux candidats en concurrence sont l’Australien Ronald Walker et le Mexicain Torres Bodet. Les États-Unis décident de soutenir la candidature de Torres Bodet, bien qu’ils n’aiment pas celui-ci[117], et incitent Walker à retirer la sienne[118]. Contrairement à l’élection de Huxley, celle de Torres Bodet se fait donc sans polémiques ni complications. Pour G.V. Allen, alors président de la délégation américaine, « la quasi-unanimité qui a gouverné le choix de Torres Bodet augure bien pour l’avenir de l’Unesco »[119]. Au tout début de son mandat, Torres Bodet jouit du soutien général de la conférence générale, du conseil exécutif, du Secrétariat ; il semble avoir apaisé momentanément, par l’unanimité qui se fait alors autour de sa personne, l’antagonisme entre clan latin et clan anglo-saxon, réussissant à inspirer confiance et estime aux Américains[120].

Les rivalités entre clan latin et clan anglo-saxon à la conférence générale.
A la conférence générale de 1948, l’Américain A. Compton observe l’opposition nette entre deux groupes d’Etats : d’une part celui mené par les États-Unis, auxquels se rattachent le Royaume-Uni et les membres ou anciens membres du Commonwealth (Nouvelle Zélande, Australie, Canada, Afrique du sud, et Inde), ainsi que les États scandinaves (Danemark et Norvège) ; et d’autre part le groupe des États qu’il désigne comme « européens latins », mené par la France et constitué de la Belgique, du Luxembourg, de l’Italie, de la Suisse et de la Grèce[121]. À cette conférence générale, la délégation américaine estime avoir réalisé « un superbe travail ». « Nous avons accompli l’essentiel de nos buts », estime Milton Eisenhower, membre de cette délégation, dans son rapport confidentiel au département d’Etat[122]. Les États-Unis constituent une délégation de composition très politique, présidée par Eric Thompson[123], puis par Howland Sargeant, secrétaire d’Etat adjoint pour les affaires politiques[124]. La composition très étudiée de cette délégation s’explique par la volonté du département d’Etat de faire pression sur les orientations de l’Unesco : la délégation américaine doit être charismatique et capable d’influencer les autres délégations[125]. À la conférence générale de 1952 notamment, la délégation américaine s’efforce de réaliser un important travail de « négociation » et de « persuasion » auprès des autres délégations pour les faire adhérer aux positions du clan anglo-saxon[126]. Dans ses Mémoires, Torres Bodet évoque la « ténacité » de ses « adversaires » anglo-saxons à promouvoir leurs vues et à s’opposer à ses propres projets et à tout ce qui émane du clan latin[127].
Les conférences générales, sous le mandat de Torres Bodet, voient un renforcement du clan latin : à celle de 1948, les États arabes et latino-américains se joignent au clan latin contre le clan anglo-saxon. Ainsi, selon des informations confidentielles du département d’Etat, Jean Maroun, membre de la délégation libanaise, serait « anti-américain » et « d’orientation presque complètement pro-française » ; titulaire d’un doctorat de la Sorbonne, Maroun est en effet imprégné de la culture classique française. Charles Ammoun, autre membre de la délégation libanaise, et représentant permanent du Liban à l’Unesco, est lui aussi francophile[128]. La France utilise la conférence générale de 1948 tenue à Beyrouth comme moyen de resserrer ses liens avec le Liban et avec les pays arabes[129]. De même, Diedo Luis Molinari, président de la délégation de l’Argentine, s’affirme hostile au clan anglo-saxon ; il se réjouit de l’élection de Torres Bodet, qui permettra selon lui d’« arracher l’Unesco au contrôle des puissances anglo-saxonnes ». Il dénonce la domination anglo-saxonne qu’a connue l’Unesco sous Huxley : « il est inadmissible d’assujettir indéfiniment une organisation comme celle-ci à une façon d’agir et de penser déterminée. Les différentes cultures doivent y exercer leur influence à tour de rôle et la culture gréco-latine, la plus ancienne de toutes, y doit avoir plus que les autres droit de cité »[130]. Le lieu des conférences générales durant le mandat de Torres Bodet est également révélateur de l’influence importante du clan latin : la conférence générale a lieu en 1948 à Beyrouth, en 1950 à Florence, en 1949, 1951, et 1952 à Paris. Le choix de Beyrouth pour la conférence générale de 1948 est le résultat des efforts déployés à la conférence générale de 1947 par Jean Maroun, vicaire patriarcal maronite à Paris et membre actif de la délégation libanaise. Ce choix est bien vu des pays latins de tradition catholique comme la France et l’Italie, car le Liban est un pays de culture d’inspiration latine et comporte une importante population chrétienne[131]. Quant au choix de Florence en 1950, c’est au terme d’une « concurrence serrée » avec d’autres États et de « manœuvres » complexes que l’Italie réussit à l’imposer[132].

La démission de Torres Bodet.
L’opposition entre clan latin et clan anglo-saxon à la conférence générale sous Torres Bodet se focalise sur le budget : alors que la France soutient la volonté du directeur-général de l’augmenter[133], les États-Unis s’y opposent fermement. Face à l’opposition systématique des Anglo-Saxons sur cette question du budget, Torres Bodet utilise dès 1949 la menace de démission[134]. En mars 1950, Kenneth Holland transmet au département d’Etat une rumeur selon laquelle Torres Bodet s’apprêterait à démissionner à la prochaine conférence générale pour protester contre le refus par le conseil exécutif de son projet de budget[135]. D’autres rapports confidentiels envoyés au département d’Etat démentent ces rumeurs, entre mars et avril 1950[136]. Le 13 juin 1950, à la conférence générale, Torres Bodet prononce un discours pessimiste, dans lequel il observe que le monde est « malade de peur » à cause des tensions politiques qui planent sur lui, et annonce sa démission pour protester contre le budget selon lui insuffisant voté par les États membres sous la pression des États-Unis. Selon son propre témoignage, cette annonce suscite « un désarroi profond » parmi les délégués. Deux délégués latino-américains, le Colombien Bernal Jimenez et le Brésilien Carneiro, prennent la parole pour le prier de reprendre sa décision, déclarant que sa présence est « indispensable ». Ces interventions reçoivent le soutien de la délégation française[137] [annexe 16]. Les Anglo-Saxons, estimant que la démission de Torres Bodet est un « geste de prima donna », « antidémocratique », estiment qu’il faut le prendre au mot et élire dans les trois jours un nouveau directeur général, comme le prévoit l’acte constitutif. Leur candidat est déjà prêt : il s’agit du Néo-Zélandais Clarence Beeby. En revanche, les délégations latino-américaines, arabes et asiatiques se solidarisent avec le « clan latin ». Celui-ci se donne pour tâche de convaincre Torres Bodet de revenir sur sa décision : le lendemain de sa démission, une pétition lui demandant de rester est signée par plus de trente délégations, soit la majorité. La France, décidée à « tout mettre en oeuvre pour maintenir en place un directeur général qui s’était employé si heureusement en faveur de la langue et de la culture françaises », joue un rôle majeur dans cette action[138]. Grâce aux « prodiges de négociation dans les coulisses » opérés par le Français Roger Seydoux et par l’Italien Jacini, l’ensemble des délégués accepte finalement de céder sur la question du budget, afin de convaincre Torres Bodet de retirer sa démission avant qu’elle ne devienne publique. ébranlé par ces gestes de bonne volonté, ce dernier accepte alors de reprendre sa démission[139]. Cette démission reprise de Torres Bodet provoque néanmoins une « crise profonde » chez les délégués et le personnel. Pour Huxley, elle aurait été une « erreur » de Torres Bodet et aurait affaibli durablement l’Unesco[140].
A la conférence générale de décembre 1952, le même cas de figure se reproduit : les délégations des États-Unis et du Royaume-Uni s’opposent à nouveau à l’augmentation du budget prônée par Torres Bodet. Le représentant de la France, le ministre de l’éducation nationale français André Marie, demeurant très en retrait lors des débats, c’est la ligne de la restriction du budget prônée par les Anglo-Saxons qui l’emporte lors du vote. Torres Bodet ressent alors « de la colère et du désespoir ». Au beau milieu d’une réunion restreinte, il annonce soudain qu’il démissionne. Cette fois-ci, sa décision est définitive. Elle est suivie de celles de Carneiro, président du conseil exécutif, et de M. Ribnikar, représentant de la Yougoslavie au conseil exécutif[141]. Cette démission a ainsi été le résultat d’une longue épreuve de force entre le clan latin et le clan anglo-saxon.
Selon certaines affirmations, diffusées notamment dans la presse mexicaine, la démission de Torres Bodet aurait aussi une autre explication : Torres Bodet aurait été pressenti comme candidat à la présidence du Mexique, et cela aurait expliqué son désir de se libérer de sa fonction de directeur général de l’Unesco pour se rendre disponible pour ce poste. Dans ses Mémoires, Torres Bodet nie avoir jamais éprouvé une telle ambition, de même que celle que d’autres rumeurs lui ont attribuée de vouloir devenir secrétaire général de l’ONU[142]. Après sa démission, il devient en 1954 ambassadeur du Mexique à Paris, puis redevient ministre de l’éducation du Mexique en 1958[143]. Il garde jusqu’à sa mort un souvenir amer et désabusé de sa brève période à la tête de l’Unesco[144].

Le conseil exécutif de plus en plus « latin ».
Au moment de l’élection de Torres Bodet, la délégation américaine estime que le conseil exécutif va donner lieu à des affrontements politiques croissants entre clan latin et clan anglo-saxon[145]. Elle s’inquiète d’observer que son profil politique se modifie : « anglo-saxon » au départ, il devient de plus en plus « latin » ; les États-Unis se montrent déterminés à lutter contre cette tendance, en nommant des personnalités fortes et efficaces au poste de membre américain du conseil exécutif, afin d’y rétablir la prépondérance de l’influence anglo-saxonne[146]. Le mandat de Torres Bodet voit une radicalisation de l’opposition entre « latins » et « anglo-saxons » au conseil exécutif, le représentant des États-Unis et celui du Royaume-Uni s’y montrant systématiquement hostiles aux positions défendues par Torres Bodet[147]. L’accroissement de l’influence latine au conseil exécutif se manifeste par l’alliance de la France avec des pays arabes, comme la Syrie, dont, en 1951, la France soutient la candidature au conseil exécutif, en raison du caractère francophile du candidat syrien, Constantin Zureik[148]. Cette évolution se manifeste aussi par l’alliance avec la Yougoslavie, dont le candidat, Ribnikar, affiche lui aussi sa francophilie ; comme l’observe le Quai d’Orsay, « M. Ribnikar nourrit à l’égard de notre pays, qu’il connaît bien, de sincères sentiments d’amitié et possède parfaitement notre langue »[149]. L’élection de ces personnalités francophiles au conseil exécutif entraîne un net basculement de l’esprit de celui-ci dans le sens de la France.

Une rivalité importante entre les deux camps au sein du secrétariat.
C’est surtout au sein du secrétariat que s’affirme l’opposition entre clan latin et clan anglo-saxon, et qu’est perceptible l’évolution vers la tendance latine.
La gestion du Secrétariat par Laves, qui sous Huxley avait été bien acceptée[150], est à partir du début du mandat de Torres Bodet contestée de manière croissante par les Européens, pour son caractère très centralisé et d’inspiration américaine ; en mars 1950, le département d’Etat s’inquiète de cette contestation[151], qui, estime-t-il, ne se fonderait pas sur une appréciation objective, mais sur une rivalité politique, et s’expliquerait par la volonté de remplacer Laves par un Européen. Le département d’état s’inquiète de « la marée croissante d’un sentiment anti-américain » au Secrétariat[152], sentiment qui se fonde sur la conviction que les États-Unis cherchent à faire de l’Unesco « un puissant instrument de diffusion pour sa culture et son idéologie »[153]. Ainsi, en décembre 1949, une note confidentielle du ministère des affaires étrangères français exprime l’opposition de la France au renouvellement du contrat de Laves, lequel, selon la France, « exerce une action nuisible à la cohésion et au rendement du Secrétariat » ; la France estime que « la lourdeur de l’appareil administratif de l’Unesco, la relative médiocrité de son rendement, la mise en tutelle des départements du programme par ceux du budget et de l’administration ont été, dans une large mesure, imputables à M. Laves ». Mais cette note exprime aussi la véritable raison, d’ordre politique, de l’hostilité de la France à Laves : « connaissant mal la langue française, peu au fait des modes de penser européens, M. Laves a exercé […] une action tendant à faire prévaloir, au sein de l’organisation, des conceptions administratives trop étroitement américanistes »[154]. En janvier 1950, Laves lui-même se considère comme « le principal rempart des intérêts américains dans l’organisation » et est « amer » de ne pas se sentir davantage soutenu par son propre gouvernement contre les attaques dont il est l’objet au sein du secrétariat de la part des Européens[155].
En 1950, le département d’état se montre très soucieux d’obtenir la nomination d’Américains aux postes clés de l’Unesco[156], et en particulier d’obtenir la nomination d’un autre Américain pour succéder à Laves[157]. Satisfaction lui est donnée, puisque c’est l’Américain Taylor qui obtient ce poste. Mais cela ne suffit pas à inverser la tendance, nette sous Torres Bodet, au recrutement d’Européens, et en particulier de francophones, aux postes à responsabilité[158]. En 1950, la nationalité majoritaire parmi les postes de hauts fonctionnaires est la française (60 de ces postes sont occupés par des Français, contre 51 par des Britanniques et 45 par des Américains)[159].
L’opposition entre clan latin et clan anglo-saxon au sein du secrétariat se manifeste très clairement à travers les rivalités et les inimitiés entre personnel français et personnel américain. Ces rivalités d’ordre politique entravent le bon fonctionnement du secrétariat. Ainsi, en 1950, le département des activités culturelles est paralysé par une antipathie entre l’Américain Bellew et le Français Jean Thomas. Kenneth Holland, lucide, reconnaît qu’« une grande partie des critiques dirigées contre Thomas [par les Américains] est en fait le reflet d’une critique beaucoup plus générale sur l’excessive influence française à l’Unesco »[160]. De même, au sein du département de l’éducation, l’Américain Fred Rex s’oppose au Français Jean Guiton[161]. Au département des échanges de personnes, l’Américain Bill Carter se plaint de ce que le directeur général ait diminué l’étendue de ses compétences au profit des « French Culture Boys »[162]. Tout au long de l’année 1950 et de l’année 1951, Kenneth Holland transmet au département d’état, dans ses rapports confidentiels hebdomadaires, l’insatisfaction croissante de nombreux Américains employés au secrétariat, insatisfaction due au sentiment que le directeur général ne les écoute pas et leur préfère le personnel français. Ainsi, en avril 1950, les Américains Sam Selsky et Gordon Menzies dénoncent le fait que selon eux « l’influence française à l’Unesco est systématiquement développée au détriment de l’influence anglo-saxonne ». Kenneth Holland lui-même juge que « l’influence française en termes de membres du secrétariat est en augmentation, et que le nombre d’Américains au secrétariat est en diminution »[163].
La langue employée au sein du secrétariat est un vecteur très important d’influence culturelle, idéologique, et politique. Si sous Huxley l’anglais a prédominé, sous Torres Bodet la tendance s’inverse au profit du français. Parlant couramment français, et se sentant plus proche de la culture française que de la culture anglo-saxonne, Torres Bodet utilise systématiquement le français, au détriment de l’anglais, dans les réunions, dans ses conversations avec le personnel, et dans ses notes et correspondances, au grand dam du département d’état américain[164]. Le personnel américain observe que l’emploi du français par le directeur général « a considérablement modifié le caractère » des réunions, et constate que, de ce fait, le personnel francophone joue désormais un rôle beaucoup plus important que par le passé au secrétariat. Kenneth Holland souligne en 1949 l’influence prépondérante acquise par Maheu auprès de Torres Bodet, du fait de sa proximité linguistique avec Torres Bodet, dont il est devenu le plus proche conseiller[165], prenant ainsi en quelque sorte la place de l’anglophone Laves, dont l’influence décline[166]. Le département d’état américain déplore également que sous Torres Bodet un des critères importants, bien qu’officieux, pour le recrutement du personnel, soit le fait de parler français[167].
Dans ses rapports confidentiels hebdomadaires au département d’état, Kenneth Holland relate les efforts faits par le camp anglo-saxon pour favoriser la rédaction des documents de travail en anglais au détriment du français. De l’avis du département d’état, les documents rédigés en français seraient caractérisés par beaucoup moins de rigueur que ceux rédigés en anglais[168]. Cette vive rivalité entre langue anglaise et langue française est aussi observée par les diplomates français, qui notent en 1952 la rancœur des Anglo-Saxons devant « le recul de la langue anglaise à l’hôtel Majestic »[169].

Une influence accrue du clan latin dans le choix des programmes.
Les États-Unis s’efforcent d’influer sur le programme au moyen de la commission nationale américaine[170]. Pourtant, durant le mandat de Torres Bodet, le choix des programmes est plutôt inspiré par les États latins.
La Convention sur la libre circulation du matériel audio-visuel de caractère éducatif, scientifique et culturel (Beyrouth, 1948) donne lieu à des controverses. En janvier 1949, Lucien Febvre, devant la commission nationale française, dresse une « dure critique » de l’action des États-Unis en faveur de son adoption, dénonçant « l’impérialisme culturel » des États-Unis ; il exprime sa « forte opposition » à sa signature[171].
En 1950, le projet de convention sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé est soutenu par la France et les pays du « clan latin », mais pas par ceux du « clan anglo-saxon ». En effet, pour le gouvernement britannique (opinion partagée par une partie du secrétariat), « dans une époque de guerre atomique et bactériologique, ce n’est pas le travail de l’Unesco de s’efforcer de protéger les ruines de la civilisation passée ».[172]
De même que cela s’exprime dans le cadre du secrétariat, on observe dans le déroulement des programmes une rivalité entre le français et l’anglais. Elle oppose notamment le département d’état américain et le Quai d’Orsay au sujet de l’emploi de la langue d’enseignement dans le programme d’éducation Unesco-UNRWA au Proche Orient : en 1951 la direction générale des affaires culturelles se préoccupe vivement du maintien de la langue française « sur un pied de complète égalité » avec la langue anglaise dans ce programme[173]. Il en va de même au sujet du choix de la langue d’enseignement au futur Centre d’éducation de base pour les États arabes (ASFEC) que l’Unesco prévoit d’établir en égypte ; en 1952, le ministre des affaires étrangères français charge l’ambassadeur français au Caire de s’efforcer de « provoquer le recrutement du plus grand nombre possible de professeurs et d’instructeurs français »[174]. Ces questions linguistiques ne sont pas tranchées nettement dans un sens ni dans l’autre, mais restent l’objet de rivalités au fil des années.

Le résultat de l’accroissement de l’influence « latine » : l’intérêt des gouvernements anglo-saxons pour l’Unesco diminue.
Lors de ses voyages aux États-Unis en 1951 et 1952, Torres Bodet est déçu de l’attitude des dirigeants politiques américains envers l’Unesco, qu’il perçoit comme indifférente voire hostile : « je les sentis très distants par rapport aux buts de l’Unesco. Je le déplorai »[175]. L’attitude du gouvernement américain envers l’Unesco se refroidit ainsi nettement durant le mandat de Torres Bodet. Il en va de même de celle du gouvernement britannique[176]. Ces deux gouvernements amorcent un net désengagement vis-à-vis de l’Unesco. Les États-Unis s’efforcent de réduire l’étendue de l’action de l’Unesco et de freiner l’intervention directe de l’Unesco dans les États membres, intervention qu’ils perçoivent comme une concurrence avec leurs programmes bilatéraux[177].

Le développement de conflits internes aux clans.

Des divergences entre Royaume-Uni et états-Unis.
Durant la période 1946-53, il serait faux de se représenter la rivalité entre clan latin et clan anglo-saxon comme l’opposition de deux blocs figés. En réalité, l’unanimité ne règne pas en leur sein. C’est surtout au sein du clan anglo-saxon qu’on observe des dissensions, entre les États-Unis et le Royaume-Uni.
Les États-Unis sont hostiles à Huxley, et s’efforcent de contrebalancer son pouvoir par la nomination d’Américains à des postes-clé, notamment à la tête de la division des sciences exactes et naturelles[178]. Le gouvernement britannique est quant à lui partagé au sujet de l’excentrique directeur général. Selon Elhem Chniti, le Board of Education est favorable à Huxley, alors que le Foreign Office lui est hostile[179]. Quoi qu’il en soit, à l’annonce de son élection, le Royaume-Uni propose un budget beaucoup plus élevé que celui que ce même Etat avait proposé initialement (neuf millions de dollars contre six)[180], alors que les États-Unis proposent un budget beaucoup moins important que celui qu’ils avaient préconisé jusqu’alors. Durant tout le mandat de Huxley, les États-Unis lui restent irréductiblement hostiles, condamnant ses supposées sympathies d’extrême-gauche[181], son caractère de « piètre administrateur », de doux rêveur, d’utopiste, et d’« excentrique », responsable selon les Américains du caractère « Alice au pays des merveilles » de l’Unesco[182]. Le ministre français des affaires étrangères observe en 1947 : « la brillante intelligence du professeur Huxley, l’originalité et l’agilité de son esprit, son sens de l’humour et ses dons d’imagination, inquiètent plus qu’ils ne rassurent les Américains »[183]. Les États-Unis sont également hostiles au Britannique Joseph Needham, pour sa tendance jugée « gauchiste » et ses « airs de professeur dans la lune », qui heurtent le pragmatisme américain[184]. En juin 1948, le département d’Etat s’oppose fermement à l’éventualité de prolonger d’un an le mandat de Huxley pour 1949, estimant que « cela minerait gravement le soutien à l’Unesco aux États-Unis ». Il est bien décidé à « s’opposer aussi fortement que possible à toute poursuite du mandat de Huxley et à ne rien négliger pour entraver sa réélection ». Il exige que Huxley clarifie immédiatement ses intentions auprès du grand public et du personnel, en expliquant qu’il ne se représentera pas[185].
Ainsi, malgré l’union des États-Unis et du Royaume-Uni au sein du clan anglo-saxon, des divergences se développent entre les deux États. Elles sont liées non seulement à la personnalité de Huxley et de Needham, mais aussi au fait que le Royaume-Uni se montre très attentif à obtenir, au conseil exécutif comme à la conférence générale, l’adhésion de ses dominions, en multipliant les gestes de bonne volonté à leur égard ; en effet, montrer aux autres pays que les colonies britanniques sont du côté du Royaume-Uni est un atout pour désamorcer d’eventuelles critiques anticolonialistes[186]. Ainsi, le Royaume-Uni ne soutient pas la position des États-Unis en faveur d’une extension des activités de l’Unesco au Japon, afin de ne pas heurter ses dominions, qui, à cause du rôle du Japon dans la Seconde Guerre Mondiale, sont hostiles à cet Etat[187].
Cependant, selon Elhem Chniti, on observe au fil de ces quelques années une évolution continue : le Royaume-Uni tend de plus en plus à s’aligner sur les positions américaines. Alors qu’à la conférence générale de 1946, la délégation britannique n’avait pas hésité à exprimer des divergences avec la délégation américaine, ce qui avait d’ailleurs irrité celle-ci[188], à partir de la conférence générale de 1947, le Royaume-Uni se conforme de plus en plus à la politique américaine[189], et à sa conception de l’Unesco centrée sur l’éducation et l’information des masses[190]. Pourtant, Huxley ne se soumet pas à cet alignement politique[191]. Il critique l’excès de Britanniques au Secrétariat[192], ainsi que la politique américaine d’accords culturels bilatéraux, politique qui, fait-il valoir, tend à court-circuiter l’Unesco[193]. Il se produit alors une sorte de scission entre le gouvernement britannique et Huxley[194]. En outre, les archives diplomatiques révèlent que les divergences entre États-Unis et Royaume-Uni persistent. Ainsi, en 1950 et en 1951, le Royaume-Uni désapprouve l’augmentation du budget prônée par les États-Unis, et préconise au contraire une stricte limitation du budget[195]. De réelles divergences séparent donc États-Unis et Royaume-Uni. Des divergences existent aussi au sein du clan latin.

Les divergences au sein du clan latin au sujet de l’adhésion de l’Espagne franquiste en 1952.
À la conférence générale de 1946, le gouvernement républicain espagnol (en exil) demande à être représenté par un observateur à la prochaine session. La conférence générale, après « un débat assez embarrassé », décide que l’Espagne républicaine serait admise en tant qu’« hôte distingué », mais pas en tant qu’observateur[196]. Cette absence de geste en faveur d’un État démocratique en exil opposé à une dictature apparaît en contradiction avec les conceptions théoriques de l’Unesco, et dévalorise celle-ci aux yeux de plusieurs États[197]. En outre, l’Espagne franquiste est invitée en observateur à la conférence générale de 1951[198]. En 1952, le principe de l’admission de cet État à l’Unesco, après avoir été accepté par le Conseil économique et social, est étudiée par le conseil exécutif, qui, malgré la ferme opposition du représentant yougoslave, donne son accord. Après l’acceptation du conseil exécutif, c’est au tour de la conférence générale de se prononcer sur l’admission de l’Espagne. Ce débat controversé suscite l’affluence du public, dont une grande partie manifeste son opposition à l’admission de l’Espagne par des tracts représentant Franco et Hitler. Lorsque l’admission de l’Espagne est prononcée, une partie du public crie « à bas Franco », tandis qu’une autre applaudit. L’Espagne est admise à une forte majorité. Cet événement provoque des dissensions au sein du clan latin, puisque certains de ses membres, et en premier lieu Torres Bodet, fervent adepte des droits de l’homme, en sont indignés[199]. Cette admission aurait selon certains contribué à sa démission[200]. A partir de l’admission de l’Espagne franquiste, l’Unesco ne peut pas faire figure de protectrice des Républicains espagnols, et ne peut pas répondre à leurs appels[201].
La question de l’attitude de l’Unesco par rapport aux dictatures pose donc problème. Contrairement à l’attitude d’indulgence adoptée à l’égard de l’Espagne franquiste, le conseil exécutif de l’Unesco vote, en 1947, suite à un rapport de Huxley qui a été choqué par la tyrannie et la cruauté de la dictature de Peron en Argentine qu’il a observée lors de sa tournée en Amérique latine, une résolution condamnant ce régime comme contraire aux buts et à l’esprit de l’Unesco[202]. Cependant ce rapport et cette résolution n’ont eu aucun résultat concret. L’Espagne franquiste est admise à l’Unesco en 1952, au terme d’une controverse.

Le Vatican : un acteur politique important, qui divise le clan latin.
Le Vatican exprime immédiatement son intérêt pour l’Unesco, comme pour les autres agences du système de l’ONU[203]. Les préoccupations de l’Unesco rejoignent en effet en partie celles de l’Eglise catholique. L’intérêt du Vatican pour l’Unesco se mêle d’une peur de concurrence[204], et d’une volonté de contrôler l’Unesco afin d’empêcher qu’y triomphe une tendance athée et matérialiste. Des relations officieuses se développent dès les premières années entre le Vatican et l’Unesco. Il s’agit d’un héritage de l’époque de l’entre-deux-guerres. En effet, à cette époque, le Vatican s’était lié à la SDN et à l’IICI, par l’intermédiaire de l’Union catholique des études internationales. Ensuite, durant la Seconde Guerre Mondiale, le Vatican s’était intéressé aux moyens de venir en aide aux victimes du conflit, notamment aux prisonniers et aux personnes déplacées : à cet effet, il avait créé un bureau d’information et une commission de secours. Au lendemain de la guerre, le Vatican s’était intéressé au sort des exilés et des émigrés, et avait créé dans ce but à Genève la Commission internationale catholique pour les migrations. C’est par l’intermédiaire de ces organes que se seraient noués les premiers contacts entre le Vatican et le système de l’ONU, en particulier l’UNRRA et l’IRO, puis l’Unesco[205].
Dès la première conférence générale de l’Unesco en 1946, un observateur officieux, le chanoine Rupp, est envoyé participer à cette conférence par la nonciature apostolique de Paris[206]. En 1947, une « Commission sur l’Unesco » est créée au sein des services diplomatiques du Vatican[207]. À la conférence générale de 1947, le Vatican est représenté en tant qu’organisation internationale non gouvernementale (OING).
A partir du début du mandat de Torres Bodet, les liens entre le Vatican et l’Unesco se font de plus en plus étroits. Torres Bodet accède à la demande du Vatican d’être représenté à la conférence générale de 1948 par une délégation officielle, comme État non membre[208]. Les diplomates américains observent le vif intérêt manifesté par le Vatican pour l’Unesco, et l’influence croissante exercée par les diplomates du Vatican sur l’Unesco. G.V. Allen affirme dans un mémorandum confidentiel : « le Vatican promet d’acquérir une influence importante à l’Unesco »[209]. Les Américains interprètent cette tendance comme étant liée à l’influence croissante du « camp latin » à l’Unesco ; le discours de Torres Bodet « L’Unesco, un acte de foi », est considéré comme d’esprit catholique, bien que Torres Bodet se revendique comme un « libre-penseur », comme un « sceptique irréductible en matière religieuse »[210].
Le gouvernement italien encourage le rapprochement entre l’Unesco et le Vatican. Ainsi, au printemps 1950, lors de la visite de Torres Bodet à Rome, De Gasperi et le comte Sforza insistent vivement pour qu’il aille rendre visite au pape Pie XII. Cette rencontre, qui se produit, resserre les liens entre les deux institutions. Si le pape fait l’éloge des objectifs définis par l’Unesco, il se montre sceptique quant à leurs possibilités de réalisation et se prévaut de l’ancienneté et de l’expérience de l’Eglise, millénaire, par rapport au jeune âge et à l’inexpérience de l’Unesco pour réclamer une sorte de position de guide spirituel du Vatican sur l’Unesco[211]. Des tractations confidentielles au plus haut niveau entre l’Unesco et le Vatican aboutissent en juillet 1952 à l’officialisation des relations entre les deux institutions : le Saint-Siège est désormais représenté par des observateurs officiels à la conférence générale. C’est le nonce apostolique de France, Ange Joseph Roncalli, qui est nommé observateur permanent du Saint Siège auprès de l’Unesco. Le fait qu’il était sur le point de devenir le futur pape Jean XXIII, a joué un rôle déterminant sur la suite des relations entre le Vatican et l’Unesco[212]. Une correspondance lie dès lors les deux observateurs, Mgr. Roncalli et son adjoint Mgr. Pedroni, avec le secrétariat de l’Unesco ; et à partir de ce moment, l’Unesco envoie ses documents officiels à la Secrétairerie d’état du pape (Mgr. Tardini), à la nonciature apostolique (Paris), et au Centre catholique international de coordination avec l’Unesco (CCIC). Torres Bodet entretient des relations « cordiales » et même « amicales » avec Roncalli ; réciproquement, celui-ci exprime à Torres Bodet sa « sympathie » pour l’Unesco, qu’il considère comme une « Eglise laïque »[213].
En 1953, Giuseppe Sensi, important membre des services diplomatiques du Vatican, succède à Roncalli comme observateur permanent du Saint Siège à l’Unesco. Sa nomination confirme aux yeux des États membres l’intérêt porté par le Vatican à l’Unesco[214]. En 1953, l’archevêque Montini (futur pape Paul VI) déclare que le Saint-Siège accorde « un véritable intérêt » à l’Unesco, et estime que cette organisation a un rôle important à jouer dans le monde[215].
Ce sont avant tout des intérêts stratégiques qui semblent expliquer que l’Unesco, malgré son caractère théoriquement non-confessionnel, ait développé des relations étroites avec le Vatican. D’après les explications transmises au gouvernement britannique par un informateur de l’Action Catholique, le Saint-Siège aurait promis de mettre à la disposition de l’Unesco l’immense somme d’informations, accumulée depuis de longues années grâce à son réseau de missionnaires, au sujet de régions du monde sous-développées lointaines et isolées. Ces informations constituent une source précieuse pour l’Unesco[216].
Parallèlement au resserrement des liens entre l’Unesco et le Vatican, les relations deviennent plus étroites entre l’Unesco et les organisations internationales catholiques (OIC). Coordonnées depuis 1927 par la mise en place d’un comité réunissant leurs présidents, elles se dotent en 1951 d’une structure plus développée, la Conférence des OIC[217]. Ainsi fédérées, elles constituent un groupe relativement puissant, qui devient un interlocuteur de poids pour l’Unesco. C’est non seulement en Europe et en Amérique latine, mais aussi aux États-Unis que les OIC développent un vif intérêt pour l’Unesco. Ainsi, en 1953, la puissante Commission catholique sur les affaires intellectuelles et culturelles (CCICA) choisit comme thème pour sa réunion annuelle « la collaboration entre l’Unesco et les catholiques »[218].
Le développement de liens étroits entre le Vatican et l’Unesco divise le clan latin, dans la mesure où une partie de ce clan, de forte tradition catholique, est favorable à cette orientation, et où une autre partie, attachée au caractère aconfessionnel de l’Unesco, y est défavorable.
La période 1945-53 est ainsi caractérisée par des tensions politiques très vives entre deux groupes au sein des États occidentaux qui sont alors les membres les plus importants de l’Unesco : le groupe « latin » et le groupe « anglo-saxon ». Cependant, on peut déjà voir se dessiner des divergences au sein de chacun de ces groupes. Cette période voit également l’émergence des tensions est-ouest à l’Unesco, reflet de la guerre froide naissante.

2.1.2. Tensions est-ouest.

Une atmosphère rapidement assombrie par l’apparition de la guerre froide.
Dès les toutes premières années, les membres du Secrétariat et les représentants des États membres déplorent l’atmosphère de méfiance et d’angoisse, et qui est due à la conscience d’être dans une période politiquement tendue, à cause du début de la guerre froide.
Ainsi dès la conférence constitutive de l’Unesco en 1945, Clement Attlee évoque les « océans de malentendus » qui séparent les peuples[219]. En 1947, au conseil exécutif, Archibald MacLeish souligne la gravité croissante des luttes idéologiques, dans lesquelles il voit « un véritable défi à l’Unesco »[220] ; la même année, à la conférence générale, Huxley évoque avec inquiétude « un monde en proie au fascisme, à l’impérialisme, à l’intolérance, aux persécutions, à l’exploitation tyrannique, à la corruption, à l’anéantissement arbitraire de toute liberté et à un nationalisme outré ». Jacques Maritain, chef de la délégation française, évoque « ce monde écrasé par la détresse d’après-guerre » et estime que l’on se trouve « à un moment particulièrement grave de l’histoire du monde, où en face d’une tension internationale et d’antagonismes croissants dont il serait vain de sous-estimer les dangers, de vastes parties de l’opinion publique risquent de se laisser obséder par la hantise de la catastrophe et de s’abandonner à l’idée de la fatalité de la guerre. L’angoisse des peuples déferle sur tous les rivages »[221]. Les autres délégations à la conférence générale de 1947 expriment des inquiétudes semblables, jugeant l’heure particulièrement grave et angoissante. Elles évoquent la méfiance, la division, la haine entre les peuples, et la menace d’une guerre atomique ou bactériologique[222]. Le souvenir de l’échec des précédentes tentatives de coopération internationale en vue de la paix les amène à une attitude sceptique envers l’ONU et l’Unesco[223]. En janvier 1948, dans une conférence de presse, Huxley développe à nouveau une vision très sombre de l’époque en cours, évoquant « un monde dominé par la méfiance », le « désordre contemporain »[224], et « les forces de haine et de division qui menacent le monde »[225].
Un état d’esprit semblable est perceptible dans les publications et études réalisées alors par l’Unesco, comme l’« enquête sur la liberté » réalisée en 1947[226], et l’ouvrage Autour de la nouvelle Déclaration des Droits de l’Homme, qui évoque un état de « guerre latente »[227] et « la crainte d’une autre guerre totale dans un avenir très proche et son active préparation »[228]. En 1948, dans Le Courrier de l’Unesco, le philosophe chinois Lin Yutang observe que « la société souffre » et est « en proie à un grand déchirement intérieur »[229].
En 1948, dans une note interne, Maheu affirme l’importance selon lui que l’Unesco reste vraiment neutre dans les débats idéologiques qui opposent les deux blocs politiques ; il tient à réaffirmer « l’impossibilité pour le Secrétariat […] de prendre le parti de certains États membres contre d’autres États membres » ; il souligne « le danger d’engager dans la polémique politique qui divise actuellement le monde l’autorité d’une institution spécialisée encore à ses débuts et dont le crédit tient au contraire à son indépendance »[230]. Cette mise en garde montre bien la difficulté de l’Unesco à garder cette indépendance.
Ainsi, bien que les acteurs de l’Unesco s’efforcent d’éviter d’aborder clairement les tensions Est-Ouest afin de respecter l’apolitisme de l’organisation, les angoisses liées au début de la guerre froide s’expriment abondamment, et conduisent à une grande incertitude quant aux possibilités d’action de l’Unesco dans un contexte aussi troublé[231]. Elles se poursuivent dans les années qui suivent, dans le climat de la peur d’une nouvelle guerre mondiale. En 1951, le conseil exécutif, en séance privée, envisage cette hypothèse[232]. Le climat de guerre froide pèse sur le moral du personnel de l’Unesco ainsi que des représentants des États membres. Ainsi, Torres Bodet observe dans ses Mémoires que durant son mandat, « l’ennemi essentiel de l’Unesco était alors la guerre froide »[233]. Holcroft, représentant de la Nouvelle Zélande à la conférence générale de 1948, observe que les délégués, « déprimés par l’état du monde », se montrent peu confiants en l’Unesco[234]. À la conférence générale de 1949, Torres Bodet est désabusé d’observer la politisation des débats selon une logique de guerre froide : « la politique avait triomphé de la raison dans ce débat » ; « je sentis une fois de plus, avec un profond regret, la division du monde en deux blocs inconciliables ». Dans les deux années suivantes, il observe l’accentuation de cette opposition entre deux blocs est-ouest, et en retire une complète « désillusion »[235]. À la conférence générale de 1950, Henri Laugier appelle à « terminer la guerre froide »[236]. La presse déplore que l’Unesco se soit laissée gagner par la guerre froide : ainsi, en 1952, Combat déplore la « division idéologique » de l’Unesco entre Est et Ouest, et en janvier 1953, la presse belge déplore que l’Unesco se soit empêtrée dans « les écueils de la guerre froide »[237].

Une présence très réduite du bloc communiste.

L’absence de l’URSS.
L’URSS, conteste les fondements théoriques de l’Unesco, exprimés dans l’Acte constitutif, notamment l’idée selon laquelle « les guerres naissent dans l’esprit des hommes ». Pour l’URSS, les guerres n’ont pas une origine spirituelle, mais matérielle, liée à l’exploitation économique. L’URSS refuse donc d’adhérer à l’Unesco, malgré les efforts faits par les auteurs de l’acte constitutif pour rendre celui-ci acceptable par cet État[238], et malgré l’insistance des délégués à la première conférence générale pour que la deuxième grande puissance mondiale adhère à l’Unesco[239]. Huxley lui-même s’efforce avec ardeur, durant tout son mandat, de convaincre l’URSS d’adhérer à l’Unesco[240]. En juin 1947, dans une conférence de presse à la suite d’entretiens tenus à New York avec Andreï Gromyko, il s’affirme confiant en l’adhésion prochaine de l’URSS[241]. Pourtant, ces efforts restent vains.
L’absence de l’URSS, regrettée par de nombreux États membres[242], contribue à accroître l’atmosphère de scepticisme envers les capacités de l’Unesco, dans le contexte du début de la guerre froide. En août 1947, le ministre français des Affaires Etrangères déplore : « l’absence de l’URSS, outre qu’elle enlève à l’Unesco son caractère universel, en fait une organisation ‘occidentale’, suspecte à tous les pays soumis à l’influence soviétique »[243]. Les États-Unis en revanche s’expliquent le refus de l’URSS d’adhérer à l’Unesco par l’idée que celle-ci aurait peur que ses citoyens, et notamment ses intellectuels, ne soient par là séduits par l’idéologie occidentale[244].
Bien que non membre de l’Unesco, l’URSS s’efforce toutefois d’exercer une influence elle. Ainsi, au moment de la conférence générale de 1947, qui se tient à Mexico, l’ambassade soviétique de Mexico organise de fastueuses réceptions où elle invite toutes les délégations de la conférence générale[245]. De plus, l’URSS participe au Conseil international des unions scientifiques (CIUS) dès 1946[246]. En outre, le secrétariat compte une Soviétique, Mme Zhukova, chargée des sciences médicales[247].
Cependant, durant ces années avant l’adhésion de l’URSS à l’Unesco, la presse soviétique reste très hostile à l’Unesco. Ainsi, en 1950, le journal moscovite Novye Vremia (Temps Nouveaux) affirme :
« Sous la bannière du cosmopolitisme, l’Unesco prêche et défend la politique des Américains qui aspirent à dominer le monde. L’Unesco sert à favoriser l’expansion idéologique de l’impérialisme du dollar et participe activement à une propagande hostile à l’Union soviétique et aux démocraties populaires […]. En réalité, cette agence soi-disant internationale est un auxiliaire du département d’état américain »[248].
Dans le journal russe Uchitelskaya Gazeta (« Gazette des enseignants »), en 1951, un article intitulé « L’Unesco, instrument de la réaction américaine », affiche une position semblable :
« Les gouvernements français et britannique, qui aspiraient à utiliser l’idée humaine d’une organisation internationale dans les domaines de l’éducation, de la science et de la culture aux fins de leurs propres objectifs de propagande, ont initié la création de l’Unesco. […] Toutefois, les calculs des dirigeants franco-anglais pour obtenir l’hégémonie dans l’organisation ont échoué. Au terme d’une courte lutte en coulisses, toutes les principales positions à l’Unesco se sont retrouvées aux mains des Américains, et l’organisation, en son essence, a été transformée en un obéissant instrument du département d’état américain. »[249]
Cependant, Evans estime que les milieux américains ont beaucoup exagéré le « mépris » des Soviétiques à l’égard de l’Unesco dans ces premières années ; pour Evans au contraire, les Soviétiques « ignoraient plus ou moins » l’Unesco, plutôt qu’ils ne la critiquaient[250].
Dans leur ensemble, l’opinion et la presse internationale déplorent alors l’absence de l’URSS, estimant que cela scelle l’échec de l’ambition universelle de l’Unesco, que cela engendre une « grande faille entre les esprits, entre les éducations, les sciences et les cultures ». La presse communiste d’Europe occidentale est particulièrement critique à ce sujet ; ainsi, en juin 1950, L’Humanité affirme que l’Unesco est devenue un organisme « à peu près totalement américain »[251]. L’absence de l’URSS de l’Unesco entraîne effectivement une orientation idéologique des activités de celle-ci dans le sens libéral, anglo-saxon. Ainsi, en 1948, Julian Huxley envoie une lettre-questionnaire à des philosophes, sociologues, spécialistes des sciences politiques et humanistes, pour les inviter à participer à « l’enquête philosophique sur les conflits actuels d’idéologies ». Le questionnaire consiste en une trentaine de questions, s’appuyant sur des textes relevant majoritairement de la pensée anglo-saxonne[252]. Cependant, l’absence de l’URSS est en partie compensée par la présence des démocraties populaires.

La présence des démocraties populaires.
C’est par l’intermédiaire des autres États socialistes présents à l’Unesco (la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Hongrie, membres, et la Yougoslavie, observateur) que l’URSS y fait entendre sa voix[253]. À la conférence générale de 1946, le Yougoslave Vladislav Ribnikar, ami de Tito, défend les idées soviétiques[254]. À la conférence générale de 1947, le représentant de la Pologne, Birecki, prend systématiquement le contrepied des conceptions américaines sur les orientations de l’Unesco[255], et critique l’administration jugée « américaine » de l’Unesco par Laves[256]. Birecki se lance dans une violente diatribe contre l’influence des États-Unis à l’Unesco, sans nommer explicitement cet État : « un pays vaste, puissant et riche a voulu, non sans succès, dominer l’administration de l’Unesco. Cette domination n’est, bien entendu, qu’un premier pas vers le contrôle total de l’Unesco et vers l’adaptation de son programme à des fins politiques déterminées ». Il vilipende la volonté des États-Unis d’utiliser l’Unesco à des fins politiques et économiques[257]. Il réclame également l’adoption d’une recommandation condamnant catégoriquement « toute propagande de guerre, toute théorie sur l’inégalité des nations et des races, et toute tentative en vue de frayer la route à la suprématie d’un État sur un autre »[258]. Les États-Unis sont clairement visés, sans être nommés (ce qui est d’ailleurs une pratique courante dans les organisations internationales). Devant l’opposition des États-Unis à ce projet de résolution, une résolution édulcorée est votée, se bornant à condamner « l’idée de l’inévitabilité de la guerre »[259]. En 1947, plusieurs personnes dans le gouvernement polonais ont, comme le rapporte Jean Thomas, « la ferme croyance que l’Unesco est seulement un instrument déguisé du département d’état »[260]. Enfin, tandis que les États-Unis sont hostiles à Huxley, les pays socialistes lui sont favorables, et souhaitent sa réélection[261]. Ainsi, les positions exprimées par les États socialistes s’opposent point par point à celles des États-Unis.
Malgré l’absence de l’URSS, la position socialiste trouve donc à s’exprimer à l’Unesco, par la voix de l’observateur yougoslave Ribnikar et du délégué polonais Birecki. Selon A. Compton, en 1948, parmi les trois États socialistes membres de l’Unesco, c’est la Pologne qui joue le rôle moteur. Elle est d’ailleurs alors le seul de ces trois États à être représenté au conseil exécutif[262]. La Yougoslavie, qui adhère à l’Unesco en mars 1950, en devient rapidement elle aussi un membre très actif[263].
Les démocraties populaires s’efforcent avec difficulté d’imposer leurs idées dans les programmes et assemblées de l’Unesco. L’enquête sur la liberté (1947) témoigne du clivage entre pensée communiste (représentée par trois contributeurs français) et pensée occidentale. Dans son rapport final, H.J. Pos observe que, bien que les contributeurs aient « généralement affirmé la necessité de discuter librement et de se rapprocher entre soviétiques et américains, communistes et non communistes », il y a eu « désaccord au sujet du rôle que les systèmes économiques existants jouent par rapport à la libération de l’homme. Les partisans de chacun des deux grands systèmes actuels se font mutuellement les mêmes reproches »[264]. De même, le projet de résolution sur la paix et la guerre, proposé à la conférence générale de 1947 par la délégation polonaise, entraîne immédiatement l’opposition des États anglo-saxons ; il ne réussit pas à être voté tel quel, mais de manière édulcorée, sous forme d’ « Appel solennel contre l’idée de la fatalité de la guerre ». Et une clause est ajoutée sur demande des États-Unis, précisant que « la conférence générale ne voit pas la nécessité de considérer plus longuement cette question ». À la conférence générale de 1950, la proposition de la délégation tchèque suggérant que l’Unesco soutienne l’Appel de Stockholm est rejetée, à cause de l’opposition des délégations anglo-saxonnes ; cette question entraîne une controverse politique[265]. Ainsi, les démocraties populaires sont présentes mais parviennent difficilement à imposer leurs idées.

L’attitude favorable des directeurs généraux envers les États socialistes.
Julian Huxley, de sensibilité politique de gauche, entretient de bonnes relations avec les délégations des trois États socialistes. Il est notamment ami avec le chef de la délégation yougoslave à la conférence générale, Stampar, qui est, comme lui, zoologue. Lors de sa visite en Yougoslavie en 1948, il est frappé du bon accueil que lui font les autorités yougoslaves. Il observe que celles-ci accueillent l’Unesco comme « un pont possible entre les idées communistes et les idées capitalistes ». Les sympathies socialistes de Huxley sont illustrées par son insistance pour que la première conférence de l’Institut international du théâtre (IIT) en 1947 ait lieu à Prague, malgré les réticences du président de l’IIT, M. Priestley, et des États-Unis, par sa participation à cette conférence, et par sa participation à la « Conférence des intellectuels pour la paix », à Wroclaw en Pologne, en août 1948. C’est avec réticence que le conseil exécutif lui accorde la permission de s’y rendre, et seulement en tant que personne privée. D’autres membres occidentaux du secrétariat sont à cette époque, comme Huxley, favorables aux États socialistes, tels Grierson et Needham[266].
Torres Bodet est lui aussi favorable aux délégations socialistes, et regrette l’absence de l’URSS. Cependant, il déplore que la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Hongrie « ne collaborent pas de bonne foi » avec l’Unesco. Dans ses Mémoires, il se dit « impressionné » par les discours du Yougoslave Vladislav Ribnikar, « homme franc et d’intelligence persuasive », et évoque également en termes élogieux le Polonais Birecki :
« Homme jeune, d’intelligence agressive et franche, il se rendait compte que ses interventions étaient condamnées d’avance à tomber dans le vide, puisque les autres membres du conseil se trouvaient quasi invariablement d’accord avec ce que disaient les Nord-américains, les Britanniques et les Français. C’était pour moi un spectacle mélancolique de voir cette inflexible rigueur, parce que Birecki ne manquait pas de raison dans beaucoup de ses objections »[267].
En septembre 1951, Torres Bodet rencontre Tito, qui lui dit beaucoup s’intéresser personnellement à l’Unesco ; les deux hommes nouent des relations cordiales[268]. Ainsi, les deux premiers directeurs généraux, bien qu’appartenant au monde occidental, ont en ce début de guerre froide une attitude favorable envers les États socialistes.

Le retrait de la Pologne, de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie à partir de 1948.
Malgré la sympathie de Huxley et de Torres Bodet, les délégations socialistes sont minoritaires et ne parviennent pas à imposer leurs idées. Rapidement, les relations entre les délégations socialistes et l’Unesco se dégradent. Après la conférence générale de 1947, la Pologne ne paye plus sa contribution au budget de l’Unesco. À la conférence générale de 1948, aucune délégation socialiste n’est présente[269], à la satisfaction de la délégation américaine[270]. À la conférence générale de 1949, les délégations de la Pologne, de la Hongrie, et de la Tchécoslovaquie, abandonnent la conférence au milieu, au moment où sont proclamés les résultats positifs du vote sur la poursuite des activités de l'Unesco en Allemagne, activités auxquelles ces trois délégations s’étaient toujours opposées. Leur départ suscite l’étonnement des autres délégations[271]. À la conférence générale de 1950, la proposition de la délégation tchèque suggérant que l’Unesco soutienne l’Appel de Stockholm est rejetée, sous l’influence des délégations occidentales[272]. La Tchécoslovaquie ne paie plus sa contribution à partir de 1950, ni la Hongrie à partir de 1951. En août 1951, la Pologne critique durement l’Unesco au conseil économique et social, l’accusant d’obédience américaine[273].
En avril 1950, le journal polonais Rzeczpospolita publie une série de deux articles intitulés « l’Unesco au service des États-Unis », dénonçant « la supervision de l’Unesco par le departement d’état », affirmant que les employés anglo-saxons de l’Unesco représenteraient 75 % du total, désignant Laves comme « le dictateur de l’Unesco », et estimant que l’Unesco serait devenue « un exécuteur obéissant de la volonté du département d’état », et même « le bras droit du département d’état »[274]. En février 1951, le journal tchèque Literarni Noviny affirme que l’Unesco serait devenue « l’instrument de la réaction américaine », « l’instrument servile du département d’état », et que les postes importants du secrétariat seraient entièrement aux mains des Américains[275].
A la conférence générale de 1952, la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Hongrie n’envoient pas de délégation ; à la place, la Pologne envoie une lettre virulente dénonçant la transformation de l’Unesco en un instrument de la propagande impérialiste américaine. Le 5 décembre 1952, le chargé d’affaire polonais annonce le retrait de la Pologne de l’Unesco. La conférence générale vote une résolution jugeant « complètement infondées » les allégations de la Pologne et lui demandant de reconsidérer sa décision[276]. Mais la Pologne ne revient pas sur sa décision. Un seul État européen communiste continue alors à participer à l’Unesco : la Yougoslavie[277]. Le retrait des trois démocraties populaires s’expliquerait par la pression de Staline[278]. Les années 1951-1952 apparaissent ainsi, pour reprendre l’expression de Chris Osakwe, comme un « point culminant » des mauvaises relations entre le bloc communiste et l’Unesco[279].
La Chine fait partie des membres fondateurs de l’Unesco. La proclamation de la République populaire de Chine en octobre 1949 et l’existence dès lors de deux gouvernements concurrents, la République populaire de Chine et la République nationaliste, posent un problème pour la représentation de ce pays à l’ONU et dans les agences spécialisées. Suivant l’exemple de l’ONU, et sous l’influence des États-Unis, l’Unesco reconnaît le régime nationaliste. À la conférence générale de 1949, l’Unesco abandonne ainsi tous ses projets en Chine continentale[280]. À celle de 1950, le délégué tchèque, appuyé par le délégué hongrois, demande l’admission de la Chine populaire à l’Unesco. Les autres délégués refusent de discuter cette question, à la grande déception de Torres Bodet. Aux conférences générales suivantes, la question de l’admission de la Chine communiste est soulevée à nouveau mais sans plus de résultats[281]. La non reconnaissance de cet État par l’Unesco est déplorée par la presse de nombreux États[282]. Ce problème restera non résolu pendant de longues années.
L’absence de l’URSS, de la Tchécoslovaquie, de la Hongrie, de la Roumanie, et surtout de l’immense Chine populaire, constitue, de manière manifeste pour les dirigeants de l’Unesco, pour les États membres et pour l’opinion publique, « un grand fossé dans la prétendue universalité » de l’Unesco[283].

Un esprit anticommuniste dominant.

Dans ces années, un esprit anticommuniste domine à l’Unesco. Il semble que dans ces années s’impose l’idée que les conceptions socialistes seraient incompatibles avec l’idéal de l’Unesco, qu’elles en seraient séparées par un « abîme » infranchissable[284].

La crainte obsessionnelle d’une infiltration communiste à l’Unesco.
Parallèlement à la « chasse aux sorcières » qui se développe au sein des Etats-Unis contre les communistes dans les années 1940-50, un phénomène analogue se déroule à l’Unesco. Le département d’Etat américain, par crainte d’une « contagion » communiste, et pour rassurer certains milieux politiques et économiques bien représentés au Congrès qui voient en l’Unesco une organisation proche du communisme, exerce un contrôle strict sur cette organisation pour y détecter toute éventuelle tendance communiste[285]. À la conférence générale de 1948, G.V. Allen, chef de la délégation américaine, prononce un discours très anticommuniste, déclarant que l’Unesco peut « tolérer toutes les idées sauf l’intolérance », faisant par là allusion à la doctrine communiste[286].
C’est en premier lieu au sein du Secrétariat que le département d’état redoute la contagion communiste. Dès 1947, il avertit tous les diplomates américains d’un supposé « danger de développement d’une alliance d’intellectuels gauchistes contre l’influence américaine » au sein du secrétariat, s’inquiétant notamment de la tendance communiste de certains des intellectuels français qui y sont employés[287]. Il s’efforce de s’opposer à la nomination de communistes ressortissants d’Etats non communistes, comme la France et l’Italie[288]. Il établit une liste de tous les soi-disant communistes de l’Unesco[289], commandite des enquêtes confidentielles sur de nombreux membres du Secrétariat suspects d’être communistes[290], et s’efforce d’obtenir leur remplacement par des personnes anti-communistes et pro-américaines[291]. Un des membres du Secrétariat qui inquiètent le plus le Département d’état est le Français d’origine polonaise Bernard Drzewieski, chef du département de la reconstruction, et considéré par le département d’Etat comme « un homme de confiance du gouvernement de Varsovie »[292]. Les informateurs et les agents du département d’état communiquent à celui-ci, en 1947-48, une vision dramatisée de la situation ; obnubilés par la crainte du communisme, ils sont persuadés que « les leviers de commande [de l’Unesco] sont maintenant aux mains des communistes et des compagnons de route, ou de personnes qui ont peur de s’opposer à Moscou », et que « l’Unesco est en danger de tomber aux mains du Komintern »[293]. Dans son rapport confidentiel au département d’état en décembre 1948, Arthur Compton estime que les États socialistes « vont continuer à essayer d’infiltrer et d’influencer le Secrétariat en prêchant le ‘communisme intellectuel’ », et qu’il faut que les États-Unis soient « constamment en alerte » à ce sujet[294].
Au sein du secrétariat règne une atmosphère de suspicion. Des inimitiés opposent le personnel de tendance socialiste au personnel américain. Ainsi, en 1948, un conflit ouvert éclate entre Joseph Needham, « gauchiste notoire » selon les Américains, et l’Américain Théodore Besterman[295]. Le directeur du personnel de l’Unesco, le Britannique M. Pym, est farouchement anti-communiste ; dans une conversation privée, il se déclare « personnellement déterminé à empêcher le plus possible le recrutement de communistes et de compagnons de route » et désireux de recruter le plus grand nombre possible d’Américains[296]. Le Foreign Office britannique soutient vivement Pym dans sa volonté de « se débarrasser des compagnons de route aux postes clés » du Secrétariat. C’est notamment l’ « association du personnel » qui focalise la suspicion de Pym, association qu’il considère comme un repaire de communistes[297].
En avril 1950, l’ambassade américaine de Paris alerte le département d’Etat sur une soi-disant « infiltration communiste » à l’Unesco, et sur « l’influence et les potentialités insidieuses de bureaux qui passent inaperçus, à l’Unesco, dont les communistes ont réussi à prendre le contrôle »[298]. L’ambassade envoie pour preuve un memorandum secret rédigé par un informateur, dénonçant plusieurs membres du Secrétariat, tels Drezwieski, Philippe Roux, et M. van Vliet, présentés comme des agents communistes. L’informateur estime que le département de la reconstruction et sa revue Impetus sont un repaire de communistes ; il affirme : « l’abolition du département de la reconstruction, qui est le plus infecté, ne servirait à rien si les gens qui l’ont empoisonné étaient répartis dans les autres départements », et s’inquiète de la volonté de l’Unesco d’accroître la diffusion de Impetus[299]. Les pressions américaines portent leurs fruits, puisque Drezwieski quitte l’Unesco peu après, son contrat n’étant pas renouvelé, ce que celui-ci estime lié à des motifs politiques[300]. Tout au long de ces années, le gouvernement américain fait surveiller le personnel de l’Unesco suspect de communisme, et en 1950 il se réjouit du départ de plusieurs fonctionnaires qu’il suspecte de communisme, comme Grierson et Needham[301].
Le département d’Etat surveille chaque activité de l’Unesco, pour vérifier qu’elle n’est pas guidée par une orientation communiste ou menée en collaboration avec des communistes. Ainsi, il condamne la participation de l’Unesco au « Festival de la Jeunesse » à Paris en mai 1947[302]. Le département d’état s’inquiète particulièrement que l’action de l’Unesco ne provoque une contagion communiste en Amérique latine, et surveille donc avec une grande vigilance les agents de l’Unesco envoyés en Amérique latine et dans les Caraïbes[303], ainsi que les membres des délégations des États latino-américains[304]. Il interprète également la tournée faite par Huxley dans les pays d’Amérique latine en juin-juillet 1947 comme destinée à y encourager les mouvements communistes et à y développer une propagande anti-américaine dans les milieux intellectuels[305]. Les ambassades américaines de ces pays sont chargées par le département d’état de surveiller et de lui relater avec une grande minutie tous les faits et gestes de Huxley lors de sa tournée[306]. Celui-ci est d’autant plus suspect au département d’état qu’il rencontre en juin 1947 à New York le Soviétique Andreï Gromyko, alors représentant permanent de l’URSS au Conseil de sécurité de l’ONU[307]. Les États-Unis redoutent aussi que la conférence générale de l’Unesco prévue à Mexico à la fin de l’année 1947 ne donne l’occasion aux États communistes de lancer « une grande campagne contre la culture américaine » en Amérique latine, et d’organiser une pénétration de l’influence soviétique en Amérique latine[308].
D’autre part, les États-Unis font pression sur l’Unesco pour que les ONG de tendance progressiste, « de gauche », qui demandent le statut consultatif avec l’Unesco, ne l’obtiennent pas, afin d’éviter de conférer du prestige et d’apporter des fonds à ces organismes suspectés de vouloir propager le communisme dans le monde. Le département d’Etat préconise l’adoption d’une procédure de sélection des ONG extrêmement « rigide », fixant « des critères si nombreux que, pratiquement, n’importe quel groupement pourrait être écarté pour des raisons politiques », comme l’observe le ministre français des Affaires Etrangères[309]. En 1947, le conseil exécutif, sous la pression des États-Unis, refuse le statut consultatif à plusieurs ONG scientifiques, à cause des sympathies communistes de certains de leurs dirigeants[310]. En novembre 1951, l’Unesco organise à Paris une conférence des représentants des organisations internationales de jeunesse. Sur les 23 organisations qui y sont représentées, seules deux sont de tendance socialiste : l’Union internationale des Jeunesses socialistes (Danemark) et la Féderation mondiale de la Jeunesse démocratique (Hongrie)[311]. Il y a donc un net déséquilibre au détriment des ONG communistes. La tendance s’accentue au fil des années. À la conférence générale de 1952, sur la pression des États-Unis, 6 ONG de tendance communiste perdent leur statut consultatif avec l’Unesco[312].
Les États-Unis, craignant la diffusion par l’Unesco de valeurs « non-américaines » dans la population américaine, s’opposent à toute activité de l’Unesco de propagande idéologique auprès de leur jeunesse. Ainsi, en 1948, le projet de l’Unesco de lancer des concours de rédactions et de posters sur le thème de l’Unesco dans les écoles afin de sensibiliser les enfants à l’idéal de cette organisation est très mal reçu, et la National Education Association interdit ce concours[313].
Les États-Unis font aussi pression pour imposer une censure sur des textes préparés par l’Unesco et destinés à la publication, s’ils estiment que ces textes ne correspondent pas à la ligne politique qu’ils souhaitent. Ainsi, en 1950, trois ouvrages sur la sécurité collective et le respect du droit sont commandés respectivement à trois juristes : le britannique Andrew Martin, le Français Georges Scelle, et le Mexicain Antonio Castro Leal. Andrew Martin rédige un texte « prudent », politiquement très correct. Castro Leal ne donne pas suite à son contrat. Quant à l’ouvrage de G. Scelle, bien qu’accepté par le Secrétariat, sous la pression du délégué permanent des États-Unis il est censuré par décision du directeur général par intérim, l’Américain Taylor, en décembre 1952, peu après la démission de Torres Bodet (qui lui-même jusqu’à sa démission a résisté à ces pressions). Delavenay, qui relate cet événement, estime que, par cette décision, l’Unesco a « terni son image, aux yeux de son personnel, sinon d’un public non informé ». Il observe qu’il n’a « trouvé aucune trace de cet incident symptomatique dans les archives de l’Organisation » ; ainsi, plusieurs autres cas semblables ont pu se produire, aucune trace n’en est conservée[314]. Ces exemples illustrent donc la crainte obsessionnelle d’une infiltration communiste à l’Unesco.

L’Unesco, un instrument de propagande anticommuniste.
Les Occidentaux, et en particulier les Américains, s’efforcent de faire de l’Unesco un instrument de propagande anticommuniste[315]. L’action de l’Unesco en ce sens complète celle de l’UNRRA, financée et dirigée principalement par les États-Unis. Derrière le souci philanthropique de venir en aide à des populations meurtries par la guerre, se dissimule celui d’éviter que ces populations, désorientées et désemparées, ne se tournent vers le communisme. Les États-Unis sont à cet égard très empressés d’apporter, par le biais de l’Unesco, une assistance aux intellectuels réfugiés victimes de la seconde guerre mondiale, pour éviter qu’ils ne deviennent communistes[316]. De même, dès la création de l’Unesco, Henri Laugier lance à la radio un message dans lequel il dit que la nouvelle organisation doit agir en faveur de « la culture et la pensée libres », c’est-à-dire doit lutter contre le communisme[317]. En juillet 1947, Mgr. Tardini, Sous-Secrétaire d’état du Vatican, et un diplomate américain ont une conversation confidentielle dans laquelle ils affirment leur communauté d’intérêts au sujet de l’Unesco : les deux États ont pour intérêt commun de « veiller à empêcher les efforts de ceux qui veulent infiltrer l’organisation à des fins politiques », c’est-à-dire à leurs yeux les communistes[318]. Les États-Unis encouragent le développement de l’action d’assistance technique de l’Unesco dans les pays les moins développés, car ils la conçoivent comme un instrument pour combattre le développement du communisme dans ces pays[319]. Cela apparaît très clairement à travers le cas du programme d’assistance technique lancé en Inde. En 1950, dans une conversation privée entre Auger et Holland, les raisons profondes de ce programme s’expriment : « le communisme va progresser considérablement en Inde, à moins que les États-Unis, les agences spécialisées de l’ONU, et les États n’aident l’Inde à améliorer les conditions de vie de ses masses » ; si l’Inde devient communiste comme vient de le faire la Chine, « la situation mondiale deviendra très grave », affirme Auger[320].
Dans le même esprit, les États-Unis conçoivent le projet des bons d’entraide Unesco comme un moyen de répandre dans le monde des livres américains, par conséquent l’idéologie américaine, et de lutter contre l’influence communiste ; cela apparaît clairement dans la correspondance confidentielle américaine[321].
En 1951, l’Américain Thomson affirme, dans une discussion privée avec le Britannique Cowell, que les États-Unis attendent de l’Unesco que celle-ci adopte « une attitude plus robuste de défense des valeurs culturelles et morales » américaines pour lutter contre le communisme, notamment par la diffusion des valeurs américaines de l’autre côté du rideau de fer[322]. En 1952, la commission nationale américaine publie une brochure intitulée The American Interest in Unesco, qui développe la même idée, affirmant que « l’Unesco offre des canaux incomparables » aux États-Unis pour exercer leur « direction » :
« L’Unesco fournit l’occasion aux États-Unis d’exercer leur domination […] sur les nations du monde libre […]. L’Unesco peut être une voix puissante pour nos concepts et nos idées. […] Elle peut contribuer de façon importante aux efforts de notre gouvernement pour renforcer le monde libre »[323].
Walter Laves, devenu président de la commission nationale américaine, développe les mêmes idées dans un discours en 1953[324]. Ainsi, la répétition de ces idées montre leur prégnance chez les Américains : l’Unesco est bien pour eux un instrument de propagande anticommuniste.

L’action de l’Unesco en Allemagne, au Japon et en Corée : un enjeu dans l’opposition est-ouest.

Dès la création de l’Unesco, les Anglo-Saxons préconisent la mise en place d’un programme important de « dénazification » et de « ré-éducation » dans les « pays ex-ennemis », Allemagne et Japon[325]. Sous couvert d’aider ces États à se relever et à se refonder sur des idéaux de paix et de compréhension internationale, la véritable motivation est de combattre une éventuelle contagion communiste parmi leurs populations affaiblies et démoralisées par leur défaite. Quant à la campagne éducative lancée par l’Unesco en Corée en 1950, elle s’inscrit dans le cadre politique de la guerre de Corée.

La question de l’extension du programme de l’Unesco à l’Allemagne.
Aux deux premières conférences générales, le ministre français des Affaires Etrangères observe que la question de l’extension de l’ensemble du programme de l’Unesco à l’Allemagne constitue « l’un des points les plus âprement discutés de l’activité de l’organisation ». Les délégations socialistes s’opposent à l’adoption du programme en Allemagne préconisé par les délégations capitalistes, l’estimant « trop vaste, trop onéreux, maladroit et inopportun »[326]. Cette question donne lieu en 1947 à des « débats longs et enflammés » aux premières sessions du conseil exécutif, où Cowell, le représentant des États-Unis, se dépense sans compter à ce sujet[327]. À la séance du conseil exécutif de février 1948, les membres de Pologne et de Tchécoslovaquie se déclarent opposés à l’extension de l’activité de l’Unesco en Allemagne, et insistent pour qu’aucune action ne soit engagée avant la conférence générale de 1948. Pourtant, en mars 1948, l’Unesco écrit aux quatre gouverneurs militaires de chacune des zones d’occupation de l’Allemagne afin de les sonder sur une éventuelle extension des activités de l’Unesco à ce pays ; celui de la zone américaine ayant été le seul à répondre positivement, un Bureau Unesco est créé en zone américaine, à Stuttgart[328]. Peu après, les gouvernements militaires britannique et français acceptent eux aussi l’offre de l’Unesco[329]. Cela entraîne immédiatement l’expression de vives critiques de la part des délégations soviétique et polonaise au Conseil économique et social[330]. Quelques mois plus tard, en séance privée du conseil exécutif, le Polonais Birecki proteste contre l’établissement en Allemagne des bureaux de l’Unesco, dont il souligne le caractère politique, et demande la fermeture immédiate du bureau de Stuttgart. Il est soutenu par le représentant de la Tchécoslovaquie, Opocensky. Huxley lui-même reconnaît que ces bureaux ont un caractère politique ; mais il observe que s’ils n’avaient pas été créés, les représentants de l’Unesco en Allemagne auraient dus être hébergés par les autorités d’occupation, ce qui aurait donné à leur travail un caractère plus politique encore. Le président du conseil exécutif prend lui aussi la défense de ces bureaux. Finalement, un accord se fait sur l’idée d’instituer des bureaux Unesco dans chaque zone d’ocupation[331].
A la conférence générale de 1948, l’absence des délégations socialistes entraîne finalement l’adoption sans plus aucune opposition du programme en Allemagne et au Japon préconisé par les États-Unis[332]. Dès lors, l’Unesco développe des activités dans ces deux États, bien que Torres Bodet déplore comme un paradoxe le fait que l’Unesco consacre « beaucoup de temps et beaucoup d’efforts » au Japon et à l’Allemagne, alors qu’elle dispose d’un budget très limité et que que ces deux États n’en sont pas encore membres[333]. Il observe avec amertume et ironie la motivation politique qui explique ce phénomène :
« Le Japon et l’Allemagne avaient été des ennemis très puissants pendant la dernière guerre, et les peuples qui avaient besoin avec une grande urgence de campagnes d’éducation de base avaient été - presque tous - de bons amis dans le conflit, des alliés fidèles, des serviteurs dociles. Il n’y avait pas de raison essentielle de se presser. »[334]
A la conférence générale de 1949, la délégation des Nations Unies souligne l’« opposition très violente » au sujet de l’Allemagne entre États occidentaux et États socialistes, sur « un ton parfois polémique »[335]. À la conférence genérale de 1950, Benton annonce une forte subvention américaine pour la « ré-éducation » de la population allemande de la zone américaine[336]. La presse française souligne l’existence des intérêts politiques des États-Unis à l’extension de l’action de l’Unesco en Allemagne[337]. La presse polonaise dénonce l’extension des activités de l’Unesco à la RFA faite « sous la pression américaine » et prétend qu’en RFA, l’Unesco, sous prétexte de « coopération à la ré-éducation », « patronne en fait plusieurs organisations de jeunesse dérivées des ex-Hitler-Jugend »[338].
En février 1950, un télégramme confidentiel de Dean Acheson exprime la volonté du département d’Etat américain de « faire participer progressivement de manière responsable les pays ex-ennemis aux organisations internationales », et pour cela de demander au conseil exécutif de l’Unesco d’inviter l’Allemagne et le Japon comme observateurs aux conférences générales[339]. Comme l’exprime Holland, le département d’Etat américain préconise que l’Unesco mène « un programme plus énergique » en Allemagne[340]. Cette ligne est suivie par le Royaume-Uni[341]. En revanche, elle se heurte à la réticence de la France[342]. La création des instituts de l’Unesco en Allemagne se fait sous la forte influence et avec le fort soutien financier des États-Unis[343].
Le personnel américain de la zone d’occupation américaine, dans sa volonté de collaborer étroitement avec le personnel de l’Unesco, se heurte à la résistance du représentant de l’Unesco en Allemagne, John Thompson, qui estime que « le travail de l’Unesco ne devrait pas être ou donner l’impression d’être une partie du programme des puissances occupantes »[344].
A la conférence genérale de 1950, des observateurs ouest-allemands sont admis[345]. En mars 1951, le statut d’occupation de la RFA est révisé, et la création d’un ministère des Affaires Etrangères est autorisée. De ce fait, à la conférence générale de 1951, la RFA devient membre de l’Unesco. Son entrée à l’Unesco marque la fin des « activités directes » menées par cette organisation dans ce pays. À partir de ce moment se pose un nouveau problème : celui de la participation de la ville de Berlin aux activités de l’Unesco. Pour Walter Erbe, Berlin-ouest, faisant partie de la RFA, doit désormais être intégrée normalement aux activités de l’Unesco en RFA. En revanche, pour le maire de Berlin, Ernst Reuter, la place de Berlin dans les activités de l’Unesco est particulière et justifie la création d’un « Bureau spécial pour l’Unesco » à Berlin[346]. Cette question, aux enjeux politiques importants, reste irrésolue et demeure un sujet de controverse pendant de longues années[347].

Le problème de l’extension du programme de l’Unesco au Japon.
La conférence générale en 1947, et le conseil exécutif en 1948, décident, là encore sous l’impulsion des États-Unis, d’étendre l’activité de l’Unesco au Japon[348]. Les motivations sont les mêmes que pour l’Allemagne. L’Unesco envoie alors un agent au Japon pour jeter les bases de cette activité : informer la population japonaise sur l’Unesco, mettre en place des échanges de publications, des échanges d’universitaires, des études en vue de la révision des manuels scolaires japonais, et inciter le commandement suprême des forces alliées au Japon à envoyer aux réunions de l’Unesco des observateurs alliés ainsi que des experts japonais[349].
Le général américain MacArthur, commandant suprême des forces alliées, se montre très favorable à l’extension des activités de l’Unesco au Japon, et demande l’établissement d’un Bureau de l’Unesco au Japon, sur le modèle de ceux qui ont été créés en Allemagne[350]. Le Royaume-Uni est tiraillé entre la volonté de se ranger à la position des États-Unis et la crainte de déplaire à son dominion la Nouvelle-Zélande qui est fermement opposée à une participation croissante du Japon, son ancien ennemi, aux relations internationales ; il suit finalement la position américaine[351]. En 1949 est mis en place au sein de l’Unesco un comité d’experts, hauts diplomates, pour conseiller le directeur général sur la question de l’activité de l’Unesco au Japon[352]. Mais des tensions politiques apparaissent au sein de ce comité, et l’empêchent d’etre efficace[353].
La proclamation de la République Populaire de Chine en octobre 1949 accroît l’inquiétude des États-Unis et leur volonté d’étendre les activités de l’Unesco au Japon ainsi que de faire admettre des observateurs japonais à la conférence générale[354]. En février et mars 1950, une importante correspondance confidentielle par télégrammes est échangée à ce sujet entre le département d’Etat et le Foreign Office, afin de coordonner l’attitude du gouvernement britannique avec celle du gouvernement américain sur cette question[355]. En mars-avril 1950, trois dirigeants japonais sont invités aux États-Unis par le département d’Etat pour accomplir une visite de deux mois afin de s’informer sur les activités de l’Unesco dans ce pays. Ils sont accueillis et orientés avec sollicitude par le service des relations avec l’Unesco du département d’Etat, qui s’efforce de leur donner une très bonne impression des États-Unis ; en effet, pour le département d’état, cette visite de Japonais « peut avoir des répercussions très importantes sur le développement futur des activités de l’Unesco au Japon »[356]. Finalement, le Japon devient membre officiel de l’Unesco lors de la conférence générale de 1951[357].

L’action de l’Unesco en Corée dans le cadre de la guerre de Corée.
Sur l’impulsion des États-Unis, l’ONU décide en 1950 d’intervenir dans la guerre de Corée[358]. Le secrétaire général de l’ONU, Trygve Lie, donne alors pour instruction à Torres Bodet de faire participer l’Unesco à l’action de l’ONU en Corée, dans le domaine de l’information et de l’éducation[359]. Torres Bodet, qui est pleinement conscient de la portée politique d’une telle intervention, y est opposé. En juillet 1950, en présentant le rapport de l’Unesco devant le conseil économique et social, il évite intentionnellement de mentionner la Corée, afin de manifester son désaccord avec ces instructions[360]. Cependant, les États-Unis font pression pour une telle intervention de l’Unesco. Les États-Unis réclament à l’Unesco la convocation d’une session extraordinaire du conseil exécutif au sujet de la Corée[361], et demandent au Royaume-Uni de les soutenir[362]. La presse américaine relaie ces pressions[363]. Mais le Foreign Office est réticent à ce sujet, exige une « clarification » des demandes du département d’Etat, et se déclare « extrêmement sceptique au sujet de la désirabilité d’utiliser l’Unesco comme un canal pour un travail d’information publique, travail qui reviendrait plus légitimement à l’ONU elle-même »[364]. Le Foreign Office mène une enquête confidentielle auprès des autres délégations, et conclut que celles-ci sont en majorité opposées à la demande américaine[365].
La session extraordinaire du conseil exécutif demandée par les États-Unis est finalement convoquée, fin août 1950 ; elle est consacrée à décider de quelle manière l’Unesco pourrait appuyer, dans le domaine de ses compétences, l’intervention de l’ONU en Corée. Peu avant son ouverture, Torres Bodet reçoit des pressions plus claires encore du secrétaire général de l’ONU, lui enjoignant de mettre en place une action de l’Unesco dans le cadre de la guerre de Corée[366]. Luther Evans, alors représentant des États-Unis au conseil exécutif, plaide avec vigueur en faveur d’une intervention de l’Unesco en Corée[367]. Le représentant de la FAO incite lui aussi vivement l’Unesco à intervenir en Corée, invoquant le principe selon lequel le système de l’ONU doit agir en unité[368]. Finalement, le conseil exécutif se rallie à la position américaine, condamne l’agression de la Corée du Sud par la Corée du Nord, et vote le lancement d’une action de l’Unesco pour « faire comprendre l’action des Nations Unies en faveur de la paix et de la sécurité » en Corée. Cependant, Torres Bodet, qui est toujours hostile à cette action, parvient à imposer une modification symbolique dans le titre du programme, à savoir le remplacement de l’expression « aide à la Corée » par celle d’« aide éducative, scientifique, et culturelle à la population civile de Corée », pour insister sur le fait que l’action de l’Unesco ne se situe pas sur un plan politique[369].
La décision du conseil exécutif de faire participer l’Unesco à l’action de l’ONU en Corée satisfait le departement d’Etat[370] et le Congrès américain[371], ainsi que la presse américaine[372]. Toutefois, rapidement les États-Unis se montrent déçus, jugeant l’engagement de l’Unesco trop limité. En septembre 1950, au Sénat, Benton affirme que « malheureusement, l’Unesco n’est pas allée assez loin » dans cette action[373]. En effet, Torres Bodet, estimant « immoral » que l’Unesco « se convertisse en un instrument de propagande du département d’état » en Corée, s’efforce de donner une ampleur minimale à cette action, passant outre les pressions du délégué permanent des États-Unis, qui, à plusieurs reprises, lui fait sentir le mécontentement du département d’Etat[374]. Le Congrès et la presse américains expriment ouvertement leur mécontentement ; ainsi, en mai 1951, le New York Times titre : « l’inaction de l’Unesco en Corée attaquée »[375]. Par ailleurs, toute prudente qu’elle soit, l’intervention de l’Unesco en Corée est désapprouvée par la France, et même par le Royaume-Uni[376].
Concrètement, cette action de l’Unesco consiste en une enquête sur les besoins éducatifs de la Corée et en un plan à long terme pour le relèvement de ce pays, réalisés en coopération avec l’« agence des Nations Unies pour le relèvement de la Corée » (UNKRA)[377]. Elle a des aspects politiques indéniables, comme l’observe Métraux dans son journal[378]. L’enquête n’a d’ailleurs pas été publiée et ne figure pas dans les archives de l’Unesco. L’Unesco fait la promotion de cette action, notamment par un film, L’Unesco en Corée[379], et par des articles dans le Courrier de l’Unesco, qui font son éloge, affirmant que l’Unesco a ainsi « aid[é] les Coréens à reconstruire leur pays, à rendre à leurs enfants des écoles, des livres, et des maîtres, qui leur faisaient tant défaut », et qu’ainsi « la Corée est redevenue le pays du matin calme » ; dans ces évocations, l’aspect politique de l’action est entièrement passé sous silence[380]. La promotion de cette action par le Courrier de l’Unesco est condamnée dans la presse française communiste[381].
Ainsi de 1945 à 1953, l’atmosphère de la guerre froide assombrit rapidement l’état d’esprit des représentants des États membres et des membres du Secrétariat. Les relations Est-Ouest sont déséquilibrées au sein de l’Unesco, en raison de l’absence de l’URSS et du retrait progressif, bien que non officiel, des démocraties populaires. L’Unesco semble alors, surtout après le départ de Huxley, dominée par une tendance anticommuniste, sous l’influence des États-Unis, qui traquent toute présence éventuelle de communistes au Secrétariat et toute éventuelle coloration communiste dans les programmes. Ils s’efforcent de transformer l’Unesco en un instrument de propagande de l’idéologie américaine dans le monde. Le grand intérêt porté par les États-Unis à l’extension des activités de l’Unesco aux deux « pays ex-ennemis » que sont l’Allemagne et le Japon au lendemain de la guerre s’explique par la motivation politique de contrecarrer une éventuelle implantation du communisme dans ces pays ; la mise en oeuvre d’une intervention de l’Unesco en Corée, sous la pression des États-Unis, est également le signe de la claire inscription de l’Unesco dans une logique de guerre froide.

Des tensions est-ouest perceptibles dans les programmes.

Les programmes de l’Unesco, s’ils sont révélateurs de quelques tentatives d’apaisement Est-Ouest (ainsi, lors d’une réunion d’experts de l’Unesco en juin-juillet 1947, un des participants, américain, propose que l’Unesco promeuve l’enseignement du russe auprès des jeunes Occidentaux[382]), sont surtout révélateurs de tensions Est-Ouest. Celles-ci se décèlent d’une part dans les publications, comme par exemple dans l’entreprise de l’Histoire de l’humanité. En 1952, le fait que cinq des six co-éditeurs soient des Occidentaux suscite des critiques[383]. Des efforts sont pourtant faits pour apaiser les tensions politiques, comme le remplacement par l’Américain Kerner de l’expression « le communisme comme expression de l’impérialisme russe » par « le communisme comme expression d’une politique révolutionnaire mondiale »[384]. En outre, pour rétablir un équilibre entre les blocs, dès 1952, Carneiro invite des savants de la République populaire de Chine à devenir membres correspondants de la « commission pour l’histoire de l’humanité ». Ce geste suscite cependant l’opposition virulente du gouvernemnet américain[385]. Des tensions analogues se manifestent pour la rédaction du Catalogue des sources de documentation juridique dans le monde, entreprise en 1951 ; le Secrétariat n’est pas satisfait du manuscrit mis au point, très lacunaire, où manquent notamment les renseignements sur l’URSS, la Chine, l’Indonésie, le Pakistan[386].
Les tensions Est-Ouest se manifestent d’autre part dans l’action normative menée par l’Unesco ; notamment dans les efforts d’action normative pour la libre circulation de l’information. Deux conceptions s’y affrontent : celle du libéralisme, et celle de la règlementation. En 1945, la conférence constitutive de l’Unesco adopte une « déclaration en faveur de la liberté de la circulation de l’information », qu’Evans approuve comme « une belle doctrine » et juge typique de l’idéologie occidentale libérale[387]. Les États-Unis sont très favorables à une action de l’Unesco en faveur de la liberté d’information[388]. Dans les années 1950, cette réflexion s’inscrit dans l’optique de la guerre froide : une controverse se développe, à partir de l’entrée de l’URSS à l’Unesco en 1954, entre la position des pays occidentaux et celle des pays communistes ; les premiers défendent le principe de la libre circulation de l’information, les seconds celui du contrôle de l’information par l’État[389]. Des tensions Est-Ouest se manifestent également dans l’élaboration et la ratification de la convention sur le droit d’auteur. En août 1949, la Tchécoslovaquie se plaint que l’Unesco n’ait invité aucun expert du bloc communiste à participer au comité d’experts sur le droit d’auteur convoqué le mois précédent[390]. L’Unesco s’efforce de susciter la participation des gouvernements d’URSS, de Pologne, de Hongrie, de Tchécoslovaquie et de Yougoslavie à l’élaboration de la convention, leur envoyant le projet élaboré en 1950 et leur demandant leurs commentaires. Mais les représentants de ces États ne répondent pas. En avril 1951, l’Unesco est préoccupée de leur refus de coopérer, et s’efforce de les convaincre de le faire[391]. Malgré les efforts de l’Unesco, l’URSS refuse de signer la convention, la jugeant d’esprit trop occidental. La Pologne est le seul État communiste à la signer[392].
C’est aussi dans le cadre des institutions créées sous l’égide de l’Unesco que se manifestent les tensions Est-Ouest. En 1952-54, le CERN en gestation reçoit beaucoup d’échos critiques, liés à des considérations politiques : une grande partie de la presse européenne, et notamment la presse de gauche et communiste, reproche à ce futur centre d’être anti-soviétique et d’avoir pour but de servir, derrière le paravent de la science fondamentale, les interêts politiques américains[393]. L’entrée de la RFA dans le CERN est mal vue par une partie de l’opinion française. L’adhésion de la France au CERN est combattue à l’assemblée nationale par le député communiste Georges Cogniot, et donne lieu à une manifestation de protestation par des scientifiques français devant la Mutualité à Paris[394]. En revanche, une autre partie de la presse européenne défend le CERN, en particulier la presse britannique : en 1953, le Manchester Guardian fait son éloge, et réfute les accusations de centre pro-américain et anti-soviétique[395]. Dans les années qui suivent, le CERN subit des tensions politiques, avec la demande d’adhésion d’Israël, qui, si elle était acceptée, obligerait à accepter aussi celles de l’URSS et de la Pologne[396]. Finalement, ces États ne sont pas admis au CERN. Des enjeux politiques analogues entourent la création du Centre de calcul à Rome. En 1951, une lettre confidentielle de l’Italien Picone, directeur de l’institut de calcul préexistant à Rome, adressée au secrétaire du ministre des affaires étrangères italien, révèle que ce futur centre créé par l’Unesco ne serait pas seulement orienté vers la recherche fondamentale, mais aussi vers l’optique d’une éventuelle nouvelle guerre mondiale ; il souligne le grand intérêt du gouvernement américain pour ce projet dans le cadre politique de la guerre froide et évoque l’utilité d’un tel centre dans « l’éventualité funeste d’une guerre » ; en effet, explique-t-il, « parmi les motivations les plus importantes, il y a la possibilité pour cet Institut de surveiller et de dissimuler, en Sicile ou en Sardaigne, les machines de calcul les plus coûteuses et les moins mobiles, rendant ainsi très difficile, en cas de guerre, leur destruction ou leur conquête de la part de l’ennemi »[397]. Ces projets ne seront finalement pas menés à bien, notamment à cause de l’évolution rapide de l’informatique qui a entraîné une miniaturisation des machines.

2.1.3. Tensions nord-sud.

Des tensions nord-sud s’observent dès les premières années à l’Unesco. Ainsi, en 1952, Combat déplore le clivage qui oppose « les pays insuffisamment développés bénéficiaires de l’aide de l’Unesco aux grandes puissances qui leur assurent cette aide »[398]. Ces tensions se manifestent à cette époque de manière particulière, étant donné la persistance du système colonial.

La prépondérance des puissances coloniales.

Une convergence d’intérêts entre l’Unesco et les puissances coloniales.
Les principales puissances occidentales et coloniales, France, Royaume-Uni, Belgique, sont dès le début des membres très actifs et influents de l’Unesco. Une coopération à double sens s’établit entre elles et l’Unesco, née d’une convergence d’intérêt. L’Unesco s’adresse aux services coloniaux nationaux pour obtenir des informations et tirer profit de leur expérience, et réciproquement ceux-ci n’hésitent pas à s’adresser à l’Unesco pour proposer des projets[399] ou faire pression au sujet de certaines questions sensibles, notamment pour que l’Unesco présente sous un jour positif l’action éducative et culturelle qu’ils mènent[400].
En 1951, l’Unesco, avant de publier son rapport sur « l’usage des langues vernaculaires dans l’éducation », le soumet de façon officieuse à la consultation des services coloniaux des trois principales puissances coloniales (France, Royaume-Uni, Belgique). Sur la demande de l’Unesco, la Commission nationale française organise en août 1951 une réunion officieuse au Quai d’Orsay, pour présenter le projet de rapport de l’Unesco aux fonctionnaires français intéressés et obtenir leur avis officieux. Marcel Destombes, du service des relations extérieures de l’Unesco, se félicite du « grand nombre de personnes » ayant assisté à cette réunion ; selon lui, cette affluence « montre tout l’intérêt que le Quai d’Orsay attache à cette question »[401]. Une réunion semblable est organisée par la commission nationale britannique au Colonial Office à Londres, et des consultations sont menées avec le ministère des colonies de Belgique[402]. Ce procédé de consultations officieuses, bien qu’il soit, au sein de l’Unesco, dénoncé par René Maheu (évoquant « les justes critiques qu’un pareil traitement préférentiel peut nous valoir de la part des autres États membres et ce que ce précédent peut enlever à notre indépendance »), semble être utilisé couramment par l’Unesco. Les avantages que l’organisation retire de cette collaboration officieuse avec les puissances coloniales sont nombreux : Maheu souligne « la valeur technique de la documentation » fournie par les puissances coloniales, ainsi que les « avantages diplomatiques immédiats » que l’Unesco retire de cette collaboration[403].
D’une manière générale, les relations entre l’Unesco et les puissances coloniales, sont dans ces premières années cordiales et marquées par une intense coopération[404]. On observe à cette époque une concurrence entre les puissances coloniales dans leur coopération aux études de l’Unesco dans le domaine de l’éducation de base ; le Royaume-Uni est d’ailleurs beaucoup plus enclin que la France et que la Belgique à collaborer aux études lancées dans ce domaine par l’Unesco et à fournir des informations sur la situation éducative dans ses colonies[405].
Les responsables coloniaux de ces puissances expriment une opinion favorable à l’égard de l’Unesco, et réciproquement. Au début des années 1950, l’intérêt du Colonial Office pour l’Unesco devient de plus en plus « considérable »[406]. À la conférence générale de 1951, les Britanniques observent avec satisfaction que M. Massaquoi, délégué du Liberia, a, dans son intervention, « rendu un bel hommage à l’administration coloniale britannique »[407]. De même, les autorités coloniales françaises s’intéressent à l’Unesco[408]. L’intérêt de la Belgique pour l’Unesco en tant que puissance coloniale est très important également. En mars 1949, dans La revue coloniale belge, Marcel Maquet, gouverneur provincial du Congo belge et membre de la délégation belge à l’Unesco, décrit de manière positive le rôle de l’Unesco dans les colonies[409]. Le gouvernement belge s’efforce de faire pression sur l’Unesco par différents moyens pour gagner l’organisation à une attitude colonialiste. En 1953, Alfred Métraux est invité à manger par le secrétaire de l’ambassade de Belgique en France, qui « est très colonialiste et voudrait [l]e gagner à ses vues » ; « j’ai l’impression d’être acheté par cet excellent dejeuner », observe Métraux[410]. Ces relations, néanmoins, sont aussi teintées de concurrence et de désaccords idéologiques.

Des relations de concurrence entre l’Unesco et les puissances coloniales.
Les relations entre l’Unesco et les puissances coloniales sont teintées dès ces premières années de tension, car celles-ci voient dans l’Unesco une concurrence pour leurs actions éducatives dans les colonies, ainsi qu’une menace pour la perpétuation du système colonial[411]. Le Colonial Office britannique est, vers 1950, sceptique et méfiant envers les activités de l’Unesco en éducation de base, et craint une concurrence de l’Unesco par rapport à ses propres actions[412]. La France est encore plus méfiante à cet égard. Ainsi, elle refuse généralement de laisser l’Unesco mener des projets d’éducation de base dans ses colonies.
Dans une brochure sur l’Unesco publiée en 1948 par le gouvernement britannique, le concept d’éducation de base est présenté comme ayant été en fait créé dans l’entre-deux-guerres par le British Colonial Office, sous le terme de « mass education », et les expériences-pilotes d’éducation de base de l’Unesco sont considérées comme sans rapport avec la mission de paix de l’Unesco[413]. La véritable raison de cette réserve du gouvernement britannique vis-à-vis des expériences d’éducation de base est la peur d’être concurrencé par l’Unesco dans ce domaine. Ainsi, le Royaume-Uni, après avoir initialement autorisé l’Unesco à mener un projet associé d’éducation de base dans l’une de ses colonies, le Nyassaland, change d’avis et pose de nombreux obstacles à la réalisation de ce projet, qui finalement ne sera jamais réalisé[414]. D’autre part, en 1949-50, le Foreign Office et le Colonial Office font obstruction à la réalisation par l’Unesco de l’« enquête sur les besoins techniques » dans les colonies britanniques[415]. En mars 1950, T.I.K Lloyd, du Colonial Office, explique dans une lettre confidentielle que le Colonial Office souhaite renforcer ses liens avec l’Unesco afin d’en retirer des bénéfices. En effet, il observe que les peuples « sous-développés » commencent à placer de grands espoirs en l’Unesco, et estime que c’est une tendance qui va s’accroître. Le Colonial Office préconise donc que le Royaume-Uni propose de lui-même à l’Unesco la création d’un statut de « membre associé » pour les territoires non-autonomes. Cette action stratégique entraînerait la reconnaissance des colonies britanniques vis-à-vis de leur métropole. « Nous devons à tout prix éviter de nous retrouver en position d’être isolés et de résister à la pression des autres délégations et au souhait populaire » des colonies d’obtenir un tel statut à l’Unesco. « Si nous ne faisons pas cette proposition, les Américains ou d’autres la feront. Quelle que soit la valeur d’un tel statut d’association, cela nous semble une tendance inévitable. Dans ces conditions, il est tout à notre avantage d’éviter d’être critiqués, en prenant nous-mêmes l’initiative et en nous assurant, dans la mesure du possible, que la proposition est faite dans une forme acceptable », estime-t-il[416]. À la conférence générale de 1950, malgré l’opposition de la France, le statut de « membres associés » est créé pour les « territoires non autonomes »[417].
Il y a aussi des relations de concurrence et de rivalités des puissances coloniales entre elles dans le cadre de l’Unesco. Ainsi, à partir de 1953, l’Unesco publie un rapport annuel intitulé Les Services bibliographiques dans le monde, qui dresse le bilan de l’état des systèmes bibliographiques pour chaque État membre. Dans ce cadre, le Britannique Collison observe que le système en vigueur dans les colonies françaises, à savoir le système de dépôt légal, est « nettement préférable à la confusion et à l’incohérence qui prévalent sur ce point dans les possessions et protectorats britanniques », et s’inquiète de la supériorité du système français par rapport au système britannique[418].
Ainsi, durant les années 1945-53, les puissances coloniales occupent une place et exercent une influence prépondérantes à l’Unesco. La création du statut de membre associé n’est qu’une mince concession de leur part. Cependant, cette période voit aussi l’émergence de revendications de la part des États non occidentaux.

L’émergence de revendications des États arabes, latino-américains et asiatiques.

Les États non occidentaux, qui se répartissent à cette époque en trois groupes : États arabes, États d’Amérique latine, États d’Asie, effectuent au fil de ces années un rapprochement qui leur permet de renforcer leur influence.

Trois groupes de plus en plus soudés.
Dès la conférence générale de 1946, les États latino-américains prennent une part relativement importante aux débats. Ils bénéficient du soutien de Huxley[419]. À la conférence générale de 1948, Arthur Compton, chef de la délégation américaine, observe que le groupe des États latino-américains est uni solidement, qu’il « a développé sur les principaux enjeux un front puissant et uni, très difficile à briser »[420].
C’est un peu plus tard que les États du Proche Orient s’unissent en un bloc politique cohérent à l’Unesco, fédéré par l’Egypte, en prenant modèle sur les États latino-américains. Arthur Compton observe cependant, à la conférence générale de 1948, que leur union n’est pas totale, et que leurs positions divergent sur certains points[421]. L’union de ces États du Proche Orient repose en fait moins sur leur opposition aux États occidentaux que sur leur opposition à Israël, question qui est abordée dans le cadre de l’Unesco dès la conférence générale de 1948[422].
A la conférence générale de 1948, l’Américain Compton constate l’émergence d’un groupe uni constitué des États latino-américains et des États arabes, en tant que groupe distinct à côté des deux groupes d’états les plus influents que sont le groupe anglo-saxon et le groupe latin ; il observe « un déploiement marqué de la solidarité entre États arabes et latino-américains sur les principaux enjeux politiques », et estime que cette alliance constitue « un formidable bloc »[423]. Cette alliance est aussi observée et vantée par la presse égyptienne, qui souligne l’accroissement de « la collaboration entre les pays arabes et ceux d’Amérique latine »[424]. Les Américains observent avec inquiétude et mécontentement, à la conférence générale de 1948, l’union des États arabes et latino-américains, leur soutien réciproque, et efficace, sur plusieurs enjeux[425]. Quant aux États asiatiques, c’est, selon Torres Bodet, à partir du printemps 1949, qu’ils se fédèrent en tant que groupe uni dans le cadre de l’Unesco, sous la direction de l’Inde[426]. À la conférence générale de 1952, la commission nationale américaine note « l’influence croissante, dans les débats de la conférence, des pays économiquement sous-développés »[427].
Torres Bodet observe, pendant tout son mandat, le clivage croissant entre d’une part les États occidentaux, les plus riches et les plus puissants, qu’il surnomme « les rois mages » (principalement États-Unis, Royaume-Uni et France), et d’autre part les « pays pauvres », extra-occidentaux, qu’il surnomme les « États bergers ». Torres Bodet considère ces derniers (dont il est lui-même un ressortissant) avec sympathie, mais déplore qu’ils s’intéressent à l’Unesco essentiellement pour en retirer des avantages matériels[428]. Ces États développent en réalité des revendications sur des enjeux variés.

Des revendications sur des enjeux variés.
Les revendications des États non occidentaux se développent sur plusieurs plans : notamment à propos du choix du directeur général ; du choix du lieu des conférences générales ; de la question des langues de travail ; de la question de la décentralisation et de la régionalisation des activités de l’Unesco ; des questions matérielles.

Le choix du directeur général.
A la conférence générale de décembre 1948, les États non occidentaux réussissent à s’accorder sur un candidat commun : Torres Bodet[429]. L’élection d’un directeur général latino-américain, qui apparaît comme « l’élu des petits », contre le candidat favori des États-Unis, l’Australien Ronald Walker, constitue pour eux une grande victoire. Torres Bodet apparaît vraiment comme un leader fédérateur pour ces États. En 1950, dans un document confidentiel, un diplomate français estime que la fédération des pays non occidentaux autour de Torres Bodet s’expliquerait par :
« un sentiment à demi-conscient mais très puissant, et probablement d’origine raciale, que M. Torres Bodet, Mexicain d’origine française mais de type assez indianisé, est un des leurs, qu’il est un des brillants représentants du monde des hommes de couleur dont ils se sentent solidaires, et qu’il faut le défendre contre les attaques du vieux monde qui cherche à maintenir la toute puissance de l’homme blanc »[430].
En 1952-53, pour succéder à Torres Bodet, plusieurs candidatures sont envisagées. Le fait que les candidatures mises en avant soient celles de non-occidentaux est révélateur d’une évolution en cours. Ainsi, le gouvernement français propose le Brésilien Carneiro, candidature qui est appuyée aussi par plusieurs pays latino-américains. Les États-Unis s’y opposent, mais mettent en avant eux aussi un candidat non occidental : M. Malik, indien[431]. Malgré l’hostilité des États-Unis, Carneiro est considéré comme l’un des candidats les mieux placés[432] ; cependant, sa candidature est finalement compromise par le fait qu’un de ses compatriotes vient d’être élu à la tête de l’OMS[433]. Ce fait montre d’ailleurs que cette évolution en cours concerne aussi les autres agences du système de l’ONU.

Le choix du lieu des conférences générales.
La tenue de la conférence générale de 1947 à Mexico, et de celle de 1948 à Beyrouth, témoignent de l’influence croissante des États latino-américains et des États arabes à l’Unesco.
Le choix de Beyrouth pour la conférence générale de 1948, fixé en 1947, est un choix rapidement « controversé »[434] à cause des tensions israélo-palestiniennes, et est remis en question durant l’année 1948. Huxley, en visite à Beyrouth en avril 1948, prévient le Liban que l’Unesco ne tolèrera « aucun geste anti-juif d’aucune sorte » dans le cadre de cette conférence[435]. En août 1948, le secrétaire général de l’ONU demande à l’Unesco de reporter la tenue de la conférence à février 1949, soit après la fin de l’assemblée générale de l’ONU, et de diviser le déroulement de la conférence générale en deux parties : une première partie de quelques jours à Paris pour traiter les thèmes les plus importants, puis le reste à Beyrouth[436]. Plusieurs hauts fonctionnaires du secrétariat, ainsi que l’association du personnel, prônent l’abandon du choix de Beyrouth[437]. Fin 1948, le conseil exécutif et la conférence générale décident de maintenir le choix de Beyrouth, sur l’influence des États occidentaux et contre les États socialistes, qui estiment que tenir la conférence au Liban, pays agresseur, serait une violation de la politique des Nations Unies[438]. Des tensions israélo-palestiniennes se produisent dans le cadre de cette conférence. Dès octobre 1948, avant son commencement, un fonctionnaire du ministère des affaires étrangères libanais déclare officiellement que le Liban préfèrerait renoncer à accueillir la conférence plutôt que de devoir accepter la présence à Beyrouth de « représentants sionistes »[439]. À l’ouverture de la conférence, l’observateur d’Israël, ainsi que celui du Jewish World Congress et celui de la World Union of Jewish Youth, bien qu’officiellement invités par l’Unesco, voient leur accès interdit par les autorités libanaises[440]. Cela entraîne des tensions politiques qui pèsent sur la conférence, malgré les efforts diplomatiques de l’Unesco pour les désamorcer.
Torres Bodet estime que le Liban a réussi « une véritable prouesse » en obtenant le siège de la conférence genérale de 1948[441]. Comme l’observe la délégation italienne dans un télégramme confidentiel à son ministère, la tenue de la conférence générale au Liban est un immense atout pour ce jeune État, pour qui c’est la première occasion d’accueillir un congrès international[442]. Cela s’avère une formidable opération de publicité et une opération commerciale pour le Liban[443].
A la conférence générale de 1952, les États latino-américains défendent le choix de Montevideo pour la tenue de la prochaine conférence générale ; malgré l’opposition de la délégation américaine, qui fait valoir que le choix d’un lieu si lointain entraînerait des frais supplémentaires[444], ce lieu est adopté grâce à la cohésion des États non-occidentaux. Après le Proche-Orient, c’est ainsi l’Amérique latine qui reçoit la conférence générale de l’Unesco. Outre le lieu des conférences générales, c’est également la langue qui constitue un enjeu important.



L’enjeu linguistique.
Le groupe des États arabes et celui des États latino-américains bénéficient d’une langue commune qui cimente leur unité : l’espagnol pour les uns, l’arabe pour les autres. Ces pays s’efforcent de promouvoir la reconnaissance et l’emploi de leurs langues à l’Unesco, à côté des deux langues officielles que sont le français et l’anglais.
Dès la conférence générale de 1946, la question de la reconnaisance de l’espagnol comme langue de travail est abordée par plusieurs délégués latino-américains. Pourtant, la motion introduite par l’Equateur, proposant que les documents officiels importants soient traduits en espagnol, échoue à cause de l’opposition de la délégation américaine, qui invoque l’alourdissement administratif et le coût financier que cela entraînerait[445]. À la conférence générale de 1947, cette proposition est formulée à nouveau, cette fois par la délégation mexicaine ; elle est soutenue avec enthousiasme par les autres pays hispanohones, ainsi que par la presse mexicaine. La célébration du 400e anniversaire de la naissance de Cervantes, qui coïncide avec la conférence générale, fournit une publicité opportune à cette revendication. Pourtant, celle-ci n’aboutit pas plus que l’année précédente, et ce notamment à cause de l’opposition de la Chine, qui fait valoir que dans ce cas le chinois lui aussi devrait bénéficier d’une telle mesure[446]. Cela révèle qu’à cette époque les délégations d’Asie et d’Amérique latine ne sont pas encore vraiment unies. Les délégations latino-américaines acceptent très mal cet échec, le ressentant comme une profonde injustice ; selon l’Américain K. Holland, il se mêle à cette réaction « une bonne part de sentiment nationaliste et racial »[447]. La presse mexicaine exprime beaucoup de rancune à ce sujet à l’égard du clan anglo-saxon[448]. Enfin, à la conférence générale de 1948, les États arabes et latino-américains s’unissent pour demander que l’espagnol devienne la troisième langue de travail de l’Unesco. Malgré l’hostilité de nombreux États occidentaux comme la France, un compromis est décidé : l’espagnol pourra être utilisé là où la traduction simultanée est disponible, mais les documents et rapports continueront à être publiés uniquement en anglais et français[449]. Cette troisième tentative est donc une réussite, grâce à l’union de ces États.

Le choix du personnel.
La répartition du personnel par nationalités est très défavorable aux États non occidentaux. À la conférence générale de 1947, l’Indien Radakrishnan déplore l’inégalité dans la répartition des postes au Secrétariat, qui privilégie de manière écrasante les peuples occidentaux, au détriment des peuples non occidentaux[450]. En outre, les pays non occidentaux se montrent très susceptibles, dès ces années, au sujet des experts de l’Unesco qui leur sont envoyés, souvent occidentaux et parfois anciens administrateurs coloniaux ; ainsi, en 1952, le gouvernement du Libéria (un des rares pays africains à être membre de l’Unesco dès cette époque) se montre hostile à l’envoi par l’Unesco d’un ancien administrateur colonial britannique comme expert ; finalement, l’Unesco cède et envoie à la place un expert indien hostile à l’Occident[451].

Les revendications de décentralisation et de régionalisation des activités.
Julian Huxley avait proposé, dès mars 1946, alors qu’il etait secrétaire exécutif de la commission préparatoire, d’établir des bureaux régionaux de l’Unesco, qui opéreraient une décentralisation des activités de l’organisation sur la base de dix régions. Cette proposition, bien qu’ayant alors été considérée avec faveur par le département d’état[452], n’avait pas été adoptée. À la conférence générale de 1947, ce sont les représentants des États non occidentaux qui reprennent cette idée : le Brésilien Carneiro prône une « décentralisation » et une « régionalisation » des activités. Il défend l’idée que les hommes travaillant pour l’Unesco ne doivent pas être concentrés au siège à Paris, mais « disséminés de par le monde »[453]. À la conférence générale de 1948, les États arabes et latino-américains revendiquent la création d’un centre régional de l’Unesco pour l’Amérique latine et d’un autre pour les États arabes. La délégation américaine est frappée par « la solidarité entre États arabes et latino-américains » sur cette question. « La proposition latino-américaine d’établir un centre régional à Cuba a été soutenue fermement par tous les États arabes et la proposition d’un centre culturel régional au Moyen-Orient a été soutenue fermement par les Latino-Américains », observe-t-elle[454]. Devant l’opposition des pays les plus puissants, et notamment de la France, qui estiment que ces demandes seraient surtout motivées par le nationalisme, le projet de « centre culturel du Moyen Orient » est modifié en un « Bureau de liaison pour le Moyen Orient », qui serait localisé à Paris et non pas au Moyen Orient. La conférence générale vote finalement la création d’un « centre régional de l’Unesco pour l’hémisphère occidental » à La Havane, malgré les réticences des États occidentaux[455]. En juillet 1949, le centre de La Havane est inauguré en grande pompe, en présence des personnalités politiques et culturelles de Cuba et de l’assistant secrétaire général des Nations Unies, Benjamin Cohen ; cet événement est accueilli favorablement par la presse cubaine[456].
De 1949 à 1951, les États du Moyen Orient continuent à revendiquer avec vigueur la création de bureaux Unesco sur leur sol[457]. À la conférence générale de 1951, les délégations des États arabes et latino-américains se font les ardents défenseurs de la thèse de la décentralisation[458]. Les États-Unis au contraire y sont fermement opposés. En janvier 1950, K. Holland s’inquiète du développement à l’Unesco d’« une tendance croissante à la régionalisation ». En 1952, le département d’état américain reproche à Carneiro d’être « le représentant d’une politique régionaliste contraire aux buts de l’Organisation »[459].
Des problèmes politiques se posent dans le cadre du conflit israélo-palestinien. E. Gordon, directeur du bureau des organisations internationales du ministère des affaires étrangères israélien, observe en 1950 que la localisation actuelle du bureau régional de l’Unesco au Caire pose un problème pour la participation d’Israël à ce bureau. À cause des relations tendues entre Israël et l’Egypte, les communications entre Tel Aviv et le Caire sont très difficiles ; cependant, le problème semble aplani par l’ouverture d’une annexe du bureau du Caire à Istanbul, avec laquelle le gouvernement d’Israël a établi des relations amicales et efficaces[460].

Les revendications d’un budget accru et d’activités opérationnelles sur leur sol.
Durant ses tournées en Amérique latine et au Moyen Orient en 1947-48, Huxley observe que ces États sont très désireux que l’Unesco mène sur leur sol des activités opérationnelles[461]. Torres Bodet fait la même observation durant son mandat. Nehru lui exprime les importantes attentes de son pays par rapport à l’Unesco. Torres Bodet observe que les raisons d’intérêt des États non occidentaux pour l’Unesco sont très différentes de celles des États occidentaux[462].
Torres Bodet, dans son soutien aux demandes de ces pays d’un budget important et d’activités opérationnelles sur leur sol, se heurte à l’opposition des États occidentaux, qui lui signifient clairement leur désaccord avec cette politique, lors d’une réunion officieuse des chefs des délégations occidentales en marge de la conférence générale de 1951[463]. En 1952, le département d’état reproche à Carneiro, que la France préconise comme futur directeur général, « de vouloir continuer sans réserves la politique d’extension des dépenses reprochée à son prédécesseur »[464].
Si les États non occidentaux réclament en général une importante assistance technique de la part de l’Unesco, il leur arrive aussi de dénoncer en celle-ci une opération rentable pour les puissances occidentales, auxquelles elle fournit des débouchés économiques ; ils dénoncent donc les motivations économiques cachées de cette action[465].
Dans les huit premières années de l’Unesco, les principaux enjeux de tension politique se mettent ainsi en place. C’est au sein des États occidentaux que règne alors le principal clivage, entre les États du « clan anglo-saxon » et ceux du « clan latin ». On observe aussi le développement d’une opposition est-ouest liée à la guerre froide, même si durant cette période elle est encore atténuée par la présence réduite du bloc socialiste à l’Unesco. Enfin, cette période donne lieu à l’union progressive des États non occidentaux contre les États occidentaux : États d’Amérique latine, du Proche Orient, et d’Asie, de plus en plus soudés entre eux, affirment et imposent de manière croissante leurs revendications, même si leur poids reste encore faible par rapport aux États occidentaux. La période suivante va voir prédominer les enjeux liés à la guerre froide.

2.2. 1953-59 : l’Unesco ébranlée par la guerre froide.

Les années 1953-59 voient une politisation généralisée de l’Unesco. Elle se traduit à la fois à la conférence générale, au conseil exécutif, dans le secrétariat, et dans les programmes mis en œuvre. Cette période est marquée par des enjeux importants liés à la guerre froide, notamment par l’entrée de l’URSS à l’Unesco et par l’épisode maccarthyste ; elle est aussi marquée par une politisation croissante, dont la modification du statut des membres du conseil exécutif est un signe clair.

2.2.1. Une présence accrue du bloc communiste.

L’adhésion de l’URSS et d’autres États communistes.

C’est la mort de Staline en mars 1953 qui ouvre la voie à la participation de l’URSS à l’Unesco. Dès juillet 1953, l’URSS décide de participer au programme élargi d’assistance technique (PEAT) de l’ONU. Peu après elle adhère à l’OIT[466]. Au début de l’année 1954, l’URSS participe à la conférence de La Haye organisée par l’Unesco sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé ; selon Evans, cette conférence aurait donné lieu à une bonne coopération entre les États-Unis et l’URSS[467]. Enfin, en avril 1954, l’URSS adhère à l’Unesco[468]. Cette adhésion est accueillie favorablement par les membres de l’Unesco et par la plus grande partie de l’opinion internationale, « comme un nouveau symptôme de la détente entre l’Est et l’Ouest »[469]. Les États-Unis en revanche voient dans l’adhésion de l’URSS une sorte de capitulation de celle-ci[470]. Luther Evans, directeur général depuis 1953, accomplissant un voyage officiel en URSS en 1955, se montre impressionné de rencontrer « de tous côtés un stupéfiant désir de coopérer avec l’Unesco », désir qui se manifeste « par une avidité presque enfantine de la part des hauts fonctionnaires soviétiques d’apprendre les projets de l’Unesco »[471]. Dès son adhésion à l’Unesco, l’URSS s’efforce de participer activement aux activités de l’organisation[472].
A la suite de cette adhésion de l’URSS, des Soviétiques se joignent au personnel de l’Unesco. Mais ce personnel soviétique se distingue de ses collègues par la surveillance étroite dont il est l’objet de la part de son gouvernement. « Les membres soviétiques du secrétariat, en violation de leur serment de fonctionnaires internationaux, étaient souvent appelés à des réunions soit à la délégation permanente [d’URSS], soit à leur ambassade. Tous vivaient obligatoirement dans un immeuble loué par l’ambassade, où ils étaient sujets à une surveillance mutuelle », se souvient Delavenay. Au sein des différents départements, les fonctionnaires soviétiques se surveillent entre eux : par exemple, au service des publications, Delavenay a pour collègues trois Soviétiques. L’un d’eux, N., est dénoncé à son gouvernement par l’un des deux autres pour avoir acheté un tableau non figuratif, et est de ce fait contraint par son gouvernement de démissionner[473]. Prévost évoque : « nous n’ignorions pas que certains d’entre nos collègues soviétiques appartenaient au KGB ; c’est l’un d’entre eux qui, traditionnellement, percevait la part de traitement que chaque Soviétique reversait à son gouvernement ». Mais selon Prévost, le rôle de ces espions était davantage de « surveiller leurs compatriotes que [de] glaner d’improbables secrets diplomatiques ». Les fonctionnaires soviétiques de l’Unesco sont logés dans des appartements gérés par l’ambassade de l’URSS. Leurs contacts avec leurs collègues non-soviétiques sont strictement limités. Seuls parmi eux les membres du KGB sont autorisés à accepter des invitations de non-Soviétiques. De plus, contrairement aux fonctionnaires des autres nationalités, qui sont libres de faire toute leur carrière à l’Unesco, les Soviétiques ne restent jamais que quelques années en poste, quatre ans au maximum, au terme desquels ils sont systématiquement rappelés par leur gouvernement[474].
D’autre part, au sein du personnel, un clivage sépare les Soviétiques et les descendants d’émigrés russes blancs, un certain nombre de personnes de cette catégorie ayant été recrutés par l’Unesco au lendemain immédiat de l’adhésion de l’URSS, car, comme ils se trouvaient déjà sur place à Paris, leur recrutement était plus rapide et facile que celui de Soviétiques. Vladimir Kemenov, représentant de l’URSS au conseil exécutif à partir de 1956, entreprend alors une campagne systématique de plaintes contre la qualité de la langue russe employée dans la section des publications, campagne qui a pour véritable but de faire remplacer les russes blancs (accusés de parler un russe désuet et donc incorrect) par des Soviétiques[475]. En fait, ceux-ci obtiennent pendant ces années peu de postes au secrétariat, et notamment peu de postes importants. Ainsi, en 1955, seuls deux Soviétiques occupent des postes de cadre supérieur à l’Unesco, alors que les Américains en occupent 46[476].
L’adhésion de l’URSS à l’Unesco entraîne le retour de la Pologne, de la Hongrie, et de la Tchécoslovaquie à une véritable participation à l’Unesco[477], et l’adhésion d’autres États communistes : Biélorussie et Ukraine en 1954[478], et Bulgarie en 1956[479]. Quant à la Yougoslavie, elle continue à participer activement aux activitiés de l’Unesco, profitant de sa position d’intermédiaire entre le bloc socialiste et le bloc capitaliste[480].

Les tentatives d’adhésion d’autres États communistes.

La question de l’admission de la république populaire de Chine.
En avril 1954, le jour même de son adhésion à l’Unesco, l’URSS demande l’exclusion de la Chine nationaliste et l’admission de la république populaire de Chine. Cette demande est rejetée[481]. Quelques mois plus tard, à la conférence générale de 1954, l’URSS renouvelle cette réclamation et conteste la légitimité du représentant de la Chine nationaliste. Avant le début de la conférence, le gouvernement de la République Populaire de Chine avait d’ailleurs demandé à l’Unesco, en vain, de pouvoir envoyer une délégation d’observateurs à la conférence. Sous la pression des États-Unis, la conférence générale vote une résolution empêchant la remise en cause de l’adhésion de la Chine nationaliste[482]. Le bloc communiste poursuit néanmoins son effort en vue de la reconnaissance de la Chine populaire à l’Unesco. En septembre 1956, au conseil exécutif, la Hongrie et la Tchécoslovaquie demandent l’admission d’observateurs de Chine populaire à la conférence générale de 1956 ; cette demande est rejetée[483]. La question de l’admission de la Chine populaire à l’Unesco est systématiquement introduite par les délégations des États communistes dans les débats de différentes conférences, comme la conférence des commissions nationales asiatiques en 1956[484], ou la conférence des commissions nationales européennes, en octobre 1957[485] ; invariablement sans succès. De nombreux États membres, à l’instar de la France, refusent de s’engager sur le sujet, estimant qu’il n’appartient pas à l’Unesco, organisation apolitique, de trancher le problème politique de l’admission de la Chine populaire à l’Unesco, avant que l’assemblée genérale de l’ONU ne se soit prononcée à ce sujet[486]. Cependant certains Occidentaux sont favorables à l’adhésion de la République populaire de Chine, comme l’ancien directeur-général Julian Huxley, ainsi qu’il l’exprime en 1959[487]. À la fin des années 1950, la question de la réalisation d’activités de l’Unesco en Chine populaire provoque des controverses et suscite notamment, aux États-Unis, l’hostilité du département d’état et du Congrès[488].
Ainsi, durant toutes ces années, la question de l’admission de la Chine populaire, et de la réalisation d’actions de l’Unesco dans ce pays, reste irrésolue et conflictuelle. Sous l’influence des États-Unis, la majorité des États membres s’oppose aux propositions des délégations socialistes de reconnaître la Chine populaire comme membre légitime de l’Unesco au détriment du gouvernement de Chine nationaliste. L’argument principal invoqué est l’incompétence de l’Unesco à prendre une décision sur une question de nature politique. Cet enjeu entrave le bon fonctionnement des conférences générales et autres réunions, puisqu’il aboutit systématiquement à un conflit non résolu. L’absence du plus grand et du plus peuplé des États constitue aussi une grave remise en cause de l’universalité de l’Unesco.

La question de l’admission de la RDA.
La RFA ayant été admise à l’Unesco, il pouvait apparaître logique que la RDA le soit également. L’URSS, dès sa propre admission à l’Unesco, en avril 1954, s’emploie à cet objectif. La demande d’adhésion de la RDA est cependant rejetée par le conseil économique et social[489]. En août 1955, la RDA présente à nouveau une demande d’admission à l’Unesco[490]. Dans l’hypothèse où le conseil économique et social accepterait cette demande, l’URSS mène des démarches diplomatiques en faveur de cette admission auprès des délégations des États membres à l’Unesco, car alors ce serait à la conférence générale de décider[491]. Parallèlement, la RFA mène des démarches diplomatiques dans le but opposé[492]. De toute façon, en décembre 1955, le conseil économique et social refuse la demande d’admission de la RDA[493]. En septembre 1956, au conseil exécutif, la Hongrie et la Tchécoslovaquie demandent l’admission d’observateurs de RDA à la prochaine conférence générale ; là encore, cette demande se heurte à un rejet[494].
A la 2e conférence des commissions nationales européennes, tenue en octobre 1957 à Dubrovnik, la RDA, qui initialement devait être invitée comme observateur, est finalement tenue à l’écart[495]. En revanche, la même année, des scientifiques est-allemands sont admis à participer à la conférence internationale de l’Unesco sur les radio-isotopes, dans le cadre de laquelle les scientifiques est-allemands et ouest-allemands sont regroupés ensemble sous le titre de « délégation d’Allemagne », ce qui semble amorcer un assouplissement dans l’attitude de l’Unesco à l’égard de la RDA. Cette évolution s’explique en fait en partie par la volonté du gouvernement de RFA de se rapprocher de la RDA dans les domaines non-politiques, dans le but de faciliter l’émigration des Allemands de l’est vers la RFA. Dans le même esprit, en 1959, des scientifiques est-allemands sont invités à la conférence sponsorisée par l’Unesco sur le traitement de l’information. L’invitation des scientifiques est-allemands, lancée à l’initiative du gouvernement de RFA, suscite le mécontentement du département d’état[496].
Malgré le relatif assouplissement apporté par ces deux conférences, durant ces années la question de l’admission de la RDA à l’Unesco n’aboutit pas plus que celle de l’admission de la Chine populaire.
Durant ces années, plusieurs autres États communistes demandent leur admission comme membres, ou à défaut, comme observateurs, mais là aussi sans succès. Ainsi en 1954, la Roumanie voit refusée sa demande d’adhésion[497] ; en 1956, les demandes du Vietnam du Nord, de la Corée du nord, et de la Mongolie, d’être autorisés à envoyer des observateurs à la prochaine conférence générale, sont repoussées par le conseil exécutif[498]. En outre, en 1958, les États-Unis s’opposent à l’obtention par 6 ONG de tendance communiste du statut consultatif avec l’Unesco, arguant que les buts de ces ONG, du fait de leur orientation idéologique, ne sont pas en conformité avec les principes généraux de l’Unesco ; l’admision de ces six ONG communistes est ainsi refusée par le conseil exécutif ; à la conférence générale de 1960, sur la vigoureuse pression des États-Unis, l’admission d’observateurs d’ONG communistes est refusée[499].
Ainsi, alors que dans les premières années, le bloc communiste semblait bouder l’Unesco, à partir de la mort de Staline en 1953 se produit un retournement : ces États s’efforcent au contraire avec acharnement d’acquérir droit de cité à l’Unesco, et se heurtent en cela à l’opposition des États-Unis, qui initialement les critiquaient pour leur absence. La présence des deux superpuissances ennemies à l’Unesco entraîne une politisation croissante au sein de l’organisation.

2.2.2. Une politisation croissante.

L’élection du successeur de Torres Bodet.
Après la démission définitive de Torres Bodet en novembre 1952, alors que l’intérim est assuré par l’Americain J.W. Taylor[500], les intrigues des délégations des différents États membres en vue de la succession de Torres Bodet se déchaînent. L’enjeu réel de cette élection est un accroissement du rayonnement soit de la France, soit des États-Unis, comme l’expriment les documents diplomatiques. Ainsi, le ministre français des affaires étrangères reconnaît que la principale raison pour laquelle la France soutient la candidature de Carneiro est qu’« il s’exprime généralement en français »[501].
Au conseil exécutif, au printemps 1953, alors qu’aucun accord ne semble possible pour désigner un candidat, Luther Evans, représentant des États-Unis, annonce sa candidature, se disant « prêt à se sacrifier », « à la surprise universelle, y compris à celle de sa délégation ». Il est élu directeur général le 1er juillet 1953[502]. Le geste d’Evans peut paraître étonnant ; en effet, sondé en janvier 1948 par Benton, alors secrétaire d’état adjoint pour les affaires publiques, sur son éventuelle candidature au poste de directeur général, il avait alors répondu n’être absolument pas intéressé[503]. Son changement d’avis peut s’expliquer par la perspective de perdre son poste de bibliothécaire du Congrès avec l’arrivée d’un président républicain, Eisenhower, lui-même étant démocrate[504]. L’élection d’Evans, qui a suscité la surprise générale[505], a été considérée comme un « accident », car elle s’est faite alors que le gouvernement américain ne lui avait pas spécialement apporté son appui[506]. Elle est mal accueillie dans le « clan latin » : comme l’observe Le Monde, les gouvernements du clan « latin » auraient préféré l’élection d’« une personnalité intellectuelle de réputation internationale et de tradition latine » ; ils déplorent notamment que « le bibliothécaire du Congrès parle à peine le français et ne possède pas la culture européenne qui faisait apprécier l’ancien directeur, poète et diplomate ». Le Monde conclut qu’ « il faut s’attendre maintenant à un changement assez sensible dans l’orientation » de l’Unesco[507]. En décembre 1953, la direction française des relations culturelles souligne « la crise que traverse l’organisation depuis le départ de M. Torres Bodet ».[508] Paradoxalement, comme l’observe Gail Archibald, l’arrivée à la tête de l’Unesco d’un directeur général américain n’a pas entraîné de resserrement des liens entre l’Unesco et les États-Unis, mais a coïncidé au contraire avec un relâchement croissant de ces liens[509].

La modification du statut du conseil exécutif.
L’élément le plus significatif de la politisation croissante de l’Unesco à cette époque est la modification du statut des membres du conseil exécutif, votée à la conférence générale de 1954, sous la pression des États-Unis et du Royaume-Uni[510], et malgré l’opposition de nombreux États dont la France, ainsi que d’une grande partie de l’opinion[511]. Alors que ses membres étaient jusque-là élus à titre strictement personnel, ils sont désormais présentés par leurs gouvernements, et élus en tant que représentants de leurs gouvernements respectifs. Cette modification a pour conséquence de soumettre plus nettement encore l’action de l’Unesco aux volontés politiques des États[512]. Fin 1954, les diplomates français observent, au sujet de la 37e session du conseil exécutif : « La session a été, d’une manière générale, marquée par un renforcement des positions américaine et britannique au sein du conseil »[513] ; en 1957, ils observent que la 49e session a été « caractérisée, comme les précédentes, par une politisation assez marquée des débats », et que « la longueur de la session et le ton de la disscusion en ont évidemment souffert »[514]. Evans observe que durant tout son mandat le représentant de la France au conseil exécutif, Laugier, n’a cessé de s’opposer à lui, d’essayer, par ses « continuelles diatribes », de « miner [s]a position auprès des autres membres du conseil et du Secrétariat » ; « je protestais à ce sujet auprès du gouvernement français mais celui-ci ne faisait rien, ainsi il était clair qu’il jouait double jeu »[515]. Ainsi le conseil exécutif, avec cette modification du statut de ses membres, est de plus en plus politisé. Il en va de même de la conférence générale.

La politisation croissante de la conférence générale.
Les délégations à la conférence générale sont de plus en plus composées selon un profil politique et les débats ont un caractère de plus en plus politisé[516]. Ainsi, la délégation américaine à la conférence générale est composée principalement d’hommes politiques, de diplomates, d’industriels, et non pas d’intellectuels[517]. Les autres conférences organisées par l’Unesco sont aussi l’objet de tensions liées à des enjeux politiques. La délégation allemande à une conférence organisée par l’Unesco en 1954 déplore les « machinations politiques »[518].
Les propos tenus en 1956 par le secrétaire d’état aux affaires extérieures du Canada, Lester Pearson, au cours d’un entretien confidentiel avec Maheu, sont révélateurs de l’intérêt politique croissant que suscite l’Unesco de la part des États : il « ne sait à peu près rien de l’action technique de l’Unesco » et « ne s’en soucie guère », mais en revanche est très intéressé par « l’importance politique croissante que revêt l’Organisation dans la conjoncture internationale actuelle », et se montre déterminé à envoyer à la prochaine conférence générale une « délégation particulièrement forte au point de vue […] de la politique »[519]. Les gouvernements français, américain, britannique et soviétique, envoient eux aussi aux conférences générales des délégations particulièrement fortes sur le plan politique.
Les enjeux politiques portent en grande partie sur la rivalité qui se poursuit entre « clan latin » et « clan anglo-saxon » ; ainsi, par exemple, la conférence des commissions nationales européennes en 1956 donne lieu, comme l’observe le diplomate et écrivain français Jacques de Bourbon Busset, à l’expression d’une rivalité entre la France et le Royaume-Uni au sujet de leur rayonnement culturel en Europe[520].
Evans évoque l’hostilité de la délégation française à son égard durant son mandat. « Je me suis toujours senti mal à l’aise avec les Français, témoigne Evans. Je sentais qu’ils m’étaient fondamentalement hostiles, et ils ont probablement fait beaucoup de choses pour m’affaiblir, que je n’ai jamais sues ». Il estime que la délégation française manifestait à son égard du « cynisme », de l’ « hostilité », de « l’encouragement à une opposition à [lui] auprès du personnel français ». Il estime que le fait que la France lui ait ensuite décerné la Légion d’honneur est une preuve de sa « mauvaise conscience »[521].
Les enjeux politiques portent aussi sur la question récurrente d’Israël : les États membres de l’Unesco étant regroupés administrativement en de grandes « régions » (Asie, Europe, etc.), le problème se pose dès ces années de savoir à quelle région Israël doit être rattaché : Moyen Orient, Europe, ou Asie[522]. Le problème politique israélo-palestinien apparaît aussi dans le programme UNRWA-Unesco. Dans une lettre confidentielle de 1955, Elvin reconnaît que « bien que le travail éducatif de l’UNRWA soit strictement non-politique (…), il s’inscrit inévitablement dans le contexte malheureux de la situation politique », et que ce programme pâtit de son manque de reconnaissance officielle par les États arabes, puisque « pour les États arabes, reconnaître le projet signifie reconnaître la permanence des réfugiés à l’intérieur de leurs frontières et amène logiquement à la reconnaissance des ‘territoires palestiniens occupés’ en Israël »[523]. Les tensions accrues entre Israël et les pays arabes en 1956-57 entravent gravement le déroulement du projet[524]. Israël impose un contrôle drastique sur les manuels scolaires dans les camps des territoires qu’elle occupe[525]. Outre les problèmes politiques israélo-palestiniens, se posent des tensions entre pays arabes[526]. En 1958, le contexte politique tendu perturbe le programme, qui se déroule dans une atmosphère de danger, au milieu des menaces et de l’enlèvement de professeurs[527].

2.2.3. Des tensions est-ouest exacerbées.

L’intrusion du maccarthysme.

Le début du mandat d’Evans est marqué par l’intrusion du maccarthysme au sein de l’Unesco[528]. En fait, dès 1948, à l’ONU, une disposition secrète, inaugurée par le secrétaire général Trygve Lie, permet au gouvernement américain de prendre des renseignements sur les Américains qui y sont employés. Selon Gail Archibald, une entente officieuse aurait existé également dès 1947 entre l’Unesco et le département d’état sur cette question[529]. Mais c’est surtout en 1953 que le contrôle des États-Unis sur ses ressortissants employés par l’Unesco se renforce. Dès novembre 1952, le comité MacCarran, « Comité de loyauté des employés des organisations internationales », mis en place par le département d’état, demande à l’Unesco une liste des membres américains du Secrétariat[530].
Puis, à la suite du décret exécutif du president des États-Unis 10422 du 9 janvier 1953, le directeur général par intérim John Taylor, puis le directeur général Luther Evans, sont invités par le gouvernement américain à donner des renseignements sur les citoyens américains employés par l’ONU et ses agences spécialisées[531]. Le secrétaire général de l’ONU accepte de se soumettre à ce décret, et de communiquer lui-même au secrétaire d’état américain les noms et des renseignements sur chacun des citoyens américains employés par l’ONU[532]. Ces personnes feraient l’objet d’enquêtes spécifiques du FBI. À l’ONU, une vingtaine de fonctionnaires américains sont inquiétés[533]. L’accueil du décret exécutif dans les diverses agences internationales est très mitigé[534], notamment à l’Unesco ; en effet, ce décret est en contradiction avec l’acte constitutif de l’Unesco, qui, dans son article VI.5, prévoit que les directeurs généraux « ne recevront d’instructions d’aucun gouvernement ».
En février 1953, le département d’état américain écrit à Taylor, lui demandant de faire remplir à chaque employé américain de l’Unesco un questionnaire du département d’état. Taylor accepte le principe de ces enquêtes mais hésite à contrôler lui-même les réponses des intéressés. Deux représentants de McCarthy viennent alors à l’Unesco afin de discuter de cette question avec Taylor et de faire pression sur lui ; Taylor leur fait interdire l’accès de l’Unesco[535]. Taylor, défavorable au maccarthysme, transmet ses réticences au conseil exécutif. Celui-ci, réuni en séance privée en avril 1953, décide que le questionnaire du département d’état que doivent remplir les fonctionnaires américains de l’Unesco n’engage pas la responsabilité de l’organisation, qu’il doit être rempli et envoyé directement par ces fonctionnaires, et que le fait qu’un fonctionnaire ne le remplisse pas ne constitue pas matière à une sanction disciplinaire de la part de l’Unesco[536].
Le gouvernement américain s’en prend au personnel de l’Unesco. En mars 1953, Alva Myrdal, directrice du département des sciences sociales, est inquiétée[537]. Alors qu’elle se rend à New York pour une conférence de la commission de l’ONU sur le statut des femmes, l’accès aux États-Unis lui est refusé sans aucune explication par le service d’immigration[538].
Prévost relate que la première circulaire envoyée par les États-Unis demandant des renseignements sur les fonctionnaires américains a « suscit[é] une grande émotion parmi le personnel », qui est en majorité « outré ». Il témoigne qu’à la 34e session du conseil exécutif en mai 1953, « l’ambiance était lourde », d’autant plus que le représentant des États-Unis, Luther Evans, y est remplacé par son suppléant, Charles Thompson, favorable au maccarthysme. Plusieurs membres du conseil exécutif, tels Jean Piaget et Henri Laugier, s’opposent à l’acceptation des mesures maccarthystes par l’Unesco, observant que cela ferait « perdre à l’Unesco l’appui des intellectuels du monde entier, dont elle a tant besoin »[539] ; le conseil exécutif s’efforce de résister aux pressions des États-Unis. En juin-juillet 1953, le Congrès américain remet alors en question le versement de la contribution financière des États-Unis à l’Unesco, alléguant ses liens supposés avec le mouvement communiste international[540]. En décembre 1953, le conseil exécutif, réuni à nouveau en séance privée, maintient cependant sa position[541].
Quinze membres américains du personnel de l’Unesco sont convoqués par le Comité MacCarran. Huit d’entre eux refusent de comparaître, dont David Leff[542]. Le Comité MacCarran, jugeant ces huit agents « déloyaux » envers leur État, exige leur licenciement[543]. Evans, devenu directeur général, se trouve dans une situation très délicate, étant personnellement opposé au maccarthysme, mais étant américain donc potentiellement lui aussi cible du maccarthysme[544]. Dans une interview de 1966, il évoque les soucis qu’il a vécus dans le cadre de cette affaire, pris entre les pressions qu’exercait sur lui le gouvernement américain et les protestations du conseil exécutif[545]. Finalement, après avoir hésité, il se résout à céder aux pressions de son gouvernement et, en décembre 1954, licencie sept. des huit agents qui ont refusé de comparaître ; un seul sur les huit, Julian Behrstock, échappe au licenciement[546].
Mais c’est sans compter le mouvement de résistance qui s’organise contre cette politique, mené à la fois par les représentants des États membres et par le personnel. De nombreux représentants des États membres au conseil exécutif (en particulier en août 1954), et à la conférence générale (en octobre-novembre 1954) dénoncent la politique maccarthyste des États-Unis[547]. La presse française est critique envers l’intrusion du maccarthysme à l’Unesco [annexe 18]. De plus, dès 1953, cette politique fait l’objet de vives discussions et d’une vive réprobation parmi les membres du personnel[548]. Les membres de l’association du personnel se dépensent sans compter pour défendre les fonctionnaires américains inquiétés, organisant de nombreuses réunions. L’association du personnel demande que le décret exécutif 10422 soit examiné par le conseil d’appel, la Cour internationale de Justice, et le tribunal administratif de l’OIT[549]. Ce dernier, en septembre 1954, donne raison à l’association[550]. En décembre 1954, l’association, réunie en assemblée, vote une résolution en faveur des Américains expulsés, demandant au directeur général de retirer son licenciement. Elle crée un « fonds d’aide spécial », pour aider les sept. licenciés à faire face aux dépenses de leur défense devant les instances d’appel du système des Nations Unies[551]. En 1956, la Cour internationale de justice confirme le jugement du tribunal de l’OIT ; l’Unesco est condamnée à verser de lourdes indemnités aux fonctionnaires américains lésés[552].
Finalement, l’Unesco semble avoir retiré de cet épisode plutôt une image de résistance au maccarthysme. C’est en tout cas l’image qu’elle s’est efforcée de diffuser. Cela est illustré par le fait qu’en 1965, des personnalités américaines demandent à Maheu, en visite aux États-Unis, que l’Unesco organise dans ce pays des rencontres internationales dans le but de lutter contre une éventuelle renaissance du maccarthysme[553].

De nombreuses occasions d’opposition entre États-Unis et URSS.

L’entrée de l’URSS à l’Unesco, et le début de la participation des Soviétiques aux activités de l’Unesco, entraînent immédiatement l’inquiétude et la méfiance des États-Unis. Dans leur ouvrage sur l’Unesco publié en 1957, Laves et Thomson expriment clairement la position américaine, estimant que l’Unesco a pour devoir de jouer un rôle important dans le cadre de la guerre froide aux côtés des États-Unis[554]. Parallèlement, l’URSS s’efforce d’orienter l’Unesco dans son sens sur le plan idéologique. Ces efforts des deux grandes puissances passent par différents vecteurs : les tribunes que constituent la conférence générale et le conseil exécutif, les alliances diplomatiques avec d’autres États membres, la personne du directeur général, le personnel du secrétariat, les programmes eux-mêmes, les commissions nationales, et les ONG.



à la conférence générale et au conseil exécutif.
La délégation américaine est composée par le département d’état américain avec beaucoup de soin, afin d’être particulièrement compétente et politique, pour lutter avec efficacité contre la délégation soviétique. L’URSS déploie des efforts analogues pour la composition de sa délégation[555].
A la conférence générale de 1954, plusieurs résolutions proposées par les États-Unis sont adoptées, alors que celles proposées par l’URSS ne parviennent pas à s’imposer[556]. C’est notamment le cas de la résolution sur la « coexistence pacifique », proposée par l’URSS. Cette proposition se heurtant à l’opposition des États-Unis, c’est finalement une résolution édulcorée, portant sur la « coopération pacifique » qui est votée. Cette opposition sur les termes, qui peut paraître un détail, est en fait porteuse d’enjeux politiques : le terme de « coexistence », prôné par les Soviétiques, sous-entend une reconnaissance de la réalité de la guerre froide, et une accusation à l’encontre des États-Unis d’etre responsables de cette guerre froide. Les États-Unis sont hostiles à ce terme. Au conseil exécutif, peu de temps après, le bloc soviétique fait une nouvelle tentative pour imposer le terme de coexistence, mais sans succès à nouveau, et c’est le terme « coopération pacifique » qui est répété. À la conférence générale de 1956, la commission du programme approuve, malgré la réticence du bloc américain, une résolution prévoyant un programme sur « les sciences sociales et les problèmes de la compréhension internationale et de la coopération pacifique ». Malgré l’absence du terme « coexistence » dans la résolution, les États-Unis sont très inquiets d’une confusion de langage qui aurait été faite dans la traduction, notamment dans la traduction en français, et qui aurait abouti au remplacement, en certaines occurrences, du terme « coopération » par celui de « coexistence ». Les États-Unis s’alarment des « graves malentendus qui peuvent surgir d’un usage inattentif de certains mots, et du risque de changer la substance en changeant quelques mots », et condamnent la tendance de nombreux francophones à utiliser le terme de « coexistence »[557].
La conférence générale de 1956 se déroule dans un contexte politique très tendu, au moment de la répression du printemps de Prague par les Soviétiques[558]. Delavenay évoque les vives tensions politiques qui déchirent de ce fait la conférence générale, et qui se traduisent par de violents affrontements verbaux, et évoque : « le malheureux délégué de la Hongrie, un écrivain nommé Tamas Aladar, ne savait à quel saint se vouer et se faufilait comme une âme en peine parmi les délégations »[559]. Nehru, premier ministre de l’Inde, déplore que cette conférence ait « pour bruit de fond le pas des armées en marche et le fracas des bombes »[560], allusion à la situation en Hongrie. À cette conférence, qui a lieu à New Delhi, les États-Unis et l’URSS rivalisent pour étendre leur influence sur l’Asie[561].
Aux conférences générales et au conseil exécutif, l’opposition entre les deux grands se traduit par des alliances diplomatiques. Tandis que l’URSS bénéficie du soutien sans faille des démocraties populaires, les États-Unis bénéficient de celui du Royaume-Uni et de la RFA.
Durant les années 1950, les représentants du Royaume-Uni et de la RFA à la conférence générale et au conseil exécutif se montrent fidèlement soumis aux instructions des États-Unis concernant la position à adopter sur les divers enjeux politiques ; ces États se coordonnent soigneusement sur la politique à adopter avant chacune de ces réunions[562].
Comme les États-Unis, le Royaume-Uni reste attaché aux méthodes de diplomatie culturelle bilatérale[563]. Durant la seconde moitié des années 1950, la modération du budget de l’Unesco est un des impératifs principaux du gouvernement britannique, comme du gouvernement américain[564]. De même que le gouvernement américain, le gouvernement britannique souhaite, ainsi qu’il l’exprime dans un document confidentiel en 1955, que l’Unesco se consacre « à stimuler l’enthousiasme pour les idéaux de la civilisation occidentale et à diminuer l’allégeance aux idéaux trompeurs tels que la lutte des classes »[565], c’est-à-dire qu’elle se consacre à s’engager dans la propagande de guerre froide. Comme le gouvernement américain également, le gouvernement britannique est à cette époque plutôt hostile à l’Unesco, estimant que « non seulement l’organisation ne fait rien de bon, mais [qu’] elle tend à propager des idées nuisibles »[566] ; il estime par là que l’Unesco n’est pas assez engagée aux côtés du camp américain dans le cadre de la guerre froide. Cette hostilité conduit le gouvernement britannique à envisager sérieusement de se retirer de l’Unesco en 1957[567]. Elle se focalise en particulier sur la personne d’Evans : en 1955, le Britannique John Hope est « très contrarié » et « considérablement irrité » par l’attitude de celui-ci, qu’il juge pro-communiste, et observe avec dépit que « les Russes doivent se frotter les mains de joie »[568] ; M. Kirkpatrick, autre diplomate britannique, exprime dans un mémorandum confidentiel des propos très hostiles envers Evans et déplore l’impossibilité « de liquider cet individu indésirable »[569].
La RFA est également un allié fidèle des États-Unis dans les conférences générales. La grande importance accordée par l’Unesco à cet État membre, manifestée notamment par les visites de hauts dirigeants de l’Unesco dans ce pays, constitue un atout pour les États-Unis ; ainsi, à une visite d’Evans en 1954[570] succède une visite de Maheu en 1955, qui, ainsi que l’observe le gouvernement allemand, a une dimension très politique[571] ; une autre visite est faite en 1957 par Jean Thomas[572].

Au niveau du directeur général.
La position difficile d’Evans.
La position d’Evans au poste de directeur général n’est pas confortable : il est en effet mal considéré à la fois par le gouvernment américain[573] et par le gouvernement soviétique[574]. L’hostilité du gouvernement américain à son égard s’explique par sa tendance démocrate, sa réticence à appliquer la politique maccarthyste, et son opinion nuancée à l’égard de l’URSS. Un rapport confidentiel de la délégation américaine de 1955 révèle que l’élection d’Evans a suscité « un considérable mécontentement dans les cercles gouvernementaux américains »[575]. Dès l’entrée de l’URSS à l’Unesco, le gouvernement américain lui demande officieusement de surveiller avec vigilance et d’entraver les menées des Soviétiques à l’Unesco[576]. En 1955, lors d’un dîner avec John Hope, membre du gouvernement britannique, Evans se refuse à inclure une dimension de propagande antisoviétique parmi les activités de l’Unesco, ainsi que celui-ci le lui demande : il répond qu’« il ne relève pas des compétences de l’Unesco, dans sa tâche d’éducation des peuples arriérés, d’inclure dans cette éducation l’idée que la liberté spirituelle est préférable au communisme », car « cela reviendrait à attaquer la politique d’un État membre », l’URSS ; cela est très mal reçu par le gouvernement britannique[577].
La position d’Evans est également difficile par rapport aux Soviétiques. Ainsi, en 1957, comme l’observent les diplomates français, il est « l’objet de critiques assez vives » de la part du bloc soviétique. S’il s’en tire « habilement », sa position n’est pas de tout repos[578]. N’étant pas soutenu mais au contraire considéré avec méfiance par son gouvernement, Evans vit une période difficile en tant que directeur général. Dans son interview en 1966, il évoque la suspicion et l’hostilité avec laquelle il était considéré par nombreux États, persuadés à tort qu’il agissait entièrement sur les instructions du département d’état, et les « frictions » qu’il avait avec les dirigeants américains et le département d’état : ainsi Eisenhower comme Foster Dulles ont refusé de le rencontrer ; « je savais que j’avais le département d’état contre moi sur beaucoup de sujets, et c’était une période plutôt inconfortable », « je n’avais pas des relations faciles avec les gens du département d’état ». Il évoque aussi ses rapports très conflictuels avec le membre américain du conseil exécutif[579]. Evans quitte l’Unesco frustré et désabusé[580]. La succession d’Evans par Veronese, personnalité beaucoup plus clairement ancrée dans le camp atlantiste, est un signe de la prépondérance du bloc américain sur le bloc soviétique.

L’élection de Veronese en 1958 : un personnage à faible personnalité qui fédère le clan latin et le clan anglo-saxon, contre le clan soviétique.
En mai 1957, Evans, dans un article dans le bulletin Unesco News, laisse planer le doute sur son intention de briguer un second mandat, affirmant : « je n’ai pas pris de décision ni dans un sens ni dans l’autre »[581]. L’URSS est alors défavorable à l’idée d’un second mandat d’Evans, considéré comme « un jouet du département d’état », mais est en revanche favorable à l’élection d’un Européen de l’Ouest[582]. De même les États-Unis sont défavorables à une réélection d’Evans. Dès l’automne 1957, ils pensent à Veronese et le sondent sur sa volonté de se présenter à ce poste ; très déférent envers les États-Unis, celui-ci répond qu’étant ami des États-Unis il ne saurait se présenter en concurrence avec un candidat américain. Tout en pensant à l’élection de Veronese, le gouvernement américain laisse à cette époque-là croire à Evans qu’il va le soutenir pour un second mandat[583].
En avril 1958, Evans écrit à Veronese, alors président du conseil exécutif : « Je suis disposé à accepter d’être réélu. Je prends la liberté de communiquer aujourd’hui même ma décision au gouvernement des États-Unis. » Il fait même du chantage : « Si l’incertitude [au sujet de ma réélection] devait se prolonger au-delà de la 50e session du conseil, elle aurait de sérieux effets, par exemple sur les mesures que je pourrais me sentir libre de prendre en révisant le projet de programme et de budget et en arrêtant mes propositions pour le montant des dépenses. À mon avis, cette situation aurait inévitablement de fâcheux effets sur la direction effective des travaux du secrétariat »[584]. Pourtant, malgré ces menaces voilées, Evans ne réussit pas à imposer sa candidature. Dès juillet 1958, Veronese est considéré officieusement comme le candidat le mieux placé[585]. Début septembre 1958, sachant que son pays l’a désigné comme candidat, il démissionne de son poste de président du conseil exécutif, pour que sa candidature puisse être validée[586]. Le conseil exécutif, réuni en séance privée, le choisit comme candidat officiel. Le soutien des États-Unis à Veronese s’explique par le fait que l’Italie est un allié des États-Unis au sein des Nations Unis, par la certitude que Veronese en particulier s’est toujours montré « un allié fidèle de la cause occidentale », qu’il a « un profil conservateur », et par le fait que les États-Unis sont conscients que s’ils ne lui apportaient pas leur soutien, ils se mettraient à dos toute l’Europe[587]. Veronese jouit de la sympathie de la plupart des autres États pour avoir « judicieusement arbitré le conflit du personnel avec l’administration, et s’[être] discrètement mais fermement opposé à Evans » lors de l’affaire du maccarthysme, en tant que directeur du conseil exécutif[588]. En revanche, l’URSS, bien qu’initialement hostile à une réélection d’Evans, soutient finalement celui-ci face à Veronese[589] ; ce qui, comme l’observe la presse américaine, engendre une « situation inhabituelle », inédite, et paradoxale, puisque le candidat américain se retrouve soutenu par l’URSS ![590] La désignation de Veronese par le conseil exécutif est aussi le résultat de soigneuses manœuvres diplomatiques auprès des États : le soutien de l’Iran est acquis en échange de la promesse de nommer l’Iranien Raadi à l’un des trois postes d’assistant directeur général ; celui du Brésil est acquis en échange de la promesse de nommer le Brésilien Berredo Carneiro au poste de président du conseil exécutif[591] ; celui des États-Unis en échange de la promesse d’obtenir la nomination d’un Américain à l’un des trois postes d’assistants directeurs généraux[592]. Le choix de Veronese est aussi favorisé par l’intense campagne en sa faveur menée de manière confidentielle par l’association Pax Romana[593] et par le Vatican[594] parmi les États membres, et par la faveur dont il jouit en tant que catholique dans les États d’Amérique latine, très catholiques[595]. Ce choix s’explique aussi par le rôle de Maheu, qui use de son influence pour convaincre les membres du conseil exécutif de se décider pour Veronese au détriment d’Evans, dont Maheu voulait se venger, lui gardant rancune de l’avoir « exilé » à New York[596]. Evans, dont le mandat devait se poursuivre jusqu’en juillet 1959, démissionne à l’automne 1958, lors de la conférence générale[597].
Durant la séance privée de la conférence générale où est discutée l’élection du directeur général, fin novembre 1958, la délégation soviétique s’oppose à l’élection de Veronese, observant qu’il est le représentant du camp occidental et dénonçant ses liens avec l’OTAN[598] ; elle s’efforce d’empêcher son élection en arguant que la démission de Evans n’a pas été faite dans les formes juridiques prévues[599]. Ainsi, l’élection de Veronese focalise l’opposition est-ouest. La « signification politique du scrutin » apparaît clairement à tous les diplomates[600]. L’élection de Veronese représente une victoire pour le bloc américain. En avril 1959, le president Eisenhower reçoit avec empressement et grande cordialité Veronese, qui apparaît ainsi clairement comme son protégé ; le fait est d’autant plus significatif qu’Eisenhower avait au contraire toujours refusé de recevoir son compatriote Evans lorsque celui-ci était directeur général[601]. Cette rencontre donne lieu à une conversation chaleureuse, au cours de laquelle Veronese remercie le président américain pour son « grand soutien »[602]. Le Bulletin de la commission nationale américaine consacre une large place à cette visite de Veronese aux États-Unis, présentant en première page une photo de Veronese aux côtés d’Eisenhower, et soulignant que Veronese a durant cette visite « réaffirmé son amitié pour les États-Unis ». Au cours de cette visite, Veronese déclare : « Rien n’est plus encourageant pour le nouveau directeur général de l’Unesco que de savoir qu’il bénéficie de la confiance et du soutien des États-Unis. La contribution de votre grand pays a été vitale pour l’organisation depuis son commencement et tout au long de sa croissance »[603]. La presse américaine accueille de manière très favorable l’élection de Veronese, présenté comme « un homme aux multiples talents »[604]. Au lendemain de l’élection de Veronese au poste de directeur général, l’ambassadeur de France en Italie reconnaît dans une lettre confidentielle « la signification politique du scrutin »[605].
Tout au long de son mandat, Veronese affirme clairement son attachement aux principes atlantistes. Ainsi, à l’été 1960, dans une lettre confidentielle, il assure le représentant permanent des États-Unis à l’Unesco et les hauts fonctionnaires américains de l’Unesco de « son adhésion aux principes occidentaux »[606]. L’effondrement de Veronese face à sa lourde tâche à partir de la fin 1960 constitue par conséquent une vive déception pour les États-Unis[607].

Des rivalités pour le choix du personnel.
Les rivalités portent sur le choix du personnel, à la fois au secrétariat et sur le terrain. Les nominations aux postes de hauts fonctionnaires sont pendant ces années une préoccupation constante et vive du département d’état et du congrès américains, soucieux d’augmenter le nombre des Américains et de limiter celui des Soviétiques[608]. Les États-Unis s’efforcent d’empêcher la nomination d’un Soviétique à la tête d’un des départements du secrétariat, par de soigneuses négociations diplomatiques avec les autres gouvernements représentés au conseil exécutif[609]. Ils estiment que « des membres du personnel soviétiques chercheraient sûrement à pervertir par tous les moyens les programmes de l’Unesco afin d’obtenir des avantages politiques ou de propagande pour l’URSS et le communisme international ». Cependant, le département d’état reconnaît qu’il est inévitable d’accorder quelques postes aux Soviétiques, étant donné le principe de distribution géographique des postes, et la sous-représentaiton des Soviétiques d’après ce principe. L’objectif du département d’état est d’éviter la nomination de Soviétiques à des postes-clés[610]. En fait, chaque nomination d’un Soviétique, même à un poste secondaire, met en alerte le département d’état[611].
Les fonctionnaires communistes français, comme Michel Prévost, Bernard Drzewksi, et Léon Bataille, sont eux aussi mal vus par les États-Unis. Michel Prévost témoigne qu’il a ainsi reçu un « blâme écrit » avec suspension de poste pour quelques jours pour être allé au Congrès international de Sheffield en tant que représentant du Mouvement de la Paix. Ces communistes français forment un petit groupe soudé au sein du personnel. « Nous fûmes bientôt sept. à nous retrouver, à peu près régulièrement, dans l’arrière-salle d’un bar voisin », évoque Michel Prévost. Tout en étant d’accord avec les buts généraux de l’Unesco, ils critiquent certaines approches jugées trop spiritualistes, et réfléchissent au moyen de donner une audience croissante aux idées communistes à l’Unesco. C’est en fait moins au niveau de l’orientation des programmes que dans le domaine de la politique et de la gestion du personnel qu’ils trouvent un véritable champ d’action, grâce au rôle important qu’ils jouent au sein de l’association du personnel[612].
Si les États-Unis réussissent à restreindre la présence des Soviétiques au secrétariat, ils ne parviennent pas à favoriser le recrutement d’un grand nombre d’Américains pendant cette période. Certes, ils obtiennent un succès en 1957 en réussissant à faire nommer l’Américain W. Harold Loper à la tête du departement de l’éducation. Cependant, les Américains sont loin de jouir d’une véritable prépondérance numérique au secrétariat, à l’inverse de la situation qui prévaut alors à l’ONU. Au contraire, la représentation américaine au secrétariat diminue au cours de ces années. Selon Henry J. Kellerman, ambassadeur des États-Unis à Paris, cela s’expliquerait notamment par le fait que les candidats américains n’ont pas les compétences requises (la connaissance des langues étrangères notamment), et que les salaires ne sont pas attrayants pour des Américains[613]. Ainsi, de manière apparemment paradoxale, durant les années où la domination américaine sur l’Unesco se renforce, la représentation numérique des Américains dans son personnel diminue. Toutefois, les fonctionnaires américains du secrétariat sont alors en général étroitement liés au département d’état. Sandy Koffler, rédacteur en chef du Courrier de l’Unesco, fait figure d’exception à cet égard, par son indépendance politique complète vis-à-vis de son gouvernement. « Il n’a jamais accepté aucun ordre, même des plus hauts membres diplomatiques et politiques américains ; il était intransigeant, inébranlable ; et cela lui a d’ailleurs posé des problèmes », témoigne sa femme[614].
Des rivalités semblables ont lieu pour la nationalité des experts sur le terrain. Dans ces années, l’URSS se plaint que l’Unesco n’emploie pas davantage d’experts d’assistance technique de nationalité soviétique. Evans lui répond que la raison est que les États concernés, souvent, ne veulent pas d’un expert soviétique ; il observe qu’ils ne veulent pas non plus, bien souvent, d’un expert américain, mais que la nationalité la plus prisée par ces États pour les experts est la nationalité belge[615].
Ces rivalités pour le choix du personnel sont liées à un enjeu linguistique. Ainsi, à la conférence générale de 1954, l’URSS demande à ce que le russe devienne langue officielle de la conférence générale et du conseil exécutif. Evans soutient cette revendication, au grand mécontentement des États-Unis, et la demande est acceptée[616].
C’est non seulement au niveau du choix du personnel que se manifeste cette rivalité, mais aussi à celui des programmes.

Au niveau des programmes.
Dès l’entrée de l’URSS à l’Unesco, les États-Unis s’efforcent de limiter la participation des Soviétiques dans les programmes de l’organisation, craignant qu’ils n’y impriment leur marque idéologique ; les États-Unis s’efforcent également de véhiculer l’idéologie atlantiste à travers les programmes de l’Unesco destinés au bloc socialiste[617]. Evans témoigne dans son interview de la réelle « phobie » du gouvernement américain à l’égard d’une éventuelle coloration communiste des programmes de l’organisation[618].
En 1954, la réunion fondatrice du Comité international des sciences sociales (CISS) donne lieu à « des problèmes politiques invraisemblables », comme l’évoque Claude Lévi-Strauss, à cause de la hantise des Américains que les Soviétiques, invités, y participent aussi ; après avoir décliné l’invitation, les Soviétiques changent d’avis, ce qui cause la panique de l’Américain Donald Young, président du CISS ; en effet, dans le contexte du maccarthysme, les Américains ne peuvent alors pas se permettre d’assister à une réunion internationale où se trouvent aussi des Soviétiques[619]. Finalement, à la suite de manœuvres diplomatiques, la présence des Soviétiques est évitée.
Sous l’impulsion des États-Unis, à la suite des événements de Hongrie de 1956, l’Unesco met en place un programme d’« assistance d’urgence en matière d’éducation aux enfants et jeunes gens victimes des événements survenus en Hongrie », programme qui comporte une condamnation implicite de l’URSS, et qui vise à faire pénétrer une influence occidentale dans ce pays, par l’envoi de matériel éducatif. Toutefois, en mars 1957 cette action n’a toujours pas vraiment commencé, comme le déplore le directeur général lors d’une session privée du conseil exécutif[620]. En effet, la France et le Royaume-Uni s’opposent à ce projet, car celui-ci est couplé avec un autre projet de l’Unesco d’envoyer du matériel scolaire aux enfants d’Egypte ; dans le cadre des tensions résultant de l’expédition franco-britannique de Suez, la France et le Royaume-Uni s’y opposent, estimant que ce matériel va être employé pour l’armée, et non pour les enfants ; la controverse se focalise notamment autour d’un radar de démonstration que l’Unesco prévoit d’offrir à l’Egypte[621].
Les programmes d’éducation de base donnent lieu à des tensions est-ouest. À partir de l’adhésion de l’URSS, l’Unesco s’efforce, dans ses publications, de mettre en avant les réussites de cet État dans le domaine de l’alphabétisation[622]. Cela ne satisfait personne, car pour les Soviétiques, ces réussites ne sont pas assez clairement montrées, tandis que pour les Américains, leur récit est exagéré.
Par ailleurs, les réclamations de la RDA et de l’URSS de pouvoir participer aux travaux des trois instituts de l’Unesco en Allemagne donnent lieu à des tensions, les États-Unis et la RFA faisant pression pour empêcher cette collaboration, ce que dénonce le membre soviétique du conseil exécutif en 1957[623]. Finalement un compromis provisoire est trouvé en 1958, la RFA acceptant qu’un Soviétique soit nommé au conseil de l’institut de Gauting[624].
A l’automne 1957, le département d’état envoie à ses ambassades dans tous les États membres un questionnaire afin d’évaluer dans chacun d’eux l’efficacité des programmes de l’Unesco, l’attitude de la population envers l’organisation, l’impact de l’action de la commission nationale, et surtout de déterminer en quoi les programmes de l’Unesco dans chacun de ces pays pourraient être utiles à la politique américaine, et en quoi au contraire ils seraient susceptibles de servir les fins des Soviétiques[625]. Il s’agit aussi de s’assurer que les programmes de l’Unesco ne concurrencent pas les programmes bilatéraux menés par le gouvernement américain ; c’est en particulier le cas pour les États d’Amérique latine[626]. Dans la plupart des cas, les réponses des ambassades à ce questionnaire sont rassurantes. Ainsi, l’ambassade américaine en Israël estime que « l’impact général des activités de l’Unesco en Israël est favorable à l’orientation occidentale » et que « les activités de l’Unesco en Israël contribuent à la réalisation des objectifs américains »[627]. L’ambassade américaine en Bolivie estime que les projets de l’Unesco dans ce pays sont favorables à la réalisation de la politique étrangère des États-Unis[628]. L’ambassade américaine de Tokyo estime également que les programmes de l’Unesco au Japon sont très favorables aux objectifs politiques des États-Unis, puisqu’ils contribuent à y contrer l’influence soviétique[629]. Enfin, pour citer un dernier exemple parmi beaucoup d’autres, l’ambassade américaine à Port-au-Prince juge que les projets menés par l’Unesco en Haïti « ont contribué à réaliser les objectifs de la politique américaine, à savoir mettre en place un gouvernement stable, anti-communiste, travaillant à résoudre les problèmes économiques et sociaux du pays en complétant les efforts des États-Unis »[630].
La vigilance du gouvernement américain est particulièrement forte à l’égard des démocraties populaires[631]. Il encourage vivement le développement des programmes de l’Unesco en Yougoslavie, qu’il considère comme un bon moyen de faire pénétrer l’influence libérale dans le bloc soviétique. L’octroi de bourses de l’Unesco à des éducateurs yougoslaves pour leur permettre de faire des stages aux États-Unis et en Europe occidentale est ainsi très apprécié par le département d’état, qui observe avec satisfaction que la centaine d’éducateurs yougoslaves ayant effectué un stage de trois mois en Occident ont rapporté de leur voyage une impression très favorable. Il voit dans ces stages d’éducateurs un bon moyen de contribuer à « orienter le système éducatif yougoslave vers l’Occident »[632].
A la fin des années 1950, plusieurs républiques d’Amérique latine, au régime très autoritaire et très anti-communiste, s’opposent à l’accueil sur leur sol d’experts de l’Unesco, qu’elles jugent communistes, et accusent de nombreux fonctionnaires de l’Unesco d’être communistes, le plus souvent à tort[633]. Les bouleversements politiques à Cuba en 1959 rendent difficile la situation du bureau de l’Unesco de la Havane ; l’Unesco envisage alors d’interrompre ses activités ou de le déplacer ; il est finalement déplacé à Santiago du Chili[634].
Durant toute la période maccarthyste, le gouvernement américain est très anxieux d’éviter tout contact entre Soviétiques et Américains dans le cadre de réunions et conférences de l’Unesco[635] ; dans ce contexte, aucune réunion de l’Unesco n’est organisée aux États-Unis ni en URSS[636]. En juin 1959, à la conférence internationale sur le traitement de l’information, organisée par l’Unesco à son siège, on observe une forte disproportion entre le nombre d’Américains présents (395) et celui de Soviétiques (22 seulement) ; cela manifeste clairement l’emprise plus importante du bloc occidental sur l’Unesco. À cette conférence, les Soviétiques, numériquement minoritaires, font preuve d’une attitude défensive et méfiante par rapport aux Américains[637]. La conférence scientifique sur l’élimination des déchets radio-actifs, organisée par l’Unesco en 1959, voit lors de son déroulement s’affronter des enjeux politiques[638]. Le projet Orient-Occident acquiert lui aussi une dimension politique d’affrontement est-ouest. La Chine communiste, n’étant alors pas membre de l’Unesco, ne participe pas au projet ; mais cela crée un déséquilibre, comme le souligne le comité consultatif en 1959, insistant sur « l’importance qu’il y a à donner à la culture chinoise la place qui lui revient dans le projet majeur »[639]. L’Histoire de l’Humanité donne elle aussi lieu à d’importants problèmes politiques entre les deux blocs. À partir de l’entrée de l’URSS à l’Unesco en 1954, les problèmes politiques se déchaînent dans le cadre de la rédaction de cet ouvrage. Des savants soviétiques y participent mais font sans arrêt des objections, dictées par l’académie des sciences soviétique[640]. L’entrée de savants d’URSS et des démocraties populaires dans la commission accroît et complique le travail d’élaboration de l’ouvrage, entraînant de nombreuses controverses[641]. Les Soviétiques exigent continuellement des remaniements, estimant que l’avis des savants soviétiques n’est pas assez pris en compte et que l’image de l’URSS est dévalorisée[642]. C’est surtout le volume VI, portant sur le XXe siècle, qui focalise les oppositions politiques. En 1959, les Soviétiques en exigent une révision totale ; ils n’acceptent pas la division du monde qui y est présentée entre « démocraties libérales » et « pays totalitaires » ; ils déplorent que ce volume contient « une interprétation excessivement optimiste des conséquences de l’industrialisation »[643], et des « allégations malveillantes » envers les pays socialistes[644]. Ils déplorent plusieurs définitions et qualificatifs dépréciatifs au sujet du régime communiste. Guy Métraux estime qu’ils ont raison, que de tels qualificatifs sont subjectifs et sont « difficilement acceptables dans un ouvrage préparé sous les auspices de l’Unesco ». Il déplore l’intrusion de « ces problèmes de politique générale » dans le cadre de la rédaction de cet ouvrage[645]. La commission nationale américaine, quant à elle, estime que le volume VI n’est pas assez pro-occidental et ne serait qu’un assemblage de « préjugés marxistes » : elle critique les passages qui dénoncent l’Europe occidentale comme « le seul siège du colonialisme et de l’impérialisme ». Elle voudrait que le texte emploie également les termes de colonialisme et d’impérialisme pour qualifier la Russie des tzars et les régimes communistes. Elle est très critique envers les chapitres écrits par des Soviétiques, et positive envers ceux écrits par des Américains[646].

Au niveau des commissions nationales.
Les États-Unis s’efforcent d’exercer, par la voie diplomatique, leur influence sur les commissions nationales des différents États membres, notamment ceux d’Amérique latine et des Caraïbes[647]. Les conférences des commissions nationales présentent un grand intérêt politique pour les États-Unis, puisqu’elles « donnent aux pays occidentaux une chance de présenter leurs vues et d’offrir, avec tact et précaution, des contre-positions, qui normalement ne peuvent pas être prononcées ni entendues par les nationaux des pays du rideau de fer », et d’encourager les « déviations » de pensée par rapport à la ligne officielle en vigueur dans ces pays. Ainsi, pour les États-Unis, l’intérêt et les enjeux de la deuxième conférence des commissions nationales européennes, tenue en octobre 1957 à Dubrovnik, sont exclusivement politiques. Henry J. Kellermann, de l’ambassade américaine de Paris, qui y assiste, se félicite d’avoir réussi selon lui à y susciter des divergences de vues entre les démocraties populaires et l’URSS[648].
Ces oppositions politiques entre bloc américain et bloc soviétique, qui se traduisent par une supériorité du bloc américain, sont néanmoins tempérées par une relative détente.

2.2.4. Des efforts de rapprochement et de détente est-ouest.

Evans s’efforce, durant son mandat, de favoriser la participation des États communistes aux actions de l’Unesco, notamment par son voyage en URSS en 1955, au cours duquel il a, de son propre témoignage, des échanges fructueux et coopératifs avec les dirigeants soviétiques ; il observe que son attitude de coopération avec les Soviétiques a été mal reçue par beaucoup d’Occidentaux. Plusieurs actions spectaculaires sont envisagées par l’Unesco pour concrétiser un rapprochement est-ouest, comme l’idée de joindre un supplément de la Pravda au New York Times et vice-versa[649].
En 1954, Le Monde est très enthousiaste envers les possibilités de détente est-ouest que semble offrir l’adhésion de l’URSS à l’Unesco, et affirme l’« espoir » des pays occidentaux sur les possibilités de « rapprochement » est-ouest, de « fraternité dans la recherche », et se réjouit de la « compétence » et du « zèle » avec lesquels des savants soviétiques ont déjà participé à cinq conférences sponsorisées par l’Unesco. Le « comité consultatif international sur la documentation et la terminologie scientifique », mis en place par l’Unesco en 1954, est l’une des premières occasions de rencontres entre scientifiques soviétiques et occidentaux[650]. La conférence internationale de producteurs d’émissions éducatives de télévision, organisée par l’Unesco et la BBC en 1954 à Londres, est elle aussi l’occasion d’un premier « libre-échange d’idées et d’expériences » entre spécialistes de l’est et de l’ouest [651]. En outre, la Yougoslavie continue durant cette période à jouer un rôle actif dans les activités de l’Unesco et s’efforce de contribuer à un rapprochement est-ouest[652]. La conférence des commissions nationales européennes en 1956 à Aix donne lieu elle aussi à un rapprochement est-ouest, rassemblant des représentants de l’Europe de l’est et de l’Europe de l’ouest ; Paul Rivet observe que « c’était une expérience dangereuse », mais que « le résultat a été magnifique » ; « certainement le premier jour il y a eu un malaise, une sorte de gêne, ces mains qui ne s’étaient pas serrées depuis si longtemps étaient toutes étonnées de se retrouver, et il y avait des hésitations. Eh bien je dois dire que cela a disparu très vite » ; il souligne que « ce climat de confiance, de cordialité, d’amitié s’est développé jusqu’à la fin »[653]. La conférence des commissions nationales européennes tenue à Dubrovnik en septembre 1957 semble avoir été également fructueuse à cet égard[654].
Assez vite se pose la question de la participation des États du bloc de l’est aux trois instituts de l’Unesco en Allemagne. En 1957 au conseil exécutif s’opposent l’URSS et la RFA[655]. En 1958, un assouplissement se produit à l’institut de Gauting sur la jeunesse, la RFA acceptant finalement la présence d’un Soviétique dans le comité de direction, alors qu’elle s’y opposait initialement[656].
Au cours de l’année 1958, des pas en avant sont faits, à la fois par les États-Unis et par l’URSS, vers un rapprochement. Début 1958, le président américain Eisenhower écrit à Nicolaï Boulganine, président du conseil des ministres soviétique, soulignant l’importance du système des Nations Unies pour la paix mondiale[657]. Peu après, à la 50e session du conseil exécutif, Vladimir Kemenov, représentant de l’URSS, fait des tentatives de rapprochement avec Kellermann, représentant des États-Unis, lui proposant notamment un rapprochement entre la commission nationale américaine et la commission nationale soviétique. Peu après, M. Joukov, représentant permanent adjoint de l’URSS à l’Unesco, propose à Kellermann d’organiser un échange de personnes, consistant à permettre à deux ou trois membres de la commission nationale soviétique d’assister à la réunion annuelle de la commission nationale américaine, et réciproquement. Il est prévu que cette proposition soit discutée lors d’un dîner privé entre délégués américains et soviétiques en marge de la conférence générale de 1958[658]. Par ailleurs, Jean Larnaud témoigne que dans ces années, l’hostilité initiale des Soviétiques au CCIC connaît un apaisement[659].
Les activités scientifiques sont un moyen privilégié de rapprochement est-ouest, étant a priori moins politisées que les autres domaines d’activités. Ainsi, en 1957, des scientifiques est-allemands sont invités à la conférence internationale organisée par l’Unesco sur les radio-isotopes. En 1959, des scientifiques est-allemands sont invités à la conférence de l’Unesco sur le traitement de l’information[660].
Toutefois, ce rapprochement est aussi en fait un moyen pour les États-Unis de faire pénétrer leur influence culturelle dans les pays communistes par le biais de l’Unesco : ainsi, en 1957, ils souhaitent intensifier les programmes de l’Unesco en Roumanie, et notamment y organiser une exposition montrant des œuvres d’art américaines ; ils estiment que de tels programmes pourraient ouvrir la voie à des entreprises culturelles américaines plus clairement orientées vers les intérêts américains[661]. La relative atténuation des tensions entre est et ouest durant ces années laisse place à des tensions nord-sud croissantes.


2.2.5. Des tensions nord-sud croissantes.

On observe durant cette période un approfondissement des tensions entre les États « développés » et les États « sous-développés ». Ces tensions nord-sud s’inscrivent dans le cadre de la guerre froide.

L’attitude incertaine des pays développés dans cette période de transition.

La volonté des anciennes puissances coloniales de maintenir leur rayonnement sur le Tiers Monde.
Durant les années 1950, la position de l’Unesco vis-à-vis des revendications des pays du Tiers Monde et vis-à-vis de la question coloniale est délicate et ambiguë.
Dans la seconde moitié des années 1950, l’intérêt du Royaume Uni pour l’Unesco s’accroît. Bien qu’étant un État essentiellement « donateur » et non pas « receveur », il estime qu’à long terme il recevra beaucoup d’avantages de sa participation à l’Unesco, grâce au prestige que l’envoi d’experts britanniques dans les différents États du Tiers Monde lui confère dans ces États, et que la participation de délégués britanniques aux conférences et séminaires de l’Unesco lui donne. Le gouvernement britannique estime que, « par l’intermédiaire de l’Unesco, un immense réseau de collaboration internationale a été mis en place, et constitue un instrument très approprié pour le maintien et la diffusion de l’influence britannique dans de nombreux domaines où [il est] prééminent, et qui suscitent un appétit croissant chez les régions du monde en développement rapide »[662]. Le Foreign Office considère l’Unesco comme un instrument très précieux de diffusion de l’influence britannique dans le Tiers Monde ; observant que ces pays « ont beaucoup de considération pour l’Unesco » et qu’ils se montrent « disposés à accepter les idées et les techniques qui leur seront proposées par l’Unesco », il estime qu’il faut « faire en sorte autant que possible que ces idées soient britanniques »[663]. L’intérêt du Foreign Office pour l’Unesco s’accentue à la suite de l’échec de l’intervention franco-britannique de Suez en 1956 ; dès lors, le Royaume-Uni considère l’Unesco non plus seulement comme un moyen d’affermir son influence culturelle dans le monde, mais aussi comme un moyen de recevoir des avantages concrets[664]. Cet intérêt croissant du gouvernement britannique semble être en partie le résultat des efforts de la commission nationale britannique ; ainsi, celle-ci, en 1955, dans un document confidentiel intitulé « Pourquoi le Royaume-Uni devrait-il soutenir l’Unesco ? », affirme que ce pays a tout intérêt à soutenir l’Unesco, car il pourra en retirer du profit et du prestige sur la scène internationale ; elle fait valoir que l’Unesco pourra renforcer « le prestige du Royaume-Uni comme créateur et leader dans le domaine de l’éducation, de la science, de l’art et de la pédagogie », et que l’envoi d’experts britanniques dans le Tiers Monde par l’Unesco permettra de diffuser dans le monde « l’idéologie britannique, les méthodes britanniques, les matériaux britanniques » et ainsi d’obtenir « des avantages à long terme pour le commerce et le prestige du Royaume-Uni »[665].
A l’intérêt croissant du Foreign Office s’ajoute celui du Colonial Office, qui, dans la seconde moitié des années 1950, devient de plus en plus « considérable »[666]. Né à la conférence générale de 1951, le statut de « membre associé » reste lettre morte jusqu’à la conférence générale de 1954, au cours de laquelle le Royaume-Uni demande et obtient l’admission au titre de membres associés de ses colonies[667]. En fait, la conception du Colonial Office de la manière dont l’Unesco peut servir les intérêts britanniques est plus nuancée, et se teinte de méfiance. Si d’un côté le Colonial Office est satisfait de l’influence importante qu’il exerce sur les programmes éducatifs de l’Unesco dans le Tiers Monde[668], de l’autre il s’inquiète de l’action croissante de l’Unesco dans les colonies, car il prend conscience que « l’Unesco a un pouvoir de séduction émotionnel sur beaucoup de gens dans les colonies », et qu’« il pourrait se produire un conflit entre le désir des territoires coloniaux d’obtenir de l’assistance de l’Unesco, et la politique générale du Royaume-Uni sur l’assistance technique et sur le montant du budget de l’Unesco » : en effet, alors que les peuples coloniaux souhaitent un accroissement constant du budget de l’Unesco, afin de recevoir le plus d’aide possible, le Royaume-Uni au contraire s’efforce de maintenir le budget de l’Unesco à un montant stationnaire, afin de ne pas avoir une contribution trop lourde à payer. Le Colonial Office s’inquiète du conflit d’intérêt qui pourrait se produire entre le Royaume-Uni et ses colonies membres associées : « Nos relations avec les membres associés pourraient devenir difficiles à mener si le gouvernement britannique apparaissait maintenir une attitude trop rigide et arbitraire envers le budget ». Devant cette situation délicate, le Colonial Office décide d’établir des liens directs avec l’Unesco, sans plus passer par l’intermédiaire de la commission nationale britannique[669]. Le désaccord entre le Royaume-Uni et ses colonies sur la question du budget se maintient. Le Royaume-Uni ne parvient pas à obtenir la solidarité de ses colonies sur la question du budget[670].
Le Colonial Office, observant que l’Unesco « devient de plus en plus politique », veut « utiliser l’Unesco pour des buts politiques plus larges », et estime que « l’entrée des colonies britanniques à l’Unesco comme États membres associés pourrait être mise à profit pour combattre l’anti-colonialisme à une plus grande échelle ». Ainsi, il s’efforce d’empêcher, grâce à la présence des colonies britanniques à ses côtés à la conférence conjointe OEA-Unesco sur l’éducation gratuite et obligatoire, l’expression de vues anticolonialistes à cette conférence[671]. De même, à la conférence des commissions nationales à Tokyo en 1956, le Royaume-Uni parvient à empêcher l’adoption d’une résolution préconisée par les États du Tiers Monde et qu’il juge formulée en des termes « très désagréables pour les puissances dites ‘coloniales’ » ; c’est finalement une version révisée de cette résolution qui est adoptée, orientée dans un sens beaucoup plus favorable aux puissances coloniales[672].
Ainsi, l’Unesco intéresse le Royaume-Uni pour affermir son influence politique et culturelle dans le Tiers Monde, et pour protéger le système colonial et freiner les revendications anti-colonialistes. Cependant, cet intérêt se mêle de craintes, étant donné l’attitude ambiguë de l’Unesco à l’égard de la question coloniale.
La France, en tant que puissance coloniale, se montre méfiante à l’égard de l’Unesco. Les services de l’AOF et de l’AEF sont nettement hostiles à l’Unesco, la considérant comme une menace pour le maintien du système colonial[673]. Cette attitude crispée de la France s’explique en partie par les tensions dues à la guerre d’Algérie, qui rejaillissent dans les relations entre la France et l’Unesco. En 1958, à la conférence annuelle des clubs Unesco français à Boulouris, la « question algérienne » donne lieu à des conflits[674]. Ceux-ci sont encore plus marqués à la conférence des États arabes de l’Unesco, en février 1958 : plusieurs délégués, notamment marocains et tunisiens, y déplorent l’« absence de certains pays frères encore en lutte pour leur indépendance » ; en outre, plusieurs Algériens assistent à la conférence en tant qu’auditeurs libres, y voyant une sorte d’espoir démocratique, mais en sont déçus, même si, dans ses conclusions, la conférence, sous l’impulsion des délégués tunisiens et marocains, demande à l’Unesco d’« agir pour mettre fin aux idées périmées d’impérialisme et d’exploitation », et « de ne pas accepter qu’un pays impose sa culture à un autre pays », allusion claire là encore à la colonisation et à la situation de l’Algérie[675]. Pourtant, sous la pression de la France, l’Unesco s’abstient de répondre à ces sollicitations. Durant toutes les années 1950, la France ne propose pas le statut de membres associés pour ses colonies[676].
L’attitude de la Belgique à l’égard de l’Unesco semble, quant à elle, être plutôt motivée par l’espoir de voir son influence dans le Tiers Monde favorisée par l’organisation. Ainsi, en 1957, plusieurs journaux belges publient un article sur les programmes de l’Unesco d’éducation de base au Congo belge, intitulé « Où la Belgique sert d’exemple à l’Unesco » ; cet article estime que l’action de l’organisation dans les pays du Tiers Monde contribue à y favoriser l’influence de la Belgique[677].
La coopération entre les puissances coloniales et l’Unesco connaît des heurts pendant ces années. La conférence générale de 1956 se déroule dans un contexte politique tendu avec les puissances coloniales, au moment de l’agression franco-britannique à Suez[678]. Cette affaire entraîne l’interruption des activités de l’Unesco en cours en Egypte ; ainsi, Michel Batisse, affecté au poste de coopération scientifique de l’Unesco au Caire, est rapatrié à la suite de cette expédition[679]. En 1959, les questionnaires envoyés par l’Unesco aux autorités coloniales pour l’enquête sur les besoins éducatifs des pays africains se heurtent aux réticences de ces autorités coloniales[680].
L’attitude des puissances coloniales (France, Royaume-Uni, Belgique) à l’égard de l’Unesco oscille donc, dans ces années, entre la volonté d’utiliser l’Unesco pour maintenir et accentuer leur pouvoir dans les colonies, et la crainte que l’Unesco ne favorise les revendications des peuples colonisés.

Le retrait de l’Afrique du sud en 1956.
En 1954, Alfred Métraux exprime dans son journal le « ressentiment » et la rancœur que le membre de la délégation de l’Afrique du sud lui confie éprouver contre l’ensemble des délégués : « Il s’y est senti non un membre, mais le représentant d’une tendance qui y est honnie. On l’a placé sur la défensive »[681]. En avril 1955, l’ambassadeur d’Afrique du sud à l’Unesco annonce l’intention de son pays de se retirer de l’organisation fin 1956, en raison de « l’ingérence dans les problèmes raciaux de l’Afrique du sud que constituent les publications de l’Unesco » ; il s’agit des publications sur « la question des races », qui démontent les fondements du principe raciste sur lequel est fondé cet État[682]. À la demande du conseil exécutif, le directeur général, Evans, se rend en Afrique du sud, pour parlementer avec les autorités et essayer de trouver un compromis. Cette volonté de compromis est révélatrice de l’ambiguïté de la position de l’Unesco[683]. Malgré ces efforts, à la conférence générale de 1956, l’Afrique du sud se retire comme prévu[684]. Ce retrait est un signe de l’engagement croissant de l’Unesco du côté des droits des peuples du Tiers Monde.

Le soutien des États-Unis et de l’URSS aux revendications du Tiers Monde.
Durant ces années, à la fois les États-Unis et l’URSS s’efforcent de séduire les États du Tiers Monde, afin d’y étendre leur sphère d’influence. En 1956, à l’approche de la conférence générale qui doit se tenir à New Delhi, le membre américain du conseil exécutif, observant que ce sera « la première conférence multilatérale de cette taille en Inde », estime qu’elle « offrira aux États-Unis une occasion stimulante pour acquérir une position de domination dans cette partie du monde »[685]. Dans le même esprit, en 1957, le département d’état américain émet le souhait que l’Unesco nomme un Asiatique directeur des activités culturelles[686]. De même, le projet Orient-Occident est conçu par les États-Unis comme par l’URSS comme un moyen d’exercer leur influence sur les pays du Tiers Monde. Toutefois, dès le début, Evans est hostile à ce projet. Il lutte contre son adoption, au conseil exécutif en octobre 1955, car il l’estime trop flou, pas assez abouti ; il s’y rallie finalement à la conférence générale de 1956, cédant devant la détermination des États asiatiques[687].
L’URSS se pose en protectrice des États du Tiers Monde à la conférence générale de 1956, en dénonçant les « agressions » des Occidentaux envers ces États (allusion à l’affaire de Suez)[688], et à la conférence générale et au conseil exécutif en 1958 en prônant, contre la candidature de Veronese, l’élection d’un Oriental comme directeur général, estimant que « le moment est venu de faire accéder un représentant de l’Orient à la direction de l’Unesco »[689].

L’accentuation des revendications du Tiers Monde.

Durant ces années, ces États du Tiers Monde prennent une plus vive conscience de leur unité. Dès 1952, Torres Bodet avait observé un lent « éveil » de l’intérêt des pays du Tiers Monde pour l’Unesco[690]. Toutefois, c’est seulement à partir de 1953 que les pays du Tiers Monde affirment vraiment des revendications nettes dans le cadre de l’Unesco. Cette année-là, au moment de l’élection du successeur de Torres Bodet, l’opposition entre le candidat promu par les Latino-Américains, Carneiro, et Evans, reflète le clivage entre pays développés et pays « sous-développés »[691].
Alors que dans la période précédente, c’étaient surtout les États d’Amérique latine et du Moyen Orient qui s’étaient montrés actifs dans leurs revendications, durant les années 1953-59 ce sont surtout les États asiatiques, et en premier lieu l’Inde, qui se distinguent dans ce domaine[692]. La première conférence de la commission nationale indienne pour l’Unesco en janvier-février 1954 constitue une étape importante dans l’affirmation croissante des pays afro-asiatiques à l’Unesco. Elle est l’occasion pour les représentants de pays africains et asiatiques de se rencontrer et de prendre conscience de leur poids potentiel sur la scène internationale, ainsi que de l’unité de leurs revendications ; elle apparaît donc comme une sorte de « pré-Bandoung ». Elle permet aux représentants de ces pays d’harmoniser leurs points de vue sur les orientations des progammes de l’Unesco, afin de préparer leurs interventions et revendications communes à la conférence générale de 1956[693]. La conférence de Bangkok tenue en 1955 et la conférence des commissions nationales tenue à Tokyo en 1956 sont elles aussi caractérisées par un climat très « pro-asiatique » et anti-occidental, comme l’observe Bertrand, représentant de l’Unesco, dans son rapport confidentiel, soulignant d’ailleurs que celle de Bangkok a même, de ce fait, été « quelque peu pénible pour des observateurs européens »[694]. Le grand intérêt accordé par le gouvernement indien à l’Unesco est prouvé par la participation des membres du parlement indien, et du ministre de l’éducation, Maulana Azad, à la session de la commission nationale indienne pour l’Unesco de 1956[695]. La conférence générale de 1956 à New Delhi, organisée avec faste par l’Inde, témoigne du grand intérêt porté à l’Unesco par ce pays, intérêt affirmé d’ailleurs par Nehru lui-même. Celui-ci, ainsi que d’autres orateurs des pays du Tiers Monde, exhortent l’Unesco à se préoccuper davantage du Tiers Monde[696]. Parmi les États asiatiques très intéressés à une plus grande participation aux affaires de l’Unesco figure aussi le Japon (qui n’est certes pas un État du Tiers Monde) ; cet État souhaite « jouer un rôle vital de liaison entre les États membres occidentaux et les États membres asiatiques »[697].
Ayant pris conscience de leur unité, ces États revendiquent d’occuper à l’Unesco une place digne de leur importance. Ils dénoncent l’inégale répartition géographique du personnel[698]. En effet, en 1954, 52% des postes de cadres supérieurs sont occupés par les ressortissants des trois grandes puissances occidentales[699]. Ils s’élèvent aussi contre l’envoi sur leur sol d’experts occidentaux : ainsi, en 1957, dans le cadre de l’affaire de Suez, le gouvernement syrien refuse d’accueillir des experts de nationalité française et anglaise, et affirme sa volonté de « régionaliser » la sélection des experts et des professeurs de l’Unesco[700]. Ils revendiquent que le programme de l’organisation soit davantage axé sur leurs besoins[701].
Les États d’Amérique latine sont particulièrement revendicateurs pendant cette période. À la deuxième conférence des ministres de l’éducation de l’OEA, à Lima en mai 1956, le ministre de l’Equateur « critiqu[e] l’insuffisance des crédits prévus pour le projet majeur » d’Amérique latine, et « se plai[nt] en termes acerbes de ce que l’Unesco ne f[erai]t pas suffisamment pour l’Amérique latine » ; le ministre de Bolivie « déclare que les sommes qui lui étaient allouées [au projet majeur] étaient une aumône indigne de l’Amérique latine », que « celle-ci ne recevait que des « miettes » du « festin » de l’Unesco », et il reproche à celle-ci « d’être une organisation européenne ignorante des réalités latino-américaines et de se comporter à l’égard des pays de l’Amérique latine comme un ‘magisterat’ imbu de supériorité doctrinaire ». Maheu, qui assiste à cette conférence, observe que ce discours a été accueilli par « des salves d’applaudissements ». Il estime cependant que la « sympathie » des États latino-américains envers l’Unesco « ne fait aucun doute », et que « leurs seules erreurs sont d’attendre plus qu’il n’est possible de leur donner ». Maheu lui-même affirme dans son rapport confidentiel : « j’incline à m’accorder avec nos critiques latino-américains […], à savoir que le secrétariat de l’Unesco, dans sa généralité, n’a pas encore une connaissance et une compréhension suffisantes des problèmes, des personnes et des mœurs de l’Amérique latine »[702].
En fait, dans de nombreux cas, ces revendications se limitent à la demande d’une aide matérielle accrue. C’est ce que suggèrent les réponses données par les ambassades américaines au questionnaire envoyé par le département d’état américain en 1957 ; ainsi, par exemple, le Ghana considèrerait l’aide de l’Unesco comme « une sorte d’aumône gratuite »[703]. Evans évoque, dans une interview en 1966, la forte pression exercée par les pays du Tiers Monde pendant son mandat pour que soient mis en place des bureaux régionaux de l’Unesco sur leur sol, ce à quoi il était hostile[704].
La période 1953-1959 est donc marquée par une forte politisation, illustrée par le changement de statut des membres du conseil exécutif en 1954, et par la prédominance des tensions est-ouest, liée à l’entrée de l’URSS à l’Unesco en 1954 et à la crise maccarthyste en 1953-54. Les États membres sont regroupés en deux blocs opposés sur le plan politique, et ce clivage est perceptible aussi bien dans les tribunes que constituent la conférence générale, le conseil exécutif, et les conférences des commissions nationales, qu’au sein du secrétariat, ainsi que dans l’exécution des programmes. Cette opposition est-ouest se fait au bénéfice des États-Unis. Cela s’observe notamment au fait qu’à la conférence générale et au conseil exécutif, les résolutions proposées par les Soviétiques parviennent rarement à s’imposer, alors que celles proposées par les Américains sont souvent adoptées ; cela se manifeste aussi par le choix du directeur général : Luther Evans est Américain, et Veronese est entièrement dévoué aux États-Unis ; enfin cela apparaît clairement dans l’orientation politique des programmes, bien que ceux-ci soient officiellement apolitiques.
Cependant, malgré cette domination idéologique, le gouvernement américain est loin d’être satisfait de l’Unesco, estimant qu’elle n’est pas suffisamment fidèle à ses propres orientations idéologiques. Cela conduit à un certain désengagement des États-Unis vis-à-vis de l’Unesco. Puis, à partir de 1960, l’entrée massive d’états africains nouvellement indépendants à l’Unesco change complètement la donne.


[1] Robert O Keohane et Joseph S Nye, « Transgovernmental relations and international organizations », World Politics, oct. 1974, vol. 27, n°1, p. 39-62 ; D. Mylonas, op. cit., p. 409-413 : « La force décisive dans la création d’une organisation internationale reste pourtant l’intérêt politique des Etats » ; « C’est l’intérêt politique qui détermine l’attitude des différents gouvernements pendant les discussions relatives à l’établissement de l’organisation [...] ; c’est aussi lui qui dicte la ligne que les gouvernements adopteront vis-à-vis de l’organisation une fois établie ». Mylonas souligne « le caractère foncièrement politique » des agences spécialisées des Nations Unies « malgré la prépondérance formelle de leurs préoccupations techniques telles qu’elles se reflètent dans leurs chartes constitutives » ; J.-L. Mathieu, op. cit., p. 224.
[2] Interviews MM. Roux, Pauvert, Tocatlian ; Lien-Link n° 84 : Nino Chiappano, « Le fonctionnaire international et ses dilemmes ».
[3] J.-L. Mathieu, op. cit., p. 224 ; Le Monde, 22 oct. 1976.
[4] Louis Dollot, op. cit., p. 113-114.
[5] Lengyel critique l’attitude jugée timide de l’Unesco dans le choix des sujets d’étude et de réflexion dans ce domaine, dans les années 1950. Il observe que les sujets choisis étaient alors rarement en phase avec les principaux enjeux de l’époque, et que les recherches étaient faites dans un esprit conformiste, « aseptisé et bien pensant », révélateur des tabous de l’époque (P. Lengyel, p. 25. « aseptic and bien pensant »).
[6] Emile Delavenay, p. 369 ; P. Lengyel, p. 25 ; A. Métraux, Itinéraires II, 20 oct. 1954 ; X 07 A 14/31 « Unesco, purpose, progress and prospects » : note de Bowers à Guiton, 18 janv. 1957.
[7] DG/212, 5 déc. 1958, p. 5.
[8] Les articles de presse ont été en général analysés dans le chapitre 4 ; cependant, ceux qui traitent des aspects politiques sont évoqués dans ce chapitre.
[9] W. Preston, Hope and Folly. The US and Unesco, 1945-85, p. 81.
[10] EU, box 2248 : rapport confid. de la délégation américaine à Beyrouth au département d’état, 27 avril 1948 ; W. Preston, op. cit., p 48 : Huxley « seemed singularly absent-minded about the Cold War realities that accompanied the birth of Unesco » ; Julian Huxley, Memories II, op. cit., chap. 2 (p. 37-52).
[11] Discours de Léon Blum à la première conférence générale, doc. cit.
[12] FR, NUOI 1946-1959, (S 50), carton 333 : commission nationale provisoire pour l’éducation, la science et la culture, fév. 1947 : rapport sur la conférence générale de l’Unesco, Paris, nov.-déc. 1946, 11 p., p. 1. Ils observent que « cette conférence, qui devait être avant tout culturelle, a été essentiellement politique », que « le climat politique dans lequel s’est réunie la conférence était moins bon que celui de novembre 1945 », date de la conférence constitutive (Ibid., p. 5-6) ; « L’aspect flou qu’a revêtu le programme adopté par la conférence a été dû, pour une large part, aux préoccupations politiques qui ont pesé sur elle et qui ont poussé trop de délégations à affadir ou minimiser, par manque de confiance, la plupart des décisions qu’il leur était demandé d’adopter. » (Ibid., p. 4) ; « Méfiances et réactions d’auto-défense » ont prévalu (Ibid., p. 5-6).
[13] EU, box 2241 : statement by the honorable William Benton, assistant secretary of state, before the Chicago Council of foreign relations, 9 janv. 1947, 7 p. Benton déclare que cette conférence était beaucoup plus politique qu’éducative, culturelle et scientifique, et que les délégués ont cherché avant tout à défendre leurs intérêts nationaux (« behind many of the assembled scholars, scientists, educators, and administrators of cultural agencies, stood their governments seeking to advance and protect specific national interests »).
[14] FR, NUOI carton 355 : compte rendu d’un diplomate français, non signé, non daté, début 1947.
[15] FR., Nantes, carton 117 : rapport du ministre des affaires étrangères français aux agents diplomatiques de la République française à l’étranger, confid., 3 août 1947, intitulé : « La deuxième session du conseil exécutif et le rôle de la France à l’Unesco », p. 12-13.
[16] Journal de la conférence générale de 1947, vol. I : compte-rendu des débats, 4e séance plénière, 8 nov. 1947, p. 67 : intervention du délégué d’Haïti, Arthur Bonhomme.
[17] M.H. Holcroft, Lebanon..., op. cit., p. 33 et 61.
[18] EU, box 2254 : rapport confid. de Milton Eisenhower à George V. Allen sur la 3e conférence générale, déc. 1948, 5 p., p. 3-4 : « political manipulation, block voting, and hobby-horse racing ».
[19] EU, box 2243 : mémorandum confidentiel de Josiah Bennett, à l’ambassade américaine de Nankin, 18 sept. 1947, 14 p., p. 14. « Whenever the discussion approached these larger issues, it veered away for fear of unpleasant political consequences ».
[20] RP/36, 25 juill. 1948 : L’Education nationale, 1er juill. 1948, article de Paul Rivet.
[21] DG/9/49, 11 avril 1949, p. 6.
[22] J. Torres Bodet, Memorias III, p. 120, p. 17 : « chez beaucoup d’employés [de l’Unesco], la dévotion nationale prévalait sur la volonté de l’action internationale » (« En muchos de los empleados prevalecia la devocion nacional sobre la voluntad de accion internacional. ») ; p. 210. Tout au long de la conférence générale de 1951, de nombreux délégués viennent voir Torres Bodet, pour lui demander des faveurs pour leur pays.
[23] ONU, RAG-2/76, box 11 : rapport de Louis Gros, chef de la délégation des Nations Unies, à M. Sze, sur la 4e session de la conférence générale, 7 nov. 1949, p. 4.
[24] RP, 19 mai 1953 : Revue de Paris, mai 1953 : article de P.-L. Bret.
[25] RP, 7 déc. 1951 : Journal de Genève , 21 nov. 1951 : Eugène Fabre ; cf. aussi RP/21, 8 avril 1948 : article critique dans le Age Herald de Birmingham, Alabama, 26 mars 1948. L’article accuse les délégués aux conférences générales d’être des « agents gouvernementaux » (« government agents »).
[26] RP, 22 juin 1951 : Le Monde.
[27] Le Monde, 23-24 nov. 1952 : « Le directeur de l’Unesco donne sa démission ».
[28] RP, 12 déc. 1952 : Combat, 25 nov. 1952 : « Après la demission de Torres Bodet, où va l’Unesco ? »
[29] Unesco and the US National Interest, discours de Walter H.C. Laves, 9 juin 1953, 10 p., p5 et 9 : « not all expect the same thing from Unesco ».
[30] C’est le président Roosevelt qui inaugure l’entrée de l’Etat américain dans les préoccupations culturelles, avec la création en 1938 de la Division des relations culturelles au sein du Département d’état. (Gail Archibald, p. 44)
[31] Albert Rosenthal, Administrative problems in the establishment of the Unesco, Unesco relations staff, department of state, 1948, 410 p., p. 12.
[32] EU, 501.PA/9-45, « What the president thinks about the United Nations Conference on Education and Cultural Affairs », par Harry S. Truman, 5 septembre 1945.
[33] Gail Archibald, op. cit., p. 64.
[34] Gail Archibald, op. cit., p. 80 ; Congrès, vol. 91, 79e congrès, 1e session, 3 janv-21 déc. 1945 : remarks in House relative to the UN conference for establishment of an educational, scientifc and cultural organisation, p. 10997.
[35] Cf. William A. Scott et Stephen B. Whitey, The United States and the United Nations : the public view, 1945-55, New York, Manhattan Publishing Company, 1958.
[36] « Unesco relations staff ». cf. Albert Rosenthal, op. cit. ; EU, box 2242, mémo de Benton à Lovett, 3 juillet 1947.
[37] Gail Archibald, p. 130 ; EU, box 2241 : statement by the honorable William Benton, assistant secretary of state, commemorating W. Wilson’s birthday, broadcast over the American broadcasting system, 28 déc. 1946, 3 p.
[38] W. Preston, op. cit., p. 48.
[39] EU, box 2241 : statement by the honorable William Benton, broadcast over the Columbia broadcasting system, 23 déc. 1946, 7 p., p. 2. « a political force of the first magnitude ».
[40] Ibid., p. 2-3. : « a major force in the security program of the US, and in the furtherance of the objectives of American foreign policy ».
[41] G.V. Allen, « The Place of Unesco in American Foreign Policy », 3 oct. 1949, article cité par G Archibald p. 130.
[42] EU, box 1556 : Questions and answers about Unesco, US national commission for Unesco, 1955, 25 p., p 17. Les membres de la commission nationale sont nommés par le secrétaire d’état ; G. Archibald, p. 142. Son premier secrétaire exécutif est Charles A. Thomson. EU, box 2241 : lt. de Herman A. Bennink à Charles A Thomson, secrétaire exécutif de la commission nationale américaine, 8 juin 1947.
[43] La commission nationale américaine s’efforce de trouver des financements privés pour ne pas dépendre uniquement de ceux fournis par le département d’état (EU, box 2243 : lt. confid. de Benton au secrétaire d’état, 22 sept. 1947 ; G. Archibald, op. cit., p. 142). La première conférence nationale de la commission nationale américaine, en septembre 1947, donne lieu à des tensions entre la commission nationale et le département d’état, celui-ci reprochant à celle-là de manifester trop d’autonomie et d’usurper ses droits en prétendant passer au-dessus de lui (EU, box 2243 : office memorandum de Loy W. Henderson à MM. Woodward, Hickerson et Butterworth, 21 oct. 1947).
[44] Benton s’efforce d’apaiser le département d’état, l’assurant de la confiance que lui manifeste la commission nationale (EU, box 2243 : lt. confid. de Benton au secrétaire d’état, 22 sept. 1947).
[45] X 07.83 Maheu, V : note sur la visite du directeur général à Washington, oct. 1967, 32 p., en anglais, p. 1-2.
[46] Press release n°466, 19 juin 1951. Sargeant s’occupe notamment de la radio « Voice of America », des services d’information outre mer, et des programmes d’échanges éducatifs du département d’état ; US National Commission for Unesco, Informal report of the US Delegation to the seventh session of the general conference of Unesco, november 12th-december 11, 1952, Paris, 30 p.
[47] J. Torres Bodet, Memorias III, p. 31-32. « simpatia ».
[48] EU, box 2241 : statement by the honorable William Benton before the Chicago Council of Foreign Relations, 9 janv. 1947, 7 p.
[49] G Archibald, p. 143.
[50] Unesco and economic development, an adress by Walter H.C. Laves, 12 p., 10 juin 1953. p. 4 : « We need markets overseas and opportunities for investments. There is nothing to be ashamed of in this » ; p. 5 : « The economic development of these countries of Africa, Asia, and South America, which comprise more than half the populaiton of the world, is a necessity not only for the satisfaction of their aspirations but also for the maintenance and enrichment of the American economy » ; p. 7-8 : « unique contribution and a most valuable one ».
[51] « Unesco and the US National Interest », an adress by Walter H.C. Laves, doc. cit., p. 4 : « Make no mistake about it - our national interests are served by our membership in Unesco ».
[52] EU, Box 1601 : télégramme confidentiel de Henry A. Hoyt, second secretaire de l’ambassade des Etats-Unis à Cuba, au département d’état, 1er mars 1950 ; « a growing sentiment of humanitarian solidarity and a moral force among peoples » ; El Mundo, 26 fév. 1950 : « Lucha la ONU por evitar otra guerra, porque seria la destruccion del mundo » p. 1 et 12.
[53] EU, Box 1602 : note confidentielle, 7 avril 1950 ; Box 1603 : lt. confid. du US conselor for Unesco affairs, au département d’état, 29 janvier 1950 ; mémorandum confid. de Breese, « Helping Unesco activities in the various countries », mai 1950.
[54] RP, 12 déc. 1952 : Combat, 25 nov. 1952 : « Après la démission de Torres Bodet, où va l’Unesco ? »
[55] Elhem Chniti, thèse, janvier 1997, Paris I, dir R. Girault, La Grande-Bretagne et l’Unesco, 1942-1957, 12 ans de relations entre une institution des Nations-Unies et une puisance fondatrice, p. 687-688, 138-139, 258-259.
[56] W.R. Pendergast, « Unesco and french cultural relations. 1945-70 », International Relations, vol 30, n° 3, été 1976, p. 453-483.
[57] W. Preston, op. cit., p. 81.
[58] Discours de Léon Blum, 1er nov. 1945, à la Conférence constitutive de l’Unesco, discours cité.
[59] OHRO, interview de Luther Evans, p. 316-318. « a small well-advanced country with a stable democratic base, a liberal outlook, like Denmark or Holland or Norway ».
[60] FR, NUOI carton 355, doc. GD/AL, G5, n° 000228.
[61] FR, NUOI carton 355, lt. de Francisque Gay au ministre des affaires étrangères français, 10 août 1948.
[62] FR, Relations culturelles 1951-52, Carton n°242 : note pour le secrétariat des conférences, 25 juill. 1951.
[63] X 07.21 (44) AMS, I a : lt. de Roger Seydoux à J. Huxley, 27 mars 1947.
[64] XO7.21(44)NC, I : Le Figaro, 5 mars 1948, p. 1 et 6 : « La France à l’Unesco », par André Siegfried.
[65] FR, Nantes, carton 117 : 3 août 1947, « La deuxième session du conseil exécutif et le rôle de la France à l’Unesco », doc. cit., p. 17.
[66] FR., Nantes, carton 117 : note confidentielle sur la 3e session du conseil exécutif de l’Unesco, du ministre des affaires étrangères, aux agents diplomatiques de la république française à l’étranger, 25 août 1947, p. 9.
[67] X07.21(44)NC, I : doc. du 18 mars 1948 ; doc. du 22 oct. 1952.
[68] IT, Carte di Gabinetto, 1943-58, pacco 99 : décret du ministre secrétaire d’état pour les affaires étrangères, créant la commission nationale italienne pour l’Unesco.
[69] FR, NUOI, carton 355 : note confidentielle du 22 novembre 1946.
[70] MacLeish a vécu en France de 1923 à 1928 avec les autres écrivains americains exilés comme Gertrude Stein, Ezra Pound, Hemingway. Il est très influencé par la poésie française (International Herald Tribune, 22 avril 1982, p3 : « Archibald MacLeish, 89, Poet, Dramatist, Pulitzer Winner, Dies »).
[71] FR, NUOI 1946-1959, (S 50), carton 333 : commission nationale provisoire pour l’éducation, la science et la culture, fév. 1947 : rapport sur la première conférence générale de l’Unesco, 11 p., p. 7-10 ; FR, NUOI, carton 355, note confidentielle du 22 novembre 1946.
[72] FR, Nantes, carton 117, « la deuxième session du conseil… », 3 août 1947, doc. cit., p. 9 (Le département d’état était conscient que « Biddle n’aurait pas été acceptable pour la majorité des intellectuels qui s’intéressent à l’Unesco ».) ; OHRO, interview de Luther Evans, p. 348.
[73] EU, box 2241 : lettre confidntielle d’Albert Noyes, conseiller de la délégation américaine à la 1e session de la conférence générale de l’Unesco, à William Benton, assistant secrétaire d’état, 24 déc. 1946, 16 p., p. 13-14. Selon Noyes, même si Biddle avait été élu, les Etats-Unis auraient perdu beaucoup de prestige, étant donné la faible personnalité de Biddle ; Noyes estime que les Etats-Unis, avec cette candidature avortée, ont beaucoup perdu de prestige de toute façon ; RU, PREM 8/375 : télégramme du 16 nov. 1946, du représentant permanent du Royaume-Uni à l’ONU, au premier ministre britannique.
[74] RU : PREM 8/375 : télégramme du représentant permanent du Royaume-Uni à l’ONU, au premier ministre britannique, 20 nov. 1946 ; telegramme du 18 nov. 1946, du Foreign Office au représentant permanent du Royaume-Uni à l’ONU.
[75] Huxley lui-même a été tenu à l’écart des débats qui ont eu lieu à son sujet avant son élection, par les soins de Wilkinson inquiète qu’il ne fasse des déclarations « anticonformistes » qui lui auraient coûté son poste (E. Chniti, p. 218).
[76] RU : PREM 8/375 : télégramme du 16 nov. 1946, doc. cit. Huxley inspire du scepticisme aux Etats-Unis en raison de sa nationalité, de ses sympathies de gauche, et de son manque d’expérience administrative ; OHRO, interview de Luther Evans, p. 347-348.
[77] E. Chniti, op. cit., p. 223-225. Zimmern finit par se retirer en octobre 1946, à la suite d’un conflit ouvert avec Huxley.
[78] Les « histoires officielles » de l’Unesco contiennent des déformations de cet événement : ainsi Conil-Lacoste (p. 28) affirme que J. Huxley aurait élu directeur général « pour une période de deux ans, à sa demande » ; OHRO, interview de Luther Evans, p. 341-342.
[79] Alors qu’initialement la conférence générale avait décidé qu’il n’y avait pas besoin de nommer de directeur-général adjoint, étant donnée la petite taille du Secrétariat (Unesco/C/30, p. 255 ; OHRO, interview de Luther Evans, p. 347-348).
[80] FR, NUOI 1946-1959, (S 50), carton 333 : commission nationale provisoire pour l’éducation, la science et la culture, rapport sur la conférence générale de l’Unesco, fév. 1947, 11 p., p. 7-10. Léon Blum avait proposé de nommer Huxley président du conseil exécutif et de se donner encore trois mois pour trouver un directeur général. Walter H.C. Laves, sociologue de formation, né à Chicago, est d’abord universitaire à New York et à Chicago, puis travaille pour le gouvernement américain pendant la guerre. (Biogr. Laves.)
[81] FR, NUOI carton 355 : note du ministère des affaires étrangères, 21 décembre 1946. Julian Huxley, Memories II, op. cit., p. 17-18.
[82] X 07.532 DDG : lt. de J. Thomas à Huxley, 25 fév. 1947 ; FR., Nantes, carton 117 : « La deuxième session … », 3 août 1947, doc. cit., p. 10 et 12.
[83] La délégation française déplore que « la nomination du directeur général n’a cessé d’alourdir l’atmosphère de la conférence et de paralyser dans une certaine mesure le développement de ses travaux » (FR, NUOI 1946-1959, (S 50), carton 333 : note pour le ministre, faite par la délégation française à l’Unesco, 11déc. 1946, 3 p.).
[84] FR, Nantes, carton 117 : « La deuxième session … », 3 août 1947, doc. cit. : « l’attitude de la délégation des Etats-Unis à l’égard du professeur Huxley risque de ralentir pendant les deux premières années l’acticité et le fonctionnement de la nouvelle organisation ».
[85] EU, box 2241 : rapport confidentiel d’Albert Noyes, conseiller de la délégation américaine à la 1e session de la conférence générale, à William Benton, 24 déc. 1946, 16 p. , p. 15-16. « the final step of making Dr. Huxley hand in a predated resignation so that his term of office is limited to two years was a blunder of the first magnitude. No man can succeed as DG who enters office with the obvious lack of confidence of several nations including one which will furnish a large percentage of the funds » ; « little more than a figurehead » ; « ample excuse for any failures » ; « As it is Unesco may become just another body ineffective because it is wound up too much in its own red tape » ; « while he will not be an ideal DG, wo owe him our support. His hands must not be tied up to the point where he will be ineffective. Unesco must not be allowed to fail ». A. Noyes déplore le « si évident manque de confiance de la part de plusieurs nations, et notamment de celle qui fournira la plus grande proportion des fonds », et s’inquiète aussi de la difficulté qu’il y aura ensuite à trouver des volontaires pour succéder à Huxley, étant donné les limitations et les pressions auxquelles est soumis ce poste ; selon Noyes, à cause de cela, l’Unesco risque de devenir « une agence inefficace de plus ».
[86] FR, NUOI 1946-1959, (S 50), carton 333 : commission nationale provisoire pour l’éducation, la science et la culture, rapport sur la conférence générale, fév. 1947, 11 p., p. 3-4. Comme l’observe le ministre français des affaires étrangères en 1947, aux yeux des Etats-Unis l’Unesco est « un magnifique instrument de propagande, puisqu’elle a un statut international, pour répandre dans le monde entier la culture et la pensée américaine ». Il observe que pour les Etats-Unis « l’Unesco ce sont les Nations Unies sans la Russie et le veto. C’est un UNRRA intellectuel » (FR, Nantes, carton 117 : « La deuxième session … », 3 août 1947, doc. cit., p. 6-7.)
[87] G. Archibald, op. cit., p. 162.
[88] EU, box 2242, mémorandum de Benton à Lovett, 3 juillet 1947.
[89] EU, box 2244 : lettre confidentielle de Howland Sargeant à Lovett, 20 nov. 1947 : « the most distinguished one ».
[90] FR, Nantes, carton 117 : « La deuxième session … », 3 août 1947, doc. cit., p. 8-9 : « jusqu’à la conférence de novembre 1946, la position de la France à la Commission préparatoire a été prééminente » ; « les délégations étrangères avaient été frappées par l’homogénéité de la représentation française, par sa compétence et son activité ». La France se félicite que le programme de l’Unesco ébauché à la conférence de Londres en 1945 était « très largement d’inspiration française ».
[91] FR., Nantes, carton 117 : lt. de P. Auger à M. Parodi, ambassadeur de France à l’ONU, 29 octobre 1946.
[92] FR, NUOI 1946-1959, (S 50), carton 333 : commission nationale provisoire pour l’éducation, la science et la culture, rapport sur la conférence générale, fév. 1947, 11 p., p. 10-11.
[93] Nantes, carton 117 : « La deuxième session … », 3 août 1947, doc. cit., p. 15.
[94] Journal de la conférence générale, 2e conférence générale, 1947, vol. I : compte-rendu des débats, 5e séance plénière, 10 nov. 1947, p. 77-81 : William Benton, p. 79.
[95] EU, box 2254 : US delegation to the 3rd session of the general conference, report on general political relations during 3rd session of Unesco general conference, 31 déc. 1948, confidentiel, p. 10.
[96] EU, box 2242 ; FR, Nantes, carton 117 : « La deuxième session … », 3 août 1947, doc. cit., p. 7-8 ; G. Archibald, p. 162.
[97] FR, Nantes, carton 117 : note confid. sur la 3e session du conseil exécutif, 25 août 1947, doc. cit., p. 8-9.
[98] EU, box 2244 : lettre confidentielle de Howland Sargeant à Lovett, 20 nov. 1947.
[99] FR, Nantes, carton 117 : « La deuxième session … », 3 août 1947, doc. cit., p. 13-15, 18 : Le ministre insiste sur le fait qu’il est « essentiel que [le gouvernement français] ne ralentisse pas l’effort considérable accompli jusqu’à ce jour. Il ne peut courir le risque de perdre les fruits de l’œuvre entreprise pas plus que celui d’être absent d’une organisation susceptible de jouer un rôle important dans le domaine où la culture est trop souvent mise au service de la politique. » ; « la délégation française […] ne devra pas négliger l’aide que peuvent lui apporter des pays qu’inquiète l’impérialisme culturel et surtout « éducatif » des Anglo-Saxons » ; FR, NUOI 1946-1959, (S 50), carton 333 : commission nationale provisoire pour l’éducation, la science et la culture, rapport sur la conférence générale de l’Unesco, fév. 1947, p. 7-10.
[100] L’absence de l’URSS « déséquilibre l’organisation au profit des Etats-Unis qui semblent devoir être naturellement amenés à y prendre une influence matérielle et morale prépondérante ». (Ibid., p. 5-6). Léon Blum, dans son discours de clôture, fait une allusion en ce sens, formant « le vœu que l’an prochain nous nous retrouvions non seulement tous ensemble, mais plus nombreux encore et ayant attiré à nous les amis qui nous manquent aujourd’hui » ; et il fait l’éloge du dicours du délégué yougoslave (FR, NUOI 1946-1959, (S 50), carton 333 : discours du Président Blum à la dernière séance plénière de la conférence, 10 déc. 1946, 3 p.)
[101] FR, Nantes, carton 117 : « La deuxième session … », 3 août 1947, doc. cit., p. 7.
[102] EU, box 2242 : télégramme confidentiel du département d’état à tous les diplomates américains, 30 juill. 1947 : « Outstanding Unesco issues ».
[103] EU, box 2242 : lt. de Huxley à Walter Laves, 22 sept. 1947 : « Many other nations are getting restive at what they consider undue Anglo-Saxon, and especially American, influence. e.g. Thomas told me that he found among certain people in Poland, including important Government officials, a firm belief that Unesco was merely a disguised instrument of the State Department, and had the greatest difficulty in disillusioning them about this ! »
[104] FR, Nantes, carton 117 : note confid. du ministre des affaires étrangères français aux agents diplomatiques de la république française à l’étranger, 27 août 1947 ; OHRO, interview de Luther Evans, p. 347.
[105] X 07.532 DDG : lt. de J. Thomas à Huxley, 25 fév. 1947.
[106] FR, Nantes, carton 117 : « La deuxième session … », 3 août 1947, doc. cit., p. 5-6.
[107] FR, Nantes, carton 117, note confid. sur la 3e session du conseil…, doc. cit., p. 9.
[108] FR, Nantes, carton 117 : « La deuxième session … », 3 août 1947, doc. cit., p. 10, 12, 16-17. Mayoux, ancien directeur de l’IICI, a obtenu le poste de chef de la section de la philosophie et des humanités, et M. Peissel, haut fonctionnaire du ministère des finances, est devenu contrôleur financier.
[109] Ascher, box 147 : Cons.ex./Com.Nom./1e sess./5, Paris, 2 sept. 1947 : confidential, executive board, nominations committee, first sesion, geographical distribution of Unesco staff.
[110] EU, box 2241 : lettre confidentielle d’Albert Noyes à William Benton, 24 déc. 1946, 16 p., p. 4 ; « hopeless ».
[111] X 07.532 DDG : lt. de J. Thomas à Huxley, 25 fév. 1947.
[112] IT., affari politici 1946-50, organisazioni internazionali, busta n° 26 : télégramme de M. Alessandrini adressé au ministère, 10 mai 1948 ; IT, Carte di Gabinetto, 1943-58, pacco 99 : rapport du ministère des affaires étrangères au Cabinet et au secrétariat général, 23 juill. 1948.
[113] EU, Box 2241 : mémorandum de Kotschnig à Thomson, 10 juin 1947.
[114] FR, Nantes, carton 117 : « La deuxième session … », 3 août 1947, doc. cit., p. 4, 12-13.
[115] EU, box 2244 : lettre confidentielle de Howland Sargeant à Lovett, 20 nov. 1947.
[116] G. Archibald, op. cit., p. 147-148. En outre, le département d’état souhaite placer des Américains à la tête de la FAO et du BIT. L’Américain Norris E. Dodd sera directeur général de la FAO de 1948 à 1954, et l’Américain David A. Morse sera directeur général du BIT de 1948 à 1970.
[117] OHRO, interview Luther Evans, p. 372, 386.
[118] X 07.531 DG : doc ML/77, annexe I, Paris, 4 juin 48 ; EU, box 2254 : rapport confid. de la délégation américaine à la conférence générale de 1948, p. 10.
[119] EU, box 2254 : memorandum to the secretary on the Unesco conference at Beirut , nov. 17 - déc. 11, 1948, par George V. Allen, p. 18. « In contrast to the bitter struggle attending the election of Huxley two years earlier, the practical unanimity which governed the choice of Torres Bodet augured well for the future of Unesco ».
[120] EU, box 2254 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 10 janv. 1949, p. 1-2 ; rapport confid. De K. Holland à Ch. Thomson, 21 janv. 1949, p. 1 ; rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 28 janv. 1949, p. 1-2.
[121] EU, box 2254 : rapport confid. d’Arthur Compton à G.V. Allen, p. 2 : « European Latins » ; « This group is greatly influenced by French intellectual leadership and often does not share the US emphasis on « mass » participation in Unesco - nor US administrative concepts. » ; « has not played a leading role in Unesco to date. In combination with the Arab states, however, it has potential influence and should be considered as an important group ».
[122] EU, box 2254 : rapport confid. de Milton Eisenhower à George V. Allen, déc. 1948 , p. 3-4. « a superb job ». « We have accomplished essentially all of our major purposes ».
[123] Journal Métraux, 6 fév. 1951, p. 306.
[124] G. Archibald, op. cit., p. 240.
[125] EU, box 2254 : rapport confid. d’Arthur Compton à G.V. Allen sur la conférence générale de 1948, p. 3 ; rapport confidentiel de Otis Mulliken à G.V. Allen sur la conférence générale de 1948, 8 déc. 1948, p. 7 ; EU, box 1601 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 9 mars 1950.
[126] US National Commission for Unesco, Informal report of the US Delegation to the seventh session of the general conference of Unesco, november 12th-december 11th, 1952, 30 p., p. 10.
[127] Torres Bodet, Memorias III, p. 34-35. « tenacidad » ; « adversarios ».
[128] EU, box 1566 : rapport confid. de l’ambassade américaine à Beyrouth au département d’état, 21 oct. 1958 : « almost completely pro-French in orientation » ; « anti-american ».
[129] Une série d’articles faisant l’éloge de la culture française et des bonnes relations franco-arabes paraît en novembre-décembre 1948 dans Le Journal d’Egypte, journal francophone. EU, box 2254, Le Journal d’Egypte : 4 déc. 1948 : « Il faut créer une ‘bourse’ de techniciens entre l’Egypte et la France, nous dit M. Roger Seydoux, sous-directeur des relations culturelles au Quai d’Orsay et membre du conseil exécutif de l’Unesco » ; 1er déc. 1948 : « M. Bidault nous dit : « La France revient au Liban les mains vides » » ; 30 nov. 1948 : « ‘Nous fondons de grands espoirs sur la réunion, au Caire, du conseil exécutif de l’Unesco’, nous dit S.E. Chafik Ghorbal Bey, président de la délégation égyptienne » ; 29 nov. 1948 : « M. Bidault est-il venu à Beyrouth en mission politique ? ». Tous ces articles sont signés Marcel Perrier.
[130] EU, box 2254 : Le Journal d’Egypte, 27 nov. 1948 : « Avec la nomination d’un directeur général mexicain à l’Unesco… la collaboration entre les pays arabes et ceux d’Amérique latine va entrer dans une phase nouvelle », par Marcel Perrier.
[131] IT., affari politici 1946-50, organisazioni internazionali, busta n° 26 : telespresso n°702/168, de la délégation italienne (Alessandrini) au ministère italien des affaires étrangères, 21 avril 1948.
[132] IT., Carte di Gabinetto, 1943-1958 : pacco 99 : note du 9 fév. 1950, du ministère des affaires étrangères ; note du 10 fév 1950, du ministère des affaires étrangères.
[133] FR, Relations culturelles 1951-52. Oeuvres diverses. Carton n°242 : note pour le secrétariat des conférences, 25 juill. 1951.
[134] Informal report of the US Delegation to the seventh session ..., op. cit., p. 2, 4, 7.
[135] EU, box 1601 : rapport confid. de K. Holland au département d’état, 15 mars 1950.
[136] EU, box 1602 : télégramme confid. de Bruce au secrétaire d’état, 31 mars 1950 ; EU, box 1603 : rapport confid. d’Arthur Compton au département d’état, 18 avril 1950, 9 p., p. 1; EU, box 1602 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 4 avril 1950, p. 1.
[137] Torres Bodet, Memorias III, p. 121-124. « un desconcierto profundo. » ; « imprescindible » ; « un dia muy agitado ».
[138] FR, NUOI carton 835 : document confidentiel non signé du 17 juillet 1950 : « undemocratic ».
[139] Emile Delavenay, op. cit., p. 347 ; M. Prévost, op. cit., p. 22-23 ; J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 123-124, 126.
[140] Emile Delavenay, op. cit., p. 347 : « crise profonde » ; M. Prévost, op. cit., p. 22 : « une conférence de crise » ; J. Huxley, Memories II, p. 91 : « mistake ».
[141] Informal report of the US Delegation to the seventh session..., p. 6 ; J. Torres Bodet, Memorias III, p. 361-362 ; FR, NUOI carton 835, doc. confid. du 17 juillet 1950 ; DG/195, 22 nov. 1952 ; Emile Delavenay, p. 369.
[142] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 193-194, 202, 399 ; FR, NUOI carton 835, doc. confid. du 17 juillet 1950 : Torres Bodet aurait estimé que l’Unesco « n’était pas à sa mesure », et considéré l’Unesco comme « le marchepied des Nations Unies ».
[143] G. Archibald, op. cit., p. 154.
[144] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 393.
[145] EU, box 2254 : US delegation, confid. report on general political relations during 3rd session of Unesco general conference, 31 déc. 1948, p. 10.
[146] EU, box 2254 : memorandum to the secretary on the Unesco conference at Beirut, dec. 1948, par G.V Allen, p. 16 : « the character of its leadership is shifting slightly from its former « Anglo-Saxon » element to the « Latin » --both American and European ».
[147] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 352-253, cité par G. Archibald, op. cit., p. 163.
[148] FR, NUOI 1946-1959, carton n°333 : télégramme chiffré très urgent de Charles Lucet à la direction générale des affaires culturelles, 30 juin 1951 ; réponse de la direction générale des affaires culturelles, non datée, à C. Lucet : « Il en est venu graduellement lui-même à apprécier les méthodes françaises à leur valeur et semble ne plus guère entretenir de rapports avec les missions diplomatiques et culturelles anglaise et américaine à Damas. [...] L’évolution personnelle qu’a subie le docteur Zureick permet de penser qu’il manifestera de bonnes dispositions à l’égard de la thèse française ».
[149] NUOI 1946-1959, carton n°333 : télégramme de Baudet au ministère des affaires étrangères, 14 juin 1951.
[150] FR, Nantes, carton 117 : « La deuxième session du conseil exécutif … », 3 août 1947, doc. cit., p. 4. Laves avait recu les « félicitations unanimes » du conseil exécutif.
[151] EU, box 1601 : rapport confid. de K Holland au département d’état, 9 mars 1950.
[152] EU, box 2250 : rapport hebdomadaire de Charles Thomson à Saxton E. Bradford sur les activités de l’Unesco, 10 juin 1948, p. 5 : « courant de ressentiment » des Européens à l’egard des Etats-Unis. Et EU, box 2243 : lt. confid. de Benton au secrétaire d’état, 22 sept. 1947 : « a clear - if depressing - picture of the cynicism and despair of European peoples and of the rising tide of Anti-American feeling, both of which currents impinge on the Unesco program and on the morale of its Secretariat » (« cynisme et désespoir des Européens »).
[153] FR, Nantes, carton 117 : « la deuxième session du conseil exécutif … », 3 août 1947, doc. cit., p. 13.
[154] FR, NUOI carton 355, GL/AL, 15 décembre 1949, direction générale des relations culturelles, service de l’Unesco : note confidentielle pour le secrétaire général.
[155] EU, box 1600 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 6 janv. 1950 : « obviously somewhat bitter » ; box 1601 : rapport confid. de K. Holland, 15 mars 1950 ; « the main bulwark of American interest in the organisation. »
[156] Le grand nombre de télégrammes échangés à ce sujet entre le département d’état et son conseiller pour les affaires de l’Unesco à l’ambassade américaine de Paris, en témoigne. Ex : EU, box 1600, télégr. confid de Bruce, au secrétaire d’état, 28 janv. 1950 ; télégr. confid. de K. Holland au département d’état, 2 fév. 1950 ; box 1601 : rapport confid. de K. Holland, 9 mars 1950.
[157] EU, box 1603 : rapport confid. de K. Holland au département d’état, 12 mai 1950, 6 p., p. 3 ; box 1600 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 6 janv. 1950.
[158] EU, box 2254 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 28 janv. 1949, p. 3.
[159] SC/ADM/12, cf. G. Archibald, op. cit., p. 170.
[160] EU, box 1600 : lettre confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 16 janv. 1950 : « Thomas is considered by the DG to be one of his best men and some of the criticism directed against him is in fact a reflection of a more fundamental criticism of undue French influence in Unesco. »
[161] EU, box 1600 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 6 janv. 1950.
[162] EU, box 1600 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 16 janv. 1950 : « he maintained that the French culture Boys were in the ascendency in Unesco » ; il oppose la conception américaine d’un « ‘action’ program », et la conception française d’un « ‘conceptual’ or ‘philosophic’ program ».
[163] EU, box 1600 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 6 janv. 1950 : « French influence in Unesco is being systematically built up at the expense of the Anglo-Saxon. » ; « that French influence in terms of Secretariat members is increasing and that the number of US nationals in the Secretariat is on the decrease ».
[164] EU, box 2254, rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 10 janv. 1949.
[165] EU box 2254 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 21 janv. 1949, p. 1 : « Torres Bodet speaks French in staff meetings, and this has changed their character considerably. The French-speaking members now play a much more important role than they have in the past. Rene Maheu [...] seems to be one of the closest advisers of Torres Bodet. »
[166] EU, box 2254 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 21 janv. 1949, p. 5 : « Laves’s position is becoming more subordinate than during the last two years. »
[167] EU, box 2254 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 28 janv. 1949, p. 3.
[168] EU, box 1600 : telegr. confid. de Kenneth Holland au département d’état, 27 janv. 1950. « The committe spent considerable time going through English against the French. On the whole, the Secretariat seems to have great difficulty in translating documents from French, which the French members of the Secretariat and executive board say are excellent, into English that makes any sense at all. »
[169] FR, NUOI carton 835, doc. confid. du 17 juillet 1950. (L’Unesco est dans un premier temps logée dans les locaux de l’hôtel Majestic, 22 avenue Kléber, près de l’Arc de Triomphe ; ce n’est qu’à partir de 1957 qu’elle s’installe dans le nouveau bâtiment construit place de Fontenoy.)
[170] Journal Métraux, 6 fév. 1951, p. 306.
[171] EU, box 2254 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 28 janv. 1949, p. 5 ; « sharp criticism », « cultural imperialism », « strong opposition ».
[172] RU, FO 371/88915 : mémo de Paul Matthews, ambassade britannique de Paris, au Foreign Office, 26 janv. 1950, p. 3. « in an epoch of atomic and bacteriological war, it is not Unesco’s business to endeavour to protect the ruins of past civilisation ».
[173] FR, Relations culturelles 1951-52. carton n°242 : note de la direction générale des affaires culturelles, service de l’Unesco, au Secrétariat des conférences, 24 août 1951 : transmet les propos de l’ambassadeur de France, délégué à la Commission Consultative pour les Réfugiés et les Travaux dans le Proche-Orient.
[174] FR, Relations culturelles 1951-52. Oeuvres diverses. Carton n°242 : lt. du ministre des affaires étrangères au résident général de France en Tunisie, 20 nov. 1952.
[175] Torres Bodet, Memorias III, p. 282-284 : « Los senti muy distantes de los propositos de la Unesco. Lo deploré » ; « el Departamento de Estado trataba a la Unesco como a un amigo debil. […] La historia de los ultimos lustros nos muestra al pais de Roosevelt como al mejor de los enemigos » (« le département d’état traitait l’Unesco comme un ami faible. […] L’histoire des derniers lustres nous montre le pays de Roosvelt comme le meilleur des ennemis »).
[176] IT, Gabinetto, pacco 99 : rapport pour le ministre des affaires étrangères italien par M. Mamelli, 18 août 1950, 6 p., p. 2-3 ; RU, FO 371/107247 : lt. confid. de M. Roberts, British Legation to the Holy See, à Alan Dudley, Foreign Office, 6 mai 1953.
[177] RU, FO 371/88915 : memorandum de Paul Matthews, 26 janv. 1950, doc. cit., p. 1.
[178] EU, box 2241 : lettre confidentielle d’Albert Noyes à William Benton, 24 déc. 46, p. 16.
[179] E. Chniti, p. 213. Le Foreign Office aurait tenu rigueur au Board of Education d’avoir choisi Huxley sans le consulter.
[180] FR, NUOI 1946-1959, (S 50), carton 333 : commission nationale provisoire pour l’éducation, la science et la culture, fév. 1947 : rapport sur la conférence générale de l’Unesco, p. 10-11.
[181] Sans être communiste, Huxley a fait certains gestes qui ont pu être interpretés par les Etats-Unis comme le désignant comme un communiste : par exemple, il aide un poète communiste chilien en intervenant auprès du gouvernement chilien (G. Archibald, p. 146) ; en 1947, il rencontre Gromyko, ministre des affaires étrangères d’URSS.
[182] EU, box 2242 : lt. confid, 18 août 1947, de Allan Dawson à Zentz, vice consul américain au Brésil ; Huxley « is a toprank biologist and a delightful companion if you manage to break trough his intellectual crust but something of an accentric and hardly a genius as an administrator or organizer. The Alice in Wonderland character atmosphere of Unesco has been added to by other characters who have been formost in its opening phases who have had in common only a similar impracticabilty. » ; EU, box 2242 : télégr. de l’ambassade américaine de Lima au secrétaire d’état américain, 22 août 1947 : Huxley y est décrit comme « ineffectual » et « having little point ».
[183] FR., Nantes, carton 117 : « la deuxième session … », 3 août 1947, doc. cit., p. 5.
[184] EU, box 2241 : lettre confidentielle d’Albert Noyes à William Benton, 24 déc. 1946, 16 p., p. 5-6 : « the airs of an absent-minded professor » ; « leftist ».
[185] EU, box 2250 : mémorandum de conversation du 8 juin 1948 : « would seriously undermine support for Unesco in the US. […] the US would oppose as strongly as possible any continuance of Huxley’s term and would leave no stone unturned to block his re-election. ». Les Etats-Unis mènent une vigoureuse campagne contre la réélection de Huxley, et obtiennent la promesse du Royaume-Uni de ne pas soutenir cette réélection (EU, box 2244 : lettre confidentielle de Howland Sargeant à Lovett, 20 nov. 1947).
[186] E. Chniti, op. cit., p. 690.
[187] RU, FO 924/653 : note de D.J. Cheke, 12 nov. 1948.
[188] E. Chniti, p. 688.
[189] EU, box 2244 : lettre confidentielle de Howland Sargeant à Lovett, 20 nov. 1947 ; box 2241 : lettre confidentielle d’Albert Noyes, à William Benton, 24 déc. 1946, 16 p., p. 7 : « our relationships with the British are much closer this time » ; E. Chniti, op. cit., p. 689.
[190] RP/14, 4 fév. 1948 : critique de l’Unesco par Kenneth Lindsay dans son émission sur le 3e programme de la BBC (cf. Listener, 22 janv. 1948), en réponse au discours de J.B. Priestley sur l’Unesco dans le même programme (Listener, 1er janv. 1948) ; EU, box 2250 : article dans le journal anglais The Spectator, 9 juill. 1948, intitulé « Unesco’s Future », par Kenneth Lindsay : « Unesco must now choose between being a world academy or an agency of the UN » : pour Lindsay, l’Unesco ne doit pas être une académie d’intellectuels comme l’IICI, mais une agence technique efficace.
[191] E. Chniti, op. cit., p. 689.
[192] EU, box 2242 : télégr. confid. de Paris au secrétaire d’état, 27 août 1947.
[193] EU, box 2241 : lt. de Andrew E. Donovan, à M. Rivera, 16 juin 1947.
[194] Unesco and a world society, His Majesty’s stationery office, Londres, 1948, ministry of education pamphlet n°12, 46 p., p. 24.
[195] RU, FO 371/88915 : lt. de A.A. Dudley, à R. Carter, 31 oct. 1950 ; FO 371/95913 : lt. de A.A. Dudley à M. Cowell, 6 avril 1951 ; note de Cowell à Dudley, 11 avril 1951.
[196] ONU, RAG 2 /76, box 10 : rapport de M. Osborne à H. Laugier, 25 nov. 1946.
[197] Ex : FR, NUOI 1946-1959, (S 50), carton 333 : commission nationale provisoire pour l’éducation, la science et la culture, fév. 1947 : rapport sur la conférence générale de l’Unesco, p. 7-8 ; conférence générale de 1946, C/30, p. 30-31, 46-48, 91-92.
[198] FR, Relations culturelles 1951-52. Oeuvres diverses. Carton n°242 : Note pour la direction d’Europe, à l’attention de M. O’ Connor, 7 fév. 1952.
[199] Journal Métraux, 19 nov. 1952, p. 393 ; Informal report of the US Delegation to the seventh session ..., p. 5 ; Torres Bodet, Memorias III, p. 359-360.
[200] RP, 12 déc. 1952 : Le Journal de Genève ; Emile Delavenay, op. cit., p. 369.
[201] Benton, box 401 : lettre collective de femmes espagnoles, à Benton, 23 oct. 1963, protestant contre les atteintes aux droits de l’homme commises par le régime franquiste. Aucune réponse de l’Unesco.
[202] Julian Huxley, Memories II, p. 44-45.
[203] Parallèlement, le Vatican s’efforce de déveloper des liens étroits avec les autres agences spécialisées de l’ONU, comme la FAO. RU, FO 371/107247 : lt. confid. de British Legation to the Holy See, au Foreign Office, 8 juill. 1953.
[204] Maurice Barbier, L’Eglise catholique et l’Unesco. Vingt-cinq ans de relations, Paris, Centre J.-L. Lebret, « Foi et développement », 1971, p. 4 ; Daphné Josselin et William Wallace, Non-State Actors in World Politics, Palgrave, New York, 2001, 294 p., chap 3 : « The Catholic Church as a Transnational Actor », par David Ryall. (p. 41-58), p. 50.
[205] L’Union catholique des études internationales, créée en Suisse en 1917, et ayant reçu l’approbation du pape Benoît XV en février 1920, s’est efforcée de développer « une collaboration amiable et régulière » entre la SDN et le Vatican. Cette organisation a suivi de près les travaux de l’IICI. Le Vatican s’est également lié au BIT dans l’entre-deux-guerres. En 1926, un prêtre est admis comme fonctionnaire au BIT. Enfin, en 1931, lors de la publication de l’encyclique Quadragesimo Anno, pour l’anniversaire de l’encyclique Rerum Novarum, Albert Thomas, premier directeur du BIT, envoie au pape Pie XI un message dans lequel il reconnait les liens rattachant l’œuvre du BIT aux efforts antérieurs de l’Eglise. Cf. « Le Saint-Siège et l’essor des organisations internationales », communication faite par Mgr. Bertoli, nonce apostolique en France, à l’Académie diplomatique internationale, 15 novembre 1960.
[206] Biogr. J.E. Rupp. Professeur de théologie au séminaire Saint Sulpice à Paris, le chanoine Rupp dirige depuis 1946 le bureau international de l’archevêché de Paris.
[207] EU, box 2242 : télégramme du Vatican, de Graham Parsons, Foreign service officer, au secrétaire d’état, 31 juill. 1947.
[208] EU, box 2254 : mémo de G.V. Allen sur la conférence générale de 1948, p. 18.
[209] EU, box 2254 : rapport confid. d’Arthur Compton à Allen, nov.-déc. 1948, p. 2. « One new one [political force] is the interest and influence being shown by the Vatican. The increasing « Latin » influence in Unesco has already shown signs of following a pro-Catholic line, and the obvious pleasure of the Vatican observer over the admission of Monaco as a member state may indicate a hope that the Vatican might also be admitted » ; memorandum to the secretary on the Unesco conference at Beirut, nov. 17-dec. 11, 1948, par George V. Allen, président de la délégation américaine, p. 18 : « The Vatican promises to become an influence of some importance in Unesco » ; « The speech by Torres Bodet with its emphasis on moral solidarity, was evidently pleasing to the Vatican representative ».
[210] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 110. « libre pensador » ; p. 53 : « esceptico irreductible en asuntos de indole religiosa ».
[211] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 109-111.
[212] Reg 1632, I : lt. de Domenico Tardini (Sacra congregazione degli affari ecclesiastici straordinari) à Torres Bodet, 30 juill. 1952 ; M. Barbier, p. 5.
[213] Reg 1632, I : lt. de Ange Joseph Roncalli, nonce apostolique de France, à A. de Blonay, 18 juill. 1952 ; J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 53-54, « una relacion amistosa y cordial ».
[214] RU, FO 371/107247 : lt. de Roberts à Winston Churchill, 1er juin 1953. Né en 1927, Giuseppe Sensi est entré très tôt dans les services diplomatiques du Vatican, dont il est peu à peu devenu un membre important. De 1934 à 1938, il a fait partie de la nonciature pontificale à Bucarest, de 1938 à 1946 à Berne, de 1946 à 1947 à Bruxelles. Chargé d’affaires pour la mission pontificale à Prague en 1948-1949, il a ensuite été nommé à la Secrétairerie d’état du Vatican, dans la section traitant des organisations internationales catholiques ; Chancery, British Legation to the Holy See, au Foreign Office, 8 juillet 1953.
[215] RU, FO 371/107247 : lt. confid. de Roberts, British Legation to the Holy See, à Alan Dudley, Foreign Office, 6 mai 1953, « a real interest ».
[216] RU, FO 371/107247 : Chancery, British Legation to the Holy See, au Foreign Office, 8 juillet 1953.
[217] Mgr. Bertoli, « Le Saint-siège et l’essor des organisations internationales », 15 nov. 1960, doc. cit.
[218] Unesco and catholic collaboration, op. cit.
[219] Conférence en vue de la création d’une organisation pour l’éducation et la culture (ECO/CONF), 1er-16 nov. 1945.
[220] FR., Nantes, carton 117 : « la deuxième session … », 3 août 1947, p. 3.
[221] Conférence générale de 1947, vol I : 4e séance plénière, 8 nov. 1947, discours de Huxley, p. 59 ; 1e séance plénière, 6 nov. 1947, ouverture de la session par J. Maritain, p. 28.
[222] Journal de la conférence générale ; 2e conférence générale, 1947, vol I : 4e séance plénière, 8 nov. 1947, p. 69 : délégué de Grèce, A. Photiades : « l’heure est extrêmement grave » ; 5e séance plénière, 10 nov. 1947, p73 : le délégué canadien juge la situation internationale « critique » ; 7e séance plénière, 11 nov. 1947, p. 112 : Mme Aruna Asaf Ali (Inde) : « Le monde aujourd’hui souffre d’une maladie, d’une maladie grave, et son état est critique ». Le délégué d’Haïti se dit « saisi d’une grande angoisse » ; le délégué de l’Inde évoque « ces nuages d’incompréhension suspendus sur le monde entier », « cette atmosphère de suspicion, de méfiance et de crainte » (4e séance plénière, 8 nov. 1947 : intervention de S. Radakrishnan, p. 61) ; 5e séance plénière, 10 nov. 1947, p. 70-72 : intervention de Carneiro (Brésil), p. 70 : « divisé en tout et partout, [le monde contemporain] n’a ni foi, ni langue, ni politique, ni économie commune » ; 7e séance plénière, 11 nov. 1947, p. 100 : le délégué de Tchécoslovaquie, Adolf Hoffmeister, déplore l’actuelle « hystérie belliqueuse » de la société ; 4e séance plénière, 8 nov. 1947 : intervention de S. Radakrishnan, p. 61 : « L’avenir tremble devant nous et chacun dit qu’un nouveau conflit, qui sera une guerre atomique, bactériologique et biologique, entraînera la destruction d’une grande partie du monde habité. Nous éprouvons de la suspicion, de la méfiance, nous nous redoutons mutuellement, et cela deux ans après la guerre ».
[223] Le délégué d’Haïti rappelle que « dans le passé, des assemblées d’hommes se sont tenues comme celle d’aujourd’hui, des représentants de diverses nations se sont réunis pour éviter la guerre ; mais l’histoire prouve que, même au sein de ces assemblées, la guerre était au fond des cœurs. « L’histoire du monde montre que bien souvent des hommes se sont réunis pour atteindre à un idéal, mais ont préféré satisfaire à des intérêts particuliers égoïstes ». Le délégué de l’Inde pose la question désabusée : « Que peut faire l’Unesco dans la conjoncture critique où se trouve l’humanité ? Sera-t-elle d’une coûteuse inutilité ? » Le délégué du Liban critique l’ONU et l’Unesco, « où se heurtent des ambitions et des intérêts toujours inassouvis, où il semble que l’on fasse entendre à nouveau au monde le cliquetis des armes », et évoque le risque que le travail de ces organisations reste « stérile » (4e séance plénière, 8 nov. 1947 : intervention de S. Radakrishnan, p. 61 ; 7e séance plénière, 11 nov. 1947, p. 101-103 : A.A. Roberts, Afrique du sud).
[224] Exposé du Dr. Huxley à la conférence de presse de Berne, 17 janv. 1948, p. 2 : il observe que l’on se trouve aujourd’hui dans « un monde dominé par la méfiance », et déplore le « désordre contemporain ».
[225] Ibid., p. 8 ; Huxley déclare que l’Unesco doit rassembler « la collaboration active de tous ceux qui ne veulent pas accepter la fatalité de la guerre ».
[226] 329.18 A 53 CIPSH, I : rapport sur l’enquête sur la liberté, par H.-J. Pos, 18 p., non daté, p. 14 et 17-18.
[227] Collectif, Autour de la nouvelle déclaration des droits de l’homme, Paris, Sagittaire, 1949 ; article de l’Indien Puntambekar, rédigé en 1947.
[228] Ibid., p. 166-170 : « Les droits de l’homme et les données de la condition humaine » par Aldous Huxley, juin 1947, p. 167.
[229] Le Courrier de l’Unesco, n° 8, septembre 1948, p. 3 : « De l’Orient à l’Occident, un même effort culturel », par Lin Yutang.
[230] Ascher, box 149 : Int/PC/31/48 : Unesco, program policy council, meeting n°11, 20 mai 48 : note sur la liberté d’information, par R. Maheu, p. 2.
[231] Ascher, box 149 : The formulation of Unesco programme, by Robert S. Smith, Harvard, 31 janv. 1949, 131p, p. 110.
[232] EU, box 1564 : lt. de Dulles à l’ambassade américaine de Paris, 28 mars 1958 : résolution adoptée par le conseil exécutif en session privée à sa 25e session en janv. 1951.
[233] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 197 : « El enemigo esencial de la Unesco era entonces la guerra fria ».
[234] M.H. Holcroft, Lebanon. Impressions of a Unesco conference, 1949, 88 p,, The Caxton Press, Christchurch : l’auteur est membre de la délégation de Nouvelle-Zélande à la conférence générale de 1948 ; chap. 7 : « Tensions », p. 60 : « depressed by the state of the world » ; « Little confidence […] in the United Nations ». « modestly successful » ; « a poor show ».
[235] J. Torres Bodet, Memorias, III, op. cit., p. 68 : « La politica habia triunfado de la razon en aquel debate, cuya promesa, en 1948, me inspiro tantas ilusiones. Senti una vez mas, con profundo pesar, la division del mundo en dos bandos inconciliables. » ; p. 238 : « desencanto ».
[236] ONU, RAG 2/76 box 7 : discours de H. Laugier à l’ouverture de la conférence générale de 1950.
[237] RP, 12 déc. 52 : Combat, 25 nov. 1952 : « Après la démission de Torres Bodet, où va l’Unesco ? » ; RP, 22 janv. 1953 : La Relève, Bruxelles.
[238] OHRO, interview de Luther Evans, p. 322.
[239] ONU, RAG 2 /76, box 10 : rapport de M. Osborne, à H. Laugier, 25 nov. 1946.
[240] X07.532 : lt. de Huxley à Benton, 15 janv. 1947.
[241] EU, Box 2241 : lt. confidentielle de Morrill Cody au secrétaire d’état, 16 juin 1947.
[242] De nombreuses délégations regrettent l’absence de l’URSS : Pays-Bas, France, Afrique du sud … (Journal de la conférence générale de 1947, vol. I : compte-rendu des débats : 4e séance plénière, 8 nov. 1947, p. 65 : intervention de J.C. Kilestra (Pays-Bas) ; 7e séance plénière, 11 nov. 1947, p. 101 : A.A. Roberts, Afrique du sud.
[243] FR., Nantes, carton 117 : « La deuxième session … », 3 août 1947, doc. cit., p. 12-13.
[244] John A. Armstrong, « Soviet Attitude Towards Unesco », International Organization, vol 8, 1954, n°2, p. 217 et suiv., cité par Osakwe p. 140.
[245] Julian Huxley, Memories II, op. cit., p. 47.
[246] EU, box 2241 : lettre confidentielle d’Albert Noyes, à William Benton, 24 déc. 1946, doc. cit.
[247] Ibid. Vivant depuis très longtemps en-dehors de l’URSS, celle-ci est bien vue des Américains.
[248] Chris Osakwe, op. cit., p. 139 ; N. Evgenev, Temps Nouveaux, 29 mars 1950 : « Under the flag of cosmopolitanism, Unesco preaches and defends the policy of American aspirants to world domination. It serves to further the ideological expansion of dollar imperialism and shares actively in propaganda hostile to the Soviet Union and the People’s Democracy […] In actual fact, this supposedly international agency is an auxillary of the US State Department ».
[249] RU, FO 371/95918 : article dans le journal russe Uchitelskaya gazeta (« gazette des enseignants »), n°6, 20 janv. 1950 : (traduction anglaise) : « Unesco. An instrument of american reaction », par A Strepetov. « The British and French governments, which strove to use the human idea of an international organization in the fields of education, science and culture for their own propaganda aims, initiated the formation of Unesco. […] However, the calculations of the anglo-french bosses for hegemony in the organization failed. As the result of a short, behind the scenes struggle, all the principal positions in Unesco turned out to be in american hands, and the organization, in essence, was turned into an obedient instrument of the state departement of the USA. »
[250] OHRO, Luther Evans, p. 321 : « the scorn » ; « They more or less ignored it ».
[251] RP, 19 mai 1953 : Revue de Paris, mai 1953 : article de P.-L. Bret ; RP, 16 juill. 1950 : Manchester Guardian (27 mai 1950), New Statesman and Nation (Londres, 2 juin 1950), North China Daily News (Shanghaï, 4 juin 1950), Giornale di Trieste (25 mai 1950), L’Unita (Turin et Milan, 23 et 31 mai 1950), Avanti (Rome) ; RP, 11 sept. 1952 : La Nation belge, 28 août 1952 ; et RP, 4 déc. 1950 : Lo Studente d’italia, Rome, 31 oct. 1950 : « Crisis in Unesco » de Gaetano Nanetti ; RP, 16 juill. 1950 : L’Humanité (Paris, 16 juin 1950). Mêmes idées exprimés dans les journaux de gauche d’Italie et dans Le Drapeau rouge (journal communiste), Bruxelles, 16 juin 1950.
[252] 329.18 A 53 CIPSH, II : PHS/10 annexe 1, 15 nov. 1948 : lt. questionnaire de Huxley ; PHS/10 annexe 2, 15 nov. 1948 : questionnaire, 14 p.
[253] J. Torres Bodet temoigne que ces délégations etaient considérées comme le porte-parole officiel de l’URSS ; J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 67.
[254] FR, NUOI 1946-1959, (S 50), carton 333 : commission nationale provisoire pour l’éducation, la science et la culture, fév. 1947 : rapport sur la conférence générale de l’Unesco, p. 5-6.
[255] Journal de la conférence générale de 1947, vol. I, 7e séance plénière, 11 nov. 1947, p. 104-105 : le délégué de la Pologne déplore la mauvaise répartition des fonds entre les diverses sections ; les activités culturelles et artistiques n’ont reçu que 2% du budget.
[256] Ibid., p. 104.
[257] Ibid., p. 105.
[258] Ibid., p. 107. La recommandation qu’il prône affirmerait : « les représentants de la science et de la culture réunis à Mexico font appel à leurs collègues, éducateurs, savants, artistes, écrivains et journalistes du monde entier, afin que par tous les moyens et de toutes leurs forces, ils combattent les instigateurs de guerre et défendent la paix ».
[259] RU, FO 371/95918 : Uchitelskaya gazeta, 20 janv. 1950, art. cit.
[260] Lt. Huxley à Walter Laves, 22 sept. 1947, doc. cité ; « a firm belief that Unesco was merely a disguised instrument of the State Department »
[261] EU, box 2252 : rapport confid. d’Arthur Compton à Charles Thomson, 2 oct. 1948, p. 2.
[262] EU, box 2254 : rapport confid. d’Arthur Compton à Allen sur la conférence générale de 1948, p. 2.
[263] La Yougoslavie bénéficie à partir de 1951 d’un programme d’assistance technique. EU, box 1562 : lt. confidentielle d’Oliver M. Marcy, ambassade américaine à Belgrade, au département d’état, 12 nov. 1957, 6 p., p. 1.
[264] 329.18 A 53 CIPSH, I : rapport sur l’enquête sur la liberté, par H.-J. Pos, doc. cit., p. 14 et 17-18.
[265] EU, box 2244 : lt. confidentielle de Howland Sargeant à Lovett, 20 nov. 1947 ; A. Monclus, op. cit., p. 78 ; RU, FO 371/95918 : Uchitelskaya gazeta, 20 janv. 1950, art. cit. ; M. Prévost, op. cit., p. 22.
[266] Julian Huxley, Memories II, op. cit., p. 60-61. « as a possible bridge between communist and capitalist ideas » ; p. 23 ; p. 62-64 ; il est d’ailleurs déçu de l’attitude intransigeante des Etats communistes à cette conférence.
[267] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 67, 218, 227 : « impresionado », « hombre franco y de inteligencia muy persuasiva » ; p. 48 : « no colaboraban con nosotros de buena gana. » Le membre polonais du conseil exécutif est alors M. Arnold, mais celui-ci se fait souvent représenter par Birecki. « hombre joven, de inteligencia agresiva y franca. Se daba cuente de que sus intervenciones estaban condenadas de antemano a caer en el vacio, pues los otros miembros del Consejo se hallaban casi invariablemente de acuerdo con cuanto opinaban norteamericanos, britanicos y franceses. Me parecio un espectaculo melancolico el de aquel inflexible rigor, porque Birecki no carecia de razon en muchas de sus objeciones. »
[268] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 230-232 ; X 07.83 Torres Bodet, IX : lt. de Torres Bodet à Edvard Kardelj, ministre des affaires étrangères de Yougoslavie, 5 oct. 1951.
[269] Chris Osakwe, op. cit., p. 139.
[270] EU, box 2254 : rapport confid. de la délégation américaine à la conférence générale de 1948, 31 déc. 1948, p. 7. la délégation américaine se réjouit qu’étant donné l’absence des délégations socialistes et l’invalidation de leurs procurations pour l’élection des futurs membres du conseil exécutif, le membre tchèque du conseil exécutif (J. Opocensky) n’ait pas été réélu.
[271] EU, box 1603 : télégr. de Jacini au département d’état, 26 sept. 1949.
[272] RU, FO 371/95918 : Uchitelskaya gazeta, 20 janv. 50, art. cit.
[273] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 227, 217.
[274] EU, box 1603 : Rzeczpospolita, 1er avril 1950 : « Unesco in the service of the US », par Zbigniew Miarka : « The supervision of Unesco by the state département is taking place almost without any camouflage » ; « ‘the Unesco dictator’ as he is called in Paris » ; « a strategical intrument » ; Rzeczpospolita, 8 avril 1950 : « Unesco in the service of the US », par Zbigniew Miarka. « an obedient executor of the will of the State department » ; « the arm of the State department. »
[275] RP, 14 mars 1951: Literarni Noviny, Prague, 5 fév. 1951 : « Unesco, the Instrument of American Reaction », par A. Strepetov ; « the servile instrument of the State Department ».
[276] lt. citée dans « Unesco and the US National Interest », discours de Walter H.C. Laves, 9 juin 1953, doc. cit., p. 2 ; Informal report of the US Delegation to the seventh session..., p. 8 ; 33 EX/20, 5 déc. 1952 (Pologne) ; 30 déc. 1952 (Hongrie) ; 29 janv. 1953 (Tchécoslovaquie).
[277] Torres Bodet, Memorias III, p. 227.
[278] John A. Armstrong, « Soviet attitude Towards Unesco », art. cit.
[279] Chris Osakwe, op. cit., p. 139. « culminating point ».
[280] G. Archibald, op. cit., p. 203-205. Ainsi le projet pilote d’éducation de base dans le Sichuan, ainsi que la réalisation du catalogue de musique folklorique chinoise, sont interrompus à peine entamés (EU, box 1603 : rapport confid. d’Arthur A. Compton, au département d’état, 14 avril 1950, 7 p., p. 5)
[281] G. Archibald, op. cit., p. 154 et 204-205 ; J. Torres Bodet, Memorias, III, p. 118-119, 209.
[282] Ex: RP, 29 juin 1951.
[283] Julian Huxley, Memories II, op. cit., p. 26.
[284] Moniteur de l’Unesco, août 1947, p. 3-4 : « L’Unesco en face de deux mondes », par Byron Dexter : c’est le resumé d’un article de B. Dexter publié dans Foreign Affairs en avril 1947.
[285] Congrès : Vol. 93, 80e congrès, 1e session, 3 janv-19 déc. 1947 : Unesco, adress by Representative Mundt at first national conference, A 1277 ; Unesco, adress by William Benton before Chicago Council of Foreign Relations on subject of Unesco, A 228 ; Unesco, remarks in House by Mr. Merrow reporting on first general conference in Paris, 1750 ; Unesco, adress by Dr. George Schuster, president of Hunter College, New York City, on work of Unesco, A 1866 ; Unesco, article by Wilbur M. Smith entitled « the increasing peril », referring to Unesco : A 2022 ; Unesco, remarks in House and program of meeting at Philadelphia, Pa., A1174 ; Vol 94, 80e congrès, 2e session, 6 janv-31 déc. 1948 : Unesco, adress by Rees H. Hughes on subject, A 3741 ; Unesco, adress by Howard E.Wilson on work of Unesco, A 4205 ; letter by B.M. Cherrington summarizing Pacific Coast Conference of Unesco, A 3844 ; Resolution by New York City Board of Education approving program of Unesco, A 441.
[286] W. Preston, op. cit., p. 59 ; « tolerate every idea except intolerance ». À la réunion de la commission nationale américaine à Cleveland en 1949, Allen fait un autre discours anticommuniste.
[287] EU, box 2242 : télégramme confid. du département d’état à tous les diplomates américains, 30 juill. 1947 : « Outstanding Unesco issues » ; « the danger of the development of a left-wing intellectual labor-alliance against American influence in Unesco ».
[288] EU, box 2240 : télégramme secret de Benton à l’ambassadeur, 15 mars 1947 ; ainsi, l’éventuel recrutement d’une Française communiste, Mme Cornu, perturbe beaucoup le département d’état (EU, box 2240 : télégramme secret de Benton à l’ambassadeur, 15 mars 1947).
[289] EU, box 2240 : télégramme secret de Caffery, Paris, au secrétaire d’état, 14 mars 1947 : « Drzewieski (reconstruction) is Polish fellow traveller ; Slonimsky (literature) is Polish fellow traveller ; Vanek (arts) just dismissed was Czech fellow traveller ; Dr. Needham (natural science) Communist ; Madame Zhukova is Soviet national and Comintern agent. This group is actively aided by external Communist organizations and « delegations » through the services of an ardent Polish fellow traveller, Falsky ».
[290] EU, box 2240 : lt. strictement confidentielle, de l’ambassade américaine au Canada, à Andrew B. Foster, department of state, 29 mars 1947 ; box 1602 : lt. confid. de Capus M. Wayick, Managua, au département d’état, 10 avril 1950 ; box 1603 : rapport confid. d’Arthur A Compton au département d’état, 18 avril 50, 9 p., p. 7.
[291] EU, box 2243 : télégramme secret de Paris au secrétaire d’état, 25 oct. 1947 ; ainsi, les Etats-Unis s’efforcent de promouvoir le recrutement du Britannique John Ward, membre du British Educational Office.
[292] EU, box 2240 : télégramme secret de Caffery, Paris, au secrétaire d’état, 14 mars 1947 : « in hands of a confidence man of Warsaw Government, Dr. Drzewieski » ; EU, box 1603 : rapport confid. de K. Holland au département d’état, 21 avril 1950, p. 2.
[293] EU, box 2240 : télégramme secret de Caffery, Paris, au secrétaire d’état, 14 mars 1947 : Caffery communique des informations données par un informateur, qui a une longue expérience dans les domaines touchant les organisations du front communiste agissant à l’échelle internationale ; cet informateur « gives impression of being sincerely concerned over danger of Unesco failing into hands of Komintern ». « Levers of command are now in hands of Communists, fellows travellers or persons who are afraid to antagonize Moscow ».
[294] EU box 2254 : rapport confid. d’Arthur Compton à Allen, déc. 1948, p. 2. « They will continue to attempt to infiltrate and influence the Secretariat through the preaching of « intellectual communism » » ; « constantly alert ».
[295] EU box 2254 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 10 janv. 1949, p. 2 ; « well-known left-winger » ; Theodore Besterman, chef du département de l’échange d’informations, est contraint d’abandonner son poste et de rentrer aux Etats-Unis.
[296] EU, box 1603 : rapport confid. d’Arthur A. Compton au département d’état, 18 avril 1950, 9 p., p. 8 : « personally determined to avoid employment of Communists and fellow travellers to the greatest extent possible. »
[297] RU, FO 371/88924 : lt. confid. de L.A. Scopes, Foreign office, à F.R. Cowell, ministre britannique de l’éducation, 2 nov. 1950 : « to get rid of the fellow travellers from the directing positions in the staff association » ; lt. confid. de A. Thompson, membre de la commission nationale britannique, à M. Scopes, 18 nov. 1950.
[298] EU, box 1602 : lt. de Hugh Millard, ambassade américaine à Bruxelles, au département d’état, 4 avril 1950 : il envoie au département d’état un mémorandum de 4 p. qu’il a reçu d’un « occasional informant of the embassy » ; « communist infiltration » ; « the insidious influence and potentialities of inconspicuous bureaus in Unesco, where Communists have been able to take control ».
[299] EU, box 1602 : memorandum anonyme, secret, envoyé par l’ambassade américaine de Paris, au département d’état, 4 avril 1950, 4 p., p. 2 : Drezwieski est désigné comme « un Polonais communiste qui s’est entouré d’autres communistes » (« a Polish Communist who has surrounded himself with other Communists »), comme Mlle Sviggum et Mlle Charrot, et Philippe Roux, ou encore le Néerlandais Van Vliet ; p. 3. « the abolition of the department of reconstruction, which is the most tainted, would be of no use if the people who poisoned it are distributed to other departments ».
[300] EU, box 1600, rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 6 janv. 1950.
[301] Benton, Box 388 : lt. Benton à Jesse Macknight, 31 mai 1950 ; lt. Jesse Macknight à Benton, 26 mai 1950.
[302] EU, box 2241 : télégramme secret de Caffery au secrétaire d’état, 14 mai 1947.
[303] EU, box 1602 : telegr. confid. de Bruce au secrétaire d’état, 1 avril 1950 ; EU, box 1603 : lt. de Hoyt au département d’état, 24 avril 1950 : le département d’état est hostile à Mendez Pereira, directeur du centre Unesco de la Havane, le considérant comme un sympathisant communiste, à cause du fait qu’il a accueilli à l’université dans les années 1920 des révolutionnaires espagnols, et dans les années 1930 des réfugiés loyalistes d’Amérique latine.
[304] EU, box 2242 : télégramme de l’ambassade américaine de Lima au secrétaire d’état, 22 août 1947.
[305] EU, box 2242 : télégramme confid. du département d’état à tous les diplomates américains ; « the danger of the development of a left-wing intellectual labor-alliance against American influence in Unesco ». En juillet 1947, un télégramme confidentiel du département d’état aux diplomates américains affirme, sur un ton alarmiste, que la tournée de Huxley est destinée à mettre en contact les intellectuels latino-américains avec des intellectuels français communistes comme Joliot Curie, et à stimuler par là le mouvement communiste dans les milieux intellectuels d’Amérique latine (EU, box 2242 : télégramme confidentiel du département d’état à tous les diplomates américains, 30 juillet 1947, intitulé : « reported move to undermine US influence in Latin America »).
[306] EU, box 2241 : télégr confid. de Shaw, ambassade américaine de Quito, au secrétaire d’état, 24 juin 1947.
[307] EU, box 2241 : lettre confidentielle de Morrill Cody, attaché de relations culturelles à Mexico, au secrétaire d’état américain, 16 juin 1947, 2 p.
[308] EU, box 2243 : télégramme secret de Paris au secrétaire d’état, 25 oct 1947 : « the use which the Soviet and Soviet-dominated satellites delegations intend to make of the coming Unesco-conference at Mexico » ; « an all-out campaign against American culture » ; l’informateur cite comme preuve l’article d’une page dans L’Humanité, 25 oct. 1947.
[309] Lt. de Huxley à W. Laves, 22 sept. 1947, doc. cité ; télégramme confid, du département d’état à tous les diplomates américains, 30 juill. 1947, doc. cité. C’est le cas en 1947 de la Progressive Citizens Association, considérée par le département d’état américain comme « un dangereux groupe gauchiste », et qui sur la pression de celui-ci n’obtient pas le statut, malgré la volonté de Huxley ; FR., Nantes, carton 117, « note confid. sur la 3e session du conseil exécutif de l’Unesco », du ministre des affaires étrangères français, aux agents diplomatiques de la république française à l’étranger, 25 août 1947, p. 5. Finalement, une formule plus souple de sélection est adoptée, prévoyant une étude au cas par cas par un comité restreint.
[310] FR., Nantes, carton 117 : « La deuxième session … », 3 août 1947, doc. cit., p. 8.
[311] ED/121, 18 fév. 1952 : conférence des représentants des organisations internationales de jeunesse, Paris, 21-27 nov. 1951, 32 p., p. 2-4.
[312] Unesco and catholic collaboration, op. cit., p. 38-46 : Unesco-programs and the problem of catholic collaboration », par le révérend Frederick G. Hochwalt, p. 45-46.
[313] EU, box 2252: memorandum de Miss McMurry, à Abraham, 21 sept. 1948.
[314] Collective security, a Progress Report., 1952, Unesco. Emile Delavenay, op. cit., p. 368-369 : « Le bon à tirer va être donné, lorsque le délégué permanent des Etats-Unis me demande amicalement de lui laisser lire une épreuve. Il intervient alors avec force auprès du directeur général pour obtenir la modification ou la suppression de cet ouvrage, qui au lieu de porter aux nues l’action internationale en Corée, laisse planer un doute quant à ses fondements juridiques. Tant et si bien que la décision sera prise par le DG p.i., l’Américain John Taylor, de ne pas publier cet ouvrage d’un juriste au renom international. »
[315] Laves et Thomson, op. cit., p. 95, cité par G. Archibald, op. cit., p. 144.
[316] EU, box 1600 : télégr. confid de K.Holland à Charles A Thomson, 20 janv. 1950. Reconstruction : M. Gouineau, de l’entraide française, lui a beaucoup parlé des déplorables conditions financières dans lesquelles vivent les intellectuels issus des pays communistes et réfugiés en France. Gouineau « feels that unless some assitance is given these refugees they might turn communist or at least become bitter and anti-social. »
[317] Cité dans Chantal Morelle et Pierre Jacob, Henri Laugier…., p. 281.
[318] EU, Box 2242 : télégramme de Graham Parsons au secrétaire d’état, 31 juill. 1947 ; « a community of interest in watching out for efforts to infiltrate the organization for political purposes and evinced a readiness to cooperate. »
[319] Laves et Thomson, op. cit., p. 95 (cité par G. Archibald, op. cit., p. 144).
[320] EU, box 1600 : télégr. confid. de K. Holland au département d’état, 6 fév. 1950 : K. Holland a parlé avec Auger qui rentre juste d’Inde : « the world situation would be extremely grave ». Communism « will make considerable progress unless India, with the assistance of the US, the specialized agencies, and individual countries, is helped to improve the conditions of the masses. »
[321] EU, box 1603 : rapport confid. de A. Compton au département d’état, 21 avril 1950, 6 p., p. 3-4 ; Zuckermann, fonctionnaire de l’Unesco et citoyen américain, s’inquiète du fait que la Chine commande, avec ces bons d’entraide, des livres aux pays socialistes, car la poste américaine ne peut pas envoyer de courrier à destination de la République populaire de Chine.
[322] RU, FO 371/95913 : lt. de Cowell à Dudley, 11 avril 1951. « that Unesco should take a more robust attitude in their defence […of] moral and cultural values ».
[323] US National Commission for Unesco, The American Interest in Unesco, 35 p., p. 34-35. « Unesco provides an opportunity for the US to exercise leadership […] among the nations of the free world » ; « a means for leadership » ; « Unesco can be a powerful voice for our concepts and ideas » ; « it contributes measurably to the efforts of our gouvernement to strengthen the free world. »
[324] Unesco and economic development, discours de Walter H.C. Laves, 1953, 12 p., p. 2-4 : « winning friends in a struggle against communism » ; « Unesco and the US National Interest », discours de Walter H.C. Laves, 9 juin 1953, discours cité, p. 4-5 : « Make no mistake about it - our national interests are served by our membership in Unesco ».
[325] EU, box 2243 : NC 3/6 (Rev), 22 sept. 1947, US national commission, 3rd meeting, Congress Hotel, Chicago : report by the US National Commission for Unesco on the program of Unesco for 1948 and on related matters, 6 p.
[326] FR, Nantes, carton 117 : rapport confid. de G. Bidault à R. Schuman, 26 avril 1949, 45 p, p. 19.
[327] EU, box 2254 : rapport confid. de la délégation américaine, 31 déc. 1948, doc. cit., p. 8. « long and heated debate ».
[328] EU, box 1603 : Unesco liaison office, Lake Success, New York, Unesco background release, n°6, 2 mars 1948 ; 10 EX/SR 2 (priv.), 4 oct. 1948, item 8 : intervention de Cowell ; IT., affari politici 1946-50, organisazioni internazionali, busta n° 26 : telespresso n°275, 17 mars 1948 : ufficio dell’osservatore italiano presso le nazioni Unite, adressé au ministère italien des affaires étrangères.
[329] 11 EX/14, annexe III, p. 3-4 ; cité par G Archibald, op. cit., p. 200.
[330] X 07. 83 Thomas, II : rapport de mission de Thomas aux Etats-Unis, 22 mars 1948, 12 p., p. 5.
[331] 10 EX/SR 2 (priv.), 4 oct. 1948, item 8 : protestations du gouvernement polonais au sujet de l’établissement de bureaux de l’Unesco en Allemagne (prévu par le doc 9 EX/13).
[332] EU, box 2254 : confid. report of US delegation on general political relations during the 3rd session of Unesco general conference, 31 déc. 1948, p. 8 : « long and heated debate » ; FR., Mission permanente de la France auprès des Nations Unies, carton 117 : rapport confid. de G. Bidault, président de la délégation française, à Robert Schuman, ministre des affaires étrangères, sur la conférence générale de 1948, 26 avril 1949, 45 p., p. 19.
[333] J. Torres Bodet, Memorias III, p. 46 : « mucho tiempo y muchos esfuerzos ». En 1949, l’Unesco consacre un budget de 58 000 dollars à l’Allemagne et au Japon ; en 1950 128 000 dollars ; en 1951, 115 000 dollars (5 C/5 (II), prévisions budgétaires pour l’exercice financier de 1951. Cité par G. Archibald, op. cit., p. 200.)
[334] J. Torres Bodet, Memorias III, p. 284.
[335] ONU, RAG-2/76, box 11 : rapport de la délégation des Nations Unies sur la 4e session de la conférence générale de l’Unesco, de Louis Gros à M. Sze, 7 nov. 1949, p. 3 et 11-12.
[336] 5 C/Débats, p. 353-354, discours de Benton ; cité par G. Archibald, op. cit., p. 202. Subvention de 16,5 millions de dollars.
[337] RP, 16 juill. 1950 : L’Observateur (Paris, 15 juin 1950), dans un article intitulé « L’Unesco et la politique atlantique ».
[338] EU, box 1603 : Rzeczpospolita, 8 avril 1950, « Unesco in the service of the US », art. cit. « under American prsssure » ; « cooperation in reeducation » ; « actually the Unesco is patronizing various youth organizations derived from the former Hitler-jugend. »
[339] EU, box 1600 : télégr. confid., signé Acheson, 1er fév. 1950 : « ex-enemy countries should be brought progressively into responsible participation in international organizations ».
[340] EU, box 1601 : télégr. confid. de K. Holland au secrétaire d’état, 21 fév. 1950, « a more energetic program in Germany » ; rapport hebdomadaire de K. Holland, 9 mars 1950.
[341] EU, box 1601 : plusieurs télégrammes confidentiels ; ex : télégr. du Foreign Office au secrétaire d’état américain, 8 fév. 1950.
[342] EU, box 1603 : rapport confid. de K. Holland au département d’état, 12 mai 1950, 6 p., p. 1.
[343] EU, box 1562 : rapport de Henry J. Kellermann au département d’état, 21 oct. 1957, p. 1.
[344] EU, box 1602 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 30 mars 1950, p. 3 : voyage de K. Holland en Allemagne. Il discute avec le personnel de la zone américaine : J.M. Read, directeur de la division des relations éducatives et culturelles, et Ralph Burns, directeur de la division de l’échange. « They would like to work more closely with Thomson but he feels, and rightly I believe, that the work of Unesco should not be or seem to be a part of the program of the Occupying Powers. » ; EU, box 1601 : rapport de K. Holland, 9 mars 1950 : « Thompson and his staff seem to follow a policy of not associating too closely with the Americans there. Thompson has explained to me that he feels that Unesco as an international organization should not seem to be tied in with the ocupied powers’ program. »
[345] RFA, Bestand B91, Band 254 : rapport de la 23e session de la commission nationale allemande, 9 sept. 1958, p. 6-7.
[346] Le Japon le 2 juillet 1951 et la RFA le 11 juillet 1951. En revanche, la RFA entre à l’ONU seulement en septembre 1973, en même temps que la RDA (G. Archibald, op. cit., p. 202-203). RFA, Bestand B 91, Band 42, 5 juill. 1951 : lt. de Frahne, Auswärtiges Amt, aux représentants diplomatiques et consulaires de la RFA à l’étranger ; lt. de Walter Erbe au maire de Berlin, Reuter, 28 août 1951.
[347] RP, 22 juin 1951: Der Tag, Berlin, 8 juin 1951 : « Unesco without Berlin ? » (traduction anglaise)
[348] RU, FO 924/653 : New York Times, 1er nov. 1948 : « Unesco to Extend Its Work to Japan. Educational Activities Agreed On With MacArthur. Effort Under Way in Germany » par Kathleen Teltsch ; 11 EX/21, 13 octobre 1948 ; RU, FO 924/653 : note de D.J. Cheke, 12 nov. 1948.
[349] RU, FO 924/653 : rapport de la UK liaison mission in Japan, British embassy, Tokyo, au Japan and Pacific department, Foreign Office, 27 septembre 1948.
[350] RU, FO 924/653 : New York Times, 1er nov. 1948 : « Unesco to Extend Its Work ... », art. cit.
[351] EU, box 1601 : télégr. confid. de Elting au secrétaire d’état, 10 fév. 1950.
[352] RU, FO 371/88920 : lt. de Torres Bodet à H.V. Redman, UK Liaison Mission in Japan, 30 juin 1950.
[353] RU, FO 371/88920 : lt. confid. de E.B. Boothby à F.R. Cowell, 18 août 1950 ; lt. confid. de J.S.H. Shattock à Sir Alvary Gascoigne, 12 sept. 1950.
[354] EU, box 1600 : télégr. confid. de D. Acheson, 1er fév. 1950.
[355] EU, box 1601 : ex : télégr. de Londres au secrétaire d’état, 8 fév. 1950 ; reponse du secrétaire d’état à Londres, même jour.
[356] EU, box 1601 : mémorandum de M. Pearson à M. Thomson, 3 mars 1950. Visite des trois Japonais du 26 février 1950 à fin avril 1950. « being potentially very valuable to the further development of Unesco activities in Japan ». EU, box 1602 : plusieurs lettres à ce sujet.
[357] Unesco activities in Japan, fév. 1956, Japanese National Commission for Unesco, 62 p., p. 10. La demande d’admission du Japon est approuvée par le conseil économique et social en janvier 1951 ; son admission à l’Unesco est décidée à la conférence générale de juillet 1951. C’est en sept. 1951 que le Japon signe un traité de paix avec les puissances occidentales, et en décembre 1956 seulement qu’il entre à l’ONU (G. Archibald, op. cit., p. 202-203.)
[358] Emile Delavenay, op. cit., p. 368.
[359] Lettre de T. Lie à Torres Bodet, citée par Benton dans Congrès,Vol. 96, 81e congrès, 2e session, 3 janv. 1950-2 janv. 1951 : 5 sept. 1950, Sénat, p. 14188-14189 : « Unesco action supporting UN in Korea ».
[360] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 136.
[361] G. Archibald, op. cit., p. 214.
[362] RU, FO 371/88901 : télégramme du département d’état au Foreign Office, 7 août 1950.
[363] IT, Gabinetto, pacco 99 : The Evening Star, 3 août 1950 : « Unesco’s Program of Truth on Korea War Pushed by America ».
[364] RU, FO 371/88901 : télégr. du Foreign Office au département d’état, 10 août 1950 ; télégr. du Foreign Office au département d’état, 11 août 1950 : « exceedingly doubtful about desirability of using Unesco as channel for public information work which more properly seems to belong to UN itself. »
[365] RU, FO 371/88901 : lt. confid. de Cape à Cowell, 16 août 1950. Une importante correspondance confidentielle entre le Foreign Office et le département d’état se développe sur cette question durant tout le mois d’août 1950 (RU, FO 371/88901 ; RU: FO 371/95914 : lt. de Cowell à Scopes, 28 mai 1951).
[366] Lt. de T lie à Torres Bodet, 24 août 1950, citée par G. Archibald, op. cit., p. 215.
[367] Emile Delavenay, op. cit., p. 368 ; Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 137. Congrès, Vol 96, 81e congrès, 2e session, 3 janv. 1950-2 janv. 1951 : 5 sept. 1950, Sénat, p. 14188-14189 : « Unesco action supporting UN in Korea » ; lt. de Evans à Jacini, 16 août 1950, citée par G. Archibald, op. cit., p. 214.
[368] RU, FO 371/88902 : télégr. confid, 30 août 1950, non signé, adressé à Sir Harvey, Foreign Office.
[369] G. Archibald, op. cit., p. 165 et 216.
[370] A l’automne 1950, le département d’état américain renforce les effectifs du Unesco relations staff, afin de favoriser au maximum l’action de l’Unesco en Corée. (EU, box 1603 : doc. du 9 nov. 1950).
[371] Congrès,Vol 96, 81e congrès, 2e session, 3 janv. 1950-2 janv. 1951 : 30 août 1950, Sénat, « Unesco », p. 13841-13842.
[372] « Unesco program in Korea is voted. Executive board commits UN body to positive assistance and education campaign », New York Times, 29 août 1950 ; RU, FO 371/88901 : Washington Evening Star, 3 août 1950 : « Unesco’s program of truth on korea war pushed by America ».
[373] Il compare l’attitude de l’Unesco à l’égard de la Corée du Nord à l’attitude « d’un père indulgent réprimandant gentiment un enfant gâté pour son comportement ». Congrès,Vol 96, 81e congrès, 2e session, 3 janv. 1950-2 janv. 1951 : 5 sept. 1950, Sénat, p. 14188-14189 : « Unfortunately, however, Unesco did not go far enough with its resolution. » ; « is somewhat like that of an indulgent father gently chiding a spoiled child for its misbehavior. »
[374] Torres Bodet, Memorias III, p. 138: « inmoral que nos convirtiesemos en un insturmento de propaganda del Departamento de Estado. » ; G. Archibald, op. cit., p. 165 et 217.
[375] RU, FO 371/95914 : « Unesco’s inaction on Korea attacked », New York Times, 10 mai 1951, p. 2 ; Congrès, Vol. 96, 81e congrès, 2e session, 3 janv. 1950-2 janv. 1951 : « Unesco program on Korea is voted », p. 13842.
[376] RU, FO 371/95913 : lt. de Cowell à Dudley, 11 avril 1951.
[377] Reconstitution de l’enseignement dans la République de Corée, Paris, Unesco, 1954, 226 p. ; G. Archibald, p. 217-218.
[378] Journal Métraux, 6 fév. 1953 (p. 474).
[379] Film n° 551, 1952.
[380] Courrier de l’Unesco, juin 1951 ; octobre 1955, p. 8 : « La Corée est redevenue le pays du matin calme ».
[381] Ex : en juillet 1951, un article dans Les Lettres Françaises, condamne le rédacteur en chef du Courrier de l’Unesco, pour avoir, dans le numéro de juin 1951, « célébré l’anniversaire de l’entrée en guerre des Etats-Unis en Corée » (RP, 3 août 1951 : Les lettres françaises, Paris, 19 juill. 1951)
[382] Educ/38/1947, 2 juill. 1947.
[383] SCHM 9 : lt. de Wilfred Cantwell Smith, 25 avril 1952.
[384] SCHM 9 : lt. de G. Métraux à R. Turner, 22 août 1952 ; rapporte les propositions du prof. Kerner, directeur de l’Institute of Slavic Studies de l’université de Californie : « communism as an expression of Russian imperialism » par « communism as an expression of a world revolutionary policy » ; SCHM 9 : lt. Guy Métraux à Carneiro, 27 août 1952.
[385] EU, box 1556 : télégramme du département d’état à l’ambassade américaine de Rio, 30 avril 1956.
[386] 3 A 31 Register of legal documentation in the world : mémo de T. Ilosvay à K. Szczerba-Likiernik, 20 janv. 1954, 5 p., p. 1 ; lt. de K. Szcezrba-Likiernik à J. Meyriat, 17 avril 1952.
[387] OHRO, interview de Luther Evans, p. 319- 320 : la conférence a fait « a ringing declaration in favor of the commnication of scientific and other truths to all mankind » ; « a great statement of doctrine » ; « a ringing declaration ».
[388] EU, box 2243 : lt. confid. de Benton au secrétaire d’état, 22 sept. 1947 ; discours de Milton Eisenhower à l’ouverture de la conférence de la commission nationale américaine, à Chicago en septembre 1947.
[389] Christian Breunig, Kommunikationspolitik ..., op. cit., p. 61-62.
[390] 347.78 A 102/064(44) « 47 » : A. de Blonay répond à la plainte d’Ivo Fleishmann, attaché culturel de l’ambassade de Tchécoslovaquie à Paris, 16 sept. 1949.
[391] CUA/6, 1950 : projet de convention ; 347.78 A 102/064 (44) « 51 » : CL/468 du 23 janv. 51 ; lt. de F. Hepp à André de Blonay, 26 avril 1951.
[392] C. Osakwe, op. cit., p. 136 et 164.
[393] RP, 14 nov. 1952 : The Economist, Londres, 18 oct. 1952 : « Europe’s Own Harwell » ; RP, 14 nov. 1952 : La Libre Belgique, 23 oct. 1952 : « sensationnelles révélations anglaises sur l’institut atomique ‘européen’. Il faut immediatement écarter ce péril de Genève » ; La Voix ouvrière (Genève), Gazette de Lausanne, 28 oct. 1952 : même article que dans La Libre Belgique ; RP, 12 nov. 1953 : L’Humanité, 6 nov. 1953 ; RP, 14 nov. 1952 : Le Figaro, 1-2 nov. 1952 : article de Guy-G. Walrand sur le CERN ; RP, 29 juill. 1954 : La Voix Ouvrière, journal communiste de Genève : « Le CERN prendra l’eau des paysans, ralentira la construction des logements et fera augmenter les impôts ». La Tribune de Genève ; RP, 15 oct. 1954 : L’Humanité, 30 sept. 1954 : « On est loin d’une institution qui permettrait une coopération scientifique normale entre nations » ; article de Irène Joliot Curie dans Le Monde le 11 juin 1954 ; RP, 10 mars 55 : Journal de Genève, 27 fév. 1955.
[394] RP, 15 oct. 54 : L’Humanité, 30 sept. 1954 : « Le CERN où l’Allemagne d’Adenauer est entrée hier du même pied que la France est un grave coup porté aux intérêts de notre science nationale ».
[395] RP, 12 nov. 53 : Manchester Guardian : « A European Laboratory - Peaceful Research in Common »
[396] OHRO, interview de Luther Evans, p. 365.
[397] IT, Carte di Gabinetto, 1943-1958 : pacco 99 : lt. de Picone à Fausto Bacchetti, 3 janv. 1951.
[398] RP, 12 déc. 1952 : Combat, 25 nov. 1952 : « Après la démission de Torres Bodet, où va l’Unesco ? »
[399] PHS/9, 20 octobre 1948 : « plan de recherches sur les cultures africaines » : en 1948, alors que l’Unesco envisage de lancer un programme de recherches sur les cultures africaines, le Colonial Social Science Research Council engage une correspondance avec l’Unesco pour mettre en place une collaboration à ce sujet.
[400] RU, CO 859/89/10 : Unesco, proposal to set up Unesco film department, 1946, note de H. David, 28 janv. 1946. Et aussi, en 1948, le ministère des affaires étrangères italien souligne dans un document confidentiel l’intérêt politique que l’Italie peut retirer des manifestations culturelles organisées dans le cadre de la conférence générale de Beyrouth : « l’organisation […] d’initiatives adéquates de notre part à cette occasion serait particulièrement opportune pour l’orientation de l’opinion publique arabe à notre égard, en rapport avec le développement que prendra, à peu près au même moment, la question des colonies italiennes (IT., affari politici 1946-50, organisazioni internazionali, busta n° 26 : télégramme d’Alessandrini au ministère, 10 mai 1948).
[401] 408.1 : mémo confid. de Marcel Destombes (service des relations extérieures de l’Unesco), au DG, 29 août 1951, 4 p.
[402] 408.1 : mémo confid. de M. Destombes au DG, 6 sept. 1951, 4 p. ; mémo confid. de M. Destombes au DG, 29 août 1951, 4p.
[403] 408.1 : mémo confid. de Maheu à Blonay et Guiton, 10 sept. 1951, 5 p., p. 4. Pour Maheu, « en aucun cas on ne saurait soumettre à un examen préalable de quelques Etats le texte d’un rapport où l’on prétend exprimer les vues de l’Organisation, surtout sur une question aussi délicate que celle qui fait l’objet du présent rapport et qui se prête si aisément à la controverse politique. »
[404] RU, FO 371/88919 : lt. de St-J. Chadwick à Ormerod, 14 avril 1950.
[405] RU, FO 371/88903 : lt. de H.B. McKenzie Johnston à C.M. LeQuesne, 8 juill. 1950.
[406] RU, FO 371/117530 : mémorandum de H.F. Bartlett, 14 mars 1955 ; Journal Métraux, 15 fév. 1951, p. 307 : Métraux estime (se référant à Marcel Destombes) que les efforts des Britanniques pour participer activement aux projets d’éducation de base en Afrique s’expliqueraient par leur volonté d’étendre leur influence politique en Afrique, et notamment par « une sorte de complot politique dont l’un des objectifs serait d’annexer le Togo ».
[407] RU, FO 371/97165 : lt. de F.R. Cowell à K. Butler, 24 juin 1952 : « he paid a handsome tribute to British colonial administration ».
[408] Journal Métraux, 5 janv. 1952, p. 347.
[409] RP/9/49, 22 mars 1949 : La revue coloniale belge (Bruxelles, 1er mars 1949) présente un article de 3 p. de Marcel Maquet, gouverneur du Congo belge et membre de la délégation belge à l’Unesco.
[410] Journal Métraux, 7 mars 1953, p. 482.
[411] Elhem Chniti, op. cit., p. 569.
[412] RU, FO 371/88903 : lt. de M. Wilson à M. Hildyard, 7 fév. 1950 ; lt. confid. de C.J. Jeffries à J. Maud, 11 fév. 1950 ; télégr. confid. de Sir O. Harvey, 28 fév. 1950.
[413] Unesco and a world society, op. cit., p. 14-15, 23-24. « no honest eye regarding the history of recent centuries can say that wars begin among the backward and illiterat populations. Poverty, lack of vitality and a high death rate have, on the whole, kept them peaceable. »
[414] RP/10, 6 janv. 1948 : Guardian (Londres).
[415] RU, FO 371/88915 : mémorandum de Paul Matthews au Foreign Office, 26 janv. 1950, p. 3 ; lt. confid. de Miss Salt à Cowell, 8 mars 1950 ; lt. de M.H. Dorman (Colonial Office) à Miss Salt, 20 mars 1950 ; note de Dorman, 20 mars 1950 : il fait valoir que le Colonial Office a beaucoup contribué aux actions de l’Unesco dans les colonies, notamment concernant la réalisation du manuel Etudes à l’étranger II ; l’utilisation des coupons Unesco ; il souligne que les organisations culturelles dans les colonies britanniques ont contribué à l’exposition Unesco de textes littéraires d’Afrique et d’Indonésie ; que des représentants des colonies britanniques ont assisté aux séminaires de l’Unesco sur l’éducation (tenus à Ashridge, Poolebrady, Elsinor, Nankin, et Mysore), et aux conférences générales de l’Unesco ; que la colonie britannique du Nyassaland coopère à un projet pilote d’éducation de base de l’Unesco ; et que trois colonies britanniques ont développé des projets associés d’éducation de base avec l’Unesco.
[416] RU, FO 371/88915 : mémo confid. de T.I.K. Lloyd, Colonial office, 15 mars 1950. « at all costs we should avoid the position where we alone are resisting not only pressure from other delegations at Unesco but also a popular wish in particular territories for such closer relations. » ; « if we do not take this step, the Americans or somebody else will. Whatever may be the value of such closer association, it seems to us an inevitable tendency. This being so, it is entirely to our advantage to avoid criticism by taking the initiative ourselves and so ensuring, so far as we can, that the proposal is put forward in an acceptable form ».
[417] ONU, RAG-2/76, box 11 : rapport des Nations Unies sur la 5e session de la conférence générale de l’Unesco, par Gustavo Duran, 21 juill. 1950, 16 p., p. 15, 8-9.
[418] CUA/72, 30 janv. 1956, p. 2, 4.
[419] Celui-ci, dans une conférence de presse en juin 1947, déplore la prédominance de l’influence occidentale à l’Unesco, et exprime son désir de voir les Etats non occidentaux y trouver la place qu’ils méritent (EU, box 2241 : 16 juin 1947, lt. confid. de Morrill Cody, attaché de relations culturelles, Mexico, au secrétaire d’état américain, 2 p.). En juin-juillet 1947, il effectue une grande tournée dans ces Etats afin d’y faire la promotion de l’Unesco et d’inciter ceux qui n’ont pas encore adhéré officiellement à l’organisation à le faire (FR, NUOI 1946-59, carton 333 : direction des affaires culturelles, service de l’Unesco, note n°3, 25 août 1947 : « note sur la 3e session du conseil exécutif de l’Unesco ». La note affirme que selon les échos recueillis par le département d’état, ce voyage n’aurait pas réussi à vaincre les réticences de plusieurs de ces gouvernements).
[420] EU, box 2254 : Arthur Compton à Allen, confidential report on 3rd session of Unesco general conference, nov. déc. 1948, p. 1. « has developed a strong and united front on major issues which is very hard to break ».
[421] Ibid. ; Hassan Nafaa, op. cit., p. 625-628. Depuis son indépendance en 1922, l’Egypte est très active sur la scène internationale. Durant l’entre-deux-guerres, elle a participé aux activités de l’IICI. Elle fait partie des membres fondateurs de l’Unesco. La position de l’Egypte à l’Unesco repose sur la volonté d’orienter la politique générale de l’Unesco vers l’action opérationnelle, et de favoriser un budget élevé pour l’Unesco.
[422] Ascher, box 148 : 3C/VR 2, Beirut, 19 nov. 48, 22 p., p. 14-16.
[423] EU, box 2254 : Arthur Compton à Allen, confidential report…, doc. cit., p. 2 ; US delegation 3rd session of general conference, Beirut, déc. 1948, report on general political relations during 3rd session of Unesco general conference, 31 déc. 1948 (confid.), p. 4 : « there was a marked display of Arab-Latin-Amer solidarity on major political issues » ; « a formidable bloc ».
[424] EU, box 2254 : Le Journal d’Egypte, 27 nov. 1948 : Marcel Perrier, « Avec la nomination d’un directeur général mexicain à l’Unesco… La collaboration entre les pays arabes et ceux d’Amérique latine va entrer dans une phase nouvelle ».
[425] Ascher, box 149 : The formulation of Unesco programme, by Robert S. Smith, Harvard, 31 janv. 1949, 131p., p. 111, 125.
[426] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 163 et 175, Ce groupe s’accroît numériquement par l’entrée, début 1949, de la Thaïlande, de la Birmanie, puis de Ceylan, à l’Unesco.
[427] Informal report of the US Delegation to the seventh session ..., doc. cit., p. 2 : « the rising influence in conference debate of the economically under-developed countries ».
[428] J. Torres Bodet, Memorias III, p. 361, 364, 210. M. Mendis, de Ceylan, souhaite renforcer l’expérience pilote d’éducation rurale à Minneriya. Al Yassin, d’Irak, aurait souhaité que les experts de l’Unesco comprennent mieux les problèmes de son pays. Li Shu-hua, de Chine, déplore que l’Unesco n’intensifie pas le projet de traductions de chefs d’oeuvre de littérature universelle. Geronima Pecson, des Philippines, s’est plainte que ne soient pas proposés des crédits plus importants pour des bourses. Agung Goe Agung, d’Indonésie, estime qu’il faudrait ouvrir, dans le recrutement du personnel de l’Unesco, des possibilités plus grandes pour les nationaux de certains peuples venant d’acquérir leur indépendance. Sharif du Pakistan souhaite une aide aux pays en voie de développement pour leur permettre de mettre en place un enseignement primaire gratuit. Salem, de Jordnaie, demande de l’aide pour un dictionnaire anglais -arabe-français, et pour les etudiants des Etats arabes ; etc.
[429] EU, box 2252 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 27 oct. 1948.
[430] FR., NUOI carton 835, doc. confid. du 17 juillet 1950.
[431] FR., NUOI carton 835, note confidentielle du ministère des affaires étrangères, 27 mars 1953 ; OHRO, interview de Luther Evans, p. 387, 396 : le département d’état a fait proposer Charles Malik comme candidat en 1952, grande figure de l’assemblée générale de l’ONU, ambassadeur du Liban aux Etats-Unis.
[432] Journal Métraux, 25 nov. 52.
[433] RP/3/49, 17 avril 1953 : Le Monde, 9 avril 1952.
[434] FR, Mission permanente française auprès des Nations Unies, carton 117 : rapport confid. de G. Bidault à Robert Schuman, 26 avril 1949, 45 p., p. 1 et 20-22.
[435] EU, box 2248 : lt. confid. de la délégation américaine à Beyrouth au département d’état, 27 avril 1948.
[436] IT., affari politici 1946-50, organisazioni internazionali, busta n° 26 : Unesco press release n°110, 6 août 1948.
[437] EU, box 2254 : US delegation to the 3rd session of the general conference, Beirut, déc. 1948, report on general political relations during the 3rd session of Unesco general conference, 31 déc. 1948 (confid.), p. 1-2.
[438] Ibid ; EU, box 2252 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 27 oct. 1948, p. 3-4 ; ONU, RAG 2 /76, box 10 : XC/VR.2, 16 sept. 1948. Cependant, au sein du camp occidental, il n’y a pas unanimité : le président du principal syndicat américain, la American Federation of Labour (AFL), a protesté officiellement auprès du gouvernement américain contre la tenue de la conférence à Beyrouth. EU, box 2252 télégramme de William Green, president de l’AFL, au département d’état, 1er oct. 1948 ; rapport de K. Holland à Ch. Thomson, 27 oct. 1948, p. 3 -4. En signe de protestation contre cette décision, la Pologne, la Hongrie, et la Tchécoslovaquie n’envoient pas de délégués à la conférence générale de 1948.
[439] EU, box 1603 : telespresso n°2042/483 de la délégation d’Italie à Beyrouth, 11 oct. 1948.
[440] FR., Nantes, mission permanente de la France auprès des Nations Unies, carton 117 : rapport confid. de G. Bidault à Robert Schuman, 26 avril 1949, 45 p., p. 20-22 ; Mme McCormick, article dans New York Times, 20 novembre 1948 ; EU, box 1603 : telespresso n°1152, adressé par Valdenaro au ministère des affaires étrangères italien, 26 nov. 1948.
[441] J. Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 47 : « una verdadera proeza ».
[442] EU, box 1603 : telespresso n°2042/483 de la délégation d’Italie à Beyrouth, 11 oct. 1948.
[443] IT., Carte di Gabinetto, 1943-1958 : pacco 99 : note du ministere affaires étrangères, direction générale des relations culturelles avec l’etranger, 9 fév. 1950.
[444] Informal report of the US Delegation to the seventh session ..., doc. cit., p. 5.
[445] Conférence générale 1946, C/30, 13e réunion plénière, p. 88-90 ; box 2241 : rapport confid. d’Albert Noyes à William Benton, 24 déc. 1946, 16 p., p. 4.
[446] EU, box 2244 : lt. confid. de Dorsey Gassaway Fisher, premier secrétaire d’ambassade au Mexique, au secrétaire d’état, 5 déc. 1947, 4 p., p. 4.
[447] K. Holland, rapport cité, « a great deal of national and racial feeling and pride », p. 2.
[448] Ibid. ; EU, box 2244 : lt. confid. de Dorsey Gassaway Fisher au secrétaire d’état, 19 déc. 1947.
[449] La délégation américaine observe durant cette conférence « la solidarité entre Etats arabes et latino-américains » sur la question des langues de travail ; ces pays ont convenu que c’est la délégation syrienne qui propose l’espagnol comme langue de travail, et en échange une délégation hispanophone fera la demande pour la langue arabe plus tard. EU, box 2254 : US delegation to the 3rd session of the general conference, Beirut, rapport confid. du 31 déc. 1948, doc. cit. p. 4-5. FR, Nantes, Mission permanente de la France auprès des Nations Unies, carton 117 : rapport de G. Bidault à Robert Schuman, 26 avril 1949, doc. cit., p. 16-17.
[450] Journal de la conférence générale de 1947, vol I : 4e séance plénière, 8 nov. 1947 : intervention de S. Radakrishnan, p. 61-62 ; SC/ADM/12 (cité dans G. Archibald, op. cit., p. 170) : en 1950, sur les 345 postes de hauts fonctionnaires du Secrétariat, 156 sont occupés par des Américains, des Français et des Britanniques.
[451] RU, FO 371/97165 : lt. confid. de C.F. Capper à R. Allen, 3 mai 1952 ; hostilité de Massaquoi à l’envoi de Norman Steven Hubbard, ancien administrateur colonial britannique, sur le projet du Liberia, en remplacement de Jablow ; lt. confid. de Capper à Allen, 29 juill. 1952 : le nouveau chef de mission d’éducation de base nommé par l’Unesco au Libéria, D. Sadasivi Reddi, est hostile au Royaume-Uni ; d’ailleurs, il a, sur sa carte de visite, barré ses diplômes d’Oxford.
[452] G. Archibald, op. cit., p. 92.
[453] Journal de la conférence générale de 1947, vol I, 5e séance plénière, 10 nov. 47 : intervention de Carneiro, p. 72.
[454] EU, box 2254 : rapport confid. de la délégation américaine du 31 déc. 1948, doc. cit., p. 4. « a marked display of Arab-Latin-Amer solidarity on major political issues. » ; « The latin-american proposal that a regional center be established in Cuba was backed solidly by all the Arab states and the proposal for a regional cultural center in the Middle East was backed solidly by the Latin Americans. » ; « a formidable bloc ».
[455] FR, Nantes, carton 117 : rapport de G. Bidault à Robert Schuman, 26 avril 1949, doc. cit., p. 15-16 ; EU, box 2254 : memorandum to the secretary on the Unesco conference at Beirut, nov. 17-dec. 11, 1948, par George V. Allen, président de la délégation américaine, p. 14. Il y a notamment des réticences des Etats-Unis, qui craignent que les activités de ce centre n’entrent en concurrence avec celles du département des affaires culturelles de la Pan American Union.
[456] Courrier de l’Unesco, juillet 1949, p. 1-2 : « Création d’un bureau régional de l’Unesco pour l’hémisphère occidental » ; EU, box 1601 : « Constituye un exito la creacion de la Unesco », journal cubain El Mundo, 26 fév. 1950, p. 1 et 12.
[457] EU, box 1600 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 6 janv. 1950.
[458] FR, Relations culturelles 1951-52. Carton n°242 : note pour le secrétariat des conférences, 19 juill. 1951. De même, lors de la Conférence des représentants des organisations internationales de jeunesse, organisée en novembre 1951 par l’Unesco, les organisations représentées recommandent à l’Unesco d’ « augmenter la participation de l’Asie, de l’Afrique, de l’Australie et de l’Amérique latine à ses activités ». (ED/121, 18 fév. 1952, 32 p., p. 9).
[459] EU, box 1600 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 6 janv. 1950 : « an increasing tendency on the part of the Secretariat toward regionalization » ; Charles Asher, Program-making in Unesco, ..., p. 33 ; note confidentielle du ministère des affaires étrangères, 27 mars 1953, doc. cit. ; en revanche, l’observateur permanent du Saint Siège à l’Unesco, dans une conversation privée, se déclare favorable à la déconcentration des activités de l’Unesco par la mise en place de nombreux bureaux et centres de formation dans les Etats membres (RU, FO 371/107247 : lt. confid. de Roberts, British legation to the Holy See, à Alan Dudley, Foreign Office, 6 mai 1953).
[460] EU, box 1603 : lt. confid. de l’ambassade américine de Tel Aviv au départemen d’état, 11 mai 1950.
[461] Julian Huxley, Memories II, op. cit., p. 39.
[462] Torres Bodet, Memorias III, op. cit., p. 47, 177-178, 182, 262.
[463] OHRO, interview de Luther Evans, p. 370-371.
[464] Note confidentielle du 27 mars 1953, écrite par le ministère des affaires étrangères.
[465] RP, 25 mai 1951 : éditorial, La Epoca, Buenos Aires, 18 avril 1951.
[466] G. Archibald, op. cit., p. 133. À la 16e session de l’Ecosoc (juillet 1953), le délégué soviétique annonce une contribtion soviétique d’1 million de dollars au PEAT. Mais cette aide est limitée aux agences de l’ONU dont l’URSS est membre, donc ne concerne pas encore l’Unesco ; IT : Affari politici, 1950-1956 : ufficio IV, 1954, Italia, pacco 1234, posiz. 88 : LOM/1716, télégramme du 22 avril 1954, de Paris, au ministère des affaires étrangères italien.
[467] OHRO, interview de Luther Evans, p. 452-455.
[468] C. Osakwe, op. cit., p. 137. Osakwe observe une différence de traduction entre la version russe et la version anglaise de l’acte constitutif de l’Unesco : l’art. 2, par.1, dans la version anglaise, affirme : « membership of the UNO shall carry with it the right to membership of the Unesco » ; la version française affirme : « les états membres de l’ONU possèdent le droit de faire partie de l’Unesco » ; et l’art. 2, par. 6, stipule : « provides member states with a machinery for contracting out of the Organization should they wish to do so. » La version russe de l’acte constitutif est, pour l’art. 2, par.1 : « admission to membership of the Unesco shall be open to member states of the UN », ce qui laisse entendre que ce n’est pas automatique. Or l’article 14 stipule que « the english and french texts of this constitution shall be regarded as equally authoritative ». La version russe ne fait pas autorité. Ainsi, selon Osakwe, l’URSS, étant membre de l’ONU, avait en fait droit automatiquement à devenir membre de l’Unesco, si elle le voulait ; mais elle ne connaissait pas ce droit, qui n’était pas clairement exprimé dans la version russe de l’acte constitutif.
[469] IT, Affari politici, 1950-1956 : ufficio IV, 1954, Italia, pacco 1234, posiz. 88 : télégramme du 22 avril 1954, doc. cit. ; RP, 15 oct. 1954 : Le Monde diplomatique, 4 oct. 1954 : Maheu déclare que l’admission de l’URSS à l’Unesco est un fait d’une importance capitale ; RP, 19 nov. 1954 : Le Monde, 17 nov. 1954 ; RP, 15 oct. 1954 : Le Monde, 15 oct. 1954 ; RP, 15 oct. 1954 : Le Monde diplomatique, 4 oct. 1954 : l’entrée de l’URSS à l’Unesco est bien perçue par la presse française.
[470] Les Etats-Unis expliquent l’adhésion de l’URSS par le fait que l’URSS aurait d’abord voulu couler l’Unesco en n’y participant pas, puis, voyant que l’Unesco fonctionnait finalement bien, aurait changé d’avis (William Benton, « The defenses of Peace : progress report on Unesco », Saturday Review, 7 mars 1964, art. cit.) ; Benton va jusqu’à interpréter l’entrée de l’URSS à l’Unesco comme une reconnaissance par l’URSS de l’efficacité des idées du « monde libre » (G. Archibald, op. cit., p. 208).
[471] EU, box 1554 : lt. de Edward G.Trueblood, de l’ambassade américaine de Paris, au département d’état, 13 oct. 1955 : au sujet du voyage d’Evans en URSS : « he found on every hand an astonishing desire to cooperate with Unesco. This was manifested in an almost child-like eagerness on the part of Soviet officials to learn of Unesco projects. »
[472] H. Cassirer évoque la conférence internationale de producteurs d’émissions éducatives de télévision organisée à Londres en 1954 par l’Unesco et la BBC comme une « rencontre historique » : « pour la première fois, des professionnels de l’Union soviétique qui venait d’adhérer à l’Unesco, prirent part à un libre-échange d’idées et d’expériences avec leurs collègues de l’ouest » ; Henry Cassirer, Un siècle de combat…, p. 211.
[473] E. Delavenay, op. cit., p. 390-391. Il est contraint de démissionner, invoquant devoir aller à Moscou aider ses parents à déménager, prétexte classique invoqué dans ces cas-là. Témoignage confirmé par les interviews de Dumitrescu, Batisse, et Bolla.
[474] M. Prévost, op. cit., p. 170-173 ; EU, box 823 : memorandum de conversation entre Maheu et Harlan Cleveland, 5 juill. 1961.
[475] E. Delavenay, op. cit., p. 390, 375 : Kemenov. est critique d’art et spécialiste de Shakespeare. Il succède à Alexander Solodovnikov ; en 1959, Kemenov. est remplacé par le biologiste Noraïr Sissakian, médecin des cosmonautes soviétiques ; interview Pauline Koffler : Olga Rodel est fille de russes blancs.
[476] 42 EX/38, annexe I (cité par G. Archibald, op. cit., p. 171).
[477] EU, box 1562 : lt. de Richard W. Tims, de l’ambassade américaine à Prague, au département d’état, 14 nov. 1957.
[478] IT, Affari politici, 1950-1956 : ufficio IV, 1954, Italia, pacco 1234, posiz. 88 : telespresso n°7662/1883, doc. cit.
[479] Milan Milanov, Unesco and Bulgaria, Sofia Press, 1985, 89 p. L’auteur a été de 1979 à 1983 représentant permanent de la Bulgarie à l’Unesco. p. 18. En 1954, l’Albanie et la Bulgarie demandent à être admises à l’Unesco. Ces demandes sont examinées en nov. 1954 par la 18e session de l’Ecosoc (RFA, Bestand B 91, band 42 : Ecosoc, E/2657, 18 oct. 1954 ; lt. de l’observateur de RFA auprès des Nations Unies à l’Auswärtiges Amt, 3 nov. 1954.
[480] X 07.83 Lengrand, I : rapport de Paul Lengrand au directeur général, sur sa mission en Yougoslavie, 15 oct. 1956, 4 p., p. 2.
[481] IT, Affari politici, 1950-1956 : ufficio IV, 1954, Italia, pacco 1234, posiz. 88 : télégramme du 22 avril 1954, doc. cit. Une délégation soviétique, qui participe à une conférence de l’Unesco sur la protection des trésors artistiques en temps de guerre, y demande l’exclusion de la Chine nationaliste de l’Unesco (21 avril 1954).
[482] RFA, Bestand B91, Band 54 : rapport de Bünger, 22 avril 1954, doc. cit.
[483] RFA, Bestand B91, Referat 601, Band 16 : télégramme de Paris (Hardenberg, Jansen) à Bonn, 14 sept. 1956.
[484] XO7.21(44)NC, II : document : « Séance plénière de la Commission nationale française pour l’Unesco, ministère des affaires étrangères », 25 juin 1956, 70 p., p. 14.
[485] EU, box 1562 : lt. confid. de Henry J. Kellermann, au département d’état, 23 oct. 1957 ; lt. confid. de Oliver M. Marcy au département d’état, doc. cit., p. 5.
[486] FR, NUOI 834, admission des pays à l’Unesco, note pour la DGACT de la direction générale politique ; à la conférence générale de 1958, Seydoux, chef de la délégation française, rappelle le rôle de « guide » et de « tuteur » de l’ONU, et rappelle qu’une décision sur ce point serait contraire à la charte de l’Unesco ; 10 C/2, 38.1, 5 nov. 1958. (cités dans Bourreau, op. cit., p. 94-95) ; XO7.21(44)NC, II : « Séance plénière de la Commission nationale française pour l’Unesco, ministère des affaires étrangères », 25 juin 1956, 70 p., p. 14.
[487] L’Express, 10 déc. 1959, p. 35-37 : « Document : l’avenir de l’espèce humaine », par J. Huxley.
[488] Congrès : Vol. 105, 86e congrès, 1e session, 7 janv.-14 sept. 1959 : adresses : Unesco programs in Republic of China, by Dison Hsueh-feng Poe, A2274.
[489] Conformément à l’art. II du traité entre l’ONU et l’Unesco, c’est d’abord le conseil économique et social qui doit donner son accord, avant que l’Unesco puisse décider de l’admission d’un nouvel Etat membre ; RFA, Bestand B91, Band 54 : rapport de Bünger, 22 avril 1954, doc. cit. Lors d’une séance secrete en 1954, le conseil exécutif a décidé de refuser de prendre position sur l’éventuelle exigence soviétique de permettre à des observateurs de RDA d’assister à la conférence générale, au motif que les questions politiques ne doivent être traitées qu’en conférence générale (RFA, Bestand B 91, band 42 : télégr. de Walther, Paris, à l’Auswartiges Amt, 21 sept. 1954).
[490] RFA, Bestand B 91, band 42 : lt. de Lothar Bolz, ministère des affaires étrangères de RDA, au directeur général de l’Unesco, 22 août 1955 ; lt. du représentant permanent de RFA auprès des Nations Unies à l’Auswärtiges Amt, 13 oct. 1955 ; Ecosoc, doc E/2800, 10 oct. 1955 ; lt. du directeur général de l’Unesco au secrétaire général de l’ONU, 7 sept. 1955.
[491] RFA, Bestand B 91, band 42 : lt. de Hardenberg à l’ambassade de la RFA à Bangkok, 16 déc. 1955.
[492] Ces démarches sont fructueuses auprès d’états comme le Liban, l’Equateur, la Turquie, les Pays-Bas, la Norvège, etc . RFA, Bestand B 91, Band 42 : lt. de l’ambassade de RFA de Beyrouth à l’Auswärtiges Amt, Bonn, 8 nov. 1955 ; télégr. de Kühn, de Quito, à l’Auswärtiges Amt, 7 nov. 1955 ; télégramme de Haas, Ankara, à Auswärtiges Amt, 7 nov. 1955 ; télégramme de Mühlenfeld, Den Haag, à Auswärtiges Amt, 7 nov. 1955 ; télégr. De Broich, Oslo, à Auswärtiges Amt, 7 nov. 1955.
[493] RFA, Bestand B 91, Band 42 : lt. de Hardenberg à l’ambasade de la RFA à Bangkok, 16 déc. 1955. Le conseil exécutif, à sa 42e session, refuse de traiter cette question.
[494] Sur la pression de la RFA, qui convainc la majorité des autres Etats (RFA, Bestand B 91, Band 16 : télégramme de Hardenberg, Paris, à Bonn, 14 sept. 1956).
[495] EU, box 1562 : lt. confidentielle de Henry J. Kellermann au département d’état, 23 oct. 1957 : la Yougoslavie résiste à la pression de l’URSS lui demandant d’insister pour l’invitation de la RDA.
[496] EU, box 1568 : lt. confid. de Henry J. Kellermann au département d’état, 24 juin 1959, 4 p., p. 2-4. C’est le représentant permanent de la RFA à l’Unesco, von Simson, qui a invité les scientifiques est-allemands à participer à la conférence, ainsi qu’il le révèle confidentiellement à Kellermann.
[497] La Roumanie demande son admission lors de la conférence générale de 1954, mais les Etats membres ne la votent pas. RFA, Bestand B 91, Band 42 : lt. de Dimitresco, ambassade de Roumanie en Espagne, à l’ambassadeur de RFA à Madrid, 10 déc. 1954 ; mémoire adressé au président de la VIIIe conférence générale de l’Unesco par les trois institutions roumaines qui fonctionnent en Espagne avec l’assentiment du gouvernement espagnol ; lt. du comité national roumain au délégué de la RFA à l’Unesco, 9 nov. 1954 ; la Roumanie avait le 18 mai 1954 demandé par lettre de son ministre des affaires étrangères au directeur général de l’Unesco d’être admise. Le 12 juillet 1954, l’Ecosoc avait voté de manière positive sur la question de l’admission de la Roumanie à l’Unesco, bien qu’il ait été averti par une lettre du Congrès mondial Juif de perscutions de juifs en Roumanie (lt. du consulat général de RFA en Suisse au ministère des affaires étrangères, Bonn, 14 juillet 1954).
[498] RFA, Bestand B 91, Referat 601, Band 16 : télégramme de Hardenberg à Bonn, 14 sept. 1956.
[499] Les Etats-Unis font valoir que ces ONG ne remplissent pas les critères d’éligibilité prévus dans le par. 13 des directives concernant les relations de l’Unesco avec les ONG. EU, box 1564 : instruction du département d’état à l’ambassade américaine de Paris, 7 mars 1958. International Broadcasting Organization ; International Organization of Journalists ; International Union of Students ; World Federation of Democratic Youth ; World Federation of Scientific Workers ; International Federation of Democratic Lawyers. EU, box 821 : USDEL 11 C/5, 12 oct. 1960 : les ONG communistes rejetées sont : International Broadcasting Organisation, International Organisation of Journalists, World Federation of Democratic Youth, International Federation of Democratic Lawyers.
[500] Il assure l’interim du 2 déc. 1952 au 3 juill. 1953 ; G. Archibald, op. cit., p. 154.
[501] Note confidentielle du ministère des affaires étrangères français, 27 mars 1953, doc. cit.
[502] Emile Delavenay, p. 373. Elu à la 2e session extraordinaire de la conférence générale, par 39 voix contre 17.
[503] Lt. du 10 janv. 1948 de L. Evans à W. Benton, cité par G. Archibald, op. cit., p. 147.
[504] Dans ce contexte, le poste de directeur général lui donnait désormais « un fort honorable point de chute » (Emile Delavenay, op. cit., p. 373).
[505] J. Huxley, Memories, II, op. cit., p. 67 : « to my surprise ».
[506] Le gouvernement américain n’a pas spécialement souhaité son élection ; peut-être parce qu’Evans, démocrate, qui s’était engagé dans une lutte contre la censure, ne correspondait pas aux critères du nouveau gouvernement républicain (G. Archibald, op. cit., p. 156.)
[507] Le Monde, 3 juill. 1953 : « Le Dr. Luther Evans est élu directeur général de l’Unesco ». « La nomination du Dr. Evans ne sera en tout cas pas accueillie avec autant de faveur que le fut celle de M. Torres Bodet » ; OHRO, interview de Luther Evans, p. 406 : vive opposition d’intellectuels européens comme Jean Piaget, directeur du BIE, à l’élection d’Evans.
[508] FR., NUOI 1946-1959, carton n°333 : direction des relations culturelles, RC.BOI, note pour M. de Bourbon-Busset, non datée.
[509] G. Archibald, op. cit., p. 154.
[510] E. Chniti, op. cit., p. 692 ; RU, FO 371/117539 : lt. de I.T.M. Pink à M. Kirkpatrick, 13 août 1955.
[511] RP, 19 mai 1953 : Revue de Paris, mai 1953 : article de P.L. Bret : si la structure du conseil exécutif était modifiée, l’Unesco « risquerait alors de se transformer en simple rouage de la machine de guerre psychologique » ; et RFA, Bestand B 91, Band 16 : Neue Zürcher Zeitung, 9 nov. 1956, « Zehn Jahre Unesco », p. 3.
[512] 8 C/Débats, 11e séance plénière, 22 nov. 1954, p. 172-173. Amendement de l’article V de l’acte constitutif (cité par G. Archibald, op. cit., p. 167) ; Emile Delavenay, op. cit., p. 374 ; Chris Osakwe, op. cit., p. 157.
[513] FR, NUOI 1946-1959, carton n°333 : note confidentielle de la direction des relations culturelles, n°RC.BOI.UN, au sujet de la 37e session du Conseil exécutif, non datée.
[514] FR., NUOI 1946-1959, carton n°333 : direction générale des affaires culturelles et techniques, note confidentielle, au sujet de la 49e session du conseil exécutif, 27 déc. 1957.
[515] OHRO, interview d’Evans, p. 601 : « continual diatribe » ; « He contributed a lot to undermining my standing with other members of the Board and with the Secretariat. I would protest to the French government about this and they would do nothing about it, so it was obvious that they were playing a double game ».
[516] OHRO, interview d’Evans p. 581-582.
[517] RFA, Bestand B 91, Referat 601, Band 16 : télégramme de Krekeler, ambassade de RFA à Washington, à Auswärtiges Amt, 15 août 1956.
[518] RFA, Bestand B91. Band 54 : rapport de la délégation allemande sur la conférence de la Haye, 29 avril 1954.
[519] M. Pearson a été « visiblement intéressé » lorsque Maheu lui a « exposé les possibilités de contacts fructueux que l’Unesco offrait actuellement aux puissances de l’Alliance atlantique avec l’URSS, les démocraties populaires de l’Est européen, les pays neutralistes du Moyen orient et de l’Asie ». X 07.83 Maheu, I : lt. confid. de Maheu au DG, 3 avril 1956, au sujet de l’entretien du 21 mars 1956 à Ottawa entre Maheu et Lester Pearson, secrétaire d’état aux affaires extérieures du Canada.
[520] XO7.21(44)NC, II : document : « Séance plénière de la Commission nationale française pour l’Unesco, ministère des affaires étrangères », 25 juin 1956, 70 p., p. 3 et 5-7 : à la suite de cette conférence, Burbon-Busset estime : « cette conférence d’Aix a montré que la France exerçait dans les milieux intellectuels en Europe une influence incontestable ».
[521] OHRO, interview d’Evans, p. 602 : « I felt always uncomfortable in dealing with the French. I felt they were basically unfriendly, that they probably were doing a lot to undermine me that I never knew about ». p. 603 : « And then they gave me the Legion of Honor, I think partly out of bad conscience, because they gave me a higher grade than they normally give. I rather felt that this was in some way an act of bad conscience ». p. 603: « there was a certain amount of cynicism, a certain amount of disaffection, a certain amount of encouragment by them of opposition to me on he part of French staff members ».
[522] 069 :7 A 218/101/19 (62), I : note de de T. Hirahara à H. Dawes, 6 fév. 1957 : M. Levin, délégué permanent adjoint d’Israël auprès de l’Unesco, se plaint auprès de l’Unesco du rattachement d’Israël à la section Europe ; il manifeste « un très vif mécontentement », et affirme sa crainte que « si Israël est rattaché à la section Europe, son pays ne soit pas invité à participer aux differentes conférences régionales du Moyen-Orient ». Il affirme la volonté d’Israël de rester rattachée à section Moyen-Orient, ou, à défaut, à la section Asie.
[523] 37 : 362 .92 (5-011) « -66 », III a : confid. report of visit to Beirut, Unrwa-Unesco schools, 3 oct. 1955, 6 p., par Lionel Elvin, p. 2. « Although the educational work of Unrwa is strictly non-political [...], it inevitably takes place in the general unhappy context of the political situation » ; « difficulties that are basically political » ; « acceptance of the projects by the Arab states as providing a livelihood for the refugees means recognition of the permanence of the refugees within their borders and logically leads to recognition of ‘Jewish Occupied Palestine’ in Israel. »
[524] 37 : 362 .92 (5-011) « -66 », III a : lt. de Van Diffelen à Van Vliet, 11 oct. 1955 ; rapport confid. de Walter à Van Vliet, 13 nov. 1956 ; lt. confid. de Walter à Guiton, 15 nov. 1956 ; Congrès : Vol 104, 85e congrès, 2e session, 7 janv-24 août 1958 : articles and editorials : « UNRWA’s threatened program », 8346 : Middle East forum, avril 1958, article de Margaret Rilhac : « UNRWA’s threatened rehabilitation program » : déplore le « problème politique insoluble » auquel se heurte ce programme (« an insoluble political problem and endless UN debates »).
[525] 37 : 362 .92 (5-011) « -66 » : III a : mémorandum de conversation, par Van Vliet, avec Lewin, délégué permament adjoint d’Israël à l’Unesco, 5 sept. 1957 ; lt. de Van Vliet à B. Aleksander, 14 mars 1958.
[526] 37 : 362 .92 (5-011) « -66 », III a : rapport de Elvin, 3 oct. 1955, doc. cit., p. 5 : la manière « agressive » et « brusque » qu’a l’Egypte de vouloir « contrôler » les autres Etats arabes (« aggressive » ; « brusqueness »). Elvin joint un article du journal Beirut Daily Star qui exprime la méfiance et la rancoeur ressenties par les Arabes non Egyptiens devant les récentes tentatives des Egyptiens pour « capturer » (« to capture ») cette conférence theoriquement non politique ; X 07.83 Maheu, IV : mémo de Maheu à Guiton, 2 fév. 1967, 4 p.
[527] 37 : 362 .92 (5-011) « -66 », IV : rapport confid. de Van Diffelen à Van Vliet, 5 nov. 1958.
[528] Lien-Link n°82 :« Centième anniversaire de la naissance de Luther Evans » : « Luther Evans est resté dans le souvenir des collègues comme le Directeur général de « l’affaire des américains » » ; Chantal Morelle et Pierre Jacob, Henri Laugier…., p. 286-288 ; OHRO, interview de Luther Evans, p. 421-431.
[529] En 1949, un accord secret est passé entre le département d’état et l’ONU : il entérine les enquêtes sur les Américains candidats à des postes de l’ONU et employés de l’ONU (G. Archibald, op. cit., p. 172)
[530] Journal Métraux 25 nov. 1952, p. 395 ; l’information vient de Miss Froma ; M. Prévost, op. cit., p. 32. Lien-Link n°82 : « Luther H. Evans et « l’affaire des Américains » », par Pierre Henquet. Le International Organizations Employees Loyalty Board a été établi pour enquêter sur l’identité et la conduite des citoyens américains qui étaient fonctionnaires des organisations internationales. Diverses procédures d’enquête ont été mises en œuvre soit devant un Grand Jury Fédéral spécial siégeant à New York soit devant le Sous-Comité chargé de la sécurité intérieure du Comité judiciaire du Sénat à Washington.
[531] Ce décret a été confirmé et complété par le décret exécutif 10459 du Président Eisenhower du 2 juin 1953 (Lien-Link n°82 : « Luther H. Evans et « l’affaire des Américains » », par Pierre Henquet) ; G. Archibald, op. cit., p. 166. Décret executif n°10422, cité par G Arcbibald, op. cit., p. 175. et par M. Prévost, op. cit., p. 32.
[532] Document 2X C/7, soumis à la session extraordinaire de la conférence générale de l’Unesco, version française, annexe 1. Cité dans M. Prévost, op. cit., p. 32-33.
[533] Lien-Link n°82 : « Luther H. Evans et « l’affaire des Américains » », par Pierre Henquet.
[534] M. Prévost, op. cit., p. 33.
[535] G. Archibald, op. cit., p. 175-176.
[536] 33 EX/32 révisé. cité par G. Archibald, op. cit., p. 167 et 176.
[537] Alfred Métraux, Pierre Verger, Le pied à l’étrier, correspondance, p. 180-181.
[538] Public papers of the secretary general of the United Nations, Vol. II, Dag Hammarskjöld, p. 111 : Measures to clarify and strengthen personnel policy for the international civil service, sept-nov. 1953 ; Métraux, Itineraires I, 15 mai 1953, p. 497. C’est seulement en juin 1953 que le nouveau secrétaire général de l’ONU, Hammarskjöld, donne au Conseil économique et social l’assurance qu’Alva Myrdal est persona grata.
[539] M. Prévost, op. cit., p. 34-35.
[540] G. Archibald, op. cit., p. 176.
[541] FR, NUOI 1946-1959, carton n°333 : direction des relations culturelles, RC.BOI, note pour M. de Bourbon-Busset, a.s. 36e session du conseil exécutif (30 nov.-9 déc. 1953). Cinq Etats seulement s’y opposent : français, suisse, urugayen, indien et libérien.
[542] Lien-Link n°82 : « Luther H. Evans et « l’affaire des Américains » », par Pierre Henquet. David Leff, fonctionnaire de la Division de l’information du public, refuse de répondre à la convocation du Grand Jury à New York, malgré les injonctions d’Evans.
[543] M. Prévost, op. cit., p. 37.
[544] Journal Métraux, 17 juill. 1953, p. 513.
[545] OHRO, interview de Luther Evans, p. 213-214, 566-568 (notamment ses problèmes avec le conseil exécutif). « if they coulf find any shred of evidence on which they could hang their case that this was McCarthysm and I was doing it under pressure of the US government, then they went howling after me like a pack of wolves. And there was evidence, and everybody knew it, the US government was putting pressure on me. [...] they [les membres du conseil exécutif] never believed me, that I hadn’t yielded to pressure beyond my own conscience in the matter. And when I showed them the courage I did at Montevideo, of defying the US (of course, this defiance was mostly behind closed doors), they weren’t impressed at all ». « they still believed that I was the other end of the pole from them, that I was anti-liberal and they were liberal. And this poisoned from 1954 on my relations with the Executive Board. And I feel sure that some of them decided at that point that the rest of my period there they were going to be my enemies; they were going to cause trouble. » p. 13-17 : « Maheu was really astonished at how firm I was » ; «I refused to yield ».
[546] J. Behrstock, The Eigth Case, op. cit., p. 62-63 ; cité dans M. Prévost, op. cit., p. 38-39 : à la conférence générale de 1954, il soumet une proposition d’amendement de l’Acte constitutif, donnant au directeur général le pouvoir de licencier tout membre du personnel sur lequel on apprendrait, après son entrée dans le Secrétariat, des faits qui auraient fait obstacle à son emploi s’ils avaient été connus alors. Cet amendement, combattu énergiquement par l’association du personnel et par de nombreuses délégations (dont la France, le Royaume-Uni, le Danemark, l’URSS, les pays de l’est), est finalement adopté, sur la pression de la délégation américaine, qui menace de ne pas payer sa contribution à l’Unesco au cas où l’amendement ne serait pas adopté. RU, LAB 13/757 : Combat, 24 août 1954 : « Le maccarthysme gagne l’Unesco », p1 et 8 [annexe 17] ; Lien-Link n°82 : « Luther H. Evans et « l’affaire des Américains » », par Pierre Henquet.
[547] FR., NUOI carton 836 : lt. d’octobre 1954 de Henri Bonnet, ambassadeur de France aux Etats-Unis, à Pierre Mendès France, président du Conseil et ministre des affaires étrangères ; NUOI, carton 355 : note confid. de l’ambassade de France aux Etats-Unis au ministre des affaires étrangères, 22 octobre 1954.
[548] Journal Métraux, 16 avril 1953, p. 491 ; Alfred Métraux, Pierre Verger, Le pied à l’étrier, correspondance, p. 180-181. « Mon voyage aux Etats-Unis a été plus que décevant et j’ai quitté avec un sentiment de soulagement un pays où sévit la folie et dont l’air m’est devenu irrespirable. Qu’est-ce que la chasse aux sorciers en Afrique en comparaison des persécutions dont les gens les plus sympathiques sont l’objet aux Etats-Unis au nom d’un conformisme politique et moral dont la seule description peut vous faire vomir » ; Métraux, Itinéraires I, p. 285-286. 487, 494, 514.
[549] 33 EX/SR 1-6. (cité dans G. Archibald, op. cit., p. 176). Lien-Link n°75 : nécrologie de Pierre Lebar, par Pierre Henquet : McDougall et Pierre Lebar sont directeurs successifs de l’association ; Lien-Link n°82 : « Luther H. Evans et « l’affaire des Américains » », par Pierre Henquet. Son directeur, et les membres du Comité exécutif de l’association, Harry Dawes, Jim McDougall, Martin Ennals, Léon Bataille, Michel Prévost, Alain Gille, Philippe Roux, le président du comité exécutif, Pierre Henquet, et le conseiller juridique, Jacques Mercier, se dépensent sans compter. Cependant ces discussions ne sont pas toujours fructueuses, selon Métraux : Métraux, Itinéraires I, 9 fév. 1953 : « interminable discussion […] on n’aboutit absolument à rien » (p. 475).
[550] Jugement n° 15, du 6 septembre 1954, du tribunal administratif de l’OIT ; cf. Lien-Link n°82 : « Luther H. Evans et « l’affaire des Américains » », par Pierre Henquet.
[551] M. Prévost, op. cit., p. 39 ; interview André Lestage : Lestage affirme que le personnel de l’Unesco a résisté de façon unanime au maccarthysme, et a défendu les fonctionnaires américains menacés, en leur fournissant les meilleurs avocats ; Journal Métraux, 29 juill. 1954 ; 27 juill. 1954 ; 20 déc. 1954 : Métraux, qui évoque dans son journal les longues discussions tenues par les membres du personnel opposés au maccarthysme, témoigne que l’unanimité ne règne cependant pas au sein de cette assemblée.
[552] Lien-Link n°75 : nécrologie de Pierre Lebar, par Pierre Henquet ; RU, LAB 13/757 : OIT, tribunal administratif, jugement n°18, session ordinaire d’avril 1955, audience du 26 avril 1955, 12 p., p. 11 ; jugement n°19, session ordinaire d’avril 1955, audience du 26 avril 1955, 12 p. ; lt. confid de T.C. Barker à E.R. Warner, Esq, CMG, OBE, UN department, Foreign Office, 4 mai 1955 ; M. Prévost, op. cit., p. 39-40 : en septembre 1983, et en sept. 1984, deux jugements successifs de tribunaux américains ont déclaré que les poursuites menées en 1953-54 contre ces huit personnes étaient inconstitutionnelles.
[553] FR., Nantes, carton 6 : lt. d’Olivier de Sayve à Couve de Murville, 20 déc. 1965.
[554] John A. Armstrong, « The Soviet Attitude Toward Unesco », 1954, art. cit. ; G. Archibald, op. cit., p. 70, 250.
[555] RFA, Bestand B 91, Referat 601, Band 16 : télégramme de Krekeler à Auswärtiges Amt, 15 août 1956.
[556] RP, 17 déc. 1954 : New York Herald Tribune, 7 déc. 1954.
[557] EU, box 1560 : lt. de Max McCullough, secrétaire exécutif de la commission nationale américaine, à Luther Evans, 8 fév. 1957, 3 p. « the grave misunderstandings that can arise out of a careless use of words and a drift from change of words to change of substance » ; « peaceful cooperation » : il se plaint que dans le document PRG/SR/33, le terme « coexistence » a été attribué de façon erronée à M. Lee ; même erreur au sujet des propos de Marshall sur la résolution polonaise 9C/DR/83. Emploi du terme coexistence dans le doc. 9C/5, Corr.1.
[558] E. Chniti, op. cit., p. 673 ; RFA, Bestand B 91, Referat 601, Band 16 : télégr. de Meyer et Trutschler, de New Delhi, à Bonn, 15 nov. 1956 ; lt. de Trutschler et Meyer à Bonn, 22 nov. 1956.
[559] E. Delavenay, op. cit., p. 383. Il rapproche cette conférence générale d’un « un match de football » par les violents affrontements verbaux auxquels elle donne lieu.
[560] Cité dans F. Valderrama, op. cit., p. 108.
[561] EU, box 1556 : rapport de Athelstan F. Spilhaus, représentant des Etats-Unis au conseil exécutif, au secrétaire d’état, sur la 43e session du conseil exécutif, 20 avril 1956.
[562] RFA, Bestand B 91, Referat 601 : ex : rapport de Zapp, 12 oct. 1956 ; Band 16 : délégation allemande à la conférence générale, 14 nov. 1956 ; aide-mémoire confidentiel de l’ambassade britanique à Bonn, 7 novembre 1956.
[563] E. Chniti, op. cit., p. 673. Le British Council, institution théoriquement indépendante du gouvernement mais en fait très liée aux objectifs politiques du gouvernement, en est le principal agent.
[564] RU, ED 157/32 : fév. 1955 : a brief appraisal of the education programme of Unesco, 13 p., p. 12-13 ; FO 371/117539 : mémo. de Kirkpatrick, 30 juin 1955.
[565] RU, ED 157/32 : doc : « Why should the UK support Unesco ? », 1955 : « stimulating enthusiasm for the ideals of western civilisation and diminishing allegiance to the false ideals such as the economic class war ».
[566] RU, FO 371/117539 : memorandum de Pink, 30 juin 1955. « not only does the Organisation no good, but it tends to propagate harmful ideas at the expense, inter alia, of the British taxpayer » ; lt. de I.T.M. Pink à Kirkpatrick, 13 août 1955 : cite les propos du Deputy Chief Educational Adviser of the Colonial Office, Mr. Ward.
[567] E. Chniti, op. cit., p. 3-4, 697-698.
[568] RU, FO 371/117539 : memorandum de John Hope, Foreign Office, 29 juin 1955. Evans « disturbed me a good deal » ; « dangerous nonsense » ; « I nettled him considerably » « the Russians must be rubbing their hands with glee. »
[569] RU, FO 371/117539 : mémo de Kirkpatrick, 30 juin 1955 : « to liquidate this redundant individual ».
[570] RFA, Bestand B91, Band 257 : Bulletin des Presse- und Informationsamtes der Bundesregierung, 2 oct. 1954 : « Deutschlands Interesse an der Unesco » le ministre des affaires étrangères de RFA, Tillmann, déclare à cette occasion souhaiter voir s’approfondir la coopération entre l’Unesco et la RFA.
[571] RFA, Bestand B91, Band 257 : rapport de Simon, Bonn, 8 fév. 1955.
[572] RFA, Bestand B91, Band 257 : rapport de von Faübelt, Bonn, 9 sept. 1957.
[573] G. Archibald, op. cit., p. 256.
[574] Veronese, carton 23 : 10 C/VR.17 (secret), janvier 1959, séance du 22 nov. 1958, 24 p., p. 11 : le délégué soviétique, Kouznetsov, reconnaît que : « depuis cinq ans, nous n’avons cessé de critiquer l’activité de M. Evans. »
[575] EU, box 1554 : rapport de la délégation américaine à l’ambassade américaine, 28 nov. 1955, p. 5 : « there has been considerable dissatisfaction in US gouvernemental circles with Dr. Evans as DG ».
[576] Benton, box 387 : lt. Benton à Evans, 27 août 1954.
[577] RU, FO 371/117539 : mémo de John Hope, 29 juin 1955. « He said that he did not regard it as proper for the Organisation, in its work of educating the backward peoples, to include in its teaching that spiritual freedom was preferable to communism. In his view, that would be attacking the politics of a member state ».
[578] FR, NUOI 1946-1959, carton n°333 : note confid. de la direction générale des affaires culturelles et techniques, 27 déc. 1957, au sujet de la 49e session du conseil exécutif.
[579] OHRO, interview Luther Evans, p. 472-473. « I had to overcome in many countries a suspicion that the State department had more to do with what I proposed for Unesco than was actually the case ». Le gouvernement français était « somewhat hostile to me » ; p. 586-587: « frictions » ; p. 589 : « I knew that I had the state department against me in a good many things, and it was a rather uncomfortable period. »; p. 591 : « I didn’t have an easy relationship with the people in the state department » ; p. 599 ; p. 592 : « it was a very unsatisfactory relationship ».
[580] J. Behrstock, The Eight Case, op. cit., p. 144. Cité par G. Archibald, op. cit., p. 160.
[581] Veronese, carton 25 : Unesco House News, n°11, 17 mai 1957, appendice : « Encore six ans ? » par Luther Evans.
[582] Veronese, carton 33 : lt. confid. de Maheu à Veronese, 5 janv. 1957 : il résume les propos échangés lors d’un repas avec un délégué soviétique.
[583] OHRO, interview d’Evans, p. 443, 594-595.
[584] Veronese, carton 25 : lt. de Luther Evans à Veronese, 22 avril 1958.
[585] Veronese, carton 25 : note très confidentielle, non signée, 22 juill. 1958 ; EU, box 1566 : lt. confidentielle de l’ambassade américaine à Paris, au département d’état, 15 oct. 1958, 8 p. : le département d’état, quelques mois avant le vote, est déjà quasi-certain de la défaite d’Evans.
[586] Veronese, carton 25 : lt. confid. de Veronese, 1er sept. 1958.
[587] EU, box 1566 : lt. confid. de Robert McBride à F.W. Jandrey, 21 oct. 1958, intitulée « Reasons why the US should support Dr. Vittorino Veronese for director general of Unesco » ; « a competent administrator » ; « faithful ally of the Western cause, is solidely backed by his gouvernement and by the Vatican. He has a conservative background ».
[588] M. Prévost, op. cit., p. 64.
[589] OHRO, interview d’Evans, p. 596.
[590] Ascher, box 145 : New York Times, 6 déc. 1958 : « A Tweedy Intellectual. Dr. Vittorino Veronese. À man of many talents » : « unusual situation ».
[591] EU, box 1566 : lt. confid. de l’ambassade américaine à Paris au département d’état, 15 oct. 1958, 8 p., p. 2.
[592] EU, box 1566 : lt. confid. de Robert McBride à F.W. Jandrey, 21 oct. 1958.
[593] Veronese, carton 25 : lt. de Ramon Sugranyes de Franch, président de Pax Romana, à Veronese, 12 sept. 1958 ; lt. de Veronese à Ramon Sugranyes de Franch, 18 oct. 1958.
[594] EU, box 1566 : lt. confid. de Robert McBride à F.W. Jandrey, 21 oct. 58 : Veronese « is solidely backed (…) by the Vatican ».
[595] J. Sewell, op. cit., p. 192-194. cité dans G. Archibald, op. cit., p. 256.
[596] E. Delavenay, op. cit., p. 395.
[597] M. Prévost, op. cit., p. 64.
[598] Veronese, carton 23 : 10 C/VR.17 (secret), doc. cit., p. 9-10. Propos du délégué soviétique Kouznetsov ; FR, NUOI carton 836 : télégr. du 22 novembre 1958.
[599] Lors de cette séance privée, selon le témoignage de Mme Paronetto Valier, la délégation soviétique aurait fait une tentative de « coup », et cette séance a constitué « un débat dramatique » (Studium, n°6, 1993, Rome, p. 819-834, « Vittorino Veronese e l’Unesco » par Maria Luisa Paronetto Valier, p. 826. « un dibattito drammatico »)
[600] FR, NUOI carton 836 : lt. de l’ambassadeur de France en Italie, Gaston Palewski, au ministre des affaires étrangères, 26 novembre 1958.
[601] G. Archibald, op. cit., p. 256. En août 1958, Evans se rend à Washington : Eisenhower ne le reçoit pas.
[602] Biogr. Veronese : copie d’un doc. qui se trouve dans la Dwight Eisenhower Library, Abilene, Kansas, DDE Diaries, box 40 : mémorandum de conversation du 22 avril 1959 : Veronese remercie beaucoup Eisenhower pour son « great support ».
[603] US National Commission for Unesco, Newsletter, 5 mai 1959, vol. VI, n°7, p. 1-2 : « DG Veronese makes first official visit to Washington DC » : photo montrant Veronese et Eisenhower. Veronese a « reaffirmed his friendship for the US » ; « nothing is more encouraging to the new DG of Unesco than the knowledge that he enjoys the confidence and support of the US. The contribution of this great country of yours has been vital to the organization since its inception and throughout its growth. »
[604] Ascher, box 145 : New York Times, 6 déc. 1958 : « A Tweedy Intellectual. Dr Vittorino Veronese. À Man of Many Talents » ; « US Reverses Stand On New Unesco Head » ; « Italian Inducted as Unesco’s Chief »
[605] FR, NUOI carton 836 : lt. de l’ambassadeur de France en Italie, Gaston Palewski, au ministre des affaires étrangères, 26 novembre 1958.
[606] EU, box 820 : lt. confid. de Kellermann au département d’état, 20 juill. 1960 : « his dedication to Western principles ».
[607] EU, box 1568 : lt. confid de Kellermann au département d’état, 6 juill. 1959, 11 p., p. 1 ; lt. confidentielle de George N. Shuster, président de Hunter College, New York, à Christian A. Herter, 26 juin 1959.
[608] Congrès, Vol. 104, 85e congrès, 2e session, 7 janv-24 août 1958 : appointments, Unesco conference, Paris, Senate, p. 19582.
[609] EU, box 1560 : mémo confid. de Mc Cullough à Carson, 1er avril 1956.
[610] EU, box 1560 : télégr. confid. de Dulles à l’ambassade américaine de Paris, 14 mai 1957. « since Soviet citizen staff members would unquestionably seek where possible pervert Unesco’s programs in order to obtain propaganda or political advantages for Soviet Union and international Communism ». Les Etats-Unis sont favorables à la nomination d’un Soviétique pour succéder à Auger au poste de directeur des sciences naturelles, estimant que ce poste ne donne pas beaucoup de possibilité de manipulation politique.
[611] En 1957, le département d’état s’inquiète de la nomination du Soviétique Boris Soboleff, ancien chef des exportations de films à la « Sovexportfilm » à Moscou, comme assistant de télévision à l’Unesco (EU, box 1560 : télégramme confidentiel de Dulles à l’ambassade américaine de Paris, 2 janv. 1957). La même année, la nomination d’une Soviétique au poste de chef de la division de l’éducation secondaire inquiète les Etats-Unis et donne lieu à un débat au Congrès à ce sujet (Congrès, Vol 103, 85e congrès, 1e session, 3 janv-30 août 1957 : remarks in House : Unesco, appointment of Mrs. A. Jegalova (USSR) as head of Secundary Education Division, p. 4045.) Plusieurs Soviétiques du personnel étaient alors considérés comme des agents du KGB (M. Prévost, op. cit., p. 171 ; interview Acher Deleon.)
[612] M. Prévost, op. cit., p. 4, 172, 19-21, 12-13.
[613] G. Archibald, op. cit., p. 251, 171, 258-259. Pour les Etats-Unis, il était très important que soit nommé un Americain à ce poste, étant donné l’importance du projet majeur d’éducation en Amérique latine. Archibald observe que pendant la première décennie de l’Unesco les Américains n’ont jamais eu une supériorité numérique écrasante ; en revanche, durant cette décennie ils ont toujours détenu un poste-clé, avec Laves, puis Taylor, puis Evans. Entre 1952 et 1959, la représentation américaine au Secrétariat de l’Unesco diminue de 32%. En 1959, sur 432 postes de cadres supérieurs, seuls 37 sont occupés par des Américains.
[614] Interview Pauline Koffler.
[615] OHRO, interview de Luther Evans, p. 464 ; les experts belges sont préféres car ils sont francophones et ont un système d’éducation semblable au système français mais ne sont pas français.
[616] OHRO, interview d’Evans p. 589-590 : « the state department was furious about that ».
[617] En décembre 1954, Lévi-Strauss rapporte à son ami Alfred Métraux « la déconvenue et la peur des délégués américains Donald Young et Herring lorsqu’ils ont appris que les Russes devaient siéger au Conseil [CISS] » (Journal Métraux, 18 déc. 1954).
[618] OHRO, interview d’Evans, p. 590 : « phobia ».
[619] Interview Lévi Strauss : ainsi, pendant toute la période où Lévi Strauss a été secrétaire général du CISS, il n’y a pas eu de Soviétiques ; Journal Métraux, 18 déc. 1954.
[620] La conférence générale de 1956 adopte une résolution chargeant le directeur général d’assurer, en collaboration avec les gouvernements d’Egypte et de Hongrie, « la continuité, dans de bonnes conditions, de l’enseignement aux enfants et jeunes gens », et vote un budget de 200 000 $ à cet effet (9C/résol 1.72). 47/EX/PRIV/2, 18 mars 1957 : « Assistance d’urgence en matière d’éducation aux enfants et jeunes gens victimes des événements survenus en Hongrie et en Egypte », p. 1 et 5.
[621] OHRO, interview d’Evans, p. 575-576 ; FR., NUOI 1946-1959, carton n°333 : note confid. de la direction générale des affaires culturelles et techniques, 27 déc. 1957.
[622] Bulletin trimestriel d’éducation de base, vol. XI, 1959, n°3 : consacré à « la suppresion de l’analphabétisme chez les adultes en URSS, 1917-40 ». Beaucoup d’articles de cette revue sont consacrés à l’URSS dans la seconde moitié des années 1950.
[623] RFA, Bestand B91, Band 256 : lt. de Salat à Trutzschler, 26 déc. 1957 ; rapport de Trutzschle, 3 mars 1957 ; et de nombreuses autres lettres : l’éventualité qu’un Soviétique soit nommé dans le Conseil de l’institut de Gauting provoque les vives inquiétudes et l’opposition du gouvernement de RFA.
[624] RFA, Bestand B91, Band 256 : lt. de Trutschler à Auswärtiges Amt, 15 mars 1958 ; lt. de Schulte-Strathaus à la Deutsche Kommission, 23 avril 1958 .
[625] EU, box 1562 : en nov. 1957, toutes les ambassades américaines envoient au département d’état un rapport en réponse à un questionnaire du département d’état.
[626] EU, box 1562 : rapport confid. de Henry Dearborn, ambassade américaine au Pérou, au département d’état, 2 oct. 1957 ; rapport confid. de Douglas McLain, ambassade américaine à San Salvador, au département d’état, 8 nov. 1957.
[627] EU, box 1562 : rapport confid. de Joseph Neubert, de l’ambassade américaine à Tel Aviv, au département d’état, 14 nov. 1957. « the general impact of Unesco activities is favorable to Western orientation » ; « Unesco activities contribute towards the achievement of US objectives. »
[628] EU, box 1562 : rapport confid. de Clarence T. Breaux, ambassade américaine de La Paz, Bolivie, au département d’état, 7 nov. 1957.
[629] EU, box 1563 : rapport confid. de Harlan B. Clark, ambassade américaine à Tokyo, au département d’état, 15 nov. 1957, 5p., p. 4.
[630] EU, box 1563 : lt. confid. de l’ambassade américaine de Port-au-Prince au département d’état, 15 nov. 1957 : les informations transmises dans cette lettre proviennent de Marcel Desroches et de Lelio Faublas, respectivement secrétaire général et ancien secrétaire général de la commission nationale haïtienne pour l’Unesco. « have helped in realizing the basic US policy objectives of a stable, anti-Communist government working to improve the country’s economic and social problems by complementing and sometimes supplementing US efforts. » ; EU, box 1562 : rapport confid. de Donald R. Heath, de l’ambassade américaine à Beyrouth, au département d’état, 13 nov. 1957 : il affirme qu’il n’y a pas d’infiltration soviétique dans les projets de l’Unesco au Liban ; EU, box 1562 : lt. de Richard L. Jones, de l’ambassade américaine à Monrovia, au département d’état, 13 nov. 1957, 5 p., p. 4 : il affirme qu’il n’y a pas d’influence soviétique au Libéria par le biais du programme d’éducation de base de l’Unesco.
[631] EU, box 1562 : rapport confid. de H. Bartlett Wells, de l’ambassade américaine à Bucarest, au département d’état, 2 nov. 1957, 5 p., p. 1.
[632] EU, box 1562 : lt. confid. d’Oliver M. Marcy au département d’état, 12 nov. 1957, 6 p., p. 3 : « orienting the Yugoslav educational system toward the West ».
[633] Veronese, carton 32 : mémo confid, de Jean Chevalier à Veronese, 27 oct. 1959, intitulé « La pénétration soviétique en Amérique latine et l’Unesco » : « un expert latino-américain (Equatorien) a du quitter son poste, au Paraguay, sur la demande du gouvernement, parce qu’il était accusé d’être communiste » ; « un livre a paru en Equateur, signé de M. Crespo Toral, donant une liste d’experts et de fonctionnaires de l’Unesco (tels que MM. Carrera-Andrade, Abad) catalogués communistes ; ce livre nous a fait le plus grand mal » ; « étant donné le caractère de certains régimes dans les républiques latino-américaines, qui n’est pas partisan du pouvoir établi est considéré comme communiste ».
[634] Ibid.
[635] 372/8/MP 01, I : lt. d’Arthur Gagliotti à Adiseshiah, 9 avril 1957.
[636] OHRO, interview d’Evans, p. 622.
[637] EU, box 1568 : rapport de Henry J. Kellermann au département d’état, 30 juin 1959, 5 p., p. 1-2.
[638] Allocution de Veronese à la séance inaugurale de cette conférence, 16 nov. 1959.
[639] CUA/96, 17 juin 1959, p. 7.
[640] Julian Huxley, Memories II, op. cit., p. 64.
[641] SCHM 9 : lt. de Carneiro à Evans, 26 mai 1956.
[642] SCHM 41 : commentaires de K.V. Ostrovityanov, président de l’académie des sciences de l’URSS, sur le vol. VI, 19 nov. 1959, p. 2-3.
[643] SCHM 41, commentaires sur le vol. VI d’Oscar Halecki, 18 fév. 1960, p. 1-7. « an over-optimistic interpretation of the consequences of industrialization ».
[644] SCHM 41, commentaires sur le vol VI par la commission nationale roumaine, 15 avril 1960, p. 1-4.
[645] SCHM 17 : lt. confid. de G. Métraux à Carneiro, 5 oct. 1959, 4 p., p. 1-3.
[646] SCHM 41 : commentaires sur le vol. 6, par Arthur Whitaker, department of history, university of Pennsylvania, Commission nationale américaine, 23 nov. 1959, p. 2-8. « the sole seat of colonialism and imperialism » ; « a weak hodge-podge of Marxian preconceptions ».
[647] EU, box 1563 : lt. confid. de l’ambassade américaine de Port-au-Prince au département d’état, 15 nov. 1957.
[648] EU, box 1562 : lt. confid. de Henry J. Kellermann au département d’état, 23 oct. 1957 : « give the Western countries a chance to present their views and with tact and caution to offer counter-positions which cannot normally be pronounced nor listened to by nationals of iron curtain countries » ; « it saves the captive intelligentsia from complete isolation and it gives the Western nations a precious chance to lend moral support and perhaps to encourage and intensify diversities and deviations. »
[649] OHRO, interview de Luther Evans, p. 460-461, 512, 490-491.
[650] RP, 15 oct. 1954 : Le Monde, 15 oct. 1954.
[651] Henry Cassirer, Un siècle de combat …, op. cit., p. 211.
[652] EU, box 1562 : lt. confid. d’Oliver M. Marcy au département d’état, 12 nov. 1957, 6 p., p. 1.
[653] XO7.21(44) NC, II : « Séance plénière de la Commission nationale française pour l’Unesco », 25 juin 1956, 70 p., p. 6-7 ; communiqué de presse Unesco n°1446 : « 1e réunion européenne des commissions nationales pour l’Unesco » : à cette réunion sont représentés notamment la Pologne, l’URSS, la Yougoslavie ; et la Tchécoslovaquie, l’Ukraine et la Biélorussie, membres de l’Unesco n’ayant pas encore constitué de commission nationale, sont invités quand même à envoyer des observateurs, ainsi que l’Albanie et la Bulgarie, qui ne sont pas membres de l’Unesco.
[654] RFA, Bestand B91, Band 254 : Cologne, 25 fév. 1957 : 18e session, 12 mars 1957, Deutsche Unesco Komission, Protocole de la 2e session, 5 nov. 1957. « hinter den Kulissen » ; rapport sur la 2e rencontre des commissions nationales européennes à Dubrovnik, 1-6 oct. 1957, par Steltzer.
[655] RFA, Bestand B91, Band 254 : lt. de Salat à Trutzschler, 26 déc. 1957.
[656] RFA, Bestand B91, Band 254 : rapport de Trutzschle, 3 mars 1957. Nombreuses lettres à ce sujet en 1957-58. Lt. de Trutschler à Bonn, 15 mars 1958 ; lt. de Schulte-Strathaus à la Deutsche Kommission, 23 avril 1958.
[657] Lt. du 12 janv. 1958 de Eisenhower à N. Boulganine, président du conseil des ministres soviétiques, (cité dans G. Archibald, p. 261).
[658] EU, box 1564 : lt. de Kellermann au département d’état, 31 mai 1958.
[659] Interview Jean Larnaud.
[660] EU, box 1568 : lt. confid. de Henry J. Kellermann au département d’état, 24 juin 1959, 4 p., au sujet de la participation de scientifiques de la RDA à la conférence sponsorisée par l’Unesco sur le traitement de l’information, p. 2-4.
[661] EU, box 1562 : lt. confid., de H. Bartlett Wells, de l’ambassade américaine à Bucarest, au département d’état, 2 nov. 1957, 5 p., p. 3.
[662] RU, ED 157/32 : doc. non signé, nov. 1955, intitulé « Criticisms of Unesco » : « the long term receipts should also be substantial, even in a purely material sense, in so far as our prestige among the influential classes in other countries affects our prosperity » ; « through Unesco an immense network of international collaboration has been brought into existence, and is a ready intrument to hand for the maintenance and spread of British influence in many fields in which we are pre-eminent, and for the fruits of which there is a great and growing appetite among many rapidly developing regions of the world. »
[663] RU, FO 371/117530 : The policy of HMG towards Unesco, minutes of meeting held at the Foreign Office on 4th avril 1955 : propos de Howard-Drake : « Since many countries, for example in Latin America and the Middle East, had a great regard for Unesco, they [are] willing to accept ideas and techniques from Unesco and we should make sure that so far as possible those ideas [are] British. »
[664] E. Chniti, op. cit., p. 673-676, 678. En 1956, le Foreign Office revendique d’être l’instance responsable des relations avec l’Unesco, ce que le Cabinet lui refuse.
[665] RU, ED 157/32 : doc. : « Why should the UK support Unesco ? », 1955. « the prestige of the UK as a creator and leader in education, science, art and learning » ; « long term advantages to UK trade and prestige result from such missions to which UK nationals bring a British background, British methods and materials. »
[666] RU, FO 371/117530 : mémorandum de H.F. Bartlett, UN department, 14 mars 1955 ; aide-mémoire confid. de Harry Bourdillon à Pink, 2 mars 1955 ; cet intérêt est lié à la constatation que le programme de l’Unesco dans les territoires coloniaux s’est considérablement amélioré dans les dernières années ; RU, CO 859/1390 : lt. confid. de J.S. Champion à Smith, 2 sept. 1960 ; E. Chniti, op. cit., p. 678.
[667] C. Osakwe, op. cit., p. 154 ; RU, FO 371/117530 : mémo de H.F. Bartlett, 14 mars 55 ; en 1954, quatre colonies britanniques obtiennent le statut de « membres associés » de l’Unesco.
[668] Notamment dans le domaine de l’éducation des masses et du développement communautaire. RU, FO 371/117530 : The policy of HMG towards Unesco, 4 avril 1955, doc. cit.
[669] RU, FO 371/117530 : aide-mémoire confid. de Harry Bourdillon à Pink, 2 mars 1955. « Unesco has an emotional appeal for many people in the Colonial territories » ; « Our relations with the associate members may become difficult to conduct if HMG appears to maintain too rigid and arbitrary an attitude towards the budget. »
[670] E. Chniti, op. cit., p. 691.
[671] RU, FO 371/117530 : memorandum de H.F. Bartlett, 14 mars 1955, doc. cit. « The Colonial Office also have in mind the possibility of using Unesco for wider positive political ends (the organisation is in any event becoming more political). The colonial office feel that the entry of British colonial associate members into the organization might be turned to profit to combat anti-colonialism in a wider field. ». C’est grâce à la pression de l’Unesco que le Royaume-Uni et ses colonies réussissent à participer à cette conférence, malgré les réticences de l’OEA ; The policy of HMG towards Unesco, 4 avril 1955, doc. cit.
[672] XO7.21(44)NC, II : « Séance plénière de la Commission nationale française pour l’Unesco, ministère des affaires étrangères », 25 juin 1956, 70 p., p. 17.
[673] Journal Métraux, 12 mai 1955.
[674] RFA, Bestand B91, Band 254 : protocole de la 22e session de la commission nationale allemande, 19 mai 1958, p. 2 : rapport sur la conférence des clubs Unesco français à Boulouris, 8-11 mai 1958.
[675] Le Monde, 1er février 1958, p. 5 : « A la Conférence des Etats arabes de l’Unesco, le Maroc a joué un rôle de trait d’union entre les cultures d’Orient et d’Occident ».
[676] C. Osakwe, op. cit., p. 154.
[677] RP, 18 oct. 1957 : les journaux belges Le matin, La Métropole, et Agir et réagir, publient un article sur l’éducation de base au Congo belge, intitulé « Où la Belgique sert d’exemple à l’Unesco ».
[678] E. Delavenay, op. cit., p. 383 ; E. Chniti, op. cit., p. 673.
[679] Interview Batisse.
[680] Esther Dartigue, Un Haïtien exceptionnel…, op. cit., p. 125-128.
[681] Journal Métraux, 9 août 1954 : il évoque les confidences de N.J. Olivier, membre de la délégation de l’Afrique du sud.
[682] M. Prévost, op. cit., p. 56.
[683] 45 EX/SR (2), 31 oct. 1956, p. 8-9.
[684] M. Prévost, op. cit., p. 56 ; OHRO, interview Luther Evans, p. 458-460.
[685] EU, box 1556 : rapport de Athelstan F. Spilhaus, au secrétaire d’état, 20 avril 1956 : « will offer a challenging opportunity to the US to take a position of leadership in that part of the world » ; « the first multilateral conference of this size in India » ; EU, box 1564 : lt. confid. de l’ambassade américaine à Rio, au département d’état, 4 mars 1958, 3 p. ; box 1560 : télégramme confidentiel de Dulles à l’ambassade américaine à Paris, 2 janvier 1957.
[686] EU, box 1560 : télégramme confidentiel de Dulles à l’ambassade américaine de Paris, 14 mai 1957.
[687] OHRO, interview Luther Evans, p. 434-435.
[688] RFA, Bestand B 91, Referat 601, Band 16 : télégr. de Trutschler à Bonn, 22 nov. 1956.
[689] 10 C/VR.17 (secret), janvier 1959, doc. cit., p. 9-10, 22-23. Propos du Soviétique Kouznetsov ; FR, NUOI carton 836 : télégramme du 22 novembre 1958. Les pays scandinaves et arabes sont également opposés à l’élection de Veronese.
[690] J. Torres Bodet, op. cit., p. 47 : « despertaba ».
[691] OHRO, interview Luther Evans, 1971, p. 19-20.
[692] RFA, Bestand B 91, Band 252 : lt. de l’ambassade de RFA en Inde vers Bonn, 13 sept. 1954. Cette lettre cite les propos du secretaire d’état du ministere de l’éducation indien, Humayun Kabir ; P. Lengyel, op. cit., p. 28-29.
[693] Unesco in schools, op. cit., 1964, p. 55-56.
[694] XO7.21(44) NC, II : « Séance plénière de la Commission nationale française pour l’Unesco », 25 juin 1956, doc. cit., p. 26.
[695] RFA, Bestand B 91, Band 16 : rapport de K. Pfauter sur les sessions de la commission nationale indienne, 24 fév. 1956 ; Hindustan Times, 7 fév. 1956 : « Glaring Gap in UN Practice and Profession. Azad’s Criticism in Unesco Body » ; discours de Maulana Azad, 6 fév. 1956 ; Times of India, p. 1, 7 fév. 1956 : « Unesco urged to help backward areas. Mr.Azad’s address to Indian Commission », p. 7 : « Fund for publication of works of art. Maulana Azad’s appeal ».
[696] OHRO, interview de Luther Evans, p. 437 et 440.
[697] EU, box 1558 : lt. confid. de WG Hackler, de l’ambassade américaine à Tokyo, au département d’état, 27 juill. 1956. « play a vital role as a bridge between the western and Asian members. »
[698] SCX/PRIV.2 : 45e session, 5e séance privée, 1er déc. 1956, p. 2 ; le prof. Secco Ellauri déplore que « pour les postes importants, on fait toujours, à l’Unesco, preuve d’une attitude d’exclusion systématique vis-à-vis de l’Amérique latine. […] Il semble que l’on veuille éliminer, à l’Unesco, l’Amérique latine de tous les postes de direction ».
[699] 42 EX/38, annexe I, cité par G. Archibald, op. cit., p. 171 : sur les 349 postes de cadre supérieur de l’Unesco, 182 sont occupés par des ressortissants des trois grandes puissances occidentales. Unesco activities in Japan, op. cit., p. 16 : en 1956, cinq japonais seulement sont employés au siège de l’Unesco.
[700] EU, box 1563 : rapport de l’ambassade américaine à Damas, au département d’état, 16 nov. 1957, p. 3-4 : volonté de remplacer les experts et professeurs de l’Unesco occidentaux par des Egyptiens.
[701] RFA, Bestand B 91, Referat 601, Band 16 : rapport de K. Pfauter, 24 fév. 1956, doc. cit. ; Hindustan Times, 7 fév. 1956 : « Glaring Gap in UN Practice and profession. Azad’s criticism in Unesco body »; discours de M. Azad, 6 fév. 1956 ; Times of India, 7 fév. 1956, p. 1 et 7, articles cités.
[702] X 07.83 Maheu, I : rapport confid. de Maheu au DG, mai 1956, p. 22-27.
[703] EU, box 1562 : rapport confid. de David Stratmon, de l’ambassade américaine au Ghana, au département d’état, 14 nov. 1957 , 5 p., p. 4-5. « as a kind of free handout » ; box 1564 : rapport confid. de l’ambassade américaine à Rio au département d’état, 4 mars 1958, 3 p., p. 2 ; box 1563 : lt. de Harlan B. Clark, de l’ambassade américaine à Tokyo, au département d’état, 15 nov. 1957, 5 p., p. 2-5. « a recipient ». Récit des propos tenus par le ministère japonais des affaires étrangères à l’ambassade américaine à Tokyo ; EU, box 1562 : rapport confid. de Cleo A. Neel, de l’ambassade américaine à Jidda, au département d’état, sur le programme de l’Unesco en Arabie saoudite, 14 nov. 1957. « en général, l’Arabie saoudite se tourne vers l’Unesco principalement pour obtenir de l’assistance technique et des conseils techniques, et seulement lorsqu’elle n’a pas pu obtenir ces conseils et cette assistance d’une autre facon par ses propres efforts » (« In general, Saudi Arabia has turned to Unesco mainly for technical advice and assistance, and then only when it could not obtain this advice and assistance elsewhere through its own efforts ») ; box 1563 : rapport confid. de Nat B. King, de l’ambassade américaine à Bagdad, au département d’état, 15 nov. 1957.
[704] OHRO, interview de Luther Evans, p. 541.