CHAPITRE 2 (2 sur 2)

2.3. 1960-1974 : l’affirmation du Tiers Monde.

Une politisation croissante.

Au cours de cette période, la politisation est croissante au sein de l’Unesco[1], comme au sein de l’ONU[2], et la question se pose de déterminer ses frontières. L’Unesco comme les États membres s’aperçoivent qu’à vouloir éviter de traiter tout enjeu politique, l’organisation se condamne à rester dans la superficialité. Un dilemme apparaît ainsi entre soit éviter toute politisation mais par là restreindre son domaine d’action et de réflexion à des sujets secondaires, soit se préoccuper des thèmes les plus cruciaux du moment mais s’engager de ce fait dans la politisation. En 1961, Maheu, dans une conversation confidentielle avec l’assistant secrétaire d’état américain pour les affaires des organisations internationales, Harlan Cleveland, affirme son attachement au principe de la non-interférence de l’Unesco dans les débats politiques. Cleveland réplique que ce principe n’est qu’une « mythologie », et qu’en réalité la quasi-totalité des actions de l’Unesco possèdent une dimension politique[3]. Les États-Unis dénoncent donc ce qu’ils considèrent comme de l’hypocrisie de la part de l’Unesco. Dans le même esprit, en novembre 1963, Benton affirme devant la commission nationale américaine que « le travail actuel de l’Unesco repose complètement sur le sol de la réalité politique contemporaine », et déplore que de nombreux hauts fonctionnaires de l’Unesco refusent d’accepter cette vérité[4]. Il développe la même idée dans une lettre adressée au Britannique Beaverbrook, affirmant que l’Unesco est sans conteste un instrument politique[5].
En 1963, Maheu affirme sa volonté d’engager l’Unesco dans des réflexions sur les « grands débats qui préoccupent actuellement les hommes », notamment trois thèmes : le racisme, la post-décolonisation, et le désarmement[6]. Cette orientation suscite la désapprobation de nombreux gouvernements. En 1964, le ministre d’état britannique, Peter Thomas, lors d’une conversation privée avec Maheu, dénonce ces orientations et s’affirme « très inquiet de la tendance à l’introduction de questions politiques à l’Unesco », « de l’exploitation de l’Unesco à des buts politiques ou propagandistes », et juge « regrettable » cette tendance à la politisation, car elle détournerait l’attention des buts principaux de l’organisation. Maheu l’apaise par des paroles rassurantes[7], mais ne renonce pas à orienter l’Unesco vers ces thèmes de réflexion. Ainsi, Maheu, tout en luttant pour éviter l’introduction d’enjeux politiques dans plusieurs aspects du fonctionnement de l’Unesco, comme par exemple le recrutement du personnel[8], engage l’organisation dans des domaines de réflexion centraux qui jusqu’alors n’avaient pas été considérés comme étant de son ressort à cause de leurs implications politiques.
Au cours des années 1960, la politisation de l’Unesco se traduit en particulier par la composition de plus en plus politique des délégations. Ainsi, en 1963, le gouvernement britannique, embarrassé de la politisation croissante de l’Unesco, décide pour s’y adapter de donner à sa délégation un caractère plus nettement politique encore, en y incluant davantage de hauts fonctionnaires du Foreign Office[9]. En 1965, il estime que l’Unesco est la plus politisée des agences spécialisées, et que cette politisation s’est nettement accrue depuis 1960. « Certains pays traitent l’Unesco délibérément comme un important forum pour l’activité et la propagande politiques directes, et parfois font pression sur la conférence générale pour qu’elle agisse comme si elle avait les fonctions de l’assemblée générale de l’ONU », déplore le gouvernement britannique, déterminé à lutter contre cette tendance[10].
Si dans un sens la politisation peut être par certains considérée comme une évolution positive dans la mesure où elle permet à l’Unesco de traiter des thèmes d’importance cruciale, consistant donc en un élargissement des compétences de l’organisation, dans un autre sens elle est surtout considérée comme un élément négatif puisqu’elle nuit au bon fonctionnement de l’Unesco ; c’est ce que déplorent notamment Benton en 1963[11], et des observateurs extérieurs, comme Pierre Gerbet en 1962[12], ou Louis Dollot en 1964[13].
De plus en plus, les fonctionnaires et collaborateurs de l’Unesco tendent à admettre le caractère politique de l’organisation, auparavant nié au nom de son théorique apolitisme : en 1971, Gian Franco Pompei affirme que l’Unesco « répond à un dessein politique conscient »[14] ; la même année, dans une émission de radio sur la BBC, Ritchie Calder, ancien collaborateur de l’Unesco, reconnaît le caractère inévitablement politique de l’organisation[15] ; en 1973, Huxley, faisant un bilan des trente premières années de l’Unesco, souligne sa politisation croissante, les incessantes « intrigues politiques pour l’avantage national parmi les délégués officiels au conseil exécutif, et à l’intérieur de l’organisation elle-même »[16] ; en 1974, dans un article du Figaro à l’occasion de l’élection de M’Bow, Jean d’Ormesson écrit que l’Unesco se trouve « à un moment particulièrement difficile » : « l’Unesco n’a jamais cessé […] d’être menacée par de multiples périls : le scepticisme, le gigantisme, la bureaucratie, la rivalité des influences. Mais le pire des dangers, et aujourd’hui plus que jamais, c’est la politisation »[17] ; en 1976, M’Bow déclare que « l’Unesco a toujours été une organisation politique »[18] ; Antonio Monclus, auteur d’une histoire de l’Unesco publiée aux éditions Unesco, estime quant à lui que « ce caractère politique de l’Unesco ne doit pas être vu comme un aspect négatif »[19].
En 1972, dans son rapport au département d’état sur la conférence générale de 1972, la délégation américaine déplore que des États utilisent le forum qu’est l’Unesco à des buts politiques, et que le rôle des États-Unis est de « contrer et donc minimiser ces incursions politiques dans le programme », sinon « la fonction de l’Unesco comme véhicule et catalyseur de la coopération intellectuelle sera très certainement détériorée »[20].
Durant son mandat, Maheu se montre favorable à la pleine collaboration de l’Unesco avec l’Espagne franquiste. Il estime que cela peut constituer un moyen d’amorcer une « pré-transition » vers la démocratisation de ce pays. En 1971, Maheu décide d’ailleurs de faire siéger la session du conseil exécutif à Madrid[21].
La politisation de l’Unesco est en grande partie due à la pression des États membres et de groupes de pression. Ainsi, en janvier 1974, l’Union des étudiants juifs de France écrit à Maheu pour solliciter une intervention de l’Unesco auprès du gouvernement syrien, afin que la Syrie mette fin aux mauvais traitements infligés aux prisonniers israéliens dans le cadre de la guerre du Kippour ; l’Unesco répond que cette question n’entre pas dans le cadre de sa compétence[22]. Les multiples sollicitations de ce genre dont l’Unesco est l’objet tendent cependant à accentuer sa politisation.
La politisation croissante de l’Unesco à cette époque est observée par les anciens fonctionnaires[23] et par plusieurs chercheurs[24]. Pour Peter Lengyel, cette politisation est « le symptôme le plus virulent du dysfonctionnement » de l’organisation[25].



2.3.1. L’importance désormais prépondérante du Tiers Monde.

Dans un discours en 1965, Maheu affirme qu’ « à la dimension traditionnelle, que l’on pourrait appeler la dimension est-ouest, […] est venue s’ajouter une autre dimension : la dimension nord-sud ». Il affirme que vers 1964 s’est effectué un « tournant décisif », et que le Tiers Monde « prend de plus en plus conscience de lui-même et s’affirme comme un ensemble à part ». Il observe que « les rivalités de l’est et de l’ouest se sont étendues aux pays du Tiers Monde », et qu’ainsi, « maintenant, est-ouest et nord-sud sont absolument mêlés », ce qui « donne à l’aide au développement une dimension qu’elle n’avait pas il y a cinq ou six ans encore » ; il observe que désormais « le problème du développement est un problème politique mondial »[26].

Le virage de l’Unesco au service des pays issus de la décolonisation.

Comme l’observe Daniel Colard, « le plus grand succès politique de l’ONU a été à coup sûr la décolonisation »[27]. Dès décembre 1960, l’assemblée générale de l’ONU vote une déclaration exigeant l’octroi de l’indépendance aux peuples colonisés[28]. Les pays issus de la décolonisation s’empressent d’entrer à l’ONU, sur laquelle ils fondent beaucoup d’espoirs, espérant y trouver un forum grâce auquel ils puissent s’imposer sur la scène internationale[29]. À partir de 1960 l’assemblée générale est gouvernée par une majorité tiers-mondiste, puisque ces États y disposent de la majorité simple et de la majorité des deux-tiers[30]. Cette situation se reflète à l’Unesco, à laquelle adhèrent entre 1960 et 1962 une vingtaine d’états africains[31]. Au lendemain de la démission de Veronese, il est tacitement admis par l’ensemble des États membres que le prochain directeur général devra être de préférence un Africain ou un Asiatique ; toutefois, ces pays n’offrent aucun candidat qui convienne[32].
Si l’Unesco, à partir de 1960, opère un virage idéologique, se faisant le défenseur des pays du Tiers Monde, cette situation est plutôt le résultat de l’évolution de la situation internationale, et en particulier de la tendance de l’ONU. De plus en plus d’états membres sont favorables à une telle évolution. Ce virage, impulsé par les États membres, a été mené à bien principalement par René Maheu, qui fait alors l’objet de beaucoup d’espoir et d’admiration de la part des dirigeants des pays du Tiers Monde[33].



Les revendications des pays du Tiers Monde.
Tout au long des années 1960, les pays du Tiers Monde expriment de vives revendications afin de transformer l’Unesco en « un instrument de décolonisation culturelle ». Elles portent principalement sur le budget et sur la composition du conseil exécutif. Ces pays font pression pour une nette augmentation du budget, et pour son orientation de plus en plus claire vers le Tiers Monde[34], ainsi que pour être davantage représentés au conseil exécutif : dans les années 1960, les sessions du conseil exécutif sont marquées par les réclamations constantes de l’Asie, de l’Afrique et des pays arabes en ce sens[35] ; dans les forums que constituent la conférence générale et le conseil exécutif, les pays africains constituent un groupe d’une « grande cohésion », comme l’observe Olivier de Sayve, qui souligne son « rôle déterminant » ; ce groupe d’états constitue désormais « un des éléments essentiels » du conseil exécutif[36]. Les pays du Tiers Monde bénéficient, à la conférence générale et au conseil exécutif, de leaders charismatiques : le Brésilien Carneiro, auquel succède au milieu des années 1960 comme porte-parole du bloc latino-américain au conseil exécutif le Brésilien M. Dell’Oro Maini ; à la conférence générale, le délégué permanent du Brésil, le scientifique Carlos Chagas, ami de Carneiro, joue un rôle important. Du côté africain, au sein de la conférence générale, le Malien Amadou Hampâté Bâ, ainsi que l’Egyptien M. Tewfik, sont des leaders importants du Tiers Monde[37].
Ce sont non seulement les séances de la conférence générale et du conseil exécutif qui sont le théâtre des revendications des pays du Tiers Monde, mais aussi les réunions d’experts, comme par exemple celle sur la liberté de l’information en Asie du sud-est en janvier 1960 (comme le montre le rapport de la délégation américaine à cette conférence)[38], et les diverses conférences organisées par l’Unesco ou l’ONU. Ainsi, à la conférence des Nations Unies sur l’application de la science et de la technique dans l’intérêt des régions peu développées (UNSCAT), tenue à Genève en 1963[39], comme l’observe Prévost, « le thème de la conférence servait plus de toile de fond que de sujet véritable aux discussions », et les délégations étaient « en conflit feutré », entre « celles des pays en développement décidées à arracher quelque chose aux pays riches et au système des Nations Unies, celles des pays occidentaux fermement ancrées sur leurs positions, et le jeu de bascule des pays de l’est, toujours prêts à apporter leur appui verbal au Tiers Monde, mais aussi crispés que les Occidentaux sur les cordons de leur bourse ». C’est aussi dans les réunions des commissions nationales que s’expriment les revendications des États du Tiers Monde. En 1964, la première conférence des commissions nationales des pays arabes, organisée en Algérie, prend une signification politique, deux ans après l’indépendance de l’Algérie. Ces commissions nationales arabes expriment avec force les revendications des pays du Tiers Monde par rapport à l’Unesco[40].
Ces revendications portent sur divers thèmes et sur divers programmes de l’Unesco. Ainsi, par exemple, le conflit entre pays riches et pays du Tiers Monde se focalise à la conférence UNSCAT sur la question de l’orientation de la politique scientifique de l’Unesco, les pays du Tiers Monde accusant l’Unesco « de négliger l’aide au développement scientifique et technique, pour favoriser plutôt la recherche fondamentale »[41]. Un des thèmes principaux de revendications est en fait celui de la langue. La revendication de l’arabe comme langue de travail est une revendication importante du Tiers Monde. Elle s’exprime à la conférence générale de 1962, dans un projet de résolution proposé par le Pakistan, l’Iran, l’Egypte, le Koweit et le Soudan[42]. Jusqu’alors, l’arabe n’était que langue officielle, au même titre que le français, l’anglais, l’espagnol, le russe, le chinois, l’hindi et l’italien. Ce projet de résolution n’aboutit pas mais une évolution s’opère lentement. À la conférence générale de 1964, la traduction simultanée en arabe et la traduction des documents les plus importants en arabe est pour la première fois effectuée ; elle se fait toutefois aux frais des États arabes. La conférence générale de 1966 décide que la langue arabe aura progressivement le statut de langue de travail de l’Unesco, aux côtés du français, de l’anglais, de l’espagnol et du russe[43]. En 1968, à l’approche de la conférence générale, les États arabes prévoient de demander que l’arabe devienne langue de travail. Les États-Unis s’y opposent.[44]
Le projet Orient-Occident donne lieu à une importante confrontation nord/sud. En 1961, le comité consultatif du projet évoque « les états de susceptibilité » et « d’irritations », « séquelles de situations politiques révolues liées aux colonialismes et aux impérialismes »[45]. En 1962, Yves Brunsvick, secrétaire général de la commission nationale française, estime nécessaire d’englober toute la culture « afro-asiatique » dans la catégorie Orient et d’œuvrer à rapprocher cette culture de la culture occidentale, afin d’éviter que ne se crée une « ligne de partage des nations ». Il déplore que l’Unesco n’ait pas encore traité efficacement ce problème[46]. En 1962, Jacques Havet évoque, dans une lettre à M. Gomes Machado, les problèmes politiques que connaît le projet, liés aux revendications du Tiers Monde ; il évoque la thèse des Soviétiques et des Français, qui estiment que le projet devrait viser à « désamorcer » les « conflits », les « ressentiments » qui existent entre les ex-puissances coloniales et les ex-pays colonisés. Jacques Havet observe : « nous ne pouvons le faire qu’indirectement, à notre niveau et à la manière propre du projet majeur, c’est-à-dire au plan des cultures » ; il estime qu’il ne faut pas « ‘politiser’ le projet majeur, en prenant pour fondement essentiel l’ ‘esprit de Bandoung’ et ses incidences politiques ». Il refuse d’assimiler le binôme Orient/Occident du projet à une opposition entre pays décolonisés et pays anciens colonisateurs : « que faire du Japon, non colonisé, que faire des pays non colonisateurs, que faire de l’Amérique, etc. ? Que faire de l’Afrique, qui dans cette hypothèse serait considérée purement et simplement comme orientale ? »[47].
Les revendications des États africains se teintent parfois d’hostilité envers l’Occident. Ainsi, en 1965, au conseil exécutif, ces États exigent que le comité des programmes scolaires d’Afrique soit exclusivement composé d’Africains, et dénoncent l’envoi en Afrique de jeunes Européens du service volontaire comme « un moyen pour les pays industrialisés de donner bonne conscience à leurs jeunes en les envoyant travailler quelques mois en Afrique »[48]. Cependant, certains leaders africains expriment des propos modérés et conciliants, comme le Malien Hampâté Bâ et le Sénégalais M. Dieng, qui reconnaissent les bienfaits de la colonisation[49]. Les diplomates français observent en 1965 avec étonnement la « sagesse de plusieurs Africains »[50], la modération de leurs propos.
Les États du Tiers Monde obtiennent des acquis importants : une augmentation du budget, une orientation des programmes vers leurs besoins, un accroissement de leur représentation au conseil exécutif, la reconnaissance de l’arabe comme langue de travail, la participation accrue de ressortissants du Tiers Monde à de nombreuses actions de l’Unesco. Ainsi, par exemple, à partir de la fin des années 1960, des intellectuels africains sont intégrés au comité du CIPSH[51].
En outre, l’Unesco constitue « un bon terrain de formation » pour les futurs dirigeants politiques et administratifs des pays en voie de développement : les sessions de la conférence générale et du conseil exécutif, ainsi que les nombreuses conférences et réunions organisées par l’Unesco, leur apprennent comment se comporter sur la scène internationale, comme l’observe en 1972 la délégation américaine dans son rapport au secrétaire d’état[52]. 1974 marque un tournant : l’élection cette année-là du Sénégalais Amadou Mahtar M’Bow au poste de directeur général constitue un triomphe pour le Tiers Monde ; à partir de cette date, l’engagement de l’Unesco aux côtés du Tiers Monde est plus net encore, ainsi que le montrent plusieurs signes, comme par exemple l’organisation de la conférence générale de 1976, pour la première fois, en Afrique, à Nairobi.

Le rôle important de Maheu dans ce tournant.
Maheu saisit habilement le virage de la décolonisation. Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, il est le premier directeur d’une agence de l’ONU à faire une visite officielle dans l’Algérie indépendante : en novembre 1963, il est accueilli en grande pompe à Alger par les ministres des affaires étrangères et de l’orientation nationale, le sous-secrétaire d’état à la jeunesse et aux sports et les dirigeants de l’université d’Alger. Durant son séjour, il est « traité comme un chef d’état »[53]. Sa visite suscite beaucoup d’espoirs chez le gouvernement algérien.
L’Unesco devient la première institution du système de l’ONU à mettre en œuvre un programme dans ce pays[54]. En 1963, Maheu souligne, devant la commission nationale américaine, les « changements fondamentaux » entraînés par la décolonisation, et affirme sa conscience qu’« aucun pays européen n’est plus une grande puissance coloniale ou mondiale »[55]. La même année, lors d’une conversation privée avec le ministre d’état britannique, il affirme que la question de la post-colonisation est « une tâche importante » de l’Unesco[56]. Le gouvernement britannique observe que « la réputation de Maheu auprès des représentants des pays en voie de développement est très haute »[57]. La popularité de Maheu est encore accrue en 1965 auprès des milieux tiers-mondistes lorsqu’il rétablit en poste au siège de l’Unesco l’expert français Daniel Hauet-Mercier, qui, envoyé en mission pour l’Unesco au Cameroun, en avait été expulsé par les autorités locales à la demande du gouvernement français à cause de ses opinions anticolonialistes[58].
Maheu réussit même à obtenir le soutien des représentants du Tiers Monde au conseil exécutif sur sa deuxième candidature au poste de directeur général en 1967, contre celle de l’Indien Humayun Kabir, promue par le gouvernement britannique ; pourtant celui-ci, administrateur expérimenté (plusieurs fois ministre dans son pays), « intelligent » et « perspicace », musulman marié à une femme hindouïste, pouvait apparaître comme un candidat de valeur et consensuel[59]. Maheu est réélu à l’unanimité. Cependant, malgré le rôle très important joué par Maheu dans ce tournant de l’Unesco vers le Tiers Monde, cela n’empêche pas l’apparition à l’Unesco de fissures croissantes dans l’unité du Tiers Monde.

Des fissures croissantes dans l’unité du Tiers Monde.
A partir du milieu des années 1960, des fissures se produisent dans l’unité des États du Tiers Monde. D’une part, des divergences s’expriment entre le groupe latino-américain et le groupe afro-asiatique, comme le constate Olivier de Sayve au conseil exécutif en 1965[60]. D’autre part, des divergences importantes s’affirment au sein du groupe asiatique lui-même. Ainsi, en marge de la conférence générale de 1968, le chef de la délégation pakistanaise déplore dans la presse ce qu’il juge comme une sous-représentation du Pakistan et une sur-représentation de l’Inde dans le personnel de l’Unesco[61]. Enfin, des divergences apparaissent au sein du groupe africain. À la réunion d’experts sur le développement des moyens d’information en Afrique en janvier-février 1962, la délégation américaine observe que des rivalités politiques s’expriment à plusieurs reprises entre Afrique ex-française, Afrique ex-britannique et Maghreb[62]. Au fil des années 1960, l’unité du groupe africain révèle sa « fragilité », comme l’observent la France et les États-Unis au conseil exécutif en 1966. Ainsi, dans son rapport confidentiel sur la 72e session du conseil exécutif, Benton, s’il souligne « la maturité et la cohésion croissantes du groupe africain », observe en même temps « certaines preuves de clivages au sein du groupe, non seulement selon la traditionnelle ligne linguistique, mais aussi selon des lignes de personnalités et politiques ». Aux conservateurs M. Mfinanga (Tanzanien) et M. Cookey (Nigeria) s’opposent les « nationalistes extrêmes », M. Dadie (Côte d’Ivoire) et M. Atangana (Cameroun). Ces derniers, francophones, ont des difficultés à communiquer avec les représentants des pays d’Afrique de l’est, anglophones ; la différence linguistique contribue au clivage entre ces deux groupes[63].
Ainsi, l’unité du Tiers Monde se fragmente au fil des années, et cela affaiblit dans une certaine mesure ses revendications. Par ailleurs, celles-ci se heurtent à une résistance importante quoique larvée de la part des États occidentaux.

Les résistances des États occidentaux.

Les États occidentaux se trouvent dans une position ambiguë, car tout en souhaitant s’attirer la sympathie des pays du Tiers Monde, ils sont réticents à accepter une augmentation significative du budget de l’Unesco et une orientation nette de ses programmes en faveur des pays en voie de développement. Ils sont donc dans une situation délicate.

Les réticences des pays développés au sujet du programme et du budget.
Plusieurs anciens fonctionnaires de l’Unesco observent le « difficile dialogue » entre pays occidentaux et pays en voie de développement dans les conférences de l’Unesco[64], le fait que les « appels au secours » lancés par ces pays sont alors « mal écoutés » par les pays riches, qui « mesur[ent] chichement » l’aide qu’ils acceptent de leur apporter[65].
Dans les années 1960, les États-Unis nourrissent l’appréhension croissante que l’influence des gros contributeurs décline peu à peu à l’Unesco, et que le budget de celle-ci soit de plus en plus contrôlé par les pays receveurs d’aide, numériquement majoritaires[66]. Ils pensent que « les tensions croissantes entre le monde développé et le monde en voie de développement entraînent de réels risques pour l’ensemble du système de l’ONU, et notamment pour l’Unesco ». Ils estiment qu’avec la décolonisation, l’Unesco affronte « une épreuve plus critique » encore que celle de la guerre froide[67]. Ces craintes sont partagées par d’autres États occidentaux. Après l’atmosphère euphorique et fédératrice de la conférence générale de 1960, celle de la conférence générale de 1962 est « très houleuse, violente » ; la revendication des pays du Tiers Monde d’élever le plafond budgétaire à 50 millions de dollars suscite une vive opposition entre les pays du Tiers Monde et les pays développés[68]. En 1963, au conseil exécutif, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis se concertent pour résister aux demandes d’augmentation du budget[69]. Cependant, ils finissent par se rallier au budget proposé par Maheu[70].
L’attitude de résistance des pays occidentaux face à l’augmentation du budget n’est pas partagée par tous les dirigeants de ces pays. Ainsi, en 1963, dans son rapport sur la 65e session du conseil exécutif, Benton, sénateur américain et membre du conseil exécutif, observe que l’attitude des États-Unis d’hésitation et de résistance face à la volonté des pays en voie de développement d’un budget croissant entraîne une détérioration de l’image des États-Unis dans ces pays ; il incite donc le gouvernement américain à se montrer plus favorable à l’augmentation du budget[71]. Cependant, le gouvernement américain reste très hostile, dans les années suivantes, à la volonté de Maheu d’augmenter le budget[72] ; le secrétaire d’état, Dean Rusk, dans une conversation privée avec Maheu en décembre 1965, menace de ne pas payer la contribution américaine à l’Unesco si l’organisation augmente encore son budget[73].
Cette réticence est partagée par la France. En 1965, le ministère des affaires étrangères français déplore qu’à l’Unesco, « on voit très nettement s’élaborer une doctrine et se réaliser une politique » dictées par les États du Tiers Monde. Il regrette que « les grandes puissances [aie]nt du mal à adopter des positions communes sur la question de l’expansion du budget de l’Unesco et de l’octroi des fonds extrabudgétaires » pour résister aux revendications des États du Tiers Monde[74]. En 1969, Jean-Fernand Laurent déplore que « les représentants du Tiers Monde, qui composent la majorité du conseil, s’avèrent beaucoup plus soucieux des intérêts régionaux et locaux que de la vocation universelle de l’Unesco ». Il critique notamment avec sévérité « les vieux membres latino-américains du conseil qui, sans doute dans l’espoir de drainer davantage encore vers leur continent l’assistance technique de l’Unesco, se font chaque fois les chefs de la brigade de la flagornerie »[75].
Les États occidentaux, s’ils sont très réticents à accepter les revendications des pays du Tiers Monde, n’osent pas s’y opposer de manière nette, par crainte de s’en faire mal voir. Ainsi, au conseil exécutif en 1965, le représentant de la France, Olivier de Sayve, observe que face au groupe africain extrêmement déterminé et uni, « les Occidentaux n’ont pas réussi à faire triompher leurs vues », et ont gardé une « attitude réservée », par « peur de blesser les Africains […et] de paraître défendre les nations nanties »[76].
Les réticences des États occidentaux portent non seulement sur les revendications concernant le programme et le budget, mais aussi sur les revendications linguistiques. Ainsi, en 1966, les diplomates français sont hostiles à l’introduction de l’arabe à la conférence générale, ils considèrent « cette innovation » comme « un précédent inquiétant » et déplorent que cela va « peser lourdement […] sur les finances de l’Unesco », et que cela aura des répercussions défavorables sur la situation de la francophonie[77].
Des réticences s’expriment aussi sur la question du colonialisme. Ainsi, en 1963, le gouvernement américain et le gouvernement britannique sont fortement contrariés des déclarations faites par Maheu dans la presse et prônant une réorientation de l’Unesco sur les problèmes du racisme, de la post-colonisation et du désarmement, et décident de lui signifier que « la méthode et le ton de la présentation de ces idées à la presse constituent une déviation malheureuse et inutile par rapport à la pratique normale »[78]. Le Royaume-Uni décide de « faire tout ce qui est possible, sans se retrouver trop isolé au conseil exécutif, pour éliminer les occasions de propagande au sujet du néo-colonialisme », éviter que l’Unesco ne s’engage clairement contre le colonialisme, et « résister à toute tentative pour lier colonialisme et problèmes raciaux »[79]. En 1962, Maheu se rend en visite aux États-Unis, et le département d’état lui fait rencontrer le président Kennedy, qui s’emploie à le convaincre de renoncer à s’occuper des problèmes post-coloniaux, et qui l’incite plutôt à « confiner son travail aux besoins les plus pressants des pays les moins développés » au moyen de l’assistance technique[80]. Les diplomates français, dans leurs rapports confidentiels, se montrent condescendants voire hostiles envers les Africains et envers leurs revendications sur la question du colonialisme. Ainsi, en 1965, Olivier de Sayve critique « la susceptibilité des noirs », « leurs complexes », leur « extrême sensibilité […] aux questions touchant la liquidation du vieil ordre de choses colonial », leur « susceptibilité excessive ». Il critique les revendications d’Hampâté-Bâ, faite « en termes trop peu nuancés » selon lui[81].
Les réticences des États occidentaux portent aussi sur l’ouverture du conseil exécutif à des représentants du Tiers monde et sur son élargissement. En 1967, ces États se résignent à l’élargissement du nombre des membres du conseil exécutif, estimant que cet élargissement, qui constitue pour eux une perte relative de sièges, vaut mieux qu’une perte en chiffres absolus[82]. Tout au long des années 1960 et 1970, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis parviennent à conserver des représentants au conseil exécutif ; leurs représentants sont même tacitement considérés comme permanents[83]. Ainsi, ces États s’efforcent de conserver le conseil exécutif comme un bastion occidental. Les réticences de ces États portent enfin sur les nominations aux hauts postes du Secrétariat, nominations qui constituent durant toutes ces années un enjeu majeur[84].
La question du Portugal et de l’Afrique du sud est emblématique de cette opposition nord-sud. En 1962, au conseil exécutif, le Mali demande l’exclusion du Portugal et de l’Afrique du sud de la liste des invités à la 26e Conférence internationale de l’instruction publique (prévue à Genève en juillet 1963), pour cause d’attittude coloniale et raciste. Les puissances occidentales s’y opposent, arguant du caractère universel et apolitique de l’Unesco, et faisant valoir qu’elles adoptent ainsi une attitude « légaliste » [85]. En mars 1965, le Portugal est admis à l’Unesco. Cette admission suscite une réaction violente de la part de la majorité des pays du groupe africain, qui déposent un projet de résolution au conseil exécutif, demandant la création d’une nouvelle région géographique pour le Portugal, une révision de l’acte constitutif et l’exclusion du Portugal de toutes les conférences régionales de l’Unesco[86]. Les États occidentaux, et notamment le gouvernement français, tout en s’efforçant de ne pas blesser leurs « amis africains », sont opposés à la « discrimination flagrante » selon eux que ces États veulent infliger au Portugal. Le gouvernement français affirme vouloir adopter « une attitude objective, indépendamment de toute question politique particulière »[87]. En mai 1965, le conseil exécutif envisage un projet d’enquête sur la situation de l’éducation dans les territoires africains sous administration portugaise, et subordonne aux résultats de cette enquête l’invitation du Portugal à la prochaine conférence sur l’instruction publique. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France votent contre ce projet de résolution, estimant qu’une telle résolution entraînerait une « discrimination » du Portugal, contraire à l’acte constitutif ; elles souhaitent que le Portugal puisse participer à cette conférence. Ces puissances soutiennent en revanche le projet de résolution portugais, qui prévoit d’accepter l’enquête à condition que les pays qui l’ont proposée s’y soumettent aussi[88]. Le projet de résolution portugais est finalement voté, l’ « enquête » étant finalement désignée sous le terme moins inquisiteur d’ « étude ». Cependant, en octobre 1965, malgré l’opposition des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France, le conseil exécutif, sur la pression des États africains, vote contre l’admission du Portugal aux conférences de l’Unesco[89]. L’assemblée générale de l’ONU adopte une résolution demandant à tous les gouvernements et à toutes les agences spécialisées de l’ONU de ne plus apporter d’aide aux gouvernements du Portugal et de l’Afrique du sud, à cause de la politique coloniale du premier et de la politique discriminatoire du second. Une résolution analogue est prise par le conseil exécutif et la conférence générale de l’Unesco en 1966, sur l’initiative de l’URSS et avec le soutien des États africains et de Maheu, et contre la volonté des puissances occidentales[90]. En novembre 1968, lors d’un débat sur « la contribution de l’Unesco à la paix et sur la tâche de l’Unesco dans l’élimination du racisme et du colonialisme et dans la lutte des peuples coloniaux pour leur indépendance », sont votées deux résolutions qui excluent le Portugal des activités de l’Unesco, et qui prévoient que l’Unesco suspende toute coopération avec ce pays dans le domaine de l’éducation, de la science, et de la culture, et apporte une assistance accrue aux pays africains colonisés par le Portugal[91]. À la conférence générale de 1970 est votée une résolution prévoyant des mesures d’aide aux mouvements d’indépendance africains sous colonisation portugaise. En octobre 1971, le conseil exécutif, au terme d’une « dure confrontation » de sept. heures, finit par voter la rupture des relations avec les ONG qui conservent des relations avec l’Afrique du sud, la Rhodésie du sud ou les territoires portugais d’Afrique. Seuls deux États s’opposent à cette rupture, les États-Unis et le Royaume-Uni[92]. En 1971, le Portugal décide de se retirer de l’Unesco[93].
La question du Portugal et de l’Afrique du sud a donc constitué l’enjeu d’une opposition entre les États occidentaux et ceux du Tiers Monde. Dans cette question, les États occidentaux se placent du côté colonialiste, bien que la raison officielle avancée par eux pour justifier la participation du Portugal repose sur l’idée de l’apolitisme de l’Unesco, et sur l’argument que l’adhésion d’un État, même non démocratique, à l’Unesco, est quelque chose de positif car cela permettrait sa démocratisation par l’intermédiaire de l’action de l’organisation.
Ainsi, durant ces années, les États occidentaux, réunis dans le groupe de Genève, s’efforcent de freiner les revendications des États du Tiers Monde à l’Unesco. Cependant, leur attitude est ambiguë, et se caractérise aussi par la volonté de s’assurer la sympathie des pays en voie de développement. Dans cet objectif, les États développés, de l’est et de l’ouest, rivalisent entre eux et se lancent parfois dans une surenchère pour séduire les pays en voie de développement .

Les rivalités des pays de l’est et de l’ouest pour s’attirer la sympathie du Tiers Monde.

A partir de la fin des années 1950, la guerre froide se déplace vers les pays du Tiers Monde. L’émergence du Tiers Monde entraîne sur la scène de l’Unesco une concurrence des grandes puissances pour s’attirer leur sympathie ; cette concurrence est perçue, et déplorée, par les délégués africains. Ainsi, à la conférence générale de 1960, Hampâté Bâ déclare : « Les pays africains ne rougissent pas d’être les pupilles de pays plus développés, mais les prient de ne pas se battre entre eux pour leur venir en aide et de les laisser apprécier les cadeaux qu’ils veulent leur faire »[94]. Cette attitude des États développés s’exprime clairement dans les lettres et rapports confidentiels des membres des délégations à la conférence générale et des membres du conseil exécutif à leurs gouvernements, ainsi que dans les rapports confidentiels des délégations sur les réunions et conférences organisées par l’Unesco, à leurs gouvernements. Il a été possible de consulter de tels documents pour les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, mais pas pour les États socialistes et en particulier pas pour l’URSS. Cela rend les sources disponibles un peu déséquilibrées, mais on peut rétablir une vision objective par leur analyse rigoureuse ; en outre, dans ces sources, la position de l’URSS est souvent mentionnée. Enfin, les archives officielles de l’Unesco (actes de la conférence générale, du conseil exécutif, rapports des États membres) contiennent à cet égard des données intéressantes.
L’URSS est très active dans ses efforts en direction des pays du Tiers Monde. En juin 1960, le ministre des affaires étrangères soviétique, Andreï Gromyko, déplore dans un entretien confidentiel avec Veronese que « sur l’organisation pèsent toujours des résidus d’intérêts de certains pays coloniaux en rapport avec leurs anciennes colonies ». Il dénonce le fait que « les colonisateurs freinent […] l’action de l’Unesco destinée à aider les pays qui ont récemment acquis leur indépendance »[95]. Les Soviétiques mènent une offensive importante en ce sens à la conférence générale de 1960. Ils proposent l’adoption d’une « déclaration de l’Unesco sur l’octroi de l’indépendance à tous les pays et peuples colonisés » ; les autres pays occientaux s’y opposent, arguant qu’une telle tâche ne serait pas du ressort de l’Unesco, mais de l’ONU ; David Eccles, chef de la délégation britannique, défend l’idée que le colonialisme n’est pas un concept statique, qu’il ne signifie pas la même chose pour tous les États membres, qu’il y a une importante distinction entre le colonialisme du passé et le colonialisme du XXe siècle ; il défend la politique coloniale britannique qu’il présente comme « une politique constante d’aide »[96]. Un groupe de travail est constitué au sein de la conférence générale pour réfléchir à cette question[97]. Finalement la conférence adopte une résolution édulcorée par rapport à la proposition soviétique initiale. Elle porte sur « le rôle de l’Unesco dans l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples colonisés » et sur l’idée que le colonialisme sous toutes ses formes doit être supprimé et que l’accession à la liberté et à l’indépendance ne doit pas être retardée sous le faux prétexte du niveau insuffisant d’un territoire dans les domaines de l’éducation, la science et la culture[98].
A la même conférence générale de 1960, l’URSS propose un changement radical dans le statut de membre associé, dénoncant ce « statut discriminatoire », « édifice honteux du colonialisme », qui bafoue le principe démocratique d’égalité des États membres. Lors de la discussion sur l’admission au statut de membre associé du Rwanda, de l’île Maurice, et du Tanganyika, l’URSS insiste pour que ces États recoivent non pas le statut de membres associés, mais celui de membre véritable. Les États occidentaux, hostiles à cette proposition, mais soucieux de ne pas s’aliéner la sympathie des pays du Tiers Monde par une opposition franche, la combattent sur le plan de la procédure, faisant valoir qu’il s’agit d’une demande qui impliquerait une modification de la constitution de l’Unesco et rappelant que toute proposition de modification de la constituion doit être envoyée à tous les États membres six mois à l’avance, ce qui n’a pas été fait[99].
Toujours à cette conférence générale de 1960, la délégation soviétique propose de remplacer le poste de directeur général par une « direction collégiale », composée de trois directeurs ayant des pouvoirs égaux, l’un représentant les démocraties populaires, l’autre les pays neutres et le troisième les nations occidentales. Les délégations occidentales y sont fermement opposées, tandis que les pays du Tiers Monde y sont favorables[100]. En 1961, lors d’une séance privée du conseil exécutif, le représentant de l’URSS, M. Pavlov, reformule cette demande, soulignant qu’un tel système permettrait « une plus juste répartition géographique » de la direction de l’Unesco et accorderait au Tiers Monde la place qu’il mérite et qu’il n’a pas[101]. Cette proposition, se heurtant à l’opposition des Occidentaux, n’est pas adoptée.
En 1962, dans son rapport officiel à la conférence générale, l’URSS déplore que malgré les décisions de la 11e conférence générale et de la 59e et 60e sessions du conseil exécutif, l’Unesco n’ait toujours concrètement rien fait pour contribuer à la « suppression du colonialisme », et exige que l’Unesco élimine de son acte constitutif « les relents de colonialisme qui subsistent dans les dispositions concernant les « membres associés » et les conditions de leur admission ; « il est urgent d’abolir cette distinction qui établit une ‘catégorie inférieure’ de membres »[102]. À la conférence générale de 1964, sur proposition de l’URSS, une autre résolution est adoptée sur « le rôle de l’Unesco dans l’octroi de l’indépendance aux peuples et nations colonisés », prévoyant la préparation d’un rapport sur les effets néfastes du colonialisme dans les domaines de l’éducation, de la science, et de la culture[103]. À la conférence générale de 1966, l’URSS soumet un projet de résolution stipulant que l’Unesco condamne « le colonialisme et le néo-colonialisme », et qu’elle exige un octroi rapide de l’indépendance à tous les peuples colonisés[104]. Les États occidentaux s’opposent à ce nouveau projet de résolution soviétique, estimant que cette résolution ferait « dévier l’Unesco sur une voie politique contraire à sa mission »[105]. En décembre 1964, l’URSS écrit confidentiellement à tous les gouvernements afro-asiatiques pour leur demander de soutenir la demande soviétique de participation à la prochaine conférence des pays afro-asiatiques à Alger. L’URSS fait valoir :
« Les buts de la conférence afro-asiatique ne sont pas étrangers à l’URSS. Si l’URSS était invitée à la conférence, elle pourrait apporter une grosse contribution à son succès. […] l’URSS n’appartient pas seulement de manière géographique, mais aussi politique et morale au cercle des pays afro-asiatiques. Si l’URSS et les pays afro-asiatiques combattent ensemble l’impérialisme et le colonialisme, ils seront victorieux. »[106]
Ainsi, les Soviétiques déploient d’importants efforts, à partir de 1960, pour devenir les leaders des revendications du Tiers Monde.
Les États-Unis mènent eux aussi des efforts intenses pour séduire le Tiers Monde. Leur objectif est de rallier au camp atlantique les pays nouvellement indépendants, pour des motifs idéologiques et aussi économiques. On constate, avec Gail Archibald, la contradiction des États-Unis, qui, sur la scène de l’ONU et de l’Unesco, défendent ardemment les droits des pays africains, tandis que sur leur sol ils maintiennent encore la discrimination raciale[107].
Les États-Unis ne mènent pas cette action de séduction des pays en voie de développement de la même façon que les Soviétiques. Leur méthode est plutôt de se poser en dispensateurs d’aide matérielle, d’assistance technique, de subventions. Les sessions de la conférence générale et du conseil exécutif, ainsi que les autres conférences et réunions convoquées par l’Unesco, sont des occasions pour les États-Unis et l’URSS d’entrer en conflit. À la conférence générale de 1960, la délégation américaine se donne comme objectif d’« affirmer la domination américaine sur la conférence, de maintenir les Soviétiques sur la touche, et de gagner la confiance et l’estime des régions sous-développées, en particulier de l’Afrique ». Au terme de la conférence générale de 1960, le chef de la délégation américaine, Robert H. Thayer, estime :
« Nous avons, je pense, réussi à prendre la direction de la conférence en offrant notre assistance aux Africains dans le domaine de l’éducation, sans laisser penser à nos amis d’Asie, des États arabes et d’Amérique latine que nous le faisons à leur dépends. Cela a été un travail délicat. »[108]
A la conférence des commissions nationales asiatiques à Manille en 1960, la délégation américaine s’efforce de renforcer la domination des États-Unis sur le Tiers Monde, et s’irrite de l’attitude tiers-mondiste adoptée à cette conférence par l’URSS, jugeant que les Soviétiques ont « introduit des enjeux politiques et de propagande dans la conférence »[109]. De même, la réunion d’experts sur la liberté de l’information en Asie du sud-est (Bangkok, 1960) est l’objet d’une concurrence analogue entre les deux grands, comme le révèle le rapport confidentiel envoyé au département d’état par la délégation américaine à cette réunion. Wilbur Schramm, président de cette délégation, critique l’attitude des Soviétiques et aussi celle de du Yougoslave Tor Gjesdal, chef du département de l’information, qui a organisé la réunion et a selon lui adopté une position pro-soviétique et anti-américaine : il aurait adopté une attitude « extrêmement autoritaire », aurait pris des « décisions inconsidérées » et « hautement préjudiciables » pour les Américains, aurait fait preuve d’une « personnalité fermée », et aurait « offensé personnellement plusieurs Asiatiques », en désignant à voix haute plusieurs États asiatiques comme des « satellites américains ». Wilbur Schramm s’inquiète aussi de la présence de tendances socialistes chez les délégués et experts asiatiques, tendances perceptibles dit-il dans leurs opinions en faveur du contrôle étatique sur l’information. Il déplore que la délégation américaine n’ait « pas réussi à empêcher la délégation soviétique d’avoir de l’impact »[110]. La concurrence entre URSS et États-Unis apparaît clairement à travers ce rapport. Il en va de même à la réunion d’experts sur le développement des moyens d’information en Afrique, organisée par l’Unesco en janvier-février 1962, comme le révèle, là encore, le rapport de la délégation américaine au département d’état ; la rivalité entre les grandes puissances est toujours forte pour s’assurer la sympathie des pays en voie de développement ; ainsi la délégation américaine se réjouit d’avoir fait une « favorable impression » aux pays africains grâce à sa « taille impressionnante », à ses « compétences variées », et à son « attitude constructive », et grâce à la démonstration aux Africains de sa « bonne volonté » à répondre à leurs besoins[111].
En 1961, le gouvernement américain prend de multiples initiatives en faveur de l’aide au développement. Il crée, par fusion de différents organismes, une « association internationale du développement », met en place un « Corps des volontaires de la paix » (Peace Corps), développe le programme Food and Peace, établit « l’Alliance pour le progrès », et engage les Nations Unies à lancer la « décennie pour le développement ». Selon Gail Archibald, ces initiatives permettent un rapprochement entre les États-Unis et l’Unesco, profitable aux deux partenaires[112]. Au début des années 1960, les États-Unis craignent fortement une contagion du communisme dans les pays d’Afrique nouvellement indépendants ; ils misent sur les programmes de l’Unesco pour détourner la population africaine de la tentation communiste[113]. En 1961, la 8e conférence nationale de la commission nationale américaine pour l’Unesco a pour thème « l’Afrique et les États-Unis : images et réalités ». Cette conférence traite de manière approfondie de l’image des États-Unis en Afrique, et des moyens de mieux faire connaître l’Afrique aux États-Unis[114]. À la conférence générale de 1962, la délégation américaine incite l’Unesco à s’engager à plein dans la « décennie du développement » mise en œuvre par l’ONU[115].
En fait, ces actions d’aide au développement promues par les États-Unis, sous couvert d’aide désintéressée au Tiers Monde, constituent un moyen de promouvoir la culture et l’idéologie américaine en Afrique ; elles s’inscrivent dans le cadre d’une volonté d’hégémonie[116]. L’Unesco constitue clairement pour les États-Unis un moyen de s’assurer leur domination sur le monde, comme le révèlent les correspondances confidentielles des dirigeants et les discours au Congrès. L’Américain Donald B. Eddy exprime en 1963 dans une lettre à Benton le mécontentement du gouvernement américain d’avoir perdu son influence prépondérante sur le vote du programme et du budget de l’Unesco, à cause de la supériorité numérique des pays du Tiers Monde, et son inquiétude de voir les États-Unis devenir de moins en moins populaires auprès des pays en voie de développement a cause de la réticence de cet état à voter pour un budget élevé[117]. En mars 1963, Lucius Battle, secrétaire d’état adjoint pour les affaires culturelles, affirme dans un discours au Sénat : « actuellement je pense qu’il est clair qu’il est de notre avantage de rester dans cette organisation » ; mais il estime que les États-Unis doivent y adopter une attitude plus « forte », plus « ferme », plus « inflexible », pour pouvoir y imposer leurs idées. Il reconnaît toutefois : « je ne crois pas, même ainsi, que nous arriverions forcément à y faire tout ce que nous voulons. […] Il nous sera toujours difficile de décider à notre guise à l’Unesco »[118]. En 1964, Eugene Sochor, assistant directeur de la commission nationale américaine, reconnaît que l’Unesco constitue pour les États-Unis un instrument de la politique américaine, pour lutter contre la propagande soviétique, et que « l’Unesco peut devenir une voix puissante pour nos idéaux et concepts, qui peut être entendue par de nombreuses nations non-alignées »[119].
En septembre 1965, le président américain Johnson, dans un discours devant la Smithsonian Institution, présente un grand programme en cinq points, qui, ainsi que l’observe le diplomate français Olivier de Sayve, « se rapproche à bien des égards du programme de l’Unesco »[120]. En décembre 1965, Johnson informe Maheu de sa décision de transférer aux projets d’aide au développement de l’Unesco une partie des fonds américains jusqu’alors consacrés à l’aide bilatérale[121]. En 1965, selon Benton, le gouvernement américain tend de plus en plus à accorder de l’aide aux pays en voie de développement de manière multilatérale plutôt que bilatérale, et mène une politique croissante de soutien à l’égard des organisations internationales[122]. Maheu se montrant très intéressé par le discours de Johnson, le département d’état estime qu’il est dans l’intérêt des États-Unis d’organiser une rencontre entre Maheu et Johnson lors de la visite de Maheu à Washington en mars 1966[123]. Lors de cette rencontre, Maheu souligne la proximité entre les objectifs de l’Unesco et le programme en cinq points présenté par Johnson, et demande à celui-ci de mentionner explicitement l’Unesco dans sa présentation de ce programme devant le congrès[124]. Dans son message à l’occasion du 20e anniversaire de l’Unesco, Johnson affirme sa « satisfaction » et son « espoir » à l’égard de l’action de l’Unesco, et déclare que les objectifs des États-Unis et ceux de l’Unesco sont similaires : construire une Great Society pour les peuples du monde entier. Il confie la révision de la politique des États-Unis à l’égard de l’Unesco à Henry J. Kellerman, ancien représentant permanent des États-Unis à l’Unesco, et « chaleureux ami de l’organisation ». Dans cette nouvelle politique, il s’agit pour les États-Unis de privilégier l’action multilatérale sur l’action bilatérale, et pour cela de participer plus activement aux activités de l’Unesco et de les orienter dans le sens de l’intérêt national américain. Dans cet esprit, sous Johnson, les États-Unis subventionnent généreusement les projets de fonds spécial de l’Unesco[125]. Les États-Unis font aussi des efforts pour s’attirer l’amitié des pays en voie de développement et en particulier du groupe latino-américain[126].
C’est aussi par le biais des relations entre les commissions nationales que les États-Unis s’efforcent de se rendre populaires auprès des pays en voie de développement, et en particulier des pays latino-américains. Ainsi, par exemple, en 1967, la commission nationale américaine décide d’organiser une réunion conjointe des commissions nationales anglophones de l’hémisphère occidental, et de leur apporter de l’aide, notamment en contribuant à la formation de leurs fonctionnaires par des séjours de trois mois aux États-Unis[127]. En offrant ces services, il s’agit de promouvoir le modèle américain auprès des fonctionnaires de ces pays. En 1970, les États-Unis observent qu’en général les États latino-américains (sauf Cuba, le Chili, le Pérou, la Bolivie) soutiennent les États-Unis dans le cadre de l’Unesco[128].
Quel est le résultat de cette concurrence des deux blocs pour s’attirer la sympathie des pays en voie de développement ? Les relations entre ceux-ci et les grandes puissances dans le cadre de l’Unesco reproduisent celles qui règnent dans le cadre de la politique internationale : ces pays se partagent entre pro-américains, pro-soviétiques, et neutralistes. Le fait que les deux blocs se livrent, à l’Unesco, à une surenchère pour séduire les pays en voie de développement contribue à rendre plus radical encore le virage de l’Unesco vers l’aide au développement. En même temps cela entraîne des oppositions qui paralysent l’Unesco. Ces luttes constituent l’une des manifestations du fait que la guerre froide se poursuit à l’Unesco durant ces années.

2.3.2. La poursuite des tensions est-ouest.

La guerre froide continue pendant ces années à se manifester au sein de l’Unesco avec acuité[129]. Ainsi, en 1960, le ministre des affaires étrangères de Tchécoslovaquie, M. David, se plaint auprès de Veronese que les pays socialistes seraient « discriminés dans leurs relations avec l’Unesco, qui prête toujours beaucoup trop d’attention aux opinions exprimées par les États-Unis ». Il déplore que l’Unesco, sous prétexte d’apolitisme, se dérobe à s’engager dans les grands débats importants du monde actuel, et observe une attitude de « désintéressement aux problèmes de la paix ». Il dénonce les efforts des États-Unis pour « se servir de l’Unesco comme un instrument de lutte idéologique et de lutte contre le communisme »[130]. Maheu, en visite au département d’état américain en octobre 1962, déplore que le département d’état n’entretienne pas des relations plus étroites avec l’Unesco, et ne lui fasse pas connaître plus clairement ses positions[131]. Il renouvelle sa visite en avril 1963, et, par ses efforts, parvient, de l’avis même des fonctionnaires du département d’état, à resserrer les liens entre l’organisation et le gouvernement américain[132]. Il est intéressant d’analyser les manifestations de la guerre froide à l’Unesco pendant cette période. On peut discerner différents niveaux : celui du personnel du siège et du terrain ; celui des assemblées (c'est-à-dire la conférence générale, le conseil exécutif, et les réunions et conférences organisées par l’Unesco) ; celui des programmes.

Au niveau du personnel du siège et du terrain.

L’opposition est-ouest au niveau du personnel du siège et du terrain est évoquée par plusieurs anciens fonctionnaires, qui témoignent, malgré leur « devoir de réserve », des heurts liés à la guerre froide à cette époque au sein du personnel. Ainsi par exemple, Rex Keating évoque : « les Soviétiques ont toujours formé une clique à part ; et les Américains étaient toujours difficiles, obsédés par la sécurité »[133]. Dumitrescu affirme que les Américains préféraient travailler avec des Britanniques ou des Américains, et les Soviétiques avec des gens des pays d’Europe de l’est ; toutefois, il observe que les tensions politiques au sein du personnel n’étaient généralement pas manifestées ouvertement. Cependant, il évoque que, lorsqu’il a commencé à travailler pour l’Unesco, à la fin des années 1960, son assistant, américain, lui était hostile, et s’est efforcé de lui faire du tort[134]. De même, E.R., Hongrois, évoque ses dissensions, dans les années 1960, avec son collègue britannique P.H. Philips[135]. Jacques Boisson, lui aussi, souligne que la guerre froide était perceptible dans les relations entre les fonctionnaires occidentaux et ceux des pays de l’est, notamment dans les relations entre lui-même et son supérieur le Soviétique Sema Tanguiane[136]. En revanche, des affinités par-delà les nationalités peuvent aussi se développer, liées à des affinités idéologiques. Ainsi, Prévost témoigne de sa bonne entente dans les années 1960 avec son supérieur le Soviétique Matveyev, qu’il estime due à son appartenance au PCF[137]. Malgré la présence de ces tensions, plusieurs fonctionnaires s’efforcent de rester neutres, qu’ils soient occidentaux comme comme Rex Keating ou Sandy Koffler, ou d’un pays socialiste comme Sorin Dumitrescu[138]. Par ailleurs, il faut noter que beaucoup d’anciens fonctionnaires interviewés dans le cadre de ce travail refusent d’admettre l’existence de tensions politiques liées à la guerre froide au sein de l’Unesco à cette époque, réaffirmant le caractère apolitique de l’organisation[139].
Les archives diplomatiques américaines sont très révélatrices de l’importance que le gouvernement américain accorde à la composition du personnel de l’Unesco dans le cadre d’une logique de guerre froide. Anxieux d’assurer une domination des Américains sur le personnel de l’Unesco, à la fois sur le plan quantitatif (en nombre d’employés) et qualitatif (concernant les postes-clés), le gouvernement américain s’inquiète de la faible proportion des citoyens américains dans le personnel des agences de l’ONU[140]. Il est très inquiet d’une éventuelle propagande communiste à l’Unesco, qui serait faite par le personnel soviétique. Cette crainte apparaît dans la correspondance de Benton avec les milieux gouvernementaux américains ; celui-ci se dit « alarmé par l’infiltration dans l’Unesco d’activités et de slogans de propagande russes »[141]. Les États-Unis parviennent durant cette période à placer des Américains à des postes-clés, comme notamment au poste de sous-directeur général pour l’administration[142]. Ils s’inquiètent lorsqu’un poste important passe à un Soviétique ; c’est le cas par exemple en 1960 avec la nomination d’un Soviétique au poste de sous directeur général pour l’éducation[143]. On observe une véritable psychose de la part du département d’état américain, qui se traduit par des craintes et des jugements disproportionnés ; ainsi, en 1961, il estime que tous les fonctionnaires soviétiques de l’Unesco sont des espions professionnels[144] ; la même année, le secrétaire d’état, Dean Rusk, affirme dans une lettre confidentielle que l’attitude de l’URSS d’implication croissante dans le personnel des agences de l’ONU constitue « un effort pour affaiblir ou détruire la capacité d’action des organisations internationales »[145]. En 1970, le département d’état déplore la présence du Soviétique Oleg Mikhailov, jugé « déloyal », au poste de directeur du département de la documentation, des bibliothèques et des archives, dénonce « son manque de coopération et ses tactiques d’obstruction », et pense que grâce à cet agent, l’URSS aurait mis la haute main sur les archives de l’Unesco, afin de s’en servir pour obtenir des informations confidentielles sur plusieurs États membres, et pour orienter les programmes de l’Unesco à sa guise[146]. Les fonctionnaires américains de l’Unesco sont contrôlés par leur gouvernement et doivent lui reverser une petite partie de leur salaire[147]. Des liens étroits se développent entre la délégation américaine et plusieurs fonctionnaires américains de l’Unesco, ceux-ci obéissant à des instructions politiques données par celle-là ; le gouvernement américain ne respecte donc pas le caractère théoriquement apolitique des fonctionnaires de l’Unesco. Ainsi, en 1970, le gouvernement américain est satisfait de Harold Foecke, directeur du département de l’enseignement des sciences, qui s’est montré « très coopératif et utile à la délégation permanente »[148].
L’URSS mène elle aussi une politique vigilante concernant le personnel de l’Unesco. Tout au long de ces années, les fonctionnaires soviétiques continuent à être surveillés étroitement par leur gouvernement ; ils se réunissent régulièrement à la délégation permanente de l’URSS, qui les contrôle et leur fait reverser une grande partie de leur salaire à leur gouvernement[149]. Il en va de même pour les fonctionnaires des autres pays de l’est. Pour Dumitrescu, cette obligation concernant le salaire constituait de la part de ces gouvernements « un moyen efficace de pression ». Il déplore que cette pratique, quoique bien connue de la direction de l’Unesco et du comité administratif de coordination (CAC), n’en ait jamais été dénoncée[150]. Les fonctionnaires des pays de l’est sont rappelés par leur gouvernement au bout de quatre ans, afin déviter qu’ils ne prennent trop d’indépendance et de distance vis-à-vis de leur pays[151] ; Maheu, observant cet état de choses, déplore que l’URSS n’a pas encore accepté de se plier à l’éthique de la fonction publique internationale[152]. Il intervient occasionnellement pour insister auprès de ces États pour garder tel fonctionnaire de l’est plus longtemps[153].
Cette vigilance des deux superpuissances se traduit par des rivalités pour les postes au siège et sur le terrain.

Des rivalités pour les postes au siège.
Des rivalités importantes se produisent entre URSS et États-Unis pour les postes de chefs de secteurs et de départements[154]. Au début des années 1960, l’URSS se fixe comme objectif d’augmenter le nombre d’employés soviétiques à l’Unesco (comme dans l’ensemble des agences spécialisées), et de limiter celui des employés occidentaux[155]. En 1960, lors de sa visite en URSS, Veronese a un entretien confidentiel avec Andreï Gromyko. Celui-ci se plaint du trop faible nombre de Soviétiques au secrétariat, et du nombre excessif d’Occidentaux : il menace que l’URSS quitte l’Unesco : « il est nécessaire de remédier à cet état de choses parce que, j’en suis sûr, vous ne voulez pas que l’URSS quitte l’Unesco. Or, c’est une question de prestige national », dit-il[156]. L’URSS se plaint d’être sous-représentée dans le personnel de l’Unesco : les Soviétiques représentent 2,2% du personnel, alors que l’URSS contribue pour 13% du budget[157]. Le ministre des affaires étrangères de Tchécoslovaquie, M. David, exprime une plainte analogue à Veronese[158]. Le département d’état s’inquiète de l’article « à l’Unesco » publié dans le journal moscovite Temps Nouveaux en juin 1960, qui critique la sous-représentation des Soviétiques au secrétariat (2%) par rapport à leur contribution financière (13%)[159].
Les fonctionnaires soviétiques des départements du programme du secrétariat font partie de l’élite scientifique et intellectuelle soviétique[160]. L’URSS considère en effet l’Unesco comme une « façade » internationale, et s’efforce de s’y présenter sous le jour le plus prestigieux. Maheu, ainsi que les Américains eux-mêmes, reconnaissent la grande compétence des fonctionnaires soviétiques du Secrétariat, en particulier des scientifiques[161].
Au début des années 1960, le département d’état est très préoccupé par le souci d’obtenir la nomination d’Américains à l’Unesco, et d’éviter la nomination de Soviétiques ; la quantité de correspondance échangée à ce sujet en témoigne[162]. En effet, « les États-Unis et l’URSS sont sous-représentés au secrétariat de l’Unesco, et s’efforcent tous deux vivement d’accroître le nombre de leurs nationaux au secrétariat », comme l’observe un diplomate américain[163]. En mai 1960, le département d’état s’inquiète de la volonté du directeur général de remplacer l’assistant directeur général pour l’éducation, Jean Thomas, qui va prendre sa retraite, par un Soviétique[164]. En décembre 1961, il s’alarme des pressions du gouvernement soviétique pour faire nommer des Soviétiques au secrétariat[165]. En mai 1962, il déplore le départ de plusieurs fonctionnaires américains du secrétariat, ce qui fait selon lui que « la capacité des États-Unis d’exercer une influence constructive au sein de l’organisation décline ». Ces départs de fonctionnaires américains sont attribués par le département d’état d’une part à la personnalité autoritaire de Maheu, d’autre part aux salaires offerts, qui sont peu motivants pour des Américains[166]. En 1962, l’Unesco emploie 544 Français, 217 Britanniques, 65 Américains, et 19 Soviétiques[167]. En 1963, c’est finalement le Latino-Américain M. Betancur qui est nommé assistant directeur général pour l’éducation, et non pas un Soviétique. Le département d’état se réjouit de ce choix, estimant que Betancur est « plus américain qu’un américain ». En effet, « Betancur est éduqué à l’américaine, a occupé le poste de président du détachement spécial de l’OEA sur l’éducation, et est réputé jouir de beaucoup de considération dans les cercles éducatifs américains »[168]. En 1963, dans un mémorandum confidentiel, le diplomate américain B.H. Read exprime la rancœur des États-Unis contre Maheu, jugé responsable de maintenir la sous-représentation des Américains aux postes de hauts fonctionnaires de l’Unesco[169]. En 1966, le Sunday Telegraph publie un article alarmant : « Complot soviétique à l’Unesco. Infiltration sur trois fronts », traduisant l’inquiétude des gouvernements anglo-saxons sur l’éventualité que Maheu, qui va se rendre prochainement en URSS, ne décide de nommer prochainement un Soviétique au poste d’assistant directeur général pour l’éducation[170]. En 1970, le département d’état observe que Sema Tanguiane, directeur du département pour l’avancement de l’éducation depuis le début de l’année 1970, est le second voire le premier leader soviétique « au sein de la communauté soviétique de l’Unesco ». Il observe cependant que cette influence soviétique est contrebalancée par la présence de Sylvain Lourié, directeur de la division de la planification et de l’administration de l’education, « Français éduqué aux États-Unis »[171]. En 1971, le département d’état américain s’efforce de placer des Américains aux postes clés des secteurs du programme, afin d’« influencer la création et l’orientation des programmes de l’Unesco »[172]. À la 88e session du conseil exécutif, en 1971, le membre soviétique du conseil exécutif fait une violente attaque personnelle contre le rédacteur en chef du Courrier de l’Unesco, l’Américain Sandy Koffler, en poste depuis 1947, et demande que le détenteur de ce poste soit régulièrement renouvelé[173]. Dans les années 1970-74, le département d’état américain s’efforce de favoriser la nomination du plus grand nombre d’Américains possibles aux postes de l’Unesco, et de limiter celle de citoyens d’états communistes[174]. Il s’inquiète notamment de l’éventuelle appartenance d’employés soviétiques de l’Unesco aux services secrets soviétiques, à la suite d’allégations en ce sens parues dans la presse américaine[175]. En 1971, le département d’état est rassuré de la nomination de nombreux Américains et Occidentaux à l’Unesco, notamment dans le domaine des publications[176] ; il s’inquiète cependant de la présence des Soviétiques Sema Tanguiane à la tête du département pour l’avancement de l’éducation, Oleg Mikhailov à la tête du département de la documentation, des bibliothèques et des archives, et Vladimir Erofeev comme assistant directeur général pour l’administration. Il estime que ce dernier se livre à des « tentatives pour manipuler » le secrétariat à des fins politiques. Il reconnaît néanmoins qu’« en général il y a très peu de preuves pour étayer l’accusation que les Soviétiques exerceraient une influence injustifiée ou déplacée sur l’organisation ». Il se félicite par ailleurs du rôle majeur et « éminent » que jouent des Américains dans les domaines de pointe de l’Unesco : Unisist, ICRO, télévision éducative. Ainsi, l’Américain Wilbur Schramm joue un rôle majeur dans le domaine de la télévision éducative ; de nombreux experts américains travaillent pour le PEMA (dirigé au début par l’expert américain Otto Kempf)[177]. Il se félicite aussi de la nomination en 1970 de la philosophe Jeanne Herrsch comme membre suisse du conseil exécutif, car elle est idéologiquement pro-américaine[178]. Ainsi, de vives rivalités se déploient entre les deux blocs pour les postes au siège.

Des rivalités pour les postes sur le terrain.
Une rivalité analogue se développe pour les postes sur le terrain. Ainsi, à la 59e session du conseil exécutif en mai-juin 1961, le directeur général ayant proposé de créer des postes de chefs de mission dans les pays où se déroulent des projets opérationnels Unesco-ONU, l’URSS s’efforce confidentiellement d’obtenir de lui la nomination de douze chefs de mission soviétiques ; devant son refus, l’URSS s’oppose alors fermement, au conseil exécutif, à la création de ces postes[179]. Les correspondances diplomatiques britanniques et américaines révèlent l’anxiété des Anglo-Saxons d’accroître leur influence politique dans le Tiers Monde en contrôlant les postes de terrain de l’Unesco, et de limiter le contrôle de ces postes par des Soviétiques. Ainsi, en mars 1961, le Britannique Andreski, expert d’assistance technique de l’Unesco, professeur de sociologie à la FLACSO (Faculté latino-américaine de sciences sociales, créée par l’Unesco), écrit une lettre confidentielle au président du comité des activités anti-américaines, soulignant « le danger de pénétration communiste en Amérique latine », et dénonçant « la situation hautement suspicieuse que j’ai découverte à la FLACSO ». Il dénonce l’un des deux autres experts de l’Unesco enseignant à la FLACSO, le Français Lucien Brams. Communiste, et sans diplôme, Brams aurait été engagé par le directeur de la FLACSO, Eduardo Hamry, simplement en montrant sa carte du PCF (d’après ce que Hamry aurait dit à Andreski). Brams aurait pris comme bouc émissaire le seul étudiant venant d’une université catholique, et encouragerait la dénonciation politique parmi les étudiants. Andreski, observant que le marxisme est en vogue chez les étudiants de la FLACSO, entreprend de donner un cours consacré à la réfutation des théories de Marx ; le choix de ce thème mécontente Brams[180]. On observe dans le contenu de cette lettre une phobie anticommuniste. En septembre 1962, le département d’état américain s’inquiète des agissements du communiste français Jacques-Henri Bousquet, haut représentant de l’Unesco au Laos, chargé de préparer pour l’Unesco une étude sur le développement à long terme du système éducatif laotien, et de participer à la réforme de ce système. Le département d’état craint que cette réforme ne conduise à un contrôle du système éducatif laotien par les communistes, et souhaite le remplacement de Bousquet[181]. En 1962, l’URSS demande l’envoi de spécialistes soviétiques comme experts de l’Unesco dans les pays en voie de développement[182]. En 1971, le département d’état est rassuré de la nomination de nombreux Américains et Occidentaux aux postes d’experts sur le terrain[183].
Sur le terrain, alors que les experts américains sont surtout nombreux en Afrique et en Amérique latine, les experts soviétiques le sont surtout en Inde, en Mongolie, et en Egypte[184]. Il y aurait donc une sorte de répartition des zones d’influences au sein des pays en voie de développement entre États-Unis et URSS.

L’espionnage à l’Unesco : un mythe ou la réalité ?
Selon John Barron, auteur en 1975 d’un ouvrage intitulé KGB, les organisations internationales comme l’Unesco seraient « les meilleurs paravents » des espions[185]. L’Unesco semble être le théâtre d’activités d’espionnage à la fois de la part des Américains et des Soviétiques. En 1971, le Soviétique Serguei Koudriatse, délégué permanent de l’URSS à l’Unesco, est expulsé de France pour activité clandestine et espionnage. Il aurait en effet participé pendant la Seconde Guerre Mondiale à la recherche de renseignements sur les secrets nucléaires alliés et serait depuis resté au service des services secrets soviétiques. En 1977, un autre Soviétique travaillant pour l’Unesco, Wladimir Ivanovitch Rybatchenko, employé dans le secteur des sciences, est expulsé lui aussi de France pour espionnage[186].
Dumitrescu témoigne que, lorsqu’il est entré à l’Unesco, il a été très vite déçu de voir que son gouvernement lui demandait de servir ses intérêts politiques :
« J’allais vite comprendre que les autorités de mon pays ne voyaient pas du même œil [que moi] mes futures fonctions. Ainsi, j’ai été convoqué au ministère des affaires étrangères où je fus reçu par un vice-ministre que je connaissais de longue date […]. Même une personne de son niveau intellectuel n’était pas capable de comprendre le rôle de la fonction publique internationale. Après les félicitations de rigueur, il m’a dit qu’il espérait que je représenterais convenablement les intérêts de la Roumanie. Je lui ai répondu que j’étais d’accord, s’il entendait par là le fait que ma prestation au sein de l’Organisation, au cas où elle était bonne, pourrait indirectement redorer l’image de mon pays. Mais à part cela, lui dis-je, je ne serais pas le représentant de la Roumanie à l’Unesco, et l’on me demande expressément de ne servir que les intérêts de l’Organisation. Le vice-ministre m’a rétorqué : « ne prends pas ceci à la lettre ; en réalité tous les fonctionnaires internationaux servent d’abord les intérêts de leur propre pays ». J’ai été reçu, aussi, par un haut responsable des services de renseignements. Celui-ci m’a dit que ses services […] comptaient sur mon attitude « bienveillante » à l’égard d’éventuelles demandes de leur part. »[187]
Ses deux compatriotes dans le personnel de l’Unesco en 1969 sont des agents secrets professionnels du gouvernement roumain ; il évoque que « dans la première moitié de 1969, les services français ont surpris le P4 [l’un des deux, que Dumitrescu désigne par son grade] en train de recevoir ou de transmettre des documents secrets, et il a subi des pressions importantes de la part des services roumains du renseignement. Il semblerait qu’au moment de son interpellation il ait ‘donné’ tout un réseau d’espionnage ayant son centre à l’ambassade roumaine à Paris. […] il a démissionné immédiatement et a disparu sans laisser de trace ». Quant à l’autre agent secret, ayant refusé en 1973 de rentrer en Roumanie comme le lui demandait le gouvernement roumain, il est mort très peu de temps après d’une attaque cardiaque, ce qui « fut considéré suspect, car on ne lui connaissait aucune maladie cardiaque ». Dumitrescu reste alors le seul Roumain dans le secrétariat de l’Unesco, et subit de fortes pressions de la part des services de renseignement roumains. Comme il refuse de s’y plier, les autorités roumaines s’efforcent de lui faire perdre son poste (en 1971), puis, en 1976, à l’occasion d’une mission qu’il accomplit en Roumanie, l’arrêtent, le retiennent en Roumanie, l’obligent à démissionner, et en 1977 l’envoient faire des travaux forcés, entament un procès contre lui sous l’accusation de « trahison par transmission de secrets », et tentent de kidnapper sa femme et sa fille. En 1977, une mission composée notamment du président du conseil exécutif et du président de la conférence générale est envoyée auprès du président roumain Ceaucescu pour essayer de libérer Dumitrescu, en vain ; le président du conseil exécutif dénonce alors la séquestration de Dumitrescu comme « une atteinte à plusieurs des principes fondamentaux sur lesquels se fonde la coopération internationale », et comme « une rupture par un État membre d’engagements internationaux qu’il a librement acceptés ». Finalement, c’est grâce au soutien persistant de M’Bow, de l’ONU, de l’association du personnel de l’Unesco, et de la fédération des associations de fonctionnaires internationaux (FICSA), que Dumitrescu, en 1978, est finalement sauvé et conserve son poste à l’Unesco. C’est « l’affaire Dumitrescu ». Dumitrescu observe que « les années 70 ont été néfastes pour d’autres fonctionnaires internationaux de nationalité roumaine travaillant dans diverses organisations du système des Nations Unies : plusieurs sont morts subitement sans avoir eu auparavant de symptômes pathologiques » [188].
D’autres cas analogues se produisent dans les années 1970 et 1980. Ainsi, en mars 1980, un haut fonctionnaire est-allemand de l’Unesco, Percy Stulz, parti à Berlin pour participer à une réunion de la commission est-allemande de l’Unesco, est arrêté par des agents du ministère de la sécurité et interrogé, puis hospitalisé de force à Berlin-est. M’Bow s’efforce en vain de le faire libérer. Cette mesure constitue une punition du gouvernement est-allemand envers Stulz pour « défaut de surveillance inadmissible de la part d’un chef de service » à l’égard de son subordonné le Soviétique Youri Tourtchenko qui, après avoir accompli son service à l’Unesco, au lieu de rentrer en URSS, a demandé l’asile politique à la France[189].
Du côté américain, Raymond Johnson, ancien fonctionnaire américain de l’Unesco, a récemment révélé dans la revue des anciens fonctionnaires de l’Unesco, qu’il a, dans les années 1960, obéissant aux instructions de son gouvernement, dérobé à l’Unesco un dossier sur un Soviétique et l’a fourni au gouvernement américain :
« J'entrai, admiratif, dans la grande pièce où se trouvaient les rayonnages de dossiers ; j'y cherchai et trouvai celui du méchant soviétique. Je le portai ensuite (nerveux, car quand même) à ma délégation. [...] Deux jours après je le récupérai et le remis en place, sans que personne ne s'en rendît compte. Petite victoire américaine dans la guerre froide de l'époque – grâce à ma très humble personne. Évidemment, j'aurais dû refuser. C'était une « infraction » intolérable, voire une trahison, qui eût pu me coûter mon travail. Mais je n'avais pas tellement le choix, du moins je le pensais. Mon petit emploi à l'Unesco dépendait en fait de l'approbation de mon gouvernement. […] si l'Organisation voulait me garder, il fallait que mon dossier soit formellement approuvé par les autorités de Washington. C'est ainsi. Pour être engagé par une organisation appartenant au système des Nations Unies, un Américain, depuis les années 50 a l'obligation de se soumettre à une « vérification » dont le but est de savoir s'il est « représentatif » ou non de son pays »[190].
Ainsi, au sein de l’Unesco, l’espionnage est pratiqué par les deux blocs.

Veronese : un directeur général favorable aux Etats-Unis.
Veronese lui-même, durant son mandat, transmet régulièrement, de manière confidentielle, des informations d’ordre politique aux représentants des États-Unis, notamment sur la position de l’URSS[191]. Il se montre entièrement dévoué au camp américain. Cet engagement politique de la part du directeur général, illégal, apparaît dans les documents confidentiels. En août 1961, Veronese écrit une lettre confidentielle à l’Américain Shuster, avec qui il entretient des relations étroites. Il lui confie son « tourment » et sa volonté de démissionner, et observe que tactiquement, sa démission serait favorable aux intérêts américains, puisqu’il estime qu’il vaut mieux que l’élection de son successeur ait lieu en 1962 plutôt qu’en 1964 : « une nouvelle candidature présentée à la conférence de novembre 1962 par l’actuel conseil exécutif, avant que l’augmentation inévitable du nombre de ses membres n’en déplace l’équilibre politique, a toutes chances d’être préparée par une majorité qui soit la même qui m’a désigné en 1958. Je crains fort que le cas ne serait pas le même en 1964 ; mais il faut faire vite et surtout bloquer les initiatives dites ‘neutralistes’ ». Shuster est d’accord avec ce raisonnement. Ainsi, la démission de Veronese, loin d’être improvisée sous le coup de la maladie et de la fatigue, est un geste tactique mûrement pesé, qui vise à favoriser l’élection d’un nouveau directeur général favorable au camp atlantiste[192].
L’opposition est-ouest se manifeste très fortement au niveau du personnel, que ce soit le personnel sur le terrain ou au siège, le personnel subalterne ou au plus haut niveau. Cette opposition se traduit aussi dans les assemblées.

Au niveau des assemblées.

Les assemblées de l’Unesco sont très politisées et révèlent une opposition constante entre bloc américain et bloc soviétique. Mme Keating témoigne que les délégués des États membres au conseil exécutif et à la conférence générale étaient à cette époque très dociles aux consignes de leurs gouvernements respectifs [193]. La presse de l’époque souligne et déplore les tensions politiques qui se manifestent dans ces assemblées ; ainsi, en octobre 1962, le journal péruvien El Tiempo déplore l’« état de psychose » que la guerre froide y a instauré[194].

Les efforts des Etats-Unis.
Dans ces années, les rapports de la délégation américaine aux sessions du conseil exécutif et de la conférence générale contiennent toujours un long chapitre intitulé « enjeux politiques », ce qui montre clairement l’importance des enjeux politiques[195]. Les États-Unis sont attentifs à composer, à la conférence générale, une délégation puissante et compétente, constituée d’hommes politiques et de diplomates aguerris[196] ; de même, au conseil exécutif, les États-Unis ont un représentant puissant, le sénateur Benton[197] ; en outre, le président du conseil exécutif, l’Italien Pompei, est favorable au camp américain[198].
Les efforts des États-Unis pour acquérir une position prépondérante dans les assemblées de l’Unesco semblent souvent fructueux. Ainsi, au terme de la conférence générale de 1960, le chef de la délégation américaine, Robert H. Thayer, estime, dans son rapport au secrétaire d’état Christian Herter, que sa délégation a fait « un travail magnifique » : « en adoptant la position selon laquelle la politique n’a rien à faire dans une conférence sur l’éducation, la science et la culture, mais devrait être laissée aux Nations Unies à New York, nous avons mis les Soviétiques sur la défensive »[199]. En 1961, le secrétaire d’état Dean Rusk explique à Shuster, nommé membre américain du conseil exécutif, qu’il s’agit d’utiliser au maximum l’Unesco pour renforcer la domination et le prestige des États-Unis dans le monde[200]. À la 59e session du conseil exécutif en mai-juin 1961, Shuster estime être parvenu à maintenir l’influence prépondérante des États-Unis, comme il l’écrit confidentiellement à Dean Rusk. Il parvient à influencer les décisions de manière favorable aux États-Unis, et à rallier, lors des votes sur les résolutions, une majorité des représentants à la cause des États-Unis, contre l’URSS. Il attribue ce succès à l’« impressionnante démonstration d’amitié des pays latino-américains », notamment du Brésil, envers les États-Unis, et à la neutralité bienveillante de l’Inde et des pays arabes, soucieux d’éviter des conflits avec les États-Unis[201]. En revanche, en mai 1962, Donald B. Eddy estime que la 61e session du conseil exécutif a donné lieu à une mauvaise performance des États-Unis, qui ont « manqué d’une ligne de conduite ferme », et à une bonne performance de l’URSS, qui s’est montrée « impitoyablement déterminée et constante ». Il déplore la mauvaise liaison entre le représentant des États-Unis au conseil exécutif et la position du département d’état au sujet de l’Unesco[202].
En 1963, Carneiro, président de la conférence générale de 1962, déplore, dans une conversation privée avec Benton, que « les États-Unis ont perdu du prestige à l’Unesco » ; il observe que l’attitude d’opposition des États-Unis à de nombreux projets de l’Unesco est très mal perçue par plusieurs États[203]. Donald B. Eddy exprime en 1963 dans une lettre à Benton le mécontentement du gouvernement américain d’avoir perdu son influence prépondérante sur la conférence générale et le conseil exécutif[204]. Les membres de la délégation américaine sont de plus en plus vigilants à « éviter d’être identifiés comme les membres d’un club de riches cherchant à dominer l’Unesco »[205].
En novembre 1967, Benton, membre américain du conseil exécutif, estime dans son rapport au département d’état que la 77e session du conseil exécutif a été « extrêmement satisfaisante » et que les positions adoptées par le conseil exécutif (sur des sujets comme la conférence CASTASIA, l’UNRWA, Venise et Florence) correspondent à la position américaine[206]. En 1968, Benton observe que la délégation américaine à la 78e session du conseil exécutif est « excellente »[207]. De même, dans son rapport au département d’état sur la conférence générale de 1968, le président de la délégation amériaine affirme que les efforts de la délégation américaine ont été très fructueux au sujet du programme[208].
Selon William Preston, l’arrivée du Républicain Richard Nixon à la présidence des États-Unis en 1968 aurait entraîné un « désintérêt méprisant », une « négligence », une « froide hostilité » du gouvernement américain pour l’Unesco, alors que sous les démocrates Kennedy et Johnson, le gouvernement américain avait manifesté beaucoup d’intérêt pour l’Unesco. Preston estime que les fonctionnaires américains de l’Unesco auraient clairement senti le changement d’attitude[209]. Dans son rapport au département d’état sur la conférence générale de 1968, le président de la délégation américaine affirme que le programme adopté montre que l’Unesco est une organisation dynamique ; « comme telle, l’Unesco mérite l’attention et le soutien le plus plein possible de la part des États-Unis »[210]. Il incite donc le gouvernement américain à s’intéresser davantage à l’Unesco. Il y a donc des divergences entre la position de la délégation américaine et celle du président et de son entourage.

Les efforts de l’URSS.
Moins de sources ont été disponibles dans le cadre de ce travail pour analyser les efforts de l’URSS, et, surtout, on n’a pas pu disposer des sources directes, à savoir les archives diplomatiques soviétiques. Cependant, les sources consultées contiennent des éléments qui permettent de cerner et de reconstituer la politique de l’URSS.
Les représentants successifs de l’URSS au conseil exécutif sont des savants et des intellectuels éminents : M. Solodovinikov, directeur du théâtre d’art de Moscou, Vladimir Kemenov, historien de l’art, puis le biologiste Norair Sissakian[211]. H.J. Kellermann, observateur des États-Unis à la conférence des commissions nationales européennes à Taormine en mars 1960, estime que cette conférence a été « chargée d’enjeux politiques » ; « l’animosité politique a maintenu la plupart des délégués divisés en deux camps ». Il observe que la conférence a été « dominée des le début par les délégations soviétiques et satellites, qui étaient fortes et bien organisées, tandis que les délégations occidentales ont manqué d’unité ». Il estime que la conférence n’a donc pas pu vraiment traiter les principaux sujets à l’ordre du jour, ayant été « continuellement détournée par les manœuvres des délégués communistes ». Il souligne l’« agressivité » des « diatribes » des délégués communistes, qui ont notamment fait allusion à la renaissance du fascisme « dans un certain pays » (sous entendu : les États-Unis). Il juge que cette conférence a été « une des conférences les plus belliqueuses et rétrogrades tenues sous les auspices de l’Unesco », et observe que « le contact social entre délégués de l’est et de l’ouest a été minimal ». Il observe que les délégués du bloc communiste, dirigés avec fermeté par M. Babitchouk, ministre de la culture de l’Ukraine et président de la commission nationale d’Ukraine, ont fortement occupé la scène et ont réussi à faire adopter presque toutes leurs recommandations, et qu’en revanche les délégués occidentaux étaient mal à l’aise et incompétents sur les sujets politiques, et pas préparés à cette politisation de la conférence. Kellermann est en particulier très sévère envers le Français Louis François, trop complaisant selon lui vis-à-vis des régimes communistes : « François est connu comme un conciliateur irresponsable dont le fanatisme au sujet de la paix […] est aggravé par un irrépressible flot de rhétorique et par son incapacité à évaluer les réalités politiques ». Les résolutions finalement adoptées sur les sujets politiquement sensibles sont « pour l’essentiel le resultat de compromis derrière des portes closes », observe Kellermann, qui conclut que cette conférence a été un « fiasco » pour les États-Unis[212].
A une séance privée du conseil exécutif en novembre 1961, l’URSS déplore l’absence à l’Unesco de la République populaire de Chine, de la RDA, de la République populaire de Mongolie, de la République populaire démocratique de Corée, et dénonce la présence à l’Unesco de la Chine nationaliste[213].
Les Soviétiques opposent leur résistance à la volonté d’hégémonie américaine. Le CCIC observe, dans son raport confidentiel sur la conférence générale de 1960, « l’obstruction, plus ou moins larvée, du bloc soviétique »[214]. En 1962, Shuster alarme le Secrétaire d’état Dean Rusk sur la « considérable activité propagandiste » manifestée par la délégation soviétique au conseil exécutif[215]. La même année, au conseil exécutif, l’URSS estime que les propositions faites par les États-Unis d’associer l’Unesco au programme de l’« Alliance pour le progrès » et au programme d’envoi des « corps de volontaires de la paix » dans les pays en voie de développement sont d’esprit « néo-colonialiste et réactionnaire ». À la conférence générale, l’URSS déplore « l’absence de cette réelle égalité de droits qui devrait régner à l’Unesco entre les trois grands groupes d’états dans le monde, à savoir : les États socialistes, les États neutres et les États appartenant aux blocs militaires des puissances occidentales » [216].
En 1970, la politique des Soviétiques à l’Unesco se caractérise par l’opposition à la coopération de l’Unesco avec le groupe de la Banque mondiale (auquel ils n’appartiennent pas), et avec l’OEA, qu’ils qualifient d’« organisation militaire ». Ils soutiennent les mouvements de libération africains, la cause des pays arabes, Cuba et certains pays d’Asie (Inde, Pakistan, Ceylan Burma, Afghanistan). Ils s’opposent à la coopération de l’Unesco avec Israël, le Vietnam, et le Portugal. Ils s’efforcent d’obtenir l’admission au statut consultatif des ONG de tendance communiste[217]. Le représentant de l’URSS, Serguei Tikhvinsky, lance une vigoureuse attaque contre le rapport Pearson. Pour les États-Unis, cette attaque est clairement guidée par des enjeux politiques[218]. Le représentant permanent de l’URSS à l’Unesco est alors Vadim Sobakin, avocat international parlant français et anglais. Il siège aussi au conseil exécutif. Selon les États-Unis, il est « très compétent et très actif », « efficace » et « accommodant », et très respecté par les autres représentants permanents et les membres du secrétariat. Les États-Unis estiment que les autres membres de la délégation soviétique sont « peu impressionnants », que leurs performances lors des conférences et réunions sont « sans imagination et peu convaincantes », qu’ils sont plutôt « actifs dans les couloirs de l’Unesco », et concluent que l’impact de la délégation soviétique sur les activités de l’Unesco n’est « pas à la hauteur de sa taille ». Les États-Unis jugent Vassili Vakhroutchev, secrétaire exécutif de la commission nationale soviétique, comme un personnage « rude, dogmatique, inculte », et estiment que ses performances sont en fait « nuisibles aux intérêts soviétiques » et qu’il est en partie responable de l’échec des revendications de l’URSS à la conférence générale de 1970. En 1970, 27 Soviétiques sont employés comme professionnels au secrétariat[219].

Des oppositions dans les assemblées autres que la conférence générale et que le conseil exécutif.
Ce ne sont pas seulement les sessions de la conférence générale et du conseil exécutif mais aussi les conférences régionales de l’Unesco qui donnent lieu à des tensions est-ouest ; ainsi, à la conférence sur le développement des moyens d’information en Asie du sud-est, à Bangkok en 1960, la délégation américaine surveille la délégation soviétique, et, dans son rapport au département d’état, observe que celle-ci n’a eu pour objectif que de s’attirer la sympathie des pays en voie de développement[220]. La délégation américaine à la conférence des ministres de l’éducation des États membres d’Asie, en avril 1962, rapporte au département d’état les efforts faits par l’observateur soviétique pour séduire les États asiatiques ; la délégation américaine estime, rassurée, que l’observateur soviétique, qui n’a parlé que de l’URSS et s’est exprimé dans un anglais inintelligible, aurait suscité davantage « moquerie et irritation » qu’enthousiasme chez les Asiatiques[221]. En revanche, en 1967, à un séminaire de droit international pour l’Afrique et le Tiers Monde organisé par l’Unesco à Dar-es-Salam, un spécialiste soviétique de droit international, G.I. Tunkin, fait des discours à coloration politique qui obtiennent du succès ; ce séminaire a constitué selon Osakwe « une victoire morale » pour l’URSS[222]. Les États-Unis, observateurs à la conférence régionale des ministres de l’éducation et de la planification économique dans les États arabes, tenue à Marrakech en 1970, et à la conférence des ministres des États membres européens responsables des politiques scientifiques tenue à Paris la même année, s’efforcent d’influencer l’orientation des débats dans le sens de leurs intérêts propres, et de se faire bien voir auprès de ces États[223].






La question récurrente de l’admission des États communistes et de l’octroi du statut consultatif aux ONG communistes.

La question de l’admission des États communistes.
L’acte constitutif de l’Unesco et l’accord ONU-Unesco stipulent que les États non membres de l’ONU peuvent être admis à l’Unesco sur recommandation du conseil exécutif, par un vote majoritaire des deux-tiers de la conférence générale, à condition d’avoir reçu une recommandation positive du conseil économique et social[224]. À la conférence générale de 1960, l’URSS dénonce cette procédure, qu’elle juge « non démocratique » étant donné l’orientation occidentale du conseil économique et social (celui-ci a en effet prononcé un avis positif pour l’admission de la Corée du sud et du Vietnam du sud, et un avis négatif pour la RDA en 1955), et propose une modification de la procédure[225]. Cette proposition se heurte à l’opposition de la plupart des délégués occidentaux à la conférence générale. Cependant, en novembre 1961, le conseil exécutif se prononce pour une telle modification. Le conseil économique et social et la conférence générale de 1962 approuvent cette modification, qui prévoit que c’est désormais le conseil exécutif qui est chargé de formuler une recommandation positive pour l’admission d’états non membres de l’ONU[226]. Cet amendement de la constitution constitue une victoire pour l’URSS. Mais en réalité cela n’a pas facilité l’admission de la Chine communiste ni de la RDA.
A la conférence générale de 1960, les États-Unis proposent une résolution prévoyant de ne prendre aucune décision en ce qui concerne les pouvoirs présentés par les représentants de la Hongrie. Les États-Unis estiment que l’Unesco doit suivre l’exemple de l’ONU, qui depuis 1956 refuse d’accepter les pouvoirs présentés par les représentants de Hongrie. Cette résolution est adoptée. La Hongrie parvient toutefois à participer à la conférence générale, grâce à l’article 24 du règlement intérieur de la conférence générale, qui prévoit que « tout représentant dont l’admission soulève de l’opposition de la part d’un État membre ou d’un membre associé siège provisoirement avec les mêmes droits que les autres représentants jusqu’à ce que le comité de vérification des pouvoirs ait fait son rapport et que la conférence générale ait statué ». À cette même conférence générale, les États-Unis se montrent opposés à l’admission de la Chine communiste[227]. Et la Tchécoslovaquie réclame de distribuer officiellement à toutes les délégations un mémorandum rédigé par le gouvernement de RDA critiquant l’enseignement en RFA et décrivant les manifestations d’antisémitisme et de racisme dans ce pays[228].
Au début des années 1960, ni le Vietnam du sud, ni le Vietnam du Nord ne sont membres de l’ONU ni de l’Unesco. Dans ces années se pose la question de l’admission du Vietnam du Nord. Les puissances occidentales y sont fermement opposées[229]. Durant les années 1960, malgré ses efforts, la RDA ne réussit toujours pas à obtenir de statut à l’ONU ni dans les autres agences spécialisées[230]. En juillet 1962, à la première réunion des parties contractantes à la convention de la Haye sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé, les États-Unis sont « soucieux » au sujet de la question de la participation de « délégations indésirables » (Chine populaire, RDA), et, comme l’observent les Britanniques, « leur principale préoccupation est de rallier assez de délégations amies pour stopper les efforts des Soviétiques »[231]. À cette réunion, les États-Unis sont représentés par deux observateurs, qui ont pour instructions de se préoccuper surtout de s’opposer à la présence à cette réunion d’observateurs de régimes communistes non reconnus par les États-Unis, en particulier à la présence d’observateurs du Vietnam du Nord. Sur l’impulsion de la France est votée une motion prévoyant que des observateurs à cette réunion ne peuvent être admis que sur invitation du secrétariat de l’Unesco, en accord avec le conseil exécutif ; cette motion a pour effet d’interdire la présence d’observateurs d’états non membres de l’ONU ou de l’Unesco[232].
En août 1963, la RDA, bien que non membre de l’Unesco, crée en son sein une « commission de la RDA pour le travail de l’Unesco » ; son président, Walter Neye, en informe toutes les commissions nationales. En mars 1964, la commission nationale de RFA réplique : son secrétaire général, Holger Reimers, écrit lui aussi à toutes les commissions nationales, affirmant que la « soi-disant commission pour l’Unesco en zone d’occupation soviétique d’Allemagne » n’a pas été reconnue par le directeur général de l’Unesco, et ne constitue qu’une imposture ; elle affirme qu’aucune personne ni institution en RDA n’a le droit de parler au nom de l’Allemagne dans les affaires touchant l’Unesco, et demande aux commissions nationales de ne pas répondre à la commission nationale de RDA et de refuser de collaborer avec elle[233]. Plusieurs commissions nationales répondent favorablement à la commission nationale de RFA. En revanche, la commission nationale soviétique et la commission nationale polonaise défendent la légitimité de la commission nationale de RDA[234].
En avril 1963, dans une conversation privée, Maheu observe que « la RFA cherche à impliquer l’Unesco dans une question de caractère politique, à des buts politiques », au sujet de Berlin. La RFA presse en effet Maheu d’envoyer des représentants de l’Unesco et d’organiser des réunions de l’Unesco à Berlin-ouest. La RFA envoie à tous les États membres une note déclarant que l’adhésion de la RFA à l’Unesco s’étend à Berlin-ouest. L’URSS réplique en faisant envoyer à tous les États membres une note contestant cette affirmation[235]. La question du statut de Berlin dans le cadre de l’Unesco fait problème. En septembre 1963, les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni et de France se mettent d’accord sur l’inclusion de Berlin dans l’Unesco. Fin 1963, Maheu décide qu’au nom du principe de neutralité politique, l’Unesco n’acceptera plus les invitations des différentes institutions politiques (de l’est comme de l’ouest) à Berlin. Il estime que l’Unesco doit rester éloignée du « guêpier politique » qu’est Berlin. Il tient beaucoup à conserver l’indépendance politique de l’Unesco, à ne pas engager l’organisation dans un sens ni dans l’autre sur la question de Berlin, afin de ne pas mécontenter les États membres, et reste inflexible à ce sujet[236]. En 1966, le problème du statut de Berlin se pose à nouveau. Les États occidentaux soutiennent la thèse de la RFA, qui estime pouvoir étendre à Berlin le champ d’application des accords internationaux conclus par la RFA, donc la participation à l’Unesco[237].
Durant les années 1960, la question de la représentation de la Chine populaire à l’Unesco revient périodiquement sur le tapis, et n’est pas résolue[238]. Cette question préoccupe beaucoup le département d’état américain, qui estime qu’elle ne relève pas de la compétence de l’Unesco, mais de celle de l’ONU[239]. Le gouvernement soviétique en revanche dénonce inlassablement l’absence de la Chine populaire, estimant que cela « diminue considérablement l’autorité de l’Unesco en tant qu’organisation internationale et sape le principe de son universalité »[240].
C’est aussi dans les autres assemblées que le bloc soviétique soulève la question de l’admission des États communistes. À la 32e assemblée du BIE, en juillet 1969, à Genève, les porte-parole de l’URSS et de Cuba dénoncent la présence d’une délégation de la Chine nationaliste, et déplorent l’absence d’une délégation de la RDA[241]. À la conférence des ministres des États membres européens responsables des politiques scientifiques (MINESPOL, 1970), la délégation américaine déplore que les Soviétiques aient « porté atteinte à l’esprit de coopération en adoptant des positions doctrinaires et en soumettant les délégués à des débats excessifs et à des retards, au sujet de la question d’inclure le gouvernement de RDA dans la discussion »[242]. À la conférence d’établissement de l’Unisist en 1971, les délégations d’URSS, de Roumanie, de Cuba, de la Bulgarie, et de la Hongrie, exigent la représentation de la Chine populaire, de la république démocratique du Vietnam, de la RDA et de la République démocratique de Corée à cette conférence et leur adhésion à l’Unesco, et déclarent que leur absence constitue une « injustice historique »[243].
En octobre 1971, le gouvernement de RFA déplore et dénonce vivement la visite de la commission Faure en RDA, et estime que cette visite outrepasse le mandat confié à cette commission. La RFA presse la France de soutenir ses protestations et de faire pression auprès d’Edgar Faure pour qu’il renonce à sa visite en RDA, mais le gouvernement français refuse, arguant qu’Edgar Faure n’est pas tenu, dans l’exécution de sa mission, de se conformer aux instructions du gouvernement français. Les États-Unis et le Royaume-Uni, en revanche, soutiennent la protestation du gouvernement de RFA et protestent auprès de l’Unesco. Maheu refuse de céder aux pressions et maintient le projet de visite de la commission Faure en RDA. Le gouvernement de RFA, extrêmement inquiet qu’une telle visite ne soit ensuite prise comme argument par le gouvernement de RDA pour justifier sa demande d’adhésion à l’Unesco, décide de refuser d’accueillir la commission Faure en RFA si elle se rend en RDA. En novembre 1971, le fonctionnaire de l’Unesco John Fobes, au cours d’un entretien avec le diplomate ouest-allemand Petersen, s’efforce de convaincre la RFA d’accepter la visite de la commission Faure en RDA : il fait valoir que l’action de la commission Faure est indépendante de l’Unesco, que la commission ne vient pas en RDA au nom de l’Unesco, et qu’une tentative du directeur général pour empêcher cette commission de se rendre en RDA, non seulement ne réussirait sans doute pas, mais ferait « une mauvaise publicité » pour la RFA. Fobes donne à Petersen l’assurance que cette visite de la commision Faure en RDA n’aura pas l’aspect d’un « spectaculaire premier contact officiel [de la RDA] avec l’Unesco ». Grâce aux efforts diplomatiques de Maheu, qui se fait rassurant et précise qu’il ne s’agit que d’un « voyage d’étude », qui jouit d’une « complète liberté intellectuelle », et que cette visite n’aura pas d’implications politiques, finalement la commission Faure se rend en RDA[244].

La question de l’octroi du statut consultatif aux ONG communistes.
En 1960, les États-Unis se montrent opposés à l’admission d’ONG de tendance communiste au statut consultatif[245]. Le représentant permanent des États-Unis à l’Unesco proteste auprès du directeur général contre l’invitation par l’Unesco d’une ONG communiste, la Women’s International Democratic Federation (WIDF), qui bénéficiait initialement du statut consultatif de l’Unesco et l’a perdu en 1952, à un séminaire sur l’éducation des adultes organisé par l’Unesco l’année précédente[246]. En 1963, l’Unesco déplore que la collaboration de l’URSS aux ONG associées soit faible[247]. En 1966, la Tchécoslovaquie prône la coopération de l’Unesco avec plusieurs ONG communistes[248].

Les enjeux politisés de de la paix, du désarmement, de la coexistence pacifique, de la post-colonisation, de la lutte contre le racisme.
Le bloc communiste s’engage à fond en faveur de la paix, du désarmement, de la coexistence pacifique, de la lutte contre le racisme, de la post-colonisation, dans le cadre de l’Unesco. Ces revendications se heurtent à l’opposition acharnée du bloc américain, aux sessions de la conférence générale et du conseil exécutif, et même dans d’autres assemblées.

La coexistence pacifique.
A la 2e conférence des commissions nationales européennes, tenue en octobre 1957 à Dubrovnik, la délégation yougoslave introduit le terme de « coexistence », et prône la suppression des essais nucléaires. Ces interventions de la délégation yougoslave, soutenues par l’URSS, l’Ukraine, et la Pologne, inquiètent beaucoup les États-Unis[249]. Dans les années qui suivent, aux sessions de la conférence générale et du conseil exécutif, l’URSS s’efforce avec persévérance de faire voter des résolutions préconisant le désarmement, l’abandon des essais nucléaires, et la notion de « coexistence pacifique ».
A la 56e session du conseil exécutif (4-30 avril 60), le représentant de l’URSS, M. Sissakian, soutenu par celui de la Pologne, M. Wierblowski, soumet un projet de résolution visant à la « promotion de la coexistence pacifique et de la coopération entre États ayant des systèmes économiques et sociaux différents », mais elle n’est pas adoptée[250]. À la conférence générale de 1960, les États-Unis s’affirment opposés aux propositions de résolutions sur la coexistence pacifique, lancées par l’URSS[251]. En 1965, dans ses commentaires sur le projet de programme et budget pour 1967-68, l’URSS prône l’étude des aspects sociaux, légaux et économiques de la coopération pacifique et de la coexistence pacifique[252].

La « post-colonisation ».
A la 66e séance du conseil exécutif, en 1963, l’un des trois grands thèmes d’étude proposés par Maheu pour le futur programme dans le domaine des sciences sociales est : « les problèmes économiques et sociaux de post-colonisation ». Le gouvernement français, partageant en cela la position des États-Unis et du Royaume-Uni, estime que ces thèmes outrepassent la compétence de l’Unesco, et propose de remplacer « post-colonisation » par « pays nouvellement indépendants »[253]. En octobre 1963, Benton écrit, dans une lettre confidentielle aux membres de la délégation américaine, que, au conseil exécutif, Maheu a été placé en difficulté et a été contraint de se rétracter et d’accepter d’abandonner, dans le projet de résolution en discussion, le terme de « post-colonisation » au profit de l’expression « pays ayant acquis récemment leur indépendance ». Cela constitue une défaite pour Maheu et pour l’URSS ; en effet le terme de « post-colonisation » est porteur d’une connotation plus engagée, laissant entendre que des rapports de force proches de ceux de l’époque coloniale sont encore en place entre les pays nouvellement indépendants et les nations ex-colonisatrices. Selon Benton, c’est « une victoire significative » pour les États-Unis, et Maheu en aurait beaucoup de « rancœur », mais l’affrontement n’est pas terminé, « la guerre continue ». Les États-Unis estiment que « c’est la défaite la plus retentissante que l’URSS ait jamais eu au conseil exécutif ». Benton se réjouit que Maheu ait été obligé de réduire ses ambitions dans ce domaine, face à l’opposition des puissances occidentales[254].
En 1965, dans ses commentaires sur le projet de programme et budget pour 1967-68, l’URSS prône l’étude des problèmes liés au développement économique et social des pays nouvellement indépendants, notamment des moyens d’accélérer leur développement économique[255].
A la conférence générale de 1972, la délégation américaine s’oppose à la proposition de résolution formulée par l’URSS et 14 autres délégations, visant à impliquer l’Unesco dans des mesures destinées à combattre les menaces contre les cultures nationales, incluant le colonialisme ; pour la délégation américaine, cette résolution est « injuste », et aurait en réalité pour but de stigmatiser la « pernicieuse influence des systèmes capitalistes » ; elle serait « un exercice de démagogie idéologique » fait à l’intention des pays en voie de développement. La délégation américaine parvient à édulcorer cette résolution de ses aspects idéologiques avant qu’elle soit votée[256].
A la conférence générale de 1974, sous l’impulsion des États communistes, des États arabes et des États africains, le statut d’observateur permanent est accordé à quatorze mouvements de libération africains (concernant les États sous domination portugaise, l’Afrique du sud et le sud-ouest africain).[257] Les États occidentaux et notamment les États-Unis s’y opposent en vain.

Le désarmement.
A la 55e session du conseil exécutif, en 1959, est adoptée, sous la pression de l’URSS, une résolution sur « la participation de l’Unesco aux activités de l’ONU visant au désarmement complet et total »[258]. À la 56e session du conseil exécutif, en avril 1960, l’URSS et la Pologne soumettent un projet de résolution visant à une grande campagne de propagande pour « le désarmement général et complet » ; elle est adoptée, après avoir été amendée et édulcorée[259]. En 1960, au cours de l’entretien confidentiel entre Veronese et Gromyko, celui-ci lui dit que l’Unesco devrait s’occuper de la question de l’énergie atomique, du désarmement, de la cessation des expériences nucléaires et de l’interdiction des armes nucléaires[260]. En juin 1960, le journal soviétique Temps Nouveaux déplore qu’André Bertrand, vice-directeur du département des sciences sociales, aurait « carrément avoué que malgré la résolution de la 55e session du conseil exécutif, l’organisation n’a toujours pas abordé une étude sérieuse du problème du désarmement », à cause de l’obstruction de l’Américain Marshall, directeur du département des sciences sociales[261]. À la conférence générale de 1960, les États-Unis s’affirment opposés aux propositions de résolutions sur le désarmement lancées par l’URSS, et à ce qu’ils considèrent comme la « politisation de la science » par l’Unesco, c’est-à-dire les études des effets biologiques des tests nucléaires, les études sur la pollution des eaux marines, etc[262]. Kellermann, observateur des États-Unis à la conférence des commissions nationales européennes à Taormine en 1960, observe que les délégations communistes y introduisent des enjeux liés au désarmement[263]. En mai 1962, à l’initiative de l’URSS et de la Pologne, le conseil exécutif adopte une résolution prévoyant la préparation d’un rapport sur les « résultats économiques et sociaux du désarmement ». La conférence générale de 1962, après l’examen de ce rapport, adopte une résolution qui reprend la position du groupe d’experts consultants de l’ONU, et qui prévoit que l’Unesco fournira au secrétaire général de l’ONU toutes les informations relevant de sa compétence à ce sujet[264]. En 1962, dans son rapport officiel à la conférence générale, l’URSS déplore que malgré les décisions de la 11e conférence générale et de la 59e et 60e sessions du conseil exécutif, l’Unesco n’ait toujours rien fait en faveur du désarmement, et pousse l’organisation à « contribuer de facon très importante à l’action des Nations Unies pour le désarmement général et complet »[265].
Les États-Unis, hostiles à ces résolutions, s’efforcent de faire valoir la résolution de l’ONU 1378 (XIV) au sujet du désarmement. Ils font valoir l’argument que, en faisant de telles propositions, les Soviétiques « engager[aient] les membres du conseil dans des controverses qui dévorent du temps et qui divisent le conseil et retardent gravement le conduite normale de la session »[266]. La position des États-Unis est que ces questions sont politiques, et que par conséquent l’Unesco ne constitue pas le forum approprié pour une discussion sur ces sujets, que cette discussion relève plutôt du comité des 18 nations sur le désarmement, de la commission du désarmement de l’assemblée générale de l’ONU, et de l’assemblée générale de l’ONU[267].
En juillet 1962 a lieu la première réunion des parties contractantes à la convention de la Haye sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé. Le gouvernement américain craint que l’URSS ne se serve de cette réunion pour attaquer les États-Unis et le Royaume-Uni, qui n’ont toujours pas ratifié cette convention. Cependant, en prévision de cette réunion, le gouvernement américain envisage la possibilité de ratifier la convention, mais en y apposant des réserves, notamment en excluant de son applicabilité le cas d’une guerre nucléaire. Le gouvernement britannique est prêt à suivre les décisions du gouvernement americain, mais n’est pas enthousiaste à l’idée de ratifier la convention, étant donné que cela l’obligerait à mettre en place un mécanisme administratif qu’il juge complexe, lourd, et coûteux[268]. En réalité, à cette réunion, les États parties à la convention s’affirment opposés à l’idée d’amender la convention. De vives tensions est-ouest s’y produisent, ce qui nuit beaucoup à son efficacité, comme l’observe la délégation britannique[269]. Sur instructions du département d’état, les observateurs américains refusent de ratifier la convention, et s’opposent à un projet de résolution introduit par la délégation tchèque, affirmant que le moyen le plus sûr pour préserver la propriété culturelle réside dans un désarmement complet et général sous contrôle international. Malgré les efforts de la délégation américaine pour faire abandonner cette résolution, celle-ci, après avoir été plusieurs fois amendée, est finalement votée[270]. La délégation allemande surveille avec vigilance l’attitude de la délégation soviétique et observe la discrétion de celle-ci, qui, au bout d’une semaine, n’a « toujours pas exprimé d’avis » ; elle observe d’un mauvais oeil l’organisation d’une exposition sur les destructions des biens culturels effectuées en Russie durant la Seconde guerre mondiale, s’inquiétant d’une éventuelle intention politique de cette exposition liée à l’enjeu du désarmement[271].
Le diplomate américain Benjamin H. Read, dans un mémorandum confidentiel d’octobre 1963, observe au sujet de Maheu que « sa conception du rôle de l’Unesco est généralement plus large et diffuse que ce que les États-Unis jugent désirable », et que Maheu pousse à un accroissement des activités de l’Unesco propres à « exciter les questions de la guerre froide dans le forum de l’Unesco » ; pour les États-Unis, « de telles activités gaspillent les ressources à la fois humaines et matérielles en des luttes partisanes vaines ». Les États-Unis sont critiques envers ce qu’ils considèrent comme des « incursions de Maheu dans le domaine de la propagande »[272].
En septembre 1963, Benton observe, dans des lettres confidentielles au département d’état, qu’une grande tension règne au conseil exécutif, étant donné les oppositions de nature politique entre les deux blocs[273]. À la 66e session du conseil exécutif en 1963, l’URSS réussit à faire adopter, après un long et vif débat, une résolution sur « les tâches de l’Unesco dans l’encouragement du désarmement complet et total à la lumière du traité de Moscou de bannissement partiel des essais nucléaires »[274]. Pour Chris Osakwe, l’adoption de cette résolution constitue une déviation par rapport à l’orientation théorique de l’Unesco[275]. À la 66e séance du conseil exécutif en 1963, les puissances occidentales parviennent à limiter les revendications du bloc soviétique, ainsi que les projets de Maheu d’engager l’Unesco dans des réflexions sur le désarmement[276].
En 1964, Benton estime que l’URSS exerce une « pression » politique sur l’Unesco en faveur du lancement de campagnes au sujet du désarmement. Il concède que l’Unesco peut contribuer à la cause du désarmement par des études sur ses conséquences sociales et économiques, mais juge déplacé que l’Unesco se fasse l’écho des discussions sur le désarmement qui se déroulent à l’ONU et entre les États [277].
Sur l’initiative des États socialistes, la conférence générale de 1964 adopte une résolution sur « les mesures affectant les résultats économiques et sociaux du désarmement, et la recherche sur les problèmes de la paix »[278]. En 1965, l’URSS prône le lancement par l’Unesco d’une étude sur les aspects économiques et sociaux des conséquences d’un désarmement général et complet[279]. Ce projet est adopté à la conférence générale de 1966. À la conférence générale de 1968, la délégation américaine prône l’abandon de ce projet, « non pas parce qu’il est en dehors des objectifs de l’Unesco, mais parce que plusieurs années d’expérience ont montré clairement qu’aucun résultat significatif ne peut être atteint », et que ce projet ne peut selon elle qu’être « infructueux »[280].
A la conférence générale de 1972, la délégation américaine, dans son rapport confidentiel au département d’état, affirme que de nombreuses délégations ont utilisé la question de la protection du patrimoine mondial, plus encore qu’aux précédentes conférences générales, comme « une plateforme pour soulever des enjeux politiques », notamment liés à la question du désarmement et de la guerre. Ainsi, Cuba demande la condamnation de la destruction de l’héritage culturel vietnamien (ce qui est une condamnation de la guerre du Vietnam), et demande que l’Unesco assiste les nations de ces régions dans la restauration de leur proprité culturelle ; face à cette demande, la délégation américaine adopte une attitude « discrète » et plaide pour que l’Unesco évite de s’engager sur cette question « au moment où des négociations de paix sensibles sont en cours au Vietnam ». Cette résolution est quand même adoptée, au grand dam des États-Unis[281]. À cette même conférence générale, une autre occasion de « politisation » se déclenche, comme l’observent avec irritation les diplomates français, à l’occasion d’une proposition de résolution introduite par le Brésil condamnant de manière tacite les essais nucléaires français, au nom des « dommages faits à l’écologie »[282]. Ainsi, le désarmement apparaît comme un enjeu politique important et controversé. Les quelques résolutions adoptées pendant ces années sur le désarmement n’ont pas abouti à de réels résultats concrets.

La question de la paix.
La question d’une action de l’Unesco pour la paix prend elle aussi une coloration politique. Les propositions de résolution faites par le bloc soviétique au début des années 1960 sur « les mesures destinées à promouvoir les idéaux de paix parmi la jeunesse » sont condamnées par les États-Unis et le Royaume-Uni, qui les considèrent comme « de la propagande communiste »[283]. Pour le 20e anniversaire de l’Unesco en 1966, l’URSS fait une proposition de résolution sur « la contribution de l’Unesco à la paix », qui souligne la déficience des mesures en faveur de la paix prises par le secrétariat, et qui prévoit pour les années suivantes des mesures plus concrètes en faveur de la paix, notamment la convocation d’un congrès mondial sur le thème « la science et la culture dans la défense de la paix », d’un symposium sur le thème « les moyens du développement socio-économique de l’humanité et le problème de la paix », et une convention sur « l’interdiction de l’utilisation des moyens de communication de masse pour la propagation du militarisme, du revanchisme, et de la haine raciale ». Les délégations occidentales et notamment la délégation américaine y sont fermement opposées, estimant que l’URSS introduit ici des enjeux et de la propagande politiques. Finalement, un compromis est trouvé, avec l’adoption d’une déclaration édulcorée sur « la contribution de l’Unesco à la paix »[284]. Au début des années 1970, l’URSS pousse l’Unesco à mettre en place un programme spécifique dans le domaine de la paix, alors que les États-Unis s’y opposent, estimant que ce serait politiser le programme de l’Unesco, et jugeant que celui-ci dans son ensemble contribue déjà en lui-même à favoriser la paix[285].

La question du racisme.
A la 56e session du conseil exécutif, en avril 1960, l’URSS et la Pologne demandent l’organisation d’une nouvelle conférence internationale d’organisations d’enseignants et de jeunesse, « pour promouvoir l’éducation dans l’esprit de la compréhension internationale », et pour lutter contre le fait que « le système éducatif d’un grand nombre de pays inculque, sous une forme ou une autre, des idées de méfiance et d’hostilité envers les autres nations, ainsi que des idées d’inégalité raciale, de nazisme, l’esprit de revanche et le culte du pouvoir ». Cette propostion de résolution vise les États-Unis, la RFA et l’Afrique du sud. Elle est rejetée. Toutefois, une partie de son contenu est repris dans une autre résolution, condamnant la recrudescence des manifestations de haine raciale, d’antisémitisme et de discrimination, avec une référence particulière à l’Afrique du sud[286]. À la conférence générale de 1962, les États-Unis suivent comme politique de ne pas faire référence à la question du racisme, de ne pas relever les allusions qui y seraient faites, et de s’opposer à l’adoption d’une résolution sur ce sujet, en faisant valoir que ce sujet est politique et que l’Unesco n’est pas un forum approprié pour de tels débats[287]. À la 66e session du conseil exécutif, en 1963, les puissances occidentales parviennent à limiter de manière importante les revendications du bloc soviétique ainsi que les propositions de Maheu concernant une action de l’Unesco sur la question du racisme[288]. En 1964, Benton estime que l’URSS fait pression sur l’Unesco pour l’inciter à entreprendre des campagnes au sujet du racisme[289]. En 1965, l’URSS préconise que l’Unesco lance une étude sur la protection des droits de l’homme et la lutte contre la discrimination raciale[290].
A la conférence générale de 1970, le bloc communiste propose l’adoption d’une résolution prévoyant de réaliser des enquêtes sur les ONG affiliées à l’Unesco et de rompre les relations avec celles qui pratiquent la discrimination raciale en Afrique du sud. Les États-Unis s’opposent à cette résolution, estimant qu’elle introduit un enjeu politique dans une agence spécialisée censée se consacrer uniquement à des questions techniques ; ils estiment aussi qu’obliger les ONG à prouver leur innocence contredit l’un des concepts fondamentaux de la justice, qui est qu’un accusé est considéré comme innocent tant qu’il n’a pas été déclaré coupable ; ils estiment aussi que mettre fin aux subventions accordées aux ONG d’Afrique du sud constituerait un frein aux efforts déployés pour la libéralisation et la démocratisation du pays. Malgré l’opposition des États-Unis, cette résolution est adoptée[291].
A la conférence générale de 1972, la délégation américaine s’oppose à la proposition de résolution formulée par l’URSS et 14 autres délégations, visant à impliquer l’Unesco dans des mesures destinées à combattre le racisme ; elle parvient à édulcorer cette resolution avant qu’elle ne soit votée. Cependant, les États-Unis sont très mécontents de l’adoption, sur l’impulsion de l’URSS, d’une résolution sur « les principes fondamentaux régissant l’usage des moyens d’information de masse dans le but de renforcer la paix et la compréhension internationale et de combattre la propagande de guerre, le racisme et l’apartheid » ; ils estiment que « c’est une illustration flagrante de l’introduction d’enjeux politiques dans les questions de programme »[292]. Le racisme constitue donc un sujet politiquement controversé, ce qui empêche l’adoption de résolutions nettes dans ce domaine. Tous ces sujets demeurent controversés jusqu’à la fin de la période.

Des sujets qui restent controversés jusqu’à la fin de la période.
En 1967, G.V. Allen se montre très préoccupé de la tendance de l’Unesco à devenir une tribune pour des controverses politiques liées à la guerre froide, notamment sur le sujet du désarmement, de la paix, du colonialisme, etc. Il reconnaît qu’« il est assez vrai que tous ces problèmes concernent l’Unesco », mais estime qu’il faut éviter de laisser ces enjeux être soulevés au sein de l’organisation[293]. À la conférence générale de 1972, la délégation américaine déplore, dans son rapport au département d’état, que de plus en plus d’états défendent l’engagement de l’Unesco sur les questions de la paix, des droits de l’homme, du colonialisme et du racisme, et les utilisent « comme une occasion pour soulever toutes sortes de débats politiques, qui ne sont reliés que de façon lointaine avec certaines des activités légitimes de l’Unesco dans ce domaine »[294].
Ainsi, les États-Unis, sous prétexte de sauvegarder l’apolitisme de l’Unesco, adoptent souvent une position hostile aux projets de résolution prônés par l’URSS sur le colonialisme, le racisme, la dictature, la coexistence pacifique.

Les répercussions de la crise de Cuba et de la guerre du Vietnam.

La crise de Cuba.
En 1960, le département d’état s’inquiète de voir que la commission nationale cubaine, nouvellement élue en janvier 1960, comporte essentiellement des communistes[295]. En 1962, il s’inquiète des publications et brochures produits et diffusés par la commission nationale cubaine, qui ont un caractère de propagande communiste et anti-américaine, dénonçant notamment l’invasion américaine à Cuba ; une brochure par exemple serait intitulée Kennedy, l’Hitler de l’Amérique ; le gouvernement américain proteste auprès de l’Unesco pour dénoncer « cette flagrante violation de la charte de l’Unesco »[296]. En 1962, la crise de Cuba suscite une atmosphère d’« inquiétude » et d’« angoisse » à la conférence générale[297]. En 1963, en lien avec cette crise, le projet des Nations Unies d’apporter une aide agricole à Cuba suscite la vive indignation de nombreux membres du congrès américain, Cuba étant un pays « ennemi »[298]. La presse américaine se déchaîne contre ce projet[299].

La guerre du Vietnam.
La guerre du Vietnam assombrit la coopération culturelle internationale[300]. En 1969, une conférence sur le Vietnam est organisée à l’Unesco[301]. L’opposition à la guerre du Vietnam s’exprime par exemple au stage de perfectionnement d’animateurs de clubs Unesco organisé par la Fédération française des clubs Unesco (FFCU) à Avallon en 1972, bien que cela soit théoriquement hors sujet ; les représentants des clubs Unesco et les stagiaires expriment leur indignation devant les actions militaires des États-Unis au nord Vietnam[302]. Cependant l’Unesco parvient dans l’ensemble à maintenir une relative neutralité à ce sujet dans ses assemblées et à éviter que de vives polémiques n’y éclatent.

Dans la réalisation des actions.

Les communications, et notamment l’Unisist.
Les communications et l’information (communications de masse, comunications par satellite, liberté de circulation de l’information) sont parmi les activités de l’Unesco qui intéressent le plus le gouvernement américain. Des intérêts politiques et économiques très forts y sont en effet liés pour les États-Unis[303]. Le thème de la « liberté de l’information », traité par l’Unesco à la fin des années 1960, donne lieu à des malentendus entre est et ouest, puisqu’en URSS le terme de « libre » s’appliquant aux médias signifie qu’ils sont publics, alors qu’aux États-Unis « libre » veut dire privé[304].
Le projet Unisist focalise l’opposition est-ouest. Sur les 16 membres du comité conjoint Unesco-CIUS créé en 1967, seuls deux sont des représentants du bloc communiste[305]. Le comité est présidé par un Américain[306]. L’Unisist devient dès le début un enjeu de la guerre froide. Jacques Tocatlian rapporte que la guerre froide a mis des obstacles importants au programme Unisist et au PGI. En 1970, le département d’état américain est très enthousiaste à l’égard du projet Unisist, dans l’idée que ce programme permettrait à la supériorité technique des Américains dans le domaine des communications de s’affirmer, et d’affaiblir l’influence soviétique[307]. De même, l’URSS adhère à l’Unisist avec beaucoup d’enthousiasme, dans l’espoir selon l’Américain Tocatlian d’obtenir des informations technologiques et scientifiques de l’ouest, et d’imposer les solutions qui l’intéressent. Tocatlian estime que les enjeux de la guerre froide se sont introduits de manière particulièrement importante dans le programme Unisist, car l’URSS a toujours été très sensible aux enjeux de la maîtrise de l’information ; ainsi, le directeur de la bibliothèque du siège des Nations Unies a toujours été un Soviétique, l’URSS y tenait beaucoup. L’URSS s’efforce en vain de faire pression pour remplacer le directeur du programme, Jacques Tocatlian, Américain, par un Soviétique[308].

Les publications.
Le travail de la commission Faure est entravé par des tensions dues à la guerre froide. Acher Deleon rapporte que plusieurs versions successives du rapport ont dues être rédigées, avant d’arriver à un accord entre les membres de la commission. L’obstruction est venue principalement du Soviétique Petrovski, qui s’est opposé à toutes les versions successives ; même pour la dernière version, il demande 57 amendements. Deleon se rend alors avec Petrovski à Moscou pour discuter avec des responsables politiques soviétiques. Finalement les amendements sont réduits à une trentaine et transformés en notes de bas de page[309]. En 1961, Roger Caillois et Jean d’Ormesson déplorent la très faible collaboration des Soviétiques à la revue Diogène et incitent Maheu, à l’occasion de son voyage en URSS, à s’efforcer de convaincre les Soviétiques de participer davantage à cette revue[310]. En 1962, l’URSS se plaint que la plupart des manuscrits qu’elle envoie à l’Unesco et dont elle propose la publication ne sont pas publiés[311]. En avril 1963, le comité des publications de l’Unesco envisage, sur la pression des États-Unis, que l’Unesco « suspend[e] la publication de monographies concernant des situations ou des conditions purement nationales », car de telles études risqueraient de « compromettre l’intégrité de l’organisation », et que l’Unesco fasse plutôt des publications « englob[ant] dans un seul ouvrage les renseignements relatifs à plusieurs pays et concernant un même sujet »[312]. Cette remise en cause des publications de l’Unesco est liée notamment aux protestations des États-Unis contre l’ouvrage L’égalité raciale en URSS[313]. Les publications de l’Unesco suscitent la méfiance et l’hostilité de nombreux membres du Congrès américains, qui les accusent de servir de véhicule à l’idéologie communiste[314]. En 1964, la commission nationale américaine pousse l’Unesco à réviser sa politique des publications en ce sens[315]. En 1965, l’URSS prône la publication d’une série sur « l’art des peuples d’URSS », et la préparation d’une série d’albums artistiques de poche sur le thème des « grands peintres réalistes »[316] ; cette revendication a une dimension idéologique. Des controverses entre Soviétiques et Occidentaux se produisent au comité d’experts pour Tendances principales de la recherche dans les sciences sociales et humaines[317].

L’Histoire de l’Humanité.
L’Histoire de l’humanité donne lieu à d’importantes tensions est-ouest. Le département d’état surveille avec une grande vigilance cette entreprise, vérifiant qu’il n’y a pas de communistes parmi les rédacteurs occidentaux[318]. Il est poussé à cette attitude par le congrès[319]. En 1960, dans ses commentaires sur le volume VI, Raymond Aron, employé comme consultant par la commission, se fait le défenseur du point de vue occidental et dénonce dans ce volume ce qu’il perçoit comme des « préférences refoulées » pour le communisme derrière une « neutralité apparente et affectée ». Il critique notamment l’idée de « crise incurable de l’Europe et du capitalisme », et la condamnation du « règne de la bourgeoisie et du colonialisme »[320]. En 1961, des tensions vives se produisent entre l’Américaine Caroline Ware, chargée du XXe siècle, et les Soviétiques, qui veulent apporter un grand nombre de notes critiques à ce texte, alors qu’elle estime avoir déjà tenu compte de leurs recommandations. Elle s’oppose à leur volonté d’imposer des notes critiques et en appelle à Carneiro pour trancher le conflit. Celui-ci condamne « le ton agressif et injurieux » de Caroline Ware et ses « procédés d’intimidation»[321]. L’opposition se durcit dans les années qui suivent entre les deux blocs au sujet de ce volume ; en 1963, Guy Métraux souligne le ton « extrêmement agressif et dur » des Soviétiques ; en 1965, il souligne les opppositions très violentes entre M. Zvorikine et Caroline Ware[322]. Les commentaires des commissions nationales donnent lieu à des affrontements entre rédacteurs, souvent perceptibles sur le papier, comme un échange de ripostes manuscrites. De très nombreux exemples sont disponibles sur cette opposition idéologique est-ouest à l’occasion de l’élaboration de cet ouvrage[323]. Dans le texte définitif, elle se détecte aux nombreuses notes de bas de page apposées par les Soviétiques, en particulier dans les volumes V et VI. Les Soviétiques opposent souvent le nom d’un savant russe à celui d’un savant américain pour telle ou telle invention ou découverte. De même pour les chapitres sur l’art, où les notes des Soviétiques déplorent la trop faible place accordée aux artistes russes. C’est dans les domaines politique et économique que les notes sont les plus nombreuses et les plus virulentes, contestant l’interprétation de l’histoire, des institutions, de la colonisation[324]. Réciproquement, le chapitre « La révolution industrielle », rédigé par des Soviétiques, suscite une longue note additive de dix pages par un Américain critiquant vivement l’accent mis sur la mécanisation par les auteurs soviétiques, et les accusant de « simplification excessive » et « dangereuse », et soulignant en revanche « l’importance du rôle de l’entrepreneur »[325].
Comme résultat de ce clivage est-ouest, les oppositions sont radicalisées ; certains chapitres sont rédigés dans un esprit très communiste, d’autres dans un esprit très conservateur, comme le chapitre « les institutions » rédigé par l’Autrichien Benedikt, qui dépeint la classe ouvrière anglaise du XIXe siècle comme « un prolétariat mécontent, asocial, mûr pour la délinquance et même pour le crime », et responsable d’une « chute des valeurs morales » qui entraînerait « le désespoir des gens de cœur »[326]. « Rayonnant d’optimisme, le capitalisme visait à assurer le plus de bonheur possible pour le plus grand nombre sur la base de la liberté d’action et du libre-échange », écrit Benedikt. Le Soviétique Daline, dans ses nombreuses notes, réplique à ce « véritable dithyrambe à l’adresse du capital », et dénonce la paupérisation croissante des travailleurs à cette époque, passée sous silence dans le texte de Benedikt. En 1963, Guy Métraux déplore, dans une lettre à Carneiro : « il est évident - et ceci est extrêmement regrettable - que les notes que nous avons pour le volume VI ne représentent pas des positions impartiales, détachées, objectives »[327]. En 1964, au retour d’un voyage à Moscou, il estime que le matériel rédigé par les savants soviétiques est de très bonne qualité scientifique, que les Soviétiques sont très ouverts à la collaboration, et qu’il faut utiliser ce matériel. Il déplore néanmoins la forte politisation du membre soviétique de la commission[328]. Dans la liste des auteurs du volume V, on observe une nette disproportion en faveur des Soviétiques : 47 Soviétiques contre 18 Américains et 11 Français[329]. Dans la conclusion du volume V, Morazé fait très souvent référence à Marx, Engels, Lénine ; il cite 16 fois le nom de Marx ou de marxisme. Et dans l’ « avertissement au lecteur », il loue le zèle des savants soviétiques : « Le présent volume doit beaucoup à la collaboration soviétique [...]. Elle a été efficace et abondante » ; et il leur envie leur « avantage » sur les autres États, à savoir « celui d’une doctrine historique commune : le marxisme », ce qui confère à leur histoire « une cohérence dont celle de l’Occident ne p[eut] se prévaloir »[330]. Les Cahiers d’histoire mondiale font eux aussi l’objet de tensions est-ouest ; en 1960, l’Américaine Ware fait pression pour la suppression d’articles du Soviétique Zvorikine de cette revue[331]. L’élaboration de l’Histoire de l’Humanité constitue donc une occasion de fortes tensions et d’importants affrontements entre les deux blocs, ce qui nuit gravement à sa qualité. Des tensions affectent aussi l’entreprise de l’Histoire de l’Afrique.

L’Histoire de l’Afrique.
Les projets d’Histoire de l’Afrique inquiètent les puissances occidentales, surtout les États-Unis et le Royaume-Uni. Celui-ci observe que le projet d’histoire de l’Afrique proposé par le gouvernement du Ghana est dirigé par un Africain communiste, W.E. Du Bois, et encouragé par le régime de N’Krumah ; les États-Unis et le Royaume-Uni craignent que « ce projet soit utilisé comme véhicule pour la propagande soviétique » ; après l’abandon de ce projet ghanéen suite à la chute de N’Krumah et au décès de DuBois, le Royaume-Uni et les États-Unis reportent toutes leurs inquiétudes sur le projet de l’Unesco, le jugeant « très susceptible de se prêter à de la propagande anti-occidentale ». Le gouvernement britannique estime donc « extrêmement important » d’inclure plusieurs représentants anglo-saxons dans le comité de l’Unesco pour l’Histoire de l’Afrique[332].

Le Courrier de l’Unesco.
En 1961, Maheu fait valoir auprès de Harlan Cleveland, assistant secrétaire d’état pour les affaires des organisations internationales, que le Courrier de l’Unesco, qui est beaucoup plus lu en URSS qu’aux États-Unis, apporte des interprétations non communistes du monde au peuple soviétique, et qu’il est par conséquent dans l’intérêt politique des États-Unis de soutenir cette revue[333]. Ainsi, Maheu lui-même, en s’adressant aux États-Unis, emploie des arguments politiques.
Plusieurs passages des numéros du Courrier de l’Unesco de novembre 1970 et de juillet 1971 sont censurés dans la version russe par le gouvernement soviétique. Ainsi, l’article intitulé « Le contrôle de l’environnement et les systèmes économiques », qui fait partie du numéro de juillet 1971, ne figure pas dans la version russe. À la 87e et à la 88e sessions du conseil exécutif, les États-Unis dénoncent cette pratique, contraire à l’acte constitutif ; le représentant de l’URSS, M. Tikhivinsky, soutenu par ceux de la Tchécoslovaquie et de la Hongrie, justifie cette censure en faisant valoir que l’article, qui évoque la pollution en URSS, est hostile à la politique menée par le gouvernement soviétique, et en rappelant que l’acte constitutif interdit à l’Unesco d’intervenir dans les questions qui sont sous juridiction domestique des États membres. Le président du conseil exécutif, l’Indien Prem Kirpal, soutient la position soviétique, estimant que des suppressions de certains passages sont en certains cas justifiées. Kirpal prend l’exemple d’une image de « Mahomet sur un âne », dans le numéro d’avril 1971 consacré à l’Iran, à propos de laquelle le gouvernement indien a émis une plainte, la considérant comme offensante pour les communautés islamiques conservatrices d’Inde. La délégation pakistanaise et la délégation égyptienne soutiennent elles aussi cette position, et exigent la supression de l’image en question, dénonçant « un sinistre complot de l’Unesco pour diviser le monde islamique »[334]. L’URSS obtient ainsi sur cette question un large soutien de la part des États musulmans.
A la conférence générale de 1970, la délégation soviétique demande que le rédacteur du Courrier de l’Unesco, Sandy Koffler, en poste depuis 1947, soit remplacé par une direction collégiale. Au conseil exécutif en 1971, l’URSS propose un amendement qui prévoit de répartir plus équitablement la responsabilité de la rédaction du Courrier de l’Unesco, en prenant en compte notamment les opinions du personnel éditorial des éditions en langues étrangères. Cette proposition est soutenue par des États membres asiatiques et latino-américains, qui estiment que les vues de leurs groupes linguistiques ne sont pas assez reflétées dans la revue. Elle est en revanche rejetée par les États occidentaux, et n’est pas adoptée[335]. Ainsi, le Courrier de l’Unesco, importante revue qui est la « vitrine » de l’Unesco, focalise les tensions et les rivalités entre les deux blocs. Un autre élément qui alimente ces tensions est la commémoration de thèmes liés à l’URSS.

Des tensions est-ouest liées à la commémoration de thèmes liés à l’URSS.
Dès 1965, l’URSS propose que l’Unesco commémore le cinquantenaire de la Révolution d’octobre, en novembre 1967[336]. Ce projet est adopté, malgré l’hostilité des États-Unis. Ainsi, en 1967, l’Unesco commémore cet événement, avec notamment la parution d’un numéro special du Courrier de l’Unesco[337].
En 1966, les pays socialistes proposent l’organisation par l’Unesco d’une exposition et d’un colloque sur Marx pour commémorer les 150 ans de sa naissance. Cela suscite les protestations des États-Unis et du Royaume-Uni. Ces gouvernements s’inquiètent du choix des participants et s’efforcent de faire pression sur ce choix ; le gouvernement britannique se réjouit du refus de l’historien Eric Hobsbawm de participer[338]. L’exposition sur Marx et le séminaire « Karl Marx aujourd’hui », organisés à Trier en RFA en 1968, inquiètent les États-Unis, et entraînent des controverses. 400 personnes y assistent, tandis que plus de 1500 personnes, allemands de l’est et communistes de RFA, encombrent le hall, pour manifester leur hostilité[339]. Pour le Times Literary Supplement, « l’Unesco […] n’était peut être pas le sponsor idéal pour une telle discussion ». En revanche, le séminaire recueille des échos plutôt favorables dans la presse française ; ainsi, L’Express estime que l’Unesco peut être félicitée pour avoir évité le risque d’une réunion politique[340].
En 1968, l’URSS demande à l’Unesco de célébrer en 1970 le centenaire de la naissance de Lénine[341], et parvient à faire adopter une résolution en ce sens, prévoyant notamment l’organisation d’un séminaire à Tampere en Finlande sur le thème « Lénine et ses idées dans la lutte pour la paix » et la commémoration de Lénine dans le Courrier de l’Unesco[342]. Les États-Unis et le Royaume-Uni sont très opposés à cette célébration et y voient une tentative de l’URSS d’utiliser l’Unesco à des fins de propagande politique[343]. La délégation américaine s’oppose à ce projet : elle estime acceptable que l’Unesco honore des personnages comme Gandhi, Bouddha, et même Karl Marx, car ce sont des « figures historiques dont les vies et les œuvres entrent incontestablement dans les limites des buts pour lesquels cette organisation a été créée », mais juge « inapproprié » de faire un séminaire sur Lénine ; elle affirme que cela constituerait « une activité incompatible avec les buts de l’Unesco », « une tentative de faire de la propagande politique », et que cela « mettrait en péril le vaste soutien populaire pour l’Unesco » aux États-Unis[344]. Les États-Unis et le Royaume-Uni voient dans ce projet une tentative de l’URSS d’utiliser l’Unesco à des fins de propagande politique. Néanmoins, ils n’osent pas boycotter directement ce séminaire, et décident d’y envoyer des représentants. Cependant, Maheu refuse d’accepter le représentant choisi par le gouvernement britannique, Isaiah Berlin, et suggère à la place l’historien et économiste Maurice Dobb ou l’historien Eric Hobsbawn, que Maheu a personnellement rencontré. Le gouvernement britannique y est opposé, considérant ces deux personnes comme des communistes, et décide de faire « une forte remontrance personnelle » à Maheu pour cette ingérence « intolérable » ; il estime que l’invitation de Hobsbawm à ce symposium causerait « des dommages considérables » à la réputation de l’Unesco dans l’opinion britannique[345]. Finalement, c’est Maurice Dobb qui est envoyé au séminaire[346].
La commémoration de Lénine par l’Unesco a des répercussions très négatives dans l’opinion américaine. La presse américaine déplore que « les Nations Unies adoptent Lénine »[347], et des membres du Congrès dénoncent que Lénine soit devenu « l’idole de l’Unesco »[348]. La commémoration de Lénine par l’Unesco donne lieu à des films, des colloques, et à une exposition[349]. Le colloque « Lénine et sa contribution à la science, à l’éducation et à la culture », rassemble 22 experts, en grande majorité issus de pays socialistes ; le diplomate français Jean-Fernand Laurent observe que les débats « ne sont pas sortis du cadre fixé », grâce à la vigilance du représentant de la commission nationale soviétique. Il observe que les autres manifestations culturelles sur Lénine qui ont suivi le colloque, organisées au siège de l’Unesco par la délégation soviétique et la commission nationale soviétique se sont déroulées « en présence d’une assemblée clairsemée et qui ne remplissait qu’à moitié la salle », et observe que la plupart des délégués d’Europe occidentale « brillaient par leur absence ». Jean-Fernand Laurent observe que la conférence de l’académicien soviétique Mintz « a été un panégyrique consacré à Lénine révolutionnaire et homme d’état », et que le film sur Lénine, réalisé sous le patronnage de la commission nationale soviétique, est « un film discret de propagande »[350]. Le séminaire donne lieu à des oppositions idéologiques et politiques très marquées[351].
En prévision du numéro du Courrier de l’Unesco de juillet 1970, qui doit être consacré à Lénine, de vives discussions ont lieu à ce sujet au conseil exécutif en juin 1970, et de manière confidentielle entre la mission soviétique et Maheu[352]. Les États-Unis observent que Maheu avait les mains liées par une résolution de la conférence générale de 1968 lui demandant de « prendre des mesures » pour commémorer l’anniversaire de la naissance de Lénine, et donc n’a pas pu s’opposer à l’élaboration de ce numéro. Les Soviétiques insistent pour que tout le numéro soit consacré à Lénine. Maheu assure le représentant permanent des États-Unis que le numéro ne serait pas entièrement consacré à Lénine, et donne consigne à Sandy Koffler d’inclure dans le numéro des articles sur d’autres sujets que Lénine, et de faire figurer sur la couverture des photos sur d’autres thèmes à côté de celle de Lénine. Apprenant cela, le gouvernement soviétique envoie une délégation spéciale, dirigée par Vassili Vakrouchev, pour faire pression et exiger que le numéro soit exclusivement consacré à Lénine et que la couverture présente uniquement une photographie de Lénine en pleine page. Selon le témoignage de plusieurs membres du conseil exécutif, cette rencontre aurait été « orageuse » et Vakrouchev aurait haussé la voix, tapé du poing sur la table plusieurs fois, et proféré des menaces. Maheu, pris entre les pressions américaines et soviétiques, adopte une décision de compromis pour ce numéro éminemment politique : il est finalement presque complètement consacré à Lénine, mais laisse aussi la place à deux articles sur la recherche océanique et l’art javanais ; en outre, la photographie de Lénine partage la couverture avec celle d’une sculpture javanaise[353]. Malgré ce compromis, ce numéro suscite l’indignation et la protestation du congrès américain[354]. La controverse est accrue par le fait que le contenu de la version soviétique de la revue diffère de celui des versions occidentales[355]. Cela donne lieu à d’importantes polémiques à la conférence générale de 1970[356], et au congrès américain[357]. Pour Chris Osakwe, cette célébration de Lénine par l’Unesco serait « la plus grande victoire » de l’URSS dans le cadre de l’Unesco[358]. En mai 1968, pour répliquer à ces commémorations de personnages et de d’événements propres au régime soviétique, la délégation américaine préconise que les États-Unis proposent des célébrations analogues portant sur des personnages et événements propres aux États-Unis, comme par exemple un « Prix Martin Luther King »[359] ; mais cela n’aboutit pas.
S’il apparaît compréhensible que de telles commémorations entraînent des tensions est-ouest, il peut apparaître plus étonnant que de telles tensions naissent des programmes scientifiques de l’Unesco.

Des tensions est-ouest dans les programmes scientifiques.
Le domaine scientifique est a priori considéré comme plus indépendant des tensions politiques que les autres domaines. Cependant, en réalité, il apparaît qu’il est loin d’être exempt de telles tensions. Plusieurs domaines peuvent être distingués.
Batisse évoque que la préparation de la carte mondiale des sols, lancée par Kovda et qui s’est étendue sur plus de 17 ans, a pris « à plusieurs reprises l’allure d’une véritable guerre russo-américaine plus ou moins arbitrée par les Français » ; il souligne cependant que Victor Kovda, grâce à son « bon sens » et à son « équité », a réussi à éviter que le projet n’échoue à cause de la guerre froide[360].
En décembre 1960, à l’ONU, les délégations des États socialistes critiquent le « rapport Auger », Tendances actuelles de la recherche scientifique, soulignant la lourdeur et les retards de la procédure suivie, reprochant au rapport de n’avoir pas représenté à sa juste valeur la recherche scientifique menée dans les États socialistes, et estimant que ce défaut est lié à la sous-représentation des ressortissants des États socialistes au secrétariat de l’Unesco et de l’ONU[361]. C’est ainsi une critique d’ordre politique. Début 1961, les Soviétiques dénoncent qu’il n’ait pas été prévu de publier l’étude en russe, et demandent qu’elle le soit ; Kovda prend la mesure de ce problème politique et incite l’Unesco à un compromis[362]. Les États-Unis en revanche se déclarent très satisfaits du résultat[363].
En 1958, les États-Unis organisent à New York un 1er congrès international d’océanographie ; ils encouragent en 1965 l’URSS à en organiser à son tour un sur son sol. Cependant, des tensions politiques se produisent à ce sujet entre États-Unis et URSS à la Commission océanographique intergouvernementale (COI)[364]. Au sein de la COI, on observe dans les années 1960 une collaboration parfois tendue entre Soviétiques et Américains. L’Unesco s’efforce de maintenir un équilibre entre les deux. Ainsi au premier directeur de la COI, l’Américain Warren Wooster, succède en 1964 le Soviétique Konstantin Fedorov [365], puis quelques années plus tard le Britannique Sidney Holt, très soutenu par les États-Unis[366].
L’expédition internationale de l’océan indien (1959-65) donne lieu à une compétition entre les deux grandes puissances, qui se traduit par une concurrence portant sur le nombre de bateaux et de savants y participant : ainsi un article du Washington Post présentant cette expédition affirme avec satisfaction qu’elle compte dix vaisseaux américains contre seulement quatre vaisseaux soviétiques[367]. En octobre 1963, M. Vagn Hansen, agent de l’Unesco, évoque dans une lettre au directeur du bureau d’océanographie de l’Unesco les enjeux politiques de l’entreprise, et l’incite de ce fait à la prudence et à la vigilance dans l’organisation de la prochaine réunion du comité consultatif. Dans ses lettres suivantes, Vagn Hansen souligne toujours les enjeux politiques[368]. L’expédition donne lieu cependant à une certaine collaboration entre scientifiques américains et soviétiques[369].
En 1971, le déroulement de la Décennie hydrologique internationale (DHI) donne lieu à des conflits d’ordre politique entre États socialistes et États occidentaux, concernant la coopération entre les États donnant sur la mer Baltique : la Pologne et la RFA se disputent le lieu d’une conférence sur l’hydrologie de la mer Baltique prévue pour septembre 1971, la Pologne tenant à ce qu’elle ait lieu sur son sol, à Gdynia, et la RFA insistant pour qu’elle ait lieu à l’Institut hydrologique de Hambourg[370].
Prévost, qui assiste en 1962 au nom de l’Unesco à la « Conférence des Nations Unies sur la science et la technique appliquées au développement », est frappé par l’aspect essentiellement politique des débats, par comparaison avec les conférences et réunions de l’Unesco[371]. Ainsi les conférences de l’ONU apparaissent encore plus politisées que celles de l’Unesco. Un diplomate français observe au sujet de la première conférence latino-américaine des ministres de l’éducation tenue en décembre 1971 à Caracas que, « en dépit de son caractère très technique, cette conférence a eu une assez nette coloration politique »[372].
Au cours de la guerre du Vietnam, la DHI et le programme « L’homme et la biosphère » (Man and Biosphere, MAB) sont saisis de demandes pour étudier l’effet des bombardements et substances défoliantes sur l’environnement. La demande n’aboutit pas, à cause de l’opposition des États-Unis. D’autre part, dans le cadre du programme MAB, les pays socialistes proposent à plusieurs reprises un projet d’étude sur les conséquences d’une éventuelle guerre nucléaire, ce qui n’aboutit pas à cause de l’opposition des pays occidentaux[373].
Des tensions politiques caractérisent ainsi les programmes scientifiques de l’Unesco. Il en va de même des programmes éducatifs.

Des tensions est-ouest dans les programmes éducatifs.
La convention contre la discrimination dans l’éducation (décembre 1960) est ratifiée par l’URSS et par les États socialistes (en 1968), mais pas par les États-Unis, au nom de la liberté de l’enseignement[374]. Le projet majeur d’Amérique latine donne lieu à des problèmes politiques liés à la guerre froide ; ainsi, en mai 1961, Oscar Vera exprime son inquiétude au sujet du fait que certains États latino-américains accusent l’Unesco d’être un « agent de l’impérialisme » et que d’autres au contraire l’accusent d’être « un repaire de communistes » ; Vera observe : « il apparaît évident que nous ne sommes pas à l’abri de la guerre froide - de plus en plus ardente dans cette région - et qu’il n’est pas facile d’agir devant tant d’embûches et de soupçons »[375]. Miguel Soler Roca, qui a participé au projet majeur d’Amérique latine, affirme que ce projet majeur lui a montré que l’autonomie des questions éducatives est très limitée par rapport aux enjeux politiques[376]. En 1968, l’URSS annonce une forte subvention pour le PEMA et pour l’alphabétisation, ce que les États-Unis interprètent comme « une partie de l’effort général des Soviétiques pour pénétrer le programme régulier de l’Unesco à leurs propres fins de propagande »[377]. En février 1970, l’Unesco organise un colloque sur « l’éducation et le développement de l’homme » ; Jean Fernand Laurent comme la presse déplorent l’« absence quasi totale des pays de l’est » à ce colloque[378]. Ces quelques exemples montrent la présence de tensions est-ouest dans les programmes éducatifs.


Des tensions est-ouest dans le programme de Nubie.
En réalité, aucun domaine d’action de l’Unesco n’est épargné par ces tensions est-ouest. Le domaine du patrimoine est touché lui aussi. Cela apparaît clairement dans le déroulement de la campagne de Nubie[379]. Au début des années 1960, les relations entre l’Egypte d’une part et les États-Unis et le Royaume-Uni d’autre part se détériorent, à cause de la radicalisation du régime nassérien vers une orientation socialisante, notamment au moyen d’importantes nationalisations ; les tensions augmentent avec l’éclatement de la République Arabe Unie après la réussite du coup d’état séparatiste en Syrie, que l’Egypte accuse l’Arabie saoudite et la CIA d’avoir fomenté, et avec le soutien militaire apporté par l’Egypte au régime républicain du Yémen du Nord, soutien qui vise à faire s’effondrer le régime d’Arabie saoudite et à provoquer le départ des troupes anglaises d’Aden. En 1962-63, la situation politique est donc beaucoup moins favorable au sauvetage des monuments de Nubie[380].

Quel est le résultat de ces tensions est-ouest qui se manifestent de manière omniprésente dans les programmes de l’Unesco ? En faveur duquel des deux grands la balance incline-t-elle ? Au début des années 1970, les États-Unis estiment avec satisfaction qu’elle incline en leur faveur[381]. Effectivement, de tous les exemples analysés, il semble ressortir que les États-Unis, par leur poids politique et économique, et par leur habileté stratégique, l’emportent en influence sur l’URSS au sein de l’Unesco. Cependant, il faut aussi percevoir une tendance progressive à l’apaisement des manifestations de la guerre froide au sein de l’Unesco au fil de ces années.

2.3.3. … Puis leur apaisement relatif.

En juin 1960, un article du journal soviétique Temps Nouveaux, donne l’idée d’une certaine détente est-ouest à l’Unesco : « Pendant une période assez longue, jusqu’au milieu des années 1950, l’Unesco a subi la forte influence de la guerre froide. Pourtant, depuis quelques temps, des éléments nouveaux et positifs apparaissent dans son travail », estime-t-il[382]. Effectivement, les années 1960-74 voient un apaisement progressif et relatif des tensions de la guerre froide.

Un apaisement du clivage est-ouest.
On observe un apaisement lié à des efforts conjugués de l’Unesco, des États-Unis et de l’URSS ; il donne lieu à des occasions multipliées de dialogue et de coopération est-ouest.

Des efforts conjugués.
Les efforts viennent tout d’abord des dirigeants de l’Unesco, Veronese mais surtout Maheu. En juin 1960, Veronese fait une visite en URSS pour rencontrer les dirigeants et s’efforcer de resserrer la collaboration entre cet État et l’Unesco[383]. Il a un entretien confidentiel avec Gromyko[384], et prononce un discours à la télévision soviétique[385]. En 1962, pendant l’affaire de Cuba, Maheu refuse de céder à la pression américaine et invite Cuba à une conférence régionale de l’Unesco rassemblant les États latino-américains[386]. En août 1963, Maheu se rend à Moscou, s’entretient avec des dirigeants soviétiques, et assiste à la signature du traité d’arrêt partiel des expériences nucléaires. Le Monde observe que « les projets de M. Maheu prennent aujourd’hui une importance plus grande et un éclairage nouveau dans le climat actuel de détente »[387]. Ces efforts de Maheu auprès de l’URSS sont également salués par la presse américaine, qui les juge fructueux[388]. En octobre 1963, Maheu se rend aux États-Unis ; il assiste à la conférence nationale de la commission nationale américaine, à Chicago, et rend visite à Kennedy, avec lequel il a un long entretien très cordial[389]. En outre, il s’efforce d’éviter l’introduction d’enjeux politiques dans le recrutement du personnel, s’efforçant notamment de garder en poste des citoyens de pays communistes malgré l’opposition de leurs gouvernements[390].
Les efforts viennent aussi de l’URSS. En 1960, Gromyko affirme à Veronese que « l’URSS considère sa collaboration avec l’Unesco comme un moyen très important de la coopération mondiale » et que « le fait qu’à l’Unesco sont représentés des États ayant des systèmes sociaux différents n’exclut pas une fructueuse collaboration »[391]. Dans les années 1960, l’URSS fait des efforts pour collaborer davantage avec l’Unesco. Ainsi, elle ratifie en 1962 la convention sur l’échange international de publications (de 1958), en 1968 la Convention sur l’échange de publications officielles et de documents gouvernementaux entre États (de 1958), et en 1968 la Convention contre la discrimination en éducation (de 1960)[392].
En 1966, Benton observe avec satisfaction au conseil exécutif un changement net dans l’attitude des Soviétiques, dont les attaques politiques sont désormais « douces et rares ». Il attribue cette « nouvelle attitude » d’une part au décès des deux membres-clés de la délégation soviétique, MM. Sissakian et Petrov, ainsi qu’à la nomination de Vadime Sobakine comme membre soviétique du conseil exécutif, qui se montre « timide, studieux, courtois et coopératif » avec les États-Unis, et d’autre part à un adoucissement de la politique du gouvernement soviétique à l’égard de l’Unesco[393].
En 1962, l’URSS transmet à l’Unesco le texte du nouveau règlement du droit d’auteur soviétique. L’Unesco observe qu’il « pourrait faciliter l’adhésion de l’URSS à la convention universelle ». En 1963, l’Unesco observe que « selon des informations reçues de sources privées, une éventuelle adhésion soviétique à la convention universelle a fait plusieurs fois l’objet d’examens lors des négociations menées entre des éditeurs anglais ou américains d’une part et des autorités soviétiques compétentes d’autre part »[394]. En 1963, Maheu, en visite en URSS, s’efforce de persuader les dirigeants soviétiques de ratifier la convention sur le droit d’auteur[395]. L’URSS ratifie finalement cette convention en 1973. La presse soviétique est très positive sur cette adhésion[396], de même qu’une grande partie de la presse française, qui la considère comme « un signe d’ouverture », comme « l’une des preuves les plus convaincantes d’un changement sensible dans l’attitude du régime vis-à-vis du monde extérieur »[397]. En revanche, la presse anglo-saxonne, ainsi qu’une partie de la presse française, sont critiques, observant qu’en adhérant à cette convention, « le gouvernement soviétique pourrait essayer de museler un écrivain dissident » ; pour le New York Times, il est « évident que la volonté de stopper le flot de littérature clandestine a été un des principaux facteurs qui a poussé l’URSS à se joindre à la convention » ; The Times titre « Les dissidents soviétiques accusent l’Unesco »[398].
Les efforts de détente viennent enfin dans une certaine mesure des États-Unis. En septembre 1974 a lieu la première grande réunion de l’Unesco aux États-Unis, à savoir la 3e session du Conseil de coordination du MAB, à Washington. Jusqu’alors, les États-Unis avaient refusé d’accueillir de telles réunions, pour ne pas avoir à recevoir des ressortissants de pays communistes[399].

Des occasions multipliées de dialogue et de coopération est-ouest.
Les efforts conjugués de détente ont pour résultat des occasions multipliées de dialogue et de coopération est-ouest, dans de nombreux programmes ainsi que dans les assemblées de l’Unesco. En septembre 1960, Jean Thomas écrit à Veronese que la conférence mondiale sur l’éducation des adultes tenue à Montréal a été « efficace », notamment grâce à l’« esprit de coopération » de la délégation soviétique[400]. En 1961, l’Unesco organise un dialogue télévisuel direct entre lycéens soviétiques et américains. En 1961, pour la première fois, un représentant du bloc soviétique est intégré au comité du CIPSH[401]. La même année, à la 8e session du comité international consultatif sur la recherche en sciences naturelles, le gouvernement américain observe une « atmosphère de cordialité et de coopération », et l’absence d’irruption des enjeux nationaux dans les discussions[402]. En mars 1962, la réunion du comité sur les usages pacifiques de l’espace extra-atmosphérique donne lieu à un échange de messages entre le président américain et le président du conseil des ministres de l’URSS sur la volonté de coopérer dans ce domaine[403]. En 1963, l’Unesco suscite la création à Vienne du « centre européen de coordination pour la recherche et la documentation en sciences sociales », lié au CISS. Selon Peter Lengyel, cet institut aurait œuvré assez efficacement au rapprochement entre sociologues des pays d’Europe de l’ouest et de l’est[404]. Evans, dans une interview, souligne que l’année géophysique internationale (AGI) a donné lieu à une très bonne coopération entre États-Unis et URSS[405]. En novembre 1965, la France observe que la 71e session du conseil exécutif donne lieu à « une tendance générale à la conciliation » entre le bloc communiste et le bloc occidental, marquée notamment par « le calme inaccoutumé du représentant des États-Unis, le sénateur Benton » à l’égard de l’URSS[406]. L’apaisement des tensions est-ouest est nettement perceptible aux séances du conseil exécutif en 1966, qui se déroulent « dans un climat détendu » selon la France[407]. En 1966 a lieu le premier « congrès international des études balkaniques et du sud-est européen, en Bulgarie, organisé conjointement par des commissions nationales d’Europe de l’est et de l’ouest. Maheu, dans son discours à cette occasion, souligne la signification politique de ce congrès, qui constitue une preuve de la détente[408]. À la conférence générale de 1968, un rapprochement se fait entre la délégation britannique et la délégation tchèque, qui développent une relation « cordiale » et « authentiquement amicale », comme l’observe le Foreign Office[409]. À la conférence des ministres des États membres européens responsables des politiques scientifiques (MINESPOL) en juin 1970, qui rassemble des représentants de l’Europe de l’est et de l’Europe de l’ouest, la délégation américaine, qui y assiste en tant qu’observateur, souligne l’importance des échanges pacifiés que cette conférence a permis entre ministres d’Europe de l’ouest et de l’est, échanges qui auraient donné lieu à « une convergence de vues inhabituelle » entre représentants des deux blocs, signe d’une véritable détente[410]. En 1972, l’Unesco présente une exposition d’art soviétique, et, dans le cadre de l’année internationale du livre, deux expositions présentant respectivement des livres soviétiques et des livres américains[411]. La Bulgarie devient à la fin des années 1960 et au début des années 1970 l’un des carrefours du rapprochement est-ouest. La ville de Varna, en Bulgarie, abrite en effet le « congrès mondial de philosophie et de sociologie » en 1970 et 1973, et en 1974 la 94e session du conseil exécutif[412].
En outre, au sein du secrétariat, plusieurs fonctionnaires contribuent au climat de détente, par leurs efforts pour adopter une attitude de neutralité : c’est le cas notamment de Victor Kovda, directeur du département des sciences exactes et naturelles de 1959 à 1964[413] ; de Sandy Koffler, qui résiste aux pressions, notamment physiques, exercées sur lui dans ces années par l’ambassadeur de l’URSS à l’Unesco[414] ; du Yougoslave Acher Deleon[415], du Roumain Sorin Dumitrescu.
Par ailleurs, l’apaisement du clivage est-ouest est également dû à l’émergence de clivages internes aux deux blocs. C’est d’une part le groupe occidental qui voit son unité se fragmenter. Ainsi, en mai 1965, la France observe qu’à la 70e session du conseil exécutif, le groupe occidental, composé de 8 membres, fait preuve « de manque de cohésion et d’absence d’autorité », et s’est « souvent divisé en deux ou trois fractions qui ont voté en sens différents »[416]. En novembre 1965, la France observe que la 71e session du conseil exécutif est marquée par une « division à l’intérieur de chaque ‘camp’ ou groupe d’états » : d’un côté, « le groupe de Genève n’a pas manifesté le minimum de solidarité qu’on aurait pu attendre », de l’autre « l’URSS n’a pas montré autant de dynamisme que lors de certaines sessions antérieures et n’a pas toujours été appuyée par la Hongrie et la Roumanie »[417]. En mai 1967, la Suède et la France s’efforcent d’élargir le « groupe européen » du conseil exécutif aux États communistes d’Europe de l’est, notamment à la Pologne et à l’URSS[418]. Cette volonté d’élargissement s’inscrit dans le cadre de la politique du général de Gaulle de rapprochement diplomatique avec l’URSS. Dans la deuxième moitié des années 1960, plusieurs pays du bloc socialiste se joignent au groupe de Genève[419].

L’admission de la République populaire de Chine et de la RDA.

Finalement, après bien des difficultés, la Chine est admise à l’Unesco en octobre 1971. à la conférence générale de 1972, où est présente, pour la première fois, une délégation de Chine populaire, la délégation américaine observe, rassurée, que cette délégation s’est comportée de manière « polie, circonspecte et généralement amicale »[420].
La première demande d’admission de la RDA à l’Unesco avait été formulée en 1955 et rejetée par le conseil économique et social. La RDA, malgré sa non-appartenance à l’Unesco, s’efforce dans les années 1960 de participer aux actions de l’organisation, et y réussit, grâce à l’assouplissement, à partir de 1968, de la position de la RFA. À l’occasion de sa visite à Bonn en juin 1970, Maheu discute avec les dirigeants ouest-allemands de la participation de la RDA aux travaux de l’Unesco, dans le contexte de la Ostpolitik. En effet, le gouvernement de RFA s’intéresse de plus en plus à l’action multilatérale, et souhaite intensifier le rôle de la RFA à l’Unesco. Désormais, la RFA accepte la présence d’observateurs est-allemands à des séances de l’Unesco, l’emploi par l’Unesco d’experts est-allemands, et l’accès des Allemands de l’est aux institutions de l’Unesco, comme invités, experts, ou membres d’ONG. À partir de 1970, des experts de RDA participent, aux côtés de confrères de RFA, à des réunions d’experts de l’Unesco ; et la commission nationale de RFA conclut des accords de coopération et d’échange avec les commissions nationales de Roumanie et de Yougoslavie[421]. Ainsi, en 1970, une cinquantaine d’instituts scientifique de RDA participent au programme biologique international (PBI), à la décennie hydrologique internationale (DHI), à l’année géophysique internationale (International Géophysical Year, IGY), et aux années internationales du soleil calme (International Quiet Sun Years, IQSY)[422].
Cependant, la RFA n’est alors pas prête pour autant à accepter l’admission de la RDA, qu’elle ne considère toujours pas comme un véritable État, ainsi que l’affirme le chef de la délégation allemande à la conférence générale de 1970[423]. En septembre 1970, en prévision de la prochaine session du conseil exécutif à laquelle la candidature de la RDA à l’Unesco est à l’ordre du jour, la RFA déploie d’importants efforts diplomatiques auprès des différents États membres, pour empêcher l’admission de la RDA ; des câbles alarmistes sont échangés entre les services diplomatiques de RFA et le ministère des affaires étrangères de RFA[424]. La RDA déploie elle aussi parallèlement des efforts diplomatiques importants pour promouvoir sa candidature. Finalement, celle-ci est à nouveau rejetée, sous la pression de la RFA et des États-Unis, et au terme d’un vote serré, malgré le soutien de certains pays comme l’Inde. En 1971, le gouvernement de RFA se montre également opposé à l’octroi du statut d’observateur à la RDA[425]. Finalement, lors de la conférence générale de 1972, la RDA est enfin admise à l’Unesco.

2.3.4. La prééminence du « clan latin » sur le « clan anglo saxon ».

Cette période, qui correspond à la domination de Maheu sur l’Unesco, correspond aussi à un rétablissement de la prééminence du « clan latin » sur le « clan anglo-saxon ». Cette évolution ne va pas sans heurts ni tentatives de résistance de la part du « clan anglo-saxon ».

Le pouvoir croissant de Maheu pendant le mandat de Veronese.
Les États-Unis s’inquiètent dès juillet 1959 du premier effondrement de Veronese ; Shuster souligne, dans une lettre confidentielle au secrétaire d’état, « la soudaine, grave maladie du Dr. Veronese », et fait observer qu’« il serait sage de se préparer à à peu près toute éventualité », plus précisément à l’éventualité de sa démission[426]. En juillet 1960, l’ambassade américaine à Paris souligne, dans une lettre confidentielle au département d’état, « la sensibilité du directeur général à la pression » politique, et « sa tendance au compromis » devant les pressions. En juillet 1961, le département d’état s’inquiète de l’absence prolongée de Veronese et en discute avec Maheu. Le ministre d’ambassade américaine à Paris, John H. Morrow, observe que « les absences longues et répétées de Veronese rendent évident que ce n’est pas lui qui modèle la destinée de l’Unesco », et observe que c’est Maheu qui a « pris la direction par défaut » ; il estime que cette situation de fait ne devrait pas être autorisée à se poursuivre. Il observe qu’à la dernière session du conseil exécutif c’est non pas Veronese, mais Maheu qui a mené tout le déroulement des débats et influé sur leur contenu. Il observe que pendant une partie du mois de juin 1961, Maheu est devenu directeur général par intérim pendant l’absence de Veronese, et qu’il en a profité pour se tailler encore plus de pouvoir. Morrow observe que Maheu se trouve dans « une position stratégique », puisqu’il a tout le pouvoir pour prendre les décisions qu’il veut, sans avoir à en porter lui-même la responsabilité. Les États-Unis, inquiets du pouvoir croissant de Maheu, souhaitent que Veronese démissionne et qu’un directeur général plus vigoureux et directif soit élu[427].

L’élection de Maheu.
Les États-Unis sont cependant défavorables à l’élection de Maheu pour succéder à Veronese[428]. Ils observent qu’une telle élection contreviendrait au règlement tacite selon lequel les chefs des agences de l’ONU ne doivent pas être citoyens du pays dans lequel se trouve cette agence[429]. En effet, un accord secret passé entre les grandes puissances lors de la création de l’Unesco prévoyait qu’aucun Français ne pourrait en devenir directeur général tant que le siège resterait à Paris[430]. Fin 1961-début 1962, face à Maheu qui est le candidat de la France[431], les Anglo-Saxons envisagent la candidature du Britannique John Maud ; le gouvernement britannique estime que ce dernier pourrait devenir « le directeur général excellent dont l’Unesco a désespérément eu besoin et qu’elle n’a jamais eu », et qu’il pourrait aussi, accessoirement, « accroître le prestige de ce pays [le Royaume-Uni] sur la scène internationale »[432]. En mai 1962, le département d’état américain, qui avait initialement soutenu la candidature de John Maud, change d’avis et soutient celle du Néo-Zélandais Beeby, membre du conseil exécutif et représentant permanent de la Nouvelle Zélande à l’Unesco. Le département d’état estime que conserver Maheu à la tête de l’Unesco « pourrait bien être désastreux pour l’Organisation, dont cela ferait baisser le moral, diminuer l’efficacité, et démissionner les hommes les plus capables des échelons les plus hauts du Secrétariat »[433]. Cependant, Beeby pas plus que Maud ne semble avoir vraiment la carrure nécessaire pour ce poste. En mai-juin 1962, le département d’état commence à envisager de soutenir la candidature de Maheu, mais à condition que son mandat soit limité à deux ans, comme cela s’était fait pour Huxley, en lui faisant écrire une lettre confidentielle adressée au président du conseil exécutif ou au président de la conférence générale, dans laquelle il s’engagerait à cela. Maheu accepte d’envisager cette hypothèse[434]. Mi-août 1962, le département d’état observe que « la question du directeur général de l’Unesco est maintenant très complexe, hautement politique ». Des dissensions se font jour entre la position américaine et la position britannique : les Britanniques ayant refusé de soutenir la candidature de Beeby, les États-Unis soutiennent désormais la candidature du Néerlandais Schurmann[435]. Pour le Royaume-Uni et les États-Unis, Schurmann, fonctionnaire de l’ONU, aurait l’avantage d’apporter à l’Unesco « un regard frais », puisqu’il est extérieur à l’Unesco, sans être non plus totalement ignorant des enjeux de l’Unesco ; d’autre part, ce qui plaît aux Anglo-Saxons est la certitude que Schurmann serait moins expansionniste que Maheu concernant le budget. Cependant, son absence d’expérience de l’Unesco pèse contre lui. Le gouvernement britannique hésite entre Schurmann et Maheu. Par ailleurs, Malcom Adiseshiah souhaite présenter sa candidature, mais elle n’est soutenue ni par le conseil exécutif, ni par le Royaume-Uni[436], ni par le gouvernement français, qui observe qu’Adiseshiah ne connaît pas la langue et la culture française, « ce qui est, et à soi seul, discriminant »[437].
Peu à peu les États-Unis et le Royaume-Uni se rallient à la candidature de Maheu, non sans hésitations et soucis, comme en témoigne la quantité de la correspondance échangée à ce sujet par le département d’état[438]. Le gouvernement britannique reconnaît les qualités de Maheu : il a donné « une orientation nouvelle et réaliste au programme de l’Unesco », il a « une connaissance précise et globale des activités de l’Unesco et de son personnel ». « C’est un homme extrêmement compétent. Il est ambitieux, impatient parfois […], mais il garde les choses fermement sous son contrôle. Il a un bon sens politique […]. Il a gagné beaucoup de soutien parmi les pays sous-développés ; ceux-ci pourraient bien être prêts à accepter un amaigrissement du programme avec meilleure grâce si Maheu reste en poste ». Mais des arguments pèsent contre Maheu chez le gouvernement britannique : « ses manières brutales avec les hauts fonctionnaires », et « sa prédilection pour la doctrine française de l’ ‘équilibre’ dans le programme »[439]. Finalement, Maheu adressant une sorte d’ultimatum en août 1962, avertissant qu’il démissionnera de l’Unesco s’il n’est pas élu directeur général[440], le gouvernement britannique et le gouvernement américain prennent parti pour son élection[441]. Maheu est élu à l’unanimité. Ainsi cette élection illustre les tensions entre clan latin et clan anglo-saxon et la prééminence du clan latin. Après son élection, les Américains, notamment Benton et Ascher, reconnaissent les qualités et la compétence de Maheu[442].

L’emprise croissante de Maheu sur l’Unesco, mal perçue par les puissances anglo-saxonnes.
Dans les années 1960, le gouvernement britannique se montre réservé sur la direction des activités de l’Unesco et le rythme de sa croissance ; il critique la dispersion des activités, prône une modération du budget, et est opposé à la tendance de l’Unesco à devenir une « arène politique »[443]. En 1963, le Foreign Office réagit de manière critique à la volonté de « réorientation radicale » de l’Unesco proclamée par Maheu dans Le Monde et le Sunday Times, jugeant l’attitude de Maheu « surprenante », et estimant que « la méthode et le ton de la présentation de ces idées à la presse constituent une déviation malheureuse et superflue de la pratique normale », et qu’il faudra « sonder l’affaire avec lui à la fois dans les coulisses et au conseil exécutif »[444]. Le gouvernement américain et le gouvernement britannique se concertent pour trouver une attitude commune afin de résister aux volontés de Maheu[445]. En 1966, le Royaume-Uni s’inquiète d’être mal représenté par rapports aux « latins » aux hauts postes de l’Unesco, ainsi qu’aux postes intermédiaires, et veut y remédier. Le gouvernement britannique souhaite la nomination d’un Britannique au poste d’assistant directeur général pour l’éducation, et mène pour cela des démarches auprès de Maheu[446]. En outre, les relations entre Maheu et le département d’état sont caractérisées durant cette période par des tensions voilées[447].

La réélection et le second mandat de Maheu.
Lors de la réélection de Maheu en 1967, de même que cela avait été le cas en 1962, la France décide de ne pas le soutenir directement, ce que Maheu approuve. Malgré la réticence du Royaume-Uni et des États-Unis à l’égard de sa réélection, il est réélu à l’unanimité en octobre 1967[448]. Durant son second mandat, ses relations avec le gouvernement américain, même si elles sont tendues et caractérisées par une certaine méfiance et une tension, restent correctes, grâce à sa diplomatie. Il résiste d’ailleurs à la pression de son gouvernement, la France, et de la délégation française, et maintient une attitude de relative neutralité[449]. Ainsi, en 1968, le département d’état reconnaît que « M. Maheu a été un directeur général astucieux, imaginatif et agressif, avec une inclination prononcée pour la construction de son empire » et « du flair pour les relations publiques ». Mais le gouvernement américain condamne le rapide acroissement du progamme et du budget réalisé par Maheu, et le fait que, « peut-être par un réflexe conditionné d’intellectuel européen, il a été quelque peu soupçonneux sur les motifs des programmes d’aide bilatéraux américains ». Cependant, le gouvernement américain estime : « bien que la forte domination de M. Maheu ait été un de nos principaux soucis, nous avons été capables d’établir des relations de travail satisfaisantes avec lui »[450].
En 1970, les États-Unis, s’ils sont d’une manière générale satisfaits de l’orientation du programme, qu’ils estiment être en accord avec la pensée américaine[451], s’inquiètent de l’influence française sur les conceptions de l’Unesco, qu’ils jugent « considérable ». Ils observent :
« L’influence française à l’Unesco […] ne dépend pas de la taille de sa mission ou de la compétence de ses représentants. Elle est fondée sur le fait que la délégation permanente de la France et le membre français du conseil exécutif peuvent à tout moment appeler les services d’experts du ministère français des affaires étrangères et d’autres agences du gouvernement français, qui à cause de la situation du siège de l’Unesco à Paris, sont plus au courant des activités de l’Unesco que les experts d’autres États membres dans des capitales lointaines. Pour cette raison, les délégations françaises aux réunions de l’Unesco sont souvent mieux préparées que les autres participants. Cela est aussi vrai de la délégation française à la conférence générale, qui joue un rôle actif dans tous les comités et les commissions de la conférence. »
Ainsi, à la conférence générale de 1970, la délégation française est composée de 89 personnes, dont la plupart participent à une seule session, celle consacrée au domaine dont ils sont spécialistes. De ce fait, comme l’observent les États-Unis, la délégation française réussit à exercer « une influence significative » sur tous les sujets traités. Les États-Unis observent que l’influence française à l’Unesco est également due à la présence d’une centaine d’experts français, qui tendent à influencer les membres non-français du secrétariat, et à « introduire les idées et les initiatives françaises dans les activités et le programme de l’Unesco ». Cependant, en 1970, les États-Unis observent aussi, avec satisfaction, que la délégation britannique est efficace et influente, et que les Britanniques employés au siège sont souvent influents car ils sont souvent en poste depuis longtemps, contrairement aux Américains et aux Soviétiques[452].




Le déroulement des programmes, révélateur de la concurrence entre clan latin et clan anglo-saxon.
Au cours de cette période, le déroulement des programmes se caractérise par des relations de vive concurrence entre le clan latin et le clan anglo-saxon et par une prééminence croissante du clan latin. Des clivages perdurent entre différentes conceptions de l’action culturelle que l’Unesco doit mener. Les pays « latins », ainsi que Maheu, défendent une conception classique et humaniste de la culture[453]. Les pays anglo-saxons défendent une conception de la culture fondée sur « l’information », la « communication de masse », tandis que les pays latins sont plutôt réticents envers ces concepts[454]. Alors que les Américains estiment que l’Unesco devrait défendre et promouvoir les mêmes buts et valeurs que la démocratie américaine, les Français estiment qu’elle devrait défendre et promouvoir les mêmes valeurs que la République française. Ainsi, en 1960, à la commission nationale française, Louis François affirme : « les Français sont attachés aux buts de l’Unesco dans la mesure où cette organisation pourrait avoir la même devise que celle de la République française : liberté, egalité, fraternité »[455].
L’élargissement des actions de l’Unesco au Tiers Monde donne lieu à une vive concurrence entre la France et les États anglo-saxons. À la conférence générale de 1960, la délégation française s’affirme très favorable à la concentration des efforts de l’Unesco en direction des besoins des pays africains[456]. La France estime en effet que sa propre expérience dans le domaine de l’aide au développement pourrait être mise au profit de l’Unesco, ce qui servirait le prestige culturel de la France[457]. À la 12e conférence générale, en 1962, le chef de la délégation française, Louis Joxe, met en avant la grande expérience de la France en matière de coopération internationale et d’aide au développement, et la place de ce pays « au premier rang des nations » par la part importante de son revenu national consacrée à l’aide au développement. Louis Joxe estime que la France a joué un rôle déterminant dans les negociations de la conférence générale, et le sous-directeur général qualifie même cette 12e conférence générale comme étant « celle de la France »[458].
En 1965, Mary Smieton, membre britannique du conseil exécutif, qui visite plusieurs pays d’Afrique où agit l’Unesco, observe une tendance croissante de ces gouvernements, et notamment de celui du Cameroun, à être influencés par « les méthodes, le langage et le système d’administration français ». On observe une rivalité entre le Royaume-Uni et la France pour leur influence au Cameroun, dont la partie orientale est anglophone, et la partie occidentale francophone ; un expert de l’Unesco constate une tendance à l’extension de l’influence française à l’est[459].
En juin 1963, le gouvernement français souhaite un accroissement des activités de sciences humaines et sociales et déplore la séparation entre sciences humaines et sciences sociales au sein de l’organigramme de l’Unesco[460]. En décembre 1963, Maheu, suivant le vœu de la France, réunit sciences sociales et sciences humaines dans un même département, à la grande satisfaction du gouvernement français, qui espère que cela aura pour effet d’« insuffler une vie nouvelle » aux sciences humaines à l’Unesco[461].
Dans le cadre du projet majeur d’Amérique latine règne une situation de concurrence entre les experts américains et français envoyés donner des cours à l’université de Sao Paulo, pour imposer leurs méthodes de travail et de pensée aux étudiants stagiaires. Ils se surveillent les uns les autres et poussent l’Unesco à nommer davantage d’experts de leur propre nationalité[462].
En 1965, le gouvernement français se dit « heureux de voir réapparaître le mot ‘information’ substitué à celui de ‘communication’ » dans l’organigramme de l’Unesco[463]. Cette différence dans les termes traduit une différence de conception. Le terme « communication » fait référence aux communications de masse, donc aux méthodes et aux conceptions américaines, tandis que celui d’« information » est mieux considéré par les Français.
Au début des années 1960, le projet Tendances principales de la recherche dans les sciences sociales et humaines est surtout soutenu par des Français : André Bertrand, Henri Laugier, la commission nationale française, qui lui porte un « très vif intérêt », et qui met en place en son sein un groupe de travail ad hoc dynamique, ainsi que Maheu, qui exprime son « intérêt personnel très vif » pour ce projet[464].
En février 1966 a lieu la première réunion de ce comité ad hoc ; y sont représentés notamment la délégation générale à la recherche scientifique, le CNRS, et le ministère des affaires étrangères, ce qui témoigne de l’intérêt porté à cette enquête par la France. André Bertrand se réjouit que « la réunion a été excellente du point de vue technique », qu’elle « a prouvé une fois de plus l’intérêt très vif du milieu scientifique français » pour le projet, et révélé « l’intérêt plutôt exceptionnel que les autorités gouvernementales françaises semblent attacher à l’exécution du projet ». En 1967, les rapports réalisés respectivement par la commission nationale française et par la commission nationale italienne, sont jugés de grande valeur et d’une grande utilité par le secrétariat, qui décide de les faire publier par le CISS[465]. Le gouvernement français soutient vivement ce projet, durant toute la durée de sa réalisation[466].
En décembre 1967, l’Unesco organise à Monaco une table-ronde sur la politique culturelle[467], qui recueille des échos importants dans Le Monde, et qui semble donner lieu à l’expression des conceptions prônées par la France[468], de même que la « conférence intergouvernementale sur les aspects institutionnels, administratifs et financiers des politiques culturelles », organisée en août-septembre 1970 à Venise[469]. Au lendemain de cette conférence, Edmond Michelet, ministre français de la culture, observe qu’elle est révélatrice du fait que « la culture est en train de devenir une préoccupation gouvernementale majeure dans la plupart des pays ». Il observe avec une grande satisfaction qu’ « il a été frappant de constater comment la France se trouvait au centre de cette convergence nouvelle », que « les textes que sa délégation a présentés sont ceux qui ont recueilli le rapport le plus nourri et géographiqument le plus divers » ; à cette conférence, l’affirmation de la France que « les cultures nationales […] sont menacées par l’invasion technique d’une pseudo-culture cosmopolite » est une critique voilée contre la culture américaine. Michelet estime que le rôle prépondérant de la France à cette conférence a été renforcé par le fait que « la délégation des États-Unis est restée isolée et effacée ». Cette conférence recueille des échos positifs dans la presse française[470].
En 1970, le projet d’encyclopédie internationale des concepts est repris, sur les instances et avec le fort soutien du gouvernement français, qui souhaite réorienter l’action de l’Unesco dans un sens intellectuel (alors que cette action est de plus en plus orientée vers l’aide au développement). Il s’agit d’un projet de « lexique notionnel international », que soutient ardemment le gouvernement français, se réjouissant que « la part des Français dans [sa] réalisation sera prépondérante ». Ce projet suscite l’enthousiasme immédiat des commissions nationales française et italienne, qui engagent sans tarder des réflexions à ce sujet[471]. Jean d’Ormesson, Yves Brunsvick et René Maheu se montrent eux aussi immédiatement très intéressés par ce projet. Cependant, celui-ci n’aboutit finalement pas, se heurtant à de « gros problèmes politiques » liés aux oppositions entre États latins et États anglo-saxons ; « mon projet est devenu un ballon de football qui a été utilisé par les équipes nationales en conflit », témoigne Yves Bonnefoy[472].
Le programme MAB est lancé à la fin des années 1960 avec le fort soutien de la France, qui, à la conférence générale de 1968, plaide vivement pour que ce programme soit considéré comme prioritaire. Pour la France, il y a un intérêt politique à soutenir ce programme, qui, comme l’observe un diplomate français, « pourrait être pour les scientifiques français l’occasion de prendre part, dans de meilleures conditions que par le passé, à l’effort international dans ce domaine ». Il observe : « notre pays n’avait en effet occupé qu’une place modeste au sein d’un PBI largement dominé par les scientifiques anglo-américains. Il serait sans doute avantageux pour la France de pouvoir suivre et contrôler de près un plan dont l’exécution couvrira sans doute une dizaine d’années ». La France souhaite se mettre en position de jouer un rôle moteur dans le MAB[473]. Les États-Unis sont eux aussi très intéressés par ce programme, pour des motifs semblables[474]. La concurrence entre les deux pays se traduit dans le cadre de ce programme par le biais des comités nationaux mis en place par ces États.
Ces exemples montrent donc l’importance de la concurrence entre clan latin et clan anglo-saxon, perceptible dans le déroulement des programmes. Cette concurrence se matérialise aussi par la rivalité linguistique entre anglais et français.

Une concurrence qui se traduit par la rivalité linguistique entre l’anglais et le français.
La concurrence entre États latins et États anglo-saxons se traduit par une rivalité linguistique entre l’anglais et le français, à la fois dans les programmes, dans les assemblées, et dans la rédaction des documents. Des enjeux politiques interfèrent dans le déroulement du programme éducatif Unesco-UNRWA dans les années 1960 : en effet, l’hésitation entre l’anglais et le français pour la langue d’enseignement au Liban donne lieu à des conflits d’intérêts entre les grandes puissances. Maheu est partisan de l’enseignement du français[475]. En novembre 1963, la France se plaint que la Commission Océanographique Inergouvernementale (COI) ne respecte pas l’obligation de publier ses documents officiels non seulement en anglais mais aussi en français[476]. Maheu réprimande Victor Kovda d’avoir, par sa négligence à publier les documents en français, mécontenté les Français, très « susceptibles » sur cette question[477]. En 1966, puis en 1968, la France se plaint à nouveau à ce sujet, de façon de plus en plus véhémente, dénonçant « la discrimination dont fait l’objet le français dans les travaux de cet office »[478]. En 1968, le gouvernement français adresse à tous les postes diplomatiques une circulaire présentant l’attitude à suivre en matière de défense de la langue française comme langue internationale dans le cadre des actions de l’Unesco. Il leur donne consigne de s’exprimer systématiquement en français, et de veiller à ce que la langue française bénéficie de la plus complète égalité de traitement avec l’anglais, notamment pour la publication des documents de travail[479]. En 1971, dans le cadre de la conférence d’Helsinki, le gouvernement français s’efforce de convaincre les Soviétiques de s’exprimer en français de préférence à l’anglais[480]. Le gouvernement britannique est très sensible au fait que Maheu parle très bien anglais et connaît bien l’Angleterre, où il a enseigné à l’institut français de Londres de 1933 à 1939, puis où il a été attaché culturel de l’ambassade de Londres de 1936 à 1939 ; cela influe favorablement sur l’image de Maheu au gouvernement britannique[481]. En 1971, Pierre Maillard, délégué permanent de la France auprès de l’Unesco, transmet à Maheu la plainte du gouvernement français au sujet d’un séminaire organisé sous l’égide de l’Unesco à Beyrouth peu de temps auparavant et qui s’est déroulé en anglais alors que plusieurs des pays représentés à ce séminaire sont francophones[482]. En avril 1972, Maheu rend visite au pape au Vatican. Il fait son discours au pape en français et celui-ci lui répond en français[483]. Cette visite est ainsi l’occasion pour Maheu de promouvoir la langue française. Le choix de la langue dans laquelle se sont exprimés les deux hommes, loin d’être anodin, est au contraire au moins aussi important que le contenu de leurs paroles.
La traduction de plusieurs termes donne lieu à des enjeux de prestige national, à des rivalités entre clan latin et clan anglo-saxon. Ainsi, dans le cadre de la rédaction de Tendances principales de la recherche dans les sciences sociales et humaines, des problèmes de traduction des termes entraînent des « confusions », comme l’exprime Julian Hochfeld. Ainsi, en 1966, la traduction en anglais du terme « sciences de l’homme » pose un problème, le secrétariat hésitant entre « social sciences », « human sciences », « sciences of man », ou « behavioural sciences »[484]. Hochfeld observe :
« le terme de human sciences représente un triple inconvénient. Tout d’abord, il est contesté par les spécialistes d’expression anglaise et inconnu en tant que terme dénotant un domaine particulier des sciences par les non-spécialistes. Ensuite, ceux des spécialistes d’expression anglaise qui « tolèrent » (avec beaucoup de mécontentement) ce terme, le considèrent précisément comme un équivalent du terme « sciences sociales ». Enfin, les non-spécialistes et même certains spécialistes d’expression française, qui auront eu la mauvaise fantaisie de comparer le texte anglais au texte français de 14C/5, arriveront à la conclusion que quelque chose ne va pas puisqu’on leur propose des projets qui en français sont du domaine des sciences de l’homme, donc de celui des sciences sociales et humaines, tandis qu’en anglais ils ne concernent que les human sciences, donc probablement les sciences humaines à l’exclusion des sciences sociales. La confusion sera complète, et, de plus, le Secrétariat ne pourra fournir aux interpellateurs éventuels aucune explication intelligente. […] La tradition -une tradition magnifique - exige que l’on maintienne en français le terme « sciences de l’homme ». Je crois que la connaissance de cette tradition par les spécialistes du monde entier permet de traduire le terme en question en anglais par sciences of man et d’expliquer à tout interpellateur de quoi il s’agit et d’où vient ce terme. »[485]
Il apparaît clairement que cette question de traduction de termes a des enjeux de prestige national. En effet, le terme français de « sciences de l’homme », remontant comme l’observe Hochfeld aux philosophes français des Lumières, est idéologiquement flatteur pour la France. Hochfeld prône l’introduction du terme anglais « science of man », calqué sur le terme français « sciences de l’homme » ; il justifie également l’introduction de ce nouveau terme en anglais par l’idée que la conception nouvelle développée par cette étude, la « convergence des sciences dites sociales et des sciences dites humaines », qui correspond non pas selon lui à une simple « mesure administrative » mais à « une véritable intuition de la situation réelle », devrait être reflétée par l’emploi d’« un terme nécessairement nouveau ». Hochfeld souligne que « cette petite affaire terminologique a une certaine importance »[486]. Maheu et Elmandjra, tout en étant eux aussi (Maheu en tant que Français, Elmanjra en tant que Marocain donc proche de la culture française) tout-à-fait favorables à cette conception, preconisent cependant, étant donné les controverses que provoque au conseil exécutif la question de la « convergence des sciences sociales et des sciences de l’homme », de ne pas modifier pour l’instant la terminologie employée[487].
De même, il se produit une confusion dans la traduction des expressions « science teaching » et « science education ». Harold Foecke, directeur de la division de l’enseignement des sciences, parvient à convaincre Maheu de modifier le nom de cette division, de « division of science teaching » en « division of science education », expression ayant selon lui un sens plus vaste et plus novateur. Cependant, l’intitulé de cette division en français reste le même [488].
Ainsi, à travers l’emprise de Maheu sur l’Unesco, la réalisation des programmes, et la rivalité linguistique entre l’anglais et le français, se manifeste clairement au cours de ces années la domination croissante des orientations du clan latin sur l’Unesco, au détriment de celles du clan anglo-saxon. Cette évolution ne doit pas en occulter une autre, à savoir l’affirmation croissante d’enjeux régionaux.

2.3.5. L’affirmation croissante d’enjeux régionaux.

De plus en plus, les groupes est/ouest, nord/sud et latin/anglo-saxon se combinent, se superposent, et ce phénomène contribue au développement de groupes de pression régionaux.

Une régionalisation croissante.

A partir du début des années 1960, à l’ONU, au conseil économique et social et à l’Unesco, les États membres ont de plus en plus tendance à se regrouper en groupes régionaux pour promouvoir des objectifs communs ; il est de plus en plus difficile à des États isolés d’exercer une influence à la conférence générale ; le nombre de sièges dévolus à tel et tel groupe de pays dans les différentes assemblées et comités a de plus en plus tendance à être tacitement fixé à l’avance par les États membres[489]. Le « groupe européen », institué de manière officielle en janvier 1965 à l’initiative de la France, et fondé sur l’appartenance au Conseil de l’Europe, succède à des réunions informelles et privées. Se réunissant une fois par mois, il a pour but d’aider les Européens à se mettre d’accord sur des positions communes[490]. À partir de 1966, une collaboration plus étroite est envisagée entre l’Unesco et le Conseil de l’Europe[491]. Lengrand observe en 1966 que les relations entre l’Unesco et le Conseil de l’Europe « prennent un nouveau tournant »[492]. Les intérêts de la France à l’Unesco s’inscrivent donc de plus en plus dans le cadre de l’Europe communautaire. Ainsi, à l’automne 1968, alors qu’un siège à pourvoir au conseil exécutif balance entre le Canada et la RFA, la France soutient la RFA : le caractère francophone du représentant du Canada, bien qu’apprécié par la France, ne constitue plus un argument suffisant pour la France ; désormais, l’objectif primordial de la France est de faire que l’Europe des six soit le plus largement représentée au conseil exécutif[493].
Cependant, le groupe européen apparaît peu à peu inefficace[494]. Il est progressivement supplanté par le groupe de Genève, réuni pour la première fois à Genève en octobre 1964 à l’initiative des États-Unis et du Royaume-Uni. Ce groupe, qui rassemble les principales grandes puissances contributrices du système de l’ONU (Australie, Belgique, Canada, États-Unis, RFA, Italie, Japon, Pays-Bas, Suède, Royaume-Uni, Suisse, France), a pour préoccupation commune la modération du budget, face aux revendications du Tiers Monde[495]. En 1966, Benton, dans un rapport confidentiel au département d’état sur la 72e session du conseil exécutif, se dit « impressionné et encouragé par le succès de ce nouveau mécanisme »[496]. Le Royaume-Uni s’engage nettement dans le Groupe de Genève, d’autant plus que le groupe du Commonwealth, qu’il dirigeait, est de plus en plus divisé par la proximité croissante d’une grande partie de ses membres avec le groupe afro-asiatique[497]. Le groupe de Genève acquiert un poids croissant au début des années 1970[498]. Il apparaît comme l’un des groupes les plus puissants, étant donné l’effritement de l’unité des Africains et des Asiatiques[499].
Dans la seconde moitié des années 1960, plusieurs États prônent la mise en place d’un système de répartition numérique des postes au conseil exécutif selon un système de groupes électoraux régionaux, sur le modèle du système en place à l’ONU. Le gouvernement français n’y est pas favorable, estimant qu’un tel système contribuerait surtout à accroître les divergences politiques. En effet, sur les cinq groupes, deux (celui des Occidentaux et assimilés, et celui des pays socialistes) possèdent un caractère plus politique que géographique. À la conférence générale de 1968, la France se prononce fermement contre ce qu’elle considère comme une introduction de la politique des blocs au sein de l’Unesco, « une déviation du régionalisme ». Cependant, ce système est quand même mis en place, étant soutenu par les États-Unis, par le Royaume-Uni, et par les pays afro-asiatiques[500]. Cela entraîne un régionalisme exacerbé au conseil exécutif, critiqué par certains. Ainsi, en 1969, Jean-Fernand Laurent observe « le vent de régionalisme qui souffle de plus en plus fort » sur le conseil exécutif[501]. En 1973, dans ses Mémoires, Huxley souligne le caractère de plus en plus politique et régional du choix des représentants au conseil exécutif[502].
La multiplication des centres régionaux de l’Unesco s’inscrit dans le cadre de cette régionalisation croissante[503]. La création de l’« Organisation de la ligue arabe pour l’éducation, la culture et la science » (ALECSO) en août 1970, institution spécialisée de la Ligue arabe calquée sur le modèle de l’Unesco, témoigne de cette régionalisation croissante[504].

Le problème israélo-palestinien.

Les États-Unis ne sont pas favorables au programme Unesco-UNRWA, jugé d’esprit hostile à Israël[505]. À la suite de la guerre israélo-palestinienne de 1967, ce programme connaît des problèmes politiques : la question des manuels pose des difficultés dans les zones occupées par Israël ; les autoriés israéliennes bannissent l’usage de la plupart des manuels qui étaient alors en vigueur dans les écoles de réfugiés de la bande de Gaza, au motif que ces manuels inciteraient à la haine. L’Unesco décide en 1968 de faire réviser ces manuels par une commission de personnalités extérieures[506] ; la Jordanie critique les conclusions de la commission. À la conférence générale de 1968, les États-Unis ont pour instruction impérative de s’opposer à ce que le conflit politique israélo-palestinien soit abordé lors des débats[507]. En vain. En 1969, la commission examine les manuels arabes et en approuve la majorité ; les manuels desapprouvés sont retirés[508]. Toutefois, ce problème des manuels, très politisé, persiste dans les années qui suivent[509]. En janvier 1970, Maheu accuse Israël d’empêcher l’entrée dans les territoires occupés arabes de manuels destinés aux écoliers palestiniens. Israël obtiendra par la suite que soient retirés des bibliothèques scolaires palestiniennes des ouvrages haineux à l’égard de l’État israélien.
Un problème se pose sur la définition précise des « régions » au sujet de certains pays. Dans son rapport officiel à la conférence générale de 1962, Israël se plaint que, bien qu’incluse par l’Unesco dans la région Asie, elle n’ait pas été admise à participer au programme de Karachi[510]. En 1966, l’hostilité israélo-arabe s’exprime au conseil exécutif[511]. À la 76e session du conseil exécutif en 1967, M. Avidor, représentant d’Israël, affirme qu’Israël fait partie de l’Asie, et à ce titre devrait être invité à la conférence sur l’application de la science et de la technique au développement en Asie, prévue pour décembre 1967. Or, en 1966, Maheu avait décidé que les pays du Proche Orient ne seraient pas rattachés à la région Asie[512]. Les choses se compliquent quand les États-Unis, l’URSS et l’Australie obtiennent d’être invités à cette conférence. Finalement, le conseil exécutif, à sa 77e session, vote l’invitation d’Israël[513].
En 1974, malgré l’opposition des États-Unis et d’Israël, l’OLP est admise comme observateur avec droit à la parole à la conférence générale. La conférence générale, sur l’initiative de la plupart des pays musulmans et des pays communistes, decide de suspendre toute aide à Israël et refuse de classer Israël dans une région déterminée du monde. Cette affaire donne lieu en 1974 à la démission d’un fonctionnaire américain de l’Unesco, Joel Blocker, directeur du bureau d’information du public, protestant contre « cette violation inacceptable de la lettre et de l’esprit de la charte des Nations Unies»[514]. La conférence générale adopte une résolution condamnant Israël pour ses fouilles dans la partie de Jérusalem occupée par cet État, fouilles jugées responsables d’avoir altéré la « physionomie historique » de la ville. En effet, Israël est partie à la convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, et cette convention interdit toute fouille et tous travaux dans des territoires occupés. La conférence générale adopte également une résolution condamnant Israël pour sa politique éducative et culturelle dans les territoires arabes occupés. Comme sanction, la conférence générale décide de ne pas rattacher Israël au groupe européen. Israël se retrouve ainsi « mise hors région »[515]. Selon Prévost, ce vote négatif au sujet de l’inclusion d’Israël dans la région Europe, « totalement imprévu », aurait été dû à « une maladresse du gouvernement français ». Selon lui, cette décision est « injustifiable ». Israël réagit avec indignation à ce qui lui apparaît comme une provocation, et déclenche immédiatement une violente campagne de presse visant à discréditer l’Unesco, fondée comme l’observe Samir Haffar « sur des informations souvent déformées »[516]. La Suisse est le premier État à décider de réduire sa contribution à l’Unesco, à l’annonce de la mise hors région d’Israël[517].
De nombreux intellectuels occidentaux protestent contre l’exclusion d’Israël[518], dénoncant la « politisation » de l’Unesco et allant jusqu’à comparer cet acte aux lois d’Hitler[519]. En décembre 1974, le congrès américain exprime son indignation au cours de plusieurs séances. Lors d’un long débat au congrès le 11 décembre 1974, le représentant M. Bingham affirme que les États-Unis se doivent de défendre « notre ami » Israël contre les attaques dont il est l’objet à l’Unesco. Il estime que « si nous n’adoptons pas une position ferme maintenant, la politisation des organisations internationales comme l’Unesco va continuer et s’aggraver jusqu’à ce que ces organisations soient détruites, et cela serait une tragédie » ; il estime que l’Unesco « se fait elle-même un tort considérable » en s’impliquant dans des enjeux politiques et est « sur le point de détruire son potentiel »[520]. Le représentant de l’État de New York, M. Reid, affirme que l’exclusion d’Israël par l’Unesco viole l’article 1 de l’acte constitutif de l’Unesco et l’article 1 et 2 de la constitution de l’ONU. De même, pour le représentant Holtzmann, la décision de l’Unesco est « illégale » et a été prise « sous la pression du chantage des Arabes ». Seul un représentant, Frelinghuysen, élève des objections contre la volonté du congrès de suspendre le versement de la contribution américaine, estimant que c’est une telle action justement qui serait illégale. Finalement, le 17 décembre 1974, le congrès décide de suspendre le paiement de la contribution américaine à l’Unesco (qui s’élève alors à 25% du budget total) en signe de protestation[521]. De nombreux intellectuels américains condamnent la décision de l’Unesco. Plusieurs pétitions rassemblant les signatures d’universitaires de Harvard, Princeton, de Philadelphie et de New York sont rapidement envoyées au congrès[522]. Une véritable controverse se déclenche sur cette question dans les médias internationaux[523]. Le 22 novembre 1974, le American Jewish Congress demande au Vatican de retirer le prix Jean XXIII accordé cette année-là à l’Unesco[524]. La France elle-même réduit sa contribution de 10%, afin de protester contre la « politisation » de l’Unesco[525]. Françoise Giroud, alors ministre des femmes, qui devait apparaître à la conférence générale, refuse de le faire[526]. La presse française s’insurge contre « la position discriminatoire de l’Unesco envers Israël ». Une pétition d’intellectuels français est organisée, affirmant qu’en réalisant cette « annulation spirituelle » d’Israël, l’Unesco ouvre la voie à son « anéantissement physique » et reprend ainsi le « procédé d’extermination mis au point par les totalitarismes du XXe siècle ». Elle est signée par des intellectuels français tels Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Eugène Ionesco, Raymond Aron, François Jacob, Emmanuel Leroy-Ladurie, Jean-Louis Barrault, Madeleine Renaud, Marthe Robert, Nathalie Sarraute, Pierre Vidal-Naquet, etc., qui affirment « refuse[r] désormais de collaborer avec l’Unesco ». En outre, André Malraux écrit personnellement une lettre à Maheu en signe de protestation[527].
En novembre 1974, dans Le Monde, Maheu défend l’Unesco et affirme que l’isolement d’Israël « est un fait qui se manifeste actuellement de bien des manières et sur bien des plans, et [qu’] il serait injuste et manifestement hypocrite de le reprocher à l’Unesco comme si c’était elle qui l’avait créé »[528]. En décembre 1974, le Courrier de l’Unesco publie un article visant à « dissiper les malentendus » et précisant qu’« Israël n’a pas été ‘exclu’ de l’Unesco »[529]. L’Unesco, sur la défensive, fait paraître un communiqué de presse, « L’Unesco et Israël », affirmant que l’Unesco n’a pas exclu Israël ainsi que l’affirme la presse, mais que, la demande d’Israël d’être intégrée à la région Europe ayant été rejetée, Israël n’est intégré dans aucune des cinq régions (Afrique, Amérique latine et Caraïbes, Asie et Océanie, États arabes, Europe). Le communiqué précise que le cas d’Israël n’est pas exceptionnel puisqu’une douzaine d’autres États membres ne sont rattachés à aucune de ces cinq « régions », et qu’Israël a le droit de participer en tant qu’observateur aux réunions et conférences organisées pour toutes les régions. Il précise aussi qu’Israël est toujours incluse dans le groupe I (« Europe occidentale ») pour les élections au Conseil exécutif, au même titre que l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis, qui, comme Israël, font partie du groupe « Europe occidentale » sans appartenir géographiquement à l’Europe occidentale[530]. Le Monde publie des extraits de ce communiqué, affirmant qu’« Israël continue de faire partie de l’Unesco », et faisant valoir que « le Canada et les États-Unis avaient demandé sans succès, lors de la 17e session de la conférence générale (1972) à prendre part à la IIe conférence des ministres de l’éducation des États membres d’Europe », et que « personne à l’époque n’avait accusé l’Unesco de les avoir exclus d’un groupe régional quelconque »[531]. En décembre 1975, la conférence de l’Unesco sur la presse, le bellicisme et le racisme adopte une résolution assimilant le sionisme au racisme. En 1975-76, les États-Unis suspendent le versement de leur quote-part au budget de l’Unesco, notamment pour protester contre la « mise hors région » d’Israël[532]. Finalement, à la conférence générale de 1976 à Nairobi, sur proposition du directeur général et avec le soutien des pays d’Afrique, soucieux d’assurer le succès de la première conférence générale située sur leur sol, Israël est rattachée au groupe européen. Cette polémique au sujet d’Israël a beaucoup contribué à affaiblir l’Unesco et à accentuer sa politisation[533].

Ainsi, les tensions entre États « latins » et « anglo-saxons », les tensions est-ouest, les tensions nord-sud, ont affecté l’Unesco tout au long de ses trente premières années. Les premières ont été plus vives au début de la période et semblent avoir connu un apaisement relatif vers la fin, avec la domination de l’orientation « latine », en particulier sous l’impulsion de Maheu. Les secondes se sont manifestées avec virulence tout au long de la période ; elles se sont combinées à partir des années 1960 avec les troisièmes dans le cadre de la post-colonisation. Ainsi, l’action de l’Unesco a été durement mise à l’épreuve par ces tensions politiques superposées et combinées. D’autres éléments, comme le conflit israélo-arabe, et la persistance de l’apartheid en Afrique du sud, l’ont aussi beaucoup affectée. Est également remarquable le poids important exercé par la diplomatie du Vatican sur les affaires de l’Unesco au fil de la période ; l’ONU et l’Unesco ont été des instruments privilégiés de la politique du Vatican[534].
Après 1974, sous M’Bow, loin de s’apaiser, ces tensions politiques s’aggravent et minent de plus en plus profondément l’Unesco[535]. À la suite de la décision des Nations Unies sur le « nouvel ordre économique international » (NOEI), l’Unesco est saisie d’un projet relatif à un « nouvel ordre mondial de l’information et de la communication » (NOMIC). Visant à contrebalancer la puissance hégémonique des quatre grandes agences de presse occidentales (UPI, Associated Press, Reuter et AFP), ce projet suscite des réactions d’inquiétude de la part de la presse occidentale. La crise culmine avec le retrait des États-Unis en décembre 1984 puis du Royaume-Uni et de Singapour en décembre 1985[536]. Dans les années suivantes, la disparition de l’URSS, la fin de la guerre froide, et finalement le retour des États-Unis au sein de l’Unesco en 2002, ne semblent pas avoir mis fin au problème structurel de la politisation de l’organisation. La dimension politique de l’Unesco est, de nos jours, reconnue, à la fois en son sein[537] et à l’extérieur[538]. Toutefois, il serait erroné de conclure que les difficultés et échecs connus par l’Unesco sont entièrement causés par les problèmes politiques ; il est nécessaire également de prendre toute la mesure de ses problèmes de fonctionnement administratif.

[1] Veronese, carton 32 : lt. de Maheu à Veronese, 10 juin 1960. La phrase écrite par Maheu à Veronese en juin 1960, « Fort heureusement, la politique nous laisse pour l’instant tranquilles », montre bien que l’intrusion d’enjeux politiques est chose courante à l’Unesco ; c’est le contraire qui est rare et qui est vécu comme un apaisement.
[2] Chadwick F. Alger, R. Hayward, Bruce M. Russet, World Politics in the General Assembly, New Haven, Yale University Press, 1965.
[3] EU, box 823 : mémorandum de conversation entre Maheu et Harlan Cleveland, 5 juill. 1961, p. 3. « mythology ».
[4] Rapport de William Benton, en nov. 1963 à Chicago, à une conférence organisée par la commission nationale américaine, cité dans Congrès, Vol. 109, 88e congrès, 1e session, 9 janv-30 déc. 1963 : 4 déc. 63, Senate, p. 23225-23226 : « Report on recent Unesco developments » : M. Ribicoff, du Connecticut. « Unesco’s work now rests squarely on the soil of contemporary political reality ».
[5] lt. du 22 mars 1963 de Benton à Lord W.M.A. Beaverbrook, cité par G. Archibald, p. 310.
[6] Le Monde, 21 août 1963, p. 1-2 : « L’Unesco se propose de donner une nouvelle orientation à son action, déclare au Monde M. René Maheu » ; Sunday Times, 11 août 1963. « radical reorientation ». Cité dans : RU, ED 121/1163 : 17 sept. 1963, memoranudm par L.C.J. Martin, 3 p.
[7] RU, ED 121/1163 : record of conversation between the minister of state, M. Peter Thomas, and M. R. Maheu, april 13, 1964. « the more concerned at the tendency to introduce political questions into Unesco » ; « to the exploitation of Unesco for political or propaganda purposes » ; « regrettable ».
[8] Lien-Link n°78 : « René Maheu : A real man for all seasons », par Erwin Solomon: au sujet de Mme Chlebowska : « he prolonged her contract in the face of her government’s order to leave, permitting her to complete the career she wanted to pursue at Unesco. »
[9] RU, FO 371/172699 : doc. de J.E. Powell-Jones, 11 nov. 1963, « Secret. Unesco policy », 4 p.
[10] RU, LAB 13/2566: report of the working group on Unesco ; ce groupe a été mis en place par Barbara Castle, minister of overseas development, 42 p., p. 18-20. « Certain countries treat Unesco deliberately as an important forum for direct political activity and propaganda and at times there is pressure on the general conference to act as if it had the functions of the general assembly of the UN ».
[11] En 1963, Benton affirme que la dernière session du conseil exécutif de l’Unesco a été « largement dominée par les malentendus » d’ordre politique (« was largely dominated by misunderstandings »). Rapport de William Benton, en nov. 63 à Chicago, à une conférence organisée par la commission nationale américaine, doc. cit.
[12] P. Gerbet, op. cit., p. 467.
[13] L. Dollot, op. cit., p. 109.
[14] Gian Franco Pompei, in collectif Unesco, Dans l’esprit des hommes, 1971, op. cit., p. 25.
[15] Emission de radio passée à la BBC radio 4, intitulée « What price culture ? », nov. 1971 : Huxley et Ritchie Calder y parlent : « we hoped we were keeping politics out of Unesco and one of the things. [...] but you see if we were talking about ideas, this is the most sensitive area any agents of the UN could ever be called upon to administer, because here you have got the ideologies, here you have got religions, here you have got people very sensitive about their cultures and so on and when you try to do it simply as a ... a massive world effort, according to the book of rules or whatever you’re trying to define, it doesn’t work that way, and therefore they’ve had to live with enormous difficulties. »
[16] Julian Huxley, Memories II, p. 36. « less political jockeying for national advantage among the official delegates on the Board, and within the Organization itself ».
[17] Le Figaro, 15 nov. 1974, « Un Africain à la tête de l’Unesco. Amadou M’Bow : de la cause du petit paysan ouolof au Palais dela Culture », par Jean d’Ormesson.
[18] A.M. M’Bow, in Le Monde, 22 octobre 1976.
[19] A. Monclus, op. cit., p. 359.
[20] EU, box 3229 : report of the US delegation to the 17th session ..., doc. cit., p. 4 : « If democratic countries are disinterested or unable to counter and hence minimize political inroads into the program, Unesco’s function as a vehicle and catalyst for intellectual cooperation will most certainly be impaired. »
[21] Journée d’hommage à René Maheu, Cahier II, op. cit., p. 91-95 : Ricardo Diez-Hochleitner, « La passion de l’action ».
[22] X 07.21 (44) D, II : lt. de Patrick Girard, (de l’union des étudiants juifs de France) au DG, 18 janv. 1974.
[23] Lien-Link n°84 (avril-juin 2003) : Krystyna Chlebowska, « La déontologie à l’épreuve du temps » : « Avec le temps, les représentants des gouvernements à l’Unesco prirent du poids et leur influence sur le fonctionnement du Secrétariat et les membres du personnel augmentait. […] L’indépendance de la fonction internationale était de plus en plus menacée » ; Lien-Link n°85 : « Paris, avril 1968 », par Jacques L. Boisson : « Les commentaires et les positions prises à propos du programme et du budget proposés par le directeur général […] étaient, en fait, très largement inspirés par des préoccupations nationales. […] J’en fus, un temps, surpris et dépité » ; Jacques Richardson évoque la politisation de la conférence Castafrica en 1974 (Lien-Link n°86 : « When Unesco encountered diplomatic pitfalls in Africa », par Jacques Richardson ; ce sont des extraits de son article - Jacques Richardson , « Quo vadis Unesco ? An institution at the Crossroads », juin 1991, p. 142-155, in Science and Public Policy).
[24] D. Parton, Documentary study of the politization of Unesco, 1975 : étude faite à la requête du Special Committee on Unesco, nommé par la American Academy of Arts and Sciences ; Samuel M. Makinda, Unesco and international politics, Department of international relations, The research school of pacific studies, the Australian national university, Canberra, 21 p., 1986. p. 16; Collectif, Organisations internationales à vocation universelle, 1993, Bernard Colas : « l’idéal généreux » qui a présidé à la création de l’Unesco « a été affecté par les oppositions et les divisions de nature politique », p. 43. Encyclopedia universalis, 1990, article « Unesco » par V.-Y. Ghebali : « la nature intrinsèque des problèmes relatifs à l’éducation, la science, la culture et la communication la prédisposait à être entraînée dans des débats d’ordre politique ».
[25] Peter Lengyel, op. cit., p. 8. « the most virulent symptom of a much wider dysfunction and de-professionalization which affects most of the specialized agencies. »
[26] X 07.83 Maheu, III : « Le sens et la valeur de la coopération internationale au service du développement » : allocution prononcée par Maheu à la clôture de la 4e conférence nationale de la Commission nationale canadienne pour l’Unesco à Montréal, 12 mars 1965, 19 p., p. 4-7.
[27] D. Colard, op. cit., p. 259.
[28] Conseil exécutif, 72e session, 31 mars 1966, p. 2 ; conférence générale de 1966, résol. 11, demandant au directeur général de n’apporter aucune aide aux gouvernements du Portugal, d’Afrique du sud, et et au régime illégal de Rhodésie du sud dans les domaines de l’éducation, des sciences et de la culture, et de ne pas les inviter aux conférences générales ni aux diverses activités de l’Unesco (cité par C. Osakwe, op. cit., p. 146-148.)
[29] P. Gerbet, op. cit., p. 481.
[30] D. Colard, op. cit., p. 110.
[31] RU, CO 859/1392 : 1960-62 : notamment Nigeria, Côte d’Or, Sierra Leone.
[32] RU, ED 121/1159 : lt. « private and personnel » de David Eccles à John Maud, 9 janv. 1962 ; EU, box 824 : lt. de G. Shuster à Dean Rusk, 15 déc. 1961, 5 p., p. 3-4.
[33] Maheu est accueilli en grande pompe lors de son voyage en Algérie en nov. 1963 : film n° 559, 1963 ; lt. de F. Karam à M. Chevalier, 28 sept. 1963 : « pendant sa visite, le directeur général aura rang de chef d’état ». Réciproquement, au début des années 1960, de nombreux chefs d’état des pays en voie de développement, notamment des pays décolonisés d’Afrique, rendent une visite officielle à l’Unesco.
[34] Hassan Nafaa, op. cit., p. 629, 636 ; N. Gaudant, op. cit., p. 158-160. A partir de l’indépendance du Ghana en mars 1957 (le Togo et la Côte de l’Or s’unissent pour former le Ghana, première colonie africaine à accéder à l’indépendance), le budget consacré par les Nations Unies et l’Unesco au Ghana augmente soudain beaucoup ; le Ghana reçoit 20 700 dollars au titre de l’assistance technique pour déveloper l’éducation de base. En 1960, le Ghana bénéficie de 54 482 dollars dans ce cadre.
[35] FR, NUOI carton 835, doc AE/78 EX/3.1 (n°236).
[36] FR, Nantes, carton 117 : lt. d’Olivier de Sayve à Couve de Murville, 21 mai 1965, p. 2-3 ; FR, NUOI 835, note de Jean Fernand Laurent à la Direction des NUOI , 27 déc. 1967, cité dans G. Bourreau, op. cit., p. 100-102.
[37] EU, box 3340 : confidential report of US delegation to the 72th session executive board, 2 mai- 31 mai 1966, par Benton, 30 p., p. 11-14 ; Benton observe que le groupe africain est « fortement influencé et souvent adroitement manipulé par la délégation de la RAU », en particulier par Tewfik (« The African group is still strongly influenced and often adroitly manipulated by the UAR delegation ») ; FR, NUOI carton 835, n°404/A/5.
[38] EU, box 820 : report by Wilbur Schramm, chairman of the US delegation to the Unesco media conference held in Bangkok, 18-29 janv. 1960, 8p., p. 4-6.
[39] Public Papers of the Secretary general of the United Nations, op. cit., Vol VI, p. 372-374 : discours de U’Thant, 8 juill. 1963.
[40] M. Prévost, op. cit., p. 110 et 122.
[41] M. Prévost, op. cit., p. 110.
[42] 14 C/8, p. 3-4.
[43] FR, Nantes, carton 25, instructions politiques pour la délégation française à la 14e conférence générale, 25 oct-30 nov. 1966.
[44] EU, box 3212 : airgram du département d’état à tous les postes diplomatiques américains, 16 sept. 1968.
[45] CUA/108, 29 août 1961, 9 p., p. 4.
[46] XO7.21(44)NC, IV : doc. CN 27, par Y. Brunsvick, 22 mai 1962.
[47] XO7.21(44)NC, IV : mémo de Jacques Havet à Gomes Machado, 5 p., 30 mai 1962.
[48] FR, Nantes, carton 117 : lt. d’Olivier de Sayve à Couve de Murville, 21 mai 1965, doc. cit., p. 4-5.
[49] G. Bourreau, op. cit., p. 20 : propos de M. Dieng, chef de la délégation sénégalaise, à la 11e conférence générale (11C/13, 14.4).
[50] FR, Nantes, carton 117 : note au sujet de la 71e session du conseil exécutif de l’Unesco, Paris, 23 nov. 1965, n°1927 ACT/2/0, 8 p., p. 7-8.
[51] En 1969 Agblemagnon, ambassadeur du Togo auprès de l’Unesco ; en 1973, Kwapong, académie ghanéenne des arts et sciences.
[52] EU, box 3229 : report of the US delegation to the 17th session..., doc. cit., p. 4.
[53] ICI X 07.83 Maheu, IIa : Communiqué transmis d’Alger, 12 nov. 1963. Il se voit décerner le premier doctorat honoris causa de l’Université Indépendante d’Algérie (Chikh Bekri, « René Maheu et l’urgence », p. 41, in René Maheu. Portrait-souvenir…)
[54] X 07.83 Maheu, IIa : Généralités sur la République algérienne démocratique et populaire, nov. 1963, p. 5-9.
[55] X 07.83 Maheu, IIa : texte de la conference internationale « The New Europe » tenue à la commission nationale des Etats-Unis pour l’Unesco, Chicago, 3-26 oct. 1963.
[56] RU, ED 121/1163 : record of conversation between Peter Thomas and René Maheu, 13 avril 1964, doc. cit. « an important and valubale task ».
[57] RU, PREM 11/5185 : record of meeting with Prime Minister, 10 april 1964 : note confid. intitulée « R. Maheu ». « his standing with representatives of those countries is naturally very high ».
[58] Lien-Link n°84, avril-juin 2003 : nécrologie de Daniel Hauet-Mercier par Pierre Maes.
[59] RU, DO 163/65 : lt. confid. de K.R.C. Pridham à L.C.J. Martin, 6 avril 1966 : « shrewd », « intelligent » ; lt. confid. d’A.R. Thomas, 9 mai 1966 ; FR, Nantes, carton 6 : lt. de Jean Fernand Laurent au ministre des affaires étrangères, 24 oct. 1967.
[60] FR, Nantes, carton 117 : lt. d’Olivier de Sayve à Couve de Murville, 21 mai 1965, doc. cit., p. 2-3.
[61] EU, box 3212 : airgram de Rawalpindi au département d’état, 17 oct. 1968.
[62] EU, box 825 : report of the US delegation to the Unesco meeting of experts on the development of information media in Africa, soumis au secrétaire d’état par Robert E. Hartland, 26 mars 1962, 32 p., p. 7.
[63] FR, NUOI carton 835, n°404/A/5 ; EU, box 3340 : confidential report of the US delegation to the 72th session of the executive board, doc. cit., p. 13-14. « the growing maturity and cohesiveness of the African group » ; « there is some evidence of splits in the group, not only along the customary linguistic line but along personality and political lines as well » ; « extreme nationalists ».
[64] Anna Lorenzetto, L’Unesco e l’alfabetizazzione, Centre Unesco Rome, 1976, p. 65 : « un difficile colloquio ».
[65] M. Prévost, op. cit., p. 233.
[66] EU, box 821 : lt. de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 8 nov. 1960 .
[67] EU, box 3214 : report of the US delegation to the 78th session executive board, par Benton, soumis au secrétaire d’état, p. 6 ; chap. « Haves Vs. Have-nots ».
[68] M. Prévost, op. cit., p. 105-106.
[69] Le gouvernement français écrit aux gouvernements du Royaume-Uni et des Etats-Unis pour se mettre d’accord sur un budget réduit, et lutter contre les ambitions de Maheu de mettre en place un budget très important. NUOI 1106, contributions obligatoires de la France, lt. de Bruno de Leusse, ministre plénipotentiaire, chargé d’affaires aux Etats-Unis, à la direction des NUOI, 18 déc. 1963. NUOI 1106, contribtion obligatoire de la France, lt. du ministère des affaires étrangères (F. Charles Roux) à l’ambassadeur de France à Washington (M. de Leusse), 27 déc. 1963. Ces propositions sont bien accueillies par les Etats-Unis, qui veulent que le gouvernement français fasse pression sur Maheu pour l’inciter à restreindre ses ambitions ; NUOI 836, programme et budget 1961-66 : lt. de l’ambassadeur français aux Etats-Unis, Hervé Alphand, à la DGCAT, 10 janv. 1964. (docs. cités par Gaëlle Bourreau, op. cit., p. 63-70.)
[70] NUOI 834, rapport de la DGCAT sur la 13e conférence générale, cité par Bourreau, op. cit., p. 70.
[71] EU, box 4247 : confidential, Some miscellaneous observations on Unesco’s 65th executive board meeting, by William Benton, 14 p., p. 1.
[72] NUOI 834, lt. de l’ambassade de France aux Etats-Unis à la DGCAT, 28 sept. 1964 (cité par G. Bourreau, op. cit., p. 70). ; FR, Nantes, délégation française auprès de l’Unesco, carton 6 : lt. d’Olivier de Sayve à M. Couve de Murville, 30 nov. 1965 ; X07A120/197 UNSA : « US Government Comments and Recommendations on Unesco’s Program and Budget for 1967-1968 », 31 mai 1965, 11 p., p. 9.
[73] FR, Nantes, carton 6 : lt. d’Olivier de Sayve à Couve de Murville, 20 déc. 1965.
[74] FR, Nantes, carton 117 : note de la direction générale des affaires culturelles et techniques sur la 13e conférence générale, 7 janv. 1965, 50 p., p. 49-50.
[75] FR, NUOI carton 836 : rapport de Jean Fernand Laurent, sur la 83e session du conseil exécutif, 24 octobre 1969.
[76] FR, Nantes, carton 117 : lt. d’Olivier de Sayve, à Couve de Murville, 21 mai 1965, doc. cit., p. 4-5.
[77] FR, Nantes, carton 25, instructions politiques pour la délégation française à la 14e conférence générale, 25 oct.-30 nov. 1966 ; carton 117 : rapport du ministère des affaires étrangères à la direction générale des affaires culturelles et techniques, 3 fév. 1967, 29 p., p. 5 ; FR, NUOI 834, 15e conférence générale, instructions générales. Cité dans G. Bourreau, op. cit., p. 23-24.
[78] RU, ED 121/1163 : mémoranudm de L.C.J. Martin, 17 sept. 1963, 3 p. : « the method and the tone of the presentation of these ideas to the press constitute an unfortunate and unnecessary departure from normal practice » ; RU, FO 371/172699 : mémo de J.E. Powell-Jones, 11 nov. 1963, 4 p.
[79] RU, ED 121/1163 : mémo confid. de L.C.J. Martin à E.J.P. Fall, 23 sept. 1963. « to do everything possible, without being too much isolated at the board, to eliminate scope for propaganda about neo-colonialism. The delegation should also be watchful in resisting any attempt to link colonialism and racial problems » ; mémo du 17 sept. 1963, par L.C.J. Martin, 3 p.
[80] EU, box 4247 : memorandum de Benjamin Read, for M. McGeorge Bundy. « our desire is to see Unesco confine its work to the most pressing needs of the less developed countries ».
[81] FR, Nantes, carton 117 : lt. d’Olivier de Sayve à M. Couve de Murville, 21 mai 1965, doc. cit., p. 3-4.
[82] FR., NUOI 835 : note de J. Fernand Laurent à la Direction des NUOI, 27 déc. 1967 (cité dans G. Bourreau, op. cit., p. 100-102.)
[83] FR., NUOI 835 : télégramme de l’ambassade française du Luxembourg adressé à la diplomatie française, 3 août 1968 ; note pour le secrétaire général de la DGACT, 8 août 1968 (cités par G. Bourreau, op. cit., p. 102-103).
[84] RU, OD 24/15 : lt. confid. de L.C.J. Martin à Andrew Cohen, 14 juill. 1966 ; et de nombreuses autres lettres, dans ce dossier, à ce sujet.
[85] FR, NUOI 833 : note pour la direction politique, de J. Basdevant, DGACT, 19 déc. 1962 ; note pour la DGACT-bureau des organisations internationales, 23 août 1963 ; M.C. Smouts, La France à l’ONU…, op. cit., p. 333 (cité dans G. Bourreau, op. cit., p. 78-80).
[86] G. Bourreau, op. cit., p. 80-82.
[87] NUOI 833, note pour M. de Sayve, de la DGACT, 17 mai 1965. Cité dans G. Bourreau, op. cit., p. 80-82.
[88] FR, Nantes, carton 25, instructions politiques pour la délégation française à la 14e conférence générale. Cité par G. Bourreau, op. cit., p. 81-82.
[89] FR, NUOI 833, note du du service juridique à la DGACT, 2 nov. 1965 ; note de la DGACT à O. de Sayve, 20 oct. 1966. (docs. cités dans G. Bourreau, op. cit., p. 81-82) ; FR, Nantes, carton 117 : lt. d’Olivier de Sayve à M. Couve de Murville, 21 mai 1965, doc. cit., p. 4-5.
[90] Conseil exécutif, 72e session, 31 mars 1966, p. 2 ; 14C/résol. 11 (cité par C. Osakwe, op. cit., p. 146-148) ; 14 C/71, cité par G. Bourreau, op. cit., p. 75-77 ; Journée d’hommage à René Maheu, cahier I, p. 43-45 : Henri Lopes, « Le temps de la décolonisation ».
[91] FR, NUOI 834, 15e conférence générale, lt. de Jean-Fernand Laurent à la DGCAT, 19 nov. 1968. Cité dans G. Bourreau, op. cit., p. 81-82.
[92] RFA, Bestand B30, Band 547 : lt. de Petersen au ministère des affaires étrangères allemand, 29 oct. 1971, 5 p. ; Conseil exécutif, 88e session, point 6.5.
[93] RFA, Bestand B30, Band 547 : télégramme de Petersen au ministere des affaires étrangères allemand, 2 juin 1971 ; 16 C/Rés. 8 ; décision de la 87e session du conseil exécutif, mai 1971.
[94] 11 C/PRG/SR.6 (prov.), p. 4.
[95] Veronese, carton 32 : aide-mémoire confidentiel sur l’entretien de Veronese avec Gromyko, 10 juin 1960.
[96] 11C/Res. 8.2 ; RU, ED 121/1163 : mémo confid. de L.C.J. Martin à E.J.P. Fall, 23 sept. 1963.
[97] Ce groupe est constitué de représentants du Brésil, des Etats-Unis, du Ghana, de l’Inde, du Mexique, du Pakistan, du Royaume-Uni, de la Tunisie, de l’URSS, et de la France. Il est présidé par le Tunisien Messadi. 11 C/45. Cité dans G. Bourreau, op. cit., p. 75-77.
[98] 11C/Rés. 8.2 : Résolution sur « le rôle de l’Unesco dans l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples colonisés » ; FR, NUOI 834, note du représentant permanent français pour le secrétariat général de la DGACT, 8 déc. 60 ; note pour le secrétaire général de la délégation française de la DGACT, 10 déc. 1960. Docs. cités par G. Bourreau, op. cit., p. 75-77.
[99] Draft resolution n°130, 14 nov. 1960 ; 11e conférence générale, débat du 15 nov. 1960. Docs. cités dans C. Osakwe, op. cit., p. 154-156.
[100] FR, NUOI 834, 11e conférence générale, note de la DGACT pour le ministère des affaires étrangères, 22 nov. 1960. (cité par G. Bourreau, op. cit., p. 91) ; Le Monde, 26 nov. 1960, p. 2 : « La délégation française à l’Unesco organise diverses manifestations sur le thème : rapprochement de l’Orient et de l’Occident ».
[101] SCX/PRIV.5 : 60 EX/PRIVSR.1 (prov.), 29 janv. 1962, p. 6-7.
[102] Rapports des Etats membres à la Conférence générale 1962 : rapport de l’URSS, p. 161-162.
[103] 14C/resol 6.3.
[104] 14 C/71. Cité par G. Bourreau, op. cit., p. 75-77.
[105] FR, Nantes, carton 25, instructions plitiques pour la délégation française à la 14e conférence générale. Cité par G. Bourreau, op. cit., p. 77.
[106] RFA, Bestand B 30, Band 378 : télégramme du 10 déc. 1964 : traduction de la version japonaise d’un aide mémoire, que le messager sovietique Winogradow a envoyé le 4 déc. 1964 au représentant du ministre des affaires japonais Oda ; télégramme de Dittmann, 10 décembre 1964.
[107] Gail Archibald, op. cit., p. 291, 323. cf. 1961 : Kennedy lance « l’Alliance pour le progrès » et le « Peace corps » ; 1963 : Kennedy veut assurer la pleine participation de l’Unesco à la « Décennie pour le développement », qu’il estime être l’orientation principale des organisations internationales pour les années à venir. Pour une vision de la discrimination raciale aux Etats-Unis vers 1960, lire le témoignage saisissant du sociologue John Howard Griffin, Dans la peau d’un noir, Paris, Gallimard, 1976.
[108] EU, box 822 : lt. de Robert H. Thayer à Christian A. Herter, 2 déc. 1960. « to assert US leadership in the Conference, keep the Soviets on the run, and win the confidence and esteem of the under-developed areas, particularly Africa » ; « We have, I think, succeeded in taking the leadership in the Conference in offering assistance to the Africans in the field of education, without making our friends in Asia, the Arab States ans Latin America feel that we have been doing it at their expense. This has been a delicate job » ; « By taking the line that politics does not belong in a Conference on education, science and culture but should be left to the UN in New York, we have put the Soviets on the defensive ».
[109] EU, box 819 : rapport de la commission nationale américaine sur la 2e conférence régionale des commissions nationales en Asie, Manille, 18-23 janv. 1960, par William Dix. « to inject political and propaganda issues into the conference ».
[110] EU, box 820 : report by Wilbur Schramm, chairman of the US delegation to the Unesco media conference held in Bangkok, 18-29 janv. 1960, 8p., p. 4-6. « highly authoritarian », « ill-considered decisions », « closed personality » ; « highly prejudicial to us ». « he personally offended many Asians », « talking loudly at the garden party about American « satellites » » ; « We didn’t get quite everthing we wanted, nor were we able wholly to keep the Soviet delegation from making some impact ».
[111] EU, box 825 : report of the US delegation to the Unesco meeting of experts on the development of information media in Africa, Paris, 24 janv.-6 fév. 1962, soumis au secrétaire d’état, par Robert E. Hartland, 26 mars 1962, 32 p, p. 13, 28-32. « impressive size », « varied background », « favorable impression », « constructive [...] posture », « willingness ».
[112] Rapport des Etats-Unis à la Conférence générale de 1962, p. 52 ; G. Archibald, op. cit., p. 287-288 : le peace corps a pour objectif d’envoyer de jeunes volontaires dans les pays en voie de développement afin d’y enseigner de nouvelles méthodes agricoles, des techniques industrielles ou artisanales, des langues étrangères et des connaissances indispensables au monde moderne.
[113] EU, box 824 : lt. confid. de Mercer Cook, de l’ambassade américaine à Niamey, au département d’état, 2 janv. 1962.
[114] Rapport des Etats-Unis à la Conférence générale de 1962, p. 57.
[115] EU, box 828 : Unesco general conference, natural sciences chapter, USDEL 12 C/17.2, 18 oct. 1962.
[116] Ex : en 1962, dans le cadre de l’Unesco, l’African American Institute recrute des maîtres américains pour aller enseigner en Afrique, et organise des visites de femmes africaines aux Etats-Unis (rapport des Etats-Unis à la Conférence générale de 1962, p. 60). En 1964, dans un article de presse, Benton défend la position des Etats-Unis, protestant contre les accusations selon lesquelles cet Etat serait indifférent envers les besoins des pays du Tiers Monde et souhaiterait privilégier l’action bilatérale sur l’action multilatérale ; Benton, « The defenses of Peace : progress report on Unesco », Saturday Review, 7 mars 1964, doc. cit.
[117] Benton, box 404 : lt. de Donald B. Eddy à Benton, 13 mai 1963.
[118] 3 A 31 : Equality of rights between races and nationalities in the USSR : « Activities and Procedures of Unesco », « Hearing before a subcommittee of the Committee on foreign relations United States Senate », 88e congrès, 1e session, 4 mars 1963, p. 22, 26.
[119] Eugene Sochor, « A New Look at Unesco », avril 1964, cité dans : Congrès, Vol. 110, 88e congrès, 2e session, 7 janv-3 oct. 1964 : 8 avril 1964, Senate, p. 7273-7275, « US national commission for Unesco » : M. Boggs : « Unesco can become a powerful voice for our ideals and concepts which will be heard by many uncommitted nations ».
[120] FR, Nantes, carton 6 : lt. d’Olivier de Sayve à M. Couve de Murville, 30 nov. 1965.
[121] FR, Nantes, carton 6 : lt. d’Olivier de Sayve, à M. Couve de Murville, 20 déc. 1965.
[122] FR, Nantes, carton 6 : lt. d’O. de Sayve à M. Couve de Murville, 4 nov. 1965 : il exprime les propos de Benton.
[123] EU, box 3340 : lt. de Osborn, au secrétaire d’état, 28 fév. 1966.
[124] FR, Nantes, carton 6 : lt. d’Olivier de Sayve à M. Couve de Murville, 30 nov. 1965.
[125] X 07.83 Maheu, V : visite du directeur général à Washington, oct. 1967, 32 p., en anglais, p. 1-3, 6-8. En 1967, les Etats-Unis apportent un soutien aux projets Unesco-fonds spécial dans 24 pays.
[126] EU, box 3340 : rapport confid. de la délégation américaine à la 72e session du conseil exécutif, doc. cit., p. 11-12.
[127] X 07.83 Maheu, V : lt. de V. Vlad à P.C. Terenzio, 7 juill. 1967, sur sa mission aux Etats-Unis et Canada en juin 1967, p. 1-3. Il s’agit des commissions nationales des Etats-Unis, du Canada de la Jamaïque, de la Trinité et Tobago, et de la Guyane.
[128] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 24 déc. 1970, 56 p., p. 52.
[129] En 1964, Benton souligne l’acuité de la guerre froide au sein de l’Unesco (W. Benton, « The Defenses of Peace : Progress Report on Unesco », 7 mars 1964, article cité); interview de M. et Mme Keating.
[130] Veronese carton 32 : aide-mémoire confidentiel sur l’entretien du directeur général avec le ministre des affaires étrangères de Tchécoslovaquie, M. David, le 16 juin 1960.
[131] EU, box 827 : département detat, memorandum de conversation, 16 oct. 1962, 4 p., p. 1-2.
[132] G. Archibald, op. cit., p. 300.
[133] Interview Keating.
[134] Interview Dumitrescu
[135] Lien-Link n°83 : « De Bucarest à Abidjan : un itinéraire atypique », par E. R.
[136] Lien-Link n°85 : « Paris, avril 1968 », par Jacques L. Boisson : S. Tanguiane, directeur de la division de l’égalité d’accès à l’éducation ; « la guerre froide s’imposait omniprésente, j’en prenais conscience ».
[137] M. Prévost, op. cit., p. 172.
[138] Interview Keating, Mme Koffler, Dumitrescu.
[139] Ex : interview Acher Deleon, Michel Batisse, Gérard Bolla.
[140] EU, box 827 : report of the US delegation to the Unesco meeting of experts on general secondary education in Arab states, Tunis, soumis au secrétaire d’état par H. Emmett Brown, 17 sept. 1962, 12 p.
[141] Benton, box 394 : Benton à H. Cleveland et Lucius Battle, 3 oct. 1963 : « alarmed by the infiltration into Unesco of russian propagada slogans and activities » ; lt. de Benton à Donald B. Eddy, 17 juin 1963 ; box 401 : lt. de Benton à R. Wade, 18 nov. 1963 ; lt. de Benton à Beeby, 31 déc. 1964.
[142] G. Archibald, op. cit., p. 170, 271. Le poste de sous-directeur général pour l’administration, créé en 1960, est occupé par l’Américain Alvin Roseman de juill. 1960 à juill. 1963, puis par l’Américain John E. Fobes de fév. 1964 à mars 1970. En janv. 1971, John E. Fobes devient directeur général adjoint, et le reste jusqu’en décembre 1977.
[143] Veronese, carton 32 : lt. de J. Thomas à Veronese, 4 sept. 1960.
[144] EU, box 823 : lt. confid. de George N. Shuster à Dean Rusk, 23 juin 1961, 3 p., p. 2.
[145] EU, box 823 : réponse de Dean Rusk à Shuster, non datée. « an effort to weaken or destroy the executive capacity of international organizations. »
[146] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 16 avril 1970, p. 2-4. « disloyal ». « His lack of cooperation and obstructionism ».
[147] P. Lengyel, op. cit., p. 27.
[148] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 24 déc. 1970, 56 p., p. 14 et 36 : « most cooperative and helpful to the permanent delegation ». Autre ex. : EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 24 déc. 1970, 56 p., p. 36. 1970 : l’Américain Hiroshi Daifuku, chef de la section de la sauvegarde et du développement de l’héritage culturel, a selon les Etats-Unis été « extremêment utile à la délégation permanente » (« extremely helpful to the permanent delegation »).
[149] Interview Dumitrescu.
[150] Lien-Link n°84 (avril-juin 2003) : « Etre roumain à l’Unesco dans les années 60 et 70 », par Sorin Dumitrescu.
[151] Lien-Link n°77 : « René Maheu, un homme libre », par Krystyna Chlebowska : « J'étais à l'Unesco depuis presque cinq ans quand, via la délégation permanente, on me fit savoir qu'il fallait rentrer au pays. Pour la plupart des fonctionnaires des pays de l'Europe de l'Est, cinq ans était le délai maximum autorisé. À moins d'être une huile bien zélée, ce qui n'était pas mon cas, après cinq ans tombait le couperet. Sans aucune forme de procès, on vous obligeait à quitter l'Unesco. Mais moi, je n'avais pas envie de quitter l'Unesco ».
[152] EU, box 823 : mémorandum de conversation entre R. Maheu et Harlan Cleveland, 5 juill. 1961, doc. cit., p. 4.
[153] Lien-Link n°77 : « René Maheu, un homme libre », par Krystyna Chlebowska. Maheu est intervenu auprès de son gouvernement pour prolonger son contrat.
[154] P. Lengyel, op. cit., p. 34-35.
[155] EU, box 823 : lt. confid. de George N. Shuster à Dean Rusk, 23 juin 1961, 3p., p. 1 ; réponse de Dean Rusk à Shuster, non datée.
[156] Veronese, carton 32 : aide-mémoire confid. sur l’entretien de Veronese avec Gromyko, 10 juin 1960.
[157] EU, box 820 : traduction en français de l’article de Vadim Zagladine dans Temps Nouveaux, 3 juin 1960, « A l’Unesco », 6p., p. 3.
[158] Veronese, carton 32 : aide memoire confid. sur l’entretien du directeur général avec le ministre des affaires étrangères de Tchécoslovaquie, M. David, le 16 juin 1960.
[159] EU, box 820 : mémo confid. de Kellermann au départemen d’état, le 20 juill. 1960, intitulé « Recent Soviet « line » on Unesco » : il joint une traduction de l’article de Vadim Zagladine, dans Temps Nouveaux, 3 juin 60, « A l’Unesco », 6 p.
[160] M. Prévost, op. cit., p. 170-171.
[161] EU, box 823 : lt. de George N. Shuster à Dean Rusk, 23 juin 1961, confidentiel, 3 p., p. 2 ; memorandum de conversation, 5 juill. 1961, entre Maheu et Harlan Cleveland, p. 4.
[162] EU, box 820 et 821.
[163] EU, box 822 : mémorandum de conversation de Westfall et Mulliken, à H. Cleveland, 13 fév. 1961, 5 p., p. 2 : « Both the US and the USSR are under-represented in the Unesco Secretariat, and we are both making strenuous efforts to increase the number of our nationals in the Secretariat. »
[164] EU, box 820 : Shuster à Christian Herter, 10 mai 1960.
[165] EU, box 824 : lt. de G. Shuster à Dean Rusk, 15 déc. 1961, 5 p., p. 2.
[166] EU, box 825 : mémorandum de Donald B. Eddy à Hefner, 31 mai 1962, 4 p., p. 3. « the capacity of the US to exercise constructive influence within the organization is declining ».
[167] EU, box 825 : lt. de F.G. Dutton au représentant Ralph R. Harding, 24 mai 1962 : il répond à la lt. de Harding à Rusk du 11 mai 1962, qui contenait une pétition signée par 18 représentants.
[168] EU, box 4247 : confidential, Some miscellaneous observtions on Unesco’s 65th executive board meeting, april 29th-may 17th, 1963, by William Benton, 14 p., p. 7 : « Betancur is US educated, has served as the chairman of the OAS task force on education, and is said to be highly regarded in US educational circles » ; « more American than an american ».
[169] Benton, box 394 : memorandum for Mr McGeorge Bundy, par Benjamin H. Read, 21 oct. 1963.
[170] RU, OD 24/15 : article du Sunday Telegraph, 7 août 1966 : « Soviet Plot in Unesco. Infiltration On Three Fronts » par Gordon Brook-Shepherd, p. 1.
[171] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 24 déc. 1970, 56 p., p. 36. « an American-educated French national of considerable ability. » « in the soviet community within Unesco ».
[172] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 16 avril 1970, p. 4-5. « to influence the creation and orientation of Unesco programs ».
[173] EU, box 3226 : report of the US delegation to the 88th session of the executive board, 6 oct.-2 nov. 1971, rapport soumis au secrétaire d’état, 17 p., p. 11-12.
[174] EU, box 3227, 3228, 3229.
[175] EU, box 3227 : télégramme du département d’état à l’ambassade américaine de Paris, 23 déc. 1971 ; télégramme du département d’état à Pierre Graham, 20 déc. 1971.
[176] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 21 janv. 1971. Durant le biennium 1969-1970, 596 experts américains travaillent pour l’Unesco.
[177] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 24 déc. 1970, 56 p., p. 1-6, 11, 38-40, 56. « eminent » ; « attempts to manipulate » ; « In general the Unesco Secretariat offers very little in the way of hard evidence to support the charge that the Soviets exercise unwarranted or improper influence on the Organization ». En 1970, l’ICRO emploie 34 Américains contre 12 Soviétiques ; airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 16 avril 1970, p. 2-3. « disloyal ».
[178] EU, box 3222 : report of the US delegation to the 84th session executive board, Paris, 4 mai-19 juin 1970, 24 p., p.4.
[179] EU, box 823 : lt. confid. de George N. Shuster à Dean Rusk, 23 juin 1961, 3 p., p. 2.
[180] EU, box 822 : lt. confidentielle de S. Andreski au président du comité des activités anti-américaines, 20 mars 1961, 2 p. : « In view of the danger of communist penetration in Latin America, I feel it my duty to inform you of the highly suspicious situation which I have discovered at the FLACSO ».
[181] EU, box 827 : lt. secrète de Frank K. Hefner à John H. Morrow, 5 septembre 1962.
[182] Rapport de l’URSS à la conférence générale de 1962, p. 162.
[183] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 21 janvier 1971 ; il affirme qu’en 1969-1970, 596 experts américains ont travaillé à l’Unesco.
[184] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 24 décembre 1970, 56 p., p. 38-40.
[185] John Barron, KGB, Elsevier Sequoia, 1975. Cité dans France Soir, 22 février 1977 : « Des espions russes voulaient noyauter les comités de soldats ».
[186] France Soir, 22 février 1977, art. cit.
[187] S. Dumitrescu, « Quelques semaines avant et après mon entrée à l’Unesco », in Link-Lien n°87, p. 23-25.
[188] Sorin Dumitrescu, « Etre roumain à l’Unesco dans les années 60 et 70 », Lien-Link n°84, avril-juin 2003 ; Sorin Dumitrescu, « Otage de la Securitate », Courrier de l’Unesco, juin 1990, p. 45-50 [annexe 28] ; Communiqué de presse PI/P n°95, octobre 1977 : « Le président du conseil exécutif de l’Unesco fait une déclaration publique sur le cas de M. Sorin Dumitrescu ».
[189] Le Monde, 28 mars 1980, « RDA : Selon un quotidien suédois, un haut fonctionnaire est-allemand à l’Unesco est hospitalisé de force à Berlin-est », par Alain Debove ; France Soir, 14 août 1981, « L’Allemagne de l’est veut échanger l’un de ses espions arrêté en France ». Archéologue et historien de l’art, Stulz etait directeur de la division de la protection du patrimoine culturel ; Le Figaro, 13 fév. 1980, p. 2 : « La longue marche de Youri Turchenko » , par Philippe de Beausset. La RDA propose l’échange de Stulz contre un espion est-allemand arrêté par la France, le général Heinz Storn. Autres cas : cf. France Soir, 22 février 1977, art. cit. ; Le quotidien de Paris, 7 nov. 1986, « Droits de l’homme. Les otages de Moscou ».
[190] Lien-Link n°80 : « Etre américain à l'Unesco dans les années soixante », par Raymond Johnson.
[191] EU, box 823 : lt. confid. de G.N. Shuster à Dean Rusk, 23 juin 1961, 3 p., p. 1.
[192] Veronese, carton 23 : lt. de Veronese à G.N. Shuster, 9 août 1961 ; lt. de Shuster à Veronese, 29 août 1961.
[193] Interview Mme Keating.
[194] 372(8) MP 01 A 63 (86), III : El Tiempo (Lima) 13 oct. 1962 : « Qué hacemos con la Unesco ? » (« Que faisons nous avec l’Unesco ? »).
[195] EU, box 3224 : rapports de la délégation américaine sur les sessions du conseil exécutif : « political issues ».
[196] Congrès, vol. 110, 88e congrès, 2e session, 7 janv.-3 oct. 1964 : appointments of US delegates to Unesco conference, p. 22211.
[197] FR, Nantes, carton 117 : lt. d’Olivier de Sayve à M. Couve de Murville, 21 mai 1965, doc. cit., p. 4.
[198] Veronese, carton 23 : lt. de Veronese à G.N. Shuster, 9 août 1961, doc. cit.
[199] EU, box 822 : lt. de Robert H. Thayer à Christian A. Herter, 2 déc. 1960. « a magnificient job » ; « by taking the line that politics does not belong in a Conference on education, science and culture but should be left to the UN in New York, we have put the Soviets on the defensive ».
[200] EU, box 823 : lt. de Dean Rusk à Shuster, non datée, p. 2.
[201] EU, box 823 : lt. confid. de G.N. Shuster à Dean Rusk, 23 juin 1961, 3 p., p. 1. « quite impressive show of friendliness by the Latin American countries ».
[202] EU, box 825 : mémo de Donald B. Eddy à Hefner, 31 mai 1962, 4 p., p. 1. « a disturbing lack of purpose and direction » ; « ruthlessly purposeful and undeviating ».
[203] EU, box 4247 : rapport confid. de W. Benton, « Some miscellaneous observations on Unesco’s 65th executive board meeting », 28 mai 1963, 14 p., annexe intitulée : « Notes on luncheon with ambassador Paulo Carneiro ». « The US has lost prestige in its relation to Unesco ».
[204] Benton, box 407 : lt. de Donald B. Eddy à Benton, 13 mai 1963.
[205] Benton, box 407 : lt. confid. de Benton à Douglas Batson, 4 mars 1965 : « we must avoid being identified as members of a rich man’s club seeking to dominate Unesco ».
[206] EU, box 3212 : W. Benton, rapport de la délégation américaine au secrétaire d’état sur la 77e session du conseil exécutif, novembre 1967, 15 p., p. 14-15. « most satisfactory ».
[207] EU, box 3214 : W. Benton, rapport de la délégation américaine au secrétaire d’état sur la 78e session du conseil exécutif, 1968, p. 1.
[208] EU, box 3213 : Alvin C. Eurich, rapport de la délégation américaine au secrétaire d’état sur la 15e conférence générale de l’Unesco, janvier 1969, 29 p., p. 2.
[209] W. Preston, p. 141 : « scornful disinterest » ; « neglect » ; « colder hostility ».
[210] EU, box 3213 : Alvin C. Eurich, rapport de la délégation américaine au secrétaire d’état sur la 15e conférence générale Unesco, janvier 1969, doc. cit., p. 2 : « as such, Unesco merits the fullest possible attention and support from the US ».
[211] ODG/Memo/926855 : allocution de Veronese à la télévision soviétique, 10 juin 1960, p. 1.
[212] EU, box 819 : rapport confid. de Kellermann au département d’état, 12 p., p. 1-3 : « The atmosphere was charged with politics, and political animosity kept most of the delegates divided into two camps » ; « dominated from beginning to end by the Soviet and Satellite delegations which were strong and well organized, whereas the Western delegations lacked unity » ; « continuously side-tracked by moves of the communist delegates » ; « aggressiveness » ; « diatribes » ; « in a certain country » ; « one of the most bellicose and retrogressive meetings held under Unesco auspices. Social contact between Western and Eastern delegates was minimal »; p. 4-5: « François is known as an irresponsible compromiser whose fanaticism on behalf of peace and good will toward all is compounded by an irrepressible flow of rhetoric and by his incapability of appreciating political realities » ; p. 10-11 : « mostly the result of compromises behind closed doors ». Ainsi, le projet de résolution sur le désarmement (CN/Taormina/DR 4/Rev.1) est modifié dans le sens américain par rapport à la première version proposée par les délégations socialistes (CN/Taormina/DR 4).
[213] SCX/PRIV.5 : 60 EX/PRIVSR.1 (prov.) 29 janv. 1962, p. 8.
[214] CCIC : « CCIC, Aperçu sur la 11e conférence générale de l’Unesco, 14 nov.-15 déc. 1960 », p. 12.
[215] EU, box 827 : lt. confid. de G.N. Shuster à Dean Rusk, 1er oct. 1962, 3 p., p. 2 : « considerable propagandistic activity ».
[216] Rapport de l’URSS à la conférence générale de 1962, p. 161-162.
[217] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 24 déc. 1970, 56 p., p. 49-52. « a military organization ».
[218] EU, box 3222 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 3 juin 1970.
[219] EU, box 3225 : airgram …, 24 déc. 1970, doc. cit., p. 40, 42, 44-46 : « very able and very active », « very personable and easy-going » ; « unimaginative and unconvincing » ; « not particularly impressive » ; « active in the corridors » ; « does not appear to be commensurate with its size » ; « rude, opinionated, uncultured ».
[220] EU, box 819 : report of the US delegation to the Unesco meeting on the development of information media in South East Asia, Bangkok, 18-29 janv. 1960.
[221] EU, box 825 : confid. report of the US delegation to the meeting of ministers of education of Asian members states, Tokyo, Japan, 2-11 avril 1962, par Charles B. Fahs, 12 avril 1962 , 5 p., p. 1. « amusement and irritation ».
[222] C. Osakwe, p. 150. « a moral victory for the Soviet Union ».
[223] EU, box 3222 : report of the US delegation to the 3rd regional conference of ministers of education and ministers responsible for economic planning in the Arab States, Marrakech, 1970 ; box 3223 : report of the US observer delegation to the conference of ministers of European member States responsible for science policies, organized by Unesco, Paris, 24-26 juin 1970.
[224] Acte constitutif, art. 2 par. 2 ; accord Unesco-ONU, article 2.
[225] 11e conférence générale, « Draft resolution tabled by the Soviet delegation for changes in the procedure for admitting non-members into the Unesco », Paris, 14 nov. 1960.
[226] Actes de la 12e conférence générale, 10 déc. 1962, p. 98 et suiv. ; C. Osakwe, p. 151-152.
[227] EU, box 821 : rapport confid. de Kellermann au département d’état, 6 p., non daté.
[228] FR, NUOI 834 : note de la DGACT pour le ministère des affaires étrangères, 22 nov. 1960. (cité par G. Bourreau, op. cit., p. 91).
[229] EU, box 826 : USDEL/ED/183/62 Annex A, meeting of special Unesco comittee of governmental experts to draft an international recommendation on technical education, Paris, 25 juin-7 juill. 1962, 5 p., p. 4 ; box 3339 : télégramme du département d’état à l’ambassade américaine de Paris, 27 nov. 1966 ; G. Bourreau, op. cit., p. 97.
[230] EU, box 826 : USDEL/ED/183/62 Annex A, doc. cit. ; Cf. aussi RFA, Bestand B91, Band 818.
[231] RU, WORK 14/3068 : lt. confid, de RM Hadow, de l’ambassade britannique de Paris, à R. Cecil, Foreign Office, 19 juill. 1962 : « worried » ; « indesirable delegations » ; « their main preoccuaption is to rally enough friendly delegations to stop any further efforts by the Soviets ».
[232] EU, box 826 : rapport confid. de la délégation américaine à la 1e conférence des hautes parties contractantes à la convention pour la protection de la propriété culturelle en cas de conflit armé, Paris, Unesco, 16-26 juill. 1962, 3p. ; lt. du département d’état aux ambassades américaines d’Amérique latine, 17 août 1962.
[233] RFA, Bestand B30, Band 544 : lt. de Walter Neye à toutes les commissions nationales, 31 août 1963 ; lt. de Holger Reimers à toutes les commissions nationales, 7 mars 1964.
[234] RFA, Bestand B30, Band 544 : réponses de diverses commissions nationales à la lettre de Reimers, entre mars et juin 1964 ; lt. de la commission nationale soviétique à H. Reimers, 9 avril 1964 ; lt. de la commission nationale de la Pologne, à Reimers, 4 avril 1964.
[235] RU, ED 121/1163 : Unesco HQ : confid. record of conversation between the minister of state, M. Peter Thomas, and R. Maheu, april 13, 1964. « a question of a political character in which the Federal German Government was seeking to involve Unesco for political purposes ».
[236] RFA, Bestand B 91, Band 819 : rapport de Gracher, 19 sept. 1963 ; rapport de von Simson, 25 nov. 1963 : « politischem Wespennest » ; lt. de Simson, 29 janv. 1964 : « Wespennest » ; Cf. aussi Band 818.
[237] FR, NUOI 834, note de la direction des NUOI pour la DGACT, instructions politiques pour la 14e conférence générale de l’Unesco, 1966 (cité par G. Bourreau, op. cit., p. 97).
[238] FR, Nantes, carton 117 : plusieurs télégrammes sur la représentation de la Chine à l’Unesco ; ex : télégramme du 26 oct. 1964, signé « Diplomatie ».
[239] EU, box 821 : plusieurs lettres ; box 820 : lt. de Shuster à Christian Herter, 10 mai 1960 ; box 826 : USDEL/ED/183/62 Annex A, doc. cit., p. 1 et 3.
[240] Rapport de l’URSS à la conférence générale de 1962, p. 161 ; EU, box 820 : traduction en français de l’article de Vadim Zagladine, Temps Nouveaux, 3 juin 1960, intitulé « A l’Unesco », 6 p., p. 2.
[241] RFA, Bestand B30, Band 544 : rapport sur la 32e assemblée du BIE, 1er octobre 1970.
[242] EU, box 3223 : rapport cité, 24-26 juin 1970, p. 6-7. « the Soviets risked the spirit of cooperation by taking doctrinaire stands and subjecting the delegates to excessive debates and delays on the issue of the need to include the East German Gouvernement in discussion. »
[243] Unisist, rapport SC/MD/25, octobre 1971, p. 9.
[244] RFA, Bestand B30, Band 547 : télégramme de Staden, 21 oct. 1971 ; télégr. de Petersen, 9 nov. 1971 ; télégr. de Petersen, 12 nov. 1971 ; télégr. de Elsaesser, 25 nov. 1971 ; télégr. de Petersen, 7 déc. 1971.
[245] EU, box 821 : lt. confid. de Kellermann au département d’état, 6 p.
[246] EU, box 819 : lt. du représentant permanent des Etats-Unis à l’Unesco au directeur général, 15 mars 1960.
[247] X 07.83 Maheu, IIa : note pour le voyage de Maheu en URSS, 1963, 5 p., p. 1.
[248] X 07 A 120/197 UNSA : commentaires de la commission nationale tchécoslovaque, 5p., p. 1.
[249] EU, box 1562 : lt. confid. d’Oliver M. Marcy, ambassade américaine à Belgrade, au département d’état, 12 nov. 1957, 6p., p. 5.
[250] EU, box 820 : rapport de Kellermann au département d’état, 18 mai 1960, 8 p., intitulé « Soviet political warfare in Unesco », p. 2.
[251] EU, box 821 : rapport confid. de Kellermann au département d’état, 6 p.
[252] X 07 A 120/197 UNSA : propositions de la commission nationale de l’URSS sur le programme et budget 1967-68, 31 mai 1965, 18 p., p. 11.
[253] X 07.21 (44), I : observations du gouvernement français sur l’avant-projet de programme et de budget 1965-66 de l’Unesco, 17 déc. 1963, p. 2.
[254] Benton, box 394 : lt. de Benton à tous les membres de la délégation américaine, 9 oct. 1963 : « post colonisation » ; « countries which have recently acquired independence » ; « rancor » ; « We have indeed won a significant victory, but the war goes on » ; « this is the most resounding defeat the USSR has ever had on the executive board of Unesco » ; lt. de Benton à H. Celevland et Lucius Battle, 3 oct. 1963.
[255] X 07 A 120/197 UNSA : propositions de la commission nationale de l’URSS …, 31 mai 1965, doc. cit., p. 11.
[256] EU, box 3229 : report of the US delegation to the 17th session ..., doc. cit., p. 15-16. « invidious » ; « the pernicious influence of capitalist systems » ; « an exercise in ideological demogoguery ».
[257] M. Prévost, op. cit., p. 239.
[258] 55 EX/décisions, résol. 5.2.A, 15 déc. 1959, p. 7-8. (cité dans C. Osakwe, op. cit., p. 145)
[259] EU, box 820 : rapport de Kellermann au département d’état, 18 mai 1960, doc. cit., p. 2.
[260] Veronese, carton 32 : aide-mémoire confid. sur l’entretien entre Veronese et Gromyko, 10 juin 1960.
[261] EU, box 820 : Vadim Zagladine, « A l’Unesco », art. cit., p. 5
[262] EU, box 821 : rapport confid. de Kellermann au département d’état, en prévision de la conférence générale de 1960, 6 p.
[263] EU, box 819 : rapport confid. de Kellermann au département d’état, au sujet de la conférence de Taormine, mars 1960, 12 p., p. 1-5.
[264] 61 EX/Decisions, résol 4.2.6, 15 juill. 1962, p. 6-7. Le conseil exécutif décide de soutenir la résolution 1516 (XV) de l’assemblée générale de l’ONU. 12C/résol. 3.73, p. 46-47. Cette résolution se fonde sur la résolution 891 (XXXIV) de l’Ecosoc du 26 juill. 1962. (cité dans C. Osakwe, op. cit., p. 145)
[265] Rapport de l’URSS à la conférence générale de 1962, p. 161 et 163.
[266] EU, box 820 : rapport de Kellermann, 18 mai 1960, doc. cit., p. 2 et 7. « in getting the members involved in time-consuming controversies which divided the board and delayed seriously the regular business of the session. »
[267] EU, box 828 : USDEL 12/C/POL/2, 30 oct. 1962 : instructions données par le département d’état à la délégation américaine pour les discussions à la conférence générale, au sujet des tests nucléaires et du désarmement, 3 p.
[268] RU, WORK 14/3068 : note du département des relations culturelles, 12 juillet 1962 : « irrealistic ».
[269] RU, WORK 14/3068 : lt. confid, de R.M. Hadow à R. Cecil, 19 juillet 1962, doc. cit. : « worried » ; « indesirable delegations » ; « their main preoccupation is to rally enough friendly delegations to stop any further efforts by the Soviets ».
[270] EU, box 826 : rapport confidentiel de la délégation américaine à la 1e conférence des hautes parties contractantes à la convention pour la protection de la propriété culturelle en cas de conflit armé, juill. 1962, 3 p. ; lt. du département d’état aux ambassades américaines d’Amérique latine, 17 août 1962.
[271] RFA, Bestand B91. Band 54 : rapport de la délégation allemande à cette conférence, par Bünger, 29 avril 1954.
[272] Benton, box 394 : mémo de Benjamin H. Read à McGeorge Bundy, 21 oct. 1963 : « His concept of Unesco’s role is generally broader and more diffuse than the US government has considered desirable » ; « excite cold war questions in the Unesco forum » ; « such activities waste both human and material resources in fruitless partisanship »; « Maheu’s forays into propaganda ».
[273] Benton, Box 394 : lt. de Benton à Battle, 12 sept. 1963 ; lt. de Benton à Battle, 16 sept. 1963 ; lt. de Benton à Robert Wade, 16 sept. 1963.
[274] 66 EX/décisions, résol. 9.3, Paris, 12 nov. 1963, p. 32 ; 66 EX/DR.34, Paris, 24 oct. 1963.
[275] C. Osakwe, op. cit., p. 146.
[276] X 07.21 (44), I : observations du gouvernement français sur l’avant-projet de programme et de budget 1965-66, 17 déc. 1963, p. 2 ; Benton, box 394 : Benton à H. Cleveland et L. Battle, 3 oct. 1963.
[277] William Benton, « The defenses of Peace : progress report on Unesco », Saturday Review, 7 mars 64, doc. cit. « pressure ».
[278] 13C/résol 3.255, 18 déc. 1964.
[279] X 07 A 120/197 UNSA : propositions de la commission nationale de l’URSS…, 31 mai 1965, doc. cit., p. 11.
[280] EU, box 3213 : 15 USGC/21.3/3.1, addendum, 1er oct. 1968 : draft program and budget for 1969-1970, social sciences. « not because it was outside the scope of Unesco objectives, but because several years of experience has clearly demonstrated that no significant results could be obtained » ; « unfruitful ».
[281] EU, box 3229 : report of the US delegation to the 17th session ..., doc. cit., p. 15-16. « a platform for raising political issues » ; « a low-key approach ». « calling upon the good will and common sense of the delegations not to press for vote on the matter at a time when sensitive peace negociations on Vietnam were being conducted ».
[282] FR., Nantes, carton 78 : télégramme de la délégation française, à M. Poujade, 13 juin 1972 ; note de la commission nationale française sur le point 4.2.2, non datée.
[283] RU, FO 371/172699 : rapport confid. de J.E. Powell-Jones, 11 nov. 1963, 4 p. « communistic propaganda ».
[284] 14C/DR11(P), 21 oct. 66 . Cité dans C. Osakwe, op. cit., p. 149.
[285] EU, box 3229 : report of the US delegation to the 17th session ..., doc. cit., p. 20.
[286] EU, box 820 : rapport de Kellermann au département d’état, 18 mai 1960, doc. cit., p. 2. « ideas of mistrust and hostility to other nations, as well as ideas of racial inequality, nazism, the spirit of revenge and cult of power are inculcated in one form or another ».
[287] EU, box 828 : USDEL 12/C, 18 oct. 1962 : instructions données à la délégation américaine pour les discussions à la conférence générale, au sujet des problèmes raciaux.
[288] X 07.21 (44), I : observations du gouvernement français sur l’avant-projet de programme et de budget 1965-66, 17 déc. 1963, p. 2 ; Benton, box 394 : lt. de Benton à H. Cleveland et L. Battle, 3 oct. 1963.
[289] William Benton, « The Defenses of Peace ...», art. cit.
[290] X 07 A 120/197 UNSA : Propositions de la commission nationale de l’URSS …, 31 mai 1965, doc. cit., p. 11.
[291] EU, box 3226 : confid. report of the US delegation to the 88th session of the executive board, 6 oct.-2 nov. 1971, 17 p., soumis au secrétaire d’état, p. 13 ; 16C/résol 8.
[292] EU, box 3229 : report of the US delegation to the 17th session…, doc. cit., p. 15-16, 18 : « the fundamental principles governing the use of the mass information media with a review to strenghtening peace and international understanding and combatting war propaganda, racism, and apartheid » ; « this is blatant illustration of the introduction of politcal content into program matters. »
[293] Benton, box 401 : G.V. Allen à Thomas A. Brindley, 22 juin 1967. « It is quite true that all these problems concern Unesco ».
[294] EU, box 3229 : report of the US delegation to the 17th session ..., p. 23. « increasingly come to regard this program as an opportunity for raising all sorts of political issues which are only remotely related to some of the Unesco’s legitimate activities in this area ».
[295] EU, box 819 : lt. confid. de George A. Rylance, de l’ambassade américaine de La Havane, au département d’état, 25 janv. 1960. Notamment le président de la commission nationale cubaine est Elias Entralgo, professeur d’histoire cubaine à l’université de la Havane.
[296] EU box 824 : lt. confid de Max V. Krebs, de l’ambassade américaine de Manille, au département d’état, 15 janv. 1962 : « Kennedy, the Hitler of America » ; « this flagrant violation of the Unesco charter ».
[297] Propos de Jean Berthoin à la conférence générale de 1962, cités dans F. Valderrama, op. cit., p. 134.
[298] Congrès, Vol. 109, 88e congrès, 1e session, 9 janv-30 déc. 1963 : 14 fév. 63, House, M. Morris de New Mexico : « United nations and farm aid to Cuba », p. 2274-2275. « enemy » ; 21 fév. 1963, House, « special fund of UN to help Castro - a paradox », p. 2683-2685, McIntire. « shocked » ; 14 fév. 1963, Senate, « Subcomittee on international organization affairs investigation of actions by UN », p. 2310-2312 : M. Church.
[299] « Freeman Pledges $50 million to UN Food Plan », Washington Star, 5 sept. 1962 ; cité dans : « special fund of UN to help Castro - a paradox », doc. cit.
[300] W. Preston, p. 108-109.
[301] INA : 25 janvier 1969, JT 13h, « avenue de Ségur : le point ».
[302] X 07.21 (44) Club : doc. « Stage de perfectionnement d’animateurs de clubs Unesco, Avallon, 7 sept. 1972 : l’Unesco pour la paix » ; ordre du jour de la réunion de rentrée du Club Unesco de Poitiers, 21 oct. 1972.
[303] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 24 déc. 1970, doc. cit., p. 27 ; Benton, box 396 : mémo de Wade à Benton, 3 janv. 1966.
[304] Benton, box 400 : lt. de John Howe à Benton, 24 juin 1964.
[305] UNISIST, étude sur la réalisation d’un système mondial d’information scientifique, Paris, Unesco, 1970, p. 171-173.
[306] Unisist, SC/MD/25, oct. 1971, doc. cit.
[307] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 16 avril 1970, p. 4-5. L’opposition du délégué soviétique Mikhailov au lancement de l’Unisist, au sein du comité central Unesco-CIUS, est interprété par le département d’état américain comme une peur des Soviétiques que ce programme fasse apparaître leur infériorité technique dans ce domaine.
[308] Interview Tocatlian.
[309] Interview Acher Deleon ; Seth Spaulding et Lin Lin, Historical Dictionary ..., op. cit., p. 152-153.
[310] X 07.83 Maheu, IIa : lt. de R. Caillois et J. D’Ormesson à Maheu, 10 avril 1961.
[311] Rapport de l’URSS à la Conférence générale de 1962, p. 168.
[312] 3 A 31 : Equality of rights between races and nationalities in the USSR : 65 EX/12, 29 avril 1963, 7 p., p. 4.
[313] 3 A 31 : Equality of rights ...: The New York Times International Edition, 15 février 1963, p. 4: article de Arthur Krock, « In the Nation. The UN’s Tests of U.S. Fealty ».
[314] Congrès, Vol 107, 87e congrès, 1e session, 3 janv.-27 sept. 1961 : remarks in House : Unesco : bias in publications, p. 17624. Reports : Bias in Unesco publications, by Roman Smal-Stocki, p. 17624 ; Vol. 109, 88e congrès, 1e session, 9 janv.-30 déc. 1963 : 6 juin 1963, Senate, « Unesco policy on publications », p. 10354 : Church. Il inclut une lettre qu’il a reçue de Lucius Battle le 27 mai 1963.
[315] Unesco in a decisive decade, op. cit., p. 49.
[316] X 07 A 120/197 UNSA : Propositions de la commission nationale de l’URSS …, 31 mai 1965, p. 15.
[317] 3 A 54/53 Social and Human ..., II: lt. de Hochfeld à Piaget, 18 déc. 1964.
[318] EU, box 824 : lt. de Harlan Cleveland au sénateur Morse, 21 nov. 1961.
[319] EU, box 824, lt. de Morse à Cleveland, 9 nov. 1961.
[320] SCHM 41 : commentaires confid. de Raymond Aron sur le vol. VI, p. 1-4.
[321] SCHM 17 : lt. de Huxley à Berredo Carneiro, 17 avril 1961 ; lt. de Berredo Carneiro à Huxley, 27 juin 1961.
[322] SCHM 17 : lt. Métraux à Huxley, 14 fév. 1963 ; lt. Métraux à Carneiro, 18 mars 1965.
[323] SCHM 41 : commentaires de 1966, sur la 1ere version du vol. V : « the second paragraph should be deleted » ; commentaires de Tikhvinsky, de la commission nationale soviétique, sur le vol. 5, partie 4, chap. 4 ; commentaires de Laszlo Zsigmond, directeur adjoint de l’Institut Historique de l’Académie Hongroise des sciences : il dénonce le fait que le texte fasse de la Terreur le précurseur des régimes socialistes modernes ; Histoire de l’humanité, vol. 5, tome 1, p. 583-632.
[324] Ex : Histoire de l’humanité, Vol. V, chap. « La révolution scientifique » ; vol. 5, tome 1, p. 542 ; vol V, tome 1, chap. « Les institutions », et tome 2, notamment le chapitre « Les Britanniques en Inde ».
[325] Histoire de l’humanité, vol. 5, tome 1, p. 266-376, p. 377, 380.
[326] Histoire de l’humanité, vol. 5, tome 1, p. 395-442. ; p. 142, p. 371.
[327] SCHM 17 : lt. de Métraux à Carneiro, 25 mai 1963.
[328] SCHM 2 : mémo confid. de G. Métraux à Carneiro, 5 mai 1964.
[329] Histoire de l’humanité, vol. 5, tome 1, p. 10-13.
[330] Ch. Morazé, « Avertissement au lecteur », Histoire de l’humanité, op. cit., p. 6-9.
[331] SCHM 17 : lettre de Métraux à Carneiro, 9 août 1960.
[332] RU, FO 924/1720 : J.C. Edmonds à M. Brown, 24 août 1966 : « it might be used as a vehicle for Soviet propaganda » ; « most likely to lend itself to anti-Western propaganda » ; « most important » ; lt. de J.P. Ford à R. Cecil, 14 nov. 1966.
[333] EU, box 823 : mémorandum de conversation entre Maheu et Harlan Cleveland, 5 juill. 1961, p. 2.
[334] La délégation américaine présente à la 88e session du conseil exécutif un document intitulé « Discrepancies in Language Editions of the Unesco Courier » ; EU, box 3226 : report of the US delegation to 88th session executive board, 6 oct.-2 nov. 1971, 17 p., soumis au secrétaire d’état, p. 10-12 : propos de M. Shahab du Pakistan : « sinister Unesco plot to divide the Islamic world ».
[335] EU, box 3226 : report of the US delegation to 88th session executive board, doc. cit., p. 11-12.
[336] X 07 A 120/197 UNSA : Propositions de la commission nationale de l’URSS …, 31 mai 1965, doc. cit., p. 1.
[337] Courrier de l’Unesco, avril 1967, « L’URSS aujourd’hui ».
[338] RU, FCO 61/750 : « Lenin : Protest Against Unesco Symposium » par Michael Charuk, Yorkshire Post, 21 avril 1970 ; lt. confid. de L.C.J. Martin à J. Thomas, 17 janv. 1966 ; lt. confid. de L.C.J. Martin à Maheu, 24 mars 1966 ; lt. de W.J. Smith à Williams, 7 janv. 1970.
[339] Benton, box 394 : Philip Shabecoff, « Marx Acclaimed in West Germany », New York Times, 12 mai 1968 ; FR, Nantes, carton 104 : PI/P, n°34, 29 avril 1968.
[340] RP, 31 mai 1968 : Times Literary Supplement, Londres, 16 mai 1968 : « Unesco (…) was perhaps not the ideal sponsor for such a discussion » ; L’Express, 6-12 mai 1968.
[341] Vassili Vakhrouchev, « Moins de paroles et plus d’action ! », Les Nouvelles de Moscou, n°42, 19 oct. 1968.
[342] 15 C, resol 3.12 ; 15C/DR.38 et rev.1 ; 15C/Report of the programme commission, p. 232 ; 15C/Res.3.112. (cité dans C. Osakwe, op. cit., p. 150)
[343] RU, FCO 61/ 581 : lt. confid de H.W. King, UN Dept., à M. Peck, 4 déc. 1969 ; note confid. « Unesco symposium on Lenin », par Miss S.M. Binns, 17 nov. 1969.
[344] Rapport de la délégation américaine au sous-comité pour les sciences sociales, les sciences humaines, et la culture, à la conférence générale, 24 oct. 1968. « historical figures whose lives and works unquestionably fall within the purview of the purposes for which this org was created » ; « inappropriate » ; « precursor of world science » ; « an attempt to political propaganda and an activity quite incompatible with Unesco’s purposes. Such an activity would jeopardize the widespread popular support for Unesco that has developed over the years of its existence ». Cité dans Congrès, Vol. 115, 91e congrès, 1e session, 3 janv.-23 déc. 1969 : 21 mai 1969, extensions of remarks, House of representatives, «V.I. Lenin, Unesco idol », par John R Rarick, de Louisiane, p. 13440-13443.
[345] RU, FCO 61/ 581 : lt. confid de H.W. King à John Peck, 4 déc. 1969. « strong personal remonstrance » ; lt. de John Peck à H.W. King, 8 déc. 1969 : « intolerable » ; note de S.M. Binns, 17 nov. 69, doc. cit. ; note confid. de J.E. Tyrer, 10 nov. 1969.
[346] RU, FCO 61/ 581 : lt. de I.N. Jenkins à Binns, 30 oct. 1969.
[347] Eugene Lyons, éditorial « The UN adopts Lenin », Human Events, 17 mai 1969, cité dans Congrès, Vol 115, 91e congrès, 1e session, 3 janv.-23 déc. 1969 : 21 mai 1969, extensions of remarks, House of representatives, «V.I. Lenin, Unesco idol », par John R. Rarick, de Louisiane, p. 13440-13443.
[348] Congrès, Vol. 115, 91e congrès, 1e session, 3 janv.-23 déc. 1969 : 21 mai 1969, extensions of remarks, House of representatives, «V.I. Lenin, Unesco idol », par John R. Rarick, de Louisiane, p. 13440-13443.
[349] Film n° 2309, 1970 ; Film n° 220, 1970.
[350] FR, Nantes, carton 104 : lt. de Jean Fernand-Laurent au ministre affaires étrangères, 16 avril 1970 ; SHC/CONF.3/2, Paris, 23 mars 1970 ; FR, Nantes, carton 104 : lt. de Jean Fernand Laurent au ministre des affaires étrangères, 22 avril 1969.
[351] Tampere symposium on Lenin, 1970 (SHC/CONF.3) : colloque sur « Lénine et le développement de la science, de la culture et de l’éducation », Tampere, Finlande, 6-10 avril 1970 ; cf. 001 + Lenine/A 06 (480) « 70 ».
[352] EU, box 3222 : report of US delegation to 84th session executive board, 4 mai-19 juin 1970, 24 p., p. 21.
[353] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 24 déc. 1970, 56 p., p. 55.
[354] Congrès, Vol. 116, 91e congrès, 2e session, 19 janv. 1970-2 janv. 1971 : « Unesco denounced for honoring Lenin, Ukrainian Congress Committee of America », p. 13309.
[355] Courrier de l’Unesco, juill. 1970, p. 4-21.
[356] 16C/VR.15.4.1-35, p. 473-483 : discours de M. Zemskov, 20 oct. 1970.
[357] Cf. 001 + Lenine/A 06 (480) « 70 » ; Congrès, «V.I. Lenin, Unesco idol », par John R. Rarick, Vol. 115, 91e congrès, 1e session, 3 janv.-23 déc. 1969 : Unesco tribute to Lenin, p. 13441.
[358] C. Osakwe, op. cit., p. 150. « greatest victory ».
[359] EU, box 3213 : confidential report of US delegation to 82th session executive board, 22 mai-16 mai 1968, soumis au secrétaire d’état par Katie S. Louchheim, présidente de la délégation américaine, 11 p., p. 2.
[360] Michel Batisse, « En souvenir de Victor Kovda », Lien-Link n°40, 1992.
[361] 5 A 54/51 Survey of the Main Trends of Inquiry in scientific research, VII : lt. de Matta Akrawi, directeur du bureau Unesco de New York, au DG, 21 décembre 1960.
[362] 5 A 54/51 Survey of the Main …, VII : mémo de Kovda à Maheu, 27 janv. 1961.
[363] 5 A 54/51 Survey of the Main ..., VII : comments of the USA on the recommendations for future action made in the survey on the main trends of inquiry in the field of the natural sciences, the dissemination of scientific knowledge and the application of such knowledge for peaceful ends, UN document E/3362, 3 p.
[364] EU, box 3338 : IOC, 4th session, Paris, Nov. 3-12, 1965, position paper.
[365] Unesco in a decisive decade, op. cit., p. 12, 18.
[366] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 24 déc. 1970, 56 p., p. 15-16.
[367] Washington Post, 21 sept. 1961 : « 20 Nations Join on Sponsoring Indian Ocean Research Project », par Howard Simons.
[368] 551.46 (267) A 031 IOBC « -66 », II-III : lt. de Vagn Hansen à Fedorov, 18 oct. 1963 ; lt. de Vagn Hansen à T.R. Parsons, 26 nov. 1963 ; mémo de Fedorov à Saba, 31 déc. 1963.
[369] 551.46 (267) A 031 IOBC « -66 », II-III : lt. de Vagn Hansen à Fedorov, 18 oct. 1963.
[370] RFA, Bestand B30, Band 547 : mémo de Schraepler, 28 juill. 1971.
[371] M. Prévost, op. cit., p. 110-112.
[372] FR., Nantes, carton 59 : lt. de Pierre Couturier à Robert Schuman, 8 janv. 1972.
[373] Interview Dumitrescu.
[374] C. Osakwe, op. cit., p. 162-164.
[375] 372/8/MP 01, V : lt. de Vera à Diez Hochleitner, 2 mai 1961.
[376] Lien-Link n°81 : « Le projet majeur d’éducation primaire en Amérique latine », par Miguel Soler Roca.
[377] EU, box 3213 : confidential report of the US delegation to the 82th session of the executive board, doc. cit., p. 2. « part and parcel of the overall effort of the Soviets to penetrate Unesco’s regular program for their own propaganda purposes ».
[378] FR, Nantes, carton 104 : lt. de Jean Fernand Laurent au ministre des affaires étrangères, 25 fév. 1970, 4 p. ; « Unesco : vers un nouveau modèle éducatif », Réforme, 28 février 1970.
[379] Christiane Desroches-Noblecourt, La Grande Nubiade, ou le parcours d’une égyptologue, éditions Stock-Pernoud, 1992, Paris, 539 p., p. 219-220, 236-237.
[380] Hassan Nafaa, op. cit., p578-582.
[381] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris, doc. cit., 24 déc. 1970, p. 54 ; EU, box 3224 : lt. du 13 août 1971, de Herter à Maheu.
[382] EU, box 820 : Vadim Zagladine, « A l’Unesco », doc. cit., p. 5.
[383] Déclaration de Veronese à son arrivée à l’aéroport de Moscou, 2 juin 1960.
[384] Veronese, carton 32 : aide mémoire confidentiel du 10 juin 1960, doc. cit.
[385] ODG/Memo/926855, 10 juin 1960, doc. cit.
[386] Arturo de la Guardia, « A very high calling », in René Maheu. Portrait-souvenir…, op. cit., p. 57.
[387] Le Monde, 21 août 1963, p. 1-2 : « L’Unesco se propose de donner une nouvelle orientation à son action, déclare au Monde M. René Maheu ».
[388] RU, ED 121/1163 : The Sunday Times, 11 août 1963 : « Unesco peace-work given a go-ahead by the Russians », par Ian Munro.
[389] G. Archibald, op. cit., p. 300.
[390] Lien-Link n°78 : « René Maheu : A real man for all seasons » par Erwin Solomon.
[391] Veronese, carton 32 : aide mémoire confid. du 10 juin 1960, doc. cit.
[392] Chris Osakwe, p. 163-164.
[393] EU, box 3340 : confidential report of the US delegation to the 72th session of the executive board, par Benton, doc. cit., p. 15-16. « shy, studious, gentlemanly and cooperative » ; « new attitude ».
[394] X 07.83 Maheu, IIa : doc « Mission de M. Maheu, DG, en Union soviétique », 16 juillet 1963, p. 2.
[395] X 07.83 Maheu, IIa : note pour le voyage de Maheu en URSS, non daté, 5 p., p. 3.
[396] RP, 18 mai 1973.
[397] RP, 18 mai 1973 : Les Nouvelles de Moscou, n°12, 1973 ; Pravda, 10 mars 1973 ; Literaturnaya Gazeta, 14 mars 1973 ; Le Figaro, 12 mars 1973, 16 mars 1973, et 27 fév. 1973 : « L’URSS voudrait donner une nouvelle preuve de son ouverture à l’ouest » par Robert Lacontre ; Le Monde, 27 mars 1973, et 11-12 mars 1973 : « l’adhésion de l’URSS à la convention sur le droit d’auteur n’aura pas d’effet rétroactif », par Alain Jacob (citation tirée de ce dernier article).
[398] RP, 18 mai 1973 : L’Express, 19-25 mars 1973 : « Le moujik et l’absolu » par Matthieu Galey ; International Herald Tribune, 6 mars 1973 ; New York Times : éditorial « Soviet Copyright » ; The Times, 2 mars 1973 : « Authors Rights, or Authors Wronged ? » par Nicholas Bethell. New York Times, 18 mars 1973, « Moscow Amends Law on Copyright » ; The Times, 27 mars 1973 : « Soviet Dissidents Accuse Unesco » ; New York Times, 28 mars 1973 : « 6 Soviet Intellectuals Warn of Danger in Moscow’s acceptance of World Copyright Law », par Hedrick Smith (« Six intellectuels soviétiques mettent en garde contre le danger de l’acceptation par Moscou de la convention sur le droit d’auteur ») ; New York Times, 25 mars 1973 : « US Authors Ask a Bar to Soviet » par Wolfgang Saxon ; New York Post, 2 avril 1973 : « Dissidents Fear Soviet Copyright » par Michael J. Berlin.
[399] René Maheu. Portrait-souvenir, op. cit., article de Michel Batisse, p. 39.
[400] Veronese, carton 32 : lt. de J. Thomas à Veronese, 1er sept. 1960.
[401] Le Polonais Kasimir Kumaniecki ; en 1965 il est remplacé par le Tchèque Jaroslav Prusek ; en 1971 lui succède le Roumain Emil Condurachi.
[402] EU, box 823 : confid. report on the eighth session of the international advisory committee on research in the natural sciences programme of Unesco, par W.A. Noyes, 21 oct. 1961, 6 p., p. 2. « atmosphere of cordiality and cooperation ».
[403] Public Papers of the Secretary General of the United Nations, op. cit., Vol. VI, p. 205 : introduction au 17e rapport annuel du secrétaire général, U’Thant, 24 août 1962.
[404] P. Lengyel, op. cit., p. 46.
[405] OHRO, interview Luther Evans, p. 483.
[406] FR, Nantes, carton 117 : note au sujet de la 71e session du conseil exécutif, 23 nov. 1965, 8 p., p. 7-8.
[407] NUOI carton 835, note n°404/A/5.
[408] DG/1966/9, 26 août 66, p. 1-2.
[409] RU, OD 24/76 : lt. confid. de K.D. Law à H.W. King, 4 août 1969 : « genuinely friendly » ; « cordial ».
[410] EU, box 3223 : report of the US observer delegation to the conference of ministers of European member states responsible for science policies, organized by Unesco, Paris, 24-26 juin 1970, p. 6-7.
[411] Film n° 1073, 1972 ; film n° 411, 1972 ; film n° 1072, 1972.
[412] Milan Milanov, Unesco and Bulgaria, Sofia Press, 1985, 89 p., p. 25.
[413] Michel Batisse, « En souvenir de Victor Kovda », Lien-Link n°40, 1992.
[414] Interview Pauline Koffler.
[415] Interview Acher Deleon. Ex : une de ses premières missions en 1964-65 : pour une réunion à Budapest, il fallait représenter l’Unesco. Il a envoyé un Espagnol, c’est-à-dire qu’il s’est efforcé de ne pas tenir compte de la nationalité du fonctionnaire qu’il a envoyé, alors que d’autres auraient envoyé plutôt un fonctionnaire d’Europe de l’est.
[416] FR, Nantes, carton 117 : lt. d’Olivier de Sayve à M. Couve de Murville, 21 mai 1965, doc. cit., p. 4.
[417] FR, Nantes, carton 117 : note du 23 nov. 1965, doc. cit., p. 7-8.
[418] FR, NUOI 833 : note de Jean Fernand Laurent à la DGACT, 1er juin 1967 (cité par G. Bourreau, op. cit., p. 104-106).
[419] RU, LAB 13/2566: report of the working group on Unesco ; ce groupe a été mis en place par Barbara Castle, minister of overseas development ; 42 p., p. 18 ; FR, NUOI 835 : note de Jean Fernand Laurent à M. Couve de Murville, 24 mai 1967 (cité par G. Bourreau, op. cit., p. 104-106) ; NUOI 1105, note sur le Groupe de Genève, oct. 1964 (cité dans G. Bourreau, op. cit., p. 69).
[420] EU, box 3224 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 1er déc. 1972 : « polite, circumspect, and generally friendly ».
[421] RFA, Bestand B30, Band 547: note non signée, non datée, 5 p. ; X07.21/43-15 A562 : longue note sans titre ni date (sans doute rédigée à l’occasion du voyage de Maheu en RFA en juin 1970).
[422] RFA, Bestand B 30, Band 548 : de nombreux cables diplomatiques, sept. 1970 ; ex : cable du 24 sept. 1970, de Paris (diplogerma/Unesco), signé Petersen, 5 p.
[423] RFA, Bestand B 30, Band 548 : discours du chef de la délégation allemande, 12 oct. 1970, devant la conférence générale, 6 p.
[424] RFA, Bestand B 30, Band 548 : ex : câble du 23 sept. 1970, de Rötger ; câble du 23 sept. 1970, de diplogerma Unesco ; câble du 9 sept. 1970, de Turnwald ; câble de Münch du 11 septembre 1970 ; aide-mémoire de Valleta, 10 sept. 1970 ; câble de Weisel, de l’ambassade de RFA à Paris, 16 sept. 1970 ; câble de Diehl, 10 sept. 1970 ; câble de Petersen, 24 septembre 1970.
[425] 16 C/77, 17 sept. 1970 ; RFA, Bestand B 30, Band 548 : « Memorandum du ministère des affaires étrangères de la RDA », transmis par Petersen (câble de Petersen, 24 sept. 1970, 5 p.) ; EU, box 3229 : télégramme du département d’état à l’ambassade américaine de Paris, 2 oct. 1970 ; Band 544 : télégramme du 10 sept. 1970, par Nöbel ; télégramme du 28 août 1970, de Elsaesser ; Band 548 : aide-mémoire de septembre 1970 ; câble de Petersen du 28 sept. 1970 ; câble de Petersen à Bonn, 13 oct. 1970 ; câble de Petersen, de Paris vers Bonn, 7 oct. 1970 ; Band 547 : aide-mémoire du ministère des affaires étrangères de RFA, 12 oct. 1971.
[426] EU, box 1568 :lt. confidentielle de G.N. Shuster à Christian A. Herter, 26 juin 1959 : « the sudden, serious illness of Dr. Veronese » ; « it would be wise to prepare for almost any eventuality »; lt. confid. de Kellermann au département d’état, 6 juill. 1959, 11 p., p. 1.
[427] EU, box 820 : lt. confid. de Kellermann au département d’état, 20 juill. 1960: « the DG’s sensitivity to pressure » ; « his tendency to compromise » ; box 823 : mémorandum de conversation entre Maheu et Harlan Cleveland, 5 juill. 1961, p. 1 ; lt. confidentielle de John H. Morrow au département d’état, 18 juill. 1961, intitulée « Who is running Unesco ? ». « The recurrent and extended absences of director general V. Veronese make it obvious that he is not the individual who is shaping the destiny of Unesco » ; « René Maheu has taken over the leadership by default » ; « strategic position » ; « The least that can be said at this point in history is that the director general is not running the Organization ».
[428] OHRO, interview de Luther Evans, p. 319 et 699.
[429] P. Lengyel, op. cit., p. 32.
[430] EU, box 826 : mémorandum de conversation, département d’état, 13 août 1962.
[431] FR, NUOI 836, Personnel, projet de circulaire à tous les postes diplomatiques, déc. 1961 (cité par G. Bourreau, op. cit., p. 17-19).
[432] RU, ED 121/1159: lt. confid. de David Eccles à John Maud, 9 janv. 1962. « make the first-rate directeur général that Unesco has desesperately needed and never had » ; « increase the prestige of this country in the international arena » ; EU, box 824 : lt. confid. du 23 mars 1962, du département d’état à l’ambassade américaine de Paris.
[433] EU, box 825 : mémorandum de Donald B. Eddy à Hefner, 31 mai 1962, 4 p., p. 2-3 : « could well be disastrous for the organization in terms of sinking morale, decreasing efficiency, and the resignation of able men from the higher echelons of the Secretariat ».
[434] EU, box 827 : mémo confidentiel de Kotschnig à Cleveland et Battle, 10 juin 1962.
[435] EU, box 826 : télégramme du département d’état aux ambassades américaines de Vienne, Paris, Istanbul, 18 août 1962 ; mémorandum de conversation, département d’état, 13 août 1962 ; RU, ED 121/1159 : télégramme confid. du Foreign Office à l’ambassade britannique de Buenos Aires, 23 août 1962.
[436] RU: ED 121/1159 : Director General of Unesco. Points for consideration at Minister’s meeting on 28-8-1962.
[437] FR, NUOI 836, note pour le secrétaire général de la DGACT, J. Basdevant, 14 nov. 1961, cité par G. Bourreau, op. cit., p. 17-19.
[438] EU, box 826.
[439] RU, ED 121/1159 : Director General of Unesco. Points for consideration at Minister’s meeting on 28-8-1962. « a new and realistic slant to Unesco’s programme » ; « he has a thorough and comprehensive knowledge of Unesco’s acitivties, and of its staff. » « He is an extremely able man. He is ambitious, impatient at times […]. But he keeps things firmly under control. He has a good political sense […]. He has won much support among under-developed countries ; they may well be ready to accept some slimming of the Programme with better grace if Maheu remains in charge » ; « his rough manners with senior staff ; his predilection for the French doctrine of « balance » in the programme ».
[440] Ibid.
[441] RU, PREM 11/5185 : record of meeting with Prime Minister, 10 april 1964 : note confid intitulée « R. Maheu ».
[442] Ascher, box 145 : lt. d’Ascher à Maheu 19 nov. 1962 ; Benton, box 401 : lt. de Benton à Battle, 13 avril 1964.
[443] RU, ED 121/1158 : UK national commission for Unesco. Working party on policy, structure and functions, short note on recent British policy towards Unesco, non daté. « political arena ».
[444] RU, ED 121/1163 : lt. de Edward C.G. Boyles à Peter Smithers, 10 sept. 1963. « radical reorientation » ; « most surprising and clearly we must pursue the matter with him both behind the scenes and as proves necessary at the Board meeting itself » ; memoranudm par L.C.J. Martin, 17 sept. 1963, 3p : Press interviews of the director general of Unesco : « The publication of these reports is surprising » ; « the method and the tone of the presentation of these ideas to the press consitute an unfortunate and unnecessary departure from normal practice ».
[445] RU, ED 121/1163 : lt. de Benton à Edward Boyle, ministre de l’éducation britannique, 9 sept. 1963.
[446] RU, OD 24/15 : nombreuses lettres ; ex : note confid. de A.B. Cohen à John Wolfenden, 6 janv. 1966 ; note confid. de L.C.J. Martin à Andrew Cohen, 14 juill. 1966.
[447] Benton, box 397: lt. de Benton à H. Cleveland et L. Battle, 21 oct. 1963 ; en 1963, Benton observe que l’influence des Etats-Unis sur l’Unesco est importante et que cela agace Maheu, qui est en outre mécontent de n’avoir pas pu rencontrer le président des Etats-Unis lors de son dernier séjour aux Etats-Unis (EU, box 4247 : confidential, Some miscellaneous observations on Unesco’s 65th executive board meeting, Paris, april 29th-may 17th, 1963, by William Benton, 14 p., p. 2-3 ; Benton, box 401 : lt. de Benton à Douglass Cater, 15 oct. 1965.
[448] FR, Nantes, carton 6, lt. de Jean Fernand Laurent à la DGACT, 21 juill. 1967 (cité par G. Bourreau, op. cit., p. 19) ; lt. de Jean Fernand Laurent au ministre des affaires étrangères, 24 oct. 1967.
[449] Journée d’hommage à René Maheu, Cahier I, op. cit. : John Fobes, « La fonction publique internationale », p. 30-33 ; René Maheu. Portrait-souvenir …, op. cit., article de Sybil Claude, p. 53.
[450] EU, box 3214 : note confid. sur R. Maheu. « Mr Maheu’s entire career has been in Unesco. He rose steadily in the ranks of the organization » ; « Mr. Maheu has been an astute, imaginative, and aggressive director general with a pronounced inclination for « empire building » and a flair for public relations » ; « without always giving due concerne for the efficiency and effectiveness of present projects. He has catered to the desires of Afro-asian majority in Unesco for additional aid and has often by implication cast the major donors in an unfavorable light for their reservations about budget increases. » « Perhaps as a conditioned reflex of a European intellectual, he has been somewhat suspicious of the motives of US bilateral aid programs.While Mr. Maheu’s strong leadership has been one of our principle Unesco concerns, we have been able to establish a satisfactory working relationship with him and expext to be able to continue it. »
[451] EU, box 3222 : report of the US delegation to the 84th session of the executive board, doc. cit., p. 4
[452] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 24 déc. 1970, 56 p., p. 44-46. « French influence in Unesco, which is considerable, does not depend on the size of its mission or the competence of its representatives. It is based on the fact that the permanent delegation and the board member can call at any time on the services of experts in the Foreign Ministry and in other agencies of the French government who, because of the location of Unesco’s headquarters in Paris, are more attuned to Unesco activities than the experts of other member states in distant capitals. For this reason, the French delegations at Unesco meetings are often better prepared than the other participants. This is true also of the French delegations to the general conference which play an active role in all the committees and commissions of the conference. » ; « a significant input » ; « the introduction of French ideas and initiatives into Unesco’s activities and program ».
[453] X 07 A 120/197 UNSA : commentaires de la commission nationale italienne sur le programme et budget 1967-68, 17 p., p. 11 : l’Italie s’alarme que « la culture risque de mourir sous le poids de l’information ». Courrier de L’Unesco, mai 1959, p. 25 : extrait d’une conférence sur « La jeunesse face au monde d’aujourd’hui », par Veronese ; DG/127, 1966.
[454] X 07 A 120/197 UNSA : commentaires de la commission nationale italienne …, doc. cit., p. 3-4. ; propositions de la commission nationale de l’URSS …, 31 mai 1965, doc. cit., p. 15.
[455] XO7.21(44)NC, III : « Point de vue de la France sur les orientations de l’Unesco. Commission nationale, stage préparatoire à la conférence générale », 3 novembre 1960, p. 3.
[456] 11 C/8, 20.1, propos de Julien Cain, chef de la délégation française, 19 nov. 1960 ; 11 C/29, 24.1, propos de M Hessel, membre de la délégation française, 14 déc. 1960.
[457] FR, NUOI 834, 14e conférence générale, instructions générales au représentant français auprès de l’Unesco, par M. Guillaumat.
[458] 12 C/ 19, 8.7, 21 nov. 62, et 12 C/ 29, 8 .9, annexe III ; 12 C/32, paragr 5.1 (cité par G. Bourreau, op. cit., p. 21 et 41).
[459] RU, OD 24/041 : rapport de Mary Smieton, juill. 1965, 10 p., p. 8-9 ; lt. de Shirley Guiton à L.C.J. Martin, 5 fév. 1965.
[460] XO7.21(44)NC, IV : Commentaires et propositions du gouvernement français sur le programme et budget de l’Unesco 1965-66, 25 juin 1963, 14 p., p. 4 et 11.
[461] X 07.21 (44), I : observations du gouvernement français sur l’avant-projet de programme et de budget 1965-66, 17 déc. 1963, p. 2.
[462] 372 (8) MP01 A 63 (81), III : brochure « CRPE, 3e cours de spécialistes en éducation pour l’Amérique latine, projet majeur n°1 de l’Unesco, 15 mars-10 déc. 1960 ». Alain Touraine en particulier y donne un cours ; rapport de Clément Féraud, expert de l’Unesco à Rio, 25 juin 1960.
[463] X 07 A 120/197 UNSA : observations et commentaires du gouvernement français sur l’avant projet…, doc. cit., p. 8-10.
[464] 3 A 54/53 Social and Human Sciences. Study on trends of research. General, I : mémo d’André Bertrand à Adisheshiah, 17 mai 1962 ; et annexe I : « Projet relatif à la préparation d’un rapport, à l’échelle mondiale, sur les tendances actuelles de la recherche dans les sciences sociales », 3 p. ; mémo de Maheu à Bertrand, 4 juin 1963.
[465] 3 A 54/53 Social and Human …, IV : mémo d’André Bertrand, à Maheu, 11 fév. 1966 ; mémo de M. Elmandjra au directeur de cabinet du DG, 5 avril 1967 ; mémo de S. Friedman à Mahdi Elmandjra, 30 mai 1967.
[466] FR, Nantes, carton 104 : lt. de Jean Fernand Laurent au ministre des affaires étrangères, 6 janvier 1970. « La France est à l’origine de ces deux études ; la part des Français dans leur réalisation sera prépondérante. »
[467] FR, Nantes, carton 123 : SHC/CS/188/1 à 19, documents de travail de la table ronde sur la politique culturelle, Monte-Carlo, déc 1967 ; notamment SHC/CS/188/19, 7 mai 1968, rapport final, 45 p.
[468] RP 15 janv. 1968 : Le Monde, 19 déc. 1967, « Questions et réponses sur la cutlure ».
[469] FR, Nantes, carton 123 : SHC/MD/1 à 13 : documents de travail de la conférence intergouvernementale sur les aspects institutionnels, administratifs et financiers des politiques culturelles, Venise, 24 août-2 sept. 1970 ; notamment SHC/MD/13, 26 oct. 70, rapport final, 76 p. ; Film n°258, 1970.
[470] FR, Nantes, carton 123 : communication au conseil des ministres de M. Edmond Michelet, sur la conférence de Venise, 1970 ; RP, 9 sept. 1970 : Le Monde, 29 août 1970, et 6-7 sept. 1970. L’Express, 7 sept. 1970 : article intitulé « Les pélerins de la culture ». Et L’Humanité.
[471] FR, Nantes, carton 104 : lt. de Jean Fernand Laurent au ministre des affaires étrangères, 6 janv. 1970 ; suggestions du gouvernement français pour le programme 1971-72, envoyées au directeur général en juin 1969 (citées dans cette lettre). La commission nationale italienne a été tout-de-suite très intéressée, et a proposé de fondre ce projet « avec l’idée italienne très voisine qui a été esquissée dans le « manifeste pour une encyclopédie du XIXe siècle, conçue en tant que lexique des principaux problèmes », manifeste rédigé par M. Aldo Ferrabino. La commission nationale française a organisé une réunion de travail le 5 décembre.
[472] Interview Bonnefoy. Celui-ci a finalement plus tard rédigé un dictionnaire de concepts, le Dictionnaire des mythologies, en collaboration avec J.-P. Vernant, mais indépendamment de l’Unesco.
[473] FR, Nantes, carton 78 : note au sujet de ‘L’homme et la biosphère’, signée H.J., 19 oct. 1970.
[474] EU, box 3224 : report of the US delegation to the 89th session of the Unesco executive board ; box 3229 : report of the US delegation to the 17th session of the general conference, doc. cit., p. 21.
[475] 37 : 362 .92 (5-011) « -66 », IV : memo de Maheu à McCune, 26 juill. 1961.
[476] X 07.21 (44) D, I : lt. d’Olivier de Sayve à V. Kovda, 30 nov. 1963.
[477] X 07.21 (44) D, I : ODG/DG/Memo 27.238, 27 déc. 1963.
[478] X 07.21 (44) D, I : lt. d’Olivier de Sayve à Maheu, 1er fév. 1966 ; lt. de Jean Fernand-Laurent à Maheu, 16 mai 1968.
[479] FR, cabinet du ministre, Couve de Murville, carton 180, lt. de Couve de Murville à Xavier Deniau, 25 mai 1968, annexe : circulaire adressée par le gouvernement français à tous les postes diplomatiques (cité par G. Bourreau, op. cit., p. 24.)
[480] FR, Nantes, carton 124 : note au sujet de la conférence d’Helsinki, 1971 : « il est évident que le français doit avoir le pas sur l’anglais. […] notre langue doit être beaucoup plus diffusée derrière le rideau de fer qu’elle ne l’est actuellement ».
[481] RU, PREM 11/5185 : record of meeting with Prime Minister, 10 april 1964 : note confid. intitulée : R Maheu.
[482] X 07.21 (44) D, II : lt. de Pierre Maillard à Maheu, 6 mai 1971.
[483] Film n°286, 1972.
[484] 3 A 54/53 Social and Human ..., IV : mémo de Julian Hochfeld à Elmandjra, 7 janv. 1966.
[485] 3 A 54/53 Social and Human…, IV : mémo de Julian Hochfeld à Elmandjra, 14 janv. 1966.
[486] Ibid.
[487] 3 A 54/53 Social and Human …, IV : lt. de Elmandjra à Hochfeld, 19 janv. 1966 : il lui transmet l’avis de Maheu.
[488] interview Foecke.
[489] RU, LAB 13/2566 : report of the working group on Unesco, doc. cit., p. 17.
[490] FR, NUOI 836, note de la DGACT pour la direction des affaires politiques, 13 février 1965 ; note de la direction des NUOI pour la DGACT, 25 fév. 1965 (cité dans G. Bourreau, op. cit., p. 104-106).
[491] X 07.83 Lengrand, I : projet de déclaration sur les relations avec l’Unesco, par le directeur de l’enseignement et des affaires culturelles et scientifiques, mars 1966.
[492] X 07.83 Lengrand, I : mémo de Lengrand à Betancur, 29 mars 1966, 6 p., p. 2.
[493] FR, NUOI 835 : télégramme de l’ambassade française au Luxembourg, 3 août 1968 ; note pour le secrétaire général de la DGACT, 8 août 1968 ; télégramme de M. Poussard, bureau des organisations internationales, à l’ambassade de France au Luxembourg, 22 août 1968 (cité par G. Bourreau, op. cit., p. 102-103).
[494] NUOI 833, groupe européen, note de Jean Fernand Laurent à DGACT, 1er juin 1967 (cité dans G. Bourreau, op. cit., p. 104-106.)
[495] RU, LAB 13/2566 : report of the working group on Unesco, doc. cit., p. 18 ; FR, NUOI 835 : note de Jean Fernand-Laurent à Couve de Murville, 24 mai 1967 (citée par G. Bourreau, op. cit., p. 104-106) ; FR, NUOI 1105, note sur le groupe de Genève, octobre 1964 (citée par G. Bourreau, op. cit., p. 69).
[496] EU, box 3340 : confidential report of the US delegation to the 72th session of the executive board, par Benton, 30 p., p. 11. « impressed and encouraged by the success of this newly-created mechanism ».
[497] RU, LAB 13/2566 : report of the working group on Unesco, p. 18.
[498] RU, OD 24/119 : lt. de M.L. Cahill à Burgess, 2 oct. 1972.
[499] EU, box 3225 : airgram de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 24 déc. 1970, doc. cit., p. 51-52.
[500] FR, NUOI 834, compte rendu de la délégation française sur la 15e conférence générale ; NUOI 835 : lt. de Jean Fernand-Laurent à la DGCAT, non datée ; note de la direction des NUOI pour la DGACT, 14 mai 1968. (docs. cités par G. Bourreau, op. cit., p. 87-88) ; Interview Jean-Claude Pauvert.
[501] FR, NUOI 835 : lt. de Jean Fernand-Laurent à la DGACT, 24 oct. 1969 ; doc. cité dans G. Bourreau, op. cit., p. 59.
[502] Julian Huxley, Memories II, p. 36.
[503] Benton, box 401 : lt. de G.V. Allen à Thomas A. Brindley, 22 juin 1967.
[504] X 07.83 Maheu, VI : note sur coopération Unesco-ALECSO, 15 mars 1973 : le 26 novembre 1957, est signé un accord de coopération entre l’Unesco et la Ligue arabe. Tous les Etats membres de la Ligue arabe font partie de l’ALECSO, sauf le Liban, le Maroc, et la Tunisie. La Palestine est membre de l’ALECSO sans être membre de la Ligue arabe. Le budget de l’ALECSO est alimenté par les contributions de ses Etats membres. En 1972-73, le budget de l’ALECSO s’élève à plus de 3 millions de dollars.
[505] Congrès, vol. 112, 89e congrès, 2e session, 10 janv.-22 oct. 1965 : 24 août 66, House : « UNRWA misuse of US funds », p. 20423-20424. Intervention de Mr. Friedel, du Maryland. « various substantial abuses in the UNRWA operations » ; « hatred directed against the West and particularly against the US and the State of Israël » ; Baltimore Jewish Times, 29 juill. 1966 : « How Stupid Can One Get ? », par Eliezer Whartman ; éditorial, « We Accuse UNRWA », in Bulletin of the Society for the prevention of World War III, janvier-mars 1971. Articles cités dans : Congrès, vol. 116, 91e congrès, 2e session, 19 janv. 1970-2 janv. 1971 : 27 février 1970, Sénat, p. 5264-5265 : « Should UN funds finance the training of Arab terrorists ? », Mr Dodd. « training grounds for Arab guerillas ». Congrès, Vol. 115, 91e congrès, 1e session, 3 janv.-23 déc. 1969 : UNRWA, 35210. Congrès, Vol. 116, 91e congrès, 2e session, 19 janv. 1970-2 janv. 1971 : UNRWA, 39153, 39151, 39154, 39157 ; « We accuse UNRWA », 5264, 12298. Congrès, Vol 117, 92e congrès, 1e session, 21 janv.-17 déc. 1971 : UNRWA, p. 15117.
[506] DG/68/8, 10 juill. 1968, p. 5-6.
[507] EU, box 3212 : 3 oct. 1968, 15 USGC/0.6/7, contingency paper, Middle East conflict, 23 p.
[508] Rapport du directeur général sur 1969, p. 33 ; rapport du directeur général sur 1971, p. 45.
[509] Knud Mortensen, K.D. Wagner, op. cit., p. 63-64 ; EU, box 3222 : report US delegation to the 84th session of the executive board, doc. cit., p. 24. « troublesome » ; RU, FCO 61/585 : télégr. confid, de Stewart, Foreign and Commonwealth Office, à Paris, 7 mai 1969 ; confid. Unesco executive board 82th session. UK delegation brief ; X 07.83 Maheu, VI : mémorandum n°3 du ministre de l’éducation de Jordanie à Maheu pour sa visite en Jordanie les 27-28 avril 73, 11 p. ; rapport du DG sur 1973, p. 48 ; X 07.83 Maheu, VI : note de synthèse sur la visite du directeur général en Jordanie, 25 avril 1973, 8 p., p. 5.
[510] 12 C/10 Add.8 9 nov. 62 : rapports des Etats membres à la conférence générale de 1962 : Israël : 18 p., p. 1.
[511] FR, NUOI carton 835, n°404/A/5.
[512] FR, NUOI 833, note de la DGACT à la direction des NUOI, copie d’une lettre du 10 avril envoyée par le délégué permanent, 12 avril 1967 ; note de la direction des NUOI pour la DGACT, 27 avril 1967. Cité par Bourreau, p. 88-89. La France, sondée par Israël, décide initialement de ne pas soutenir cette demande d’Israel, et de s’en tenir à la décision prise par Maheu en 1966.
[513] G. Bourreau, op. cit., p. 88-89. NUOI 833, note de la direction des NUOI pour la DGACT, 2 mai 1967. NUOI 833, lt. de Jean Fernand-Laurent à la DGACT, 3 mai 1967.
[514] L’Aurore, mars-avril 1972 : « L’Unesco censure Ionesco ».
[515] 18 C/ Resol. 3.427 (1974) : protection des biens culturels à Jérusalem ; rejet de l’amendement israélien à la resol. 18 C/46.1 (1974) (cité par S. Haffar, op. cit., p. 320) ; Encyclopedia universalis, 1990, article « Unesco » par V.-Y. Ghebali.
[516] M. Prévost, p. 239-241. Samir Haffar, op. cit., p. 308, 313.
[517] Congrès, Vol. 120, 93e congrès, 2e session, 21 janv-20 déc. 1974 : 11 déc. 1974, House, « Foreign assistance act of 1974 », p. 39129-39178. M. Koch.
[518] Encyclopedia universalis, 1990, article « Unesco » par V.-Y. Ghebali.
[519] Samir Haffar, op. cit., p. 313-314 et 317 : Pierre Aubert, président de l’association Suisse-Israël, député, dans un discours à la tribune du Conseil des Etats, haute chambre du parlement helvétique, début déc. 1974, proteste contre l’exclusion d’Israël, affirmant que l’Unesco s’est « transformée en une société politisée et sectaire, légalisant l’ostracisme et justifiant les excès d’un racisme dont la fin du nazisme avait semblé libérer le monde pour toujours. » Eric Werner, universitaire genevois, affirme (dans la brochure du Centre d’information et de documentation sur le Moyen Orient intitulée « L’imposture : en marge de la conférence générale de l’Unesco, 1975 ») que l’Unesco a prononcé « l’annulation spirituelle d’Israël » ; « Ce qu’on doit se demander, c’est si l’exclusion géographique d’Israël ne doit pas être mise sur le même plan très exactement que les lois nazies de 1935 ».
[520] Congrès, Vol. 120, 93e congrès, 2e session, 21 janv-20 déc. 1974 : 11 déc. 1974, House, « Foreign assistance act of 1974 », p. 39129-39178. Bingham : « if we do not take a firm stand now, the politicizing of international organization such as Unesco is going to continue and worsen until these organizations are destroyed, and that would be a tragedy » ; « friend of ours » ; « it does itself considerable harm ».
[521] Congrès, Vol. 120, 93e congrès, 2e session, 21 janv.-20 déc. 1974 : 11 déc. 1974, House, « Foreign assistance act of 1974 », p. 39129-39178. Holtzman : « illegal » ; « prompted by Arab blackmail - pure and simple » ; 25 nov. 1974, « Foreign assistance act of 1974. S.3394. Amendment n°1995 » p. 37120.-37121; 4 déc. 1974, Senate, « Foreign assistance act of 1974 », p. 38104-38160 : M. Borock, p. 38138 ; Unesco votes to bar Israël from its European Grouping, 38137; Israel’s exclusion from Unesco, p. 41277; Unesco, withholding of Israeli funds, p. 37120 ; Withhold aid to Unesco, p. 39142. 17 décembre 1974, adoption du « Foreign Assistance Act », qui décide le retrait de la contribution américaine ; 19 déc. 1974, Senate, « Protests on behalf of Unesco », à propos de « Israel’s exclusion from Unesco », M. Case, p. 41277-41285. Cf. aussi S. Haffar, op. cit., p. 316.
[522] Pétition de Richard L. Coren, professeur à Drexel university, signée par des centaines d’universitaires de la region de Philadelphie, datée du 12 déc. 1974. Pétition organisée par des universitaires de Princeton, signée par des centaines d’universitaires dont des professeurs de Harvard, datée du 15 déc. 74. Pétition non datée signée de 207 universitaires de la région du New Jersey. Cité dans : Congrès, Vol. 120, 93e congrès, 2e session, 21 janv-20 déc. 1974 : 19 déc. 1974, Senate, « protests on behalf of Unesco », a propos de « Israel’s exclusion from Unesco », p. 41277-41285.
[523] INA : 21 nov. 1974, « Unesco et Israël », 2e chaîne, JT 20h ; 22 nov. 1974, 2e chaîne, « Israël et l’ONU », JT 20h ; 22 nov. 1974, « Unesco et Israël », JT nuit, 1e chaîne ; M. Prévost, op. cit., p. 239-241.
[524] News Release du American Jewish Congress, 27 nov. 1974. Cité dans Congrès, Vol 120, 93e congrès, 2e session, 21 janv.-20 déc. 1974 : 4 déc. 1974, Senate, « Foreign assistance act of 1974 », p. 38104-38160 : paroles de M. Borock, p. 38138.
[525] Samir Haffar, op. cit., p. 316.
[526] Congrès, Vol 120, 93e congrès, 2e session, 21 janv.-20 déc. 1974 : 11 déc. 1974, House, « Foreign assistance act of 1974 », p. 39129-39178. M. Koch.
[527] Le Figaro, 15 nov. 1974, p. 28 : « Protestation d’intellectuels français contre la position discriminatoire de l’Unesco envers Israël » ; lettre de Malraux à Maheu citée dans cet article ; Le Monde, 6 nov. 1974, p. 3 : « L’Unesco et Israël : protestation d’intellectuels contre un projet de condamnation d’Israël » ; « dans quelle région classer Israël ? », Le Monde, 7 nov. 1974, p. 4 ; « Réponse arabe à la correspondance du 6 novembre », Le Monde, 9 nov. 1974 ; « Les dirigeants de la communuaté juive de France lancent un appel au chef de l’état », Le Monde, 23 nov. 1974, p. 3 ; « L’Unesco a refusé d’inclure Israël dans une région du monde », par Maurice Delarue, Le Monde, 23 nov. 1974, p. 4 ; « Le Directeur Général de l’Unesco lance un appel à la tolérance », Le Monde, 26 nov. 1974, p. 4 ; « Questions orales au Sénat : l’ONU, l’Unesco et Israël », Le Monde, 28 nov. 1974, p. 9 ; « Les sénateurs reduisent les crédits à l’Unesco », Le Monde, 30 nov. 1974, p. 6 ; « Intellectuels, Unesco et propagande sioniste », Le Monde, 19-20 janv. 1975.
[528] Le Monde, 21 nov. 1974 : René Maheu, « Israël et l’Unesco ».
[529] Courrier de l’Unesco, décembre 1974, p. 41 : Alberto Obligado, « Israël et l’Unesco. Déclaration du Secrétariat de l’Unesco ».
[530] « Unesco and Israël », communiqué de presse COM.75/WS/10.
[531] Déclaration de M’Bow au journal Le Monde, relative aux décisions de la 18e session de la conférence générale concernant Israël, 7 déc. 1974.
[532] Yves Marie Laulan, op. cit., p. 91-92.
[533] Samir Haffar, op. cit., p. 310, 639, 645. Encyclopedia universalis, 1990, article « Unesco » par V.-Y. Ghebali ; discours du directeur général pour l’introduction aux débats de la 19e conférence générale ; S. Haffar, op. cit., p. 639 et 645.
[534] Le Monde, 26 déc. 2002, p. 1 : « Comment le Vatican pèse sur les affaires du monde » ; p. 2 : « Enquête sur la diplomatie offensive du Vatican de Jean Paul II », par Henri Tincq.
[535] Collectif, Organisations internationales à vocation universelle, p. 55 ; interview Mme Keating.
[536] E. Chniti, p. 693-694.
[537] Gian Franco Pompei, Dans l’esprit des hommes, p. 25 : l’Unesco « répond à un dessein politique conscient ». Le Monde, 22 octobre 1976 : M’Bow déclare que « l’Unesco a toujours été une organisation politique ».
[538] J.-J. Renoliet, op. cit., p. 326. P. Gerbet, op. cit., p. 467. A. Monclus, op. cit., p. 359. Pour Antonio Monclus, « ce caractère politique de l’Unesco ne doit pas être vu comme un aspect négatif ». L. Dollot, op. cit., p. 109. « Groupement d’états ayant des intérêts divergents, l’Unesco ne peut se dégager entièrement des préoccupations politiques » ; Dollot en conclut que cela empêche l’Unesco d’« assumer dans les relations culturelles internationales une mission prépondérante » ; Collectif, Organisations internationales à vocation universelle, p. 43. Bernard Colas observe que « l’idéal généreux » qui a présidé à la création de l’Unesco « a été affecté par les oppositions et les divisions de nature politique ». Elhem Chniti, op. cit., p. 677.