CHAPITRE 3 : problèmes de fonctionnement. (1 sur 2)

3. Problèmes de fonctionnement.








L’Unesco présente tout au long de ses trente premières années certains problèmes de fonctionnement récurrents. Ils sont de deux ordres : institutionnel et administratif. D’une part, l’Unesco en tant qu’institution est dès le départ pourvue de compétences qui apparaissent insuffisantes pour lui permettre d’être vraiment en mesure d’accomplir ses objectifs. Son action est en effet subordonnée au pouvoir des États membres et à celui de l’ONU, ce qui la rend victime d’une paralysie chronique. D’autre part, en tant qu’administration, elle souffre de problèmes qui sont communs à la plupart des organisations internationales, et plus largement à la plupart des grandes administrations. « La bureaucratie, voilà l’ennemi du monde international. C’est le cancer insidieux, toujours renaissant »[1], observe Yves Marie Laulan, qui déplore que « la gestion [de l’Unesco] laisse fortement à désirer »[2]. La lourdeur des mécanismes, la tendance à la bureaucratie, le décalage croissant entre la répartition théorique des pouvoirs et les réalités pratiques de la prise de décision, sont des éléments typiques des grandes administrations, comme l’ont montré les études en sociologie et anthropologie des organisations[3], et en particulier des institutions internationales. En outre, ces problèmes aussi bien institutionnels qu’administratifs ont eu des conséquences sur le moral du personnel, qu’il est important de prendre en compte.
L’étude des problèmes de la « bureaucratie internationale » a été abordée par des auteurs de plus en plus nombreux à partir des années 1970[4], notamment, en ce qui concerne le système de l’ONU, par Thomas G. Weiss, à partir de deux études de cas : l’Unicef et l’OIT ; cependant, cet auteur s’est fondé, dans son analyse, uniquement sur des documents officiels de ces deux organisations ; il a observé les problèmes posés par la prédominance d’intérêts nationaux, l’intrusion d’enjeux politiques, le budget dont la détermination est aux mains des États, la taille croissante et l’hétérogénéité de l’administration internationale, le manque de qualification d’une partie du personnel, le manque de direction forte[5]. Shirley Hazzard à la même époque souligne la lourdeur administrative de l’ONU et la démoralisation de son personnel[6]. Le Rapport Jackson, A study of the Capacity of the United Nations Development System[7], en 1969 avait déjà mis le doigt sur ces problèmes.
Le cas de l’Unesco est intéressant par l’ampleur impressionnante qu’y prennent ces problèmes, et par les tentatives qui ont été faites d’y remédier. Identifier leur origine, observer leur évolution, et analyser leurs conséquences, s’avère indispensable pour comprendre le caractère à première vue relativement décevant de l’action de l’Unesco.

3.1. Une organisation aux compétences limitées.

Les compétences attribuées à l’Unesco sont faibles par rapport aux ambitions vastes qui sont les siennes. La limitation de ces compétences se manifeste par rapport à deux instances : les États membres et le système de l’ONU.

3.1.1. Dépendance par rapport aux États membres.

L’Unesco a très peu de pouvoir sur ses États membres : son Acte constitutif précise que la « souveraineté spirituelle » des États ne peut subir aucune atteinte. Alors que l’Unesco dépend de leur décision pour le vote de son budget et l’élaboration de son programme, elle n’est pas en mesure de leur imposer la réalisation de son programme sur leur territoire[8]. La relation entre l’Unesco et ses États membres est donc déséquilibrée. Les dirigeants de l’Unesco en prennent conscience très tôt. Ainsi, à la conférence générale de 1948, Torres Bodet, qui vient d’être élu directeur général, regrette que « l’Unesco n’a[it] pas la faculté de s’immiscer dans la sphère d’action des gouvernements »[9], et qu’elle « doi[ve] en passer par tous les détours qu’impose toujours une action intergouvernementale » ; il déplore la « servitude » que cette dépendance par rapport aux États membres impose à l’organisation[10]. La presse relaie cette prise de conscience[11]. En 1949, Torres Bodet, dans des discours devant les commissions nationales française et britannique, insiste sur le caractère fâcheux de cette subordination de l’Unesco aux États membres, et en conclut que les échecs de l’organisation ne peuvent pas être attribués entièrement à sa propre responsabilité :
« Lorsqu’on parle des difficultés des Nations Unies, chacun sait qu’il est question de l’attitude prise par les gouvernements et par les peuples qui sont représentés au sein des Nations Unies. […] En revanche, lorsqu’on parle des difficultés de l’Unesco, on semble toujours faire allusion aux travaux du secrétariat. C’est là une erreur de perspective qu’il importe de corriger. »[12]
Cette dépendance de l’Unesco par rapport aux États membres se traduit à deux niveaux : à celui du programme, et à celui du budget.

La mise au point et l’application du programme, subordonnées au bon vouloir des États membres.

Des différences importantes distinguent le système de la SDN de celui de l’ONU. Une des principales est l’importance de la conception fonctionnaliste dans le système de l’ONU. La création de l’Unesco est précisément inspirée des principes fonctionnalistes qui avaient été développés par David Mitrany à partir de 1933[13]. Pour lui, la SDN avait échoué car elle avait attaqué les souverainetés de front ; pour réussir, une organisation supranationale devrait plutôt se consacrer aux problèmes d’intérêt commun dans les domaines technique, économique et social, problèmes que l’État-nation serait trop étriqué pour traiter. Il préconisait de substituer au cloisonnement territorial « vertical » des structures d’action « horizontales », consistant en des administrations internationales « fonctionnelles ». Cela aurait, selon lui, permis d’éroder peu à peu les souverainetés, de faire dépérir l’État national et de rendre tout conflit armé impossible. En 1939, la Commission Bruce, chargée de la révision du Pacte de la SDN, avait proposé, sous l’influence de ces idées, une extension des activités fonctionnelles de la SDN, mais le déclenchement de la guerre avait empêché la réalisation de cette réforme. Cependant, en 1945, la Charte de l’ONU est très influencée par la théorie fonctionnaliste : le système de l’ONU se voit conférer des attributions fonctionnelles beaucoup plus importantes que n’en avait eues la SDN. Elles sont coordonnées par le Conseil économique et social[14].
Dans la mise en place de la constitution de l’Unesco, il a été souhaité de placer l’Unesco « au-delà des limitations des gouvernements bureaucratiques »[15]. Cependant, cela n’a pas été suffisant. Dès 1947, l’Unesco prend conscience de ses problèmes de coordination avec les gouvernements et s’efforce d’y remédier[16]. Les commissions nationales contribuent à améliorer les relations entre le Secrétariat et les États membres[17]. Dès lors est organisée chaque année, sous l’impulsion des États-Unis, une réunion des représentants des commissions nationales ; elles sont jugées « très utiles »[18].
Le vote du programme, et sa mise en œuvre, sont du ressort des États membres. Comme le souligne en 1952 le conseil exécutif, « c’est aux gouvernements intéressés qu’il appartient de veiller à la réalisation de chaque projet. […] La fonction propre de l’Unesco est, au premier chef, de susciter, d’encourager et d’éclairer les initiatives des pouvoirs publics dans chaque pays, avec l’aide des commissions nationales »[19]. Le conseil exécutif observe que l’action de l’Unesco est vouée d’avance à l’échec dans les domaines négligés par les États[20]. Les gouvernements eux-mêmes reconnaissent que le fait que l’Unesco « n’a pas le pouvoir d’obliger ses États membres à faire quoi que ce soit », mais doit se contenter de proposer et de s’efforcer de persuader, constitue une de ses faiblesses majeures[21]. Ainsi, le rôle de l’Unesco est plutôt « un rôle de stimulation, de catalyse, d’analyse des tendances, de définition des orientations et d’établissement de normes, d’élaboration d’idées forces et d’encouragement de l’innovation, d’organisation de l’échange de l’information, des idées, et des personnes », « l’essentiel de l’effort […] incombe aux gouvernements »[22].
Cependant, cette idée ne fait pas l’unanimité. Pour certains, l’Unesco devrait se ménager une marge de manœuvre et d’autonomie plus importante par rapport aux États[23]. Au sein du secrétariat, cela donne lieu à des divergences entre les fonctionnaires, notamment sur la question de savoir si le secrétariat peut ou non développer lui-même des conceptions. Ainsi, en 1952, H. Cassirer, qui vient d’être recruté par l’Unesco, a pour tâche de rédiger un discours du directeur général. Douglas Schneider, son directeur, lui reproche d’avoir écrit : « du point de vue de l’Unesco, la télévision est importante parce que… » : en effet, pour Schneider, « l’Unesco n’a pas de point de vue. Ce sont les États membres par le truchement de la conférence générale, qui déterminent la politique de l’Unesco et son orientation » ; en revanche, pour Cassirer, « l’Unesco a des conceptions, clairement définies dans son acte constitutif ». Cassirer observe entre lui et Schneider : « nos différences etaient profondes et caractéristiques d’une ambiguïté inhérente à l’Unesco. Il représentait le fonctionnaire discipliné et moi le missionnaire au service des idéaux de la Constitution. À ces idéaux, Schneider n’était pas moins attaché que moi, mais comme membre du secrétariat, il croyait devoir se limiter à l’exécution de la politique et des décisions adoptées par les États membres année après année dans le contexte des pratiques en vigueur et des influences relatives. […] J’estimais de mon devoir de prendre comme guide de mes efforts les objectifs fondamentaux de l’organisation. […j’ai eu] dans les années à venir bien des occasions de promouvoir des politiques et des projets non encore entérinés par la conférence générale, alors que normalement, les activités du secrétariat se limitent à élaborer des projets et propositions et de les faire approuver, avec les budgets correspondants, par la conférence »[24].
Au milieu des années 1950, le directeur général, Luther Evans, prend conscience avec acuité de ce problème structurel : contrairement à ses prédecesseurs, il estime que le programme est trop laissé à la décision du secrétariat, et pas assez à celle des États ; il décide de faire des voyages dans les divers États membres pour se rendre compte de leurs besoins réels en discutant avec leurs intellectuels et milieux politiques, et estime que ces voyages lui ont à cet égard apporté beaucoup[25]. « Convaincu que l’organisation ne p[eu]t rien faire qu’avec ou par les gouvernements de ses États membres », Evans reproche aux dirigeants passés et présents de l’Unesco d’avoir en 1946 conçu le rôle de l’organisation « sous forme de subversion, d’appel aux opinions publiques contre les gouvernements ; or nous ne pouvons avoir d’action effective que par les gouvernements ». Evans met l’accent sur la nécessité pour l’Unesco de se consacrer davantage à une action de persuasion des gouvernements que des masses. Delavenay observe que ce discours « réaliste » de Evans n’a pas été bien reçu par la majorité des fonctionnaires de l’Unesco, attachés au contraire à l’idée que l’Unesco doit agir sur les esprits des peuples, par-delà le niveau des gouvernements[26]. Evans ne parvient pas à atténuer ce problème. Son successeur Veronese ne s’y essaie même pas. Il se contente de souligner cette subordination et d’en tirer une excuse pour les difficultés de l’organisation. En 1961, il déclare ainsi : « Sans vouloir entrer dans des polémiques, […] je voudrais qu’il soit bien clair que l’Organisation n’agit et ne peut agir que sur demande des États intéressés et avec l’accord des organes constitutionnels », qui sont eux-mêmes composés de représentants des États membres. L’Unesco n’est donc, dit-il, qu’un « instrument » : étant une « union d’États, elle ne peut être que ce que les États membres veulent qu’elle soit »[27]. Au début des années 1970, le directeur général René Maheu observe lui aussi que l’action de l’Unesco est bridée par « nos maîtres les États membres »[28] ; il compare les 125 États membres à « 125 patrons à ménager », face auxquels l’indépendance de l’Unesco « n’est souvent que symbolique »[29]. Ainsi, tout au long de la période, malgré les efforts déployés, cette situation de subordination se perpétue.
Les problèmes de coopération entre l’Unesco et les États membres sont tout d’abord d’ordre administratif. La consultation et la coordination entre l’Unesco et ses États membres au sujet des programmes se révèlent insuffisantes, en partie en raison de la lourdeur et de la lenteur du mécanisme administratif[30]. L’Unesco n’informe pas suffisamment à l’avance et avec assez de précision les États membres et les commissions nationales de son projet de programme et de budget. De ce fait, ils peuvent difficilement élaborer des arguments et des commentaires pertinents ; leurs avis sont donc rarement pris en compte par l’Unesco, et c’est finalement le secrétariat lui-même qui fixe en fait l’orientation et le contenu des programmes, ce qui entraîne la frustration des États membres[31]. Ceux-ci ont tendance dès lors à ne plus faire d’efforts véritables sur la qualité de leurs rapports annuels à l’Unesco, à « ne témoigner aucun intérêt » à l’Unesco et à se contenter de l’« accabler de leurs critiques et de leurs remontrances »[32] ; c’est donc un cercle vicieux qui se met en place[33].
Ce problème entraîne également un manque de coordination récurrent entre les programmes de l’Unesco et les programmes bilatéraux et nationaux. Dans les années 1950 et au début des années 1960, le département d’état observe ce phénomène aux États-Unis et plusieurs ambassades américaines le détectent aussi dans divers États membres[34]. En 1963, l’Unesco s’efforce d’améliorer la concertation et la coordination entre ses programmes et les programmes bilatéraux exécutés par le gouvernement américain dans les pays du Tiers Monde, en préconisant des rencontres entre responsables de l’Unesco et du gouvernement américain et la mise en place d’un mécanisme spécifique de liaison avec l’Unesco au sein du gouvernement américain[35]. En 1965, le gouvernement français, conscient lui aussi de ce problème, propose la création, au sein de l’Unesco, d’un service d’information sur l’aide bilatérale, afin de remédier aux chevauchements et doubles emplois entre les programmes de l’Unesco et les programmes bilatéraux[36]. Ce problème de coordination concerne non seulement les relations entre l’Unesco et ses États membres, mais aussi les relations entre l’Unesco et les organisations régionales, comme le Conseil de l’Europe et le Plan de Colombo[37]. Il est peu à peu pris en compte au fil des années. À partir de 1969, la coordination entre l’Unesco et le Conseil de l’Europe s’améliore[38]. À partir de 1972, un mécanisme de coordination plus étroit est institué entre l’Unesco et les programmes nationaux[39].
En 1965, Maheu affirme, devant le conseil exécutif :
« On a eu trop tendance jusqu’ici à considérer que l’Unesco a un programme en tant qu’institution et que le rôle des États est d’abord de financer ce programme et d’apporter ensuite leur coopération à tel ou tel de ses aspects qui les intéresse d’une manière particulière. Je crois que la vraie conception qu’il faudrait avoir du programme de l’Organisation, c’est celle d’un programme qui ne serait que le cadre dans lequel s’insèrerait l’action des États membres […]. C’est seulement lorsque ces États auront pris à leur compte le cadre défini par le programme de l’organisation et que leurs activités s’insèreront dans ce cadre que l’institution sera ce qu’elle doit être , c’est-à-dire un système de coopération des États et non pas une entité que les États acceptent de faire vivre, même si elle est en marge de leurs préoccupations ou ne coïncide avec leurs préoccupations que dans la mesure où des intérêts communs se manifestent, parfois d’une manière accidentelle » [40].
Les problèmes de coopération entre l’Unesco et les États membres s’expliquent aussi par des motifs politiques. De nombreuses actions initiées par l’Unesco n’ont ensuite pas été soutenues et relayées au niveau national[41] : lorsqu’un État n’est pas d’accord avec l’esprit d’un programme de l’Unesco, ou qu’il ne voit pas le profit qu’il pourrait en retirer, il ne l’applique pas. Ainsi, Torres Bodet déplore la « passivité » des gouvernements d’Amérique latine envers l’Unesco, durant son mandat. « L’Amérique latine m’alarmait par sa paresse à répondre à nos questionnaires »[42]. De même, pour des raisons politiques, le gouvernement de Hongrie met de la mauvaise volonté à appliquer le programme d’« assistance d’urgence en matière d’éducation » lancé en 1956 par l’Unesco à la suite de la répression des événements de Budapest ; en mars 1957, le conseil exécutif, réuni en séance privée, déplore que le gouvernement hongrois n’ait pas fourni tous les renseignements nécessaires à l’Unesco pour permettre la réalisation de ce programme[43]. Les exemples de blocages de ce type sont nombreux[44].
L’impossibilité pour l’Unesco d’imposer l’application de ses programmes constitue l’un de ses problèmes majeurs. L’Unesco joue un simple rôle de catalyseur, son action est censée être relayée par les États, mais ceux-ci sont souvent mûs par une motivation utilitariste ou politique ; l’Unesco n’a aucun moyen d’assurer la pérennité de ce qu’elle entreprend[45].
Ce problème se pose à l’Unesco non seulement vis-à-vis des États, mais aussi des organisations intergouvernementales régionales, comme l’Organisation des États américain (OEA), la Ligue arabe, le Conseil de l’Europe. La politique officielle de l’Unesco par rapport à ces organisations est, tout au long de la période, de « s’efforcer d’établir sur des bases diverses une amicale collaboration » avec eux[46]. Cependant, en de nombreuses occasions, des conflits de compétences se produisent, notamment avec l’OEA pour les activités en Amérique latine, malgré la signature en décembre 1950, après des discussions laborieuses, d’un accord de coopération Unesco-OEA sur la lutte contre l’analphabétisme en Amérique latine, prévoyant la mise en place de comités conjoints[47]. En ce qui concerne la Ligue arabe, des rivalités et des chevauchements sont apparus avec l’institution régionale calquée sur l’Unesco mise en place par la ligue arabe : l’ALESCO (Arab League Educational, Scientific and Cultural Organization).
Cette situation de subordination de l’Unesco par rapport à ses États membres la conduit à abdiquer sa liberté d’expression, ce qui se traduit par l’usage de la langue de bois[48]. Il s’agit de ne critiquer aucun État membre, et d’éviter de donner aux États une image négative de l’Unesco. Cette pratique, rapidement intériorisée par les fonctionnaires, nuit à l’efficacité de l’action de l’organisation[49]. Autre effet pervers de cet état de subordination par rapport aux États membres (comme on l’a vu déjà avec Veronese), celui-ci devient un argument récurrent utilisé par l’Unesco pour se dédouaner de la responsabilité de ses échecs[50]. Ainsi en 1975, Yvan de Hemptinne écrit : « crise des Nations Unies, crise de l’Unesco : que l’on ne s’y trompe pas ! Ce sont en fait les États membres qui sont en désaccord sur de nombreuses questions et qui l’expriment, parfois avec passion, dans les organes souverains des institutions du système »[51].
La limitation des compétences de l’Unesco par rapport à ses États membres pose problème non seulement dans le cadre de l’élaboration et de la mise en œuvre du programme, mais aussi de l’élaboration du budget.

Le problème récurrent du budget.

Le budget initial de l’Unesco est très limité par rapport aux ambitions formulées[52]. Selon Philip Jones, le faible budget initial de l’Unesco s’expliquerait par la décision des États-Unis, prise dès 1944, de fournir l’essentiel des fonds qu’ils destinaient à la reconstruction éducative et scientifique de l’après-guerre par voie bilatérale, et non pas par voie multilatérale[53].
Il semble que ce soit surtout l’élection de Huxley au poste de directeur général, à la première conférence générale, qui ait entraîné un véritable retournement dans la position américaine. Alors que durant la première partie de la conférence générale, avant l’élection de Huxley, les États Unis avaient indiqué être prêts à consacrer un budget très important à l’Unesco, ils changent d’avis dès l’annonce de l’élection de Huxley, qu’ils considèrent « très malheureuse », « déplorable », et « risquant d’avoir de graves effets sur l’avenir de l’Unesco »[54]. Ils proposent alors un budget nettement moins important : tandis qu’ils avaient initialement affirmé qu’un budget de 9 à 10 millions de dollars serait à peine suffisant pour commencer et qu’au bout de cinq ans il faudrait envisager au moins 40 millions de dollars, après l’annonce de l’élection de Huxley, ils se placent à la tête du mouvement prônant la réduction du budget à 6 millions. De plus, Benton déclare qu’il ne sera possible aux États Unis de verser aucune contribution avant le 1er juillet 1947[55]. Robert Schuman, ministre français des affaires étrangères, déplore : « Les États Unis ont bien voté pour M. Huxley, mais ils lui ont retiré les moyens d’agir et il est probable qu’ils resteront dans l’expectative tant que l’actuel directeur général demeurera à la tête de l’organisation »[56]. Les États-Unis restent effectivement dès lors dans l’expectative et prônent l’abandon de toute action directe et la concentration de l’Unesco sur les activités indirectes[57]. Cette position est appuyée par la majorité des milieux d’affaires et des milieux politiques américains[58]. C’est donc à partir de l’élection de Huxley que les États-Unis décident de consacrer un budget beaucoup plus important à l’aide bilatérale qu’à l’aide multilatérale : ainsi, concernant la reconstruction éducative, ils privilégient contre l’Unesco une agence qu’ils ont créée : la Commission for International Educational Reconstruction (CIER). Cette agence, qui fonctionne de 1946 à 1949, lance un appel à contributions volontaires, auquel les organisations privées américaines répondent très généreusement, assistant à hauteur de plus de 100 millions de dollars les pays dévastés par la guerre, budget sans proportion avec celui de l’Unesco[59].
Ce budget très réduit avec lequel l’Unesco commence à fonctionner suscite des critiques dans une partie de l’opinion, même dans les pays anglo-saxons ; ainsi, en novembre 1946, des étudiants d’Oxford envoient à l’Unesco 10 livres sterling pour protester contre la faiblesse de son budget[60].
C’est ainsi sous la pression du plus puissant de ses États membres que l’Unesco commence à fonctionner avec un budget très réduit, peu en rapport avec l’ampleur de ses objectifs proclamés. Cette limitation financière la conduit à créer dans ses premières années une série d’ONG culturelles destinées à mener à bien des activités culturelles qu’elle aurait dû en théorie accomplir directement elle-même, si elle en avait eu les moyens[61]. Dès 1947, la disproportion entre les ambitions de l’Unesco et les moyens dont elle dispose est observée par les États membres[62]. Cela entraîne dès le début des difficultés pour l’application du programme. Ainsi, le budget atttribué au département des sciences naturelles en 1947 est trop faible pour pouvoir réaliser le programme prévu, et est encore diminué par la suite. Cela provoque de fortes tensions entre le département des sciences naturelles et la direction de l’Unesco. Les rapports hebdomadaires envoyés par les diplomates américains au département d’État les décrivent. Ainsi, en juin 1948, Charles Thomson rapporte : « cette semaine, la bataille […] pour réduire le programme à une taille maniable a abouti à une crise » ; en effet, Pierre Auger, chef du département des sciences naturelles, menace de démissionner, ainsi que tout son personnel, si le budget des sciences naturelles est réduit en dessous de celui de l’année précédente. Huxley se retrouve dans une position fausse : alors qu’en tant que scientifique, il est très favorable au développement des activités scientifiques de l’Unesco, en tant que directeur général il est obligé de faire appliquer la réduction de budget nécessaire. Il soutient donc entièrement son assistant, Walter Laves, et, après l’échec d’une négociation longue de plusieurs heures avec les membres du département des sciences naturelles, maintient la décision d’une réduction de budget ; il convainc à grand peine Auger de revenir sur sa démission[63].
Ce problème s’accroît à partir de 1949 avec le cas de la Chine : la république de Taïwan, qui est l’État reconnu par l’Unesco au détriment de la Chine populaire, verse dès lors à l’Unesco seulement moins de 5% de la contribution demandée, qui est calculée par rapport à la totalité de la population chinoise[64].
C’est cependant surtout la résistance persistante des États-Unis, tout au long des années, à accorder le budget proposé par le directeur général qui entrave l’action de l’Unesco[65]. Ainsi, à la conférence générale de 1952, la délégation américaine s’oppose avec intransigeance à toute augmentation du budget[66], s’attirant d’ailleurs les critiques de nombreux États membres, qui dénoncent la volonté de cet État d’« amener l’Unesco à se cantonner à un niveau inférieur » à ses ambitions[67]. Torres Bodet s’efforce pendant son mandat de dissuader les États-Unis de préférer l’assistance bilatérale à l’assistance multilatérale[68]. Sous la pression des États-Unis et du Royaume-Uni, le budget voté à la conférence générale de 1952 est identique au précédent, ce que le directeur général Torres Bodet estime nettement insuffisant ; cela le rend très amer et le pousse à démissionner[69]. Comme il l’explique dans son discours de démission, il est désabusé de voir l’Unesco, qu’il pensait « appelée à faire de grandes choses avec de grands moyens », se réduire, sous la pression de certains de ses États membres, à une organisation modeste, au budget « laborieusement limité »[70]. Les diplomates français conçoivent le découragement de Torres Bodet devant la faible envergure que ce budget limité confère à l’Unesco :
« M. Torres Bodet [...] rêvait d’une grande Unesco à la fois culturelle et politique qui serait ‘la conscience des Nations Unies’. On ne lui offrait qu’une petite organisation technique condamnée à mener une existence misérable. La différence était trop grande entre le rêve et la réalité. »[71]
Le fait que les États-Unis contribuent pour plus de 50% du total des fonds consacrés à l’assistance technique leur donne une justification pour plaider une restriction du budget ordinaire[72].
Au début des années 1950, l’ONU elle aussi pousse l’Unesco à une concentration de son budget[73]. Le décalage entre les moyens financiers dont dispose l’Unesco et l’ampleur théorique de sa mission perdure durant les années 1950. Il pose un problème crucial, bien perçu par les membres du Secrétariat[74], les représentants des États membres[75], et la presse internationale[76]. À la conférence générale de 1954, Berredo Carneiro exprime dans son discours son « indicible angoisse » devant ce décalage, et reconnaît la véracité des « critiques » qui « nous accusent de nourrir des espoirs qui dépassent de beaucoup nos véritables moyens »[77].
Durant toute la période, le problème du budget donne lieu à des affrontements à chaque session de la conférence générale. Si les États du Tiers Monde plaident pour un budget élevé, car ils en sont les principaux bénéficiaires, en revanche les États les plus riches, et donc les plus gros contributeurs, s’efforcent de limiter ce budget. Le bureau du budget, dirigé à partir de 1954 par l’Indien Vish Rao assisté du Chinois T.C. Young, devient un service-clé qui, au moyen de mécanismes opaques et complexes, s’efforce de passer par-dessus les volontés des États membres[78].
Les autres États membres occidentaux sont également réticents à une augmentation du budget. Dans la seconde moitié des années 1950, le Royaume-Uni se montre comme les États-Unis très réticent à l’augmentation du buget[79]. En 1955, M. Kirkpatrick, membre du gouvernement britannique, déplore que les fonctionnaires de l’Unesco « n’ont aucune notion de prudence financière » et prône la limitation du budget[80]. Cette ligne de conduite se poursuit dans les années suivantes au gouvernement britannique[81]. La réticence du Royaume-Uni envers une augmentation du budget se poursuit dans les années 1960[82], et cette attitude du Royaume-Uni est étroitement coordonnée avec celle des États-Unis, comme en témoigne la correspondance diplomatique entre ces deux États[83]. Cette réticence est également partagée par la RFA. En 1957, Jean Thomas fait une visite à Bonn en tant que représentant du directeur général, dans l’intention de discuter avec le ministre des finances de cet État pour le convaincre d’augmenter sa contribution au fonds d’assistance technique de l’Unesco. Cette visite ne réjouit pas le gouvernement allemand, qui est hostile aux revendications financières de l’Unesco envers la RFA, et se montre réticent à accepter de faire rencontrer le ministre des finances à Jean Thomas[84].
L’URSS est elle aussi réticente, dans ces années, envers une augmentation du budget ; ainsi, en 1956, à la conférence des commissions nationales européennes à Aix, la délégation soviétique affirme qu’« il ne faut pas accroître sans cesse le budget de l’Unesco, en augmentant le barème des contributions des États membres », mais qu’il faut plutôt « trouver des ressources intérieures »[85].
A partir de la fin des années 1950, on assiste à deux mouvements divergents : alors que les États membres les plus riches font pression de manière croissante pour une limitation du budget, René Maheu, conseiller du directeur général Veronese, influence celui-ci en faveur de sa nette augmentation[86]. Cela transforme les sessions du conseil exécutif en des épreuves de force entre l’Unesco et ses États membres. La situation devient de plus en plus tendue dans les années 1960. Ainsi, en 1964, la France estime que « le rythme actuel d’expansion du programme et du budget ne peut être maintenu. L’institution a déjà atteint la limite au-delà de laquelle elle ne serait plus en mesure d’assurer administrativement de nouvelles tâches »[87]. En 1965, la France s’oppose au projet d’augmentation de 31% du budget prévu par le conseil exécutif pour l’exercice du biennium 1967-68 par rapport à celui du biennium 1965-66, qui était lui-même déjà en augmentation de 25% par rapport à l’exercice précédent[88]. Les États-Unis, sous l’influence du Rapport Clay (mars 1963), se montrent encore plus hostiles que la France à l’expansion du budget[89]. Une épreuve de force s’engage dans ces années entre les États membres et le directeur général Maheu qui prône sans relâche une expansion budgétaire, utilisant la menace de démission pour faire pression[90].
En 1962, Le Monde interprète les pressions de plus en plus fortes des États en vue de la reduction du budget de l’Unesco comme un signe de la crise financière qui affecte les orgnisations internationales[91].
Pourtant, parallèlement, depuis la fin des années 1950, les ressources financières dont dispose l’Unesco augmentent de manière importante, grâce à l’accroissement des ressources extra-budgétaires. Le directeur général Luther Evans crée en 1956 le « Programme de participation », qui permet aux États membres et à des institutions de fournir à l’Unesco des ressources extra-budgétaires pour l’exécution du programme de leur choix. Ce mécanisme obtient immédiatement un réel succès[92]. D’autre part, à partir de 1959, l’Unesco reçoit des fonds supplémentaires de la part de l’ONU, au titre du Fonds spécial. En 1962, la conférence générale crée le « Fonds en dépôt », système souple qui permet le financement de certains programmes de leur choix par des États membres, des organisations nationales ou internationales, gouvernementales ou non gouvernementales. Le premier projet financé par des Fonds en dépôt est lancé en automne 1963[93]. Dès lors, la Banque mondiale fournit à l’Unesco dans ce cadre des fonds d’un montant croissant[94]. Dans les années 1960, le système du Fonds spécial donne satisfaction sur le terrain, comme l’observe le Royaume-Uni[95].
Ces crédits extérieurs, apportés aussi bien par les États membres que par des instances internationales, deviennent de plus en plus importants au fil des années. Cela entraîne un déséquilibre croissant entre ressources du budget ordinaire et ressources extra-budgétaires : celles-ci représentent une proportion de plus en plus importante du budget total. Cela a pour conséquence une relative perte de maîtrise de l’Unesco sur les orientations de son programme : en effet, les instances (nationales ou internationales) qui fournissent des ressources extrabudgétaires peuvent choisir l’affectation de leurs fonds à un programme de leur choix[96]. Les conséquences de ce phénomène sont clairement perçues, dès le début des années 1960, par les États membres[97].
Dans les années 1960, malgré les réticences des puissances occidentales, le budget de l’Unesco augmente régulièrement et de manière importante, sous la poussée des pays du Tiers Monde ainsi que du directeur général Maheu. Face à cette pression, les grandes puissances renoncent en général à s’opposer explicitement à cette expansion, afin de « ne pas s’aliéner la majorité compacte des États du Tiers Monde »[98]. Ainsi, les efforts des États-Unis et du Royaume-Uni, qui se concertent dans le but de restreindre le budget pour 1963-64 à son niveau de 1961-62, notamment en accusant l’Unesco de dispersion des activités et de manque d’ordre dans la gestion financière[99], n’aboutissent pas[100].
Dans le même temps, les crédits extra-budgétaires (Programme élargi d’assistance technique et Fonds spécial), fournis par une minorité d’États membres, augmentent nettement plus que le budget ordinaire[101]. En 1962, ils représentent 42% du budget total[102] ; en 1964 48%[103]. Cette évolution préoccupe Maheu, qui déplore : « Personnellement, je ne crois pas que ce soit une situation très normale. J’estime qu’une Organisation, si elle veut garder son autonomie, doit avoir un budget ordinaire supérieur à son budget extraordinaire. Mais les États membres […] en ont décidé autrement »[104].
Tout au long des années 1950-60, les problèmes financiers handicapent les projets, aussi bien ceux consistant en des conférences que les projets opérationnels sur le terrain. Ainsi, en 1959, les problèmes financiers ralentissent la réalisation de publications sur le thème de l’énergie atomique et nucléaire[105]. L’organisation de la conférence d’Addis Abéba en 1960 est rendue difficile par l’absence de versement de fonds à cet effet jusqu’à fin décembre 1959. De nombreux projets de terrain voient leur efficacité entravée par ces problèmes financiers. Ainsi, Maurice Dartigue, durant sa mission en Egypte en 1964, a été handicapé dans son action par des problèmes d’argent : il n’en reçoit pas assez pour mener à bien sa mission, il s’en plaint dans ses lettres au siège, en vain ; de même, le Groupe régional de planification de l’éducation (GRPE) au Sénégal de 1963 à 1965, a souffert de problèmes financiers, qui ont entraîné une pénurie de personnel[106].
Dans les années 1960 et au début des années 1970, Maheu prône une augmentation croissante du budget ordinaire, afin de contrebalancer cette tendance. Ce sont les principaux contributeurs, comme les États-Unis, l’URSS, la France, le Royaume-Uni, le Canada, qu’il s’agit de convaincre. Maheu, auprès des États-Unis, plaide en faveur d’une plus grande intégration des ressources de l’Unesco, qu’elles proviennent de sources régulières ou extrabudgétaires, et aussi en faveur d’une augmentation du budget régulier, corrélativement avec l’augmentation des ressources extrabudgétaires, alors que cet État donne argument de l’augmentation des ressources extrabudgétaires pour justifier la limitation du budget régulier au même niveau. Cependant il ne parvient pas à convaincre les États-Unis sur ce principe[107]. De même, en avril 1964, Maheu, dans une conversation privée avec le premier ministre britannique, s’efforce de le rallier à ses vues sur la question de la croissance du budget de l’Unesco[108].
A la veille de la conférence générale de 1964, la France et les États-Unis se mettent d’accord sur une augmentation du budget, de 13%, c’est-à-dire significative, mais inférieure à celle, de 20 à 30%, préconisée par Maheu[109]. Malgré ce compromis préalable, de vifs débats se déroulent à cette conférence entre les États occidentaux et Maheu, celui-ci ayant, sans tenir compte des décisions du conseil exécutif, encore augmenté, de plus de 800 000 dollars, le plafond du budget présenté. Si la position défendue par Maheu obtient le soutien des États du Tiers Monde, en revanche elle est dénoncée par les États occidentaux. La France critique, dans un rapport confidentiel, les procédés peu clairs employés par le secrétariat dans la présentation du budget, manoeuvres qui, par l’ajout a posteriori de toute une série d’additions budgétaires, conduisent à une augmentation masquée du montant total du budget[110]. En 1965, les efforts du conseil exécutif pour instituer un contrôle plus rigoureux de l’élaboration du budget et pour mettre en place un mécanisme sur le modèle du « comité budgétaire et financier » qui fonctionne aux États-Unis, se heurtent à l’opposition de Maheu, soucieux de conserver la grande latitude d’action par rapport aux États membres que lui offre l’opacité du système en place[111].
Dans les années 1960, Benton se fait l’un des porte parole de l’opposition des États-Unis à la croissance du budget, et de leur volonté de faire pression sur l’Unesco ; ainsi, en 1963, il estime que « l’Unesco croît trop vite », et affirme au sujet de la contribution volontaire des États-Unis au Fonds spécial : « donnée volontairement, elle peut être retirée volontairement si les États-Unis trouvent que les projets sont réalisés de manière insatisfaisante »[112]. Dans les années 1960, les financements du PNUD (dons) et de la Banque Mondiale (prêts) permettent à l’Unesco de lancer des projets de beaucoup plus grande envergure. Toutefois, pour que l’Unesco obtienne ces financements, il faut que les États formulent une demande ; ainsi, elle s’efforce d’inciter les pays en voie de développement à formuler des demandes de financement au PNUD et à la Banque Mondiale ; elle fournit les services d’experts à ces États pour les aider à formuler des demandes, et organise même des conférences pour les y inciter, car il est dans son intérêt que de nombreux États formulent de telles demandes et obtiennent des financements[113].
Au début des années 1970, l’opposition des États membres les plus riches, ceux du « Groupe de Genève », à l’augmentation croissante du budget prônée par Maheu se renforce. En 1971, ces États se mettent d’accord pour s’opposer en bloc à l’augmentation du budget pour 1973-74. Maheu fait preuve d’une grande habileté diplomatique face à cette radicalisation de l’attitude des plus gros contributeurs[114]. Cette situation délicate est accentuée par la dégradation de la situation économique internationale, qui fait prendre conscience que l’Unesco devra adapter son budget aux fluctuations de monnaie[115]. À la conférence générale de 1972, ce n’est qu’avec beaucoup de difficultés et avec une majorité nettement plus faible qu’auparavant que le projet de budget présenté par Maheu est voté[116]. Ce vote de justesse révèle le « clair consensus » de ces États membres contre la volonté de Maheu d’expansion du budget[117].
A la conférence générale de 1972, de nombreuses délégations expriment la crainte d’une « perte d’autonomie de l’Unesco » étant donné l’importance croissante des activités financées sur des ressources extrabudgétaires ; Maheu réaffirme sa volonté prioritaire de défendre « l’indépendance de l’Unesco »[118]. En février 1973, la dévaluation du dollar de 10 % par les États-Unis, qui contribue à la crise économique mondiale, a un retentissement important sur le budget de l’Unesco. Une conférence générale extraordinaire est convoquée en octobre 1973 pour faire face à la situation financière la plus grave qu’ait jamais connue l’organisation. Celle-ci connaît alors en effet un déficit de 23,7 millions de dollars, soit près de 20% du budget total[119]. Lors de cette conférence extraordinaire, les États membres décident, pour faire face à ce déficit, de financer un budget additionnel de plus de 14 millions de dollars, de geler plusieurs postes de direction, d’annuler plusieurs projets, et de réduire le budget des consultants et des déplacements officiels[120]. L’Unesco s’installe ainsi dans la crise économique.
En 1974, les perspectives budgétaires apparaissent sombres. Le nouveau directeur général, M’Bow, ne dissimule pas les graves problèmes financiers de l’organisation : « je regrette de le dire, mais […] jamais, j’en ai le sentiment, un directeur général de cette organisation n’aura entamé son mandat avec des hypothèques aussi sérieuses sur l’avenir »[121]. À partir de 1974, M’Bow est contraint de faire appliquer l’impératif d’une « croissance zéro » du budget, ce qui entraîne un sévère handicap pour la mise en œuvre des projets. Dès lors, comme l’observe Jean-Baptiste de Weck, « la distance séparant les ambitions des programmes des réalités du budget est allée croissant»[122] ; E.R. déplore lui aussi les « ressources sans commune mesure avec l’énormité des tâches assignées »[123].
La période 1945-74 se caractérise donc par une tension de plus en plus vive entre l’Unesco, qui préconise un accroissement du budget, et les États membres les plus riches, qui s’y montrent réticents ; cette période voit un accroissement régulier du budget de l’Unesco, grâce en particulier d’une part à l’habileté manœuvrière de Maheu, et d’autre part à un accroissement très net des fonds extra-budgétaires. Cette croissance continue a été stoppée net par la crise économique de 1974. L’année 1974 constitue donc bel et bien une rupture de taille, qui confère à la période qui a suivi une physionomie nettement différente de celle de la période 1945-1974.
Un autre problème important a été la disproportion croissante entre ses frais administratifs, de fonctionnement, et ses frais d’exécution des programmes[124]. Ce problème a été affronté par Luther Evans ; celui-ci, grâce à ses efforts, a réussi au fil de son mandat à accroître la part du budget consacrée aux projets sur le terrain et à diminuer celle consacrée au fonctionnement du siège[125].
Ainsi, le budget constitue un problème important et récurrent de l’Unesco. Il faut en outre évoquer les problèmes de coopération avec des organismes gouvernementaux ou intergouvernementaux et de chevauchement ou de concurrence avec des programmes bilatéraux.

Une coopération teintée de concurrence avec les autres organismes.

L’Unesco coopère avec des organismes gouvernementaux ou intergouvernementaux, en vertu de l’article 11 de son acte constitutif. La coopération de l’organisation avec les organisations nationales donne souvent lieu à des conflits et à des difficultés. Ainsi au début des années 1950 les tentatives de l’Unesco de collaborer avec l’Institut français d’Afrique noire (IFAN) se heurtent à des problèmes[126]. De telles difficultés se produisent aussi par exemple dans le cadre du projet majeur des zones arides[127], ou dans celui de la création de l’Institut biologique de l’océan indien en 1962[128]. Au milieu des années 1960, des conflits se produisent entre le GRPE (créé à Dakar en 1963 par l’Unesco) et d’autres institutions comme l’Institut de planification pour le développement économique (IDEP), qui dépend du Conseil économique pour l’Afrique (CEA) ; « chacun devait faire preuve de diplomatie et de sensibilité pour arriver à une entente, ce qui ne se fit pas sans incident », observe Esther Dartigue, qui évoque les conflits entre son mari Maurice Dartigue, directeur du GRPE, et le directeur de l’IDEP, M. Boserup, « homme rigide », qui « pensait que c’était lui qui devait contrôler le Groupe régional »[129].
L’Unesco travaille en coopération avec de nombreux organismes régionaux comme le Conseil de l’Europe[130], l’OEA[131], la Ligue arabe[132], l’Organisation de la Ligue arabe pour l’Education, la Culture et la Science (ALESCO), le Conseil de la Coopération culturelle du Conseil de l’Europe (CCC). Plusieurs sources attestent de conflits entre l’Unesco et l’OEA en Amérique latine dans les années 1950[133], et notamment au niveau du Crefal, et en particulier au sujet de l’école interaméricaine de Rubio, créée par l’OEA[134], et aussi au niveau du projet majeur d’éducation primaire en Amérique latine[135]. De même, en 1960, l’Unesco envisage sur proposition du Mexique la création d’un « Institut culturel inter-américain », ce qui se heurte à l’hostilité de l’OEA, qui perçoit ce projet comme « « une tentative d’usurper certaines de ses propres fonctions et de créer à Mexico une agence rivale pour les affaires culturelles »[136].
Les actions de l’Unesco sur le terrain sont souvent semblables aux actions bilatérales menées par certains pays occidentaux, et notamment les États-Unis. L’Unesco s’efforce d’établir des relations de coopération avec ces actions bilatérales. Dans un discours en 1952, Torres Bodet se félicite de la coopération entre États-Unis (au titre du « Point 4 ») et Unesco dans le domaine de l’assistance technique[137]. Ainsi, le projet d’éducation de base au Cambodge dans les années 1950 se fait en collaboration entre l’Unesco et les États-Unis ; Maria Tabellini témoigne des bonnes relations entretenues sur place par les agents de l’Unesco et ceux des États-Unis[138]. En 1953, la commission nationale britannique observe que le projet de l’Unesco en Irak (à Dujaila) donne lieu à des chevauchements et doubles emplois avec les actions menées par les experts américains du Point 4 et par les experts britanniques du British Middle East Office[139]. En 1957, au sujet du projet d’éducation de base au Cambodge, les États-Unis considèrent que l’effort de l’Unesco est complémentaire du leur dans le pays, sans interférence ni concurrence. Cependant, on observe un sentiment de compétition entre les deux, puisque l’ambassade américaine à Pnomh Penh estime avec satisfaction que les Cambodgiens préfèrent l’aide des Etats-Unis, qui serait nettement plus importante, celle de l’Unesco étant au contraire « pratiquement insignifiante »[140]. Dans les années 1960, l’Unesco coopère dans ses actions sur le terrain avec les experts américains de la Task Force (en particulier dans le domaine des satellites), et avec ceux du Peace Corps, en particulier dans le domaine des sciences naturelles[141].
Souvent l’Unesco entre en concurrence avec des actions bilatérales des États-Unis, notamment celles des services du Point 4[142]. Ainsi, en janvier 1949, Kenneth Holland, dans l’un de ses rapports hebdomadaires confidentiels au département d’État américain sur les activités de l’Unesco, évoque les duplications d’efforts entre l’Unesco et la mission américaine Fulbright dans un projet éducatif aux Philippines : l’Unesco s’y est lancée sans savoir que la mission Fulbright y était déjà engagée. Il estime que ces difficultés auraient pu être évitées si le personnel du département de l’éducation de l’Unesco avait négocié directement avec le gouvernement philippin, et non avec des Philippins à Paris, et consulté officiellement le gouvernement américain et la commission nationale américaine[143]. En outre, l’Unesco s’efforce d’obtenir le soutien financier de riches fondations américaines, comme les fondations Rockefeller et Ford, et la dotation Carnegie[144].
La dépendance de l’Unesco par rapport à ses États membres, justifiée théoriquement par l’idée de leur sincère collaboration à ses buts et à ses actions, a constitué en fait tout au long de la période un véritable obstacle à son efficacité. Les États membres ont en effet eu tendance à faire preuve d’incohérence et de manque de logique dans le vote du programme d’un biennium à l’autre, en n’appliquant pas le programme, et en s’opposant à l’augmentation du budget. Les divergences de vues entre les États membres, leurs changements d’avis au fil du temps, et l’existence d’enjeux politiques et financiers, expliquent ces aléas. Ne maîtrisant pas son budget, le choix de son programme, ni l’application de ce programme, l’Unesco apparaît bien démunie pour mener à bien sa mission. À sa dépendance par rapport aux États membres s’ajoute sa subordination à l’ONU.

3.1.2. Subordination au sein du système de l’ONU.

Une dépendance constitutive et de plus en plus marquée par rapport à l’ONU.

En 1950, Laugier affirme que la coopération entre Unesco et ONU est « chaleureuse et sans nuage »[145]. Mais en réalité il n’en est pas vraiment ainsi. L’OCI et l’IICI avaient souffert de leur manque d’indépendance par rapport à la SDN. N’ayant pas été prévues par le Pacte de la SDN, elles avaient eu tendance à apparaître comme des institutions secondaires, sans réelle légitimité, d’autant plus que le budget qui leur était alloué par la SDN était très réduit. Forts de cette expérience, les fondateurs de l’Unesco ont dès le départ exprimé la volonté de conférer à la nouvelle organisation une véritable autonomie par rapport à l’ONU. Ainsi, l’Unesco est dotée d’une autonomie budgétaire et d’une autonomie de programmation. Son directeur général n’a théoriquement aucun lien de subordination vis-à-vis du secrétaire général de l’ONU[146].
Cependant, malgré cette volonté, l’Unesco s’est caractérisée dès le départ par une dépendance importante à l’égard de l’ONU. Cette dépendance est inscrite dans l’Acte constitutif de l’Unesco, qui, dans son article 16 confère à l’assemblée générale de l’ONU un droit de regard et de recommandation sur le budget de l’Unesco. De plus, l’accord ONU-Unesco de décembre 1946 reconnaît aussi à l’ONU un droit de regard et de recommandation sur l’activité de l’Unesco par le biais du Conseil économique et social. Ces dispositions permettent à l’ONU de contrôler et d’orienter l’action de l’Unesco[147]. Cette dépendance constitutive est très tôt remarquée et considérée comme un facteur de faiblesse[148].
Certes, dès 1948, l’Unesco a en un sens conscience de la nécessité d’accroître sa coordination avec l’ONU[149]. En 1949, l’ONU pousse, non sans succès, l’Unesco à coordonner de plus en plus son action avec la sienne, dans ses domaines d’action, en particulier dans l’assistance technique et les droits de l’homme ; c’est une question qui fait l’objet de beaucoup d’attention à la conférence générale de 1949, qui voit un rapprochement, « un excellent esprit de collaboration et de coopération » entre l’Unesco et le représentant de l’ONU[150]. L’ONU, qui conçoit l’Unesco comme son agent de réflexion et de promotion en matière culturelle[151], s’immisce dès les premières années dans la détermination de son programme, lui imposant des thèmes d’étude : la promotion de la déclaration universelle des droits de l’homme, la réflexion sur la notion de « droit à la culture »[152], l’étude de l’usage des langues vernaculaires dans l’éducation[153], la réflexion en vue de la formulation par l’ONU d’un « Pacte sur les droits économiques, sociaux et culturels »[154], en sont quelques exemples. En outre, dès ces années, plusieurs projets de l’Unesco sont adoptés sous l’impulsion de l’ONU en tant que sous-parties de projets plus vastes réalisés par l’ONU. C’est le cas notamment du « projet indien-andin »[155], du programme éducatif en Corée (ONU-Unesco-UNKRRA), du programme Unesco-UNRWA pour l’éducation des enfants palestiniens réfugiés, du programme d’étude sur les utilisations pacifiques de l’énergie atomique, de celui sur les zones arides, du plan d’action pour stimuler le développement économique des pays insuffisamment développés[156], et de la décision de lancer l’enquête sur les tendances de la recherche scientifique[157].
De son côté, l’Unesco, dans sa façon de mener une grande partie de ses actions, demande l’orientation de l’ONU et se soumet à ses directives. C’est le cas notamment en 1956 pour l’application de la convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, dans le cadre de l’affaire de Suez ; Evans, devant cette situation hautement politisée, demande son avis à Hammarskjöld[158].
Au début des années 1950, l’ONU et l’Unesco mènent toutes les deux des actions qui se recoupent et interfèrent sur les questions de population ; cela les préoccupe et elles s’efforcent de coordonner leur action pour éviter les doubles emplois[159]. Des problèmes de coordination entre ONU et Unesco se posent aussi sur les questions de circulation de l’information[160].
Durant toute la période 1945-1974, la position de l’Unesco oscille en fait entre la volonté de resserrer ses liens avec son organisation-mère, et celle de se ménager une plus grande autonomie par rapport à elle. On observe d’ailleurs une attitude comparable de la part des autres agences spécialisées[161].
Dans les cinq premières années, les États membres, notamment les États-Unis[162], ainsi que les hauts fonctionnaires du secrétariat, expriment la volonté de resserrer la coordination entre l’ONU et l’Unesco et déplorent sa faiblesse. Ainsi, en 1950, le directeur-général adjoint, Walter Laves, estime qu’il est « malheureux que la haute politique de l’Unesco n’ait pas été plus directement liée aux problèmes traités par les Nations Unies. Beaucoup des tâches des Nations Unies auraient été considérablement facilitées par des programmes éducatifs auxiliaires menés sous la direction de l’Unesco »[163] ; en 1951, René Maheu, dans un mémorandum confidentiel, affirme son ambition que l’Unesco se taille le rôle prestigieux de « conseiller technique de l’ONU » ce qui lui confèrerait « un rôle considérable à jouer »[164]. Dans cet esprit, l’Unesco insiste souvent, dans les années 1950, pour que l’ONU envoie un représentant à ses réunions et conférences, pour raisons de prestige, tandis que malgré son invitation et son insistance, l’ONU n’est pas très intéressée[165]. En outre, les réunions annuelles de l’Ecosoc donnent lieu à des efforts de renforcement de la coordination des actions entre ONU et Unesco[166].
Au sujet des activités portant sur l’enfance victime de la guerre, malgré les efforts pour améliorer la coordination entre Unesco et ONU, cette coordination est insuffisante à la fin des années 1940, entre le département de l’éducation de l’Unesco et la division des activités sociales de l’ONU, et cela donne lieu à des retards[167].
Aux difficultés de coordination entre Unesco et ONU en correspondent d’autres entre l’Unesco et le Comité administratif de coordination (CAC)[168].
Tout en cherchant la coordination avec l’ONU, l’Unesco se montre, dès ces premières années, soucieuse de maintenir son autonomie par rapport à l’ONU. En 1947, elle s’inquiète de l’attitude d’« expectative », d’indifférence, de « fort scepticisme » manifestée par le Conseil économique et social envers elle[169], et de son projet de développer une section « éducation, sciences, culture », qui risquerait de lui faire concurrence[170]. En 1949, lors d’une séance privée du conseil exécutif, le directeur général et plusieurs délégués déplorent que « jusqu’à ce jour, les interventions de l’Unesco au cours des discussions des Nations Unies n’[aie]nt guère eu de poids », et soulignent la nécessité que l’Unesco soit mieux représentée à l’ONU, par un fonctionnaire hautement qualifié, afin de réussir à défendre son autonomie[171]. En 1951, Torres Bodet observe chez une partie des membres du Conseil économique et social un scepticisme et un manque de sympathie marqués envers l’Unesco[172] ; la situation paraît évoluer à partir de 1953[173]. En 1951, Laves souligne l’importance selon lui de tailler une place et un rôle importants à l’Unesco dans le système de l’ONU[174].
Au début des années 1950, les États-Unis préconisent une concentration du pouvoir de décision aux mains de l’ONU au sein du système des Nations Unies, facteur selon eux de plus grande efficacité ; mais ce n’est pas l’avis de la plupart des États membres ni du secrétariat[175].
Ainsi, comme l’observe Trygve Lie, au début des années 1950 deux écoles de pensée s’affrontent : l’une considère que les liens entre les agences spécialisées et l’ONU sont trop lâches et que les agences spécialisées devraient être dirigées davantage par l’ONU ; l’autre, qui est celle de Lie, est que les agences doivent avoir une grande autonomie par raport à l’ONU mais qu’en même temps la coordination entre elles et l’ONU doit être renforcée[176].
Au fil des années, les liens entre l’Unesco et l’ONU se resserrent progressivement[177]. L’Unesco en retire des avantages non négligeables. Ils consistent tout d’abord dans le soutien, la promotion de l’Unesco par l’ONU[178]. Ils consistent aussi en l’obtention par l’Unesco de compétences accrues, puisque l’ONU lui fournit des ressources financières supplémentaires (Fonds spécial, Programme étendu d’assistance technique) pour la faire participer à ses programmes : programme d’études sur les utilisations pacifiques de l’énergie atomique[179], programme d’études sur les zones arides[180], programme sur la paix[181], programme d’éducation de base[182], centres de formation à l’éducation de base[183], projets d’assistance technique[184]. L’Unesco tient l’ONU informée du déroulement de ces programmes et reçoit d’elle consignes strictes et jugements[185].
Les liens accrus entre l’Unesco et l’ONU ne sont pas exempts d’inconvénients pour l’Unesco, puisqu’ils sont facteurs de dépendance. Cela entraîne d’une part beaucoup de lourdeur et de lenteur dans les mécanismes administratifs de liaison et de coordination, et d’autre part des doubles emplois et des chevauchements dans la répartition des tâches[186]. Enfin, cela entraîne une prise d’influence croissante de l’ONU sur les orientations conceptuelles de l’Unesco. Ainsi, dans les années 1950, l’ONU joue un rôle important dans le passage de l’Unesco de la notion d’« éducation de base » à celles d’« éducation communautaire » et de « développement communautaire »[187].
Souvent, l’Unesco a perdu ses attributions par rapport à l’ONU. La division des statistiques, créée en 1953 au sein du secrétariat de l’Unesco, cède au fil des années beaucoup de ses attributions au Bureau statistique de l’ONU, et à l’organe statistique créé entre-temps au sein de la Banque mondiale pour stocker les statistiques socio-économiques. Peter Lengyel conclut que « l’Unesco a échoué à se tailler un rôle directeur dans le domaine statistique au sein du système de l’ONU ». En 1971, la division d’analyse des ressources humaines de l’Office des statistiques a été incorporée dans le département des sciences sociales, elle a à cette occasion été renommée Unité de méthodes et d’analyses. C’est un changement qui aurait pu selon Lengyel donner la possibilité à l’Unesco de jouer dans le domaine des sciences sociales et des statistiques un rôle plus important au sein du système de l’ONU, mais cela ne s’est pas fait[188].
La prise de conscience croissante des inconvénients qu’entraîne cette situation de subordination et de dépendance amène l’Unesco à des efforts pour réagir et pour défendre, voire augmenter, sa marge d’autonomie par rapport à l’ONU, à partir de la deuxième moitié des années 1950. En 1956, René Maheu est nommé représentant de l’Unesco auprès de l’ONU, à New York. En place à ce poste jusqu’en 1959, il s’emploie avec détermination, patience et talent à améliorer les procédures de coordination entre l’Unesco et l’ONU, et à accroître la place de l’Unesco au sein de ce système. Il s’y emploie en participant assidûment, contrairement à son prédécesseur à ce poste, aux réunions du Comité administratif de coordination (CAC), au cours desquelles sont discutés les problèmes politiques concernant le système des Nations Unies[189]. Maheu devient selon Francis Blanchard, ancien directeur général du Bureau international du travail (BIT), « l’une des vedettes » du CAC ; il y « déplo[ie] ses immenses talents pour […] défendre farouchement l’autonomie de son institution »[190]. Il s’efforce de valoriser l’image de l’Unesco auprès des dirigeants de l’ONU, de lutter contre l’image négative de « club de poètes parisiens » dont elle souffre alors[191]. Il est souvent le seul représentant d’une agence spécialisée à participer à de telles réunions. C’est le cas en juin 1956, à une réunion portant sur l’énergie atomique, où il se réjouit d’être traité « comme un membre de la famille ». Maheu s’efforce de tailler un rôle important à l’Unesco, et de ne pas la laisser devenir une simple agence d’exécution de l’ONU. Il observe la volonté de l’ONU de diminuer l’ampleur de ses attributions, et incite les dirigeants de l’Unesco à résister à cette tendance : « on redoute les syndicats, on respecte les médecins, on a besoin des agriculteurs [allusion à l’OIT, l’OMS et la FAO]. Par contre, les professeurs sont des modestes et les intellectuels ne font pas sérieux » ; « je pense que la situation exige une grande vigilance de notre part si nous voulons préserver l’avenir et même notre programme actuel ». Maheu observe que, dans ce domaine de l’énergie atomique et nucléaire, les dirigeants de l’ONU « entendent garder l’initiative et la responsabilité » du programme, et ne confier que des tâches d’exécution aux agences spécialisées ; notamment, l’ONU souhaite restreindre la contribution de l’Unesco dans ce domaine à « l’enseignement et [à] la formation scientifique et technique ». Il critique la méthode employée par l’ONU qui consiste à se réserver toute l’initiative et les décisions importantes et à ne confier que des tâches d’exécution aux agences spécialisées. Face aux dirigeants de l’ONU, il s’efforce de faire valoir « que l’Unesco pouvait être intéressée à d’autres aspects que l’enseignement et la formation scientifique et technique », mais il observe que « cette déclaration de doctrine a été accueillie avec autant de scepticisme que de courtoisie » par les hauts fonctionnaires de l’ONU, qui n’ont « pas paru prêter grande attention » à ses observations. Maheu incite le directeur général de l’Unesco à prendre « les dispositions nécessaires » « pour que nous puissions participer pleinement à cet important développement » ; « il y a là une initiative de grande conséquence, dont nous ne devons pas demeurer à l’écart ». En 1957, il souligne le « grand talent publicitaire » de Julia Henderson pour promouvoir l’action de l’ONU, à une réunion organisée par elle à l’ONU où elle a promu uniquement l’action de l’ONU et a « complètement passé sous silence » celle de l’Unesco ; lui-même s’efforce, à cette même conférence, de faire valoir l’importance de l’Unesco[192]. Evans juge que « Maheu a fait du bon travail à New York » pendant les trois ans qu’il y a occupé ce poste[193].
En 1957, Dag Hammarskjöld, secrétaire général de l’ONU, s’affirme très satisfait des progrès de la collaboration entre l’ONU et l’Unesco, obtenus grâce aux efforts de Maheu, et considère les rapports ONU-Unesco comme un modèle pour les autres agences. Cependant, cette satisfaction n’est pas réciproque : à la même époque, Vittorino Veronese, alors président du conseil exécutif, estime que le problème de la coordination entre l’Unesco et l’ONU est sur le point de devenir « dramatique », étant donné la persistance de la subordination de l’Unesco par rapport à l’ONU, et consacre une session privée du conseil exécutif à cette question[194]. En 1959, Maheu rentre au siège de l’Unesco. Ses successeurs au poste de représentant de l’Unesco auprès de l’ONU ne parviennent pas à enrayer la poursuite du phénomène dans les années suivantes.
Dans les années 1950 et 1960, Julia Henderson, directrice du bureau des affaires sociales de l’ONU, a l’ambition personnelle d’orchestrer au plus haut niveau la coordination entre les différentes agences de l’ONU, pour diminuer les doubles emplois et les rivalités entre les agences et mettre au point une approche équilibrée. À ce moment-là, les différentes agences craignent « l’émergence de tendances centralisatrices dans le travail économique et social du système des Nations Unies »[195].
Evans, motivé par un souci d’efficacité, se montre très favorable à un resserrement des liens entre l’Unesco et l’ONU. Il entretient des relations très amicales avec Hammarskjöld, qu’il admire beaucoup. Evans affirme dans l’interview réalisée en 1966 dans le cadre du Columbia Oral History Project avoir, plus qu’aucun autre directeur général d’agence spécialisée, mené le mouvement pour un renforcement de la coordination au sein du système de l’ONU. Il a notamment soutenu Hammarskjöld dans ses efforts de renforcement du service de terrain du programme d’assistance technique, donnant aux résidents représentants davantage d’autorité ; Evans a même proposé devant le CAC que le programme de participation de l’Unesco passe sous la responsabilité des résidents représentants de l’ONU[196].
La dépendance de l’Unesco par rapport à l’ONU pour le choix et la réalisation de ses programmes ne cesse de s’amplifier[197]. Dans le domaine des sciences, de la technique, et des ressources naturelles, l’Unesco ressent comme une concurrence avec ses propres compétences la création au sein de l’ONU d’une division des ressources naturelles, d’un secrétariat du Comité consultatif pour la science et la technique, et la convocation par l’ONU d’une « Conférence des Nations Unies sur la science et la technique appliquées au développement » en 1962[198]. Malgré les efforts d’Yvan de Hemptinne, directeur de la division des politiques scientifiques et technologiques, « farouche défenseur » des compétences de l’Unesco dans ce domaine, celles-ci cèdent du terrain par rapport à l’ONU[199].
Dans le domaine de l’éducation également, les actions de l’Unesco sont de plus en plus orientées par l’ONU[200], notamment avec le « Programme expérimental mondial d’alphabétisation » (PEMA)[201], et la mise en place de « l’Université des Nations Unies », idée de U’Thant, à laquelle travaille l’Unesco à partir de 1969[202]. Les activités éducatives de l’Unesco sont concurrencées aussi par la Banque mondiale, dont le président, Eugene Black, projette de créer en son sein une « Fondation pour l’éducation ». Malgré l’opposition de l’Unesco, qui perçoit ce projet comme une volonté d’empiéter sur ses propres compétences, celui-ci aboutit à la création au sein de la Banque mondiale d’un « département d’investissement dans l’éducation ». Ricardo Diez Hochleitner, qui a travaillé successivement à l’Unesco et à la Banque mondiale, témoigne de l’existence de « bon nombre de difficultés et de malentendus entre la Banque mondiale et l’Unesco » dans le domaine de l’éducation durant les années 1960. Toutefois, un compromis est trouvé, qui se matérialise par la création de l’IIPE en juillet 1963[203].
C’est surtout dans le domaine de l’action pour le développement que l’intégration des actions de l’Unesco dans un vaste ensemble conçu et coordonné par l’ONU est frappante, avec la « Décennie des Nations Unies pour le développement », lancée par l’ONU en 1961, et le « Programme des Nations Unies pour le développement » (PNUD) lancé par l’ONU en 1966. En effet, la mise en place du PNUD entraîne une adaptation de tous les projets de l’Unesco à ce nouveau système, qui impose, à partir de 1971, une programmation par pays. Enfin, à partir de 1974, l’Unesco entreprend, toujours sur les directives de l’ONU, des réflexions sur l’instauration d’un nouvel ordre économique mondial. Face à cette subordination croissante des programmes de l’Unesco par rapport à l’ONU, Maheu s’efforce de défendre l’autonomie de l’Unesco, mais sans réussir à enrayer la tendance[204].
En outre, dans les années 1960, l’ONU se décharge fréquemment sur l’Unesco de tâches qui lui incombent. Ainsi, n’ayant pas de représentant à Cuba, elle demande souvent au directeur du bureau Unesco de l’hémisphère occidental de la Havane de la représenter ; l’Unesco ressent cela comme « un fardeau supplémentaire pour le bureau »[205].
Durant ces mêmes années, les Nations Unies multiplient le nombre des bureaux de « Représentants résidents » (« Resreps »), dans les pays en voie de développement, qui transmettent à l’Unesco de nombreuses demandes d’aide[206]. Mais cela donne lieu à d’importants problèmes de coordination entre ONU et Unesco. Ainsi, en septembre 1964, le chef de mission de l’Unesco à Cuba déplore le « manque de coordination » entre l’assistance technique des Nations Unies et les activités de l’Unesco, d’où « des doubles emplois inutiles dans les programmes d’assistance bilatérale, et d’autre part un manque d’évaluation correcte et suffisante » : il observe que « le fait qu’il n’y ait pas de résident-représentant du bureau d’assistance technique des Nations Unies et du Fonds spécial [en Amérique latine] a causé un grand nombre de sérieux problèmes, consistant principalement en un manque d’analyse et de conseils de la part de l’Organisation pour la structure des programmes et pour leur évaluation. La mission de M. Galvan (venu de New York début 1964 pour une semaine) a permis seulement un rapide et incomplet survol des programmes »[207]. En novembre 1964, Roberto Moreira, chef du bureau régional d’éducation au Chili se plaint des difficultés qu’il a avec Adriano Garcia, résident représentant du conseil d’assistance technique de l’ONU : « tout ce qui concerne l’assistance technique de l’Unesco dans ce pays est sous le contrôle exclusif de M. Garcia, qui ne me consulte jamais sur rien ». M. Garcia prend toutes les décisions lui-même[208].
Ainsi, bien qu’au fil des années 1950-60, l’Unesco, comme les autres agences spécialisées, se soit efforcée de défendre son autonomie vis-à-vis de l’ONU[209], sa marge de manœuvre par rapport à l’agence-mère apparaît de plus en plus limitée au cours de la période, proportionnellement à l’augmentation des ressources financières qu’elle reçoit de l’ONU. De plus en plus, les programmes de l’Unesco sont conçus et définis dans la mesure où ils peuvent être financés par l’ONU, la Banque mondiale, et le FMI. De nombreux membres du secrétariat font à la fin des années 1960 et au début des années 1970 ce constat lucide. La table ronde du personnel de l’Unesco réunie en 1970 pour faire le point sur les dysfonctionnements de l’Unesco accorde une grande attention à ce problème[210].
Il faut cependant nuancer la gravité de cette dépendance. Elle n’est pas spécifique à l’Unesco, et touche dans une mesure comparable les autres agences spécialisées. Une enquête comparative menée au début des années 1970 sur la prise de décision au sein des organisations internationales conclut même que la marge de manœuvre de l’Unesco par rapport à l’ONU est relativement importante comparée à celle dont disposent les autres agences spécialisées[211].
Les relations entre l’ONU et l’Unesco sont ainsi caractérisés par une supériorité de l’ONU : l’ONU contrôle l’activité de l’Unesco et lui dicte certaines orientations, comme l’action concernant la liberté de circulation de l’information[212], la traduction des œuvres classiques[213], l’action en Corée pendant la guerre de Corée, l’action éducative au Congo (Unescongo). Dans la coopération entre l’ONU et l’Unesco apparaissent souvent des divergences de conception, divergences qui sont souvent fondées en fait sur les luttes d’influence. C’est le cas notamment du débat entre l’ONU et l’Unesco sur l’« éducation de base » et le « développement communautaire » : dans ses premières années, l’Unesco développe le concept d’éducation de base, qui lui confère du prestige et lui donne des compétences très larges (l’éducation de base englobant aussi des aspects sanitaires, agricoles…) ; au début des années 1950, l’ONU, sous l’influence de Julia Henderson, directrice du Bureau des affaires sociales de l’ONU, promeut le concept de « développement communautaire » et veut le faire adopter par l’Unesco comme nouvelle conception directrice en éducation, au détriment de l’éducation de base, qui, selon l’ONU, ne serait en fait qu’une sous-partie du développement communautaire ; pour l’Unesco en revanche, et notamment pour John Bowers (le conflit se personnalise en effet entre Henderson et Bowers), c’est le développement communautaire qui ne serait qu’une partie de l’éducation de base, ainsi l’Unesco pourrait continuer à employer le concept d’éducation de base. Finalement, au terme de luttes complexes et virulentes, l’ONU l’emporte et, à partir de 1956 le concept de « développement communautaire » s’impose, au détriment de l’éducation de base, à l’Unesco qui est obligée de se soumettre. L’enjeu pour l’ONU est de restreindre les compétences de l’Unesco dans ce domaine, puisque selon la conception du développement communautaire imposée par l’ONU, il revient à l’Unesco de s’occuper uniquement d’éducation et d’éducation civique dans ce domaine, et non plus de santé, d’agriculture, etc. En réalité les deux conceptions sont proches, et concrètement, les activités de l’Unesco dans le domaine de l’éducation de base n’ont pas beaucoup varié en devenant activités de développement communautaire[214]. Ce changement a néanmoins posé des problèmes dans les projets sur le terrain, comme par exemple dans le projet Unesco-UNRWA, où selon l’expert van Diffelen en 1956, depuis deux ans le programme subit des « difficultés de nature doctrinale et administrative » qui « reproduisent en miniature le conflit entre la doctrine de Julia Henderson de l’ONU et la doctrine de l’Unesco, conflit qui s’est répété récemment dans un grand nombre de lieux à travers le monde »[215]. De même, la réorientation du Crefal vers le développement communautaire pose des problèmes qui perdurent plusieurs années et nuisent à l’efficacité du centre et se manifestent par des conflits entre les agences[216]. Un « groupe de travail inter-agences sur le développement communautaire » est mis en place pour favoriser une coopération équitable et équilibrée entre les agences dans le domaine du développement communautaire, mais il n’y parvient pas[217].
A partir des années 1960, de nombreux problèmes de coopération se posent entre l’Unesco et le PNUD, souvent liés à des divergences de conception. C’est le cas notamment dans le PEMA, où règne tout au long de l’expérience, comme l’observe l’évaluation critique, un « désaccord fondamental » entre l’Unesco et le PNUD sur les conceptions directrices[218].
Ainsi, l’Unesco apparaît au fil de la période de plus en plus dépendante par rapport à l’ONU. Son manque d’autonomie dans le cadre du système de l’ONU se traduit aussi par des rivalités et des conflits de compétence avec les autres agences spécialisées.

Des conflits de compétence avec les autres agences spécialisées.

Durant la période 1945-74, les relations de coopération et de complémentarité que sont censées entretenir entre elles les agences spécialisées se teintent souvent de vive concurrence, de compétition, de rivalité[219]. L’enjeu est l’élargissement des compétences de chaque agence, et la défense de ses compétences face aux tentatives d’empiètement des autres. Ce problème touche davantage l’Unesco. En effet, ses domaines d’action (éducation, science, culture, mais aussi patrimoine, information et communication, environnement) sont multiples et leurs limites sont floues. Ils recoupent en partie ceux des autres agences et fondations de l’ONU : reconstruction et réfugiés (Organisation internationale des réfugiés, OIR), éducation (Bureau international de l’éducation, BIE), travail (Bureau international du travail, BIT), alimentation et agriculture (FAO), santé (OMS), communications (UIT), enfance (UNICEF), hydrologie (OMM)[220]. Le domaine de la culture et celui des sciences sont en revanche spécifiques à l’Unesco[221].
Dès sa création, l’Unesco s’est efforcée d’imposer une acception très vaste de son domaine de compétences. Ainsi en 1947, Huxley insiste sur « l’immensité inévitable du champ d’action de l’Unesco », qui doit agir tout à la fois contre « l’ignorance, la pauvreté, la maladie, la superstition, l’apathie et l’inassouvissement »[222]. De même, son successeur Torres Bodet insiste en 1949 sur le rôle que doit selon lui jouer l’Unesco dans la lutte contre la faim, la misère et la maladie[223]. Or ces différents domaines outrepassent en réalité la compétence de l’Unesco, et relèvent théoriquement des compétences des autres agences[224]. Laves affirme dans une correspondance confidentielle en 1948 que l’Unesco veut prendre la direction de la coordination du travail inter-agences[225]. L’Unesco entend agir comme poseur de normes et de principes pour les autres agences, comme superviseur de l’ensemble de l’action du système des Nations Unies[226].
On observe dans le discours de l’Unesco la volonté de se mettre à la tête des autres agences. Ainsi, en 1950, dans une publication, l’organisation affirme : « l’aide de l’Unesco est une condition préalable indispensable à l’assistance technique que d’autres institutions des Nations Unies pourraient accorder au Liberia, dans le domaine de la santé publique, des problèmes du travail et de l’agriculture »[227]. En convoquant une réunion de nombreux délégués du monde ouvrier en juin 1952, l’Unesco empiète sur les compétences de l’OIT[228]. Avec les réflexions sur le thème de l’alimentation et de la population, liées à la crainte d’une surpopulation mondiale, entreprises dès la fin des années 1940, elle s’efforce d’étendre ses compétences, au détriment des compétences des autres agences (OMS et FAO notamment).
Très tôt, les ambitions débordantes qu’affiche l’Unesco inquiètent les autres agences et les États membres. Ainsi, en 1948, les États-Unis expriment une « grande inquiétude » au sujet de ses relations avec les autres agences[229]. Cependant, elle accomplit de réels efforts pour apaiser ces appréhensions et mettre en place des relations de coopération efficaces. Dans cet esprit, Torres Bodet se rend en 1949 à Genève aux sièges de l’OIR, de l’OMS, de l’OIT, de l’UIT, et du BIE[230], puis en 1951 à Rome au siège de la FAO[231]. Ces rencontres avec les directeurs respectifs de chaque agence sont marquées, d’après un rapport confidentiel de Maheu, par une « grande cordialité » et un effort de coopération. Brock Chisholm, directeur général de l’OMS, se montre « très satisfait » de la bonne liaison entre l’Unesco et l’OMS, due en particulier à la bonne entente entre Mme Zhukova, fonctionnaire de l’Unesco chargée des sciences médicales, et M. Grzezarzewski, son homologue à l’OMS. Pour Brock Chisholm, « les frictions des débuts, qui procédaient surtout d’un personnel de l’OMS hérité de la SDN et très jaloux de ses prérogatives, relèvent d’une histoire oubliée ». Les deux directeurs généraux estiment que la création en avril 1949 du « Conseil permanent pour la coordination des congrès internationaux des sciences médicales » grâce aux efforts conjoints de l’OMS et de l’Unesco, et l’accord de l’OMS pour travailler avec l’Unesco au projet de Marbial en Haïti, sont le signe de la bonne coopération entre les deux agences. De même, Jeff Rens, directeur général adjoint de l’OIT, se déclare en 1949 « très satisfait de la coopération de l’Unesco » et « très désireux de la resserrer ». D’autre part, Torres Bodet engage des efforts analogues avec le directeur général du BIE, Jean Piaget, discutant avec lui d’un projet de création d’un centre d’information et d’échange de documentation sur l’éducation ; les deux hommes, s’accordant sur la nécessité « d’éviter la dispersion et les doubles emplois », se mettent d’accord pour confier ce travail au BIE[232]. Enfin, la rencontre de Torres Bodet avec le directeur général de l’OIR[233] aboutit à un accord de coopération, en réponse à la demande insistante de l’OIR d’obtenir le concours de l’Unesco pour œuvrer au recasement de 25 000 intellectuels « déplacés » en Allemagne[234].
Dès la fin 1946, des entretiens ont lieu entre l’Unesco, l’Organisation internationale des refugiés (OIR) et l’OIT sur le placement des réfugiés intellectuels. Ces trois agences coordonnent leur action face à cet objectif en créant un comité de travail restreint[235]. En mai 1947 a lieu la conférence de la commission préparatoire de l’OIR[236]. Cela marque le début d’une correspondance entre le secrétaire exécutif de la commission préparatoire de l’OIR, A.J. Altmeyer, et le directeur général de l’Unesco. À partir de 1947, l’OIR mène une activité en collaboration avec l’Unesco[237]. C’est son directeur général, Hallam Tuck, qui demande « avec beaucoup d’insistance » son concours technique. En 1949, Torres Bodet, bien qu’observant que la conférence générale ne lui a donné aucun mandat pour accomplir une telle action, accepte de s’efforcer de faire collaborer l’Unesco avec l’OIR au recasement des réfugiés[238].
Dès 1948, l’Unesco affirme l’importance d’améliorer la coordination entre agences[239]. Ainsi, Torres Bodet manifeste une volonté réelle d’œuvrer au rapprochement et à la coopération entre agences spécialisées. En 1951, il insiste dans un discours sur l’importance capitale de cette coopération ; il souligne en particulier la nécessité d’une étroite convergence entre l’Unesco, la FAO et l’OMS, quand dans les régions défavorisées du monde se déploient « une trinité de fléaux : l’analphabétisme, la faim et la maladie », qui sont indissociablement liés et qu’il serait « inefficace d’attaquer séparément »[240]. Dans ses Mémoires, il estime que les efforts qu’il a menés tout au long de son mandat ont conduit à une nette amélioration de la coopération entre l’Unesco et les autres agences[241]. Cette affirmation comporte bien entendu une part de subjectivité. Si de réels efforts ont été accomplis en ce sens dans ces premières années, les échecs existent aussi. Ainsi, en 1948, un projet de coopération avec l’Union internationale des télécommunications (UIT) échoue à cause de l’hostilité de certains membres de l’UIT. Un nouveau projet de coopération est envisagé en 1949, à l’initiative de l’Unesco, concernant l’usage de la radio à hautes fréquences dans un esprit de tolérance et de paix, mais il se heurte au scepticisme du directeur général de l’UIT, M. von Ernst, et n’aboutit pas. Un désaccord important oppose alors ces deux organisations sur la question des télécommunications, l’Unesco prônant une réduction des tarifs des télégraphes et téléphones pour la presse afin de favoriser la liberté de l’information, alors que l’UIT y est opposée[242]. D’autre part, en concluant en 1950 l’« accord pour la suppression des droits de douane pour l’importation d’objets de caractère éducatif, scientifique et culturel », qui, comme le reconnaît Torres Bodet, est un « traité de commerce », l’Unesco se voit reprocher d’empiéter sur les compétences de l’OMC [243].
En 1949, l’entrevue entre Torres Bodet et le directeur général adjoint de l’OIT, Jeff Rens, aboutit à une volonté de collaboration. Les deux hommes s’entendent bien. Rens se montre « très satisfait de la coopération de l’Unesco » et « très désireux de la resserrer », notamment dans le domaine de l’instruction technique. « Sa doctrine en la matière est très exactement la nôtre », observe Maheu. Rens souhaite une bonne coopération entre le nouveau centre de formation professionnelle établi à New Delhi par l’OIT et le poste de coopération scientifique de l’Unesco à New Delhi. Une bonne coopération existe aussi entre la section des migrations pour l’emploi de l’OIT (M. Tait), et le département des échanges de personnes de l’Unesco (M. Adiseshiah). L’Unesco et l’OIT décident aussi de collaborer étroitement dans le domaine des échanges d’ouvriers à but éducatif, et dans la réalisation de l’exposition sur les droits de l’homme, dans le domaine de la promotion des droits économiques et sociaux. Maheu observe que dans tous les domaines, « M. Rens a accueilli les projets de l’Unesco avec beaucoup de sympathie et a promis toute la collaboration de l’OIT »[244].
En 1952, des journées d’études inter-agences sont organisées pour coordonner leurs activités en matière de diffusion de la connaissance scientifique, réunissant Unesco, OIT, FAO, OMS, UIT[245]. Le CAC, créé en 1947 à la demande de l’Ecosoc, et qui se compose du secrétaire général de l’ONU et des directeurs généraux de chaque agence spécialisée, s’efforce de contribuer à améliorer la coordination des actions des agences spécialisées[246].
La place tenue par le département des sciences sociales de l’Unesco au sein du système des Nations Unies entraîne des rivalités. Alva Myrdal, directrice du département des sciences sociales à partir de 1950, souhaite que ce programme devienne un guide pour le Conseil économique et social. Mais cette volonté n’aboutit pas. Au début des années 1950, le département des sciences sociales de l’Unesco ne parvient pas à trouver sa place au sein du système de l’ONU[247]. D’autres structures concurrentes, à l’ONU[248], à l’Institut des nations unies pour la formation et la recherche (United Nations Institute for Training and Research, UNITAR, New York), à l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (United Nations Research Institute for Social Development, UNRISD, Genève), à l’OIT, priment sur lui. Selon Peter Lengyel, en échouant, en ce début des années 1950, à devenir un collaborateur étroit et privilégié du conseil économique et social, le département des sciences sociales de l’Unesco aurait laissé échappé « l’occasion de devenir un puissant think tank du système de l’ONU dans le domaine socio-économique »[249]. Cependant, l’échec n’est pas total pour ce département ; ainsi, en 1955, il noue une collaboration étroite avec l’OMS, particulièrement dans le domaine de la nutrition et de la santé publique[250].
En mars 1947, Julian Huxley donne une conférence de presse à New York, dans laquelle il affirme qu’il pense que l’Unesco peut jouer un rôle important dans la recherche atomique, par des études sur les matériaux fissiles et sur les usages non militaires de l’énergie atomique. Or, il s’agit d’une tentative d’empiétement des compétences de l’Unesco sur celles d’autres agences de l’ONU, notamment l’AIEA et la Commission des Nations Unies pour l’énergie atomique. Cette dernière a pour mission de favoriser l’échange d’informations scientifiques à des fins pacifiques entre toutes les nations, et de contrôler que l’usage de l’énergie atomique dans le monde se limite à cela. Le programme de l’Unesco dans ce domaine ne fait aucune référence à l’énergie atomique, et indique seulement en termes généraux que l’Unesco informera le public de tous les pays sur les découvertes scientifiques et leur possible rôle de soutien aux relations internationales et sociales. Les affirmations de Julian Huxley causent beaucoup « d’embarras », « d’interrogations et de confusion », au département d’état américain, qui dénonce l’interprétation « abusive » des compétences de l’Unesco à laquelle se livre Huxley, empiétant sur les compétences de la Commission des Nations Unies pour l’énergie atomique[251].
Les efforts menés dans les premières années pour améliorer la coopération inter-agences ayant abouti à des résultats médiocres, l’ONU demande en 1950 au Conseil économique et social de favoriser la « concentration des efforts et des ressources » entre les différentes agences[252]. En 1951, devant l’absence d’amélioration, le secrétaire général de l’ONU déplore publiquement la mauvaise coopération entre les agences[253].
Dans ces années, plusieurs actions de l’Unesco empiètent sur les compétences des autres agences. C’est le cas par exemple des rapports spéciaux Man against disease, rédigés par Ritchie Calder et réalisés avec l’aide de l’ONU ; il s’inscrivent en concurrence directe avec l’OMS.
Des efforts de répartition du travail entre FAO et Unesco sont réalisés au sujet des sciences de la mer : en 1952, la FAO propose à l’Unesco que celle-ci se charge des recherches fondamentales sur les sciences de la mer, la FAO se réservant les applications pratiques[254]. Mais cela n’élimine pas les rivalités.
Dans les années 1950, sous l’impulsion d’Adiseshiah, l’Unesco s’efforce d’améliorer sa coordination, dans ses projets d’assistance technique, avec l’OMS et l’OIT ; ces agences font des efforts réciproques[255].
Le domaine des utilisations pacifiques de l’énergie atomique et nucléaire, qui est traité à partir de 1955 par le système de l’ONU, l’est à la fois par l’OMS, la FAO et l’Unesco. Cela oblige à une répartition des tâches parfois délicate entre ces trois agences[256]. Pour permettre cette collaboration, en 1955, l’ONU établit un « comité scientifique sur les effets des radiations atomiques », qui vise à coordonner le travail des différentes agences (FAO, ICAO, BIRD, OIT, Unesco, OMS, OMM) dans ce domaine [257].
En 1955, Herbert Breadley, directeur général adjoint de la FAO, exprime à l’Unesco son « souci » au sujet de la collaboration entre représentants de la FAO et de l’Unesco dans les projets sur le terrain, évoquant ceux en cours au Mexique, en égypte, à Ceylan, en Thaïlande, et dans les centres Asfec et Crefal[258].
Dans la deuxième moitié des années 1950, Maheu, à son poste de représentant de l’Unesco auprès de l’ONU, poursuit les efforts initiés par Torres Bodet pour rendre la coopération entre les agences plus efficace et éliminer les doubles emplois[259]. Ses efforts sont soutenus par les États membres, soucieux de ne pas verser des financements en vain à ces agences[260]. Maheu s’emploie en fait surtout à défendre la portée des compétences de l’Unesco par rapport aux autres agences[261]. Il mène cette défense de manière acharnée, voire « agressive »[262] et « avec un peu trop d’âpreté »[263] selon les dirigeants des autres agences.
Dans l’interview de 1966 précédemment citée, Evans évoque ses propres désaccords avec les directeurs généraux de l’OMS et de la FAO ; il estime qu’ils étaient peut-être dûs au fait que ces hommes étaient originaires de pays du Tiers Monde (le directeur général de la FAO était indien et celui de l’OMS brésilien)[264].
Lorsqu’il devient directeur général en 1962, Maheu se montre optimiste, affirmant que les relations d’intense rivalité et de compétition que les agences spécialisées ont entretenues entre elles dans les années 1950 étaient dues « à leur processus de croissance et à la pauvreté du programme d’assistance technique », et qu’à présent que le programme d’assistance technique de l’ONU s’est transformé en un Fonds spécial doté de vastes ressources, ces relations vont s’améliorer d’elles-mêmes[265].
La réalité ne confirme pas cet optimisme. Dans les années 1960, un profond conflit de compétences oppose l’Unesco et l’OMM dans le domaine de l’hydrologie[266]. Adriano Buzzati-Traverso[267], alors sous-directeur général pour les sciences à l’Unesco, estime que le programme scientifique de l’organisation devrait se limiter à la recherche fondamentale ; en conséquence, sans même consulter le directeur général, il passe un accord avec l’OMM transférant à celle-ci toutes les compétences de l’Unesco en matière d’hydrologie. Sous la pression d’un mémorandum de son collègue Sorin Dumitrescu, dénonçant cette décision au directeur général, ce dernier l’annule et s’oppose à ce qui aurait été la renonciation de l’Unesco à un pan important de ses activités scientifiques[268]. En 1971, le conflit de compétences demeurant toujours vif entre l’Unesco et l’OMM, une négociation directe est organisée, sous l’impulsion de Dumitrescu, entre le directeur général de l’Unesco, Maheu, et celui de l’OMM, Davies, afin d’aboutir enfin à une délimitation équitable et claire des compétences entre les deux organisations[269].
Par ailleurs, malgré les efforts de Maheu, les rapports entre l’Unesco et l’OIT, des années 1950 aux années 1970, demeurent teintés de rivalités. Des efforts réciproques menés dans les années 1950 pour resserrer la collaboration entre les deux agences[270] n’empêchent pas qu’un conflit important les oppose dans ces années au sujet du « projet indien-andin »[271], et dans les années 1960 et au début des années 1970 au sujet de la concurrence entre la notion d’« enseignement technique », à laquelle est attachée l’Unesco (car c’est une notion liée à celle d’éducation, qui relève de ses attributions) et celle de « formation professionnelle », à laquelle tient le BIT (car c’est une notion liée à celle du travail, attribution du BIT). Francis Blanchard, ancien directeur général du BIT, témoigne des « discussions byzantines » qui se sont éternisées pendant des années avant qu’une entente n’ait été trouvée à ce sujet par une négociation directe entre lui et son homologue Maheu[272].
Au début des années 1960, la volonté de Victor Kovda, directeur du département des sciences, de lancer des recherches sur le cancer et la gérontologie, s’inscrit en concurrence avec l’OMS[273]. En avril 1967, sur l’initiative de Maheu, des hauts fonctionnaires de l’Unesco, de l’OIT et de la FAO se réunissent à Paris afin de discuter de la collaboration entre les trois institutions. À la suite de cette réunion, Maheu propose à la FAO la création d’une division conjointe (Unesco-FAO) qui s’occuperait de l’ensemble des programmes de la FAO et de l’Unesco en matière d’enseignement agricole, ce qui permettrait de régler le conflit de compétences alors important entre ces deux organisations. Le conseil exécutif et la conférence générale de l’Unesco approuvent le projet de création d’un comité consultatif international sur l’enseignement et les sciences agricoles ; mais le directeur général de la FAO refuse d’approuver ce projet et insiste sur l’importance du « contentieux » entre l’Unesco et la FAO[274]. Dans les années 1960, États-Unis comme URSS se préoccupent d’améliorer la coordination inter-agences, et notamment l’URSS s’intéresse à la coordination entre l’Unesco et l’OIT[275].
Ainsi, au cours des années 1960, par la multiplication des négociations directes entre responsables des différentes agences, et par la signature d’accords, des compromis sont trouvés pour atténuer les conflits inter-agences. En juillet 1967, devant le Conseil économique et social, Maheu fait l’éloge de la coopération « fructueuse » entre l’Unesco, l’Unicef, l’OIT, la FAO, la Banque mondiale et le Programme alimentaire mondial. Il cite notamment la Recommandation sur la condition du personnel enseignant, élaborée conjointement par l’Unesco et l’OIT, et la Décennie hydrologique internationale (DHI), mise en œuvre grâce à la coordination de l’ONU, de la FAO, de l’OMS et de l’AIEA. Il déclare que la création du « Bureau consultatif inter-organisations » du PNUD constitue « un grand pas en avant dans la coopération internationale » et dans la coordination des activités des agences de l’ONU. Il se montre très conciliant et très désireux de collaborer avec les autres agences : « je tiens à donner à votre Conseil les assurances les plus catégoriques de la volonté de coopération de mon Organisation ainsi que de mes propres dispositions […] à une entente loyale ». Il préconise que l’Unesco, la FAO, l’OIT, les ministères de l’éducation, de l’agriculture, du travail, « uni[ssent] leurs ressources et leurs compétences en des efforts communs et solidaires »[276].
Finalement, en mai 1968, un accord tripartite est conclu entre les directeurs généraux de l’Unesco, de la FAO et du BIT :
« L’idée-maîtresse est qu’au lieu de chercher à délimiter et à distinguer les attributions de chacun, ainsi qu’on avait jusque-là vainement tenté de le faire, on a pris pour base la notion de complémentarité des compétences et adopté le principe de conjonction des efforts de tous. Au lieu de séparer les trois organisations selon ce qui leur est propre, on s’attachera désormais à les unir autour de ce qui leur est commun. Ce qui leur est commun, c’est le développement rural au sens le plus large. Chaque organisation devra concourir à ce même but dans des domaines et par des moyens différents : l’agriculture - y compris les pêches, la sylviculture et la nutrition- pour la FAO, l’éducation ainsi que la science pour l’Unesco, l’emploi et la formation professionnelle pour l’OIT. »[277]
Le changement de directeur général à la FAO en 1968 entraîne une nette amélioration de l’atmosphère entre les deux organisations[278], à tel point qu’en juillet 1968, le projet de créer un comité conjoint FAO-Unesco est abandonné, puisque les relations Unesco-FAO se sont améliorées d’elles-mêmes.[279] L’effort de collaboration entre l’Unesco, la FAO et l’OMS se concrétise en septembre 1968 par la Conférence de la biosphère, organisée par l’Unesco[280]. Les États membres observent avec satisfaction cette amélioration des relations Unesco-FAO[281]. En 1968, Maheu estime que la coopération entre l’Unesco et l’Unicef en matière d’éducation dans le Tiers Monde se développe « de façon très fructueuse, dans une atmosphère de parfaite compréhension mutuelle » et s’avère « bénéfique »[282] ; en effet, dans les années 1960, l’Unesco s’efforce d’éviter tout double emploi avec l’Unicef, en détachant l’un de ses fonctionnaires auprès de l’Unicef[283]. Cette amélioration de la coopération entre l’Unesco et l’Unicef est observée avec satisfaction par les États membres[284] et par Maheu en 1967-68[285].
Tout au long de ces années, les États membres, « agacés » de ces rivalités entre agences[286], insistent auprès d’elles pour qu’elles y pallient. Ainsi, en 1965, les États-Unis comme le Royaume-Uni déplorent les doubles emplois et les fossés causés par la coordination défaillante entre les agences, et préconisent l’utilisation du mécanisme du CAC pour l’améliorer[287]. Cependant, certains fonctionnaires de l’Unesco estiment que les États membres auraient en réalité leur part de responsabilité dans la mésentente entre les agences, puisque, mus par leurs intérêts particuliers, « ils parlent d’une voix dans une agence et d’une autre dans une autre agence », comme l’observe Dumitrescu[288]. De même, Prévost déplore :
« Rares -s’ils existent- sont les gouvernements qui s’efforcent d’avoir, vis-à-vis de l’ensemble du système des Nations Unies, une politique cohérente. Les diplomates vont à New York [ONU], les patrons et les syndicalistes, les médecins, les météorologues, vont (chacun de leur côté) à Genève [OIT, OMS, OMM], les agriculteurs vont à Rome [FAO], etc. Chaque délégation représente ainsi ses intérêts nationaux sectoriels, sans considération de ceux d’autres secteurs de l’activité nationale, et souvent dans une confortable ignorance de la politique internationale de l’État qu’ils sont censés représenter. Il appartient donc aux Secrétariats soit d’envenimer les conflits nés de cette pagaille, soit de les pallier. »[289]
C’est également l’opinion du directeur général Maheu qui, en 1967, affirme que les mésententes entre agences sont en grande partie « la conséquence d’un certain manque de coordination au plan national » et exhorte les États membres à « y porter remède »[290]. Progressivement, à la fin des années 1960 et au début des années 1970, sous la pression des agences[291], les États membres prennent conscience de leur responsabilité dans ce problème, et de la nécessité d’adopter sur chaque question une même position dans les différentes agences[292]. Cependant, selon Jones, la rapide augmentation du nombre d’États membres vers 1960 a plutôt conduit à une intensification de la compétition et de la rivalité entre les différentes agences de l’ONU[293].
Vers la fin des années 1960, « la principale pomme de discorde » entre les agences consiste dans la rivalité pour obtenir des « coûts d’agence », c’est-à-dire des ressources supplémentaires, non contrôlées par les États membres, accordées par le PNUD aux agences spécialisées chargées d’exécuter certains de ses projets[294]. Pour aplanir les rivalités, le PNUD charge l’Australien Robert Jackson de préparer un rapport pour évaluer si la capacité réelle de ce système est à la hauteur de ses ambitions. En 1969 paraît le « Rapport Jackson », A study of the Capacity of the United Nations Development System[295]. Il dénonce la « course aux projets » entre les différentes agences spécialisées, et conclut à la nécessité d’une programmation par pays, ce qui oblige l’Unesco à justifier les projets d’alphabétisation non plus sur la base de principes généralement établis mais sur celle de besoins nationaux spécifiques ; il prône aussi des réformes administratives et financières, et l’idée d’un objectif de rentabilité économique des projets de développement. Ce rapport suscite de véhémentes critiques de la part des agences, qui voient leur autonomie menacée par un PNUD devenant de plus en plus puissant. En particulier, il suscite des attaques de la part de Maheu, qui, dans les différentes réunions inter-agences, réaffirme l’indépendance des agences spécialisées[296]. En février 1970, Maheu déclare à la session spéciale du bureau consultatif inter-organisations, à New York, que « l’étude [de Jackson] exagère à l’excès les responsabilités du PNUD », et qu’elle « manque d’objectivité ; en fait, elle est partiale, et ne s’en cache pas. Son auteur l’a entreprise avec un parti pris déclaré en faveur de la centralisation à outrance ». Maheu critique vivement le fait que le rapport Jackson, prenant acte des rivalités entre les agences pour l’attribution des fonds, préconise de confier de manière centralisée la conception, la planification et la programmation à l’ONU et de faire des agences spécialisées de simples exécutants. Il dénonce dans le rapport Jackson une politique de « diktats autoritaires d’économistes et de technocrates ». Selon lui, les recommandations de Jackson aboutiraient à « revenir de dix ans en arrière », car elles méconnaissent l’intégration de l’intellectuel et de l’opérationnel, dans laquelle Maheu voit « l’un des plus grands progrès accomplis au cours des dix dernières années ». Tout en reconnaissant « les défauts et défaillances du système actuel du PNUD » et la nécessité d’y remédier, Maheu affirme qu’« il n’est pas vrai que le PNUD ait été un échec, et [qu’] il est grave d’en avoir donné l’impression au public »[297].
Malgré les critiques de Maheu, une partie des recommandations du rapport Jackson sont adoptées. Cela entraîne en particulier le remplacement de l’approche par projets par une approche par pays. Chaque État en voie de développement se voit attribuer un plafond théorique de crédits, le « chiffre indicatif de planification » ; le Conseil du PNUD approuve un budget pour chacun de ces États et décide de sa répartition[298]. Ce nouveau système vise à éviter les rivalités entre agences spécialisées.
D’une manière générale, de 1960 à 1974, la coordination entre les agences s’améliore[299]. Pourtant, tous les problèmes ne sont pas résolus, comme l’observe la table ronde du personnel de l’Unesco en 1970, déplorant que dans certains domaines comme les sciences exactes et naturelles, les sciences sociales et l’information, « les institutions-sœurs éprouvent de la peine à comprendre les buts et les mobiles de l’Unesco. Il en résulte que de nombreux fonctionnaires du programme perdent un temps précieux à polémiquer avec des institutions-sœurs et que la division des relations avec les organisations internationales est souvent surchargée de travail »[300]. Des conflits de compétence continuent effectivement à se produire au début des années 1970, comme en 1972 au sujet de la conférence de Stockholm, qui entraîne des rivalités entre l’Unesco, l’OMM et la FAO, ou encore la même année au sujet de la Commission océanographique internationale (COI), dont la première session donne lieu, malgré la signature d’un accord entre l’Unesco et la FAO[301], à des difficultés de répartition de compétences et à des rivalités pour l’attribution des crédits distribués par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) nouvellement créé[302]. Toutefois, grâce aux efforts diplomatiques de Prévost, un terrain d’entente est finalement trouvé à ce sujet[303].
Au début des années 1970, Maheu estime que le CAC s’est révélé inutile, impuissant à améliorer la coordination entre agences[304].
En 1974, le nouveau directeur général, M’Bow, observe que la coopération entre agences de l’ONU, qui est « la condition sine qua non du bon fonctionnement du système tout entier », soulève en fait toujours d’importantes « difficultés », dues au « cloisonnement des tâches », aux « doubles emplois », à la « coordination insuffisante des activités », à la « lenteur et la lourdeur des procédures administratives »[305]. Au milieu des années 1970, la situation de la coordination entre agences est insatisfaisante aux yeux des Américains[306]. Dans les années 1970 et 1980, Khamissa Mofadel Khamsi observera encore une vive concurrence et une « étanchéité totale » entre les projets des différentes agences (Unesco, OIT, FAO), dans une même région d’Afrique et face à un même problème, ainsi qu’une « jalousie » et un « dédain » entre leur personnel respectif[307].
Peter Lengyel relève comme un des dysfonctionnements du système de l’ONU le fait que la nécessité de répartir les attributions entre les agences oblige l’Unesco à laisser de côté, en dehors de ses réflexions, des pans importants des enjeux de la société. Ainsi, l’Unesco s’intéresse aux aspects sociaux de l’implantation d’industries dans les zones rurales, mais ne s’occupe pas du tout des aspects sociaux de l’industrialisation de l’agriculture, car cela relève de la FAO[308].
De nombreux domaines d’action de l’Unesco, se situant aux marges de ses compétences, constituent des sources d’importantes frictions avec l’ONU ou ses autres agences, fonds, ou programmes, malgré ses efforts persistants pour développer des relations harmonieuses avec eux[309]. Ce sont notamment : l’urbanisme (concurrence avec l’ONU)[310]; les questions de population (avec l’ONU aussi)[311] ; les études sur la santé mentale des enfants (avec l’OMS)[312] ; l’agriculture, l’éducation agricole, la question des ressources naturelles (avec la FAO) [313] ; la santé et l’éducation sanitaire (avec l’OMS) ; l’éducation professionnelle (avec l’OIT)[314] ; les télécommunications (avec l’UIT) ; l’aide alimentaire (avec le Programme alimentaire mondial, PAM)[315] ; l’environnement (avec l’ONU et l’OMM)[316].
Ces zones de chevauchement de compétence ou de flou sur leurs compétences respectives ont donné lieu souvent à des efforts réciproques de coopération et à des actions menées conjointement par différentes agences. De nombreux projets peuvent être cités pour illustrer ces efforts : le projet de Viani en Colombie (en 1949, Torres Bodet s’efforce d’obtenir la coopération de l’OMS à ce projet, demandant à son directeur général la collaboration d’un expert en education à la santé détaché par l’OMS)[317], les projets éducatifs en Chine (Unesco-Unicef, 1949)[318], le projet d’éducation de base de Dujaila en Irak (Unesco, OMS, OIT, FAO, années 1950)[319], le programme sur les zones arides (Unesco-FAO-ONU, années 1950)[320], la carte de la végétation méditerranéenne (Unesco-FAO, 1969), la carte mondiale des sols (Unesco-FAO)[321], l’étude sur l’agroclimatologie du Proche-Orient (Unesco-FAO-OMM, 1962)[322], les projets de recherche écologique et scientifique dans le Sahel (PNUE, FAO, OMM, OMS, PNUD, Unesco, à partir de 1974)[323], l’étude Tendances principales de la recherche scientifique[324], les recherches sur les « usages pacifiques de l’énergie atomique »[325], le colloque sur les changements de climat (Rome, 1961, Unesco-OMM), l’Atlas climatique de l’Europe (Unesco-OMM, 1970) ; le projet d’IIHA[326], le colloque d’Anisha sur la protection de la nature (Unesco-FAO, 1961)[327], les études sur l’enseignement technique et professionnel (Unesco-OIT)[328], le Crefal et l’Asfec (Unesco, FAO, OMS, OIT, ONU), le projet majeur d’éducation primaire en Amérique latine (Unesco, FAO, OMS, Unicef) [329] ; l’Unisist[330] ; la convention du droit d’auteur (1952)[331], la Convention sur la condition du personnel enseignant (Unesco, OIT, BIE, 1960)[332], de nombreux projets d’éducation de base (Unesco, FAO, OMS, OIT)[333], des projets éducatifs dans le Tiers Monde (Unesco-Unicef) [334], les projets d’éducation spéciale à partir de la fin des années 1960 (Unesco, OIT, OMS, ONU) [335], le projet majeur sur les zones arides (Unesco, FAO, OMM) [336], la DHI (Unesco, OMM, FAO, OMS, AIEA)[337], l’action éducative auprès des réfugiés palestiniens (Unesco-UNRWA)[338].
Les efforts de coordination entre agences se font souvent sur l’insistance des États membres, soucieux d’éviter les chevauchements et doubles emplois, sources de gaspillages[339].
L’ONU elle-même s’efforce de contribuer à une répartition des tâches équitable et rationnelle entre ses agences et à une coordination efficace de leur travail, notamment dans le domaine de l’environnement (avec la création du PNUE en 1972[340], ce à quoi était hostile l’Unesco dans les années précédentes[341]), ou de l’application de la science et de la technique au développement[342]. L’ONU s’efforce de coopérer efficacement avec l’Unesco, dans plusieurs domaines comme l’étude de l’industrialisation et de l’urbanisation ; ainsi, l’ONU est très intéressée par la conférence de sociologues réunie par l’Unesco à Abidjan en 1954 et portant sur l’impact social de l’industrialisation et des conditions urbaines en Afrique ; l’ONU y envoie un représentant et est soucieuse d’établir une « pleine coopération » avec le département des sciences sociales de l’Unesco dans ce domaine[343]. Cependant l’ONU échoue souvent à établir les bases d’une bonne coopération inter-agences. Ainsi, dans le cadre de la préparation de la conférence des Nations Unies à Stockholm, les agences spécialisées sont en conflit, comme l’observe le Royaume-Uni[344].
Parfois, cette collaboration fonctionne mal, malgré des efforts de part et d’autre. Ainsi, en 1953, le gouvernement britannique observe que dans le projet de Dujaila la coopération inter-agences est handicapée par le fait que l’Unesco a commis l’erreur de ne pas envoyer ses experts en même temps que ceux de l’OIT[345]. En 1957, l’ambassade américaine au Cambodge estime que l’organisation administrative du projet d’éducation de base de l’Unesco au Cambodge est mauvaise, notamment à cause de l’absence des techniciens de l’OMS, de la FAO, et de l’OIT, qui, requis il y a plus d’un an, ne sont pas venus[346]. En octobre 1963, en séance privée du conseil exécutif, le représentant de la France, Julien Cain, insiste sur « la nécessité d’établir une liaison étroite » entre le travail de l’Unesco et celui de l’ONU dans le domaine de l’information[347], ce qui montre que cette liaison n’est pas suffisante. En décembre 1971, U’Thant reconnaît et déplore la perte de temps due au fait que les études et réflexions sur le projet d’université des Nations Unies ont été menées séparément et non pas conjointement par l’ONU et l’Unesco[348] ; ce projet se heurte en outre à l’hostilité de l’UNITAR, qui considère avec inquiétude que la mise en place de cette université « ôterait la moitié de la raison d’être de l’Unitar »[349]. Par ailleurs, une mauvaise coordination entre l’ONU et l’Unesco au sujet de la préparation de l’Année internationale de la femme (1975) nuit à sa réussite[350].
La coopération inter-agences a souvent donné lieu à des conflits, notamment dans le cadre des projets d’éducation de base, de l’IIHA, du Crefal et de l’Asfec[351], de l’expédition océanographique de l’océan indien[352] ; de la DHI[353] ; de la commission océanographique internationale (COI)[354] ; du programme de recherches sur la forêt amazonienne[355] ; du projet indien-andin[356] ; du MAB[357] ; des projets d’éducation de base ; de l’université des Nations Unies[358]. Ils sont révélés non pas par les documents officiels de l’Unesco, mais par d’autres sources : correspondances confidentielles internes de l’Unesco[359], archives diplomatiques[360], archives de l’ONU, témoignages d’anciens fonctionnaires. Dans le cadre du projet pilote de Marbial, la FAO et l’OMS annoncent très tôt leur intérêt, mais tardent à confirmer officiellement leur engagement, puis tardent à fournir les experts et les fonds promis ; après avoir participé brièvement et de manière conflictuelle au projet, elles s’en désengagent rapidement[361]. Ce cas de figure se reproduit pour de nombreux autres projets d’éducation de base, les autres agences se décourageant et se désengageant souvent avant l’Unesco[362]. En 1952 les rapports et correspondances de l’ONU témoignent d’un conflit de compétence entre ONU et Unesco dans le groupe de travail sur les problèmes légaux, sociologiques et administratifs des États nouvellement indépendants[363]. En 1953, l’ONU veut améliorer sa coordination avec l’Unesco dans les activités d’assistance technique[364], et notamment dans le projet de Dujaila, où elle observe des conflits sur le terrain pour la direction de l’équipe entre le chef de mission de l’Unesco et l’expert envoyé par l’ONU[365]. La correspondance entre les experts itinérants du projet majeur d’éducation en Amérique latine et le coordinateur du projet atteste de vives tensions entre l’Unesco et l’OIT[366]. Dans le domaine de l’océanographie, dans les années 1950, de vives tensions apparaissent également entre l’Unesco et la FAO[367]. En 1957, Lengrand, qui va assister comme observateur de l’Unesco à la réunion d’experts de l’OIT sur l’éducation ouvrière, afin de resserrer la collaboration entre Unesco et OIT dans le domaine de l’éducation des travailleurs, est critique envers l’OIT, et souligne, dans son rapport confidentiel, l’importance de la rivalité Unesco/OIT dans l’attribution des compétences, qui se manifeste à cette réunion, et la mauvaise coopération entre les deux institutions[368]. Des tensions règnent entre l’Unesco et l’OMM au sujet de leurs attributions respectives en hydrologie. En 1970 le gouvernement britannique observe que « l’OMM n’est pas vraiment aimée à Paris. Elle est considérée comme une petite agence à la grande ambition » ; il observe que « clairement il y a loin d’y avoir une confiance mutuelle entre les deux organismes »[369]. En 1971, Adriano Buzzati Traverso, sous-directeur général pour la science, voulant donner la priorité à la recherche scientifique fondamentale, au détriment de la recherche appliquée au développement et à l’environnement, négocie avec l’OMM, sans consulter Maheu, le tranfert des activitiés hydrologiques de l’Unesco à l’OMM. Dumitrescu ayant averti Maheu, ce dernier annule la décision intempestive de Buzzati[370]. Cet épisode s’inscrit dans un contexte de grande rivalité et de manque de confiance entre l’Unesco et l’OMM[371]. En 1972, à la Conférence de Stockholm pour l’environnement, Maheu « dut se battre, observe Batisse, pour que l’Unesco et les autres institutions spécialisées ne soient pas écartées des débats »[372].
La création du PNUE, qui distribue aux agences des crédits pour financer leurs activités environnementales, loin d’apaiser les conflits entre elles, les attise. Prévost souligne les « malentendus », « rivalités », vives « querelles », qui se développent au début des années 1970 entre l’Unesco, l’OMM et la FAO, en concurrence autour du PNUE nouvellement créé[373] ; de même, une lettre confidentielle de Batisse au sujet de la réunion inter-agences sur la désertification organisée par le PNUE à Genève en juin 1975 témoigne des rivalités exacerbées entre agences, chacune luttant pour obtenir plus de financements que les autres[374].
Les tensions entre agences sont souvent liées aux efforts systématiques de l’Unesco pour accroître ses compétences et jouer un rôle de direction au détriment des autres agences, ce par quoi l’Unesco s’attire leur hostilité. C’est le cas dans de nombreux projets d’éducation de base : ainsi par exemple, dans le projet associé de Viani, des conflits surgissent entre l’Unesco et la FAO en 1949 au sujet de leurs compétences respectives ; en effet, bien que le domaine de la lutte contre l’érosion semble a priori concerner légitimement plutôt la FAO, l’Unesco estime qu’il relève également de sa compétence, sous l’angle éducatif, « en prenant le mot ‘éducatif’ dans son sens le plus large », comme le défend Bowers[375] ; de même, des tensions apparaissent entre l’Unesco et l’OMS à cause de la volonté de l’Unesco de développer des activités d’éducation sanitaire dans ses projets d’éducation de base dans les années 1940-50[376], et, au début des années 1960, de lancer, comme le souhaite Victor Kovda, un programme sur le cancer et la gérontologie[377]. La rédaction de Tendances actuelles de la recherche scientifique entraîne, par les ambitions auxquelles ce rapport donne lieu de la part de l’Unesco[378], des conflits avec l’OMM (au sujet de la section météorologique)[379], avec la FAO (celle-ci dénonçant le fait que toute la section qu’elle a rédigée pour ce rapport ait été coupée par Auger)[380], et avec l’OMS[381]. L’ajout par l’Unesco, à la fin de ce rapport, de recommandations sur les orientations de la recherche scientifique, suscite des protestations de la FAO qui estime que c’est une déviation par rapport à l’orientation théorique initiale, faisant valoir qu’il s’agissait théoriquement de faire une synthèse et un bilan des récentes recherches, et non pas, comme tend à le faire l’Unesco avec ces recommandations finales, une réflexion sur l’orientation souhaitable des recherches futures, surtout dans des domaines qui dépassent ses compétences ; cela entraîne un vif conflit entre l’Unesco et la FAO[382]. De même dans le cas de l’Unisist, l’Unesco s’efforce, mais en vain, d’imposer son autorité en matière de systèmes d’information scientifique sur les autres agences[383]. De tels conflits, liés à la volonté de l’Unesco d’élargir ses compétences, se produisent donc à la fois dans des projets de terrain et dans des projets de recherche. Les conflits entre agences reposent souvent sur des questions financières (chaque agence se renvoyant la balle pour le paiement des frais)[384], et sur des questions administratives[385].
Ainsi, tout au long de la période envisagée, l’Unesco a souffert de compétences trop limitées par rapport aux ambitions formulées. Ce problème structurel a persisté au fil des années malgré ses efforts pour l’atténuer. Les États membres ont disposé d’une force d’influence accrue au fil du temps sur le choix de ses programmes, grâce au système leur permettant de fournir des financements extra-budgétaires pour les programmes de leur choix. D’autre part, grâce à un système similaire, l’ONU, la Banque mondiale, le FMI, l’OMC, ont également disposé d’un pouvoir d’influence de plus en plus important sur l’orientation de son action. Ce phénomène, qui fait apparaître son impuissance croissante, est dénoncé avec vigueur dans les années 1970[386]. Enfin, ses rivalités avec les agences spécialisées au sujet de leurs compétences respectives ont perduré tout au long de la période, malgré de réels efforts de coordination. Au cours des trente premières années, les relations entre l’Unesco et les autres agences spécialisées se sont caractérisées davantage par la concurrence et la rivalité que par une fructueuse coopération. Cette situation, due en grande partie au flou de la définition de ses attributions, a cependant évolué au cours des années dans le sens d’une amélioration, grâce aux efforts persévérants menés par les dirigeants des agences respectives.
A la limitation des compétences de l’Unesco s’ajoute la lourdeur de ses mécanismes administratifs.

3.2. Un mécanisme administratif complexe.

L’étude du fonctionnement et des dysfonctionnements des mécanismes administratifs de l’Unesco s’inscrit dans le cadre des nombreuses recherches menées en théorie et sociologie des organisations[387]. Les études sur la bureaucratie, notamment celles réalisées par Max Weber, Robert K. Merton, Alvin Gouldner, et celles de Michel Crozier sur « le phénomène bureaucratique », sont d’un grand apport à cet égard[388]. Dès les premières années, un décalage apparaît entre le fonctionnement administratif officiel, théorique, de l’Unesco, et son fonctionnement réel. Il se manifeste dans les relations entre les différents organes que sont la conférence générale, le conseil exécutif, le directeur général et le secrétariat, et au sein de chacun d’entre eux. Comme dans les autres agences du système de l’ONU[389], la prise de décision réelle est faite de manière de plus en plus centralisée et de moins en moins fidèle au schéma théorique.

3.2.1. Le rôle décroissant de la conférence générale et du conseil exécutif.

La conférence générale.

Composée de délégations des différents États membres, la conférence générale se réunit initialement tous les ans, puis seulement tous les deux ans à partir de 1952, afin de discuter et de voter le programme et le budget. Elle se compose de trois principaux corps : la session plénière, la commission du programme, et la commission administrative, qui se divisent chacune en plusieurs groupes de travail.
La tenue de la première conférence générale, en 1946, se caractérise selon la délégation américaine par une bonne atmosphère, « extrêmemement amicale », mais aussi par une grande lourdeur administrative. La délégation américaine observe que la traduction et la distribution des discours et documents en anglais et français, mal organisée, ralentit les délibérations[390]. La commission nationale française déplore que « les délégations [soie]nt de qualité très inégale », que les projets soient « trop nombreux, insuffisamment étudiés, et mal présentés », et les méthodes de travail de la conférence « défectueuses ». Elle déplore que le budget n’ait pas été voté au début de la conférence, ce qui aurait permis de discuter les programmes de manière plus réaliste[391].
Un progrès est accompli dans l’organisation des conférences générales suivantes. La France et les États-Unis observent qu’elles sont marquées par plus de professionnalisme, de réalisme, de rationalité et d’efficacité que ne l’avait été la première[392]. Cependant, ce progrès est limité.
La conférence générale fournit parfois un gros travail, comme celle de 1949, qui donne lieu comme l’observe l’ONU à un « travail acharné ». Pourtant, l’ONU observe aussi que malgré cela, « le programme de l’Unesco n’a pour ainsi dire pas été discuté en lui-même et pour lui-même », à cause d’une mauvaise organisation du travail[393].
Dans ses rapports confidentiels au département d’état, la délégation américaine se livre à une analyse des défauts des conférences générales. Dans son rapport sur la conférence de 1948, Otis Mulliken estime que les débats ont souvent été « verbeux » et inefficaces, caractérisés par des retards importants ; « beaucoup de ce qui aurait dû être fait n’a pas été fait et beaucoup de ce qui a été fait ne l’a pas été complètement ni dans les temps » ; il relève le manque de compétences d’une grande partie des délégués[394]. De même, dans son rapport confidentiel sur la conférence générale de 1949, Kenneth Holland déplore l’insuffisante préparation des discussions et la mauvaise sélection de la qualité des délégués[395]. En 1949, l’Américain Robert S. Smith, auteur d’une étude sur le fonctionnement de l’Unesco, estime que les délégués à la conférence générale devraient être sélectionnés avec plus de soin pour que la conférence générale soit efficace[396]. La même année, les États-Unis observent que la conférence générale fonctionne de manière différente depuis que Torres Bodet est directeur général : Torres Bodet « s’est placé dans une position de premier ministre défendant son programme et son budget devant le parlement. Cette position, qui est en fait contraire à la constitution, a causé aux délégations beaucoup de souci, comme elles n’y étaient pas préparées »[397]. La délégation américaine à la conférence générale de 1950 déplore que la conférence est « mal organisée », que le palais Pitti n’est « pas du tout pratique » pour ce travail, et qu’il y a beaucoup d’agitation, de contestations, d’oppositions, de la part des délégués sur le programme et le budget[398]. En 1952, la commission nationale américaine identifie un autre élément de dysfonctionnement, dans le fait que les nombreux comités et groupes de travail se réunissent simultanément, car cela empêche une grande partie des délégations de suivre le travail de ces comités[399].
En 1950, le représentant de l’ONU à la conférence générale de l’Unesco deplore la lenteur et l’inefficacité du travail de la commission du programme : « après deux heures et demi de débat, la commission n’a pu examiner qu’un vingtième de ce programme »[400].
La presse ne se prive pas de souligner la lourdeur des conférences générales, « effrayante », « inhumaine », d’évoquer la conférence générale accablée par ses « innombrables séances », « submergée d’une montagne de papiers »[401], et de dénoncer l’excessive longueur des conférences (plus de trois semaines)[402]. En 1950, Huxley lui-même, dans un article de presse, dénonce les dysfonctionnements et les pertes de temps de la conférence générale[403].
Les débats à la conférence générale sont souvent confus. Ainsi, par exemple, à la conférence générale de 1950, la question de la création de laboratoires scientifiques internationaux fait l’objet, comme l’observe le Français G. Duran, « d’un débat très vif, très long et très confus ». Il déplore son manque de clarté :
« Les délégations pensaient une chose et en disaient une autre, ce qui donnait à leurs déclarations un ton équivoque et parfois même incompréhensible. À la fin du débat, on ne savait plus si elles étaient pour ou contre les laboratoires, si elles favorisaient les laboratoires régionaux plutôt que les laboratoires internationaux, ou si elles voulaient que l’Unesco vînt simplement en aide aux laboratoires nationaux déjà existants ».
De même, au sujet des discussions sur le programme de sciences sociales, il observe : « les débats ont été animés mais imprécis et on avait de nouveau l’impression qu’une grande partie des délégations cachaient leurs vraies pensées »[404].
La conférence générale de 1952, au cours de laquelle le directeur général Torres Bodet démissionne, est marquée par une grande confusion, et donne lieu à des réflexions et des réformes pour remédier à ses défauts. Ainsi, il est décidé que désormais les conférences générales n’auront plus lieu que tous les deux ans. Les conférences générales suivantes se caractérisent par plus de calme[405]. On observe ainsi un tournant après 1952.
En réalité, ce calme semble plutôt le signe d’une perte de pouvoir de la conférence générale. En effet, il se produit un glissement de ses prérogatives vers celles du conseil exécutif[406] : le projet de programme et de budget (document C/5), soumis à la conférence générale par le conseil exécutif, devenant de plus en plus volumineux au fil des conférences générales[407], et étant soumis de plus en plus tardivement, s’avère de plus en plus difficilement modifiable ; de plus, la conférence générale ne vote pas des programmes mais des résolutions, qui constituent une synthèse très schématique des programmes. Ainsi, peu à peu, c’est bien plus au conseil exécutif qu’à la conférence générale que sont véritablement mis au point le programme et le budget[408].
Dans les années suivantes, le manque de pouvoir de la conférence générale est déploré par les États membres, qui affirment la nécessité d’améliorer son organisation[409], et qui dénoncent l’absence de souplesse des délibérations, due en particulier à l’adoption en début de session d’un plafond budgétaire, qui « verrouill[e] les débats », et condamne d’avance les nouvelles propositions de projets. Les États membres dénoncent leur impossibilité de peser réellement sur le choix des programmes[410]. En 1957, le président de la commission nationale allemande, Steltzer, critique sévèrement dans son rapport l’organisation, le déroulement et le contenu de la conférence générale de 1956. Il affirme que l’Unesco n’a « pas encore surmonté ses maladies infantiles », à savoir la lourdeur bureaucratique et le flou de ses orientations, et qu’elle succombe de plus en plus à la politisation croissante. Ses collègues renchérissent et déplorent que de plus en plus de décisions importantes se passent « derrière les coulisses ». Pour le professeur Eckert, « l’Unesco se trouve actuellement dans une grave crise »[411]. Malgré cette contestation de la part des États membres, la tendance à la diminution du pouvoir de la conférence générale se poursuit tout au long des années.
Evans évoque les vifs « combats » entre délégués qui se produisent à la conférence générale, les lobbies opposés, ce qui contribue souvent à disperser la réflexion. Il observe que dans cette arène, le directeur général apparaît « dans une position relativement forte », « il est le véritable chef »[412].
Le CCIC déplore dans son rapport confidentiel la lourdeur de la conférence générale de 1960 : « cette conférence a été sensiblement plus lourde que les précédentes. […] Au passif de la conférence, nous inscrirons son encombrement par des discussions oiseuses sur des points de détail qui ont empêché de donner aux discussions de fond la place qu’elles méritaient »[413]. Le CCIC observe aussi le déclin de pouvoir de la conférence générale : « le rôle du secrétariat dans l’orientation de l’activité de l’Unesco apparaît plus grand que dans le passé, en raison sans doute du caractère de plus en plus technique et complexe des questions, et du manque de compétence de trop de délégations nationales » ; le CCIC observe cependant « l’influence de tels délégués qui, ayant la pratique des affaires de la maison, ont pu obtenir certains infléchissements notables du programme du Secrétariat »[414].
A la fin des années 1960 et au début des années 1970, des efforts de réflexion et des tentatives de réforme sont accomplis afin d’améliorer l’efficacité du fonctionnement de la conférence générale. Les États-Unis observent à la conférence générale de 1968 que ces efforts ont dans une certaine mesure porté leurs fruits[415]. Diverses propositions sont formulées pour réduire sa lourdeur ; ainsi, en 1970, Martin Ennals suggère que les conférences générales n’aient plus lieu qu’une fois tous les cinq ans, afin de permettre des économies de temps et d’argent et davantage de logique dans l’organisation[416]. Malgré ces efforts de rationalisation, la tendance à la perte de pouvoir de la conférence générale se poursuit jusqu’à la fin de la période. En 1971, les États-Unis observent la tendance croissante au transfert du pouvoir politique de la conférence générale vers le conseil exécutif[417].
La conférence générale devient ainsi rapidement, non pas un organe de décision, mais un organe de représentation, au déroulement très codifié, caractérisé par la langue de bois, et qui compense son manque de pouvoir par la solennité de son déroulement. Les anciens fonctionnaires de l’Unesco en sont parfaitement conscients. Ainsi, Prévost évoque le « rituel […] immuable » que suit la conférence générale depuis les années 1950 et le caractère figé des débats, « exercice en grande partie stérile » selon lui :
« Chaque chef de délégation monte à la tribune à son tour, exposer en long, en large, en travers, les progrès de l’éducation, de la science et de la culture dans son pays […]. Il est rare que ces discours, généralemnt préparés dès avant la conférence par les bureaux du ministère, présentent d’autre intérêt que de paraître dans les journaux du pays dont le représentant occupe la tribune […]. Il ne s’agit donc pas d’un véritable débat, mais d’une série de monologues, qui alourdissent le déroulement de la conférence sans y apporter de contribution réelle. »[418]
La conférence générale constitue ainsi une tribune officielle où les États se donnent en représentation les uns devant les autres. Jacques Boisson évoque l’extrême « tension », l’intense « émotion collective » qui accompagnent la tenue de la conférence générale :
« Au fur et à mesure que la conférence générale approchait […], la tension montait. Les couloirs de l’Unesco se faisaient plus frémissants, les sonneries de téléphone plus nombreuses et plus insistantes. […] Enfin la « grand-messe » commença avec une cérémonie solennelle d’ouverture dont je n’aurais pas imaginé l’ampleur. »[419]
Chargé de rédiger les comptes rendus des débats à partir de la conférence générale de 1968, Jacques Boisson évoque l’omniprésence de la langue de bois[420]. Jean Larnaud, directeur du CCIC, qui, au titre de secrétaire de la délégation du Vatican, a assisté à toutes les conférences générales de 1947 à 1974, affirme le manque d’efficacité de cet organe[421].
Pour nuancer ce tableau par un élément positif, il faut mentionner que si la conférence générale semble avoir échoué à jouer son rôle d’organe de réflexion et de concepteur des programmes, en revanche elle a incontestablement joué, dans les années 1960 et 1970, un rôle de formation aux mécanismes diplomatiques internationaux des élites des nouveaux États décolonisés ; elle a constitué pour les représentants de ces États une tribune où ils ont observé, appris, les règles des relations internationales, et où ils ont fait leurs premières armes[422].
A qui revient la responsabilité de l’échec de la conférence générale à jouer avec efficacité le rôle qui lui avait été attribué par l’Acte constitutif ? Elle revient d’une part aux États membres, qui ont envoyé des délégations souvent insuffisamment compétentes, insuffisamment préparées, motivées moins par les buts de l’Unesco que par l’intérêt national ; cependant la situation varie selon les États : ainsi, les délégations des États membres les plus puissants (États-Unis, Royaume-Uni, France, URSS) étaient généralement très bien préparées. Elle revient d’autre part à l’Unesco, pour la lourdeur administrative de l’organisation des conférences, caractérisées par un nombre excessif de réunions, de sous-groupes, de documents, et par des discussions qui se révèlent souvent sans portée concrète.

Le conseil exécutif.

Le conseil exécutif est composé de représentants des États membres élus pour quatre ans. En 1945, les fondateurs de l’Unesco le dotent de pouvoirs importants, faisant de lui l’organe souverain pendant les intervalles entre la tenue des conférences générales. L’attribution de ces pouvoirs importants s’explique par la volonté d’apporter des limitations strictes aux compétences du directeur général, dans la crainte d’un éventuel pouvoir personnel excessif[423]. Cependant, comme pour la conférence générale, une évolution rapide amène le conseil exécutif à renoncer à exercer le pouvoir qui lui était attribué ; cette évolution se fait au profit du secrétariat et en particulier du directeur général. En août 1947, le gouvernement français observe que la 3e session du conseil exécutif « a été moins brillante et n’a pas revêtu la même importance » que la précédente, à cause du fait que « six des membres les plus marquants s’étaient faits remplacer par des personnalités de valeur inégale qui ne prirent qu’une très faible part aux débats »[424]. Très tôt, donc, le conseil exécutif amorce une abdication de son pouvoir. Comme l’observe Ascher dans une lettre confidentielle en 1950, « il était clair depuis 1946 qu’en réalité le directeur général et le secrétariat « font » le programme : le conseil exécutif [...] peut seulement y apporter des modifications »[425]. À la fin des années 1940, la politique des États-Unis est de défendre un conseil exécutif fort, comme le rappelle G.V. Allen, à la fois pour renforcer l’Unesco sur la scène internationale, mais aussi parce que « le directeur général, Torres Bodet, était plutôt forte tête et assez susceptible à propos de ses prérogatives et de sa position. Il fallait qu’il soit supervisé par une main pleine de tact mais ferme »[426]. En 1950, Ascher souligne dans une lettre confidentielle « la faiblesse de la position de Torres Bodet », qui n’a pas réussi à faire pression sur le conseil exécutif pour lui imposer ses idées sur le prochain programme et le budget[427].
On peut saisir deux étapes importantes dans cette évolution. Tout d’abord, en 1952, la conférence générale amende l’Acte constitutif dans un sens qui renforce le rôle du directeur général dans sa tâche d’évaluation du programme, au détriment de celui du conseil exécutif, relégué au rang de conseiller[428]. Cet amendement n’est que l’officialisation d’un état de fait apparu dès 1948 : le conflit de compétences entre le conseil exécutif et le directeur général avait abouti alors à une concentration de cette tâche entre les mains du directeur général, le conseil exécutif se bornant à pouvoir émettre des critiques et des commentaires[429]. La seconde évolution importante est la modification du statut des membres du conseil exécutif en 1954. Initialement, ils étaient censées être des « représentants éminents » des milieux scientifiques, culturels et éducatifs de leurs États respectifs, des « hommes distingués en éducation, sciences et arts »[430], et devaient agir au conseil exécutif en leur nom propre, en leur qualité d’intellectuel, et non pas en tant que représentants officiels d’un gouvernement. Néanmoins, dès le début, l’Unesco a des difficultés à intéresser à cette fonction des personnalités intellectuelles éminentes[431]. De plus, comme le déplore Huxley dans ses Mémoires, le système « n’a pas fonctionné », puisqu’en réalité « ces hommes ont dès le départ voté en fonction des consignes de leurs gouvernements respectifs »[432]. Torres Bodet lui aussi regrette dans ses Mémoires que, dès les premières années, les membres du conseil exécutif n’aient pas été « des sages, des écrivains et des artistes libres », mais de plus en plus des représentants des gouvernements[433].
Après une première tentative infructueuse initiée par les États-Unis à la conférence générale de 1952 pour modifier le statut des membres du conseil exécutif, cette modification, qui consiste en un amendement de l’article V de cet acte constitutif, est adoptée en novembre 1954[434] : les membres du conseil exécutif, qui étaient jusque-là élus à titre strictement personnel, seront désormais élus en tant que représentants de leurs gouvernements respectifs, et devront être présentés par leurs gouvernements pour être élus. Cette modification a pour conséquence de soumettre plus encore l’action de l’Unesco aux volontés politiques des États[435]. Comme l’observe en 1964 le représentant permanent de la France auprès de l’Unesco, le conseil exécutif abandonne alors de plus en plus le « rôle de sage » qu’il était en théorie censé jouer[436].
Evans était très favorable au fait que les membres du conseil exécutif deviennent des représentants des gouvernements ; il critique ceux qui défendent l’idée qu’ils soient de « libres esprits », indépendants des gouvernements. Il joue un rôle dans ce changement de leur statut[437].
Enfin, l’organisation administrative des sessions du conseil exécutif se révèle rapidement défaillante. En novembre 1947, Alfred Métraux, qui y assiste, déplore dans son journal les longues « séances sans intérêt »[438].
Rapidement, la prédominance des intérêts nationaux nuit à l’efficacité du travail du conseil exécutif. Ainsi, Paul Rivet, qui y participe en novembre 1947, déplore la prédominance des intérêts nationaux ; « j’ai eu parfois l’impression […] que les hommes ont bien du mal à s’élever des conceptions strictement nationales aux conceptions humaines »[439].
Les États membres dénoncent l’inefficacité des sessions du conseil exécutif. En décembre 1953, la direction française des relations culturelles regrette dans une note confidentielle que la session privée du conseil exécutif qui vient de se tenir a été « trop courte pour pouvoir porter tous ses fruits » :
« peu de questions importantes ont été abordées au cours de cette session, moins encore ont reçu une solution. Selon un procédé qui tend maintenant à devenir la règle, […] la plupart des questions ont été renvoyées à la session de mars. »[440]
En 1954, les diplomates français déplorent l’incohérence de l’organisation du travail à la 37e session du conseil exécutif :
« Après avoir consacré les trois-quarts de cette session à un examen détaillé du projet de programme qui lui était présenté, le Conseil a décidé à la suite d’une intervention du membre américain, le Dr. Perkins, de réunir un Comité spécial, chargé d’élaborer des directives, dont le directeur général devra s’inspirer pour le programme futur de l’Organisation. Cette décision tardive a mis en lumière la défectuosité des méthodes de travail du Conseil dont trois semaines de séances se sont ainsi trouvées remises en question. »[441]
En 1955, le Royaume-Uni estime impératif que l’Unesco confère un pouvoir plus important au conseil exécutif, afin de lui permettre d’exercer réellement la tâche de contrôle qui fait théoriquement partie de ses attributions[442]. En 1957, le Quai d’Orsay déplore l’échec du conseil exécutif à jouer un véritable rôle, et observe que « la fréquence et la longueur des sessions du conseil, le nombre des questions de pure administration qui lui sont soumises, incitent les membres titulaires du Conseil à se faire remplacer dans une mesure croissante par leurs suppléants », ou à démissionner[443]. Ainsi le représentant de la France, Henri Laugier, quitte son poste en 1957, déçu et découragé ; il dénonce le fait que le conseil exécutif a de moins en moins voix au chapitre dans les discussions budgétaires et dans l’exécution du programme, et que ses membres sont de plus en plus soumis aux directives de leurs gouvernements. Ainsi, selon lui, ce n’est plus un « conseil exécutif », mais un « conseil exécuté », soumis d’une part au secrétariat, d’autre part aux gouvernements des États membres[444].
En effet, au cours des années 1950, le conseil exécutif devient de plus en plus un organe politique, reflétant fidèlement les rapports de force de la scène internationale. Ainsi, alors que les sièges au conseil exécutif sont théoriquement tournants, en réalité les quatre principales puissances politiques (États-Unis, URSS, France, Royaume-Uni) conservent chacune en permanence un siège, dit siège « cimenté »[445].
Le témoignage d’Evans est intéressant par le regard critique qu’il porte sur le conseil exécutif. Evans estime que l’Indien Mudaliar, président du conseil exécutif de 1954 à 1956, n’était « pas très efficace »[446]. Il évoque longuement, dans son interview, ses mauvaises relations, ses conflits, avec le conseil exécutif, lorsqu’il était directeur général ; en particulier, Henri Laugier a été, dit-il, « un des hommes qui m’a causé le plus de problèmes », étant une sorte d’« enfant terrible » du conseil exécutif, après avoir été un « enfant terrible » de l’Ecosoc[447]. Evans a aussi eu beaucoup de conflits avec Veronese, qui était président du conseil exécutif lorsque lui-même était directeur général, et qui lui était « hostile », appuyant systématiquement les critiques contre lui ; il le désigne comme « [s]on ennemi »[448].
Evans dit avoir essayé de se comporter envers le conseil exécutif comme un « administrateur démocratique » pendant son mandat, mais affirme que c’était difficile car le conseil exécutif n’était selon lui pas très démocratique : « le conseil était composé de gens d’un grand nombre de pays ; ils mettaient en avant beaucoup d’idées à eux, qui fréquemment n’étaient pas les idées de leurs gouvernements ; ils avaient des points de vue spécialisés ; ils négociaient entre eux pour imposer leurs idées. Et leur souci n’était pas du tout aussi vaste que le mien d’avoir un bon programme, homogène, intégré, qui réponde aux véritables aspirations des États membres. Ils n’avaient pas une vision aussi large que la mienne. Il n’avaient pas une loyauté aussi grande que la mienne sur ce que l’organisation devrait être ». Il estime que le conseil exécutif, mené par des lobbies, avait une attitude « irresponsable »[449]. Il insiste sur la dure pression que ces mauvaises relations avec le conseil exécutif exerçait sur lui en tant que directeur général : « de l’extérieur, les gens ne se rendaient pas compte de l’importance de la tension entre moi et le conseil exécutif », mais « c’était un problème plus grave que ce dont un observateur extérieur impartial qui examinerait les événements du développement du programme de l’Unesco aurait l’impression »[450].
En 1960, l’ambassade américaine à Paris rapporte au département d’état américain que la dernière session du conseil exécutif a été « particulièrement inefficace » et a amené de nombreux États membres à se livrer à de sérieuses remises en question du rôle de cet organe. L’ambassade américaine estime que cette session « a produit peu de décisions substantielles, a reporté l’action sur de nombreux cas urgents, a retiré son jugement final sur un grand nombre de cas, et par-dessus tout, a refusé de prendre de fermes positions et d’adopter des recommandations sur le plus important sujet de l’ordre du jour, le programme et le budget pour 1961-62 ». Les États-Unis critiquent les discussions sans fin et sans résultat, les suites de longs monologues qu’ont constituées les différentes interventions, et le fait que les membres du conseil n’ont pas tenté de soumettre leurs propositions à un vote mais ont laissé le directeur général libre de décider ce qui serait soumis au vote. Cet État dénonce le fait que le conseil exécutif ait lui-même abdiqué son pouvoir[451].
Cette session du conseil exécutif constitue pour de nombreux États membres, comme pour les États-Unis, une prise de conscience aiguë d’une véritable « crise du conseil exécutif », et donne lieu à des réflexions pour améliorer son fonctionnement, restaurer ses pouvoirs et accroître son efficacité, en redéfinissant nettement sa sphère de responsabilité par rapport à celles du directeur général et de la conférence générale, et en faisant adopter à leurs représentants une attitude plus conciliante et coopérative. L’ambassade américaine à Paris observe : « il est indéniable que, si l’on ne fait pas quelque chose pour rendre le conseil exécutif plus efficace, son importance se détériorera progressivement et son influence sur le directeur général et sur l’Organisation en général deviendra vite négligeable »[452].
Malgré cette prise de conscience, au début des années 1960 la situation ne s’améliore pas et les États membres continuent à déplorer les dysfonctionnements du conseil exécutif. En 1962, le département d’état américain observe qu’il n’assure plus sa tâche théorique de contrôle du budget et de l’exécution du programme[453]. En 1963, l’Américain Roseman ainsi que Benton, représentant des États-Unis au conseil exécutif, observent que « de nombreux membres du conseil exécutif sont absorbés par le problème de leur « image nationale », et que cela nuit grandement à l’efficacité du conseil. La même année, Benton déplore l’emprise « très considérable » et croissante du directeur général sur le conseil[454]. En 1965, Olivier de Sayve, délégué permanent de la France, constate dans un rapport confidentiel au ministre des affaires étrangères l’« attitude réservée » du conseil exécutif, de plus en plus dominé par « la peur […] de heurter de front le directeur général » :
« Les débats de la 70e session du conseil exécutif ont permis de constater une fois de plus que c’est M. Maheu et son Secrétariat qui impriment aux travaux de cet organe de l’Unesco son orientation et font régulièrement aboutir les solutions préparées par le directeur général et ses collaborateurs. Le fait s’explique sans doute par la supériorité dialectique et manœuvrière de M. Maheu, par son expérience consommée des conditions politiques de l’Organisation, par les moyens d’information et d’action dont il dispose, en face d’une assemblée qui est dans l’ensemble peu apte et peu encline à prendre l’initiative et à former des plans en commun. » [455]
Evans souligne la persistance des conflits entre le directeur général et le conseil exécutif dans les années 1960, ainsi qu’entre les membres du conseil exécutif, et entre pays donateurs et pays receveurs ; il évoque notamment « une terrible querelle » entre le directeur général et le conseil exécutif en 1964. Il estime que cela nuit à l’Unesco[456]. Maheu contrôle fortement le conseil exécutif pendant son mandat. Le rapport Auger, Tendances actuelles de la recherche scientifique, n’est sur la décision de Maheu « pas soumis au conseil exécutif pour examen et discussion » ; il s’agit de la part de Maheu d’une volonté de réduire la puissance du conseil exécutif[457]. En 1963, Benton observe que « Maheu contrôle largement le conseil exécutif »[458]. En mai 1967, lors de la réélection de Maheu, la France reproche à celui-ci de soumettre les dossiers sur lesquels se fondent les débats du conseil exécutif intentionnellement au dernier moment aux délégations, afin de les empêcher de préparer efficacement ces débats, ce qui lui permet de dominer complètement les discussions et d’orienter à son gré les décisions du conseil exécutif[459].
Cependant, il faut revenir un peu en arrière et observer qu’en mai 1966, à la 72e session du conseil, un réel progrès est observé. Benton estime que cette session a constitué, de l’avis général des participants et même du directeur général, « l’une des plus harmonieuses, l’une des plus calmes, dans toutes les annales de l’Unesco ». Il attribue ce progrès d’une part à la grande compétence dont a fait preuve le président du conseil exécutif, le Marocain Mohamed El Fasi, ce qui, selon Benton, « démontre à nouveau la haute importance du choix d’un personnel clé pour l’Unesco » ; d’autre part à l’absence de débat majeur lors de cette session[460]. Ainsi, ce progrès observé à cette session apparaît plutôt comme ponctuel et non pas représentatif d’une évolution significative.
Au cours des années 1960, la physionomie du conseil exécutif se modifie beaucoup : en lien avec l’augmentation numérique des États membres, le nombre des membres du conseil exécutif s’accroît sensiblement, passant de 24 en 1960 à 34 en 1967. Cet élargissement est décidé en 1967 afin de remédier au problème de la sous-représentation des États asiatiques et à celui de l’absence de réelle rotation des membres, et après que diverses autres solutions ont été envisagées, comme la nomination de membres permanents, l’augmentation de la durée de mandat des membres (six ans au lieu de quatre) mais sans possibilité de réélection, la détermination de grandes régions (Europe, Asie…) chacune dotée d’un nombre déterminé de sièges[461]. Le choix de l’élargissement s’explique ainsi par la nécessité de donner des sièges aux représentants des pays d’Afrique, nouveaux membres de l’Unesco, et par le désir des pays occidentaux de conserver les leurs[462].
L’élargissement du conseil exécutif en 1967-68[463] entraîne selon les diplomates français une diminution de son niveau intellectuel : pour Jean-Fernand Laurent, les nouveaux membres asiatiques du conseil exécutif « n’ont pas la maturité intellectuelle suffisante » et sont « incapables de s’adapter aux usages de ce club qu’est le conseil exécutif »[464]. Devant la constatation de cette baisse de qualité intellectuelle et du profil de plus en plus politique des membres du conseil exécutif, en 1967 le représentant du Brésil, Chagas, propose de remplacer cet organe par un conseil consultatif de vingt « hommes sages », intellectuels, qui seraient chargés de conseiller l’Unesco sur son programme. Cependant, ce projet est rejeté par le conseil exécutif l’année suivante[465].
En 1969, Jean Fernand Laurent, dans un rapport confidentiel au ministre des affaires étrangères, se livre au constat « déprimant » du bas niveau intellectuel du conseil exécutif :
« C’est un fait que le niveau intellectuel du Conseil baisse de Conférence générale en Conférence générale. Ses grands ténors vieillissent, le sang frais qui devrait lui être injecté à chacun de ses renouvellements n’est pas celui que nous espérions. »[466]
Les véritables intellectuels, artistes et scientifiques sont désormais des exceptions au conseil exécutif. C’est le cas de Jeanne Herrsch, membre suisse du conseil exécutif à partir de 1970. Selon les États-Unis, « oratrice passionnée », elle « contribue beaucoup à la qualité des débats »[467]. L’URSS également nomme au conseil exécutif, tout au long de la période, des intellectuels et scientifiques de renom, dans un but de prestige national[468].
A la fin des années 1960, la routine, la lourdeur et la langue de bois s’accentuent, comme l’observe Prévost, qui affirme que les débats ne sont désormais « plus qu’une suite de monologues »[469].
A la conférence générale de 1972, la délégation américaine se plaint de la tendance des membres du conseil exécutif à voter selon leurs positions personnelles, sans toujours tenir compte de la position officielle de leur État, alors que depuis 1954 ils sont officiellement les représentants de leur État. Ainsi, le représentant de Côte d’Ivoire, Dadie, vote sans tenir compte de la position officielle de son gouvernement, et Carneiro (Brésil) et M. de Silva (Ceylan) restent en poste bien qu’ayant été désavoués par leurs gouvernements respectifs[470].
Le conseil exécutif présente donc des défauts de fonctionnement importants, qui sont apparus dès le début et se sont accentués au fil de la période. Il a été de moins en moins composé d’intellectuels et de plus en plus d’hommes politiques, évolution entérinée officiellement en 1954 par la réforme qui a fait des membres du conseil exécutif des représentants officiels de leur gouvernement. Il a de plus en plus abandonné ses attributions au profit du directeur général. Enfin, il a été touché par une lourdeur administrative récurrente, accrue au cours des années 1960 par son augmentation numérique. Cependant, il a au cours des années 1960, de même que la conférence générale, joué un rôle de formation des élites politiques du Tiers Monde, principalement africaines, aux procédures parlementaires internationales[471].

3.2.2. Le rôle croissant du directeur général.

élu pour six ans, le directeur général est le chef du secrétariat et a pour fonction, avec l’aide de son cabinet, de faire appliquer le programme[472]. La fonction de directeur général connaît au fil de la période l’évolution inverse de celle que subissent la conférence générale et le conseil exécutif : il dispose de pouvoirs croissants, supérieurs à ceux qui lui reviennent en théorie.
Les responsabilités immenses conférées de fait au directeur général font de ce poste une charge éprouvante. Il est significatif à cet égard que sur les cinq directeurs généraux de la période (Huxley 1946-48 ; Torres-Bodet 1948-52 ; Evans 1952-58 ; Veronese 1958-61 ; Maheu 1961-74), trois (Huxley, Torres-Bodet, Veronese) aient démissionné avant la fin de leur mandat.
En 1948, le comité d’experts réuni par l’Unesco pour examiner les problèmes de fonctionnement de l’organisation observe la charge croissante de responsabilité qui pèse sur le directeur général :
« Une délégation inadéquate et un manque de précision dans la présente chaîne de responsabilité ont placé un fardeau trop lourd sur le DG et le DDG pour la supervision et la direction à la fois du programme et des détails administratifs. Par conséquent ils ont été incapables de donner une attention adéquate à leurs responsabilités plus larges pour la planification et la coordination du programme et des relations publiques extérieures. […] Un manque de discipline et d’organisation cohérente a eu pour résultat d’accabler le DG avec des sujets triviaux, de désorganiser le travail et de créer des tensions au sein du personnel. Trop de fonctionnaires actuellement se rapportent directement au DG et au DDG »[473].
Sous le mandat de Huxley, de nombreux jugements négatifs ont été émis à l’encontre de ses compétences d’administrateur[474]. Ainsi, en 1950, un diplomate italien estime dans un rapport confidentiel à son ministère que sa gestion de l’Unesco a été déplorable, que « l’Unesco se ressent encore de ses trois ans d’administration, les trois années les plus délicates de l’Unesco. On lui doit la dispersion des forces, […] le programme excessivement vaste, et très peu pratique, que personne ne réussit encore à réduire suffisamment »[475]. Dans ses Mémoires, Huxley lui-même évoque les nombreux « maux de tête » que lui a causés l’administration complexe du secrétariat[476], et son « ennui » durant les innombrables et interminables réunions, durant lesquelles il reconnaît s’être « réfugié dans la rêverie »[477]. Leo Fernig estime que « Huxley est resté un scientifique qui ne se préoccupait pas beaucoup d’administration », et témoigne du caractère rêveur de Huxley, évoquant une réunion administrative au cours de laquelle celui-ci a improvisé un discours portant presque uniquement sur le comportement animal, et non pas sur le thème à l’ordre du jour[478]. Ces jugements ont entraîné chez certains l’idée que Huxley serait responsable d’avoir imprimé à l’Unesco le désordre administratif récurrent qui l’a caractérisée par la suite[479].
Pourtant, cette idée n’apparaît pas crédible. En effet, sous le mandat de Huxley, l’administration est gérée avec rigueur par Walter Laves. L’entente entre les deux hommes est d’ailleurs très bonne[480]. D’autre part, d’autres témoignages de diplomates et de fonctionnaires suggèrent que Huxley aurait accompli un travail administratif honorable[481]. En juin 1948, dans une conversation confidentielle avec des hauts fonctionnaires du département d’état, John Maud s’affirme « impressionné de constater le soutien croissant dont jouit Huxley comme leader dans le Secrétariat » grâce à ses qualités administratives[482]. Au total, il semble que Huxley ait assumé ses fonctions administratives plus efficacement que ce qui a souvent été affirmé.
Son successeur, Torres Bodet, resté quatre ans au poste de directeur général, y exerce une domination sur tous ses collaborateurs ainsi que sur son adjoint Laves et le successeur de celui-ci, Taylor. Il « règne » ainsi quasiment seul, grâce à l’aide efficace de René Maheu, son éminence grise. « L’aide d’un homme aussi intelligent et habile que René Maheu m’était chaque jour plus utile », affirme-t-il dans ses Mémoires, estimant avoir pu ainsi accomplir un travail « assez fertile »[483]. Le représentant de l’ONU à la conférence générale de 1949 souligne le charisme de Torres Bodet, sa réussite à s’imposer face à la conférence générale : « l’autorité du directeur général s’[est] affirmée une fois de plus et s’[est] imposée à la conférence avec une force » importante[484] ; le représentant de l’ONU à la conférence générale de 1950 fait la même observation : « Torres Bodet contine à participer très activement aux débats. Il parle toujours avec la franchise que vous savez. Ce n’est que rarement qu’il laisse la parole à ses chefs de département. Dans la plupart des cas, son point de vue est accepté par la commission »[485].
Quant à Luther Evans, épris de rationalité et de pragmatisme, il s’attache à diriger l’Unesco en bon administrateur, et tend à accroître les responsabilités du directeur général. Evans reconnaît que l’évolution qu’il a, en tant que directeur général, imprimée au programme de l’Unesco n’était pas démocratique, c’était sa décision personnelle, souvent il n’y a pas associé les fonctionnaires du secrétariat, les directeurs de départements du programme. Il s’est heurté en cela à des oppositions de leur part, notamment d’Alva Myrdal. « Dans une certaine mesure j’ai pris mes décisions sans consultation adéquate », reconnaît-il[486].
Evans observe et relève de nombreux dysfonctionnements dans le système de la direction générale. Ainsi notamment il déplore le fait qu’alors que le nouveau directeur général est élu dès le début de la conférence générale, l’ancien reste en poste pendant toute sa durée et préside au vote du budget et du programme alors qu’il va ensuite partir ; il estime qu’il serait plus logique et efficace que le nouveau prenne ses fonctions dès le début[487].
Au milieu des annés 1950, un net changement se produit dans l’équilibre des forces entre les organes de l’Unesco, au profit du directeur général. Cela ne satisfait pas tout le monde. Ainsi, en 1956, Paul Rivet, devant la conférence des commissions nationales européennes, déplore que « les pouvoirs du directeur général [aie]nt été singulièrement agrandis, en même temps que l’autorité et l’initiative du conseil exécutif ont été diminués et que l’indépendance de celui-ci a été singulièrement limitée depuis que ses membres sont devenus des représentants gouvernementaux, au lieu de personnalités indépendantes »[488].
Ainsi, rapidement, au fil des années, le directeur général assume des responsabilités de plus en plus importantes, excédant celles qui lui avaient été attribuées par l’Acte constitutif, au détriment de celles de la conférence générale et du conseil exécutif. Cette tendance aboutit à une remise en question de la fonction de directeur général, jugée trop puissante. À la conférence générale de 1960, l’URSS propose de remplacer le directeur général par une direction collégiale, composée de trois directeurs ayant des pouvoirs égaux. Pour justifier cette réforme, l’URSS fait valoir qu’« en raison de l’énorme volume du travail, il est très difficile à un seul homme de diriger l’Unesco »[489], et que d’autre part il est dangereux qu’un seul homme concentre en ses mains un pouvoir aussi important[490]. Il n’est pas indifférent que ce soit justement au moment où Veronese s’effondre, submergé par sa tâche, que l’URSS propose cette réforme. Cet effondrement de Veronese amène le secrétariat et les États membres à repenser l’institution de directeur général, jugée trop lourde. En réalité, à ces raisons s’ajoute une raison politique, liée au mécontement de l’URSS de n’avoir jamais pu imposer un directeur-général soviétique ; pour rétablir l’équilibre géopolitique, l’URSS préconise que les trois co-directeurs soient des représentants respectivement des démocraties populaires, des pays neutres, et des nations occidentales. Cette proposition de réforme, formulée à nouveau par l’URSS en 1961 au conseil exécutif, se heurte à la ferme opposition des États-Unis[491], et n’est pas adoptée.
Le fait qu’entre 1960 et 1962, Veronese, submergé et déprimé par une fonction à laquelle il n’arrive pas à faire face, n’assume plus ses responsabilités et laisse Maheu s’en charger, provoque l’inquiétude des États membres, en particulier des États-Unis[492], et une véritable remise en question de cette situation de concentration des responsabilités aux mains du directeur général. Ainsi, en 1962, au moment des réflexions sur la succession de Veronese, le département d’état américain observe : « l’ampleur et la complexité de la structure de l’Unesco sont telles qu’elles mettront durement à l’épreuve les capacités des hommes les plus doués »[493]. De ce constat, le département d’État conclut que seul Maheu, connaissant parfaitement les mécanismes complexes de l’Unesco, serait à même d’assumer cette charge énorme, étant donné qu’ « un nouveau directeur général venu de ‘l’extérieur’ aurait besoin d’à peu près un an pour connaître les ficelles avant de pouvoir concevoir et mener à bien les réformes nécessaires »[494].
René Maheu a en effet effectué toute sa carrière professionnelle au sein de l’Unesco, où, entré en 1946 à un poste temporaire et subalterne, il a connu une ascension continue et impressionnante[495] : il devient en 1948 le chef de cabinet et le plus proche conseiller de Torres Bodet[496] ; d’après un rapport confidentiel de K. Holland, ce serait lui qui aurait incité Torres Bodet à démissionner[497]. Sous-directeur général en 1954, il est « exilé » en 1956 à New-York au poste de représentant de l’Unesco auprès de l’ONU, par Evans qui « craignait un homme trop fort au sein du Secrétariat »[498]. À son retour en 1958 il réussit à devenir le plus proche conseiller du nouveau directeur général Veronese[499], en devient le directeur général adjoint en 1959, puis devient directeur général par intérim à la démission de celui-ci en 1961, et enfin est élu directeur général en 1962, puis encore réélu en 1967[500].
A partir de l’arrivée de Maheu au poste de directeur général en 1967, cette fonction évolue davantage encore vers un accroissement des responsabilités. En effet, maîtrisant à la perfection les mécanismes administratifs ainsi que les questions portant sur les programmes, étant donné sa fonction de proche conseiller des précédents directeurs généraux, et doté d’une impressionnante capacité de travail[501], Maheu assume un pouvoir énorme[502].
Tous les témoignages concordent sur le fait que, au cours de ses deux mandats, Maheu domine complètement le conseil exécutif et la conférence générale, et empiète de plus en plus sur leurs attributions. Ainsi, Prévost souligne son « astuce », ses dons de « joueur », qui lui permettent de parvenir invariablement à « imposer ses vues au conseil exécutif ou à la conférence générale »[503]. Le département d’état américain s’irrite de son étonnante capacité à subjuguer le conseil exécutif, et à lui faire accepter comme un fait accompli le programme et le budget qu’il souhaite[504]. Le gouvernement britannique s’agace de sa tendance à s’attribuer des compétences supérieures à celles qui sont théoriquement les siennes, et de sa « mauvaise volonté » à déléguer son autorité à ses subordonnés[505] ; le gouvernement britannique observe aussi que, grâce à son extrardinaire intelligence administrative et diplomatique (« il saisit immédiatement les situations et problèmes complexes, et est capable de présenter ses idées lucidement »), il domine complètement la conférence générale et le conseil exécutif[506].
Les fonctionnaires de l’époque de Maheu témoignent de la parfaite connaissance qu’avait celui-ci des activités de l’Unesco, de sa vision très claire des problèmes et des enjeux que soulevaient les différents programmes, ce qui lui permet d’exercer un contrôle rigoureux sur la manière dont ces programmes étaient exécutés et de vérifier si ce que lui affirmaient ses fonctionnaires correspondait à la réalité. Sa parfaite connaissance de l’anglais contribue à son aisance[507]. Il s’agissait bel et bien d’un « style de direction autocratique »[508]. Les fonctionnaires qui refusent de se soumettre aux orientations imposées par Maheu, tel Yvan de Hemptinne, s’exposent à des réprimandes et à de fortes pressions de sa part[509]. Pour plusieurs anciens fonctionnaires, Maheu a été le meilleur des directeurs généraux de la période, et même de toute l’histoire de l’Unesco jusqu’à nos jours ; ils soulignent ses grandes qualités de diplomate, d’administrateur, de négociateur, de dirigeant[510].
Pour certains fonctionnaires et observateurs, la direction de Maheu est le signe que l’Unesco serait arrivée à maturité sur le plan du fonctionnement[511]. C’est l’avis d’Edward Buehrig et de J. Sewell. C’est aussi l’avis de Huxley, qui, en 1973, dans ses Mémoires, estime que l’Unesco a désormais atteint un fonctionnement satisfaisant, grâce essentiellement « à l’énergie de René Maheu », qui « a infusé une nouvelle vie dans cette machine lourde »[512].
En revanche, pour d’autres, la gestion autocratique de l’Unesco par Maheu correspondrait à une crise du fonctionnement de l’organisation, caractérisée par l’abus de pouvoir. Beaucoup d’Anglo-Saxons comparent Maheu au général de Gaulle, pour sa volonté de pouvoir personnel, son style de « souverain », et ses immenses ambitions pour l’Unesco ; ainsi, Sewell qualifie Maheu avec hostilité d’« homme semblable à De Gaulle, acharné à la construction de son propre empire »[513]. Le rapport de la table ronde du personnel de 1970 critique vivement « la concentration de tout le contrôle administratif au sommet de la pyramide hiérarchique », et l’absence totale de contrôle de l’action du directeur général par le conseil exécutif : « le directeur général se trouve le maître quasi-absolu du Secrétariat. Cette situation de pouvoir personnel […] place sur le directeur général une responsabilité exorbitante et peut l’amener […] à développer des méthodes de travail autoritaires et centralisées »[514].
En 1967, plusieurs raisons déterminent le conseil exécutif à réélire Maheu : ses grandes compétences d’administrateur ; son immense « capital d’expérience » ; l’extrême lourdeur et l’opacité de la machinerie bureaucratique de l’Unesco, qui font qu’un nouveau directeur général aurait besoin d’« une période d’adaptation d’un an ou deux », et la constatation que dans le passé l’Unesco a « souffert des changements très fréquents dans la personne de ses directeurs généraux » ; à cela s’ajoutent le fait que l’Unesco soit au milieu d’une phase de mutation impulsée par Maheu lui-même, qu’il apparaît opportun de lui laisser mener jusqu’à son terme ; le fait que, de par sa forte personnalité, il commence à jouir d’une véritable notoriété dans l’opinion publique et auprès des gouvernements ; et enfin le fait qu’aucune autre candidature n’ait été présentée : « la charge de directeur général apparaît en effet si complexe et si lourde que rares sont les hommes de très grande valeur qui se sentiraient appelés à l’assumer ou libres de le faire»[515].
Ainsi, Maheu est réélu sans difficulté, et même triomphalement. Durant son second mandat, il poursuit sa gestion rigoureuse et centralisée. Il faut préciser que, malgré son pouvoir personnel immense, Maheu n’a jamais organisé un culte de sa personnalité au sein de l’Unesco[516].
Maheu poursuit jusqu’au bout sa tâche avec ardeur, malgré la maladie incurable qui le ronge, faisant preuve d’un « courage de stoïcien » qui lui vaut le respect de son personnel. Prévost observe qu’« il s’attachait à sa fonction, à son rôle, comme à la dernière planche qui le retenait à la vie »[517]. En 1973, en séance privée du conseil exécutif, Maheu s’affirme même désireux d’entamer un troisième mandat, même s’il est conscient qu’il ne pourrait pas le mener jusqu’à son terme[518]. Le conseil exécutif en décide autrement. Prévost en explique la raison :
« Beaucoup de mes collègues, certains parmi les plus influents, étaient las de la domination d’un homme génial sans doute, mais violent et intolérant, d’un règne trop long, au cours duquel l’influence des technocrates du Secrétariat avait peu à peu infléchi l’action de l’Organisation. Ils auraient souhaité revenir à une gestion plus proche des hommes […]. M’Bow, sous-directeur général du secteur de l’éducation, semblait le candidat capable d’effectuer ce retour aux sources. »[519]
Grâce à l’action en coulisses de membres influents du secteur de l’éducation comme Dragolub Najman, un courant favorable à l’élection de M’Bow se développe au sein du conseil exécutif ; à la 94e session du conseil exécutif, M’Bow est officiellement désigné comme candidat, et le « vieux lion », Maheu, « se retire sous sa tente »[520].
Le pouvoir personnel exercé par Maheu a donc constitué l’aboutissement d’une tendance continue au cours des quinze premières années de l’Unesco vers un pouvoir accru aux mains du directeur général. Au fil de ses trente premières années, l’Unesco a donc été de plus en plus caractérisée par un pouvoir personnel. Prévost observe qu’après ses douze ans de « règne », Maheu « savait que l’habit qu’il avait tailllé serait trop grand pour vêtir ses successeurs »[521]. Cependant, après Maheu, le directeur général a continué à assumer un pouvoir très important.
Enfin, il convient d’examiner le rôle, essentiel et complexe, joué par le secrétariat.
[1] Yves Marie Laulan, op. cit., p. 217.
[2] Ibid., p. 91-92.
[3] Ex. : Amélie Blom, Frédéric Charillon, Théories et concepts des relations internationales, Paris, Hachette supérieur, 2001, 192 p. Henry Mintzberg, Structure et dynamique des organisations, op. cit. ; S. Zan, M. Ferrante, Le phénomène organisationel, Paris, L’Harmattan, 1996. P. Morin, Le développement des organisations, Paris, Dunod, 1983. J.C. Scheid, Les grands auteurs en organisation, paris, Dunod, 1991. L. Bagla-Gökalp, Sociologie des organisations, Paris, La Découverte, coll. Repères ; Chadwick F Alger, A partial inventory of data on international organization, préparé pour les réunions de l’international studies association, San Juan, Porto Rico, mars 1971 ; Chadwick F. Alger, « Methodological innovation in research on international organizations », in James A. Robinson, Political Science Annual, 2, Indianapolis, Bobbs-Merril, 1970.
[4] Rosemary Righter, Utopia Lost. The UN and World Order, 1995, New York, the twentiest century fund press, 420 p. Kurt Waldheim, Un métier unique au monde, Paris, Stock, 1977, 232 p. (élu en déc. 1971 secrétaire général de l’ONU) : p. 85 : il reconnaît que « certains aspects de la gestion de l’Organisation mondiale laissent à désirer, et nous sommes les premiers à en convenir ».
[5] Thomas George Weiss, International Bureaucracy. An Analysis of the Operation of Functional and Global International Secretariats, Lexington Books, 1975, Lexington, Massach., 187 p. Contient deux études de cas : l’Unicef (p. 127-148) et l’OIT (p. 113-126).
[6] Shirley Hazzard, Defeat of an Ideal. À Study of the Self-Destruction of the United Nations, 1973, Atlantic Little, New York, p. 192 : « the maniacal paper-pushing of the UN » ; elle dénonce « the illusion it apparently creates among delegates and senior UN officials alike that something is being accomplished. All manner of obscure analyses and obsolete resolutions will be cited by UN officials as evidence of UN « activity » on vital issues ». p. 193 : « it is Academism over Life ». Elle souligne « the linguistic inhumanity ». p. 194 : « the Secretariat itself emerged from the Hammarskjöld years more bureaucratized and with less identity than ever ». « a body of persons who knew they were not respected, were under surveillance, would be neither asked for their views nor encouraged to display their capacities ». p. 220: « the UN’ administrative nightmare » ; p. 220: « the administrative jungle ».
[7] Robert G.A. Jackson, A study of the capacity of the UN Development System, 2 vol., Genève, ONU, 1969.
[8] Chris Osakwe, op. cit., p. 135.
[9] DG/1, 10 décembre 1948, 11 p., p. 10.
[10] DG/10/49, 4 avril 1949, p. 4.
[11] RP/1/49, 14 janvier 1949 : Alan Moorehead, délégué britannique à la conférence générale, écrit dans le Liverpool Daily Post, le 17 décembre 1948 : « One thing became clear at Beirut […]. Unesco itself would never have enough money or influence to control the policy of its members ». RP/3/49, 7 février 1949 : Le Figaro, 24 janvier 1949 : « L’Unesco dans son ensemble ne sera jamais autre chose que ce que les peuples et les gouvernements désireront et feront qu’elle soit. Son avenir dépend d’abord des efforts de ses Etats membres ». Antonina Vallentin, art. cit. : « La faiblesse foncière de l’Unesco est […] son caractère d’institution […] intergouvernementale […]. L’Unesco est née, si l’on peut dire, dans un berceau de Procuste. Dès la conférence de Londres, on a insisté pour préciser dans sa Constitution que rien dans ses fins n’autorise une intervention dans les affaires intérieures des Etats […]. Limitation d’objectifs et limitation de moyens » ; Le Monde, 23-24 janvier 1949, p. 3 : « A la Commission nationale de l’Unesco : ‘Pour faire usage de la liberté il est indispensable que les hommes retrouvent la foi en eux-mêmes’, déclare M. Torres Bodet ».
[12] DG/9/49, 11 avril 1949, p. 5.
[13] D. Mylonas, op. cit., p. 412-413.
[14] Charles Zorgbibe, La paix, Paris, PUF, Que sais-je, 1984, p. 62-70. L’approche fonctionnaliste a ensuite été critiquée : Zorgbibe notamment souligne que si elle favorise incontestablement le progrès technique et économique, en revanche ses effets politiques sont moins perceptibles, le fonctionnalisme entraînant une décentralisation, génératrice d’une certaine dispersion des efforts et des objectifs ; et les organisations « fonctionnelles » n’ont pas entraîné le dépérissement des souverainetés nationales, contrairement à ce qui était attendu. Cf. aussi A.J.R. Groom et Paul Taylor (ed.), Functionalism. Theory and Practice in International Relations, London, University of London Press, 1975. Georges Abi-Sabab, Le concept d’organisation internationale, Unesco, Paris, 1980, 292 p., p. 96.
[15] OHRO, interview de Luther Evans, p. 331 : « to go beyond the limitations of bureaucratic gouvernement ».
[16] Ascher, box 147 : Unesco/cons. Ex./2e session/8/1947 : external relations, 22 p. ; confid. report of the advisory committee of experts, avril 48, 67p., p. 39.
[17] EU, box 2244 : USDel/23, Ext Rel/3, 6 novembre 1947, US delegation, 2nd session general conference, background paper on relations and communications with member states and national commissions.
[18] DG/190, 8 nov. 52, p1 . EU, box 2254 : rapport de Milton Eisenhower à George Allen, confidential report on 3rd general conference of Unesco, déc. 1948, 5 p., p. 3-4. « most worthwhile ».
[19] CUA/42, 28 avril 1952, 25 p., p. 21-22.
[20] CUA/42, doc. cit., p. 5.
[21] RU, ED 157/32 : NCB’s general., doc. non signé, novembre 1955, intitulé « Criticisms of Unesco » : « it cannot oblige its member states to do anything ».
[22] Unesco. 50 années pour l’éducation, op. cit., p. 25.
[23] Ascher, box 145 : New York Times, 18 juin 1950, lettre de Chih Meng au directeur du New York Times : « Pattern for Unesco. Proposal for full autonomy and authority outlined ».
[24] H. Cassirer, Un siècle de combat…, op. cit., p. 119-120.
[25] OHRO, interview de Luther Evans, p. 413-414.
[26] E. Delavenay, op. cit., p. 374.
[27] Veronese, carton 22 : discours de Vittorino Veronese, « L’Unesco face aux problèmes d’aujourd’hui », 8 mai 1961.
[28] Allocution de Maheu devant le personnel, 14 novembre 1974, doc. cité.
[29] L’Express, 20-26 juillet 1970, p. 32-33 : « Vie moderne : le mal de vivre de l’Unesco », par Liliane Sichler.
[30] Interview Larnaud.
[31] XO7.21(44) NC, IV : 25 juin 1963 : commentaires et propositions du gouvernement français sur le programme et budget 1965-66, 14 p., p. 4. Le gouvernement français déplore le caractère beaucoup trop « succinct » des informations sur les programmes données par le Secrétariat aux Etats membres.
[32] FR, NUOI carton 835, 17 juillet 1950, document « très confidentiel ». DG/195, 22 novembre 1952.
[33] EU, box 828 : USDEL 12/C/12, 24 octobre 1962 : instructions données à la délégation américaine pour les discussions à la conférence générale.
[34] EU, box 1562 : lettre de Henry Dearborn, premier secrétaire d’ambassade américaine au Pérou, au département d’état, 2 octobre 1957 ; EU, box 1563 : lettre de l’ambassade américaine de Damas au département d’état, 16 novembre 1957, p. 3-4 ; EU, box 827 : airgram de l’ambassade américaine de Djakarta au département d’état, 12 septembre 1962, 4 p. Cette lettre observe la coexistence en Indonésie de nombreux programmes non coordonnés entre eux, menés par l’Unesco, l’Unicef, l’USIS, l’AID, la Fondation Rockefeller, la Fondation Ford, le Plan de Colombo, le British Council.
[35] EU, box 824 : lt. confid. de John H. Morrow, de l’ambassade américaine de Paris, au département d’état, 17 janvier 1962, 3 p.
[36] FR, NUOI 836, commentaires sur l’avant-programme pour 1966-67, 22 décembre 1965.
[37] EU, box 827 : airgram de l’ambassade américaine de Djakarta au département d’état, 12 septembre 1962, 4 p.
[38] RFA, Bestand B 30, Band 544 : Dossier 8 : « Unesco und Europarat ». La coordination Unesco/Conseil de l’Europe s’améliore, dans le cadre de leur coopération pour l’Année internationale de l’éducation et de la sauvegarde de Venise.
[39] EU, box 3224 : report of US delegation to 89th session Unesco executive board, mai- juin 1972.
[40] 70 EX/INF/2, cité dans Unesco, 50 années …, op. cit., p. 77.
[41] Interview Larnaud.
[42] Torres Bodet, Memorias III, p. 46 : « la America Latina me alarmaba por su pereza en contestar a nuestras preguntas ». p. 47 : « pasividad ».
[43] 47/EX/PRIV/2, 18 mars 1957, p. 1 et 5.
[44] Exemple : en 1973, le Secrétariat déplore les « difficultés » dans la collaboration de l’Unesco avec l’Egypte, du fait de la mauvaise volonté du gouvernement égyptien à répondre aux offres de collaboration de l’Unesco. Cf. X 07.83 Maheu, VI : note de synthèse, visite du DG en Egypte, 16 mars 1973, 6 p., p. 1-3. Autre exemple : à la fin des années 1950, plusieurs républiques d’Amérique latine, au régime très autoritaire et très anti-communiste, s’opposent à l’accueil sur leur sol d’experts de l’Unesco, jugés communistes. Veronese, carton 32 : lettre confid. de Jean Chevalier à Veronese, 27 octobre 1959 : objet : « la pénétration soviétique en Amérique latine et l’Unesco ». « un expert [de l’Unesco] a dû quitter son poste, au Paraguay, sur la demande du gouvernement, parce qu’il était accusé d’être communiste » ; « un livre a paru en Equateur, signé de M. Crespo Toral, donnant une liste d’experts et de fonctionnaires de l’Unesco catalogués communistes ; ce livre nous a fait le plus grand mal ».
[45] Interview Pauvert.
[46] 14 EX/SR.4.rev., 8 février 1949, p. 4 : propos de John Maud.
[47] J. Torres Bodet, Memorias III, p. 143. X 07.83 Torres Bodet, IX : communiqué de presse n° 558, 4 septembre 1951. Torres Bodet rencontre le secrétaire général de l’OEA.
[48] Interview Lestage.
[49] Seuls quelques fonctionnaires isolés comme Acher Deleon s’élèvent, à la fin des années 1960, contre cette langue de bois des rapports officiels. Interview Deleon.
[50] Interview Tocatlian.
[51] Hemptinne : doc. de 1975, non daté.
[52] Le budget est de 14 millions de dollars en 1946-47.
[53] Interview de John Bowers par Philip Jones, op. cit.
[54] EU, box 2241 : lt. confid., 24 décembre 1946, d’Albert Noyes à William Benton, 16 p., p. 2 : « exceedingly unfortunate » ; « may have serious effects on the future of Unesco ». p. 12-13 : « to be deplored » ; cette élection « did much to poison the general atmosphere ».
[55] FR, NUOI 1946-1959, carton 333 : commission nationale provisoire, février 1947, rapport sur la conférence générale, 11 p., p. 10-11 ; OHRO, interview de Luther Evans, p. 344-346.
[56] FR, Nantes, carton 117 : 3 août 1947, lettre confid. de R. Schuman aux agents diplomatiques de la République française à l’étranger, p. 5. « le jour même où la délégation américaine applaudissait le nouveau directeur général, M. Benton montait à la tribune pour demander la réduction du budget de l’organisation pour lequel, quelques semaines auparavant, ses collaborateurs proposaient un chiffre deux fois plus élevé ».
[57] EU, box 2244 : USDel/3, Program/1, 6 novembre 1947, « US delegation, 2nd session general conference Unesco, suggested notes on the draft program of Unesco, by the Unesco relations staff », 6 p., p. 5-6 ; FR, Nantes, carton 117 : lettre confid. de R. Schuman aux agents diplomatiques de la République française à l’étranger, 25 août 1947, p. 9 : selon la conception américaine, « l’Organisation ne devrait pas avoir la responsabilité de réalisations concrètes, mais se borner à encourager et à coordonner les efforts accomplis par les différents Etats membres pour faire triompher les buts de l’Organisation ».
[58] Moniteur de l’Unesco, août 1947, p. 3-4 : « L’Unesco en face de deux mondes », par Byron Dexter ; c’est le resumé d’un article publié par Byron Dexter dans la revue américaine Foreign Affairs, dont il est rédacteur en chef, en avril 1947 ; M.H. Holcroft, op. cit., p. 34 ; RP/16, 19 février 1948 : L’Occident, Bruxelles, 1er février 1948.
[59] G. Archibald, op. cit., p. 140.
[60] ONU, RAG 2 /76, box 10 : câble de l’Unesco à l’ONU, 28 nov. 1946.
[61] Cf. L’Unesco en 1950 : ses buts, ses activitiés, Paris, Unesco, 1950, 21 p., p. 10.
[62] lettre confid. de R. Schuman, 3 août 1947, doc. cit., p. 12-13. Schuman observe que l’Unesco veut « réaliser des projets très ambitieux qui exigeraient […] des moyens financiers importants qui lui ont été temporairement refusés par les Etats-Unis ».
[63] EU, box 2250 : rapport de Ch. Thomson à Saxton E. Bradford, 10 juin 1948, p. 3-4 ; « This week the battle […] to pare the program down to manageable size reached a crisis ».
[64] G. Archibald, op. cit., p. 206.
[65] OHRO, interview de Luther Evans, p. 347, 434.
[66] Informal report of the US Delegation to the Seventh Session..., p. 4.
[67] RP, 12 décembre 1952 : L’Observateur, 27 novembre 1952 : article « L’Unesco paralysée ».
[68] J. Torres Bodet, Memorias III, p. 29-30.
[69] Informal report of the US Delegation to the Seventh Session...,, doc. cit., p. 6 ; RU, FO 371/117539, lettre de I.T.M. Pink à Kirkpatrick, 13 août 1955 ; J. Torres Bodet, Memorias III, p. 64-65, 361-362. Torres Bodet a l’impression que c’est le « naufrage » de la « foi » en l’Unesco (« naufragio », « fe »).
[70] FR, NUOI carton 835, 17 juillet 1950, document « très confidentiel » ; DG/195, 22 novembre 1952.
[71] FR, NUOI carton 835, 17 juillet 1950, document « très confidentiel ».
[72] G. Archibald, op. cit., p. 133. Leur volonté est réalisée : pour 1952, le budget ordinaire n’augmente que de 500 000 dollars environ alors que le budget de l’assistance technique augmente de près de 2,5 millions de dollars, plus que triplant entre 1951 et 1952 (chiffres tirés de Chronologie de l’Unesco).
[73] ONU, RAG-2/76, box 11 : rapport de Gustavo Duran, 21 juill. 1950, 16 p., p. 6.
[74] CUA/42 : 28 avril 1952, p. 21-22. Michel Batisse, « Plus de vingt ans dans son sillage, des Pyramides à Manhattan », p. 35-40, in René Maheu. Portrait-souvenir …, op. cit., p. 35.
[75] M.H. Holcroft, op. cit., p. 34-35.
[76] Cf. annexe 43 : caricature parue dans le quotidien mexicain El Tiempo le 19 juin 1950.
[77] Paulo de Berredo Carneiro, Vers un nouvel humanisme, Paris, Seghers, 1970, 335 p., p. 239-244.
[78] Lien-Link n° 74 : Nécrologie de T.C. Young par Gérard Bolla ; E. Delavenay, op. cit., p. 376.
[79] RU, FO 371/117539 : mémorandum de M. Pink, 30 juin 1955, doc. cité. Le gouvernement britannique entend réduire sa contribution à l’Unesco, dont il est mécontent, alors qu’il est prêt à augmenter sa contribution au programme d’assistance technique de l’ONU et à l’Unicef.
[80] RU, FO 371/117539 : memorandum de Kirkpatrick, 30 juin 1955. « have no conception of financial prudence ».
[81] RFA, Bestand B 91, Band 16 : aide-mémoire confidentiel de l’ambassade britannique à Bonn, 7 novembre 1956.
[82] Benton, box 392 : memorandum confid. de Mary Smieton, 12 août 1964 : « The control of Unesco’s budget. À possible UK approach », 9 p.
[83] Benton, box 392 : lt. de Smieton à Benton, 21 août 1964.
[84] RFA, Bestand B 91, Band 257 : rapport de von Faübelt, 9 septembre 1957.
[85] XO7.21(44)NC, II : Actes de la première conférence des commissions nationales européennes pour l’Unesco, Aix en provence, 29 mai-2 juin 1956, 35 p., p. 14-19 : rapport de M. Vandenborre.
[86] EU, box 1568 : lt. confid. de Kellermann au département d’état, 6 juillet 1959, 11 p., p. 7-8 ; RU, OD 25/168 : doc. confid., IOC (68) 105, 15 juillet 1968 : 78th session of the executive board of Unesco, Ministry of overseas development.
[87] Fr, NUOI carton 836 : « Commentaires et propositions du gouvernement français au programme et budget de l’Unesco pour 1965-66 ».
[88] X 07 A 120/197 UNSA Unesco : observations et commentaires du gouvernement français sur l’avant-projet condensé de programme et de budget pour 1967-68, 27 p., p. 4.
[89] Le rapport Clay (rédigé par le général Lucius D. Clay) recommande au gouvernement américain une réduction des programmes d’aide à l’étranger. Cf. G. Archibald, op. cit., p. 302-303.
[90] M. Prévost, op. cit., p. 103. Face à l’opposition des membres français, britannique, soviétique, américain, du conseil exécutif au projet de programme et budget, Maheu menace : « Si vous n’êtes pas d’accord, vous poursuivrez cette discussion avec mon successeur ».
[91] RP, 14 sept. 62 : Le Monde, 10 sept. 1962.
[92] Unesco, 50 années …, op. cit., p. 240 ; Lien-Link n° 82 : « Luther H. Evans, ‘Librarian’ et Directeur général », par Gérard Bolla.
[93] 12 C/ Res., 12 C/9.2.V p. 89, et 66 EX/Dec.4.2.7. Cf. G. Archibald, op. cit., p. 305.
[94] RU, PREM 11/5185 : record of meeting with Prime Minister, 10 april 1964 : note confidentielle non signée intitulée : « René Maheu ».
[95] RU, OD 24/041 : rapport de Mary Smieton, juill. 1965, 10 p., p. 2.
[96] Organisations internationales à vocation universelle, Paris, …, p. 42-43. G. Archibald, op. cit., p. 292.
[97] X O7.21(44)NC, III : juin 1961 : commission nationale française, « Suggestions de caractère général concernant les programmes futurs de l’Unesco », 18 p., p. 1 et 5. FR, Nantes, carton 117 : rapport de la DGCAT, 7 janvier 1965, 50 p., p. 49-50.
[98] rapport de la DGCAT, 7 janvier 1965, 50 p., doc. cit., p. 49-50.
[99] FR, NUOI 834 : lettre de l’ambassade de France aux Etats-Unis à la DGCAT, 28 septembre 1964.
[100] RU, ED 121/1159 : aide-mémoire confidentiel de Sutherland à Burns, 7 août 1962.
[101] RFA, Bestand B30, Band 544 : télégramme de Haack, de Paris vers Bonn, 20 novembre 1968.
[102] XO7.21(44)NC, IV : discours de Maheu devant la commission nationale française, 11 mai 1963.
[103] 13 C/4, p. 1. cité par G. Archibald, op. cit., p. 305. Pendant le biennium 1963-64, le budget ordinaire augmente de 20%, et les ressources extrabudgétaires augmentent de 51%.
[104] XO7.21(44)NC, IV : discours de Maheu devant la commission nationale française, 11 mai 1963.
[105] 3 A 31 Social Implications of the Peaceful Uses of Nuclear Energy : lt. d’O. Klineberg à Peter Lengyel, 29 déc. 1959 .
[106] Esther Dartigue, op. cit., p. 130, 211, 218-221.
[107] Benton, box 392 : lt. de Maheu à Benton, 16 sept. 1964 ; lt. de Benton à Maheu, 31 août 1964.
[108] RU, PREM 11/5185 : record of meeting with Prime Minister, 10 april 1964 : note confid intitulée « R. Maheu » ; Note for the record, non datée.
[109] FR, NUOI 836 : lettre de Jean Basdevant (DGACT) au ministre des finances, 30 janvier 1964 ; FR, NUOI 1106 : télégramme de Hervé Alphand, 15 avril 1964 ; FR, Nantes, carton 117 : lettre d’Olivier de Sayve à Maurice Couve de Murville, 21 mai 1965, 5 p., p. 2.
[110] FR, NUOI 834, rapport de la DGCAT sur la 13e conférence générale, novembre 1964.
[111] FR, Nantes, carton 117 : lettre d’Olivier de Sayve du 21 mai 1965, lettre citée, p. 2.
[112] Benton, box 394 : lt. de Benton à H. Cleveland et à Lucius Battle, 3 oct. 1963 : « Unesco is growing too fast and cannot suitably absorb the budget increase Maheu seeks » ; « voluntarily given it can be voluntarily withdrawn if the US feels the projects unsatisfactorily handled ».
[113] M. Prévost, op. cit., p. 81-82, 199 ; X 07.83 Maheu, III : bref compte rendu des audiences accordées au DG au cours de son séjour à Alger (2-5 mars 1964).
[114] RU, OD 24/119 : « Unesco Geneva Group meeting », 7 juin 1971, restricted, par W.J. Smith, Unesco department, ODA, 30 juin 1971, conclusion, p. 3-4 ; « note of discussion with the DG of Unesco on 19th July 1971 on Unesco’s financial requirements for 1973 and 1974 », restricted, par W.J. Smith . Attitude « mild, courteous », de Maheu.
[115] 17 C/DR/ADM.2, 21 sept. 1972 ; RU, OD 24/144, « Unesco budget 1972-75 », lettre de J.A. Burgess à M. Smith, 14 septembre 1971 ; lettre de M.L. Cahill à Mathieson, membre britannique du conseil exécutif, intitulée « Dollar devaluation and the unesco budget », 6 juin 1972 : « international organizations must learn to live with currency fluctuations, potential as well as actual ».
[116] Le Monde, 25 octobre 1972, « Unesco. La 17e conférence générale. Les pays riches ont réclamé une meilleure utilisation des ressources mises à la dispositon de l’organisation », par Bruno Frappat ; The Times, 25 octobre 1972, « Serious Split on Unesco Budget », par Patrick Brogan ; EU, box 3224 : « report of US delegation to 89th session Unesco executive board », Madrid, 29 mai-7 juin 1972.
[117] Report of the US delegation to the 17th session of the general conference, doc. cit., p. 22-23. « There was a clear consensus among the donor countries that the time has come for stocktaking, consolidation, and increased emphasis on quality rather than quantity » ; Le Monde, 25 oct. 1972 : « Unesco. La 17e conférence générale. Les pays riches ont réclamé une meilleure utilisation des ressources mises à la disposition de l’organisation », par Bruno Frappat.
[118] 17 ED/3, p. 8.
[119] 3 XC/INF.7, 25 octobre 1973 : « déclaration du directeur général à la 2e séance plénière sur le point 7 de l’ordre du jour : examen de la situation financière de l’organisation due à l’inflation existante et à la dévaluation de la monnaie de compte et mesures à prendre à cet égard », p. 2-3. Le déficit atteint 23 700 000 dollars, soit 19,75% du budget. La portion de ce déficit attribuable à l’inflation est de 7 848 000 dollars, et celle attribuable à la dévaluation du dollar est de 15 852 000 dollars. 93 EX/INF.6, 13 septembre 1973.
[120] F. Valderrama, op. cit., p. 219-220.
[121] DG/74/15, 23 novembre 1974, p. 6.
[122] Jean-Baptiste de Weck, « En pensant à René Maheu », p. 69-70, in René Maheu. Portrait-souvenir …, op. cit.
[123] Lien-Link n°83 : « De Bucarest à Abidjan : un itinéraire atypique », par E. R.
[124] interview Elise Keating.
[125] OHRO, interview d’Evans, p. 628.
[126] Journal Métraux, 29 avril 1953 : G. Monod « me signale les difficultés administratives que nous pourrions rencontrer au cas où l’Unesco travaillerait avec l’IFAN » (p. 494) ; Journal Métraux, 19 mai 1953 : « longue conversation avec Mercier, de l’IFAN. Il ne désire pas que notre enquête soit rattachée à la sienne. Chacun des chercheurs s’occupe du problème avec une thèse en vue. Notre intervention dérangerait l’équilibre ». (p. 497-498) ; Le pied à l’étrier, op. cit., p. 183-184 : lt. de Verger à Métraux, 15 mai 1953 : « je vois, par votre lettre, que les choses ne s’accrochent guère entre l’Unesco et l’IFAN ».
[127] EU, box 1564 : commentaires des Etats-Unis sur le projet de programme et budget pour 1959-60.
[128] Cet institut est créé conjointement par l’Unesco et le comité national indien sur la recherhce océanique ; mais l’Unesco a des problèmes de relations avec ce comité dont le secrétaire, Pannikar, nourrit pour l’institut des ambitions qu’elle juge disproportionnées (551.46 (267) A 031 IOBC « -66 », II-III : lt. de Vagn Hansen à Warren Wooster, 29 mai 1963).
[129] Esther Dartigue, op. cit., p. 211, 218-221
[130] 3 A 31 « Social Implications of the Peaceful Uses of Nuclear Energy » : lt. du Conseil de l’Europe à Veronese, 22 juill. 1960.
[131] Coopération avec l’OEA pour le projet majeur d’Amérique latine ; 372/8/MP 01, IV : aide mémoire sur la conférence des ministres de l’éducation de l’Amérique latine ; 372/8/MP 01, VII : « Unesco educational policy in Latin America » par J. Blat Gimeno, 1er fév. 1965 ; 372/8/MP 01, I : lt. de Guiton à ODG, 24 août 1955 ; Lien-Link n° 81 : « Education for all : about 50 years ago : the Major Project in Latin America, 1957-66 », par José Blat Gimeno ; interview Blat Gimeno ; Pascale Garcia, op. cit., p. 41 ; 372/8/MP 01, VI : document non daté et sans titre ; ED/Occ./1, 15 mai 1950, p. 1 ; 375 (86) A 63 VP : lettre non signée à Bowers, 17 sept. 1948 ; D. Sioen, op. cit., p. 77-79.
[132] X 07.83 Maheu, III : Bref compte-rendu des audiences accordées au DG au cours de son séjour à Alger (2-5 mars 1964) ; ONU : RAG-2/330, box 107 : dossier 2 : lt. de Habbab à Nasr, p. 6.
[133] RU, FO 371 /107231 : lt. de H.F. Bartlett, Foreign Office, à J.S. Arthur, Ministry of education, 17 sept. 1953. Jusqu’au dernier moment, l’établissemnt du Crefal au Mexique n’a pas été sûr : le gouvernement mexicain a hésité, craignant une duplication d’efforts entre l’OEA et l’Unesco. Mais Torres Bodet, mexicain, a œuvré avec ardeur pour sa création (EU, box 1603 : rapport d’Arthur A. Compton au département d’état, 18 avril 1950, rapport hebdomadaire sur les activités de l’Unesco, 9 p., p. 1 ; J. Torres Bodet, Memorias III, p. 99-101). Un des problèmes importants du Crefal a été le double-emploi avec la Latin American Fundamental Education Press, agence établie à Washington par l’OEA, au niveau de la production de matériel de lecture pour l’Amérique latine ; le Crefal n’a donc en fait pas produit beaucoup de matériel de lecture, alors que cela aurait dû initialement être une de ses tâches principales (W. Laves et Ch. Thomson, op. cit., p. 153-154, cité par P. Jones, op. cit., p. 82.) ; ONU, RAG-2/76, box 13 : lt. de John P. Humphrey à Martin Hill, principal director of coordination for specialized agencies and economic and social matters, United Nations, 9 juin 1953.
[134] L’Ecole normale rurale interaméricaine de Rubio, au Vénézuela a été établie en 1954 par l’OEA ; elle vise à former des équipes de professeurs qui ensuite retourneraient chez eux former des noyaux de professeurs pour les écoles normales rurales, mais elle fonctionne mal et a un niveau très bas. L’Unesco hésite à la faire participer activement au projet majeur. (372/8/MP 01, II : rapport de Hoad Dartigue au DG, 28 nov. 1957 ; V : doc. intitulé « Projet majeur d’éducation primaire en Amérique latine », sans date ; cette école « fait l’objet de nombreuses critiques sévères », et d’un « sentiment de doute et de pessimisme » ; I : rapport d’Oscar Vera à M. Akrawi, 26 déc. 1956, p. 4-5). Cette école pose à l’Unesco des problèmes « complexes », l’Unesco envisage de la réorganiser complètement, de la convertir en un « Centre Interaméricain d’Education Rurale » (CIER), ce qui est fait en 1957 (372 (8) MP01 A 22, I : mémoire de 45 p., de R Maheu, non daté, p. 29-30 ; Lien-Link n°81 : « Le projet majeur d’éducation primaire en Amérique latine », par Miguel Soler Roca ; II : lt. de Hoad Dartigue au DG, 28 nov. 1957 ; Esther Dartigue, op. cit., p. 120-121 ; rapport du DG sur 1957, p. 109 ; rapport du DG, 1958, p. 60-65). Dans les années qui suivent, l’Unesco diminue peu à peu son assistance financière à cette école (372/8/MP 01, V : lt. de Diez Hochleitner à J. Guiton 1er décembre 1960).
[135] Ce projet majeur entre dans une certaine mesure en concurrence avec un projet préexistant de la Pan-American Union (OEA) : l’« école normale rurale inter-américaine » de Rubio, au Vénézuéla (EU, box 1562 : lt. confid. de Sam Moskowitz au département d’état, 12 nov. 1957, 6 p., p. 4 ; EU, box 1554 : mémo de Foster Dulles à l’ambassade américaine de Paris, 12 oct. 1955).
[136] X 07. 83 Thomas, II : lt. confid. de Matta Akrawi au DG, 13 juill. 1960.
[137] DG/168, 6 fév. 1952, p. 5.
[138] Lien-Link n°76 (janvier-mars 2001) : « Souvenirs toujours vivants de mes missions au Cambodge », par Mariella Tabellini ; M. Tabellini, EPTA/CAM/1, p. 8 : coopération entre Unesco et experts USOM.
[139] RU, FO 371/107191 : lettre de J.L. Nevinson à E.R. Warner, 30 juin 1953 : « extreme difficulties ».
[140] EU, box 1563 : lt. de l’ambassade américaine de Phnom Penh au département d’état, 18 nov. 1957, p. 2-4. « virtual insignificance ».
[141] Benton, box 401 : lt. de Benton à R. Wade, 3 nov. 1965 ; lt. de Benton à Harry McPherson, 15 oct. 1965 ; lt. de Benton à Charles Frankel, 29 sept. 1965 ; lt. de Benton à John Howe, 23 sept. 1965 ; box 396 : lt. de Wade à Benton, 3 janv. 1966. ; box 392 : lt. de Wade à Benton, 7 déc. 1964.
[142] Ex : ONU, RAG-2/330, box 107 : rapport d’Evelyn Rauch, 25 fév. 1955 ; 375 (666) TA /AMS : lt. d’A. Lestage au DG, 1er avril 1957, p. 1-2 ; RU, FO 371/107191 : lettre de J.L. Nevinson, à E.R. Warner, 30 juin 1953.
[143] EU, box 2254 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 10 janv. 1949, p. 3-4.
[144] Maheu, dès 1956, observe l’intérêt des « puissantes fondations » américaines, comme la fondation Rockefeller, pour l’Amérique latine et notamment pour le projet majeur ; Maheu s’efforce d’obtenir l’appui financier de la fondation Rockefeller au cours d’un « dîner au domaine familial des Rockefeller, près de New York » ; il dit être parvenu à intéresser Nelson Rockefeller (372 (8) MP01 A 22, I : mémoire de 45 p., de R. Maheu, non daté, p. 34) ; 372/8/MP 01, VII : « Unesco educational policy in Latin America » par J. Blat Gimeno, 1er fév. 1965.
[145] ONU, RAG 2/76 box 7 : discours de H. Laugier à l’ouverture de la conférence générale de 1950.
[146] Antoine Gazano, op. cit., p. 50 ; Jean-Baptiste Duroselle, op. cit., p. 468.
[147] Sur les liens juridiques et institutionnels entre l’ONU et l’Unesco, voir : A. LeRoy Bennett, International Organizations, Principles and Issues, 6e édition, 1995 (1e édition 1977), Simon and Schuster ; Ronald W. Clark, The Huxleys, Heinemann, London, 1968, p. 310 ; L’Unesco et le Conseil économique et social, Paris, Unesco, 1950, 40 p.
[148] RP/10, 6 janvier 1948, Manchester Guardian.
[149] Ascher, box 147 : report of the advisory committee of experts, confidentiel, avril 1948, 67 p., p. 57.
[150] ONU, RAG-2/76, box 11 : rapport de Louis Gros à Dr. Sze, 7 nov. 1949, p. 2, 7, 17-18 ; box 14 : lt. confid. de Edward Lawson à Brian Urquhart, 19 déc. 1949, 12 p., p. 12 : « a very excellent spirit of collaboration and cooperation ».
[151] 408.1 : memo confid. de Maheu à Blonay et Guiton, 10 septembre 1951, 5 p., p. 4. Cf. aussi P. Jones, op. cit., p. 40 : l’Unesco serait « the UN’s moral watchdog ».
[152] Art. 27, paragr. 1, de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Etude du « droit à la culture » prévue par une résolution de la 6e conférence générale, 1951, résolution 4.52 ; CUA/42, 28 avril 1952, « programme de l’Unesco pour 1952 », résolution 4.52, « étude du droit de participer à la vie culturelle », 25 p., p. 5.
[153] Conformément à la résolution 329 (IV) de l’assemblée générale de l’ONU, 12 décembre 1950.
[154] CUA/42, 28 avril 1952, résolution 4.52. L’ONU s’arroge un droit de regard sur la constitution du comité d’experts de l’Unesco à ce sujet.
[155] Projet de l’ONU auquel participent les principales agences spécialisées (ONU, OMS, FAO, OIT, Unesco).
[156] X 07.83 Torres Bodet, II : News Bulletin/6/49, 7 p., 31 mars 1949.
[157] Assemblée générale de l’ONU, 1958, Résolution 1260 (XIII), concernant la « coordination des résultats de la recherche scientifique ». Le comité administratif de coordination (CAC) a convenu, à sa 27e session en oct. 1958, que l’Unesco servirait d’organe centralisateur pour la réalisation de ce travail ; 5 A 54/51 Survey of the Main Trends of Inquiry in Scientific Research, I : lt. confid. de Maheu au DG, 27 oct. 1958 : 13e assemblée générale de l’ONU, 3e commission, rapport n° 6 : enquête sur les sciences naturelles : recherche, dissémination, applications (résolution australienne), 12 p., p. 1 : le projet a été proposé par M. Casey, ministre des affaires étrangères d’Australie, à la 13e session de l’assemblée générale de l’ONU ; p. 2 : Maheu a développé « un contact très étroit et confiant » avec la délégation australienne. Le projet a été adopté selon Maheu « dans une atmosphère morose » ; la délégation indienne s’y est opposée avec « intransigeance ».
[158] 069 :7 A 218/101/19 (62), I : lt. de Maheu à Hammarskjöld, 19 déc. 1956.
[159] ONU, RAG-2/76, box 12 : rapport non signé, 10 oct. 1950, 4 p., p. 4 ; lt. de Witold Langrod à J. van Heuven, 10 juill. 1950.
[160] OHRO, interview de Luther Evans, p. 536.
[161] X 07.83 Torres Bodet, III : « Visite du DG à Genève », 25-26 avril 1949, 8 p., p. 2.
[162] Journal de la conférence générale de 1947, vol. I, 6e séance plénière, 10 novembre 1947, Ronald Walker, délégué de l’Australie, p. 92-93. Il considère que les relations entre l’Unesco et l’ONU sont trop lâches, et que cela constitue « un des points faibles de l’Organisation » ; ONU, RAG-2/76, box 13 : lt. de J. Thomas à Gustavo Duran, 26 sept. 1950 : les Etats-Unis veulent un renforcement de la coordination Unesco-ONU.
[163] Discours de Walter Laves, 13 avril 1950, doc. cit., p. 8. « I think it unfortunate also that Unesco’s high policy has not been more directly related to the problems faced by the UN. Many of the tasks of the UN might have been made considerably easier by positive ancillary educational programs under the direction of Unesco ».
[164] 408.1 : rapport de Maheu, 10 septembre 1951, doc. cit., p. 4 : il préconise une « procédure précise », « où les fonctions respectives [des] organes constitutionnels de l’Unesco soient clairement définis ».
[165] ONU, RAG-2/76, box 14 : lt. de Prem Kirpal à Dag Hammarskjöld, 21 avril 1955.
[166] OHRO, interview de Luther Evans, p. 540.
[167] 371.95 : lt. de Cheng Chi Pao, chef adjoint du département d’éducation de l’Unesco, à Sir Cilento, directeur de la division des activités sociales de l’ONU, 7 juillet 1949 ; lt. de Thérèse Brosse, du département de l’éducation de l’Unesco, à Adolphe Delierneux, directeur adjoint de la division des activités sociales de l’ONU, décembre 1949.
[168] OHRO, interview de Luther Evans, p. 520-536
[169] EU, box 2241 : mémorandum de Kotschnig à Thomson, 10 juin 1947 ; « wait-and-see » ; « a very heavy dose of skepticism ».
[170] Ibid. L’Unesco s’inquiète des ambitions « grandioses » conçues pour l’Ecosoc par Laugier.
[171] La phrase citée a été prononcée par le membre australien du conseil exécutif. 14 EX/SR.4.rev., 8 février 1949, p. 7-8. Le directeur général déplore une « confusion » dans la répartition du travail entre l’ONU et l’Unesco au sujet de la promotion de la Déclaration universelle des droits de l’homme. L’éventualité d’envoyer Jean Thomas, directeur général adjoint, comme représentant de l’Unesco à New York, est envisagée.
[172] J. Torres Bodet, Memorias III, p. 217.
[173] A. Métraux, Itinéraires I, op. cit., 15 septembre 1953, p. 523.
[174] W. Laves, « Unesco and the achievement of peace », art. cit.
[175] RU, FO 371/95913 : « Discussion with Charles Thompson of the US State Department about the future of Unesco and other specialised agencies », 1951 ; lettre de Dudley à Cowell, 6 avril 1951.
[176] Trygve Lie, In the Cause of Peace. Seven Years with the United Nations, The Macmillan Company, New York, 1954, 473 p., p. 145.
[177] RU, CO 852/1277/1 : « UN Economic Commission for Asia and the Far East : cooperation with Unesco, 1950 ». ONU, dossiers 8/14/04 à 07, UN/C/38/Rev.1, « specialized agencies, administrative and programme coordination, social affairs ».
[178] Public papers of the Secretary General of the United Nations, vol. I, Trygve Lie, p. 128. Article de T. Lie dans le New York Times Magazine, 9 mai 1948. En 1951, T. Lie assiste pour la première fois à la conférence générale de l’Unesco. Il y prononce des paroles d’encouragement pour l’Unesco. Discours retranscrit dans 6C/Actes, 1e séance plénière du 18 juin 1951, p. 42-44. « L’Unesco a un rôle capital à jouer dans l’effort collectif des Nations Unies en faveur de la paix ». Public papers..., Vol. II, p. 96-97 : message de Hammarskjöld à la 4e conférence de la commision nationale américaine pour l’Unesco, 15 septembre 1953. Ibid., p. 565 : 20 juillet 1955, rapport de D. Hammarskjöld au conseil sur la coordination et le développement du travail économique, social et humain des Nations Unies. Il y fait l’éloge de l’Unesco.
[179] Public papers ..., Vol. III, p. 197-199 : 14 juin 1956 : « Introductory Statement for the Economical and Social Council’s General Review at its 22nd Session of the Development and Coordination of the Economical, Social, and Human Rights Programmes and Activities of the UN and the Specialized Agencies as a Whole » ; Public papers ..., Vol. IV, p. 158 : « Report to the General Assembly on the Strenghtening and Widening of Scientific Activities in the Field of the Effects of Atomic Radiation », New York, 6 août 1958.
[180] Public papers..., Vol. III, p. 197-199 : 14 juin 1956, rapport cité.
[181] En 1950, l’ONU lance un programme de vingt ans en faveur de la paix (resol. 494 (V)), et charge dans ce cadre l’Unesco et l’OIT de mettre en œuvre des projets liés à cette action. Cf. Public papers… Vol. I, p. 430, 437-438.
[182] ONU, RAG-2/330, box 107: « Participation of UN in programmes of specialized agencies, fundamental education programme of Unesco », doc. non daté, non signé.
[183] ONU, RAG-2/330, box 107 à 110 : intervention de l’ONU sur les centres de l’Unesco ASFEC et CREFAL, par un contrôle sur le choix du personnel et par une surveillance du travail de ces centres par des experts de l’ONU.
[184] ONU, RAG-2/330, box 107 : rapport sur le projet d’éducation de base de l’Unesco au Cambodge, par l’expert J.J.A Frans, 15 août 1954, 8 p. ; lettre de Paul Everett, 20 août 1954 ; rapport de Evelyn Rauch, regional social welfare adviser, à Eleanor H. Hinder, chief of office for Asia and the Far East, 25 février 1955 ; lettre de Evelyn Rauch à Hinder, 28 février 1955.
[185] L’ONU n’hésite pas à critiquer l’organisation du travail de l’Unesco dans le domaine de l’éducation de base, et le manque de clarté du concept d’éducation de base tel qu’il est développé par l’Unesco. ONU, RAG-2/330, box 107 : mémo de J. Bulsara, Far Eastern Social Welfare Representative, UNTAA, à M.A. Goldschmidt, 13 janvier 1952 ; Report on the inter-secretary working party of the UN and specialized agencies on fundamental education, 14-18 janvier 1952, 7 p., p. 3-4-6 ; box 108 : « Liberia project » : document révélant le contrôle sévère par l’ONU du programme d’éducation de base de l’Unesco au Liberia.
[186] Antoine Gazano, op. cit., p. 50 ; Interview Jean Larnaud ; Jean-Baptiste Duroselle, op. cit., p. 468. 14 EX/SR.4.rev., 8 février 1949, p. 8 : ce document révèle un chevauchement avec l’ONU dans la promotion de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
[187] Public papers ..., vol. III, p. 208 : 24 juillet 1956, Statement in the Economic and Social Council Opening Debate on item 3 (Ecosoc Official Records, 22th session, 942nd meeting). L’ONU fournit d’ailleurs à l’Unesco des experts en développement communautaire.
[188] Peter Lengyel, op. cit., p. 17-18. « Unesco has failed to carve out a leading function for itself in the statistcal field within the UN »; p. 50.
[189] André Varchaver, « Maheu et le système des Nations Unies », art. cit. Le CAC, créé en 1948 par les Etats membres de l’ONU, est un organisme chargé de la gestion du personnel de l’ONU et des agences spécialisées. M. Prévost, op. cit., p. 101.
[190] Journée d’hommage à René Maheu, Cahier I, op. cit., p. 30-33 : article de Francis Blanchard, ancien directeur du BIT, « Les amitiés au sein des Nations Unies ».
[191] René Maheu. Portrait-souvenir …, op. cit., article de Gérard Bolla.
[192] 620.992:3 : lt. de Maheu au DG, 18 juin 1956, 4 p., p. 2 et 4 ; lt. de Maheu au DG, 15 fév. 1956 ; lt. de Maheu à Marshall, 15 mars 1957.
[193] OHRO, interview d’Evans, p. 703 : « He did a good job in New York ».
[194] Veronese, carton 33 : lt. de Veronese à Maheu, 7 mai 1957.
[195] « The emergence of centralist tendencies in the economic and social work of the UN system » ; P. Jones, op. cit., p. 92.
[196] OHRO, interview d’Evans, p. 609-610.
[197] On le mesure à la quantité de la correspondance échangée entre l’ONU et l’Unesco sur les programmes de l’Unesco ; l’Unesco tient l’ONU informée de tous ses programmes, avec une grande précision. ONU, dossiers 8/14/04 à 07, UN/C/38/Rev.1. ONU, RAG-2/330, box 107, dossier 2. ONU, RAG-3/5-OR box 325 à 327 et 329 à 337.
[198] SCX/PRIV.6 : 64 EX/PRIV/SR.1 (prov.), 1er avril 1963 : propos de Maheu, p. 3-4. M. Prévost, op. cit., p. 108-109 et 225-226.
[199] Lien-Link n°83, nécrologie de Yvan de Hemptinne, par Michel Batisse.
[200] 13 C/PRG/23, 21 août 1964, 8 p.
[201] ONU, series 260, box 3, file 9 : « Unesco ; world literacy campaign, mars 1963-september 1965 » : lettre de Maheu à U’Thant, 15 février 1963 ; lettre de U’Thant à Maheu, 21 mars 1963.
[202] Public Papers…, Vol. VIII, U’Thant 1968-71, 709 p., 1977, p. 369 : introduction au 24e rapport annuel de l’ONU, 15 septembre 1969.
[203] Ricardo Diez-Hochleitner, « La passion de l’action », art. cit. Action d’intermédiaires comme Dick Demuth, de la Banque mondiale, et G. Betancur et R. Diez-Hochleitner, de l’Unesco.
[204] EU, box 824 : lt. confid. de John H. Morrow, minister for Unesco affairs, ambassade américaine de Paris, au département d’état, 17 janvier 1962, 3 p.
[205] 372/8/MP 01, VII : rapport du chef de la division de l’Amérique latine et des Caraïbes au DG, 11 mars 1965.
[206] M. Prévost, op. cit., p. 150.
[207] 372/8/MP 01, VII : lt. du chef de mission de l’Unesco à Cuba, à Maheu, 5 sept. 1964.
[208] 372/8/MP 01, VII : lettre de Roberto Moreira, chef du bureau régional d’éducation (au Chili) à Pio Carlo Terenzio, bureau des relations avec Etats membres, 13 nov. 1964.
[209] Thomas G. Weiss, David P. Forsythe, Roger A. Coate, The United Nations and Changing World Politics, Westview Press, 1994, 292 p., p. 179.
[210] Interview Pauvert ; EU, box 3224 : rapport de la table ronde du personnel, 1970, 150 p., 30 avril 1970, p. 32 : la table ronde observe que « l’Unesco sera de moins en moins ‘souveraine’ », puisqu’elle est désormais intégrée non plus seulement sur le plan juridique mais aussi sur le plan opérationnel au système de l’ONU.
[211] Enquête menée par Robert W. Cox et Harold K. Jacobson, deux professeurs américains. Citée dans Charles Zorbibe, Les organisations internationales, p. 17-18.
[212] Acte constitutif des Nations Unies, article 55 ; résolution de l’ONU du 14 déc. 1946 ; déclaration universelle des droits de l’homme, article 9 ; Benton, box 400 : lt. confid. de Benton à W. Kotschnig, non datée ; lt. de Maheu à Benton, 18 déc. 1963 (au sujet de la conférence de l’ONU sur la libre circulation de l’information, Genève, 1948).
[213] Le projet de traduction des classiques littéraires, adopté par l’Unesco en 1948, était préconisé par l’ONU en 1946 et par l’Ecosoc en 1947 (O. Felgine, op. cit., p. 416) ; EU, box 2241 : mémorandum de Kotschnig à Thomson, 10 juin 1947.
[214] Seth Spaulding et Lin Lin, op. cit., p. 26 ; interview Deleon ; P. Jones, op. cit., p. 47, 53-54, 84, 90-95 : Henderson définit l’éducation communautaire comme « awakening the people to take an active interest in their own progress and helping them, by means of services from outside the community, to make technical advances » ; DG/161, 7 janv. 1952, p. 8 ; ONU, RAG 3 SA, box 22 : correspondance entre Henderson et Bowers (ex: lt. de Henderson à Bowers, 3 mars 1958 ; lt. de Bowers à Henderson, 8 nov. 1957) ; ONU, RAG 3 SA, box 22 : lt. de Hung-Chun Chang à Henderson, 28 mars 1958. En 1957-58, la suite de la série des publications de l’Unesco intitulée « Monographies sur l’éducation de base », tout en gardant ce nom, s’oriente vers la conception du « développement communautaire ». Bowers en soumet les manuscrits à Henderson, pour qu’elle vérifie leur orientation conceptuelle, et se déclare prêt à les réviser dans le sens qu’elle désire (lt. de Bowers à Henderson, 16 mai 1958). Henderson critique notamment « l’usage fréquent de la formule ‘le développement communautaire de l’éducation de base’ », qui selon elle met trop en valeur l’éducation de base et laisserait dans l’ombre la notion de développement communautaire (lt. de Henderson à Bowers, 3 juin 1958, 6 p. « Frequent use of the phrase « community development of fundamental education ») ; ONU, RAG-2/330, box 108 : mémorandum ..., doc. cit., p. 2 .
[215] 37 : 362 .92 (5-011) « -66 », III a : lt. de Van Diffelen à Guiton, 11 oct. 1956 : « difficulties of a doctrinal and administrative nature » ; « reproduced in miniature the conflict between the UN-Julia Henderson doctrine and the Unesco doctrine, a conflict that has been repeated recently in so many places throughout the world » ; lt. de Van Diffelen à Van Vliet, 19 oct. 1956.
[216] 372/8/MP 01, VI : Briefing confid. de Adishesiah à la 5e session du intergovernemental advisory committee of the major project, 1963.
[217] ONU, RAG 3 SA, box 22 : lt. de Ernest C Grigg à Lambert-Lamond, 21 sept. 1962 ; lt. de Kurt Jansson à J. Henderson, 8 juill. 1963 ; box 23 : lt. de Gerald Wen à Jorge Videla, 17 mars 1965.
[218] The Experimental World Literacy Programme : A critical assessment, Expert Team on Evaluation of Experimental Functional Literacy Projects, Paris, Unesco-UNDP, 1976.
p. 171-172 et 223-224.
[219] Rosemary Righter, Utopia Lost...., op. cit., p. 52 ; OHRO, interview d’Andrew Cordier, p. 148 ; P. Jones, op. cit., p. 69 : « sense of competition ».
[220] M. Prévost, op. cit., p. 225.
[221] Interview Roux.
[222] Journal de la conférence générale de 1947, vol. I, 8 novembre 1947, discours de Huxley, p. 58-59.
[223] DG/8/49, 1er avril 1949, p. 14.
[224] Nombreux écrits de Huxley sur le problème de la nourriture et de la croissance de la population mondiale, Huxley a une vision catastrophiste à ce sujet. DG/8/49, p. 10-11. Courrier de l’Unesco, avril 1949, p. 6-7 : « Une double crise » par Aldous Huxley, et « Une solution ? » par John Russell.
[225] 375 (729.4) A 61, III : lt. de Laves à Beeby, 11 mai 1948.
[226] P. Jones, op. cit., p. 69-70.
[227] L’assistance technique en vue du développement économique au service de l’homme, Paris, Unesco, 39 p., 1950, p. 34-38.
[228] J. Torres Bodet, Memorias III, p. 322, 15 juin 1952.
[229] X 07. 83 Thomas, II : rapport de mission de J. Thomas aux états-Unis, 22 mars 1948, 12 p., en anglais, p. 2.
[230] X 07.83 Torres Bodet, III : compte-rendu de la visite du directeur général à Genève, par René Maheu, 25-26 avril 1949, 8 p.
[231] DG/154, discours de Torres Bodet à la 6e conférence de la FAO, Rome, 19 novembre 1951.
[232] X 07.83 Torres Bodet, III : compte-rendu de la visite du directeur général à Genève, par René Maheu, 25-26 avril 1949, 8 p., p. 2-7. L’Unesco augmente à cet effet sa subvention au BIE.
[233] L’OIR, organisation internationale des réfugiés, a existé de 1945 à juillet 1950. Pour plus d’informations sur cette organisation, voir : L’organisation internationale pour les réfugiés, agence spécialisée des Nations Unies, 1946-1952, adaptation française de l’ouvrage de Louise W. Holborn, Paris, PUF, 1955, 762 p.
[234] X 07.83 Torres Bodet, III : compte-rendu de la visite du directeur général à Genève, par René Maheu, 25-26 avril 1949, 8 p., p. 1.
[235] 37 : 362.92, I : lt. de B. Drzewizki à Mlle Baers, non datée, fin 1946.
[236] La conférence de la commission préparatoire de l’OIR a eu lieu à Lausanne du 1er au 21 mai 1947 .
[237] 37 : 362.92, I : IRO/HCM/WEL/21, VS/365, The IRO educational programme for displaced persons and refugees, 3 p., par E. Bogen, 3 déc. 1948.
[238] X 07.83 Torres Bodet, III : visite du DG à Genève, 25-26 avril 1949, 8 p., p. 1-2 : compte-rendu par Maheu. En 1949, l’OIR a recasé 500 000 réfugiés, principalement en Australie, au Canada, aux états-Unis. Il s’agit de Baltes, Polonais, Ukrainiens, Hongrois, … « déplacés » (c’est-à-dire déportés) en Allemagne. Le DG de l’OIR est Hallam Tuck, le DG adjoint est Arthur Rocker. En 1949, le budget de l’OIR est de 135 millions de dollars.
[239] Ascher, box 147 : report of the advisory committee of experts, confidential, avril 1948, 67 p., p. 45.
[240] DG/154, p. 1 et 5. « Dans le système des Nations Unies comme dans le système solaire, chaque institution a son orbite distincte, son volume propre, son rythme caractéristique. L’activité et la marche de chaque institution déterminent entre elles de constantes correspondances, analogues à celles qui existent entre les planètes dans le monde physique. Il n’y a pas de projet, si limité qu’il soit, dont tôt ou tard l’influence ne se fasse sentir d’une institution à une autre ».
[241] Torres Bodet, Memorias III, p. 249.
[242] X 07.83 Torres Bodet, III : compte-rendu de la visite du directeur général à Genève, par René Maheu, 25-26 avril 1949, 8 p., p. 5-6.
[243] DG/172, 21 mai 1952, p. 1-2.
[244] X 07.83 Torres Bodet, III : visite du DG à Genève, 25-26 avril 1949, compte rendu par Maheu, 8 p., p. 3-4.
[245] ONU, RAG 2/76 box 7 : journées d’études inter-agences spécialisées pour la diffusion de la connaissance scientifique, réunions tenues à l’Unesco les 10-12 sept. 1952, rapport de L.B. Ges, observateur des Nations Unies.
[246] OHRO, interview de Luther Evans, p. 409
[247] Peter Lengyel, op. cit., p. 17.
[248] Ainsi, le périodique Rapports sur la situation sociale du monde (Reports on the World Social Situation) est réalisé par l’ONU et non par le département des sciences sociales de l’Unesco.
[249] Peter Lengyel, op. cit., p. 17. « The opportunity to become a powerful think tank for the UN group as a whole in the socioeconomic domain ». Selon Lengyel, l’existence de ces autres structures et le faible rôle du département des sciences sociales de l’Unesco dans le système de l’ONU constitueraient un indice que l’Unesco n’inspirait alors pas confiance à l’ONU.
[250] Journal Métraux, 16 février 1955 : visite de M. Petersen, chef de division à l’OMS.
[251] EU, box 2240 : lettre de Johnson, au nom du secrétaire d’état, à l’officer in charge of the american mission, US adviser on Unesco, 27 mars 1947 : « embarrassment » ; « some questioning and some confusion » ; « unwarranted » ; Unesco/C/23 Sub. Com. Nat. Sci/ Directive 15.
[252] A sa 11e session, en août 1950, l’Ecosoc adopte un rapport sur la concentration des efforts et des ressources entre les agences spécialisées. Cf. Charles Asher, Program-making ..., op. cit., p. 64.
[253] Public Papers …, op. cit., Vol. I, p. 398-399, discours de T. Lie à la conférence générale de l’Unesco, 18 juin 1951.
[254] P. Auger, 1956, 42 EX/SR 20. Cité dans Chantal Morelle et Pierre Jacob, Henri Laugier…, op. cit., p. 304.
[255] ONU, RAG 2/76 box 7 : Unesco, technical assistance information to experts in the field, memorandum n° 20, de Adishedshiah, aux experts d’assistance technique sur le terrain, 1er juin 1953, 34 p., p. 10 ; et annexe : rapport de P.V. Ollé, représentant de l’OMS.
[256] L’énergie nucléaire et ses utilisations pacifiques, par Gérard Wendt, p. 73-76. FAO : emploi des radiations dans l’agriculture et l’élevage pour la conservation, la stérilisation, la protection contre les parasites, les mutations de gènes pour fabriquer de nouvelles variétés ; OMS : protection de la santé contre les risques des réacteurs nucléaires, et usage des isotopes radio-actifs pour le diagnostic médical et les recherches médicales.
[257] Public papers ..., op. cit., vol. IV, p. 158 : report to the general assembly on the strenghtening and widening of scientific activities in the field of the effects of atomic radiation, New York, 6 août 1958.
[258] ONU, RAG-2/330, box 108 : lt. de Herbert Breadley, DG adjoint de la FAO, à M. Adisheshiah, 6 avril 1955 : « worried » ; « enthusiastic endorsement » ; « reevaluation » ; « reestablish our confidence in the undertaking ».
[259] Encyclopedia Universalis, 1976, p. 503-504 : article « René Maheu », par Jean Thomas.
[260] Journal Métraux, 7 septembre 1955.
[261] André Varchaver, « Maheu et le système des Nations Unies », art. cit., p. 96-100.
[262] Ibid.
[263] Francis Blanchard, « Les amitiés au sein des Nations Unies », art. cit. Selon Francis Blanchard, ancien directeur du BIT, Maheu, imbu de l’importance de l’Unesco, faisait preuve « de scepticisme et de réserve » à l’égard des autres agences.
[264] OHRO, interview d’Evans, p. 611.
[265] EU, box 824 : lt. confid. de John H. Morrow au département d’état, 17 janvier 1962, 3 p.
[266] André Varchaver, « Maheu et le système des Nations Unies », article cité. Sur l’histoire de l’OMM, voir : A. Davies (dir.), 40 years of progress and achievement. À historical review of the WMO, Genève, OMM, 1990. Davies était directeur général de l’OMM dans les années 1960.
[267] Frère de l’écrivain Dino Buzzati.
[268] Interview Dumitrescu.
[269] S. Dumitrescu, p. 87-88, in René Maheu. Portrait-souvenir par ses collaborateurs, op. cit.
[270] EU, box 1602 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 4 avril 1950, p. 3. Francis Blanchard, « Les amitiés au sein des Nations Unies », article cité : dans les années 1960, David Morse, directeur général du BIT, et Maheu, tous deux convaincus de la nécessité pour les agences spécialisées de venir en aide au Tiers Monde, plaident de concert auprès de l’ONU pour obtenir un accroissement des ressources destinées aux activités opérationnelles.
[271] Journal Métraux, 27 octobre 1953 : Mr. Sobels, de Genève, lui téléphone pour lui dire que l’OIT est « vexé de l’attitude de l’Unesco et [que] la chose doit être tranchée au plus haut niveau : Evans et Morse [directeur général de l’OIT] » ; 26 novembre 1955 : « grande réunion dans le bureau d’Adisheshiah. (…) Rens [directeur général adjoint de l’OIT] tape sur la table et parle d’exiger des excuses de l’Unesco ».
[272] Francis Blanchard, « Les amitiés au sein des Nations Unies », article cité.
[273] EU, box 823, confid. report on the eight session of the international advisory committee on research in the natural sciences programme of Unesco, by W.A. Noyes, New Delhi, 21 oct. 1961, 6 p. , p. 4.
[274] DG/67/4, 12 juillet 1967, p. 7.
[275] Benton, box 401 : lt. de Carr à Benton, 18 mai 1964.
[276] DG/67/4 : discours cité, p. 6 et 9.
[277] DG/68/8, 10 juillet 1968, p. 3-4. 15 C/56, 12 septembre 1968, item 21.3 : coopération avec la FAO et l’OIT en éducation, science et formation agricole.
[278] Remplacement de M. Sen par M. Boerma. RU, OD 25/168 : FAO National committe for the UK, FAO council, 51st session, october 1968 : Brief for the British Delegation.
[279] RU, OD 25/168 : FAO confidential, IOC (68) 105, 15 juillet 1968, 78th session of the executive board of Unesco, Ministry of overseas development.
[280] FAO council, 51st session, october 1968 : Brief for the British Delegation, doc. cit.
[281] RFA, Bestand B30, Band 544 : dossiers 6 et 7.
[282] DG/68/8, discours cité, p. 7.
[283] André Varchaver, « Maheu et le système des Nations Unies », article cité.
[284] RFA, Bestand B30, Band 544 : dossiers 6 et7.
[285] Benton, box 401 : lt. de Carr à Henri Labouisse, de l’UNICEF, 23 oct. 1967.
[286] M. Prévost, op. cit., p. 235.
[287] X 07 A 120/197 UNSA : « US Government Comments and Recommendations on Unesco’s program and Budget for 1967-1968 », 31 mai 1965, 11 p., p. 10. Ce rapport est fait en réponse à la lettre circulaire CL/1764 du 10 décembre 1964. RU, LAB 13/2566 : report of the working group on Unesco (groupe mis en place par Barbara Castle, minister of overseas development), 42 p., p. 9.
[288] Interview Dumitrescu.
[289] M. Prévost, op. cit., p. 229.
[290] DG/67/4, 12 juillet 1967, p. 8.
[291] RU, OD 25/168 : CL 51/26, 28 août 1968.
[292] RU, OD 25/168 : FAO National Committe for the UK, FAO council, 51st session, october 1968 : Brief for the British Delegation.
[293] P. Jones, op. cit., p. 89.
[294] M. Prévost, op. cit., p. 225-226.
[295] Robert G.A. Jackson, A study of the capacity of the UN Development System, 2 vol., Genève, ONU, 1969, DP/5. Voir aussi : PNUD, Governing council, 10e session : The capacity of the UNDP : text of consensus approved by the governing council, 6-30 juin 1970, reproduit par l’Unesco dans le doc BMS/R10/199/1607. Et : conseil exécutif de l’Unesco, 84e session, étude de la capacité du système des Nations Unies pour le développement : rapport provisoire du Directeur-Général, 84 EX/22 , 9 avril 1970.
[296] P. Jones, op. cit., p. 124-126 ; André Varchaver, « Maheu et le système des Nations Unies », article cité.
[297] DG/70, 3-5 février 1970, p. 1-2.
[298] M. Prévost, op. cit., p. 186.
[299] Amélioration avec le BIE. RFA, Bestand B 30, Band 544 : 1964-70 : dossier 9 : Unesco und internationaler Erziehungsbüro (BIE).
[300] EU, box 3224 : rapport de la table ronde du personnel, 1970, 150 p., 30 avril 1970, p. 49.
[301] DG/68/8, discours cité, p. 4 : accord Unesco-FAO de coopération en matière d’océanographie et de pêches, qui vise à préparer « l’élargissement et le renforcement de la COI ».
[302] M. Prévost, op. cit., p. 234. « l’OMM et la FAO avaient toutes deux mis à disposition du Secrétariat de la conférence de Stockholm, ce à quoi Maheu s’était fièrement refusé, des membres de leur Secrétariat qui avaient profité de leur présence dans la place pour influer dans un sens qui leur soit favorable sur la rédaction de certains rapports et projets de décision ».
[303] M. Prévost, op. cit., p. 235.
[304] RU, FCO 55/450 : confid, « Unesco : MAB and MAE », 13 nov. 1970, rapport de Holdgate à Arculus et Davis ; cite l’opinion exprimée par Maheu.
[305] DG/74/15, 23 novembre 1974, p. 11.
[306] Ascher, box 145 : lettre de Donald C. Stone à Dwight Ink, 6 mars 1975.
[307] K. Mofadel Khamsi, op. cit., p. 570-573.
[308] P. Lengyel, op. cit., p. 44.
[309] En 1964, Maheu, durant sa visite en Algérie, s’efforce de renforcer et d’améliorer la coopération de l’Unesco avec les autres institutions spécialisées des Nations Unies et en particulier l’UNICEF (X 07.83 Maheu, III : instructions données par le DG durant sa visite à Alger, 2-5 mars 1964).
[310] ONU, RAG-2/76, box 13 : lt. de J. Thomas à G. Duran, 2 août 1950 : l’Unesco souhaite agir dans le domaine de l’urbanisme ; en 1950 l’Unesco consulte l’ONU pour établir une répartition nette des compétences entre les deux organisations à ce sujet.
[311] ONU, RAG-2/76, box 12: SS/TAIU/Conf.2/9, Paris, 28 juill. 1950 : report of the meeting of experts on population problems, Unesco, 3-5 juill. 1950, 12 p. ; lt. de Witold Langrod à J. van Heuven, 10 juill. 1950 ; rapport non signé, ONU, 4 p., 10 oct. 1950, p. 4.
[312] ED/126, 21 mai 1953 : compte rendu de la conférence régionale sur l’éducation et la santé mentale des enfants en Europe, Musée pédagogique, rue d’Ulm, 27 nov-17 déc. 1952, 8 p. et annexes, p. 1.
[313] Les aspects économiques des ressources naturelles de l’Afrique ont été traités plus spécifiquement par l’ONU et la FAO, dès les années 1950. L’ONU a publié : Les conditions économiques en Afrique ; Aperçu de l’évolution des conditions économiques en Afrique ; L’activité économique en Afrique, 1950 à 1954 ; L’évolution économique en Afrique, annuel de 1954 à 1957 (cités dans Enquête sur les ressources naturelles du continent africain, Paris, Unesco, 1963, 448 p., p. 12). Enquête de la FAO sur l’Afrique. Rapport sur les possibilités du développement rural de l’Afrique en fonction du progrès économique et social, Rome, doc C 61/15, 253 p.
[314] Ex : ONU, RAG 3 SA, box 22 : lt. de M. Osmay à J. Henderson, 15 avril 1958.
[315] DG/68/8, 10 juill. 1968, p. 7.
[316] M. Prévost évoque la « source de friction […] lancinante » qu’a causée au secrétariat de l’Unesco la conférence de Stockholm, en 1972 : « Comme chaque fois que s’ouvre un nouveau domaine à l’intervention du système des Nations Unies, et en particulier des organismes qui y sont chargés du financement de l’aide internationale, se produit une sorte de bousculade aux franges des zones de compétence. Les relations entre l’Unesco, la FAO et l’OMM étaient alors particulièrement grinçantes » ; M. Prévost, op. cit., p. 227 ; dans le domaine de l’environnement, l’ONU a d’ailleurs envisagé la création d’une nouvelle agence spécialisée, ce à quoi l’Unesco s’est opposée (RU, FCO 55/ 448 : note for the record, confidential, signé M.W. Holdgate).
[317] 375 (86) A 63 VP : lt. de Torres Bodet à Brock Chisholm, DG de l’OMS, 6 juill. 1949.
[318] 37 A 31 Bulletin trimestriel Education de base ; lettre de N.R. Bowles, division du programme de l’Unicef, à Miss Tsien, 7 juill. 1949. Cf aussi doc. Unicef E/ICEF/W28. En juill. 1949, N.R. Bowles, de la division du programme de l’Unicef, informe l’Unesco que le programme de l’Unicef en Chine du Nord, mené par M. Charnow, est encore dans sa phase initiale de développement. L’école expérimentale s’est déplacée vers la ville de Tungchow, près de Peiping. Il dit que sans aucun doute l’Unicef sponsorisera un grand nombre de programmes de formation locale des travailleurs parmi les mères et les enfants dans divers pays de l’Extrême Orient. La plupart de ces programmes sont encore au stade de la planification.
[319] RU, FO 371/107191 : lettre de J.L. Nevinson à E.R. Warner, 30 juin 1953.
[320] L’Unesco et la FAO sont chargées conjointement par l’ONU de préparer un manuel sur la gestion du partage des eaux ; Public papers …, op. cit., Vol III, p. 197-199.
[321] M. Conil Lacoste, op. cit., p. 109.
[322] M. Conil Lacoste, op. cit., p. 111-112.
[323] 361.9 (6) Sahel, I : projet de rapport succinct, réunion régionale sur la recherhce écologique intégrée et les besoins de formation dans la région du Sahel, Niamey, 10 mai 1974 ; mémo de Batisse à Jimenez, 17 juin 1974 ; déclaration faite par Michel Prévost à la séance pléniere de l’Ecosoc, 16 juill. 1974.
[324] Le travail est réparti entre les agences : à l’Unesco est confiée la science fondamentale et la recherche technique, à l’OMS la recherche médicale, à la FAO la recherche agronomique ; à l’IAEA la recherche sur l’énergie nucléaire (11C/PRG/5, p. 1-3).
[325] La « Conférence internationale sur les usages pacifiques de l’énergie atomique » organisée par l’ONU en 1955 charge l’OMS, l’Unesco, l’OIT, la FAO d’études précises sur cette question ; Public papers …, op. cit., Vol. III, p. 197-199 ; 620.992 :3: lt. de T.H. Marshall à Maheu, 12 mars 1957 ; lt. de Maheu à Marshall, 15 mars 1957.
[326] EU, box 2242 : lt. de George H. Zentz au secrétaire d’état, 6 sept. 1947, 7 p., p. 4 ; 330.19 (8) A 01 IIHA, I : Commission internationale pour la création d’un institut international de l’hylea amazonique, Belem do Para, 12-18 août 1947, 7 p. ; lt. de M. Corner à M. Purnell, 3 sept. 1947, p. 4-5 ; lt. de Brock Chisholm à Huxley, 26 mai 1947 ; III a : lt. de M. Purnell à M. Malamos, 9 avril 1948.
[327] M. Batisse, « L’Unesco et l’environnement », 10 p., article écrit pour l’AAFU, p. 2.
[328] Enseignement et formation techniques et professionnels ; recommandations de l’Unesco et de l’OIT, Paris, Unesco, Genève, BIT, 1964, 42 p. Formation de moniteurs de l’enseignement technique et professsionel, Vientiane, royaume du Laos, Paris, Unesco/PNUD, 1968, 30 p ; rapport établi à l’intention du royaume du Laos par l’Unesco pour le PNUD pour la période 1962-66. M.K. Harby, L’enseignement technique dans les Etats arabes, Paris, Unesco, 1965, 60 p., Institut pédagogique national de l’enseignement technique, Beyrouth, Liban, Paris, Unesco/PNUD, 1969, 60 p., rapport établi à l’intention du gouvernement du liban par l’Unesco pour le PNUD pour la période 1963-68. K.G. Nozko, Méthodes d’évaluation des besoins en spécialistes et de planification de la formation spécialisée en URSS, Paris, Unesco, 1964, 58 p. H. Warren, L’enseignement technique et professionnel : étude comparative de la pratique et des tendances actuelles dans dix pays, Paris, Unesco, 1968, 242 p.
[329] Lien-Link n°81 : « Le projet majeur d’éducation primaire en Amérique latine », par Miguel Soler Roca ; 372/8/MP 01, V : lt. de Diez Hochleitner à J. Guiton, 1er déc. 1960 ; rapport du DG sur l’activité de l’organisation en 1959, p. 61-68 ; 372/8/MP 01 A 136, II : lt. de Moreira à Gimeno, 23 nov. 1964 ; 372 (8) MP01 A 63 (81), IV : lt. d’Applegate à Teixeira, 5 oct. 1962 ; rapport de Jean Chevalier, 15 mai 1962, p. 1-2.
[330] Unsisit, SC/MD/25, 4-8 octobre 1971, p. 10 ; Rapport du DG sur 1971, p. 106-107 ; rapport du DG sur 1972, p. 110-111.
[331] 347.78 A 102 « -66 », IV : Torres Bodet à Trygve Lie, secrétaire général de l’ONU, 12 oct. 1951 ; même lettre à G. Svoboda, secrétaire général de l’OMM, au DG de l’OIR, au secrétaire général de l’UIT, au directeur de l’UPU, au DG de l’OMS, et au DG de la FAO ; 6C/PRG/DA/10, 23 juin 1951 ; RFA, Bestand B 91, Band 53, Referat 601 : rapport au ministre de la justice de RFA, 27 avril 1956.
[332] Le delegué permanent de la France auprès de l’Unesco observe cependant que dans la mise au point de cette convention, l’Unesco, l’OIT et le BIE sont en situation de « concurrence » plus que de coopération (FR, Nantes, carton 60 : rapport du 13 mars 1964).
[333] Ceux qui ne peuvent attendre…, op. cit., p. 11-15 et 19 ; La santé au village, op. cit., p. 11-12 et 16.
[334] En 1964, Maheu, durant sa visite en Algérie, s’efforce de renforcer et d’améliorer la coopération de l’Unesco avec les autres institutions spécialisées des Nations Unies et en particulier l’Unicef (X 07.83 Maheu, III : instructions données par le DG durant sa visite à Alger, 2-5 mars 1964).
[335] Rapport du DG sur 1969, p. 32-33 ; Rapport du DG sur 1971, p. 43-44.
[336] Ainsi, à la 15e session du comité consultatif, la FAO et l’OMM envoient chacune deux observateurs (551.45 A 022/06, ZA, -XIV-XVIII : lettre de Batisse au DG, 13 oct. 1959, 6 p., p. 1).
[337] NS/188, 5 juin 1964, 16 p., p. 15.
[338] Les responsabilités sont réparties entre les deux organismes, de telle sorte que l’Unrwa assume la direction générale de l’œuvre, la responsabilité administrative, et l’Unesco l’aspect technique. ED/131, 31 août 1953 : rapport « L’éducation des réfugiés arabes de Palestine », 8 p., p. 4.
[339] Fr., Nantes, carton 78 : 14 août 69, délégation générale à la recherche scientifique et technique, direction des relations extérieures, DRE/RI/93/OC, Observations du gouvernement français sur le programme de l’Unesco « L’homme et la biosphère » : (en réponse à la lettre circulaire CL/2022, du 17 avril 1969) ; en 1967, Maheu propose des projets sur le thème « contribution de l’éducation et de la science au développement rural ». Mais selon la délégation américaine, le concept de développement rural développé par l’Unesco n’est pas clair, les projets envisagés sur ce thème ne sont pas aboutis, et il risque d’y avoir double emploi avec les projets de la FAO (EU, box 3212 : report of the US delegation to the 77th session of the executive board, Paris, 9 oct.-3 nov. 1967, par W. Benton, p. 3) ; DG/71/14, 9 nov. 1971, p. 3.
[340] Résolution 2997 (XXVII).
[341] RU, FCO 55/450 : rapport confid. intitulé « Unesco : MAB and MAE », de Holdgate à Arculus et Davis, 13 nov. 1970 ; « front-men ». « There is a problem of inter-agency confidence ».
[342] En février 1963, l’ONU organise à Genève la conférence des Nations Unies sur l’application de la science et de la technique dans l’intérêt des régions peu développées (UNSCAT) ; U’Thant y souligne le rôle important que doivent y jouer les agences spécialisées, notamment l’Unesco (Public Papers …, op. cit., Vol. VI, p. 372-374) ; Batisse souligne le rôle important joué par Maheu à cette conférence pour que l’Unesco obtienne un rôle majeur dans ce domaine. (Michel Batisse, « Partager la science », art. cit. ; RU, PREM 11/5185 : record of meeting with Prime Minister, 10 april 1964 : note confid. intitulée « R. Maheu » ; Benton, box 392 : AVS/DST/1965/3, 15 mars 1965, p. 5 ; l’ONU envisage d’ailleurs en 1963 la création d’une nouvelle institution spécialisée pour développer la coopération internationale dans les domaines de la science et de la technique ; cependant elle n’est pas créée, notamment à cause de l’opposition des agences existantes, et en particulier de l’Unesco (65/EX/DR/4 Rev., 9 mai 63 ; Hemptinne, NS/ROU/43, 15 janvier 1964 ; Benton, box 394 : communiqué de presse ECOSOC/1595, 9 juill. 1963).
[343] ONU, RAG 2 /76, box 10 : SS/Af.conf/1, 9 nov. 53. ; mémorandum de Wilfrid Benson à Victor Hoo, sept. 1954: « central importance » ; « full cooperation ».
[344] RU, FCO 55/ 448 : Note for the record, confidential, signé M.W. Holdgate.
[345] RU: FO 371/107191 : lettre de J.L. Nevinson à E.R. Warner, 30 juin 1953.
[346] EU, box 1563 : rapport de l’ambassade américaine de Phnom Penh au département d’état, 18 nov. 1957, p. 2-4.
[347] 66 EX/PRIV/SR.2 (prov), 30 déc. 1963, p. 7-8. Propos de M. Cain.
[348] Public papers ..., op. cit., Vol. VIII, p. 685-688 : statement on the proposed UN university, New York, 10 déc. 1971. « taken a great personal interest » ; « darkening situation for the maintenance of international peace and security » ; « the immense potentialities of such an institution » ; « an unconventional and imaginative model for the university ».
[349] RU, FCO 61/852 : lt. confid, de K.G. Mac Innes à Miss Darling, 5 nov. 1971 ; lt. confid. de Miss Darling à R.B. Bone, 6 oct. 1971. Scepticisme de M. Adebo et de Kenneth Younger de l’UNITAR. « would take away half of UNITAR’s raison d’etre » ; report of the US delegation to the 17th session ..., doc. cit., p. 10 ; Hong Kong Standard, 25 avril 1972 : « New Bid to Get UN Campus in Hongkong », par Mei Fong. Optimisme et enthousiasme envers ce projet.
[350] Rapport du DG sur 1974, p. 20-25.
[351] J. Torres Bodet, Memorias III, p. 99-101 ; Tzentzenhuaro …, op. cit., p. 13 ; ONU, RAG-2/330, box 107 : lt. de Rifat Habbab à Taghi Nasr, 27 août 1953, p. 1-2. En 1955, Herbert Breadley, DG adjoint de la FAO, exprime à l’Unesco son « souci » de la mauvaise collaboration entre la FAO et l’Unesco à l’ASFEC, ses doutes sur l’utilité de l’ASFEC ; il affirme avoir perdu confiance en l’ASFEC, et souhaite que l’Unesco et la FAO procèdent à une sérieuse « réévaluation » du centre (ONU, RAG-2/330, box 108 : lt. de Herbert Breadley à Adisheshiah, 6 avril 1955).
[352] Conflits Unesco-FAO ; 551.46 (267) A 031 IOBC « -66 », VIII : lt. de E. Brinton à M. Federov, 17 sept. 1966.
[353] Certains envisagent même alors la création d’une nouvelle agence spécialisée consacrée aux ressources de l’eau ; EU, box 3213 : 15 USGC/0.6/2, 24 sept. 1968, 15e conférence générale, Background paper, Hydrology, p. 6-7. La DHI a donné lieu à des conflits entre l’Unesco et l’OMM. Buzzati-Traverso a d’ailleurs voulu, en 1971, transférer de son propre chef les activités hydrologiques de l’Unesco à l’OMM. Interview Dumitrescu. Journée d’hommage à René Maheu, cahier II, op. cit., p. 78-85 : Sorin Dumitrescu, « Un domaine pionnier : l’environnement » ; il y a aussi de la concurrence avec l’OMS et la FAO dans le cadre de la DHI (X 07.83 Maheu, V : rapport de la visite du DG à Washington, oct. 1967, 32 p., p. 23-28).
[354] M. Prévost, op. cit., p. 234-235. En juin 1972, devant le conseil exécutif, Maheu transmet le vœu exprimé par la conférence de Stockholm que la COI sorte du cadre de l’Unesco de manière à devenir un mécanisme commun à tous les gouvernements et à tous les organismes des Nations Unies intéressés ; le délégué permanent de la France auprès de l’Unesco observe que, ce faisant, Maheu « dissimulait mal le mécontentement que lui causait cette proposition » (FR, Nantes, carton 78 : lettre de l’ambassadeur, délégué permanent de la France auprès de l’Unesco, au ministre des affaires étrangères, 14 juin 1972) ; en 1968, le Royaume-Uni s’inquiète des conflits entre l’Unesco et la FAO au sujet de la COI et de cette expansion projetée des compétences de la COI, qui, englobant les ressources de la mer comme les poissons, risque d’empiéter sur les compétences de la FAO (RU, OD 25/168 : FAO (68) 29 : FAO National committe for the UK, FAO council, 51st session, october 1968 : Brief for the British Delegation).
[355] EU, box 2242 : lt. de George H. Zentz au secrétaire d’état, 6 sept. 1947, 7 p., p. 2.
[356] Onu, RAG 3 SA, box 22 : lt. de M. Osmay à J. Henderson, 15 avril 1958.
[357] RU, OD 25/168 : FAO National Committe for the UK, FAO council, 51st session, october 1968 : Brief for the British Delegation; RU, FCO 55/450 : télégr. de Buxton à FCO, 23 oct. 1970 ; alors que la structure retenue est celle d’un conseil de coordination composé de délégués nationaux et représentants des agences spécialisées, à quoi s’ajouteraient des comités nationaux dans les états membres, comme cela a été le cas pour la DHI, en revanche la FAO, l’OMS et l’OMM font pression pour que soit adoptée plutôt une structure « inter-agences », comme celle utilisée dans le cas de la COI ; ces agences craignent en effet d’être « submergées » (« swamped ») par les délégués des Etats membres ; mais Maheu tient personnellement à ce que le MAB reste un programme de l’Unesco uniquement. Le Royaume-Uni observe que la situation est compliquée par le fait que le ACC a mis en place une unité fonctionnelle sur l’environnement, dirigée par M. Davis de l’OMS (RU, FCO 55/ 448 : Note for the record, confidential, par M.W. Holdgate, discussions at Royal Society with W. Manshard of Unesco).
[358] Il y a des conflits de compétence entre l’ONU et l’Unesco dans le projet d’université des Nations Unies, entre 1969 et 1972, comme l’observe le gouvernement britannique (RU, FCO 61/934 : IOC (72) 113, 5 sept. 72 : 27e session de l’assemblée générale : Question of the establishment of an international university).
[359] Ex : 372 (8) MP01 A 22, VIII : mémo de M. Betancur au DG, 20 avril 1964, p. 2-3 ; 372/8/MP 01, V : lt. de Diez Hochleitner à J. Guiton, 1er déc. 1960.
[360] Ex : EU, box 3225 : airgram de Culley au département d’état, 23 août 1971, p. 7-8.
[361] 375 (729.4) A 61, XVI : lt. de Grenoilleau à George Miller, 26 janv. 1950 ; rapport du mois de mars 1950, par C.J. Opper, 18 avril 1950 ; 375 (729.4) A 61, IV : lt. de Frederick Rex à Bowers, non datée ; 375 (729.4) A 61, I c : lt. d’Albert Mangonès à G. Duran, 30 juin 1947 ; P. Jones, op. cit., p. 69 ; 375 (729.4) A 61, I : lt. d’Arthur Bonhomme à Huxley, 19 fév. 1948 ; Educ/59, 26 fév. 1948, p. 5 ; 375 (729.4) A 61, III : lt. de W. Laves à C. Beeby, 11 mai 1948 ; lt. de C. Beeby au DG, 19 mai 1948 ; Journal Métraux, p. 269, 9 juin 1948 ; X 07.83 Torres Bodet III : visite du DG à Genève, 25-26 avril 1949, p. 2-3 ; XO7.21(44)NC, I : 11 juin 1949 : rapport sur les activités de la division d’éducation de base pour la commission nationale française ; Monographie n° 4 sur l’éducation de base, op. cit., p. 51, 54-56, 61 ; 375 (729.4) A 61, XIX : brouillon de lettre de Bowers à M. Jaume, fév. 1952 ; 375 (729.4) A 61, XXI : lt. d’A. Lestage à L. Elvin, 11 août 1954.
[362] Comme le projet d’éducation de base du Camboge (ONU, RAG-2/330, box 107 : rapport d’Evelyn Rauch à Eleanor H. Hinder, 25 fév. 1955). Ex : projet d’éducation de base de Dujaila (Irak) (rapport de R. Habbab à T. Nasr, juill. 1953, doc. cit., p. 2.)
[363] ONU, RAG 2/76 box 7 : Unesco working party on the legal, sociological and administrative problems of newly independent states (23-25 janv. 1952), rapport du 12 fév. 1952 par H. van Mook, director, division of public administraion, TAA ; lettre de H.J. van Mook à A. Goldschmidt, 22 janv. 1952.
[364] ONU, RAG 2/76 box 7 : lettre de Rowena Rommel, director technical assistance department, ONU, à M. Keenleyside, DG de la UN Technical Assistance Administration, 1953.
[365] ONU, RAG 2/76 box 7 : lt. de D. Gosh à A. Golsdschmidt, 8 juill. 1953.
[366] 372/8/MP 01 A 136, I : lt. confid. de Luz Vieira Mendez à O. Vera, 28 sept. 1962.
[367] Report of the US delegation to the 17th session of the general conference of Unesco, p. 12 « Although the US initially took the lead in spurring Unesco’s entry into this field, we have become increasingly disenchanted with the orientation and management of the program over the years ».
[368] X 07.83 Lengrand, I : lt. de Lengrand au DG, 18 déc. 1957 : rapport sur la mission effectuée aupès du BIT (Genève), 9-14 déc. 1957, 7 p., p. 3-6.
[369] RU, FCO 55/450 : « Unesco : MAB and MAE », rapport confid. de Holdgate à Davis, 13 nov. 1970 ; « WMO is not wholly beloved in Paris. They are regarded as a small agency of great ambition. [...] Clearly there is far from complete mutual confidence between the two bodies » ; en juin 1972, Maheu annonce devant le conseil exécutif qu’un accord a été réalisé avec l’OMM pour faire disparaître une « apparence de compétition » (FR, Nantes, carton 78 : lettre de l’ambassadeur, délégué permanent de la France auprès de l’Unesco, au ministre des affaires étrangères, 14 juin 1972, citant le rapport de Maheu au conseil exécutif sur la conférence de Stockholm).
[370] Interview Dumitrescu ; Sorin Dumitrescu, « Un domaine pionnier : l’environnement », art. cit. ; FR, Nantes, carton 78 : lettre de l’ambassadeur, délégué permanent dela France auprès de l’Unesco, au ministre des affaires étrangères, 14 juin 1972.
[371] RU, FCO 55/450 : rapport confid., « Unesco : MAB and MAE », de Holdgate à Arculus et Davis, 13 nov. 1970 ; « front-men ».
[372] René Maheu. Portrait-souvenir par ses collaborateurs, op. cit., article de M. Batisse, p. 38.
[373] M. Prévost, op ; cit., p. 234-235.
[374] Miollis 361.9 (6) Sahel, I : lt. de M. Batisse à M. Zyss, 16 juin 1975.
[375] 375 (86) A 63 VP : lt. de Bowers à William X. Hull, 25 avril 1949 ; « using the word « educational » in the widest sense » ; lt. de Bowers à ADG éducation, 13 avril 1949 ; lt. de Sanchez au DG de l’Unesco, 15 mars 1949, p. 3.
[376] Educ/28/1947, p. 7.
[377] EU, box 823, « confid. report on the eight session of the international advisory committee on research in the natural sciences programme of Unesco prepared by W.A. Noyes », New Delhi, 21 oct. 1961, 6 p., p. 4 ; Courrier de l’Unesco, mai 1970 : numéro intitulé « Contre le cancer ».
[378] 5 A 54/51 Survey of the Main Trends of Inquiry in scientific research, I : lt. confid. de Maheu au DG, 27 oct. 1958, p. 12 : Maheu affirme son enthousiasme à l’égard du projet de Tendances principales de la recherche scientifique, et insiste sur « la nécessité de faire en sorte que l’Unesco ait les moyens de se montrer à la hauteur de la tâche prestigieuse qui lui a été confiée et dont les conséquences peuvent être considérables » ; lt. d’Auger à Maheu, 28 oct. 1958 : Auger « félicit[e] » Maheu « d’avoir réussi à maintenir dans l’orbite de l’Unesco » ce projet. La volonté de l’Unesco de définir à la fin de ce rapport ses propres conceptions sur l’orientation à donner à la recherche scientifique, s’inscrit très clairement dans un contexte de concurrence inter-agences pour le prestige de l’Unesco ; Maheu souligne « l’importance exceptionnelle d’une telle définition à un moment où le domaine de la science est de tous côtés envahi par les diverses organisations du système des Nations Unies », et souligne : « si nous perdons, nous perdons gros ». Il insiste sur le caractère « politique » du rapport Auger (V : mémorandum de Maheu à Kovda, 30 mars 1960).
[379] 5 A 54/51 Survey of the Main Trends ..., VI : lt. de D.A. Davies à Maheu, 4 avril 1960 ; lt. de Maheu à Davies, 15 avril 1960.
[380] 5 A 54/51 Survey of the Main Trends ...., VI : lt. de J.C. Shaw à Auger, 4 avril 1960 ; lt. de Hemptinne à Maheu, 8 avril 1960.
[381] 5 A 54/51 Survey of the Main Trends …, VI : mémo de Y. de hemptinne à A. de Silva, 26 sept. 1960 ; le règlement de ces démêlés avec les différentes agences entraîne beaucoup de complications et de retards, ce qui provoque l’exaspération de Maheu (lt. de Y. de Hemptinne à Maheu, 8 avril 1960 ; lt. de Maheu à Aleksander et Hemptinne, 11 avril 1960).
[382] Maheu passe outre cette opposition de la FAO. La FAO ne lâche pas prise et dénonce les recommandations formulées par l’Unesco, notamment celles concernant le domaine de l’agriculture et de la nourriture, qu’elle estime empiéter sur ses propres compétences (5 A 54/51 Survey of the Main Trends …, VI : lt. de J.C. Shaw à Auger, 4 avril 1960 ; V : mémo du DG adjoint à Kovda, 30 mars 1960 ; VI : mémo de Maheu à Aleksander et Hemptinne, 11 avril 1960 ; VII : lt. de Shaw à Hemptinne, 18 oct. 1960). Plus tard, pour l’étude similaire sur les tendances de la recherche dans les sciences humaines et sociales, l’Unesco s’efforce d’instaurer une meilleure coopération avec la FAO, l’OIT et l’OMS (3 A 54/53 Social and Human …, I a : lt. de Bertrand à Maheu, 20 mars 1964).
[383] R. Jackson, Etude de la capacité du système des Nations Unies pour le développement, Genève, Nations Unies, 1969, 2 vol. Cité dans PGI/UNISIST II/4, p. 35. L’Unisist est en effet à ce niveau en concurrence avec l’IATFIETT (Inter-Agency Task Force on Information Exchange and Transfert of Technology), chargée de coordonner les bases de données des organisations internationales ; de plus, la FAO et l’AIEA développent chacune son propre système d’information : AGRIS pour la FAO, et INIS pour l’AIEA) ; Antoine Lefebure et Maurice Ronai, « Un nouvel ordre de la documentation : les limites de la coopération internationale », Le Monde diplomatique, nov. 1979, p. 16-17 ; cité par A. Fleury, op. cit., p. 89-90 : au niveau intergouvernemental, l’Unisist est notamment en concurrence avec le Bureau intergouvernemental pour les systèmes d’information.
[384] C’est par exemple le cas pour l’étude Tendances principales de la recherche scientifique (NS/ROU/43, 15 janvier 1964, p. 21 ; 11C/PRG/5, 21 oct. 60, p. 1-2 ; 5 A 54/51 Survey of the Main Trends …, V : mémo de P.C. Terenzio à Maheu, 5 janv. 1960).
[385] Ainsi, dans le programme Unesco-Unrwa, la structure de l’Unrwa est décentralisée, tandis que celle du personnel de l’Unesco affecté à l’Unrwa est centralisée ; cela entraîne des confusions et conflits persistants dans les relations entre le personnel de l’Unesco et celui de l’Unrwa. 37 : 362 .92 (5-011) « -66 », IV : rapport confidentiel de W.H. Loper au DG, 2 janv. 1959, p. 6-10 ; lt. de Maheu à Aleksander, 27 juill. 1959 ; lt. d’A. Kinany à M. Chevalier, 31 oct. 1960 ; X 07.83 Maheu, IV : lt. de Maheu à Guiton, 2 fév. 1967 ; X 07.83 Maheu, VI : rapport de mission de R. Habachi au Liban, 29 déc. 1972, p. 3. Ces conflits semblent cependant s’apaiser après 1955 (37 : 362 .92 (5-011) « -66 », III a : rapport confidentiel de Lionel Elvin, 3 oct. 1955, p. 1 et 4-5).
[386] Daniel Holly, op. cit., p. 39-41. Interview Pauvert. Chikh Bekri, op. cit., p. 74 et 112.
[387] C. Bournonville, Introduction aux théories des organisations, Paris, Foucher, AES plus, 1998. P. Collerette, Pouvoir, leadership et autorité dans les organisations, Presses de l’université du Québec, 1991. G. March James, Décisions et organisation, Paris, les éditions d’organisation, 1991, 275 p. (cf. notamment : « Systèmes d’information et prise de décision : des liens ambigus », par J.G. March, p. 231-254, et « L’information dans les organisations : un signal et un symbole », par M.S. Feldman et J.G. March, p. 255-272). Yves Beigbeder, « Les défis aux valeurs de l’administration des organisations internationales », in Revue internationale des sciences administratives, 1997, vol. 63, n°3, p. 399-410.
[388] M. Weber, Le savant et le politique, Paris, Plon, 10/18, 1963 (1919), p. 102. Robert K. Merton, « the Unanticipated Consequences of Purposive Social Action », American Sociological Review, 1936. Alvin Gouldner, Patterns of industrial bureaucracy, Glencoe 1954. M. Crozier, Le phénomène bureaucratique, essai sur les tendances bureaucratiques des systèmes d’organisation modernes et sur leurs relations en France avec le système social et culturel, Paris, Seuil, 1963, p. 7 : « le climat de routine, de rigidité, de contrainte et d’irresponsabilité qui caractérise les organisations ».
[389] Chadwick F. Alger, Decision-making in public bodies of international organizations (ILO, WHO, WMO, UN) : A preliminary research report, 8e congrès mondial de l’association internationale de science politique, Munich, septembre 1970.
[390] EU, box 2241 : rapport confid. d’Albert Noyes à William Benton, 24 déc. 1946, 16 p., p. 3-4 : « admirable in its broad aspects » ; « exceedingly amicable ».
[391] FR, NUOI 1946-1959, carton n°333 : commission nationale provisoire pour l’éducation, la science et la culture, février 1947 : rapport sur la conférence générale de l’Unesco, 11 p., p. 3-4.
[392] M.H. Holcroft, p. 60. EU, box 2254 : US delegation to the 3rd session of the general conference, 8 déc. 1948, rapport confidentiel de O. Mulliken à Allen, p. 5-6 ; box 2244 : lt. confid. de Howland Sargeant à Lovett, 20 novembre 1947, au sujet de la conférence générale de 1947 : « This is a much more realistic conference than the Paris conference of a year ago » ; box 2254 : memorandum to the secretary on the Unesco conference at Beirut, nov. 17-dec. 11 1948, par George V. Allen : cette conférence a été « the most business-like and the most efficicently conducted of all Unesco conferences to date ». Elle a été « less dramatic » que les précédentes ; FR, carton 117 : rapport confid. de G. Bidault, président de la délégation française à la 3e conférence de l’Unesco, à Robert Schuman, ministre des affaires étrangères, 26 avril 1949, 45 p., p. 2.
[393] Rapport de Louis Gros à Dr. Sze, 7 nov. 1949, doc. cit., p. 3 et 6.
[394] EU, box 2254 : rapport confid. d’Otis Mulliken à Allen, 8 déc. 1948, p. 7-8. « it [the conf.] was spotty and was not as effective as it should have been. Much of what could have been done was not done and much that was done was not done thoroughly enough or well-timed ». Parmi les délégués : « too many amateurs », « too few hard-boiled operators » ; beaucoup de délégués « badly miscast ».
[395] EU, box 1601 : rapport confid. de K. Holland à Ch. Thomson, 9 mars 1950 : « I do not feel that the discussion of the basic topic was really a success. […] I think much more preparation must be made in advance and the speakers must be selected with very great care if such discussions are to make any real contribution to the work of Unesco ».
[396] Ascher, box 149 : The formulation of Unesco programme, by Robert S. Smith, Harvard, 31 janv. 1949, 131 p., p. 120.
[397] Ascher, box 150 : lettre de Jack ... ? (illisible) à Ascher, 28 oct. 1949, p. 2 : « the DG placed himself in a position of Prime Minister defending programme and budget before the Parliament. This position, which is in fact contrary to the Constitution, caused the delegations great concern as they were not prepared at this particular moment to accept the DG as the Prime Minister in fact ».
[398] Ascher, box 146 : lt. de Sharp à Ascher, 12 juin 1950 : sur la conférence générale de Florence: « conference badly organized ». « Pitti Palace very inconvenient to work ». « Much pulling and hauling concerning budget, concentration of program, and special projects proposed by Americans. Complaint from delegates, discontent with decisions expressed privately by Torres Bodet ».
[399] Informal report of the US Delegation to the seventh session..., doc. cit., p. 10.
[400] ONU, RAG-2/76, box 11 : lt. de G. Duran à Henri Laugier, 9 juin 1950.
[401] Manchester Guardian, 18 juillet 1950, « Should Unesco Die ? I. Benedetto Croce’s Verdict » : « submerged under a mountain of papers » ; 19 juillet 1950, « Should Unesco Die ? II. Croce’s Case for Its Dissolution » : « those unending sittings » ; « frightening », « inhuman ».
[402] RP, 20 juillet 1951 : Journal de Genève, 8 juillet 1951 : Jean Piaget y préconise que la durée des conférences générales soit réduite à huit jours.
[403] J. Huxley, « Unesco: The first phase. I. The 2 views », art. cit. : « idleness and gosssip ».
[404] ONU, RAG-2/76, box 11 : lettre de G. Duran à Henri Laugier, 9 juin 1950.
[405] Journal Métraux, 8 déc. 1954.
[406] M. Prévost, op. cit., p. 326-327.
[407] De deux pages lors de la 1e conférence générale en 1946, il passe à 210 p. à la conférence générale de 1949, et à plus de 700 p. à la conférence générale de 1966, même si pour l’essentiel le contenu consiste en activités déjà anciennes, reconduites pour un nouvel exercice. M. Prévost, op. cit., p. 159-160.
[408] M. Prévost, op. cit., p. 327.
[409] RU, ED 157/32 : février 1955, « a brief appraisal of the education programme of Unesco », 13 p., p. 12-13.
[410] M. Prévost, op. cit., p. 166-168.
[411] RFA, Bestand B91, Band 254 : rapport de la 18e session de la commission nationale allemande, 12 mars 1957, p. 4.
[412] OHRO, interview d’Evans, p. 579-580 : « fight » ; « the DG is in a pretty strong position when he meets his general conference. He’s the real leader ».
[413] Archives CCIC, Doc. CCIC, Aperçu sur la 11e conférence générale de l’Unesco, 14 nov-15 déc. 1960, p. 12.
[414] Ibid.
[415] EU, box 3213 : « report of the US delegation to the 15th general conference of Unesco », par Alvin C. Eurich, président de la délégation américaine, janvier 1969, 29 p., p. 2.
[416] RP 18 décembre 1970 : The New Scientist, 12 novembre 1970, article de Martin Ennals, ancien fonctionnaire de l’Unesco.
[417] RFA, Bestand B30, Band 547, « Unesco. Allgemein 1969-71 » : lettre de Petersen, 30 octobre 1971.
[418] M. Prévost, op. cit., p. 67 et 69.
[419] Lien-Link n° 85 : « Paris, avril 1968 », par Jacques L. Boisson.
[420] Ibid.
[421] Interview Larnaud.
[422] Interviews Pauvert, Deleon, Roux, Keating. EU, box 3340 : « confidential report of the US delegation to the 72nd session of the executive board », mai 1966, par W. Benton, 30 p., p. 13-14.
[423] G. Archibald, op. cit., p. 163 ; Ascher, box 147 : EX/14 rev. : rules of procedure of the executive board, 28 p.
[424] FR, NUOI 1946-59, carton 333 : direction des affaires culturelles, service de l’Unesco, note n° 3, 25 août 1947 : « note sur la 3e session du conseil exécutif de l’Unesco ».
[425] Ascher, box 146 : lt. d’Ascher à Sharp, 25 juin 1950 : « It seems to me that the weakness of Torres Bodet’s position is that he presumably had all this past spring to exert his influence on the executive board in the formulation of the program for 1951. [...] it was understood from 1946 that in reality the DG and secretariat « make » the program : the executive board [...] can only review ».
[426] Benton, box 401 : lt. de G.V. Allen à Thomas A. Brindley, 22 juin 1967: « Torres Bodet was rather headstrong and quite touchy about his prerogatives and position. He needed to be supervised by a tactful but firm hand » ; Ascher, box 149 : The formulation of Unesco programme, by Robert S. Smith, 31 janv. 1949, 131 p., p. 108.
[427] Ascher, box 146 : lt. d’Ascher à Sharp, 25 juin 1950 : « the weakness of Torres Bodet’s position ».
[428] 7 C/Résol., p. 111-112. G. Archibald, op.cit., p. 165-166 ; OHRO, interview de Luther Evans, p. 555.
[429] J. Huxley, Memories II, p. 19-20.
[430] Julian Huxley, Memories II, vol. II, p. 19-20 : « men distinguished in education, the sciences and the arts ».
[431] Ce problème est soulevé, mais non résolu, à la 2e session du conseil exécutif en avril 1947. SR.9/1947 (rev.), p. 1-8. (G. Archibald, op. cit., p. 161-162). Un élément qui contribue à rendre peu attirants ces postes est qu’ils sont non rémunérés.
[432] Julian Huxley, Memories II, p. 19-20.
[433] J. Torres Bodet, Memorias III, p. 244 : « sabios, escritores y artistas libres ».
[434] 7C/DR/91, 7C/Res. p. 111, 7C/Debats, p. 597, 27 novembre 1952. Cité par G. Archibald, op. cit., p. 166.
[435] 8 C/Débats, 11e séance plénière, 22 novembre 1954, p. 172-173. Cité par G. Archibald, op. cit., p. 167. Emile Delavenay, op. cit., p. 374. Chris Osakwe, op. cit., p. 157.
[436] FR, NUOI 834, 13e conférence générale, rapport de la DGACT, non daté.
[437] OHRO, interview de Luther Evans, p. 304-307 : « free minds ».
[438] Journal Métraux, p. 228.
[439] RP/36, 25 juill. 48 : L’Education nationale, hebdomadaire français, 1er juill. 1948, article de Paul Rivet.
[440] FR, NUOI 1946-1959, carton 333 : direction des relations culturelles, note pour M. de Bourbon-Busset, a.s. 36e session du conseil executif, nov-déc. 1953.
[441] FR, NUOI 1946-1959, carton 333 : note confidentielle de la direction des relations culturelles, RC.BOI.UN, au sujet de la 37e session du conseil exécutif de l’Unesco, programme ‘rénové’.
[442] RU, ED 157/32 : « A brief appraisal of the education programme of Unesco », février 1955, 13 p., p. 12-13.
[443] FR, NUOI 1946-1959, carton 333 : DGACT, note confid. au sujet de la 49e session du conseil exécutif, 27 décembre 1957.
[444] Chantal Morelle et Pierre Jacob, Henri Laugier…, op. cit., p. 310.
[445] RFA, Bestand B30, Band 544 : télégramme de Haack au ministère des affaires étrangères allemand, 10 nov. 1968. « festzementiert ».
[446] OHRO, interview d’Evans, p. 569 : « not very effective ».
[447] OHRO, interview d’Evans, p. 386-387 : « one of the men who caused me a great deal of trouble » ; « enfant terrible » ; p. 554-555.
[448] OHRO, interview d’Evans, p. 578 : « my enemy ». p. 569 : « hostile ».
[449] OHRO, interview d’Evans, p. 573 : « a democratic administrator » ; « The board was made up of people from a wide range of countries ; they had a lot of ideas of their own, frequently not their gouvernements’ ideas, that they were pushing ; they had specialized points of view ; they traded off among themselves for pet ideas. And their concern was not nearly as great as mine to have a homogeneous, integrated, fine program that was responsive to the real yearnings of the member states. They didn’t have as broad a view as I did. They didn’t have as broad a loyalty to a concept of what the organization should be ». p. 574 : « irresponsible ».
[450] OHRO, interview d’Evans, p. 570 : « on the surface people didn’t realize how deep the strain was between me and the executive board because they largely went along with my program because my staff and I fought for it, we believed in it, we felt sure that our program had wide support in the member states. So that we usually won. But the strain was there nevertheless. It was a more serious problem than an examination of the events of the development of Unesco’s program would indicate to an outside impartial observer ».
[451] EU, box 820 : lt. confid. de l’ambassade américaine de Paris au département d’état, 7 juillet 1960 : au sujet de : « the « crisis » of the executive board of Unesco ». « produced few decisions of substance, postponed action on many, withheld final judgment in a number of urgent cases and, above all, refused to take firm positions and issue recommendations on the most important agenda item, the programme and budget for 1961-62 ».
[452] Ibid. « it is undeniable that, unless something is done to make the Board more effective, its stature will progressively deteriorate and its influence on the DG and within the organization in general will fast become negligible ».
[453] EU, decimal file 1960-63, box 825 : mémorandum de Donald B. Eddy à M. Hefner, 31 mai 1962, 4 p., au sujet de la 61e session du conseil exécutif, p. 2 : « The Unesco executive board does not effectively control the development of the budget or the execution of the program. The Acting DG manages to have his own way in most things by keeping the Executive Board constantly off balance, unable to focus on major problems ».
[454] EU, box 4247 : « Some miscellaneous observations on Unesco’s 65th executive board meeting », april 29th-may 17th, 1963, by William Benton, 14 p. plus annexes, p. 2. Il cite les propos de l’ancien assistant directeur général Roseman ; Ibid., p. 2-3. « the extent of his control over the Executive Board is very considerable. He has the power to give to or withhold favors from Board members and their countries ».
[455] FR, Nantes, carton 117 : lt. d’Olivier de Sayve, délégué permanent de la France auprès de l’Unesco, à M. Couve de Murville, ministre des affaires étrangères, 21 mai 1965 : « Quelques remarques sur la 70e session du conseil exécutif ». 5 p., p. 1 et 5.
[456] OHRO, interview d’Evans, p. 560-561.
[457] 5 A 54/51 Survey of the Main Trends ..., V : mémo du DG adjoint à V. Kovda, 30 mars 1960.
[458] Benton, box 394 : lt. de Benton à H. Cleveland et Lucius Battle, 3 oct. 1963: « Maheu is largely in control of the board and thus has been largely in control of the situation here ».
[459] FR, NUOI 835 : 74e-78e sessions du conseil exécutif, lettre de Jean-Fernand Laurent à la DGACT, 24 mai 1967.
[460] EU, box 3339 : unclassified report of the US delegation to the 72nd session of the Unesco executive board, 2-31 mai 1966, par W. Benton, 8 p., p. 1 et 8. « one of the most harmonious, smoothest-running Board sessions in the annals of Unesco » ; « tone of harmony » ; « the high importance of the choice of key personnel for Unesco ».
[461] 77 EX/ad hoc/10. En 1963, l’Unesco ne comptait que 99 Etats membres contre 121 en 1966. FR, NUOI 835, note de la DGACT pour M. Froment-Meurice, 1er juin 1967 ; lettre de Jean Fernand Laurent à la DGACT, 27 juin 1967 ; note de la direction des NUOI à la DGACT, 25 août 1967 ; note de Jean Fernand Laurent à la Direction des NUOI, 27 décembre 1967 (cité dans G. Bourreau, op. cit., p. 100-102.)
[462] En 1960, la France propose d’abord d’augmenter le nombre de membres à 26, puis en 1963 à 30 membres, et propose une modification du système d’élection des membres au conseil exécutif, afin de protéger les sièges européens. FR, NUOI 834, 11e conférence générale, note de Paul Fouchet pour le DG de l’Unesco, 29 septembre 1960. NUOI 835, composition et élection du conseil exécutif, octobre 1962-novembre 1969, note de la direction des NUOI pour la DGACT, 24 septembre 1963, cité dans G. Bourreau, op. cit., p. 100-102.
[463] Par décision de la conférence générale de 1968.
[464] FR, NUOI carton 836, rapport de Jean Fernand Laurent du 24 octobre 1969, sur la 83e session du conseil exécutif.
[465] En juillet 1968, ce projet est rejeté. RU, OD 25/168 : FAO/Unesco relations, 1967-69, confidential, IOC (68) 105, 15 juillet 1968 : 78th session of the executive board of Unesco, Ministry of overseas development.
[466] FR, NUOI carton 836 : rapport de Jean Fernand Laurent du 24 octobre 1969, sur la 83e session du conseil exécutif.
[467] EU, box 3222 : report of the US delegation to the 84th session of the executive board, Paris, 4 mai-19 juin 1970, 24 p., p. 4 « contributed greatly to the quality of debate » ; « a passionate speaker ».
[468] ODG/Memo/926855 : allocution prononcée par Veronese à la télévision soviétique, Moscou, 10 juin 1960, p. 1.
[469] M. Prévost, op. cit., p. 328.
[470] EU, box 3226 : report of the US delegation to the 88th session of the executive board, 6 oct.-2 nov. 1971, 17 p., p. 17.
[471] EU, box 3340 : confidential report of the US delegation to the 72th session of the executive board, 2 mai-31 mai 1966, par Benton, 30 p., p. 13-14. En 1966, Benton observe que la conférence générale et le conseil exécutif jouent ce rôle de formation, et que la mauvaise performance du Soudanais Arbab au conseil exécutif comme président temporaire de la commission du programme démontre que ces diplomates n’ont pas encore acquis les compétences parlementaires nécessaires ; il estime que l’Unesco doit intensifier ses efforts en donnant plus souvent l’occasion à ces diplomates de s’exercer dans des forums internationaux que sont la conférence générale et le conseil exécutif.
[472] Seth Spaulding et Lin Lin, op. cit., p. 60.
[473] Ascher, box 147 : report of the advisory committee of experts, confidential, avril 1948, 67 p. Chap IV: « The organization of the Secretariat », p. 32-33 : « Inadequate delegation and lack of precision in the present chain of responsibility have placed too heavy a burden on the DG and the DDG for supervision and direction of both programme and housekeeping details. As a result they have been unable to give adequate attention to their broader responsibilities for planning and coordinating the programme and external and public relations. [...] Lack of necessary discipline and coherent organization has resulted in burdening the DG with trivial matters, in disorganizing the work and creating tensions within the staff. Too many officials at present report directly to the DG and the DDG ».
[474] Le ministère des affaires étrangères britannique, dès avant l’élection de Huxley, doute des capacités de celui-ci comme administrateur. RU, PREM 8/375 : telegram from permanent UK representative to UN, prime minister’s personal telegram, 20 novembre 1946. « there seems to be a general impression that with all his qualities he is not ideal as an administrator ».
[475] IT, Gabinetto, pacco 99 : appunto per il Ministro, 18 août 1950, par M. Mamelli, 6 p., p. 2-3. « Del suo triennio di amministrazione, il piu delicato, ancora oggi l’Unesco risente. Ad esso si deve la disperzione delle forze, […] il programme di eccessiva vastità e di scarsa praticità che nessuno riesce ancora a ridurre sufficientemente ».
[476] J. Huxley, Memories, vol II, p. 19 : « headaches ».
[477] J. Huxley, Memories, vol II, p. 21 : « I became bored, fed up with all the squabbles, and took refuge in doddling »..
[478] Article de Leo Fernig, « Some Unesco Memories », sur internet, 3 p., p. 1. « Huxley remained a scientist who didn’t care much for administration ».
[479] P. Jones, et G. Archibald, op. cit.
[480] X07.532, assistant DG : lettre de Huxley à Benton, 15 janvier 1947.
[481] RU, PREM 8/375 : télégramme from Foreign Office to New York, to permanent UK representative to the UN, 18 novembre 1946 : « Huxley has done a good job as Executive Secretary. He was enthusiastically and unanimously called to the post by the executive council of the preparatory commission when sir Alfred Zimmern fell ill. He did not then seek it ».
[482] EU, box 2250 : memorandum of conversation, 8 juin 1948, au sujet du DG : « impressed with the growing support in the Unesco Secretariat for Huxley as a leader ».
[483] J. Torres Bodet, Memorias III, p. 291. « La ayuda de un hombre tan inteligente y tan habil como Rene Maheu me era cada dia mas util. Conocia a la perfeccion todos los mecanismos administrativos y tecnicos de la Unesco », p. 325. « mi colaborador mas cercano ».
[484] Rapport de Louis Gros à Dr. Sze, 7 nov. 1949, doc. cit., p. 4.
[485] ONU, RAG-2/76, box 11 : lettre de Gustavo Duran à H. Laugier, 7 juin 1950.
[486] OHRO, interview de Luther Evans, p. 510-514. « To some extent I made some of the decisions without adequate consultation ».
[487] OHRO, interview d’Evans, p. 577.
[488] XO7.21(44)NC, II : actes de la première conférence des commissions nationales européennes pour l’Unesco, Aix en provence, 29 mai-2 juin 1956, 35 p., p. 6-7.
[489] FR, NUOI 834, 11e conférence générale, note de la DGACT pour le ministère des affaires etrangères, 22 novembre 1960. Cette proposition soviétique est formulée le 21 octobre 1960. (cité par G. Bourreau, op. cit., p. 91). 60 EX/PRIVSR.1 (prov.) 29 janvier 1962, p. 6-7.
[490] SCX/PRIV.5., 60 EX/PRIVSR.1 (prov.), 29 janv. 1962 : 60e session du conseil exécutif, compte rendu analytique provisoire de la 1e séance privée du 2 nov. 1961, p. 8. « Actuellement le directeur général règle à lui seul de nombreuses et importantes questions concernant, par exemple l’élaboration et l’application des plans de travail ; la répartition des dépenses relatives au programme de participation, la nomination des fonctionnaires de l’Organisation, etc. Ce faisant le directeur général assume une grande responsabilité et, agissant seul, il ne peut tenir compte des intérêts de tous les Etats ».
[491] EU, box 823 : lt. confid. de John H. Morrow, ministre d’ambassade américain à Paris, au département d’état, 18 juillet 1961, intitulée : « Who is running Unesco ? ». « The least that can be said at this point in history is that the DG is not running the Organization ». Mémorandum de conversation, entre Maheu et Harlan Cleveland, assistant secrétaire d’état pour les affaires des organisations internationales, 5 juillet 1961, p. 4.
[492] EU, box 823 : lt. confid. de George N. Shuster à Dean Rusk, 23 juin 1961, 3 p.
[493] EU, box 825 : memorandum de Donald B. Eddy à Hefner, 31 mai 1962, 4 p., au sujet de la 61e session du conseil exécutif, p. 2-3 : « The magnitude and complexities of the Unesco structure are such as to tax the abilities of the most gifted of men ».
[494] Ibid. : « A new DG from « outside » would need a year or so to learn the ropes before he could devise and launch needed reforms ».
[495] EU, box 3214 : confidential, biographic data R. Maheu. « Mr Maheu’s entire career has been in Unesco. He rose steadily in the ranks of the organization ».
[496] M. Prévost, op. cit., p. 100. E. Delavenay, op. cit., p. 335 : il cite ce que lui dit Louis-Paul Bret fin 1949 : « Maheu, depuis la nomination de Torres Bodet en 1948 à la succession de Huxley, y fait [à l’Unesco] la pluie et le beau temps comme directeur de cabinet du DG ». RU, FO 371/88915 : mémorandum de Paul Matthews, British Embassy, Paris, destiné au Foreign Office, 26 janvier 1950, intitulé « Unesco » : « A présent les véritables fonctions de DG adjoint sont assurées par M. René Maheu, qui est le chef de cabinet du DG, mais qui acquiert une réputation d’éminence grise, et jouit de la grande influence qui était précédemment exercée par M. Laves ». (« At present the real fucntions of the deputy DG are carried out by Mr. René Maheu, who is the chef de cabinet to the DG, but who is acquiring for himself a sort of Eminence Grise reputation, and does in fact wield the great influence which was formerly exercised by Mr Laves »).
[497] EU, box 1601, rapport hebdomadaire de K. Holland, 15 mars 1950 : « Steve Gebelt informs us that René Maheu is the person that is encouraging the DG to resign ».
[498] E. Delavenay, op. cit., p. 388 : « Nonobstant l’importance croissante du poste, cette nomination sera perçue comme visant à écarter de Paris un collaborateur dont la maîtrise des problèmes et la franchise dans la critique portaient ombrage à son chef ». Jean Thomas, « plus souple », prend alors la place de Maheu comme sous DG. M. Prévost, op. cit., p. 100 : « nommé sous Directeur-Général par Luther Evans, Maheu déplut à ce dernier, qui l’envoya représenter l’Unesco auprès des Nations Unies ». André Varchaver, « Maheu et le système des Nations Unies », article cité.
[499] Les relations entre les deux hommes sont amicales : dans toutes ses lettres à Veronese, Maheu écrit : « mon cher directeur général et ami » (ex : Veronese, carton 32 : lt. manuscrite de Maheu à Veronese, 10 juin 1960). Et M. Prévost, op. cit., p. 81 : durant sa maladie, Veronese « s’appuya de plus en plus sur le directeur général adjoint, René Maheu, que le conseil exécutif devait désigner en juin 1961 comme DG par intérim ».
[500] Witold Zyss, « Présentation », p. 29- 31, in René Maheu. Portrait-souvenir …, op. cit. Il a participé aux 18 premières sessions de la conférence générale, et à 94 sessions du conseil exécutif.
[501] René Maheu. Portrait-souvenir …, op. cit., article de Michel Doo-Kingué, p. 84 : « très exigeant vis-à-vis de lui-même et vis-à-vis de ses collaborateurs. Détestant la médiocrité, il avait le culte du travail bien fait et était impatient pour l’action » ; « bourreau de travail ». Ibid., article d’Emile Delavenay, p. 62 : « l’immense énergie qu’il apportait à l’exécution de sa difficile tâche ». Ibid., article de Sybil Claude, intitulé « Un chirurgien en salle d’opération », p. 53-54 : « Très exigeant avec son entourage mais d’abord avec lui-même » ; « il travaillait d’arrache-pied du matin au soir et écrivait des discours la nuit » ; « infatigable, d’une activité débordante ». Ibid., article de Jean Bhownagary, intitulé « A hard task matter », p. 45. « austere at work ».
[502] J.-P. Lycops, op. cit., p. 189.
[503] M. Prévost, op. cit., p. 101 et 243.
[504] EU, box 825 : memorandum de Donald B. Eddy à Hefner, 31 mai 1962, 4 p., au sujet de la 61e session du conseil exécutif, p. 2-4 : « The Unesco executive board does not effectively control the development of the budget or the execution of the program. The Acting DG manages to have his own way in most things by keeping the Executive Board constantly off balance, unable to focus on major problems ».
[505] RU, PREM 11/5185 : record of meeting with Prime Minister, 10 april 1964 : note confidentielle intitulée « R. Maheu » : « heavy and exacting » ; « unwillingness ».
[506] Ibid. : « considerable intellectual gifts. He has a ready grasp of complex problems and situations, and the ability to present his ideas lucidly » ; « his characteristically French intellectual gifts » ; « a genuinely internatinal civil servant ».
[507] Interview Tocatlian. Maheu connaissait très bien l’anglais, contrairement à M’Bow pour qui cela a constitué un « handicap terrible ».
[508] Lien-Link n° 78 : « René Maheu : A real man for all seasons », par Erwin Solomon : « Not everyone loved Maheu the DG » ; « an autocratic management style ».
[509] Lien-Link n° 83 : nécrologie d’Yvan de Hemptinne, par Michel Batisse : « Il soutenait ses positions avec une exceptionnelle vigueur, quitte parfois à s’attirer les foudres du Directeur général, René Maheu ».
[510] Interview R et E Keating.
[511] Edward H. Buehrig, « The Tribulations of Unesco », in International Organization, automne 1976, vol. 30, n° 4, p. 683. Il cite J. Sewell.
[512] J. Huxley, Memories II, p. 78. « the energy of Rene Maheu, who rose from a minor position in ‘my’ Unesco, to become its first French DG. He has infused new life into its cumbersome machine ».
[513] J. Sewell, op. cit., p. 267-268, cité par G. Archibald, op. cit., p. 312.
[514] EU, box 3224 : rapport de la table ronde du personnel, 1970, 150 p., en français, 30 avril 1970., p. 45, 61-62.
[515] 77 EX/PRIV/SR.1 (prov.), 16 avril 1968, p. 4-5. Propos de M. Barbey.
[516] Lien-Link n°83 : « Sandy Koffler. Un battant », par René Caloz. Jamais Maheu n’a demandé à Koffler « de prêter la main à quelque complaisant ‘culte de la personnalité’ ».
[517] M. Prévost, op. cit., p. 105, 238-239.
[518] CL/2337 : lettre circulaire de Maheu à tous les gouvernements des Etats membres, contenant le texte de sa déclaration du 29 septembre 1973 en séance privée du conseil exécutif, sur ses intentions au sujet de l’élection au poste de DG en 1974 (93 EX/PRIV.SR.1 Prov., annexe 1).
[519] M. Prévost, op. cit., p. 238-239.
[520] Ibid., p. 239, 244.
[521] Ibid., p. 244.